Production

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 19 juin 2019 à 20:38 et modifiée en dernier par Etnater (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

La production est l'activité socialement organisée exercée par une unité institutionnelle qui combine des facteurs de production (facteur travail et facteur capital) afin de transformer les consommations intermédiaires en biens ou en services s'échangeant sur le marché.

En économie

Le terme de « production » dérive du latin classique qui signifie "prolonger, mettre en avant"[1]. Ce n'est qu'avec les débuts de l'ère industrielle qu'il entre dans le discours économique. Selon John Stuart Mill, "l'économie décrit les lois des phénomènes de société qui se produisent du fait des opérations conjointes de l'humanité pour la production de richesses"[2]. L' économie est donc la discipline scientifique qui étudie la production comme élément fondamental, mais aussi l'échange, la distribution et la consommation des biens et des services. C'est ainsi qu'on étudie la production selon les méthodes, les lieux et les marchés. On compare la production d'un même produit à partir de modèles différents d'organisation. On calcule le volume de production par pays et par époques. On sépare l'analyse par secteurs économiques. On distingue la production marchande de la production non marchande.

La première approche économique de la production fut celle des physiocrates au XVIII° siècle, qui considéraient que seule l'agriculture était vraiment productrice puisque le végétal apporte plus de graines qu'il n'en consomme; les autres activités ne faisant que transformer les produits de la terre[3]. Au siècle suivant, David Ricardo va mettre l'accent sur la théorie de la valeur, introduisant la distinction qui sera reprise par Karl Marx entre valeur d'usage et valeur d'échange.Henry Charles Carey est un célèbre économiste américain qui s'oppose au libre-échange et qui affirme que c'est l'ensemble des producteurs qui favorise la créativité humaine[4],[5].

Production par secteurs

Depuis les travaux de Colin Clark[6],on regroupe les activités économiques de production selon trois grands secteurs :

  • le secteur primaire : l'ensemble des activités qui exploitent les ressources naturelles :agriculture, mines, pêche...
  • le secteur secondaire : toutes les activités de transformation d'une matière première : industries manufacturières, construction...
  • le secteur tertiaire : principalement marchand : commerce, transports, hébergement-restauration...; ou non-marchand : administration publique, enseignement...

Selon une enquête de 2016, en France, le secteur primaire représente 2,8% des 26 millions de personnes possédant un emploi (au sens du Bureau International du Travail); le secteur secondaire 20,6% et le secteur tertiaire 75,7%. La France est le pays européen où le poids du tertiaire est le plus élevé.

Selon l'INSEE, l'industrie regroupe "les activités économiques qui combinent des facteurs de production (installation, approvisionnement, travail, savoir) pour produire des biens matériels destinés au marché". En France, l'industrie représente 12,4% du PIB (20,3% en Allemagne, 8,7% au Royaume-Uni). La part de l'industrie manufacturière dans l'économie française a diminué de moitié depuis 1970 (5,7 millions de salariés contre 2,7 millions aujourd'hui.)

Production marchande

On distingue la production marchande de la production tout court.

La production marchande peut se subdiviser en deux catégories :

  • la production marchande simple où le producteur vend son produit sur le marché ou rend un service marchand à titre individuel ;
  • la production marchande capitaliste où le produit ou le service créé par des salariés est propriété du capitaliste. Il est ensuite vendu en tant que marchandise dans le but de réaliser un bénéfice.

La production non-marchande se définit comme la production de biens ou services proposés gratuitement ou à un prix inférieur au coût de production, par des organisations publiques, ou des associations.

Organisation de la production

Différentes organisations permettent de produire un bien ou un service.
Certaines sont des espaces où sont concentrés les moyens de production et les ressources humaines pour produire à grande échelle, en grande quantité et d'une manière répétitive avec une division des tâches poussée.
D'autres sont des structures plus éclatées et plus mobiles comme l'entreprise en réseau, (l'entreprise étendue) mise en place dans le cadre de l'économie post-industrielle.

Trois grands modes d’organisation de la production peuvent être observés : organisation de type « série unitaire », les industries process, la production manufacturière .

Une dimension sociale

La sociologie économique considère que la production est une activité de création, de rencontre, d'échange et de partage de nombreux éléments tels que le temps, l'espace, les biens, les idées et les émotions.

Les économistes ont modélisé la production en identifiant les éléments qui contribuent à sa réalisation, à savoir les facteurs de production. L'un des facteurs de production est constitué par le travail, ce qui représente la dimension sociale de la production du point de vue des théories économiques.

Une dimension environnementale

Depuis les années 1970 environ, où l'on a vu apparaître et se développer les mouvements écologistes, on se rend compte que la production, surtout industrielle, est grosse consommatrice de ressources naturelles, ce qui pose le problème de la rareté ou de l'épuisement de ces ressources, et qu'elle peut engendrer d'importantes pollutions. C'est pourquoi est apparu la notion de développement durable, notion qui combine les deux aspects :

  • ne pas abuser des ressources naturelles,
  • régler la production pour qu'elle ne détruise ni ne pollue l'environnement.

Une dimension philosophique

Dans le second Discours, Jean-Jacques Rousseau cherche à cerner l'origine de la civilisation, qui est aussi selon lui l'origine du malheur de l'homme. Il affirme  : "La métallurgie et l'agriculture furent les deux arts dont l'invention produisit cette grande révolution"[7]. Au XIX°siècle les archéologues et les historiens ont parlé de "révolution néolithique" pour caractériser "la période de la préhistoire marquée par l'émergence des premières sociétés agricoles sédentaires (...) qui ont éliminé, en quelques millénaires les sociétés de chasseurs-cueilleurs"[8], et qui ont installé "une économie de la production". C'est sur cette base que Karl Marx a élaboré une philosophie qui considère que l'étude de la production est la base scientifique qui permet de comprendre l'évolution et la structure des sociétés humaines. Dans l'Idéologie allemande, il écrit :

« On peut distinguer les hommes des animaux par la conscience, par la religion et par tout ce que l'on voudra. Eux-mêmes commencent à se distinguer des animaux dès qu'ils commencent à produire leurs moyens d'existence[9]. »

Le matérialisme historique est basé sur le concept de mode de production qui combine les forces productives et les rapports de production. Les rapports de production (division du travail, classes sociales) sont d'abord en accord avec l'état de développement des forces productives (outillages, savoirs), mais l'évolution de ces dernières finit par créer le besoin de nouveaux rapports de production, "alors commence une ére de révolution sociale"[10] qui se conclut par l'apparition d'un nouveau mode de production. L'histoire de l'humanité se définit par celle des modes de production. Il distingue les suivants : asiatique, antique, féodal et capitaliste auxquels devrait succéder le mode de production communiste débarrassé de la lutte entre les classes sociales qui a caractérisé les précédents.

D'une manière plus générale, Michel Henry crédite Marx d'avoir pensé "l'activité productive des hommes" comme une praxis[11]: "C'est dans la pratique qu'il faut que l'homme prouve la vérité".[12] Selon Adolfo Sanchez-Vasquez, le concept de praxis signifie : "activité orientée vers la transformation d'un objet (nature ou société) en tant que fin tracée par la subjectivité consciente et agissante des hommes et, par conséquent, activité objective et subjective à la fois", [13] et en ce sens, il s'oppose à toutes les philosophies précédentes. Comme le dit la XI° thèse des thèses sur Feuerbach: "Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de diverses manières, il s'agit maintenant de le transformer".

Notes et références

  1. Selon le dictionnaire du Centre National Ressources Textuelles et Lexicales
  2. John Stuart Mill, "Sur la définition de l'économie politique; et sur la méthode d'investigation qui lui est propre",1844,éditeur Michel Houdiard, 2003
  3. François Quesnay, "Tableau Economique"
  4. « Free Trade in Labor », NYT, 6 septembre 1853. Voir Carey, Principles of Social, Vol 3, p. 17-47
  5. Vezina Simon Mémoire sur Henry Charles Carey [1] page 55,80,81,82,85,89
  6. Colin Clark, "Les conditions du progrès économique",1947 in Tiers-monde,tome 2 no 5 1961[2]
  7. J.J.Rousseau "Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes",[3]
  8. J.P. Demoule, La révolution néolithique, in revue "Sciences humaines"[4]
  9. Marx et Engels, "L'idéologie allemande", [5] pdf (lire en ligne)
  10. K.Marx,Contribution à la Critique de l'Economie Politique,1859
  11. Michel Henry, "Le concept de l'être comme production", Revue philosophique de Louvain, 1975 [6]
  12. K. Marx, 2° Thèse sur Feuerbach in "Idéologie allemande", éditions sociales, (lire en ligne) wikisource
  13. A.Sanchez-Vasquez "L'homme et la société", 1970 [7]

Voir aussi

Articles connexes