Outreau, l'autre vérité

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Outreau, l'autre vérité est un documentaire français réalisé par Serge Garde sorti en France le et qui traite de l'affaire Outreau.

Synopsis

Sous-titré « Entre la défense et la vérité, il peut y avoir un fossé », ce film de Serge Garde revient sur l’épisode judiciaire d’Outreau, qui s'inscrit dans la préoccupation de l'auteur à l'égard des victimes de la pédophilie. Le film qui recueille des témoignages des protagonistes de l'affaire montre que Outreau et ses dysfonctionnements sont d’abord une injustice faite aux enfants. Dénonçant le rôle des médias, il se veut « un décryptage d’une manipulation de l’opinion publique » et suggère au passage que l’affaire a fait l’objet d’une « instrumentalisation par le pouvoir politique dans le but de supprimer la fonction de juge d’instruction ». Il voudrait « inciter les acteurs de la justice et les journalistes à réfléchir sur les effets pervers de la médiatisation lorsqu’elle condamne les victimes au silence ». Le documentaire montre la pugnacité des avocats de la défense et l'influence qu'ils ont eue auprès des médias. Ce film qui inclut le point de vue des victimes, tient son titre du fait que si la vérité judiciaire s'applique aux acquittés, elle se doit aussi d'être appliquée aux victimes qui ont été reconnues telles par la justice pour viols, abus sexuels et proxénétisme. L'expression « Autre vérité » marque ce double aspect[1][source insuffisante].

Fiche technique

  • Titre français : Outreau, l'autre vérité
  • Réalisation : Serge Garde
  • Production : Bernard de la Villardière
  • Sociétés de production : Ligne de Front
  • Sociétés de distribution : Zelig Films Distribution
  • Budget :
  • Pays d'origine : France
  • Langue originale : français
  • Format :
  • Genre : Documentaire
  • Durée : 92 minutes
  • Date de sortie : Drapeau de la France France :

Accueil

Le film a été vivement critiqué[2], entre autres par l'avocat Eric Dupond-Moretti, qui avait défendu une des accusés de l'affaire Outreau, et qui juge le film « poisseux » et « visqueux », accusant notamment le réalisateur de n'avoir rencontré ni les accusés, ni leurs avocats. Pour Me Dupond-Moretti, « Il y a toujours un doute pour les gens qui voient le complot partout, il y a toujours des gens qui pensent que les tours du World Trade Center ne se sont pas effondrées. Ce film est d’une absolue malhonnêteté […] Dans ce film partial s’engouffre le juge Burgaud, qui vient se faire réhabiliter à peu de frais[3] ».

Le journal Le Figaro, et sous la plume de Stéphane Durand-Souffland qui a coécrit La bête noire avec l'avocat Dupond-Moretti, le film relèverait de la « théorie du complot » et Serge Garde, partant d'un postulat « erroné », multiplierait les erreurs factuelles. Le film, en outre, « ne tient aucun compte des leçons apportées par de très nombreuses journées d'audience publique ». L'article souligne qu'aucun des témoins n'a suivi l'intégralité des procès de 2004 et 2005, pas plus que les magistrats qui critiquent le procès dans le film, et que Serge Garde lui-même n'y a pas non plus assisté. Pour le critique du Figaro, « L'affaire d'Outreau est à la justice ce que la femme coupée en morceaux est au cirque : on peut s'acharner à croire et à faire croire que les dix-sept adultes poursuivis pour pédophilie étaient coupables, bien que treize aient été acquittés au terme de deux procès successifs. […] Ce documentaire, qui n'apporte strictement aucun fait nouveau à la connaissance de l'affaire, ne résulte pas d'un travail d'enquête journalistique classique, ouvert à la contradiction, mais véhicule une croyance[4]. »

Télérama, dans un article factuel de neuf lignes, note que « le film dérange assurément[5] » ce qui rejoint l'avis du journal Le Monde : « Disons-le d'emblée, voici un film qui met mal à l'aise[6]. » Si l'article note que la mise en scène de Serge Garde « se rapproche davantage du dossier télévisuel à sensation que d'un documentaire digne de ce nom », il reconnaît qu'il crée quand même le doute dans l'esprit du spectateur, en utilisant des témoignages « concordants » et faisant preuve de force de conviction. Dans sa conclusion, le critique du Monde refuse de prendre parti sur la thèse défendue par l'auteur, précisant que c'est aux vrais spécialistes du dossier de s'en charger.

Le producteur, Bernard de la Villardière, a été reçu par le journaliste Alain Marschall dans l'émission Les Grandes Gueules sur RMC. Il a présenté le film lors d'une longue interview[7].

Autour du film

Serge Garde s'est bien gardé de remettre en cause, comme d'autres l'ont fait, l'innocence des accusés. Il reprend dans les grandes lignes, des faits qui ont été analysés dès 2009 par Marie-Christine Gryson-Dejehansart, expert judiciaire qui a expertisé les enfants, dans son livre Outreau, la vérité abusée, 12 enfants reconnus victimes (Ed. Hugo et cie). Serge Garde en a d'ailleurs fait mention dans la bibliographie au générique du film, au côté du livre qu'il a coécrit avec Chérif Delay Je suis debout (Ed. Le Cherche midi).

Notes et références

Notes

Références

  1. « L'affaire d'Outreau et les deux aspects de la vérité judiciaire », sur demystifier-outreau.nerim.net (consulté le )
  2. Camille Polloni, « Affaire d’Outreau : un documentaire relance le malaise », sur Rue 89,
  3. AFP, « Un documentaire sur Outreau provoque la colère d'un des avocats de l'affaire », Libération,‎ (lire en ligne)
  4. Stéphane Durand-Souffland, « Outreau, l'autre vérité : la théorie du complot », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  5. Mathilde Blottière, « Outreau, l'autre vérité », Télérama,‎ (lire en ligne)
  6. Jacques Mandelbaum, « Outreau, l'autre vérité : un film-réquisitoire contre l'acquittement des suspects », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. [audio] Podcast de l'interview

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes