Dynastie Liao

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 29 mars 2019 à 02:49 et modifiée en dernier par Dhatier (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Dynastie Liao
Empire du Khitan
(zh) 遼朝

907/9161125

Description de cette image, également commentée ci-après
L'empire khitan vers l'an 1000
Informations générales
Capitale Shangjing
Langue(s) Khitan, chinois médiéval et jurchen
Histoire et événements
907 Fondation
916 Yelü Abaoji devient empereur
1115 La dynastie est renversée par celle des Jin
Empereurs
916-926 Taizu (Yelü Abaoji)
926-947 Taizong (Yelü Deguang)
947-951 Shizong (Yelü Ruan)
951-969 Muzong (Yelü Jing)
969-983 Jingzong (Yelü Xian)
983-1031 Shengzong (Yelü Longxu)
1031-1055 Xingzong (Yelü Zongzhen)
1055-1101 Daozong (Yelü Hongji)
1101-1125 Tianzuo (Yelü Yanxi)

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Modèle:Unicode chinois La dynastie Liao (chinois simplifié : 辽朝 ; chinois traditionnel : 遼朝 ; pinyin : Liáo Cháo ; Khitan : Mos Jælud)[1], également connue sous le nom d'Empire Khitan (chinois simplifié : 契丹国 ; chinois traditionnel : 契丹國 ; pinyin : Qìdān Guó ; Khitan : Mos diau-d kitai huldʒi gur)[2], est un empire d'Asie orientale qui a régné sur la Mongolie, une partie de la Russie orientale et du nord de la Chine continentale entre 907 et 1125. Elle a été fondée par le Khagan Khitan Yelü Abaoji à la suite de la chute de la dynastie chinoise Tang.

Bien que couvrant essentiellement les steppes mongoles et quelques provinces du Nord de la Chine actuelle, la majorité de la population sous le contrôle de la dynastie était d'origine Chinoise Han. Le gouvernement Khitan a donc instauré un système administratif inédit visant à prendre en compte les spécificités de chaque partie du territoire, afin de mieux contrôler les populations locales. Cette période fut également une étape importante pour les Khitans, qui formalisent leur langue écrite à cette époque et commencent à intégrer de plus en plus les coutumes traditionnelles des Chinois Han.

L'empire a été détruit par les Jürchens de la dynastie Jin en 1125. Toutefois, certains survivants du peuple Khitan, menés par Yelü Dashi, ont établi la dynastie des Liao occidentaux. Connue également sous le nom de Khanate Kara-Khitans, cette dynastie a régné sur des parties de l'Asie centrale pendant près d'un siècle, avant d'être conquise à son tour par l'armée mongole de Genghis Khan.

Histoire

Les Khitans avant Abaoji

Les archives historiques possèdent très peu de détails concernant l'origine ou l'histoire ancienne des Khitans[3]. Les premières références à un état khitan apparaissent dans le Livre des Wei, un ouvrage historique datant de la dynastie Wei du Nord (386-534) qui a été complété en 554[4]. Plusieurs livres écrits après cette date décrivent des activités de la part de ce peuple à la fin du IIIe siècle et au début du IVe siècle. Le Livre des Jin (648), un ouvrage historique sur la dynastie Jin (265-420), y fait référence dans un chapitre couvrant le règne de Murong Sheng (398-401). Le Samguk Sagi (1145), un ouvrage historique des Trois Royaumes de Corée, mentionne quant à lui un raid khitan en 378[5].

Les sinologues Denis C. Twitchett et Klaus-Peter Tietze sont à l'origine de la théorie généralement admise selon laquelle les Khitans sont issus de la branche Yuwen du peuple Xianbei. En 345, à la suite d'une défaite face à une autre branche de Xianbei, les Yuwen se sont divisés en trois tribus, dont l'une s'appelait Kumo Xi. En 388, les Kumo Xi se divisent à leur tour en deux groupes dont l'un va garder le nom de Kumo Xi et l'autre prendre celui de Khitan[4]. Ce point de vue est en partie repris dans le Livre des Wei, qui décrit les Khitans comme ayant comme origines les Xianbei[4]. D'autres théories concurrentes existent sur leurs origines. Au début de la dynastie Song, certains érudits suggèrent que les Khitans sont peut-être des descendants du peuple Xiongnu. Alors que les historiens modernes rejettent cette idée d'origine unique, certaines théories évoquant une origine mixte entre Xianbei et Xiongnu. Suivant les théories de Rashid al-Din au XIVe siècle, plusieurs chercheurs occidentaux pensent que les Khitans sont d'origine mongole. À la fin du XIXe siècle, des théories sur une origine toungouse émergent ; théories depuis contredites par de récentes analyses linguistiques[6].

À l'époque du Livre des Wei en 554, les Khitans forment un État qui s'étend sur les actuelles provinces chinoises du Jilin et du Liaoning[4]. Ils subissent une série de défaites militaires de la part d'autres groupes nomades de la région, mais également de la part des Chinois des dynasties Qi du Nord et Sui. Les tribus khitanes tombent régulièrement sous l'influence de tribus turques comme les Ouïghours et de dynasties chinoises comme les Tang et les Sui. Cette influence va significativement modeler leur langue et leur culture[7]. Pendant la majeure partie des années 630 à 730, ils subissent l'influence de la dynastie Tang. Un arrangement entre les deux puissances est négocié par le clan khitan des Dahe. L'empereur Tang confère en récompense le nom chinois de Li aux Dahe et nomme leur dirigeant à une gouvernance que Twichett et Tietze décrivent comme « un bureau spécialement créé pour gérer indirectement les tribus khitanes[8]. » Vers la fin du siècle, toutefois, le contrôle de la dynastie Tang sur le Nord commence à se fissurer puisqu'elle a tendance à focaliser son attention sur ses autres frontières. En 696, le dirigeant Dahe, Li Jinzhong, lance une rébellion et mène les forces khitanes à envahir le Hebei. Bien que le soulèvement est écrasé et l'invasion contrée, il faudra attendre cinquante ans avant que les Tang ne reprennent le contrôle sur les Khitans, même si ce contrôle ne sera jamais aussi fort et ne durera pas dans le temps. Dans les années 730, le clan Yaolian remplace le clan Dahe à la tête des Khitans. Profitant de cette transition, le gouverneur Tang An Lushan lance deux invasions sur le territoire khitan en 751 et en 755. Après avoir été logiquement défaits par ses ennemis lors de la première invasion, An Lushan réussit la seconde, mais laisse toutefois s'échapper la tête de la rébellion contre les Chinois, ainsi que d'importantes troupes khitanes. La révolte d'An Lushan marquera par la suite la fin de la dynastie Tang[9].

À la suite de cette révolte en 755, les Khitans passent sous la coupe des Ouïghours, tout en continuant de payer des tributs aux Tang. Cette situation dure jusqu'à la chute des Ouïghours en 840. À partir de là et jusqu'à l'ascension d'Aboaji, les Khitans restent tributaires de la dynastie Tang[10].

Abaoji et l'ascension des Khitans

Carte de l'Asie orientale en 900, montrant les forces en présence dans la région à cette époque.
Asie du Nord en 900, montrant le territoire des Khitans et des tribus voisines, ainsi que les états l'année précédant le début des campagnes militaires d'Abaoji.

Abaoji, le futur empereur Liao Taizu, est né en 872. Il est le fils du chef de la tribu Yila. À cette époque, cette tribu est la plus grande et plus puissante des huit tribus affiliées aux Khitans. Toutefois, le Khagan, leur chef supérieur, descend de la lignée Yaolian. En 901, Abaoji est élu chef de la tribu Yila par son conseil tribal. Deux ans plus tard, il accède au rang de Yüye, c'est-à-dire chef militaire supérieur des Khitans, dont le seul supérieur est le Khagan. Quatre années plus tard, le 27 février 907, il devient Khagan, mettant fin à neuf générations de règne du clan Yaolian[11]. Abaoji met en œuvre sa diplomatie envers les autres clans khitans pour acquérir le prestige nécessaire au renforcement de sa position privilégiée. Il assoie un peu plus son pouvoir en menant et gagnant des campagnes militaires à partir de 901 contre les Chinois Han au Sud, contre les Xi et les Shiwei à l'ouest et contre les Jürchens à l'est[11].

La même année de l'accession d'Abaoji au rang de Khagan, le seigneur de guerre chinois Zhu Wen, qui a assassiné en 904 le dernier empereur légitime de la dynastie Tang, déclare la fin de la dynastie Tang et s'auto-proclame empereur de Chine. Sa dynastie est rapidement dissoute, inaugurant une période de trente trois ans de désunion, connue sous le nom de période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes. Une des cinq dynasties, les Jin postérieurs (936-947), noue alors des relations importantes avec les Khitans[12].

Souvent dans l'histoire chinoise, la position de l'empereur est déterminée par la primogéniture. C'est-à-dire que le titre se passe du père au premier fils à la mort de celui-ci. Les Khitans n'utilisent pas ce même système. Même si le pouvoir reste dans la famille, le successeur est choisi en fonction de ses capacités parmi les frères, fils et neveux du dirigeant. Selon la tradition, le pouvoir n'est accordé que pour un mandat de trois ans[13]. Toutefois, Abaoji montre son désir de devenir dirigeant permanent en 907. Il assassine la plupart de ses rivaux pour asseoir son pouvoir[14]. Entre 907 et 910, son règne n'est pas contesté. Après cette date, il s'éloigne de la tradition en refusant de céder le pouvoir à un autre membre de sa famille. Des voix commencent alors à émerger pour critiquer Abaoji. Ainsi, en 912 et 913, des membres de sa famille, dont la plupart de ses frères, lancent des insurrections armées. Après l'échec de la première insurrection, Abaoji pardonne les conspirateurs. Après la seconde, seuls les frères d'Abaoji sont pardonnés, alors que les autres conspirateurs sont violemment exécutés. Les frères d'Abaoji mènent d'autres rébellions en 917 et 918, mais celles-ci sont facilement maîtrisées[15].

En 916, à la fin de ce qui devrait être son troisième mandat en tant que Khagan, Abaoji effectue un certain nombre de changements qui conduit l'état khitan à se rapprocher du modèle de gouvernance utilisé par les dynasties chinoises. Il s'affecte le tire d'empereur céleste et utilise un nianhao, nom d'ère. Il désigne son fils aîné Yelü Bei comme son successeur et ordonne la construction d'un temple confucianiste. Deux ans plus tard, il établit une capitale, Shangjing (上京), qui imite le modèle de capitale chinoise[16],[17].

Avant sa mort en 926, Abaoji étend grandement la zone d'influence des Khitans[18]. À son apogée, la dynastie Liao englobe l'actuelle Mongolie, des parties du Kazakhstan et de la Russie orientale, ainsi que les provinces chinoises du Hebei, Heilongjiang, Mongolie-Intérieure, Jilin, Liaoning et Shanxi[19].

Problèmes de succession et occupation de Kaifeng

En 916, Abaoji, devenu l'empereur Taizu, désigne officiellement son fils aîné, Yelü Bei, comme successeur[20],[21]. Le concept de succession par primogéniture est depuis longtemps adopté dans la culture chinoise mais n'est pas accepté chez les Khitans. Les élites khitanes, dont la propre femme de l'empereur, Shulü Ping, s'opposent donc fermement aux volontés de Taizu. Ce dernier, sentant que le processus de succession s'annonce difficile, force les dirigeants khitans à prêter allégeance à Yelü Bei après l'avoir désigné comme héritier. Pour les Khitans, cela constitue un virage radical[22]. Ce désaccord entre la primogéniture et la succession par sélection du meilleur candidat va mener à de nombreuses crises internes. La première survient après la mort soudaine et inexplicable de Taizu en 926[23].

Peinture présentant un archer tirant son cheval.
Cette peinture, titrée Cheval et Archer, est censée avoir été peinte par Yelü Bei.

Yelü Bei a trente six ans à la mort de son père. En tant que polymathe, il représente beaucoup de valeurs de l'aristocratie chinoise. Il est expert en musique, médecine, voyance, peinture et écriture (à la fois en Chinois et en Khitan)[20]. Il est également un guerrier accompli, menant les troupes vers des batailles durant la conquête par son père de Balhae. Cette campagne victorieuse prend fin en 926. Taizu donne alors le commandement des territoires conquis à Bei, qui deviennent la principauté de Dongdan. Il lui confère par conséquent le titre de Prince de Dongdan[24].

L'impératrice Shulü Ping, qui devient l'impératrice douairière Yingtian à la mort de son mari, possède beaucoup de pouvoir, aussi bien avant qu'après la mort de Taizu. Quant ce dernier était encore en vie, elle possédait sa propre armée de 200 000 cavaliers chargés de maintenir l'ordre pendant que Taizu menait des campagnes militaires à l'étranger. Après la mort de son mari, l'impératrice rejette les coutumes traditionnelles khitanes qui veulent qu'elle soit enterrée avec lui. Elle choisit de se couper la main droite pour que celle-ci soit déposée dans le tombeau avec l'empereur à sa place. De plus, elle contrôle totalement l'autorité militaire et civile ce qui lui permet de superviser la succession selon ses propres volontés[20]. Le refus de l'impératrice de se suicider et s'enterrer avec Taizu met de facto terme à une coutume khitane ancestrale[25].

Précisément parce que le prince Yelü Bei représente à la fois les valeurs chinoises et khitanes, Shulü Ping s'oppose à ce qu'il monte sur le trône. Elle croit que son ouverture d'esprit pour la culture chinoise va altérer ses capacités de diriger l'empire en tant que Khitan. Elle lui préfère donc le second fils de Taizu, plus traditionaliste, Yelü Deguang. Ce dernier jouit non seulement du soutien de sa mère, mais également de celui de la noblesse khitane. Réalisant qu'il ne pourra pas prendre le trône et qu'il est dangereux de tenter de le faire, Bei apporte son soutien à son jeune frère. À la fin de l'an 927, il annonce formellement à sa mère que les qualifications de Deguang sont supérieures aux siennes et renonce officiellement au trône[26],[27].

Malgré la renonciation volontaire de Bei, Deguang, qui devient l'empereur Liao Taizong, le considère comme un traitre. il reste prince de Dongdan où il s'installe après sa renonciation. Afin de briser tout pouvoir qu'il pourrait tirer de sa province, Taizong ordonne que la capitale de Dongdan et que tous ses habitants soient déplacés vers l'actuelle ville de Liaoyang[28]. Le prince Bei lui-même est placé sous surveillance par l'empereur[22]. En 930, il fuit pour rejoindre la dynastie des Tang postérieurs, où il devient un invité d'honneur de l'empereur Mingzong. Ce dernier va même jusqu'à lui attribuer le nom impérial Li (李)[22]. La mort du prince Bei reste mystérieuse et deux théories se confrontent. Pour certains historiens, il aurait été assassiné en 936 par l'empereur Mo des Tang postérieurs en réponse au soutien des Khitans pour renverser les Tang et les remplacer par la dynastie des Jin postérieurs (936-947). La seconde théorie prétend qu'en 937 il aurait été assassiné par l'empereur Gaozu des Jin postérieurs pour montrer sa loyauté envers l'empereur Liao Taizong[28].

Après la mort de l'empereur Mingzong en 933, la dynastie des Tang postérieurs commence à s'effriter à cause d'une crise de succession. Le fils et successeur de Mingzong, Li Conghou, ne règne que pendant cinq mois avant d'être tué dans un complot mené par son frère adoptif, Li Siyuan. Le prince Bei qui est toujours invité d'honneur de la cour Tang à ce moment, écrit à son frère, l'empereur Liao Taizong, lui conseillant d'envahir les Tang. Au lieu d'attaquer directement, Taizong apporte un support militaire à une rébellion menée par Shi Jingtang, un gouverneur Tang et beau-fils de l'ancien empereur Mingzong. Avec l'aide des Khitans, Shi Jingtang réussit en 936 à remplacer les Tang postérieurs par sa propre dynastie des Jin postérieurs[29]. Après des négociations avec les puissants khitans, il cède les Seize préfectures aux Liao[30],[29]. Alors que ces dernières contiennent de nombreux passages stratégiques et fortifications, les Khitans ont désormais accès aux plaines du nord de la Chine[31]. Shi Jingtang consent également à traiter l'empereur Taizong comme son propre père, un comportement qui élève symboliquement Taizong et les Liao à une position supérieure[29].

Les relations entre les Liao et les Jin postérieurs se compliquent avec la mort de Shi Jiangtang en 942 et l'accession au trône de Shi Chonggui, également connu sous le nom d'empereur Chudi des Jin postérieurs. Le nouvel empereur s'entoure lui-même de conseillers anti-Khitans. En 943, Chudi chasse les représentant Liao de la capitale Jin de Kaifeng et saisit les biens des marchands khitans dans la ville. À la fin de l'année suivante, l'empereur Taizong lance en représailles une invasion envers les Jin. Bien que celle-ci dure trois ans et que les Liao subissent plusieurs revers, à la fin de l'an 946, Taizong obtient la reddition des Jin postérieurs et parvient à marcher vers Kaifeng sans résistance[32]. Taizong célèbre sa victoire avec l'adoption du nom dynastique « Plus Grands Liao[33]. » Les forces d'invasion Liao, qui n'ont pas amené suffisamment de provisions pour leur campagne, commencent alors à piller le territoire nouvellement conquis et y imposent de fortes taxes aux populations d'ethnie chinoise. Ceci est à l'origine d'une série de rébellions qui culminent en 947 avec l'établissement de la dynastie des Han postérieurs par l'ancien gouverneur Jin, Liu Zhiyuan. Après avoir occupé Kaifeng pendant seulement trois mois, l'empereur Taizong et les Liao sont forcés de se retirer vers le nord. Durant cette retraite, Taizong meurt d'une maladie foudroyante, au sud de l'actuelle ville de Shijiazhuang, dans le Hebei[32].

Sa mort crée une seconde lutte de succession, toujours menée par l'impératrice douairière Yingtian et alimentée par l'opposition entre primogéniture et coutumes de succession khitanes. Le fils aîné du prince Bei et neveu de l'empereur Taizong, Yelü Ruan, s'auto-proclame empereur. Ce dernier a été élevé par son oncle Taizong après le départ de Bei pour la dynastie des Jin postérieurs. Les relations entre l'oncle et le neveu étaient proches. Yelü Ruan a accompagné l'empereur dans sa campagne d'invasion des Jin postérieurs et a conquis une réputation de guerrier et commandant compétent. Il est également quelqu'un de courtois et noble. Toutefois, l'impératrice douairière Yingtian soutient pour le trône le plus jeune frère de Taizong, Yelü Lihu. Elle envoie donc deux armées successives pour affronter Yelü Ruan, qui les défait toutes les deux. Finalement, Lihu, que la noblesse Khitane considère comme cruel et gâté, est incapable de gagner suffisamment de soutien pour défier Yelü Ruan. Après une négociation de paix avec son cousin, Yelü Ruan assume officiellement le rôle d'empereur et prend le nom d'empereur Liao Shizong. Il exile immédiatement l'impératrice douairière Yingtian et Yelü Lihu de la capitale, mettant fin à leurs ambitions politiques[34],[25]. Son règne est marqué par une série de rébellions venant de la famille même de l'empereur. Bien qu'il ne règne que quatre ans avant d'être tué en 951 au cours d'un soulèvement menée par un de ses neveux, Shizong supervise entre-temps une amélioration du double système de gouvernement mis en place par son grand-père, qui amène l'administration du sud à un modèle plus proche de celui utilisé par la dynastie Tang[35],[25]. Le fils de Taizong, Yelü Jing, succède à Shizong. Il prend le nom d'empereur de Liao Muzong. Ce dernier, meurt en 969. Il est le second et dernier des empereurs à succéder à Abaoji sans être un descendant direct de Yelü Bei[25].

Empereur Shengzong et apogée du pouvoir Liao

L'apogée de la dynastie correspond au règne de l'empereur Shengzong (982-1031)[36],[37]. Il est marqué par des campagnes militaires victorieuses contre les Chinois de la dynastie Song et les Coréens de la dynastie Goryeo. Dans les deux cas, les affrontements se concluent par des accords de paix à long terme, favorables aux Liao.

Soumission de Goryeo

Carte présentant les forces en présence sur la péninsule coréenne en 900.
Territoire de Bohai (ici référencé sous le nom Balhae) en l'an 900.

Après qu'Abaoji conquiert l'État de Bohai en 926, la plupart de la population est déplacée dans la région de l'actuelle Liaoning. Au moins trois groupes restent sur l'ancien territoire Bohai, dont l'un fonde l'État de Dingan. Malgré deux invasions - une en 975 et l'autre en 985 - les Liao ne parviennent pas à soumettre ce nouveau rival. Dans l'incapacité d'éliminer la menace et affaiblis par les Jürchens qui habitent aussi la région, les Liao établissent trois places fortes militaires dans la vallée de la rivière Yalu pour se protéger[38].

Ces manœuvres militaires proches des territoires Goryeo, combinées à l'invasion Liao de Goryeo annulée en 947 et aux relations diplomatiques et culturelles entre Goryeo et les dynasties Song, sont à l'origine de relations tendues entre les deux puissances. À la fois Liao et Goryeo se considèrent comme une menace militaire réciproque. Les Liao craignent que Goryeo soutiennent des rébellions des populations du Bohai. Les Goryeo quant à eux redoutent une invasion des Liao. À juste titre, puisque ces derniers les envahissent pour la première fois en 992, en envoyant une force de 800 000 hommes et en demandant aux Goryeo de céder aux Liao plusieurs territoires autour de la rivière Yalu. Les Goryeo font appel à l'assistance de la dynastie Song, avec qui ils ont noué une alliance militaire. Toutefois, leur requête reste sans réponse. Les Liao continuent leur progression au sud avant d'atteindre la rivière Chongchon, d'où ils appellent à ouvrir des négociations entre les dirigeants militaires des deux camps. Alors que les Liao demandent à l'origine la reddition totale des Goryeo et que ces derniers semblent prêts à considérer cette éventualité, le négociateur coréen arrive finalement à convaincre les troupes Liao à accepter une résolution dans laquelle la dynastie Goryeo devient un État vassal des Liao[39]. En 994, des échanges diplomatiques réguliers entre les deux pays commencent. Les relations entre Goryeo et Song sont dès lors irrévocablement gelées[40].

Cette paix dure moins de deux décennies. En 1009, le général Goryeo Gang Jo assassine le Roi Mokjong des Goryeo et installe le Roi Hyeonjong sur le trône avec pour intention de servir comme régent du jeune garçon. Les Liao envoient immédiatement une armée de 400 000 hommes pour punir Gang Jo. Après une période de succès et la rupture de plusieurs tentatives de négociations de paix, les Goryeo et les Liao entrent dans une décennie de guerre féroce. En 1018, les Liao subissent la plus importante défaite militaire de la dynastie, mais ils parviennent en 1019 à rassembler une nouvelle armée encore plus puissante pour marcher vers Goryeo. À ce moment, chaque camp réalise que la victoire de l'un ou de l'autre est illusoire. En 1020, le Roi Hyeonjong recommence à envoyer des tributs aux Liao et en 1022 ces derniers reconnaissent officiellement la validité du règne du roi Hyeonjong. Les Goryeo restent vassaux et les relations entre les deux États restent pacifiques jusqu'à la fin de la dynastie Liao[41].

Dynastie Song et traité de Shanyan

Portrait de l'empereur Song Taizu.
Zhao Kuangyin, également connu sous le nom Song Taizu, fondateur de la dynastie Song.

En 951, la dernière des cinq dynasties survivante de la période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes, les Zhou postérieurs, émerge. L'empereur fondateur des Zhou postérieurs meurt en 954. Son fils adoptif lui succède et prend le nom d'empereur Zhou Shizong. Pensant que la dynastie Liao est sur le point d'envahir son territoire, il lance en 958 une campagne militaire préventive afin de reprendre les Seize préfectures cédées aux Liao par l'empereur Gaozu en 938. Shizong meurt en 959, avant même que son armée n'ait rencontré celle des Liao. En 960, le commandant en chef des gardes du palais des Zhou postérieurs, Zhao Kuangyin, usurpe le trône occupé par le fils de sept ans de Shizong et s'auto-proclame empereur fondateur de la dynastie Song[42].

Les relations entre Liao et Song sont tout d'abord pacifiques, les deux dynasties échangeant des ambassades en 974[43]. Après la chute de la dynastie Tang, plusieurs territoires forment de petits états indépendants qui n'ont pas été réunifiés durant la période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes. Par ailleurs, certains autres territoires qui étaient contrôlés par des gouverneurs militaires durant la dynastie Tang tombent sous le contrôle de seigneurs de guerre locaux. Au lieu de réclamer les terres de la dynastie Liao, Zhao Kuangyin, qui a pris le titre d'empereur Song Taizu, se concentre sur l'unification de ces plus petits territoires éparpillés. Il meurt en 976 en ayant rétabli le contrôle de presque tous ces territoires, à l'exception du royaume des Han du Nord. En 976, Taizu lance, quelques mois avant son décès, une invasion contre les territoires des Han du Nord, alors sous protectorat des Liao. Grâce à l'intervention des Liao, l'invasion est repoussée. Song Taizong, le frère de l'empereur fondateur et second empereur Song, lance une seconde invasion en 979. Malgré l'assistance des Liao, celle-ci est victorieuse. Les Han du Nord sont décimés et les Song peuvent prendre le contrôle de ces terres[43]. Fort de cette victoire, Song Taizong tente une invasion des Seize préfectures. Toutefois, les troupes Song sont fatiguées et insuffisamment approvisionnées pour lutter efficacement lors de la bataille de la rivière Gaoliang[43].

Portrait de l'empereur Song Zhenzong
Empereur Song Zhenzong qui signa le traité de Shanyuan avec l'empereur Liao Shengzong en 1005.

L'impératrice douairière Khitan Xiao Yanyan a personnellement dirigé l'armée Liao dans les campagnes contre les Chinois Song lors de leur invasion de Liao en 986 et les a vaincus sur le terrain de bataille[44],[45],[46],[47],[48], lutant contre l'armée chinoise en retraite. Elle a ensuite ordonné la castration d'environ 100 garçons d'origine ethnique chinoise qu'elle avait capturés en Chine, complétant la population d'eunuques du Khitan pour servir à sa cour, parmi lesquels trouvait Wang Ji'en (en). Les garçons étaient tous âgés de moins de dix ans et ont été sélectionnés pour leur beauté[49],[50],[51],[52]. L'Histoire des Liao 遼史 décrit et fait l'éloge de la capture et castration massive des garçons chinois par l'impératrice dans une biographie de l'eunuque Wang Ji'en[53],[54],[55],[56],[57],[58],[59],[60],[61],[62],[63].

Durant les deux décennies suivantes, les relations entre Liao et Song continuent de se détériorer. Les Liao sont continuellement informés des tentatives d'alliances militaires des Song avec d'autres voisins et les escarmouches aux frontières sont courantes. Au début de l'an 999, l'empereur Liao Shengzong lance une série de campagnes contre les Song qui, malgré de nombreuses victoires sur les champs de batailles, ne débouchent pas vraiment à la capture de territoires Song. Cela change en 1004 lorsque Shengzong mène une campagne qui progresse rapidement en direction de la capitale Song, Kaifeng, et en conquérant seulement les villes qui offrent peu de résistance, tout en évitant le siège des villes les plus résistantes. L'Empereur Song Zhenzong marche à la rencontre les Liao jusqu'à Shanyuan, une petite ville sur la rivière Jaune. En janvier 1005, les deux dynasties signent le traité de Shanyuan, qui stipule que les Song vont verser aux Liao 200 000 rouleaux de soie et 100 000 onces d'argent chaque année, que les deux empereurs se considèrent comme égaux, qu'ils vont finaliser les discussions sur les tracés des frontières disputées et que les deux dynasties vont renouer des relations cordiales. Les montants des versements (considérés comme des cadeaux par les Song et comme des tributs par les Liao), vont augmenter à 300 000 rouleaux de soie et 200 000 onces d'argent par an, de crainte que les Liao ne nouent une alliance militaire avec la dynastie des Xia occidentaux rivale des Song. Aucune guerre entre les Liao et les Song n'aura lieu durant le siècle suivant la signature du traité[64]. En le signant, la dynastie Song renonce officiellement à réclamer les seize préfectures[30].

Luttes intestines impériales

Photographie de la pagode du temple Fogong.
La pagode du temple Fogong a été construite par l'empereur Daozong en 1056 sur le site de la maison familiale de sa grand-mère[65].

L'empereur Shengzong meurt en 1031, laissant derrière lui des instructions désignant son fils Yelü Zongzhen comme héritier. Celui-ci devient empereur sous le nom de Liao Xingzong à seulement quinze ans et son règne est immédiatement menacé par des luttes intestines. Sa mère est une concubine de faible importance, Nuou Jin. Toutefois il a été élevé par la femme de l'empereur Shengzong, l'impératrice Ji Dian. Nuou Jin parvient rapidement à marginaliser Ji Dian et ses partisans. Pour y parvenir, elle monte un complot qui aboutit à son exil et à l'exécution de la plupart de ses soutiens durant plusieurs mois de purge. Nuou Jin envoie même des assassin pour tuer Ji Dian, mais cette dernière se suicide[66]. Avec la mort de sa rivale pour le pouvoir, Nuou Jin s'auto-déclare régente et commence à conduire personnellement les missions de l'empereur. Alors que Xingzong devient de plus en plus mécontent du pouvoir confisqué par sa mère, Nuou Jin tente de le remplacer par un autre de ses fils, Zhong Yuan, qu'elle a élevé personnellement et qui est donc plus docile. Toutefois, ce dernier informe l'empereur des plans de leur mère et Xingzong la condamne immédiatement à l'exil. Durant le reste de son règne, l'empereur continue à rivaliser avec sa mère pour le pouvoir. Les partisans de cette dernière occupent des postes clé et son influence est telle qu'elle se permet de revenir à la capitale et d'organiser une cérémonie durant laquelle elle lève son exil elle-même. Zhong Yuan pour sa part est récompensé pour avoir dénoncé les sombres desseins de sa mère. Il monte rapidement les échelons les uns après les autres jusqu'à obtenir une fonction de gouverneur en dehors de la capitale[67]. L'historien Frederick W. Mote explique que l'importance de cette lutte intestine et sa relation avec le déclin de la dynastie. Selon lui, elle « montre que ce qui alimente le problème de succession dans le clan impérial est une source de faiblesse dans la direction de l'État. Cela a gaspillé des gens, dispersé les énergies et dévié l'attention des dirigeants de leurs tâches de gouvernement[68]. »

Xingzong meurt en 1055. Son fils aîné, Yelü Hongji, connu sous le nom de règne de Liao Daozong, monte sur le trône. Contrairement à son père, il n'est pas au centre d'une crise de succession. Alors que Ji Dian et Zhong Yuan sont toujours en vie et que leur influence pourrait interférer le processus de succession, aucun ne bouge[69]. Même si son règne commence sous de bons auspices, il est toutefois en proie à des luttes intestines entre factions au sein de son gouvernement, aggravées par la faiblesse des propres généraux de l'empereur[68]. Manipulé par un ministre rival, Daozong commet la première grosse erreur de son règne en ordonnant l'exécution de Xiao A La, un de ses ministres loyal et ami proche. Le livre Histoire des Liao spécule que si Xiao A La n'avait pas été exécuté deux incidents majeurs du règne de Daozong auraient pu être évités[70]. Le premier est la rébellion menée en 1063. Cette année, plusieurs membres importants du clan Yelü, menés par le petit-fils de l'empereur Shengzong, tentent d'assassiner Daozong durant une partie de chasse. Il est sauvé par les troupes dirigées par sa mère, l'impératrice douairière Ren Yi. Toutes les personnes ayant pris part au complot sont exécutées en représailles, y compris les membres directs de la famille impériale. Cette purge de dirigeants conforte le pouvoir du chancelier Yelü Yixin et de son allié Yelü Renxian, un dirigeant militaire. Quand ce dernier meurt en 1072, Yelü Yixin commence à considérer le fils de Daozong et futur héritier, le prince Jun, comme la seule menace contre son accession au pouvoir. Il met donc en place un plan pour l'éliminer. Dans un premier temps, il supprime la mère du prince, la femme de l'empereur, en fabriquant des preuves selon lesquelles cette dernière a une relation avec un musicien du palais. Tombant dans le piège de Yelü Yixin, Daozong ordonne à son épouse de se suicider. Le conspirateur monte alors un nouveau complot pour inciter ses propres ennemis à monter un coup d'état afin de mettre le prince Jun sur le trône à la place de Daozong. Alors que l'empereur n'est tout d'abord pas convaincu, Yelü Yixin arrive finalement à le convaincre d'exiler son fils en fabriquant une fausse confession. Le prince Jun est immédiatement exilé et Yelü Yixin envoie des assassins éliminer le prince et sa femme, afin d'éviter le retour de ce dernier et pour ne pas être découvert[71]. La traitrise de Yelü Yixin est finalement découverte en 1079 lorsque ce dernier tente de convaincre l'empereur de laisser au palais le nouvel héritier durant une partie de chasse. Lorsque d'autres membres de la cour protestent que le jeune homme serait en péril mortel en restant près de Yelü Yixin, l'empereur finit par comprendre la situation. En 1080, Yelü Yixin est déchu de son rang et envoyé à un poste de faible importance en province. Peu de temps après, il est exécuté[72].

À part la machination de Yelü Yixin, le seul évènement notable du règne de Daozong est une guerre entre 1092 et 1102 qui oppose les Liao à un groupe mongol, probablement des Tatars, connus sous le nom de Zubu. Ces derniers vivent près de la frontière nord-est du territoire Liao et ont subi plusieurs guerres contre les Liao lorsque ces derniers ont essayé de d'étendre leur influence dans cette direction. En 1092, les Liao attaquent plusieurs autres tribus dans le nord-ouest et en 1093 les Zubus attaquent les Liao, parvenant à s'infiltrer assez loin dans les terres des Khitans. Les Liao attendront 1100 pour capturer et tuer le chef Zubu et deux autres années pour battre les dernières forces zubues. La guerre contre les Zubus constitue la dernière campagne militaire victorieuse menée par la dynastie Liao[73].

Ascension des Jin et chute des Liao

Portrait d'Aguda
Aguda, fondateur de la dynastie Jin

Au cours du XIIe siècle, les Jürchens étendent rapidement leur influence, jusqu'en 1115, date à laquelle le seigneur de guerre Aguda fonde la dynastie Jin (1115–1234)[74]. Sous les ordres d'Aguda, les Jürchen capturent Shangjing, la capitale suprême des Liao en 1120 et Zhongjing, sa capitale centrale en 1122. L'empereur Liao Tianzuo fuit de la capitale du sud, Nanjing (actuelle Pékin), vers l'ouest. Son oncle, le prince Yelü Chun, fonde l'éphémère État des Liao du nord, au sud de la capitale, mais il meurt peu de temps après[75]. En 1125, les Jürchens capturent Tianzuo et mettent définitivement fin à l'empire Khitan[76].

En 1124, juste avant la conquête finale de la dynastie Liao, un groupe de Khitans menés par Yelü Dashi fuit vers la frontière nord-ouest et la garnison militaire de Kedun (Zhenzhou), dans le nord de l'actuelle Mongolie[77]. Dashi réussit à convaincre les locaux, près de 20 000 cavaliers Liao et leurs familles, de le suivre et de reconquérir la ville occupée de Balasaghun. Après une tentative infructueuse en 1134 de reconquête de l'ancien territoire Liao, Dashi renonce et décide d'établir un état khitan permanent en Asie centrale. Celui-ci, connu sous le nom de Khanat Kara-Kithan ou dynastie des Liao occidentaux, contrôle plusieurs cités commerciales importantes. Il est multiculturel et fait preuve d'une tolérance religieuse. L'État survit pendant près d'un siècle avant d'être conquis par l'empire mongol en 1218[78],[79].

Une analyse de l'historien Mote conclut qu'au moment de la chute de la dynastie Liao, « l'État Liao reste fort, capable de fonctionner à des niveaux raisonnables et capable de posséder plus de ressources militaires que n'importe lequel de ses ennemis » et que « personne ne peut trouver de signes de rupture économique ou fiscale sérieuse qui aurait pu appauvrir ou paralyser sa capacité de réaction[80]. » L'historien estime également que l'acculturation n'a pas mené au remplacement des valeurs traditionnelles khitanes par la culture chinoise. Les roturiers khitans sont tout à fait capables et motivés pour combattre, ce que Mote considère comme une preuve que la société khitane reste forte[81]. Au contraire, il attribue la chute des Liao aux capacités de dirigeant d'Aguda et aux actions des clans khitans Yelü et Xiao, qui ont servi de prétextes à ce dernier pour renverser Tianzou[82].

L'analyse du sinologue français Jacques Gernet est toutefois en désaccord avec celle de Mote. Il prétend qu'« au milieu du XIe siècle les Khitans ont perdu leur esprit combatif et ont adopté une attitude défensive envers leurs voisins, en construisant des murs, remparts pour leurs villes et fortifiant leurs positions[78]. » Il attribue ce changement à l'influence du bouddhisme qui met en horreur la violence. Comme Mote, il estime que les rivalités entre les clans dirigeants et la succession de sécheresses et inondations sont à l'origine de la chute finale des Liao. Enfin, les attaques des tribus jürchens à la frontière nord-est des Liao les ont affaibli jusqu'à un niveau critique[78].

Gouvernement

À son apogée, la dynastie Liao contrôle les provinces actuelles du Shanxi, Hebei, Liaoning, Jilin, Heilongjiang et Mongolie-Intérieure en Chine, mais également des parties de la péninsule Coréenne et la plupart de la Mongolie[83]. Au plus fort, la population de la dynastie Liao est estimé à 750 000 Khitans et deux ou trois millions de Chinois[84].

Administration

Les différences culturelles entre Khitans nomades et Chinois sédentaires ne contribuent pas au bon fonctionnement d'un gouvernement commun. Abaoji imagine donc un nouveau système révolutionnaire afin d'être capable de gouverner ces deux types de populations. Il divise l'empire en deux Chancelleries. La Chancellerie du Nord (北院) est peuplée essentiellement de nomades des steppes. La Chancellerie du Sud (南院) au contraire contient les territoires conquis par les Khitans et qui sont peuplés essentiellement par les Chinois et le peuple de Balhae.

La Chancellerie du Nord fonctionne sur un modèle militaire des steppes traditionnellement utilisé par les Khitans. Abaoji y règne avec le titre de Khagan de la Chancellerie du Nord. Toute la population de la steppe est en permanence mobilisée, prête pour toute action militaire nécessaire. La langue khitane, dont les premiers textes sont mis au point en 920 et 925, est la langue officielle. La famille Xiao, la famille consort de la nouvelle famille impériale, est chargée du gouvernement de cette région.

La Chancellerie du Sud fonctionne quant à elle sur un modèle civil à l'image du système chinois de gouvernance. Abaoji y a le titre d'empereur. La grande majorité du travail administratif est effectué par les populations sédentaires sous le contrôle de la famille d'Abaoji, qui parfois adopte le nom de Yelü. La langue chinoise y est la langue administrative officielle. À l'instar des coutumes Tang, des examens impériaux sont organisés pour recruter les nombreux bureaucrates requis pour gouverner l'importante population sédentaire. Toutefois, ce système ouvertement chinois suscite la méfiance et peu de ces diplômés sont placés à des postes gouvernementaux importants. Comme le prévoient les coutumes des steppes, la loyauté reste une qualité importante pour décrocher un poste, même dans la Chancellerie du Sud.

Malgré la pertinence de son innovation administrative, celle-ci ne rencontre pas de totale approbation au sein de l'élite khitane. Ses membres pensent, à juste titre, que le développement d'un système impérial de style chinois nuit sérieusement à leurs intérêts dans la société. Donc beaucoup d'entre eux, dont des membres de la propre famille d'Abaoji, se rebellent contre cette loi. Cette opposition dure neuf ans.

En 916, Abaoji tente d'instituer une autre mesure en vue de stabiliser le pays. Empruntant la notion chinoise de primogéniture, il nomme son fils aîné, le prince Bei, héritier présomptif, une première dans l'histoire khitane. Toutefois, malgré le support d'Abaoji pour ce système, il n'est pas réellement appliqué avant la fin du Xe siècle.

En 918, le gouvernement occupe une nouvelle cité fortifiée qui sert de capitale aux Liao. Appelée Shangjing (上京, Capitale Suprême), elle ne sert pas seulement de centre administratif du nouvel empire, mais elle contient également un district commercial appelé Ville chinoise (Hancheng, 漢城 ; à ne pas confondre avec l'ancien nom en Chinois de Séoul qui était le même). La ville est construite sur un site sanctifié par le peuple Khitan en amont de la rivière Shira Muren.

Plus de trente cités fortifiées sont construites, dont quatre capitales régionales pour chacune des autres régions de l'empire. Une capitale orientale est construite près de l'actuelle ville de Liaoyang. Après l'absorption des Seize préfectures dans l'empire, une capitale occidentale est construite près de Datong, alors que la capitale du sud est construite sur l'actuelle ville de Pékin. À ces capitales, s'ajoute une capitale centrale, Zhongjing. Ces villes n'ont pas qu'une vocation purement administrative et gouvernementale, elles servent également de centres commerciaux et sont sources d'importantes richesses pour la dynastie Liao.

Droit

La loi durant la dynastie Liao s'applique différemment entre les Chancelleries du Nord et du Sud. La Chancellerie du Nord est dirigées par le clan consort Xiao, gardant ainsi un caractère des steppes.

Le clan Yelü, qui gouverne la Chancellerie du Sud est considéré comme plus sinisé. À l'origine, la justice n'est pas délivrée de façon équitable aux habitants Chinois de l'empire. Cela change à partir de 989. En 994, des Khitans ayant commis un des dix grands crimes sont ainsi punis selon la loi chinoise. Ceci indique une transition d'une « loi ethnique » vers une « loi territoriale. »

Société et culture

Arts

Religion

Photographie d'une scupture en céramique représentant un luohan bouddhiste
Sculpture en céramique d'un luohan bouddhiste , lustré dans le style sancai.

Les Khitan pratiquent une religion traditionnelle de type chamanistique. Ils vénèrent en particulier les forces de la nature comme le Ciel, la Terre et le Soleil, mais également les esprits résidant dans les arbres, les montagnes, et aussi les bannières et les tambours. Les esprits ancestraux font également l'objet d'un culte, reposant sur des rituels sacrificiels consistant en l'immolation d'animaux (chevaux, bœufs, moutons, volaille), en des offrandes d'alcool. Les chamanes sont des acteurs essentiels de cette religion, étant à la fois des devins, mais aussi des magiciens auxquels on prête le pouvoir d'appeler la pluie, les récoltes et le gibier abondants, et également des exorcistes[87].

Au moment où Abaoji prend le contrôle des Khitans au début du Xe siècle, le bouddhisme est bien implanté parmi la population khitane, concernant selon certains la majeure partie de celle-ci[88], même si cela n'exclut jamais la pratique conjointe de la religion traditionnelle[87]. La période des Liao est très favorable au développement du bouddhisme, en particulier à l'instigation de l'empereur Taizu qui a été un fervent soutien de cette religion, patronnant la construction de nombreux temples. Subsistent de cette période plusieurs pagodes (à Chifeng, Hohhot, Ying). Des monastères, et le bouddhisme est particulièrement important durant les règnes des empereurs Shengzong, Xingzong et Daozong[89]. Symbole de cet essor, il y aurait eu 360 000 moines dans tout le royaume en 1078, contre 50 000 en 942[87].

Les érudits bouddhistes vivant à cette époque prédisent que le mofa (末法), un âge durant lequel trois trésors du bouddhisme seront détruit, a commencé en 1052. Les précédentes dynasties chinoises dont les dynasties Sui et Tang, ont aussi été concernées par le mofa, bien que les prédictions sur le début de cette période diffèrent de celle des Liao. Dès les débuts de la dynastie Sui, des efforts sont donc engagés pour préserver les enseignements bouddhistes en les gravant dans la pierre ou en les enterrant. Ces efforts continuent sous la dynastie Liao avec l'empereur Xingzong qui finance plusieurs projets dans les années précédant directement 1052[90], en particulier l'impression d'une édition critique du canon bouddhiste, la première du genre[87].

Des fouilles menées sur les lieux de sépultures des Liao mettent en exergue le brassage des différentes pratiques menées lors de mariages ou de funérailles. Des traditions animistes et shamanistes, avec des sacrifices d'animaux et d'humains, côtoient des pratiques bouddhistes. Les cérémonies de funérailles reprennent également des éléments d'influences taoïstes, zodiacales et zoroastriennes[91].

Langues écrites et parlées

Photographie d'une tablette comprenant de nombreux caractères
Les Mémoires de Yelü Yanning, contenant 271 caractères Khitans.

La langue parlée Khitane fait partie de la famille des langues altaïques. Même si elle est proche des langues mongoles, certains termes sont partagés avec la langue turcophone parlée par les Ouïghours, qui partagent les steppes du nord de l'Asie avec les Khitans depuis plusieurs centaines d'années[92].

Avant leur conquête du nord de la Chine et l'établissement de la dynastie Liao, les Khitans ne possèdent pas de langue écrite. En 920, les deux premiers textes Khitans, en grande écriture khitane, sont développés. Un second texte, en petite écriture khitane, apparaît en 925[93]. Ces deux textes se basent sur la même langue parlée et contiennent un mélange de logogrammes et de phonogrammes[94]. Malgré les similitudes avec les sinogrammes, les textes Khitans sont fonctionnellement différents de leurs équivalents chinois[93].

Peu de documents écrits à la fois en petite et grande écriture khitane nous sont parvenus. La plupart des écrits survivants sont des épitaphes sur des tablettes en pierre, ainsi que des inscriptions sur des pièces, miroirs et sceaux. Un seul manuscrit en grande écriture khitane est connu (Nova N 176)[95]. Les empereurs Liao pouvaient lire le Chinois. Alors que certains ouvrages chinois ont été traduits en Khitan durant la dynastie Liao, les classiques confucianistes, qui servaient pourtant de guide à l'administration en Chine ne semblent pas l'avoir été[96].

Statut des femmes

Le statut des femmes durant la dynastie Liao connaît une importante évolution. D'un côté, la tradition khitane est très égalitaire, contrairement à la tradition des Chinois Han qui donne plus d'importance aux hommes. Les Hans vivant sous le contrôle des Liao ne sont pas forcés d'adopter leurs pratiques et bien que certains d'entre eux vont les suivre, la grande majorité ne le fait pas[97].

Contrairement à la société Han, dans laquelle les responsabilités sont strictement partagées selon le sexe et qui place la femme dans un rôle très asservi envers l'homme, les femmes khitanes de la dynastie Liao ont accès à la plupart des mêmes fonctions que leurs homologues masculins[98]. Elles apprennent à chasser et à gérer les troupeaux, les finances et la propriété pendant que les hommes sont partis à la guerre[98],[99],[100]. Les femmes des classes élevées peuvent même occuper des postes gouvernementaux ou militaires[100].

Les libertés sexuelles des Liao contrastent nettement avec celles des Hans. Les femmes Liao des classes aisées, comme celles des Hans, subissent des mariages forcés, parfois dans des buts politiques[101],[102]. Toutefois, les femmes des classes plus modestes ne sont pas victimes de mariages arrangés et attirent les prétendants en chantant ou dansant dans les rues. Les femmes font l'apologie de leurs qualités dans leurs chansons, puisqu'elles y parlent de leur beauté, de leur statut familial et de leurs compétences domestiques. La virginité n'est pas requise pour un mariage sous les Liao et beaucoup de femmes Liao sont sexuellement libres avant le mariage, ce qui est profondément différent dans les croyances des Hans[101]. Les femmes khitanes ont le droit de divorcer de leurs maris et peuvent se remarier après le divorce[100].

L'enlèvement de femmes en âge de se marier est également courant sous la dynastie Liao. Les hommes khitans de toutes les classes sociales participent à cette activité et les victimes sont aussi bien Khitans que Hans. Dans certains cas, il s'agit d'une étape dans le processus de séduction, où la femme accepte l'enlèvement et le rapport sexuel en résultant. Puis le ravisseur et sa victime retournent dans la famille de la femme pour annoncer leur intention de se marier. Ce procédé est connu sous le nom de baimen (拜門). Dans d'autres cas, l'enlèvement n'est pas consenti et il en résulte un viol[103].

Pratiques matrimoniales

Dans la tradition Liao, les fiançailles sont considérées comme aussi importantes, voire plus importantes, que le mariage proprement dit. Il est donc difficile de les annuler. Le jeune marié doit s'engager à travailler pendant trois années dans la famille de son épouse et la dédommager en argent et en généreux cadeaux. À la fin des trois années, il est autorisé à ramener la mariée chez lui et celle-ci coupe généralement les liens avec sa famille[104].

Les pratiques matrimoniales des Khitans diffèrent de celles des Chinois Han en plusieurs points. Les hommes de l'élite ont pour habitude d'épouser des femmes de la génération de leurs supérieurs. Même si ce n'est pas systématique, l'écart d'âge entre les époux est de ce fait souvent important. Sous le règne du clan Yelü, traditionnellement, l'âge du mariage est de seize ans pour les garçons et seize à vingt et un ans pour les filles. Rarement, certains enfants, aussi bien garçons que filles, peuvent se marier à douze ans[105].

Une forme particulière de polygamie appelée sororat est couramment pratiquée dans les classes élevée. Dans ce cas, un homme est autorisé à se marier avec deux femmes ou plus si elles sont sœurs[100],[106]. toutefois, la polygamie n'est en pratique pas restreinte au sororat car des hommes parviennent à avoir plus de trois femmes dont toutes ne sont pas des sœurs. Le sororat continue à être pratiqué tout au long de la dynastie Liao, malgré les lois l'interdisant[106]. Sous le règne des Liao, l'élite khitane s'éloigne de la polygamie traditionnelle pour se rapprocher du modèle des Chinois Han consistant à avoir une seule femme et une ou plusieurs concubines[106]. Ceci permet d'égaliser le plus possible le processus d'héritage[100].

Héritage culturel

L'influence culturelle de la dynastie Liao est principalement constitué de sculptures, avec un nombre important de statues en bois peint, en métal ou de céramiques. La musique et les chansons Liao sont également connues pour avoir influencé les traditions musicales des Mongols, des Jürchens et des Chinois.

La forme de poésie ci (词), qui fait partie intégrante de la poésie de la dynastie Song, reprend certaines conventions établies sous les Liao. Leur musique est par ailleurs considéré comme suffisamment vigoureuse et puissante pour être utilisée sur les champs de bataille afin de motiver les cavaliers[107],[108] .

Une autre influence des Liao se retrouve dans le théâtre zaju (杂剧) de la dynastie Yuan, ainsi que dans les formes de poésies qu (曲) et sanqu (散曲). Une explication de cette influence viendrait du fait que les officiers et militaires Khitans ont été incorporés dans les forces mongoles à la suite de la première invasion mongole des Liao entre 1211 et 1215[109]. Cet héritae culturel prend donc dans un premier temps la route du Nord, avant d'être diffusé en Chine sous la dynastie Yuan.

Bibliographie

Histoire de la Chine

  • (en) Frederick W. Mote, Imperial China: 900–1800, Cambridge, Harvard University Press, (ISBN 0674445155)
  • (en) Jacques Gernet, A History of Chinese Civilization, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 9780521497817)
  • (en) Patricia Buckley Ebrey, The Cambridge Illustrated History of China, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 9780521669917)
  • Jacques Gernet, Le Monde chinois. Tome 2, L'époque moderne Xe-XIXe siècle, Paris, Armand Colin. Pocket, Agora, , 378 p. (ISBN 2266161334).
  • John K. Fairbank et Merle D. Goldman, Histoire de la Chine - Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, , 749 p. (ISBN 9782847346268). Titre original : China, A New History, 1992, 1996, 2006 Harvard College.
  • (en) Samuel Adrian Miles Adshead, China in World History, New York, St. Martin's Press, (ISBN 0312225652)

Khitans et dynastie Liao

  • (en) Michal Biran, The Empire of the Qara Khitai in Eurasian History: Between China and the Islamic World, Cambridge University Press, (ISBN 0521842263)
  • (en) Herbert Franke et Denis Twitchett, The Cambridge History of China, Volume 6, Alien Regime and Border States, 907-1368, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 0521243319), « Introduction », p. 1-42
  • (en) Denis Twitchett et Klaus-Peter Tietze, The Cambridge History of China, Volume 6, Alien Regime and Border States, 907-1368, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 0521243319), « The Liao », p. 43-153
  • (en) Elina-Qian Xu, Historical development of the pre-dynastic Khitan, Helsinki, University of Helsinki, (ISBN 9521004983, lire en ligne)
  • Pierre Marsone, La Steppe et l'Empire : La formation de la dynastie Khitan (Liao) - IVe-Xe siècles, Paris, Les Belles Lettres, , 336 p. (ISBN 978-2251381091)

Culture et société

  • (en) Linda Cooke Johnson, Women of the Conquest Dynasties, Honolulu, University of Hawai'i Press, (ISBN 9780824834043)
  • (en) Daniel Kane, The Kitan Language and Script, Leiden, Brill, (ISBN 9789004168299).
  • (en) Hsueh-Man Shen, « Realizing the Buddha's "Dharma" Body during the Mofa Period: A Study of Liao Buddhist Relic Deposits », Artibus Asiae, vol. 61, no 2,‎ , p. 263-303 (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Paul Jakov Smith, « Shuihu zhuan and the Military Subculture of the Northern Song, 960–1127 », Harvard Journal of Asiatic Studies, vol. 66, no 2,‎ , p. 363-422 (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Karl A. Wittfogel et Chia-Sheng Feng, « History of Chinese Society Liao (907-1125) », Transactions of the American Philosophical Society, vol. 36,‎ , p. 1-752 (lire en ligne, consulté le )
  • (en) James Irving Crump, Chinese Theater in the Days of Kublai Khan, Ann Arbor, Center for Chinese Studies, University of Michigan, (ISBN 0-89264-093-6)
  • (en) Jennifer Holmgren, « Marriage, Kinship and Succession under the Ch'i-tan Rulers of the Liao Dynasty (907-1125) », T'oung Pao, second, vol. 72,‎ , p. 44-91 (lire en ligne, consulté le )

Arts

  • Danielle Elisseeff, Histoire de l'art : De la Chine des Song (960) à la fin de l'Empire (1912), Paris, École du Louvre, Éditions de la Réunion des Musées Nationaux (Manuels de l'École du Louvre), , 381 p. (ISBN 978-2-7118-5520-9) Ouvrage de référence, bibliographie et Sites Internet.
  • Chine, la gloire des empereurs, Paris, Paris Musées, (ISBN 2-87900-547-7)
    • Hélène Chollet, « Les Liao, dynastie du Nord », dans Chine, la gloire des empereurs, , p. 360-364
  • (en) Nancy Shatzman Steinhardt, « Liao: An Architectural Tradition in the Making », Artibus Asiae, 1/2, vol. 54,‎ , p. 5-39 (lire en ligne, consulté le )
  • (en) Nancy Shatzman Steinhardt, Liao architecture, Honolulu, University of Hawai'i Press, (ISBN 9780824818432)
  • Gilles Béguin, L'art bouddhique, Paris, CNRS (éditions), , 415 p. (ISBN 978-2-271-06812-5).
  • Monique Crick et Helen Loveday, L'Or des Steppes : Arts somptuaires de la dynastie Liao (907-1125), Genève et Milan, Collections Baur, musée des arts d'Extrême-Orient et 5 Continents, , 255 p. (ISBN 2-88031-012-1)

Autres

  • (en) Peter Turchin, Jonathan M. Adams et Thomas D. Hall, « East-West Orientation of Historical Empires and Modern States », Journal of World-Systems Research, vol. 12, no 2,‎ , p. 219–229 (lire en ligne, consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (en) (zh) 愛新覚羅烏拉熙春 (Aisin-Gioro Ulhicun), « The State Name of the Liao Dynasty was not “Qara Khitai (Liao Khitai )”: with Presumptions of Phonetic Values of Khitai Large Script and Khitai Small Script (遼朝國號非「哈喇契丹(遼契丹)」考:兼擬契丹大字及契丹小字的音値) » (consulté le ).
  2. (en) (zh) 愛新覚羅烏拉熙春 (Aisin-Gioro Ulhicun), « Original Meaning of Dan gur in the Khitai Scripts: with a Discussion of the State Name of the Dongdanguo (契丹文dan gur與「東丹國」國號:兼評劉浦江「再談“東丹國”國号問題」) » (consulté le ).
  3. Twitchett et Tietze 1994, p. 44-45.
  4. a b c et d Twitchett et Tietze 1994, p. 44.
  5. Xu 2005, p. 6.
  6. Xu 2005, p. 85-87.
  7. Twitchett et Tietze 1994, p. 45-47.
  8. Twitchett et Tietze 1994, p. 47-48.
  9. Twitchett et Tietze 1994, p. 48-49.
  10. Twitchett et Tietze 1994, p. 50-53.
  11. a et b Mote 1999, p. 37-39.
  12. Mote 1999, p. 39.
  13. Wittfogel et Feng 1946, p. 398-399.
  14. Wittfogel et Feng 1946, p. 398.
  15. Wittfogel et Feng 1946, p. 400-402.
  16. Mote 1999, p. 41.
  17. Wittfogel et Feng 1946, p. 401.
  18. Mote 1999, p. 47-49.
  19. Shen 2001, p. 264.
  20. a b et c Twitchett et Tietze 1994, p. 68.
  21. Mote 1999, p. 49.
  22. a b et c Mote 1999, p. 51.
  23. Mote 1999, p. 49-50.
  24. Mote 1999, p. 49-51.
  25. a b c et d Mote 1999, p. 52.
  26. Twitchett et Tietze 1994, p. 68-69.
  27. Mote 1999, p. 50-51.
  28. a et b Twitchett et Tietze 1994, p. 69.
  29. a b et c Twitchett et Tietze 1994, p. 69-70.
  30. a et b Smith 2006, p. 377.
  31. Mote 1999, p. 65.
  32. a et b Twitchett et Tietze 1994, p. 72-74.
  33. Twitchett et Tietze 1994, p. 73.
  34. Twitchett et Tietze 1994, p. 75.
  35. Twitchett et Tietze 1994, p. 76-79.
  36. Gernet 2008, p. 302.
  37. Mote 1999, p. 199.
  38. Twitchett et Tietze 1994, p. 102.
  39. Twitchett et Tietze 1994, p. 103.
  40. Twitchett et Tietze 1994, p. 103-104.
  41. Twitchett et Tietze 1994, p. 111-112.
  42. Mote 1999, p. 13-14 et 67-68.
  43. a b et c Mote 1999, p. 69.
  44. Peterson(2000), 259.
  45. Derven(2000), 199.
  46. Bauer(2010), 569.
  47. Wang(2013).
  48. Keay(2010).
  49. McMahon(2013), 261.
  50. McMahon(2013), 269.
  51. *The EUNUCHS AND SINICIZATION IN THE NON-HAN CONQUEST DYNASTIES OF CHINA
      • JENNIFER W. JAY
      • UNIVERSITY OF ALBERTA, Canada
      • This paper was presented at the Asian Studies on the Pacific Coast Conference, June 16-18, 1995, at Forest Grove, Oregon, États-Unis Research for this project was facilitated by a grant from the Social Sciences and Humanities Research Council of Canada. (Although the link is to a forum, the paper is posted in its full length there since it is not availible online as it was never published. The following links are to papers and articles where the original paper by Jennifer W. Jay was referenced in the bibliography)
      • University of Alberta, Alberta, Canada
      • Eunuchs and Sinicization in the non-Han Conquest Dynasties of China
    • [5] [5] Jennifer, W. Jay. The Eunuchs and Sinicization in the Non-Han Conquest of China. À paper presented to the Asian Studies on the Pacific Coast Conference 1995. Not published.]
  52. Tuotuo 1974, p. 109.1480-82 (or Liaoshi, 109.1480-82)
  53. 国学导航-遼史 (遼史卷一百0九 列傳第三十九)
  54. 中国古籍全录 (卷一百一 列传第三十九)
  55. 梦远书城 > 辽史 > (卷一百一 列传第三十九)
  56. 遼史 卷七一至一百十五 (列傳 第一至四五) (遼 史 卷 一 百 九) (列 傳 第 三 十 九)(伶 官)
  57. 辽史-卷一百九列传第三十九 - 文学100
  58. 《辽史》作者:脱脱_第115页_全文在线阅读_思兔 - 思兔阅读
  59. 王继恩传_白话二十四史 - 中学生读书网 (当前位置:中学生读书网 >> 白话二十四史)
  60. 王继恩_英语例句|英文例子|在线翻译_栗子搜!([例句2 来源:王继恩)]
  61. 白话辽史-王继恩传 - 文学100
  62. 王继恩传
  63. (zh) 脫脫 (Tuotuo), « 遼史/卷109 列傳第39: 伶官 宦官 », 維基文庫 (Chinese Wikisource) (consulté le )
  64. Mote 1999, p. 69-71.
  65. Steinhardt 1997, p. 20.
  66. Twitchett et Tietze 1994, p. 114.
  67. Twitchett et Tietze 1994, p. 114-116.
  68. a et b Mote 1999, p. 200.
  69. Twitchett et Tietze 1994, p. 124-125.
  70. Twitchett et Tietze 1994, p. 125.
  71. Twitchett et Tietze 1994, p. 128-134.
  72. Twitchett et Tietze 1994, p. 135.
  73. Twitchett et Tietze 1994, p. 138-139.
  74. Gernet 2008, p. 356.
  75. Biran 2005, p. 20.
  76. Biran 2005, p. 29-30.
  77. Biran 2005, p. 25-27.
  78. a b et c Gernet 2008, p. 354.
  79. Mote 1999, p. 205-206.
  80. Mote 1999, p. 204.
  81. Mote 1999, p. 203.
  82. Mote 1999, p. 201.
  83. Steinhardt 1994, p. 5.
  84. Ebrey 1996, p. 166.
  85. Elisseeff 2010, p. 126-127, pour les deux parures funéraires.
  86. Estelle Niklès Van Osselt : L'oreile percée : Un ensemble de la dynastie Liao 907-1125, in Arts et Cultures (revue) 2013, p. 163-185. Article qui aborde les aspects essentiels de l'art des Liao.
  87. a b c et d Chollet 2000, p. 364.
  88. Mote 1999, p. 43.
  89. Shen 2001, p. 264-265.
  90. Shen 2001, p. 266-269.
  91. Johnson 2011, p. 53 et 84.
  92. Mote 1999, p. 34.
  93. a et b Kane 2009, p. 2-3.
  94. Kane 2009, p. 167-168.
  95. (ru) Viacheslav P. Zaytsev, « Рукописная книга большого киданьского письма из коллекции Института восточных рукописей РАН », Письменные памятники Востока, vol. 2, no 15,‎ , p. 130–150 (ISSN 1811-8062, lire en ligne).
  96. Franke et Twitchett 1994, p. 31-36.
  97. Johnson 2011, p. xvii–xviii.
  98. a et b Johnson 2011, p. 33–34.
  99. Wittfogel et Feng 1946, p. 199.
  100. a b c d et e Mote 1999, p. 76.
  101. a et b Johnson 2011, p. 85–87.
  102. Johnson 2011, p. 97.
  103. Johnson 2011, p. 86–88.
  104. Johnson 2011, p. 90-92.
  105. Johnson 2011, p. 98.
  106. a b et c Johnson 2011, p. 99-100.
  107. Crump 1980, p. 25-26.
  108. (zh) 中国古典戏曲论著集成 (Collection de revues des pièces de théâtre classiques chinoises), Beijing, 中国戏剧出版社 (Maison d'édition des pièces de théâtre de Chine),‎ , p. 241.
  109. Crump 1980, p. 12-13.