Jean Shrimpton

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Jean Shrimpton
Image illustrative de l’article Jean Shrimpton

Naissance (81 ans)
High Wycombe
Nationalité Anglaise
Physique
Cheveux Cheveux bruns
Yeux bleus
Mensurations 34-23-35 pouces[1]
Carrière
Formation Lucie Clayton college
Période active années 1960

Jean Shrimpton, née le 6 novembre 1942 à High Wycombe, est un mannequin anglais. Elle est une figure emblématique du Swinging London et connaît au cours de sa carrière deux événements majeurs : une série de photographies de mode en 1962 pour Vogue avec David Bailey, ainsi qu'une apparition en Australie trois années plus tard qui aura un retentissement important dans les médias. Elle est, durant les années 1960, le mannequin le mieux payé au monde.

Biographie

Jean Rosemary Shrimpton[2] est née en 1942 et grandit dans une ferme avec sa sœur Chrissie[n 1]. Elle fait ses études à l'école St Bernard's (en) à Langley (en). Âgée de dix-sept ans, elle poursuit ses études à Londres pour devenir secrétaire[4]. Elle rencontre par hasard Cy Endfield qui lui suggère de rejoindre le Collège Lucie Clayton (en)[5], école de mannequinat[n 2], où elle commence à travailler comme mannequin pour des catalogues[7].

En 1960, elle débute réellement sa carrière et apparait par la suite en couverture de divers magazines de mode tel que Vogue[n 3], Harper's Bazaar, Glamour, Elle, ou Vanity Fair[7]. Alors qu'elle commence tout juste à être connue[1], elle rencontre le photographe David Bailey lors d'une séance photos pour une publicité. « Nous avons instantanément été attiré l'un vers l'autre[7] » et « Bailey a fait de moi ce qu'il voulait[8] » dira-t-elle. Leur liaison dure quatre ans durant laquelle David Bailey, marié, divorce de sa première femme pour vivre avec Jean Shrimpton[7],[9]. La première séries d'images réalisées pour le Vogue britannique à New York[10] en 1962[n 4], n'est pas dans les habitudes de l'époque. De plus, le magazine n'est même pas convaincu du choix du photographe de mettre en scène Jean Shrimpton[12] mais celui-ci l'impose[11] avec ce look naturel qu'il lui a fabriqué, nécessitant ni coiffure ou maquillage[8] ; malgré tout, les photos plaisent au magazine qui les publie : elles marqueront l'histoire de la photographie de mode[13],[14] et propulseront le photographe et son mannequin au rang d’icône des années 1960[7],[12],[15],[16],[17]. « Il était impossible de prendre une mauvaise photo d'elle » affirmera le photographe[5] et Jean Shrimpton précisera que « Bailey organisait ma carrière et cela fut une réussite car il savait faire de moi quelque chose d'exclusif[8] ». Diana Vreeland, alors rédactrice en chef du Vogue américain ces années là, ira jusqu'à faire paraitre Jean Shrimpton dix-neuf fois en couverture[4]. Par la suite, David Bailley reste crédité comme celui qui a découvert Jean Shrimpton[4],[18] et qui l'a transformée d'une « fille de la campagne » en une icône désirable[5],[17].

En juin 1963, le magazine Glamour la nomme « Mannequin de l'année »[3]. Elle contraste à l'époque avec le look aristocratique des mannequins des années 1950[19] : « Jean Shrimpton portait avec une aisance de caméléon les modèles les plus divers[20]. » Elle représente alors le Youthquake (ou mouvement de la jeunesse[21] du Swinging London dont elle deviendra un symbole[1],[13],[16]. Avec son visage fin, ses longs cils[4], ses longues jambes[18],[22], et ses cheveux avec une frange, elle est surnommée The Shrimp (la crevette)[1],[4],[12], surnom qu'elle n'aime pas[3].

Jean Shrimpton participe à l'essor de la minijupe de Mary Quant[3],[17] : le vêtement va quitter les podiums, défilés, et vitrines de magasins pour descendre dans la rue[5] et devenir symbole du London look. Dans le British Vogue, Jean Shrimpton écrit en 1964 : « En Grande-Bretagne nous disposons d'un potentiel inégalé. À l'intérieur de ce magazine vous allez découvrir quelques-unes de nos dernières créations. Certaines sont futiles. Toutes sont terriblement excitantes. Et je suis l'une d'elles[23]. »

Fin octobre 1965, Jean Shrimpton fait sensation à la Melbourne Cup[5] lorsqu'elle arrive, par un jour de forte chaleur, à cette course de chevaux portant une courte robe blanche sans manche s'arrêtant à 10 cm au-dessus des genoux, son costumier n'ayant pas assez de tissu pour confectionner les quatre tenues demandées par le mannequin[5],[7]. Sans chapeau, collants ou bas, ni gants[24], avec juste des kitten heels bicolores et arborant une montre d'homme, chose inhabituelle à l'époque. Son apparition déclenche de nombreuses réactions dans les médias mondiaux[3],[17]. Alors que Londres est la capitale de la mode se permettant toutes les audaces, sa tenue est considéré par certains en Australie comme « insultante ou scandaleuse[3] » ; mais toutes les femmes au monde vont vouloir alors une minijupe[5]. Pour cette tournée de promotion, elle est payée 2 000 £, somme considérable à l'époque[3]. Deux jours plus tard, pour la suite de sa tournée sur l'île, ses sponsors insistent pour qu'elle soit vêtue de façon plus conventionnelle[3].

Elle est l'image publicitaire pour les cosmétiques Yardley of London[3], ou le rouge à lèvres Revlon au milieu des années 1965, ainsi qu'en couverture de nombreux magazines tel que Esquire ou Newsweek[3]. Elle est photographiée par Cecil Beaton, Don Honeyman, Richard Avedon, Norman Parkinson, Saul Leiter, William Klein ou Terry O'Neill.

Jean Shrimpton est alors en couple avec Terence Stamp, ami de David Bailey qu'elle avait rencontré précédemment[7], durant quelques années[1],[25]. Ils vivent dans le quartier de Mayfair une relation ennuyeuse, selon Jean Shrimpton[7]. Par la suite, elle est en couple avec le photographe Jordan Kalfus[7], le poète Heathcote Williams[17], puis l'écrivain Malcolm Richey[7].

Reportage d'ABC de 1965 sur Jean Shrimpton en visite à Melbourne.

En 1966, elle inspire le personnage de Jane dans le film Blow-Up[3]. L'année suivante, elle joue le rôle de Vanessa Ritchie dans le film Privilège[4]. Bien plus tard, sa liaison avec David Bailey donne lieu à un téléfilm pour BBC Four en 2012 intitulé We'll Take Manhattan[12] avec Karen Gillan dans le rôle de Jean Shrimpton.

Dans la première moitié des années 1970, Twiggy l'a remplacée en couverture des magazines[25]. Elle rejette cette vie de célébrité[5] et arrête sa carrière de mannequin[4],[7] pour ouvrir un petit commerce d'antiquités[17],[25]. Elle rencontre par la suite Michael Cox, puis, enceinte de quatre mois, elle se marie dans l'intimité[7] en 1979[25] à Penzance ; ils achètent un vieil hôtel dans cette même ville[25],[26]. Dans les années qui suivent, Jean Shrimpton reçoit épisodiquement des propositions de mannequinat[25],[27] et finit par écrire son autobiographie dans les années 1990[7].

Durant sa carrière, Jean Shrimpton est considérée comme le « mannequin le plus payé au monde »[1],[2],[3],[18],[24], le « plus célèbre mannequin »[18],[26],[28], la « plus photographiée au monde »[18], le « plus joli visage du monde »[1], mais surtout le « visage des années 1960 »[3],[4],[9],[25], représentante de la mode anglaise[5]. Elle est catégorisée suivant le terme anglo-saxon de « supermodel »[7],[22],[29], entre autres par le Time[17]. Pour résumer cette époque, le British Vogue précise que « Le monde veut soudainement copier la façon dont nous nous habillons. À New York c'est le « London Look ». À Paris c'est « le style anglais »[5]. » Et d'après la presse de l'époque, Jean Shrimpton est la « perfection[18] » qui l'incarne.

Notes et références

Notes

  1. Sa sœur Chrissieest durant les années 1960 également mannequin et a une liaison avec Mick Jagger avant que celui-ci ne rencontre Marianne Faithfull[3].
  2. Le Lucie Clayton college est un peu plus qu'une école de mannequinat puisqu'il enseigne également d'autres matières ; celui-ci a vu, outre Jean Shrimpton, Fiona Campbell-Walter comme mannequin notable[6].
  3. En juin et octobre 1962, Jean Shrimpton fait la couverture du British Vogue par David Bailey ainsi que septembre 1963, avril 1964, juin 1965, mars 1967 et octobre 1974, mais également mai 1963 par William Klein, septembre 1964 par Peter Knapp.
  4. La série pour Vogue de 1962 est la seconde réalisée par le couple, ensemble. La première fut pour le magazine Brides[11] de Condé Nast le 7 décembre 1960.

Références

  1. a b c d e f et g (en) Geoffrey Bocca, « The Girl Behind the World's Most Beautiful Face », Family Weekly,‎ (lire en ligne)
  2. a et b (en) Aileen Ryan, « American Designs Best 'London Look' », The Milwaukee Journal,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  3. a b c d e f g h i j k l et m (en) « Jean Shrimpton in Melbourne », sur milesago.com (consulté le )
  4. a b c d e f g et h (en) « Jean Shrimpton, the Famed Face of the '60s, Sits Before Her Svengali's Camera One More Time », Archive, sur people.com, Time Inc., (consulté le )
  5. a b c d e f g h i et j (en) Design Museum et Paula Reed, Fifty fashon looks that changed the 1960s, Londres, Conran Octopus, , 114 p. (ISBN 978 1 84091 604 1, présentation en ligne), « Jean Shrimpton. The London Look », p. 12 à 13
  6. (en) Dennis Barker, « Leslie Kark », sur theguardian.com, The Guardian, (consulté le )
    « The Lucie Clayton colleges, […] offered secretarial and modelling courses and advice on the social behaviour expected of young ladies aspiring to the aura of class in the postwar years. They also offered nursery training, and dressmaking and design, although after some aspects of modelling took on more vulgar shades in the 1960s, at the end of the decade Kark disposed of the model agency, which had earlier cradled such stars as Fiona Campbell-Walter (later Baroness Thyssen), Celia Hammond, Paulene Stone, Jean Shrimpton and Sandra Paul (now Mrs Michael Howard). »
  7. a b c d e f g h i j k l m et n (en) Alex Wade, « The Saturday interview: Jean Shrimpton », sur theguardian.com, The Guardian, (consulté le )
  8. a b et c Nathalie Herschdorfer, Sylvie Lécallier et al., Papier glacé : un siècle de photographie de mode chez Condé Nast [« Coming into fashion »], Paris, Thames & Hudson, , 296 p. (ISBN 978-2-87811-393-8, présentation en ligne), « La fabrique du mannequin : la gestion du désir », p. 143
  9. a et b (en) Fred Hauptfuhrer, « The Women David Bailey Photographs Become His Lovers, and Marie Helvin Is the Latest » [archive du ], sur people.com, Time Inc., (consulté le )
    « Bailey still bears scars from his traumatic split with Jean Shrimpton, whom he made the Face of the '60s. When she wanted to wed early in their four-year affair, Bailey was still tied to his first wife, Rosemary, a typist he'd married at 21 and ditched after nine months for the Shrimp. But when his divorce came through, Jean bolted. »
  10. (en) « Initially Bailey ... », sur bjp-online.com, British Journal of photography, (consulté le )
  11. a et b (en) Robin Muir, « Two take Manhattan », The Guardian, (consulté le )
    « Bailey and Shrimpton first worked together in 1960 at Brides, a testing ground for Vogue photographers. […] by insisting on Shrimpton as model. […] "I wanted Jean," Bailey says. "She was just about everything to me then. I put everything of me into her. She was my total muse - I didn't want to look ...; at another model. »
  12. a b c et d (en) Nicole Lampert, « The Shrimp and David Bailey's love affair that started the Swinging Sixties », sur dailymail.co.uk, The Daily Mail,
    « But Vogue loved the pictures and the rest has gone down in fashion history; the Swinging Sixties burst into life, Bailey went on to become the most lauded photographer this country has ever known, while Shrimpton became arguably the world’s first supermodel. »
  13. a et b (en) Raquel Laneri, « In Pictures: The Model As Muse », sur forbes.com, Forbes, (consulté le )
    « Rarefied couture gave way to the miniskirt and the British Invasion in 1960s, and suddenly the fashion world shifted its focus from Paris to London, with its new breed of bad boy photographers and their coltish muses. English beauty Jean Shrimpton represented the transition from the aristocratic-looking, ladylike models of the 1950s to the youthful, […] »
  14. Cally Blackman 2013, p. 229
    « […] avec David Bailey, qui, avec Terence Donovan, Terry O'Neill ou Brian Duffy, révolutionne la photographie de mode. »
  15. (en) Lucy Mangan, « TV review: We'll Take Manhattan », sur theguardian.com, The Guardian,
  16. a et b Cally Blackman 2013, p. 216
    « Dans la première moitié des années 1960, c'est une « invasion britannique » qui déferle sur les États-Unis, et Mary Quant en représente une facette, de même que le photographe David Bailey et ses séries de photos en plein cœur de Manhattan avec Jean Shrimpton […] »
  17. a b c d e f et g (en) « Jean Shrimpton », Timeline, sur vogue.co.uk, Vogue UK (consulté le )
    « She was one of the first models to be associated with the term "supermodel", with TIME magazine labelling her as one in 1971. »
  18. a b c d e et f (en) Barbara Cloud, « Jean Shrimpton Shies From Glamor », The Pittsburgh Press,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  19. (en) Susie Orbach, Hunger Strike : The Anorectic's Struggle as a Metaphor for Our Age, Karnac Books, , 184 p. (lire en ligne), p. 53
    « Slimness as feminity […] appeared first in the early 1960s. Jean Shrimpton, 'the Shrimp', the upper-middle-class English woman, was the first mannequin goddess of the time who broke distinctly with the voluptuous images of women exemplified by Marilyn Monroe, Gina Lollobrigida, Jayne Mansfield and Brigitte Bardot. […] The original 1960s trendsetters of the fashion in body style and clothes came out of the ranks of the upper-middle and upper-class. »
  20. Valerie Mendes et Amy de la Haye (trad. Laurence Delage, et al.), La mode depuis 1900 [« 20th Century Fashion »], Paris, Thames & Hudson, coll. « L'univers de l'art », , 2e éd. (1re éd. 2000), 312 p. (ISBN 978-2-87811-368-6), chap. 6, p. 188
  21. Charlotte Brunel, « Les grandes filles modèles », Styles, sur lexpress.fr, Groupe l'Express-l'Expansion, (consulté le )
    « […] Jean Shrimpton, Veruschka et la "crevette" Twiggy imposeront à leur tour l'image d'une beauté libre et juvénile. »
  22. a et b (en) Suzy Menkes, « A striking combo:broadtail and fringe », Style, sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le )
    « […] a collection inspired by the Swinging London photographer and especially by the era's long-legged, doe-eyed muse, Jean Shrimpton. A photograph of this early supermodel »
  23. Linda Watson, Vogue - La mode du siècle : Le style de chaque décennie, 100 ans de créateurs [« Vogue Twentieth Century Fashion - 100 years of style by decade and designer »], Éditions Hors Collection, , 255 p. (ISBN 2-258-05491-5), « 1960 - 69 », p. 54
  24. a et b Cally Blackman 2013, p. 230
    « Le visage du London look — celui du mannequin le mieux payé du monde 1965 — bouleverse tous les canons de la mode australienne. Lors de son apparition au derby de Melbourne, soit la plus importante manifestation de la saison mondaine, Jean Shrimpton a l'audace de se présenter en minirobe, sans chapeau, ni gants, ni bas. »
  25. a b c d e f et g (en) Jerene Jones, « Once the Face of the '60s, Jean Shrimpton Is Now the Model of An English Innkeeper », sur people.com, Time Inc., (consulté le )
  26. a et b (en) Ann Morris, « A womb with a view », sur telegraph.co.uk, The Daily Telegraph, (consulté le )
    « For the first 20 years of her adult life, Jean Shrimpton was probably the world's most famous model: the Shrimp, the Face, the It girl; »
  27. (en) Hilary Alexander, « Bailey rolls back the years for Vogue at 90 », sur telegraph.co.uk, The Daily Telegraph, (consulté le )
  28. (en) Barbara Cloud, « Ex-Window Designer London Look Winner », The Pittsburgh Press,‎ (lire en ligne)
  29. Lucy Hutchings, « Jean Shrimpton style & Fashion », sur vogue.co.uk, Vogue UK, (consulté le )

Bibliographie des références

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes