Poix (matière)

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La poix est environ 230 milliards de fois plus visqueuse que l’eau, comme démontré par l’expérience de la goutte de poix.

La poix (du latin pix, picis) est une matière collante produite par distillation. Elle peut être noire comme celle constituée à partir de résines et goudrons obtenus à partir de bois résineux ou d’autres bois comme le bouleau ou comme celle tirée de l'asphalte, ou plus claire comme celle tirée des dérivés de la résine de pin.

On l’utilise pour la fixation de corps légers ou comme enduit imperméabilisant. Elle est très facilement inflammable.

L'artisan produisant la poix est le pégoulier. En Occitan, le mot « pegar » de même racine signifie « coller » et est directement passé en français régional dans le Midi de la France sous la forme « péguer ».

Histoire

Les noms grec et latin πίσσα (pissa) et pix sont indo-européens, comme le montrent les formes slaves et baltiques de la racine. Les deux termes désignaient à l'origine aussi bien la résine que la poix; et de manière plus large les confusions sont fréquentes dans l'antiquité entre les dénominations de la poix, de la résine, du bitume et du pétrole; le bitume se dit aussi pix fossilis et on employait la poix pour le falsifier. La poix est obtenue par chauffage de la résine, contenue dans le bois tout entier comme dans les pins, ou dans l'écorce seulement comme dans les sapins. Columelle rapporte l'usage par les Allobroges, d'une poix, pix corticata, pour apprêter leurs vins, qui ne peut être qu'une résine de sapin[1]. L'arbre à poix est nommé picea.

La pharmacopée ancienne distinguait[2]:

  • pix alba, la poix blanche, pix burgundica. La térébenthine, soit la résine pure du pin;
  • pix nigra liquida, la poix noire liquide. La partie liquide du goudron de pin appelé aussi brai;
  • pix nigra sica, la poix noire sèche. La partie grossière du goudron de pin qui est évaporée jusqu'à siccité;
  • zopissa, du goudron de pin raclé des navires, et macérée dans lʼeau de mer.

Pline l'Ancien rapporte qu'on extrait la poix liquide par distillation de la résine de pin cembro ou d'épicéa, bois très résineux. Cette poix liquide est employée en Égypte pour la momification des corps. La poix liquide peut être réduite au feu et coagulée au vinaigre, et sert alors à imperméabiliser les amphores. Les Grecs calfatent les navires avec de la poix mêlée de cire[3]. Pline nomme également poix les extraits de résines d'autres arbres orientaux, comme le térébinthe, le lentisque, le cyprès. Ces poix sont solubles dans l'huile et peuvent servir à l'épilation[4].

Au début du Moyen Âge, elle entrait dans la composition du feu grégeois.

La poix fut l'un des carburants les plus utilisés pour les bateaux à vapeurs américains, en Floride. À cette époque, la poix est extraite des fours à poix. [réf. nécessaire]

Elle est l'un des composants du vernis à graver, utilisé dans la gravure par eau-forte.

La poix fut aussi utilisée pour torturer Ravaillac responsable de l'assassinat de Henri IV.

Dans la Bible

Noé l'utilise pour construire l'arche, selon les instructions précises que Dieu lui donne. Construite en bois de gopher, l'arche devait être enduite de poix en dedans et au dehors. Ainsi imperméabilisée, elle devenait une embarcation sûre pour affronter le déluge. (La Bible : Genèse 6:14) Daniel utilise également de la poix, de la graisse et des poils pour fabriquer des boules qu'il jeta dans la gueule du dragon que les Babyloniens adoraient, afin de le tuer et leur prouver que ce dragon n'était pas un dieu véritable. (Daniel 14 : 23-26)

Notes et références

  1. André Jacques. La résine et la poix dans l'antiquité. Technique et terminologie. In: L'antiquité classique, Tome 33, fasc. 1, 1964. pp. 86-97. Lire en ligne
  2. Robert James, Dictionnaire universel de médecine Eidous&Toussaint Briançon, 1748. Lire en ligne
  3. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XVI, 21, 22, 24
  4. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XIV, 25

Voir aussi

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