Giorgio Basta

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Georgius Basta
Image illustrative de l’article Giorgio Basta

Titre Comte Basta de Huszt et Waewmosch ( comte d'Hust )
Autres titres Baron von Sult et de Troppau
Grade militaire Général du Saint-Empire
Commandement Gouverneur de Transylvanie
Conflits Longue Guerre
Faits d'armes Bataille de Brasov, Bataille de Sibiu
Biographie
Naissance
Rocca, Royaume de Naples
Décès
Prague

Le comte Giorgio Basta, en français Georges Basta, en allemand Georg von Basta (né le 30 janvier 1544[1] à Rocca - mort le 26 août 1607 à Prague, capitale du Royaume de Bohême), était un général du Saint-Empire romain germanique d’origine albanaise, gouverneur de Transylvanie de 1601 à 1604.

Il est envoyé par l'Empereur Rodolphe II du Saint-Empire pour commander les forces des Habsbourg pendant la Longue Guerre (1591-1606) contre les Turcs et plus tard pour administrer la Transylvanie comme un fief du Saint-Empire romain germanique.

Sur ses ordres, son allié Michel Ier le Brave (Mihai Viteazul), qui unifia la Transylvanie, la Valachie et la Moldavie, fut assassiné le 9 août 1601, alors qu'il cherchait à se retourner contre Rodolphe II, quelques jours après une victoire commune à la bataille de Goroszló (aujourd’hui Guruslău, commune de Hereclean, dans le judet de Sălaj).

Célèbre pour sa barbarie, les historiens hongrois et roumains le dépeignent comme un homme déloyal, licencieux et violent, motivé par une haine profonde des Magyars. Aux Pays-Bas méridionaux, il garde la réputation d'un homme sans état d'âme mais toujours fidèle à sa parole[2]. L'historien italien Ambroise Mérode le décrit comme "la terreur des armées ottomanes" ("fu lo spavento delle armi ottomane").

Origines

Il naît en 1544 à Rocca (aujourd'hui Roccaforzata), cité du Royaume de Naples, dans une famille de la noblesse d'origine albanaise. Il reçoit une solide formation militaire dans les Pays-Bas du sud, province du Saint-Empire.

Il commence sa carrière militaire au service de Charles Quint et Philippe II, combattant principalement sur le front français, puis passe en 1590 sous les ordres d'Alexandre Farnèse (1545-1592) dans les Pays-Bas espagnols.

Bénéficiant des recommandations de Philippe II, il devient général dans l'armée de l'empereur Rodolphe II. Il sert principalement en Hongrie, où il commande les forces des Habsbourg dans la guerre contre l'Empire ottoman.

Pendant son séjour aux Pays-Bas, il épouse en 1589, Anne de Liedekerke, fille du Comte de Mouscron et Vicomte de Bailleul, Antoine de Liedekerke. Par son mariage, il fut le beau-frère de plusieurs grands hommes de guerre[3]. Ferdinand de Liedekerke, baron de Moorsel et de Gracht, fut capitaine d'une compagnie de cavalerie légère en Hongrie et Transylvanie. Charles-Philippe de Liedekerke fut chevalier de l'Ordre militaire de Saint-Jacques et gentilhomme de bouche de l'archiduc Albert. Don Juan de Robles, comte d'Annapes, fut colonel d'infanterie et gouverneur des villes et châtellenies de Lille-Douai et Orchies. Don Juan d'Avalos de Zambrana fut membre du Conseil suprême de guerre et lieutenant-gouverneur de Cambrai. Don Carlos Coloma, marquis d'Espinar et d'Embid, chevalier de l'Ordre militaire de Saint-Jacques, fut un important militaire puis diplomate espagnol.

Conquête de la Transylvanie

Giorgio Basta, aquarelle du XVIIe siècle

En août 1601, à la bataille de Goroszló, Giorgio Basta et Michel le Brave défirent la noblesse hongroise alliée aux ottomans, menée par Sigismond Báthory. Michel le Brave voulut alors traiter en secret avec les Ottomans et certains de leurs alliés pour reprendre le pouvoir en dépit de ses engagements vis-à-vis de Rodolphe II. Basta envoya deux compagnies de Wallons et deux compagnies d'Allemands le chercher. Face à son refus de les suivre, ils l'exécutèrent[4]. Le général victorieux reste seul maître en Transylvanie.

Pendant son contrôle intermittent sur la Transylvanie, de 1601 à 1604, George Basta fait régner la terreur: ses mercenaires ravagent la région, les terres sont pillées, la population est germanisée et la primauté du catholicisme est rétablie de force. La Transylvanie perd un tiers de sa population, ainsi que la plus grande partie de sa noblesse.

Illustration d'une exécution

Cette insatisfaction permet la révolte contre le régime des Habsbourg menée par Étienne II Bocskai (István Bocskai), ancien conseiller de Sigismond Bathory, et futur prince de Transylvanie.

Avec ses 20 000 hommes, Basta organise la répression contre le soulèvement. Il massacre un camp de révoltés et de Turcs à Edelény, puis reprend Szendrő, Tokay, et plusieurs villes de la région de Zips. Mais le manque de vivres et des émeutes internes font échouer son attaque sur Cassovie, et l'oblige à se replier à Eperies.

Profitant de l'occasion, les généraux de Bocskai s'emparent de toute la région sur la rive gauche du Danube: Szathmar, Hust, Neutra, Tyrnau. Le soulèvement finit par gagner toutes les provinces et contraignent Basta à l'exil.

Le 20 avril 1605, en remerciement de sa participation au bannissement du général Basta, la Diète hongroise désigne Étienne II Bocskai prince de Transylvanie. Cette mise à l'écart du général Basta n'empêchera pas Rodolphe II de lui octroyer le 4 septembre 1605[5] le titre de comte d'Hust et du Saint-Empire avec le privilège exceptionnel de pouvoir le transmettre à ses descendants en lignes masculine et féminine[6] et d'ajouter à ses armes un écusson brochant en cœur aux armes du Saint-Empire. Matthias Ier, succédant à son frère Rodolphe II, négocie la Paix de Vienne avec le nouveau prince Bocskai le 23 juin 1606.

Retrait du pouvoir

Bataille de Brasov
Bataille de Sibiu (ou bataille de Goroszló)

Après les défaites de Transylvanie, Basta est sommé de se retirer à Prague et à Vienne.

Profitant de son expérience dans les guerres de l'est, il rédige plusieurs traités sur l'art de la guerre. Trois de ces traités ont été traduits dans d'autres langues et sont devenus des classiques de l'enseignement militaire, utilisés encore de nombreuses années après sa mort:

  • II maestro di campo generale de Governo della cavalliera (Venise, 1606)
  • Il governo della cavalleria leggiera (Venise, 1612, publié à titre posthume)
  • Del Governo dell'Artigliera (Venise, 1612, publié à titre posthume)

Mis à l'écart du pouvoir, ses revenus de 42 200 florins sont réduits à 3 240 florins. Il reste dans l'attente des fiefs de Troppau et de Greiffenstein en Silésie, promis par l'Empereur qui ne tiendra pas ses engagements. Il meurt dans la matinée du 20 novembre 1607 dans son domaine de Prague. Il est inhumé en l'église de Sainte-Croix à Vienne.

Son épouse, Anne de Liedekerke, meurt à Courtrai le 27 mars 1619. Elle est inhumée dans l'église Saint-Martin à Courtrai.

Notes et références

  1. La date exacte de sa naissance est incertaine. Plusieurs auteurs donnent le 30 janvier 1550.
  2. Nobiliaire des Pays-Bas et du Comté de Bourgogne, Louvain, Jean Jacobs, , "On a beaucoup loué un trait de ce Général des Impériaux. Les Révoltés du parti de Bathori ayant emporté Bistricz, Basta reprit cette place par capitulation, qui fut violée pendant son absence par quelques soldats Allemands; ce qu'il n'eut pas si tôt appris à son retour, qu'il fit pendre tous ces soldats & paya de ses deniers aux habitants le dommage qui leur avait été fait. Cette action toucha si fort les Révoltés, qu'ils se soumirent tous à l'Empereur, sans demander d'autre caution que la parole de Basta" (p. 225).
  3. Les Comtes d'Hust et du Saint-Empire, descendants du général comte Basta (1550-1607), Octave le Maire, Bruxelles, 1966, p. 21
  4. Emmanuel de Meteren, Histoire des Pays-Bas, Amsterdam, Jean de Ravenstein, traduction en français de 1670, Folio 525
  5. Diplôme donné à Prague le 4 septembre 1605: "(...) Nous décrétons que toi, Georges Basta, et toute ta descendance et postérité légitime, masculine et féminine, à l'infini et à perpétuité vous aurez les titre, nom et dignité de comtes du Saint-Empire (...)". Ce diplôme a fait l'objet d'une analyse approfondie par Octave le Maire dans Les Comtes d'Hust et du Saint-Empire. Voir bibliographie.
  6. Selon Philippe du Puy de Clinchamps, La Noblesse, PUF, réédité par l'I.C.C., cela ne s'entend que de la seule descendance des deux sexes issue en ligne masculine de Basta (aujourd'hui éteinte), et non de ses descendants par les femmes. Ce que les tribunaux ont confirmé, comme le rappelle cet auteur, lui-même descendant en ligne féminine de Basta. Octave le Maire (op. cit.) cite cependant des cas où ce droit a été reconnu par des tribunaux ou d'autres instances.

Voir aussi

Bibliographie

  • Historia della Transilvania, raccolta dal cavalier Ciro Spontoni e registrata dal cavalier Ferdinando Donno, Ciro Spontoni [1]
  • Habsburg und Siebenbürgen 1600 – 1605, Meinolf Arens
  • Basta, Georg Graf von, Wilhelm Edler von Janko
  • Basta, Comte d'Hust et du Saint-Empire (1550-1607), sa vie, sa famille et sa descendance, D. Labarre de Raillicourt, Lauréat de l'Institut, Paris, 1968
  • Les Comtes d'Hust et du Saint-Empire, descendants du général comte Basta (1550-1607), Octave le Maire, Bruxelles, 1966
  • Histoire des Pays-Bas, Emmanuel de Meteren, Amsterdam, traduction en français, 1670 [2]