Clytemnestre
Dans la mythologie grecque, Clytemnestre (en grec ancien Κλυταιμήστρα / Klutaimếstra[1], peut-être de κλυτός / klutós, « fameux, célèbre », et μνάομαι / mếdomai, « comploter, combiner ») est la fille de Tyndare (roi de Sparte) et de Léda. Née d'un œuf commun, elle est sœur de Castor, et la demi-sœur d'Hélène et Pollux, qui sont pour leur part enfants de Zeus[2].
Mythe
Agamemnon, le roi de Mycènes, épousa Clytemnestre après qu'il eut tué son précédent mari Tantale, fils de Thyeste, ainsi que leur enfant. Agamemnon et Clytemnestre ont quatre enfants : Iphigénie, Chrysothémis, Électre et Oreste. Certaines versions ajoutent Laodicé et Iphianassa, qui seront ensuite confondues à Électre et Iphigénie.
Avant son départ pour la guerre de Troie, Agamemnon et ses troupes rassemblées à Aulis, ne peuvent partir : Agamemnon a offensé Artémis en prétendant pouvoir chasser mieux qu'elle car il avait chassé un cerf sacré, et la déesse se venge en lançant des vents contraires sur la mer. Seul le sacrifice d'Iphigénie apaisera la déesse. Agamemnon sacrifie ainsi Iphigénie sur l'autel d'Artémis.
Agamemnon est tué à son retour de Troie, soit par Clytemnestre, soit par son amant Égisthe, soit par les deux ensemble (selon les auteurs). Clytemnestre lui en voulait entre autres du sacrifice d'Iphigénie, sa fille aînée. Sa captive et concubine, Cassandre, est aussi assassinée ainsi que leurs enfants. Égisthe était le cousin d'Agamemnon, ce dernier lui ayant confié sa famille avant son départ pour la ville de Troie. Il épousa Clytemnestre à la suite de la mort d'Agamemnon.
Clytemnestre sera tuée, en même temps qu'Égisthe, par son fils Oreste, sept ans plus tard. Il donna ordre de les enterrer hors de la ville, les jugeant indignes du tombeau d'Agamemnon.
Thème artistique
Un des intérêts principaux de l'histoire de Clytemnestre, pour les auteurs qui l'ont rapportée, réside dans la diversité des motifs qu'elle donne au meurtre d'Agamemnon et dans les différentes caractérisations des personnages qui sont ainsi possibles.
- Dans Feux, Marguerite Yourcenar consacre l'une de ses proses à Clytemnestre (« Clytemnestre ou le crime »).
- Le roman de Jonathan Littell, Les Bienveillantes, s'inspire également du mythe de Clytemnestre.
- Clytemnestre apparaît dans Iphigénie en Aulide de Gluck et est citée dans son autre opéra Iphigénie en Tauride.
- Elle apparaît largement dans l'opéra Elektra, de Richard Strauss.
- Simone Bertière, dans Apologie pour Clytemnestre, donne une vision plus féministe de cette femme, tout en suivant essentiellement le mythe des Atrides tel qu'Eschyle le rapporta.
- Extrait : « Je m'appelle Clytemnestre, reine d'Argos. Vous me connaissez bien. Voici trois mille ans que vous me montrez du doigt en frémissant d'indignation. Avec l'aide de mon amant, j'ai tué mon époux Agamemnon, à son retour de la guerre de Troie. Et j'ai péri de la main de mon fils Oreste. »
- Clytemnestre apparaît dans de nombreuses pièces de théâtre, notamment dans les pièces d'Eschyle (dans l’Orestie), ou bien Électre de Jean Giraudoux, Électre de Sophocle, Électre d'Euripide, Les mouches de Jean-Paul Sartre, etc.
Notes et références
- La forme moderne, avec « mn », ne survient pas avant la période moyenne byzantine : c'est une mauvaise lecture motivée par une connexion étymologique erronée avec le verbe μναoμαι / mnaomai, tandis qu'Eschyle, dans certains jeux de mots sur son nom, apparaît assumer un lien étymologique avec le verbe μήδoμαι / mếdomai. Voir à ce sujet (en) Alan Sommerstein (dir.), Oresteia, édition Loeb, 2008, introduction, p. x.
- Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Grands dictionnaires », 1999 (1re édition, 1951) (ISBN 2130503594), p. 128