Bourgeois-bohème

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Le terme bobo est la contraction de bourgeois-bohème.

Dès 1933, Pierre Drieu La Rochelle faisait dire à l'un des personnages de sa nouvelle « Le Bon Moment » : « Un bohème, c'est une variété de bourgeois. »[1]

Inventé par le journaliste américain David Brooks en 2000 dans le livre Bobos in Paradise, le concept assez flou de « bourgeois-bohème » et, de l'aveu de l'auteur, sans valeur scientifique, désigne une catégorie socio-professionnelle aisée, progressiste, de métiers fortement intellectuels (enseignement, par exemple), habitant des grands centres urbains, souvent dans des quartiers autrefois populaires et se distinguant par son mode de consommation (logement, alimentation, loisirs).

France

Le terme a pris en France une valeur plutôt péjorative, désignant un type de conformisme : des personnes aisées, parisiennes et parisianistes, bien pensantes, de sympathies allant plutôt à la gauche écologiste, ayant de l'affection pour la figure du révolté (Che Guevara, mai 68).

Dans cette optique, on relève la « facilité » entre la « vie bohème » (ne pas se soucier du lendemain, d'argent ni de sécurité) et la position bourgeoise, qui l'offre matériellement. À Paris, ces bobos résideraient dans les arrondissements aisés du centre (IIe, IIIe, IVe, IXe) mais leur venue dans les arrondissements autrefois populaires de l'est (Xe, XIe arrondissements par exemple) y a contribué à une forte hausse du prix de l'immobilier ces dernières années[2].

Aux premiers emplois du terme, sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin, on parlait de la « gauche bobo » de manière positive, en les présentant comme des intellectuels progressistes, œuvrant par exemple pour la réhabilitation de certains quartiers, comme à Montreuil.

Après la défaite du 21 avril 2002, une partie de la gauche a commencé à montrer du doigt les bobos et leurs idées comme certes louables mais éloignées des problèmes concrets des couches sociales les plus modestes, voire en dehors des réalités concrètes. Petit à petit, la définition du bobo a convergé vers celle de la gauche caviar, terme inventé dans les années 1980 et qui évoque la coexistence de convictions de gauche et de comportements plus matérialistes, bourgeois.

Le terme « bobo » a d'ailleurs été largement utilisé par les opposants au Traité établissant une Constitution pour l'Europe lors de la campagne du référendum du 29 mai 2005 contre la partie de la gauche qui y était favorable.

François Taillandier, dans un article de l'Humanité[3] raconte sa rencontre avec « un couple d’ailleurs sympathique, lui chercheur et journaliste, elle conceptrice graphique ou quelque chose comme ça, qui évoquait ses difficultés à trouver, dans les vieux quartiers de Paris, du côté de la République ou du canal Saint-Martin, l’ancien atelier ou le loft de leurs rêves. “ Il y a quelques années, c’étaient encore des quartiers populaires, déploraient-ils ; maintenant, c’est colonisé par les bobos. ” » Le journaliste comprend que « le bobo, c’est toujours l’autre, et cet autre, on le dénigre parce qu’on aimerait bien faire comme lui, mais que lui a davantage d’argent, et qu’on ne veut pas vraiment que ce soit dit. »

Divers

Selon Les Bobos, une chanson de Renaud datant de l'été 2006, considérée très stéréotypée par beaucoup, la culture bobo se traduit par une adoration des produits bio, qui commencent à s'installer dans de nombreux quartiers parisiens, par un goût pour les déplacements à vélo, pour les cinémas particuliers ou étrangers. Ils peuvent vivre aussi en Seine Saint-Denis.En ce qui concerne le cinéma, ils aiment les films coréens, japonais ou espagnols, en musique, les chansons dites à texte du style Carla Bruni ou Cali ou la musique latino. Leurs lectures de prédilection sont Michel Houellebecq ou Frédéric Beigbeder, le Monde diplomatique, les Inrocks ou Libération. Ils partent en vacances à la campagne (Gers, Lot, Luberon) ou vers des continents éloignés (Asie). A la télévision ils regardent les chaines dites culturelles comme Arte.

Engagement

Leur cheval de bataille est la lutte contre les OGM, beaucoup d'entre eux ont une sensibilité écologique.

Hugues le Bobo s'est quant à lui engagé chez Steria.

Dérivés

D'autres dérivés du terme ont fait leur apparition, par exemple les « beurgeois » (pour « beurs embourgeoisés »), les « bobas » (pour « bourgeois batignole »), les « bobouc » (« bourgeois bohème Upper middle Class »), les « bobobo » (« bourgeois bohème bolcho»), les "biobos" (pour les bourgeois qui se declarent particulièrement écologistes) etc. On parle également, des "botras" ("bourgeois traditionnels") pour les opposer aux "bobos".

Voir aussi

Articles connexes


Notes et références

  1. in Revue de Paris n°13 du 1er juillet 1933, page 113, reprise dans le recueil Journal d'un homme trompé, Gallimard 1934
  2. Voir le numéro 2851 de l'Express consacré à l'immobilié à Paris
  3. La guerre dans les mots - Les bobos. Article paru dans l'Humanité du 31 août 2006.

Liens Externes

- Bobos, gentrifiés, gentrifieurs, néo-bourgeois… crème d’une idéologie douce (Une lecture sociologique de l'Oeil Cynique).