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Four dragon

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Fichier:Dragon Kiln, Shiwan, Guangdong, Joyce Scott, 1975.jpg
Un four dragon en service en 1975 sur le site historique de Nanfeng à Shiwan.
Fouille du sol d'un four dragon long de 40 mètres, époque Song du sud, à Jiaotanxia, Hangzhou.

Le four dragon ou "four longyao" ({{chinois|t=龍窯|s=龙窑|p=lóngyáo|l=dragon - four}} ; parfois appelé aussi "four grimpant" ou "four tunnel") est une forme traditionnelle de four à bois utilisée en particulier dans le sud de la Chine pour produire la céramique chinoise. C'est un four long et étroit construit à flanc de colline. Il nécessite une pente assez raide pour fonctionner, généralement une pente entre 10° et 16°. Il peut atteindre les hautes températures, parfois jusqu'à 1 400 °C, nécessaires pour cuire les céramiques non poreuses comme le grès et la porcelaine, températures qui sont longtemps restées inatteignables pour les potiers européens. Il permet la cuisson d'un grand nombre de pièces simultanément. De grands fours de 60 mètres de long permettaient déjà de charger jusqu'à 25 000 pièces à la fois. Au début du {{s|XII|e}}, les fours peuvent même dépasser les 135 mètres de long et permettent de charger plus de 100 000 pièces à la fois

Histoire

D'après des fouilles récentes, en particulier dans le district de Shangyu au nord est du Zhejiang, l'origine du four dragon remonte à la dynastie Shang (entre 1600 et 1046 AEC) et elle est liée à la cuisson du grès à 1200 °C ou plus. Les fours de cette époque sont relativement petits, de 5 à 12 mètres de long, et moins inclinés que ceux des époques suivantes

Cette technique se développe certainement avant la période des royaumes combattants. Il y a déjà plus de 60 fours à Shangyu dans le royaume de Wu (220-280 CE) pendant la période des Trois Royaumes. Le four dragon reste ensuite le principal type de four utilisé dans le sud de la Chine jusqu'à la dynastie des Ming. (les fours mantou {{chinois|t=饅頭窯|s=馒头窑|p=mántouyáo|l=pain à la vapeur - four}} ou "fours miche" utilisés dès l'époque Shang dans les plaines centrales, ensuite utilisés dans le nord de la Chine, pouvait atteindre 1 300°C mais à la différence des fours longyao, leur capacité était assez limitée et ils étaient plus souvent alimentés au charbon) Les plaines de la Chine du nord ne fournissant pas les pentes nécessaires au four dragon, c'est le ''four mantou'' qui y  prédomine

Vieux de 5 siècles et encore en fonctionnement, le four de Nanfeng situé à Shiwan dans le Guangdong a été construit sous les Ming, il produisait la céramique de Shiwan et de la céramique architecturale, il fonctionne aujourd'hui en tant qu'attraction touristique

Caractéristiques

Four dragon multi-chambres type Noborigama (Japon).

Les fours dragons sont normalement construits en briques et ont un tirage horizontal ou oblique (les flammes circulent plus ou moins à l'horizontale, plutôt qu'à partir du sol ou vers le sol). Le temps de cuisson peut être relativement court, environ 24 heures pour un petit four. Les premiers fours sont des tunnels grimpants, non divisés en chambres, mais avec des marches séparant des sols presque plats où sont posées des piles verticales de céramiques calées à l'aide de sable, de graviers ou de matériaux similaires. À partir des Song du Sud (1127-1279), certains fours comportent une série de chambres étagées sur la pente, les chambres sont reliées par des portes qui permettent aux céramistes de circuler pendant les phases de chargement et de déchargement du four et qui permettent à la chaleur de circuler lors de la cuisson. Il peut y avoir jusqu'à 12 chambres.  Le céladon de Longquan se fabriquait généralement dans de tels fours multi-chambres

La chambre de combustion, le foyer principal, est en bas du four (la chambre de combustion en bas du four forme la tête du dragon, le four contenant la céramique formant le corps du dragon). Il peut y avoir des portes supplémentaires le long du four permettant d'ajouter du bois, ainsi que des regards pour surveiller le fonctionnement sur toute la longueur. La cheminée se trouve tout en haut de la pente  (la queue du dragon se termine par une cheminée en haut du four ou par une petite chambre servant de cheminée) mais compte tenu du tirage dû à la pente, la cheminée n'a pas besoin d'être haute et peut être omise. La taille et la forme des fours peuvent varier considérablement. La chauffe commence en bas du four et monte vers le haut de la pente. Le combustible, généralement du bois ou plus rarement du charbon, affecte l'atmosphère de la cuisson, le bois donne une atmosphère réductrice et le charbon donne une atmosphère oxydante. La charge de bois nécessaire pour une cuisson équivaut à peu près au poids de la céramique produite. Des casiers ou gazettes ont été utilisés pour protéger les pièces au moins dans les périodes récentes. C'est une innovation venue de la céramique Ding dans le nord de la Chine sous les Song

Les fours dragons permettent de cuire de grandes quantités de poterie à haute température mais la cuisson n'est généralement pas la même sur toute la longueur du four, ce qui produit des effets différents sur les pièces placées à différents niveaux. Le haut du four produit souvent les meilleures pièces car il chauffe plus lentement. Par exemple, la large gamme de couleurs du céladon, de la céramique de Yue au céladon de Longquan, s'explique en grande partie par des variations dans les conditions de cuisson. Les teintes variables des porcelaines blanches, entre la céramique Ding au nord et la porcelaine Qingbai au sud, résultent aussi du combustible utilisé. Les fours multi-chambres les plus développés ont été construits pour cuire la porcelaine de Dehua où un contrôle précis des hautes températures est essentiel. Le four dragon chinois a été repris en Corée, à partir de 100 ou 300 de notre ère, puis plus tard au Japon, donnant divers types de fours grimpants anagama et noborigama (fours anagama à une chambre et noborigama multi-chambres), et dans tout l'Est de l'Asie

Les cuissons en grandes quantités ne sont pas spécifiques à la céramique asiatique puisque les potiers de l'antiquité romaine, qui utilisaient des fours d'une toute autre forme, pouvaient cuire jusqu'à 40 000 pièces de céramique sigillée en une seule fois

Notes et références

Bibliographie

  • Eng, Clarence, Colours and Contrast: Ceramic Traditions in Chinese Architecture, 2014, BRILL, (ISBN 978-90-04-28528-6), Google books
  • Kerr, Rose, Needham, Joseph, Wood, Nigel, Science and Civilisation in China: Volume 5, Chemistry and Chemical Technology, Part 12, Ceramic Technology, 2004, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-83833-7), Google books
  • Medley, Margaret, The Chinese Potter: A Practical History of Chinese Ceramics, 3rd edition, 1989, Phaidon, (ISBN 0-7148-2593-X)
  • Rawson, Jessica (ed.). The British Museum Book of Chinese Art, 2007 (2nd edn), British Museum Press, (ISBN 978-0-7141-2446-9)
  • Vainker, S. J., Chinese Pottery and Porcelain, 1991, British Museum Press, (ISBN 978-0-7141-1470-5)
  • Wood, Nigel: Oxford Art Online, section "Dragon (long) kilns" in "China, §VIII, 2.2: Ceramics: Materials and techniques, Materials and techniques".

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