Allégorie et effets du Bon et du Mauvais Gouvernement

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Les Effets du bon et du mauvais gouvernement (en italien Allegorie ed effetti del Buono e Cattivo Governo) est une série de fresques d'Ambrogio Lorenzetti placées sur les murs de la Sala dei Nove (la salle des Neuf) ou Sala della Pace (salle de la Paix) du Palazzo Pubblico de Sienne.

Histoire

Les fresques ont été commandées par le gouvernement de la ville de Sienne, qui entre 1287 et 1355 était gouvernée par neuf citoyens renouvelés en un conseil de « gouverneurs et défenseurs de la commune et du peuple ». Ils faisaient le serment d'utiliser « tous les moyens possibles » pour « la conservation, l'augmentation et la magnificence du régime en place »[1].

Les documents montrent qu'Ambrogio Lorenzetti a travaillé sur les fresques entre février 1338 et mai 1339, laissant sa signature dans la peinture sur le mur de l'allégorie du bon gouvernement, Ambrosius de Laurentii Senis pinxit utrinque hic…, qui signifie littéralement « Ambrogio di Lorenzo de Sienne, j'ai peint des deux côtés… ». Les modifications de la salle du Conseil de Neuf (accès à la salle changé, remplacement des meubles originaux) imposa des ajouts, souvent malheureux, qui, ici et là, montrent des lacunes. La restauration des années 1980 rend hommage malgré tout au travail de l'artiste, largement préservé.

Description

Exécutées entre 1337 et 1340, ces fresques comportent plusieurs tableaux :

  • Allegoria del Buon Governo, 770 cm, est l'Allégorie du Bon Gouvernement complétée par :
    • Effetti del Buon Governo in città, 140 cm est celle des Effets du Bon Gouvernement dans la ville
    • Effetti del Buon Governo in campagna, 140 cm, celles des Effets du Bon Gouvernement à la campagne
  • Effetti del Cattivo Governo est celle des Effets du Mauvais Gouvernement détaillées comme suit :
    • Effetti del Cattivo Governo in città, est celle des Effets du Mauvais Gouvernement dans la ville
    • Effetti del Cattivo Governo in campagna, est celle des Effets du Mauvais Gouvernement dans la campagne
Allégorie du Bon Gouvernement
Au sommet d'un arbre, la Sagesse tient ouvert le livre biblique ; l'arbre supporte soutenu par deux de ses branches les plateaux de la Justice, l'un couronne le juste, l'autre décapite le réprouvé. Une corde passant par le plateau du juste, passe ensuite entre les mains de la Concorde, équipée d'un rabot pour aplanir les disputes, passe ensuite entre les mains des membres du gouvernement des Vingt-Quatre, pour finir entre les mains d'un grand vieillard barbu vêtu des couleurs de la ville (noir et blanc), le Bien commun. Situées de part et d'autre de celui-ci pour le guider, ses conseillères et les Vertus théologales (Foi, Charité et Espérance) qui planent au-dessus de lui, et des quatre Vertus cardinales (Force, Prudence, Tempérance et Justice) assises à côté de lui avec la Paix, vêtue de blanc, allongée sur un lit posé sur un amoncellement d'armes, le front ceint d'une couronne d'olivier et avec un rameau d'olivier dans la main, ses symboles. À son côté est assise la Force, armée d'une massue et d'un bouclier, pour la fermeté des soldats et fantassins que l'on trouve à ses pieds. Des hommes en armes protègent les citoyens et un groupe de prisonniers ligotés montre l'action des lois et de la justice. Deux nobles à genoux offrent leurs châteaux à la Commune, en faveur de l’état siennois.
Effets du Bon Gouvernement dans la ville

Une ville magnifique en maçonnerie de pierres et de briques, remplie de tours, de palais, d’habitations, d’églises et de magasins de style typiquement siennois. Une chronique du XIVe siècle de la vie quotidienne qui s'expose en toute harmonie : sur les toits les maçons œuvrant, un tailleur vu de dos cousant, l'atelier d'un orfèvre, un marchand consultant son livre de comptes, des gentilshommes à cheval, les activités de production et de commerce avec le teinturier, l’orfèvre, les ouvriers sur les échafaudages, la leçon universitaire, la halte dans la taverne, des éleveurs avec leurs bêtes. Un groupe de danseurs professionnels (figures masculines efféminées) exécutent une danse rituelle pour revivifier l'énergie d'une population en proie au découragement. Leurs vêtements sont mités par des vers, des libellules (insectes qui dans le bestiaire médiéval symbolisent le désespoir. La cité à cette époque est en crise)[2].

Effets du Bon Gouvernement à la campagne

Des champs bien cultivés, le transport des marchandises, le fauconnier qui part pour la chasse, des routes qui sillonnent les champs et collines, le va-et-vient incessant des hommes et des animaux. Une compagnie à cheval part en route pour la chasse, qui s'arrête auprès d'un aveugle qui demande la charité.

Effets du Mauvais Gouvernement dans la ville - détail
Effets du Mauvais Gouvernement dans la ville - détail

Au centre d'une longue tribune figure Tyrannia, sous un aspect démoniaque, qui tient prisonnière la Justice à ses pieds, et au-dessus de laquelle planent trois femmes maléfiques, Avaritia, une vieille femme avec des ailes de chauve-souris, Superbia, l'épée dégainée et le joug de travers, et Vanagloria, la Vanité, qui se complaît dans un miroir. En dérivent la Misère, les abus, la Destruction et la Famine. Le seul artisan est le forgeron qui fabrique les armes. À l'époque où cette fresque fut commandée, Sienne était en proie à la famine, à la mort et aux insurrections.

« Le fort Lorenzetti a inscrit lui-même les sages devises de sa loi sous les fresques du Mal Governe.
I. Pour faire son bien sur la terre, la Tyrannie a soumis la justice : nul ne passe par là sans risque de la mort.
II. Où est Tyrannie, Guerre, Vol et Dol prennent force près d’elle.
III. La Tyrannie s’accorde avec tous les vices liés à la nature. »

— André Suarès, Voyage du condottière

Effets du Mauvais Gouvernement à la campagne

Des soldats en armes qui battent la campagne, qui pillent les habitations, les champs ravagés, les ruines des habitations autant civiles que religieuses, un château domine une colline.

Notes et références

  1. Randolph Starn, Ambrogio Lorenzetti, le Palais communal, Sienne, Hazan, 1995, p. 15
  2. Patrick Boucheron, Conjurer la peur : Sienne, 1338. Essai sur la force politique des images, Seuil, 2013

Bibliographie

  • Patrick Boucheron, Conjurer la peur : Sienne, 1338. Essai sur la force politique des images, Seuil, 2013, 285 p., (ISBN 978-2-02113-499-5).
  • Anne-Marie Brenot, Sienne au XIVe siècle dans les fresques de Lorenzetti : La cité parfaite, éditions l'Harmattan, mai 2000, (ISBN 978-2-73847-627-2).
  • Nicolai Rubinstein, Political Ideas in Siense Art: The Frescoes by Ambrogio Lorenzetti and Taddeo di Bartolo in the Palazzo Pubblico. Journal of the Warburg and Courtauld Institutes 21, No. 3/4. (Jul.-Dec., 1958).
  • Quentin Skinner, L'Artiste en philosophie politique : Ambrogio Lorenzotti et le bon gouvernement, Paris, Le Seuil, coll. « Liber », , 240 p. (ISBN 978-2912107152)

Liens externes