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Gabrielle Duchêne

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Gabrielle Duchêne (née le 26 février 1870 à Paris et décédée le 3 août 1954 à Zurich) est une militante de la cause féminine issue d'un milieu aisé et bourgeois. Son père, Joseph Laforcade, est jardinier en chef de la ville de Paris et son mari est architecte paysagiste.

Elle s'est investie successivement dans la cause du travail des femmes, du pacifisme et de l'antifascisme durant la première partie du XXe siècle. Idéologiquement modérée au départ, elle s'est progressivement radicalisée et a fini par devenir, à partir de 1927, une fidèle compagne de route du Parti communiste français[1].

Un engagement au service de la protection du travail des femmes

Gabrielle Duchêne participe au mouvement féministe avant 1914, luttant pour l'égalité politique. Elle s'implique également, et principalement, dans la protection du travail féminin, elle crée ainsi, en 1908, "l'Entraide", une coopérative de lingères dont le siège est situé 146 avenue Emile Zola dans le XVe arrondissement de Paris. Mais, du fait des insuffisances du travail coopératif, elle se dirige vers le syndicalisme et milite au syndicat de la chemiserie-lingerie dont elle préside la "section Travail" du Conseil national des femmes françaises.

Puis, en 1913, elle fonde l' "Office français du travail féminin à domicile" dont le but est de lutter contre l'exploitation des femmes dans le cadre du travail à domicile, l'office à son siège social dans un modeste local au 32 rue Fondary (XVe arrondissement de Paris).

Durant la Première guerre mondiale, Gabrielle Duchêne devient secrétaire adjointe du Comité intersyndical d'action contre l'exploitation de la femme qui se réunit à partir de décembre 1915. Elle lutte pour l'égalité des salaires et pour l'adoption du principe du salaire minimum. Elle étudie les progrès de la législation effectués dans divers pays à ce sujet et publie une brochure revendiquant un salaire égal pour un travail égal. Le vote de la loi sur le minimum de salaire en 1915 fut importante pour le développement des organisations syndicales de femmes en France.

Un engagement féministe et pacifiste

Pendant la Première guerre mondiale

En avril 1915, Gabrielle Duchêne se rallie au Congrès international des femmes réuni à La Haye à l'initiative de l'américaine Jane Adams et d'associations féministes américaines et hollandaises. Elle adhère ainsi au Comité international pour la paix permanente (CIFPP) fondé à la suite du congrès de La Haye. Dès mai 1915, elle fonde et préside la section française du Comité international des femmes pour la paix permanente ; elle y est secondée par Jeanne Hallbwachs, secrétaire générale du mouvement, par sa fille Suzanne Duchêne, secrétaire adjointe, et par Mme Morre-Lambellin, trésorière. Le siège social du comité est situé au 32 rue Fondary (XVe arrondissement de Paris).

"Il semble bien que Madame Duchêne n'ait obtenu de concours que dans son milieu, c'est-à-dire dans la classe bourgeoise et intellectuelle. Toutefois, on a pu noter que quelques ouvrières avait apposé leur signature au bas de l'une de ses lettres encourageant l'initiative de quelques femmes hollandaises"[2], selon la Préfecture de police, le mouvement créé par Gabrielle Duchêne est donc sociologiquement restreint. Il ne comporte d'ailleurs qu'une centaine d'adhérents en 1916[3].

Rapidement le mouvement nouvellement créé se trouve plongé dans le scandale dit "des femmes de la rue Fondary". En effet, en novembre 1915, il diffuse une brochure écrite par le philosophe Michel Alexandre, futur mari de Jeanne Hallbwachs, Un devoir urgent pour les femmes. Ce document, publié anonymement par le CIFPP sans autorisation de la censure et envoyé par la poste à des membres féminins de l'enseignement et des postes, remet en cause la nécessité de poursuivre une guerre sans issue et demande que les gouvernements alliés fassent connaître leurs conditions de paix et ne rejettent aucunes propositions de paix quelque soit leur origine[4]. Cette publication déclenche les foudres de la police et de violents commentaires dans la presse. Le domicile de Gabrielle Duchêne, 10 quai Debilly (actuellement quai de New York) est perquisitionné en décembre 1915 et de nombreux documents sont saisis et analysés. A partir de cette date, la propagande du groupe est quasiment arrêtée, les principaux membres du CFIPP adhèrent à la Société d'études critiques et documentaires sur la guerre qui, fondée à la fin de l'année 1915, réunit la minorité pacifiste au sein de la Ligue des Droits de l'Homme[5].

Durant l'entre-deux-guerres

Au congrès de Zurich, en 1919, est créée la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (LIFPL) sur des bases wilsonniennes. Gabrielle Duchêne devient la secrétaire générale de la section française et joue un rôle de premier plan dans l'organisation internationale. Elle participe à la plupart des congrès et comités exécutifs, fait de nombreuses tournées de conférences et publie quantité d'articles, notamment, dans la revue de la section française qui s'intitule, jusqu'en 1939, En Vigie.[6]

Mais son activité pacifiste déborde largement le cadre de cette organisation puisqu'elle est présente, par exemple, au Congrès international de la paix qui a lieu du 10 au 15 décembre 1922 à La Haye à l'initiative de la Fédération syndicale internationale. Elle mêle ainsi engagement syndical et pacifiste.

Son engagement pacifiste se teinte aussi progressivement d'antifascisme dans les années 1930. Même si elle reste la présidente de la section française de la LIFPL jusqu'à sa mort en août 1954.

Un engagement antifasciste

Une compagne de route du Parti communiste...

Dès le début des années 1920, Gabrielle Duchêne s'implique en faveur de la Russie soviétique. Ainsi, elle participe activement, de 1920 à 1923, à la campagne d'aide aux affamés de Russie puisqu'elle est membre du Comité international de secours à la Russie créé sous l'égide de la Croix-Rouge et effectue de nombreuses tournées de conférences en son nom.

... A la tête du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme (CMF)

Notes et références

  1. Jean Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, quatrième partie : 1914-1939, De la Première à la Seconde Guerre mondiale, Paris, Éditions Ouvrières, , p.84
  2. Rapport de police datant de décembre 1915.
  3. Rapport de police du 10 mars 1916.
  4. Jean-Michel Guieu, Gagner la paix : 1914-1929, Histoire de la France contemporaine 5, Paris, Seuil,
  5. Emmanuel Naquet, « La société d'études documentaires et critiques sur la guerre. Ou la naissance d'une minorité pacifiste au sein de la Ligue des Droits de l'Homme », Matériaux pour l'histoire de notre temps,‎ 1993, volume 30, numéro 1, p.-6-10 (lire en ligne)
  6. Jean Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, quatrième partie : 1914-1939, De la Première à la Seconde Guerre mondiale, Paris, Editions ouvrières,