Pierre Daum

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 18 mai 2016 à 20:49 et modifiée en dernier par Indif (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Pierre Daum
Image illustrative de l’article Pierre Daum
Pierre Daum en 2009

Naissance (57 ans)
Thionville, Moselle
Nationalité Française
Profession Journaliste
Autres activités Essayiste
Historique
Presse écrite Libération (1999-2007)
Le Monde diplomatique (depuis 1996)

Pierre Daum, né le à Thionville, en Moselle, est un journaliste français, auteur d’enquêtes sur le passé colonial de la France[1].

Biographie

Pierre Daum est diplômé de l’université de Metz (aujourd’hui université de Lorraine). Son mémoire de DEA porte sur la stylistique proustienne[2]. Après une année à l’Éducation nationale comme enseignant de français, il s’installe en Autriche en 1994, et commence à écrire des articles pour des journaux français (Le Monde, L’Express, etc.[3]).

En 1999, il devient le correspondant à Vienne du quotidien Libération. En 2004, depuis Montpellier, il devient correspondant de Libération pour le Languedoc-Roussillon, poste qu’il occupe jusqu’en 2007[3]. Il collabore depuis 1996 au Monde diplomatique[4].

Enquêtes sur le passé colonial de la France

Les travailleurs indochinois de la Seconde Guerre mondiale

En 2005, Pierre Daum découvre l’histoire des 20 000 paysans vietnamiens recrutés en 1939, la plupart de force, afin de servir comme ouvriers dans les usines d’armement de la métropole[5],[6]. Parqués dans des camps d’internement du sud de la France, ces « travailleurs indochinois » sont finalement utilisés dans tous les secteurs de l’économie française, sans jamais percevoir de salaire. Une partie d’entre eux sont à l’origine de la relance de la riziculture en Camargue[7],[8]. La plupart de ces hommes seront rapatriés entre 1948 et 1952. Pendant quatre ans d’enquêtes, Pierre Daum a retrouvé une trentaine des derniers anciens travailleurs indochinois encore en vie, en France et au Viêt Nam, et a recueilli leurs témoignages.

En 2009, il publie sa première enquête historique, Immigrés de force, les travailleurs indochinois en France (1939-1952), avec une préface de l’historien Gilles Manceron. Quatre ans plus tard, le livre est adapté au cinéma par le réalisateur franco-vietnamien Lam Lê dans le film Công Binh, la longue nuit indochinoise (2013). Traduit en vietnamien, le livre sort au Viêt Nam en 2014 aux éditions Tri Thuc[9].

Les Pieds-noirs restés en Algérie

En 2012, Pierre Daum révèle dans une nouvelle enquête, Ni valise ni cercueil, les Pieds-noirs restés en Algérie après l’indépendance[10], que tous les Pieds-noirs n’ont pas quitté l’Algérie au moment de l’indépendance du pays, en 1962. Selon l’auteur, 200 000 étaient encore en Algérie en janvier 1963[11]. Dans la préface du livre, l’historien Benjamin Stora souligne qu’« aucune étude approfondie n’avait jusqu’à présent été entreprise sur le sort des Européens et des Juifs restés en Algérie après 1962 », et que « le livre de Pierre Daum constitue dès lors une grande première »[12].

Dans un compte rendu publié sur son site personnel, l’historien Guy Pervillé, tout en reconnaissant que Pierre Daum « a présenté un travail de recherche et de réflexion plus neuf que ce que je m’attendais à lire », regrette que ce travail soit « malheureusement faussée par une accumulation d’erreurs de raisonnement » et critique « l'idéalisme naïf » de l'auteur[13]. L'historien Daniel Lefeuvre, plus sévère, juge dans un exposé consacré au livre de Pierre Daum que celui-ci est soit « incompétent » ou « malhonnête »[14].

Les « harkis » restés en Algérie

En 2015, Pierre Daum publie une nouvelle enquête, Le Dernier Tabou, les « harkis » restés en Algérie après l’indépendance[15]. Il y révèle que « la majorité des harkis, bien qu’ayant traversé une période effroyable après guerre, n’ont pas été victimes de massacres et ont continué, non sans difficultés évidemment, leur vie en Algérie[16] ». Ce livre est le résultat d’une longue enquête en Algérie, au cours de laquelle le journaliste a rencontré quarante-trois anciens supplétifs algériens de l’armée française (ceux qu’on appelle communément en France les harkis), mais aussi des anciens appelés et engagés algériens restés dans leur pays après l’indépendance[17]. L’historien François-Xavier Hautreux salue « la grande qualité de cet ouvrage, qui permet de faire entendre ces voix si longtemps tues[18] ».

À sa sortie, le livre est attaqué par certaines associations françaises de harkis et d’enfants de harkis[19], qui l’accusent notamment de « négationnisme des massacres [de harkis] de 1962[20] ». En octobre 2015, Pierre Daum est déprogrammé du Salon du livre de Mouans-Sartoux, dans les Alpes-Maritimes[21], ville qui a accueilli un camp de harkis en 1962. Une conférence de Pierre Daum prévue à Toulon en novembre 2015 est également annulée[22].

En Algérie, l’ouvrage est qualifié de « livre-enquête » par le quotidien francophone El Watan[23]. En 2015, des extraits du livre, traduits en arabe et comportant certains passages falsifiés, sont publiés sans autorisation par le journal arabophone El Hayat[24]. La sortie du livre à Alger, initialement prévue en octobre 2015, est brusquement annulée par l’éditeur algérien[25]. Finalement, le livre est publié en mai 2016 chez Koukou Éditions[26].

Publications

  • Les Plaisirs et les Jours, de Marcel Proust : étude d'un recueil, Paris, Nizet, 1993 (ISBN 2-7078-1172-6)
  • Immigrés de force, les travailleurs indochinois en France (1939-1952) , préface de Gilles Manceron, Arles, Actes Sud, 2012 (ISBN 978-2-7427-8222-2)
  • Ni valise ni cercueil, les Pieds-noirs restés en Algérie après l’indépendance, préface de Benjamin Stora, Arles, Actes Sud, 2012 (ISBN 978-2-330-00227-5)
  • « Et si on restait ? 1962 : quelles conditions pour les Européens et les Juifs qui voulaient rester », in Amar Mohand-Amer et Belkacem Benzenine, Le Maghreb et l’indépendance de l’Algérie, coédition CRASC (Oran) – IRMC (Tunis) – Karthala (Paris) 2012 (ISBN 978-2-8111-0756-7)
  • « L’engagement des travailleurs indochinois en France en faveur de l’indépendance du Viêt Nam (1943-1952) », in La Mobilisation des immigrés pour la décolonisation France, 1930-1970, Paris, Migrance N° 39, 1er semestre 2012, coordonné par Louisa Zanoun
  • « Les travailleurs indochinois de la Seconde Guerre mondiale », in Ève Duperray, Indochine de Provence, Le silence de la rizière, Arles, Actes Sud, 2012 (ISBN 978-2-330-01228-1)
  • Le Dernier tabou, les "harkis" restés en Algérie après 1962, Arles, France, Actes Sud, 2015 (ISBN 978-2-330-03908-0)

Notes et références

  1. Voir la notice d'autorité de la Bibliothèque nationale de France.
  2. Voir le catalogue de la BU de l’université de Lorraine.
  3. a et b Colette Augier, « Il mène des enquêtes au long cours », La Provence, 21 février 2013.
  4. Voir la Fiche auteur des éditions Actes Sud.
  5. Article de Nathalie Dubois, « Les indigènes oubliés », Libération (journal), 25 mai 2009.
  6. Article de Thomas Wieder, « Ces Indochinois enrôlés de force par l'administration française », Le Monde, 3 juillet 2009.
  7. Pierre Daum, « Quand la Camargue était vietnamienne », Géo Histoire, avril-mai 2013.
  8. Voir le site des riziculteurs de Camargue.
  9. Voir le site des éditions Tri Thuc.
  10. Arles, Actes Sud, 2012.
    Le livre est sorti en même temps en Algérie aux éditions Média Plus, à Constantine.
  11. « Pierre Daum pour libérer l’histoire », Blog de Le Gai savoir sur Mediapart, mis en ligne le 15 juillet 2012.
  12. Op. cit., p. 17.
  13. « Réponse au livre de Pierre Daum : Ni valise, ni cercueil, les pieds-noirs restés en Algérie après l’indépendance (2012) », par Guy Pervillé. Mis en ligne sur son blog le 11 juin 2012.
  14. Le dernier exposé de Daniel Lefeuvre ? (2013), compte rendu Guy Pervillé, 2 avril 2014
  15. Le Dernier tabou : Les « harkis » restés en Algérie après 1962, Arles, Actes Sud, coll. « Archives du colonialisme », , 535 p. (ISBN 978-2-330-03908-0).
  16. Renaud de Rochebrune, « Livres : « Le Dernier Tabou », idées non reçues sur les harkis - JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com, https://www.facebook.com/jeuneafrique1, (consulté le ).
  17. « Le dernier tabou. Les "harkis" restés en Algérie après l'indépendance » (consulté le ).
  18. François-Xavier Hautreux, « Pierre Daum. Le Dernier Tabou : les « harkis » restés en Algérie après l’indépendance », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, vol. 1, no 129,‎ , p. 218-219 (lire en ligne, consulté le ).
  19. Le Parisien, « L'auteur d'un livre sur les harkis privé de salon du livre à Mouans-Sartoux », sur leparisien.fr, (ISSN 0767-3558, consulté le ).
  20. Fatima Benamara, « Pierre Daum et son livre sur les harkis : vers un négationnisme des massacres de 1962 » (consulté le ).
  21. Delphine Parra, « Déprogrammé du Festival par crainte d’une polémique », Nice-Matin,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  22. Léo Purguette, « Toulon : l’Église fait une croix sur un débat autour des harkis », sur La Marseillaise, (consulté le ).
  23. Adlène Meddi, « La majorité des harkis n’a pas quitté l’Algérie », El Watan,‎ (lire en ligne).
  24. Clémence Chouvelon, « Un livre sur les harkis falsifié intentionnellement par la presse algérienne », sur ActuaLitté, (consulté le ).
  25. Walid Hamada, « Un livre sur les harkis restés en Algérie censuré ? », sur Tout sur l'Algérie, (consulté le ).
  26. Hacen Ouali, « Les harkis, histoire d’une collaboration », El Watan,‎ (lire en ligne).

Liens externes