Contre-révolution ottomane de 1909

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Le Sultan Abdülhamid II.

La contre-révolution ottomane de 1909 fut une tentative de remplacement de la Seconde période constitutionnelle ottomane (en) au sein de l'Empire ottoman par une autocratie dirigée par le monarque Abdülhamid II. Le Sultan désirait un retour au Califat ottoman, en mettant un terme aux politiques de sécularisation et de laïcisation mises en œuvre par le Comité Union et Progrès, afin de retourner à un système pénal basé sur la charia.

Causes

Un coup d'État militaire mené par les Jeunes-Turcs en 1908 avait déchu le Sultan de son statut de monarque absolu en rétablissant le Parlement et la Constitution de l'Empire ottoman de 1876, que le Sultan avait lui-même suspendue trois décennies plus tôt. Abdülhamid II, cependant, avait maintenu sa position symbolique de souverain, et en mars 1909, décida de stimuler le sentiment populaire et islamique dans l'Empire. Parce que cette tentative de renversement visait à saper le coup d'état de la Révolution Jeune-Turc (en) de 1908, elle fut appelée contre-révolution.

Le déclin territorial de l'Empire, marqué par l'indépendance totale du Royaume de Bulgarie en cette année d'ascension à la tête de l'Etat des Jeunes-Turcs, cumulé à l'incapacité du nouveau pouvoir à former un gouvernement après les élections générale ottomanes de 1908, eut pour conséquence le durcissement de l'opposition, hostile aux réformateurs. Cette dernière s'est concentrée autour des musulmans les plus conservateurs de l'Empire, une base fidèle à Abdülhamid II, garant du titre de Calife.

L'événement

Le Parlement nouvellement élu en 1908 manqua de cohérence, il fut encore moins apte à faire figure d'unité et d'harmonisation politique au sein de l'Empire.

Des contingents de l'armée se révoltèrent alors, joint en masse par des étudiants en théologie et des oulémas aux cris de "Nous voulons la Charia !", réclamant le rétablissement du pouvoir absolu du Sultan. La contre-révolution atteignit son point culminant lors de l'Incident du 31 mars.

Le 13 avril 1909 cependant, Abdülhamid II fut finalement déposé par l'Armée d'Action dépêchée par les Jeunes-Turcs, son frère Mehmed V lui succéda, réduisant encore l'influence et le rôle du Sultan dans les affaires du pouvoir.

Conséquences

L'échec de la contre-révolution a amené le Comité Union et Progrès à s'interroger sur son hétérogénéité, et son incapacité à former un gouvernement. Cet événement mit également un terme à l'entente entre les Turcs et les Arabes, conséquence de la minimisation de l'aura califale. Après l'Incident du 31 mars, les Jeunes-Turcs ont également proscrit les sociétés qui défendaient les intérêts des minorités ethniques, interdit la publication de journaux pro-islam et pro-califat.

Sous couvert de politiques d'harmonisation pluri-religieuses, le Comité Union et Progrès mit en place une "ottomanisation" de la société, en privilégiant l'appartenance à une "nation" ottomane, plutôt qu'à une ethnie ou une religion. Cette mesure eut du succès en exaltant un sentiment d'appartenance à l'Empire parmi les populations non-turques, cimentant une communauté nationale contre l'Islam conservateur.

Sources