Iroquois

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Iroquois
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Premiers contacts entre Iroquois et explorateurs européens.

Populations importantes par région
Drapeau des États-Unis États-Unis 80 000
Drapeau du Canada Canada 45 000
Population totale 125 000
Autres
Langues Cayuga, Agnier, Oneida, Sénéca, Tuscarora
Religions Animisme

Les Iroquois (ou Haudenosaunee) connus aussi par l'expression Cinq-Nations comprennent effectivement cinq et puis plus tard six nations amérindiennes de langues iroquoises vivant historiquement dans le nord de l'État de New York aux États-Unis au sud du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent. La plupart des quelques 125 000 Iroquois vivent aujourd'hui en Ontario au Canada et dans l'État de New York. D'autres vivent au Wisconsin, au Québec et en Oklahoma. Seule une petite minorité des Iroquois parle aujourd'hui une des langues iroquoises dont notamment près de 1 500 locuteurs du mohawk dans le village Kahnawake, au sud de Montréal.

Dénomination

L'origine du mot « iroquois » est obscure, mais cette appellation pourrait provenir d'une phrase souvent employée à la fin de discours iroquois, « hiro kone » (je l'ai dit). D'autres considèrent que le mot proviendrait du nom qui leur a été donné par leurs ennemis, les Algonquins : « Irinakhoi » (serpents à sonnette). Il est aussi possible que le mot provienne des pêcheurs basques qui surnommait le peuple Hilokoa (« les tueurs ») qui serait passé en langue algonquine, qui ne prononce pas le « r », à hirokoa, les Français auraient tout simplement francisé l'ethnonyme[1]. Toutefois, les Iroquois s'appellent eux-mêmes Haudenosaunee (peuple aux longues maisons).

Histoire

Répartition des nations iroquoises, vers 1650

Leurs terres d'origine se situent entre les Adirondacks et les chutes du Niagara. Des traces de peuplement sont attestées dès le Xe siècle av. J.-C. Au XIVe siècle est introduite la culture du maïs. Selon la tradition iroquoise, à cette époque il n'y avait qu'une seule tribu, habitant sur le fleuve Saint-Laurent, à qui les Algonquins apprennent l'agriculture. La formation des différentes tribus est incertaine. On sait qu'une ligue iroquoise est créée en 1570 sous le nom de Ligue des cinq nations. En 1722, les Tuscaroras entrent dans la ligue, qui devient les Six nations. La population des Iroquois est évaluée à 22 000 individus au début en 1630 et tombe à 6000 au début du XVIIIe siècle[2].

Au XVIIe siècle, des guerres avec les Français, alliés aux Algonquins, aux Montagnais (Innus) et aux Abénakis, et les Britanniques, les forcent à retourner dans les limites de leurs terres ancestrales, ou, dans le cas des Iroquois christianisés par les Jésuites et persécutés par leurs compatriotes, au Canada, principalement au Québec.

En 1648-1653, les Iroquois attaquent les Hurons, les Algonquins et leurs alliés français. Ils finissent par affaiblir la confédération des Hurons qui se dispersent. Certains prisonniers étaient adoptés (ils devenaient Iroquois) alors que d'autres étaient torturés (on leur arrachait notamment les ongles avant de les brûler vifs, à petit feu) ou frappés à coups de bâton. Les guerriers mangeaient les organes des vaincus[3]. En 1660, quelques centaines d'iroquois gagnent la bataille de Long Sault contre 17 français et 48 alliés amérindiens.

Lorsque Colbert devint responsable de la Nouvelle-France, cela faisait déjà 25 ans que les Iroquois dévastaient la colonie pour détourner le commerce des fourrures des Hurons et des Outaouais avec la Nouvelle-France; les Iroquois veulent profiter de ce commerce en tant qu'intermédiaires avec Albany[4].

En 1667, les Agniers et les Onneiouts acceptent de conclure la paix.

La guerre reprit par ordre du ministre de la marine Jérôme Phélypeaux de Pontchartrain le 13 juin 1687: l’expédition contre les Iroquois quitta Montréal, avec 832 hommes des troupes de la marine, 900 hommes de milice et 400 Amérindiens alliés. L’avant-garde captura plusieurs Iroquois le long du fleuve. Au Fort Frontenac, l’intendant de Champigny, qui avait devancé le gros de l’expédition, s’empara de Goyogouins et d’Onneiouts pour les empêcher de porter aux villages iroquois au sud du lac, la nouvelle de l’approche de l’armée française.

Un autre groupe d’Iroquois, soi-disant neutres, qui habitaient un village près du fort, furent aussi capturés pour les mêmes raisons. En tout, 50 à 60 hommes et 150 femmes et enfants furent emmenés à Montréal. Le gouverneur Jacques-René de Brisay expédia en France 36 des 58 prisonniers iroquois, mais laissa clairement entendre qu’il aurait mieux aimé n’en rien faire.

Après la Glorieuse Révolution de novembre 1688 qui renversa Jacques II, l'allié de Louis XIV, les Iroquois apprennent des Anglais d’Albany que l’Angleterre et la France sont en guerre et abandonnent toute idée de paix. Le massacre de Lachine eut lieu le 5 août 1689 : environ 1 500 guerriers iroquois s’abattirent sur le village de Lachine, aux portes de Montréal, près des rapides du même nom. Vingt-quatre colons furent tués, 70 à 90 faits prisonniers, dont 42 ne revinrent jamais. Sur 77 maisons, 56 furent rasées par les Iroquois et leurs alliés de la Confédération des Cinq nations. Le massacre de Lachine et ses suites aurait coûté la vie à un québécois sur dix.

En 1690, l'abbé de Choisy écrit à Bussy, "Les Anglois ont été vus avec quarante huit voiles à l'entrée du fleuve Saint-Laurent. On craint fort pour Québec parce que M. de Frontenac est allé avec ce qu'il a de troupes défendre Montréal contre les Iroquois et contre plusieurs François huguenots qui se sont joints à eux."[5]

L'article XV des traités d'Utrecht range les Iroquois sous le protectorat de la couronne britannique[6].

Pendant la guerre de Sept Ans, les Iroquois, alliés aux Anglais, assurèrent leur victoire sur le terrain terrestre, en complément de la suprématie britannique dans le domaine maritime.

Lors de la guerre d'Indépendance américaine, ils décident de s'allier à nouveau aux Britanniques, qui avaient fait des promesses aux nations indiennes concernant le respect des frontières. Cette décision s'avère cependant désastreuse pour eux : en 1779, George Washington envoie une armée envahir leurs terres ancestrales. La plupart de ces Iroquois sont repoussés jusqu'en Ontario. Au XIXe siècle, un petit groupe part faire du commerce de fourrure en Alberta.

Les Iroquois restés aux États-Unis sont contraints de céder leurs terres. La plupart des tribus parviennent à éviter la déportation des années 1830, sauf les Onneiouts, qui en 1828 partent pour une réserve du Wisconsin. Les Goyogouins ont vendu leurs terres new-yorkaises en 1807 pour rejoindre des tribus apparentées en Ohio. Les Onontagués, les Tsonnontouans et les Tuscaroras vivent encore aujourd'hui dans des réserves de l'État de New York.

Population mohawk du Québec en 2004[7]
Communautés Total résidants non-résidants
Akwesasne n.d. n.d. n.d.
Kahnawake 9 455 7 389 2 066
Kanesatake 2 017 1 342 675
Mohawk (Total) 11 472 8 731 2 741

Organisation politique

Les cinq nations (devenues par la suite les six nations) étaient liées entre elles par une constitution commune appelée Gayanashagowa ou « grande loi de l'Unité » :

  • les Cayugas sont aussi appelés Goyogouins en français, Guyohkohnyo (peuple du grand marais) dans leur propre langue ;
  • les Mohawks, qui aujourd'hui se désignent eux-mêmes par ce nom anglo-français signifiant « mangeurs d'homme » dans la langue de leurs rivaux abénaquis, étaient appelés Agniers par les colons français, le terme autochtone étant Kanienkehaka signifiant peuple des étoiles (étincelles de silex);
  • les Oneidas sont aussi appelés Onneiouts en français ;
  • les Onondagas sont aussi appelés Onontagués en français ;
  • les Sénécas (Senecas en anglais), jadis les Sénèques en français, sont aussi appelés Tsonnontouans d'après leur nom autochtone ;
  • les Tuscaroras (la sixième nation, 1722), n'ont pas d'autre nom usité.

Culture

La Gayaneshagowa est la constitution de la nation iroquoise qui s'est transmise pendant plusieurs siècles sous forme de maximes récitées par cœur. Rédigée en 1720, elle est composée de 117 paragraphes et préfigure les écrits constituants des pères fondateurs de l'Amérique moderne.

Économie, vie quotidienne

Les Iroquois sont un peuple agriculteur et semi-sédentaire. Ils cultivent le blé, le tournesol et les trois sœurs : le maïs, le haricot et la courge. Ils complètent leur alimentation par la pêche, au printemps, et la chasse. Les hommes partent à l'automne et reviennent en hiver.

Les Iroquois sont aussi d'habiles artisans. Ils portent des vêtements en peau d'animal cousue avec les épines du porc-épic et décorée de coquillages et de motifs divers. Ils utilisent des mocassins.

La maison iroquoienne, ou la « maison longue », était construite de troncs d’arbres entrelacés et recouverte d’écorce. Les Amérindiens cultivaient aussi le chanvre qu'ils utilisaient pour lier les charpentes des maisons entre elles, ce qui les rendait très solides. À l’intérieur, il y avait deux rangées qui comprenaient des pièces séparées les unes des autres. Une allée au milieu servait à circuler et à faire des feux. De cinq à dix familles habitaient dans ces maisons. Les maisons longues étaient regroupées en villages de mille à deux mille habitants. Le village, qui était souvent entouré d’une palissade, se trouvait souvent près d’un cours d’eau. La maison longue mesurait 5 à 7 mètres de large par 50 à 100 mètres de long sur 7 mètres de haut. Les portes étaient très basses. Durant l’hiver, les portes étaient fermées avec des peaux d’animaux.

Les Iroquois se servaient aussi du chanvre pour leurs rituels, ils mélangeaient de petites quantités avec du tabac et des plantes aromatiques. Très vite les Amérindiens se sont rendu compte que les Blancs aimaient beaucoup ce produit et ils s'en servirent comme monnaie d'échange.[réf. nécessaire]

Organisation sociale

L'organisation sociale est matriarcale,matrilinéaire et matrilocale: c'est la mère qui détermine le lignage, et les femmes possèdent la terre. Après son mariage, l'homme emménage chez son épouse, et ses enfants deviennent membres du clan de la mère. Les femmes choisissent également les chefs de clan.

Un père jésuite français qui rencontre les Iroquois en 1650 décrit la société iroquoise comme égalitaire. La Confédération Iroquoise s’étend des monts Adirondacks aux Grands Lacs, sur le territoire actuel de la Pennsylvanie et du nord de l’État de New York. La terre est détenue et travaillée en commun. La chasse se fait en groupe et les prises sont partagées entre les membres du village. La notion de propriété privée des terres et des habitations est parfaitement étrangère aux Iroquois. Les femmes jouent un rôle important : le lignage s’organise autour de ses membres féminins dont les maris viennent rejoindre la famille. Les familles élargies forment des clans et une douzaine ou plus de clans peuvent former un village. Les femmes les plus âgées du village désignent les hommes habilités à représenter le clan au conseil de village et de tribu. Elles désignent également les 49 chefs qui composent le grand conseil de la Confédération des cinq nations iroquoises. Les femmes surveillent les récoltes et administrent le village quand les hommes sont à la chasse ou à la pêche. Elles fournissent mocassins et nourriture pour les expéditions guerrières, et ont un certain contrôle sur les affaires militaires.

En 1744, le gouverneur de Virginie invitait les Iroquois à envoyer au « Collège of William and Mary » de Williamsburg six jeunes gens pour faire leur éducation. Le chef de la Nation iroquoise, Conassatego, répondit en termes élégants qu'il comprenait la générosité de cette offre, mais que, à leur tour, les blancs devaient comprendre que les Iroquois étaient différents et avaient une autre conception des choses[8].

La diplomatie iroquoise

Voici ce que relate Louis de Buade de Frontenac au sujet de la conférence avec les Iroquois à Cataracoui, en 1673:

«  Vous auriez assurément été surpris, monseigneur, de voir l'éloquence, la finesse avec laquelle tous leurs députés me parlèrent, et, si je n'avais peur de passer pour ridicule auprès de vous, je vous dirais qu'ils me firent en quelque sorte souvenir des manières du sénat de Venise, quoique leurs peaux et leurs couvertures soient bien différentes des robes des procurateurs de Saint-Marc. »

De farouches guerriers

Un témoin du 18e siècle, Moreau de St-Méry, relate que pour compenser leur infériorité numérique, les Iroquois furent les premières tribus à pratiquer le cannibalisme et à infliger de souffrantes tortures à leurs prisonniers, pour soumettre leurs ennemis par la terreur[9]. Les Iroquois de la région de New York étaient réputés pour être de terribles guerriers; les prisonniers de guerre pouvaient être mangés, comme dans toutes les armées occidentales à court de ravitaillement[10]. Toutefois, le cannibalisme en dernier recours est à distinguer du cannibalisme rituel (païen). Les Iroquois utilisaient les mêmes armes que pour la chasse : le tomahawk, l'arc et les flèches, les massues. À partir des guerres coloniales entre la France et l'Angleterre, certains guerriers iroquois portaient un ou plusieurs scalps autour du cou[11], preuve exigée par les colons de leur valeur au combat, les colliers d'oreilles servant de monnaie imposée par les occupants se battant le plus souvent par tribus interposées dans une logique d'extermination des peuples autochtones.

Prénoms iroquois

Les Iroquois ont donné des prénoms qui prennent souvent ancrage dans la nature qui les entoure, dans les forces surnaturelles qu'ils perçoivent, dans les qualités des personnes, ou bien dans d'autres événements de la vie, souvent liés à la naissance ou comme l'ensemble des peuples amérindiens dont l'étymologie des prénoms nord-amérindiens est similaire. Comme exemples de prénoms, on peut citer Hior, Rhan, Leik, Akya, Awhem.

L’alimentation

L’importance de l’agriculture

L’agriculture est la base de l’alimentation des Iroquois et ce, malgré le froid du Saint-Laurent dont Samuel de Champlain parle en 1615. C’est ce qui leur permettait de manger tout l’hiver puisqu’ils conservaient leurs récoltes pendant les périodes hivernales. Si les récoltes n’étaient pas suffisantes, les Iroquois devaient se rationner ou la compenser par la chasse et la pêche afin de tenir bon tout l’hiver. Afin d’obtenir une bonne récolte, plusieurs de ces tribus effectuaient des rites spéciaux en vue d’obtenir en quelque sorte la reconnaissance des esprits. Les Iroquois cultivaient majoritairement les courges, les haricots et les tournesols. Afin de conserver les aliments récoltés tout l’hiver, les Iroquois ont dû trouver divers moyens de conserver leur nourriture. Par exemple, pour garder le maïs, ils ont découvert qu’ils pouvaient arracher les feuilles et faire sécher les épis à l’aide du feu. De plus, il semble qu’ils préparaient leurs mets avant que la neige ne tombe. Quand l’hiver s’annonçait glacial, ils creusaient des sous-sols dans leurs huttes pour y placer la nourriture qui pouvait être congelée par ce froid[12],[13].

Récoltes

Les Iroquois ont plusieurs façons de procéder à leurs récoltes afin de pouvoir faire des provisions. Le maïs se récolte en septembre, ils le cueillent dans des paniers portés sur le dos. Ensuite, ils retournent les feuilles de chaque épi avec des baguettes à éplucher. Les Iroquois attachent plusieurs de ces épis afin de les faire sécher. Une fois séchés, ils égrènent le maïs avec les mains ou à l’aide d’une mandibule de cerf. Par la suite, les épis sont entreposés dans de gros vases d’entreposage qui peuvent atteindre jusqu’à cinquante centimètres de hauteur. Ces vases sont rangés sous les maisons avec le poisson fumé et séché et d’autre nourriture. Les épis, tout comme les courges, étaient bouillis ou grillés[12],[14].

La chasse et la pêche

C’est la chasse et la pêche qui permettent de compléter leur alimentation. La chasse varie selon les régions et les nations. En effet, certaines nations préfèrent chasser l’hiver, tandis que d’autre, comme les Hurons, préfère chasser l’automne et le printemps. Outre que la chasse, la cueillette de petits fruits étaient aussi essentielle pour l’alimentation, mais aussi essentielle à leur santé. La chasse est non seulement un surplus de protéine pour les Iroquois, mais c’est aussi une source de matière première, de fourrures et de peaux servant à confectionner leurs vêtements. La proie la plus chassée est le cerf de Virginie. Il est piégé ou chassé au collet. Outre le cerf de Virginie, ils chassent le castor, la loutre, la marmotte, la martre, l’orignal, l’ours noir, le renard et le rat musqué. La pêche constitue semble-t-il 15 % des protéines et des calories des Iroquois. La pêche se fait davantage le printemps et l’automne. Les Iroquois sont dotés d’un canot d’écorce pour la pêche, de différentes espèces comme l’alose, l’anguille, le bar, le brochet, la carpe doré, l’éperlan, l’esturgeon, la lamproie, le saumon, et la truite. Les poissons sont séchés et boucanées, c'est-à-dire fumés, pour les provisions de l’hiver[14],[15].

Le pain

Les Iroquois faisaient aussi du pain. Ce pain n’est pas fait avec du levain, une levure naturelle. En effet, leur pain est fait de farine de maïs à laquelle ils ajoutent des haricots, des fruits séchés, des noix, des graines de tournesols et du gras de cerf. Le pain est cuit dans des cendres brûlantes enveloppées de feuilles de maïs, parfois le pain pouvait aussi être cuit dans l’eau[14].

La soupe

La majorité du temps, c’est la soupe qui constituait l’alimentation des Iroquois. Ils la préparaient avec de la farine de maïs, des morceaux de viande ou de poisson et des courges[14].

Les repas lors de festivité

Les Iroquois n’avaient donc pas beaucoup de variété pour ce qui était de la nourriture. Lors de repas festif, ils essayaient alors de changer leurs habitudes en modifiant un peu la façon d’apprêter la nourriture. En effet, ils changeaient quelques détails comme le bouillon clair habituel de la soupe était changé pour un bouillon plus épais, donc réalisé avec plus de farine de maïs[14].

Maître de la peur

Les Iroquois, peuple autochtone, étaient de grands guerriers, mais pas les plus meurtriers. En effet, s’il est vrai que les Iroquois ont tué relativement peu de Français, il semble également incontestable que les premiers colons et les différents peuples autochtones ont ressenti une peur aiguë et que, pour eux, les Iroquois étaient de véritables monstres, des générateurs de peur auprès de tous. Ils utilisaient leurs techniques de guerre pour effrayer les autres peuples, mais avant tout, leurs techniques de torture. La pire chose qui pouvait arriver à un colon ou un Autochtone était de se faire capturer par les Iroquois, ils savaient alors que s’engageait pour eux un long moment de douleur et d’atrocité, à vivre jusqu’à ce que mort s’ensuive[16].

Montréal, victime de la peur

Les Iroquois amenaient la peur chez leurs victimes de par leurs techniques utilisées contre ceux qu’ils capturaient. Les Iroquois étaient réputés pour être des guerriers mesquins et connus pour utiliser la ruse et la discrétion pour capturer leurs prisonniers. La plupart du temps, ils suivaient leurs tactiques préférées, ils s’avançaient le plus possible de leurs victimes, en s’assurant de ne pas être vus, et en faisant du bruit pour faire paniquer leurs victimes et instaurer la peur en eux, avant de fondre sur eux et de les capturer. Au cours des vingt premières années de Montréal, autrefois Ville-Marie, ces attaques, et captures, étaient une des principales causes de mortalité de la population française sur place. Par contre, dès que la ville fut bien installée, les Iroquois cessèrent leurs attaques, rendues inutiles car ils savaient que les Français étaient déjà trop effrayés par eux pour tenter quoi que ce soit contre eux[17].

Casse-tête, Musée du quai Branly

Pour instaurer cette peur sur Montréal, les Iroquois ont dû montrer aux Français ce qu’ils faisaient d’une manière ou d’une autre. C’est pourquoi les Iroquois ont laissé la chance à certains missionnaires capturés d’écrire une lettre à leurs confrères, cette lettre était alors laissée avec le cadavre à l’endroit où cette personne avait été capturée, soit sur des routes de campagnes ou dans les bois. «Après cinq ou six jours de marche, alors que nous étions épuisés par le voyage, ils approchaient de nous, sans plus aucune colère, nous arrachaient froidement les cheveux et la barbe et nous enfonçaient profondément les ongles, qu’ils portent très pointus, dans les parties du corps les plus délicates et les plus sensibles. Ils me brûlèrent un doigt et m’en broyèrent un autre avec les dents : ils disloquèrent ceux qui avaient déjà été broyés en rompant les nerfs de telle sorte que maintenant qu’ils sont guéris, ils demeurent affreusement déformés. Tout cela était rendu plus cruel par la multitude des puces, des poux et des punaises, auxquels les doigts coupés et mutilés permettaient difficilement d’échapper. Rendus au lieu de captivité, les prisonniers doivent faire face à une nouvelle violence. Ils nous accueillirent avec des bâtons, des coups de poing et des pierres. Comme ils ont en aversion la chevelure rare et courte, cette tempête se déchaîna en particulier sur moi et sur ma tête chauve, Il me restait deux ongles ; ils les arrachèrent avec leurs dents et ils dénudèrent jusqu’aux os, avec leurs ongles très pointus, la chair qui est au-dessous.» [17]

Prisonnier de la peur

Le père ayant écrit cette lettre a été tué le 29 septembre 1642, d’un coup de hache dans la nuque, alors qu’il venait de faire un signe de croix sur la tête d’un enfant. Les Iroquois étaient donc de grands tacticiens, bien que très cruels[non neutre], car ils préféraient instaurer la peur chez leurs adversaires plutôt que de les affronter[18].

Les Iroquois avaient tout de même une sorte de respect pour leurs prisonniers. Si les prisonniers étaient silencieux et toléraient les souffrances et les différentes tortures qui leur étaient infligées, on leur accordait une mort plus rapide et moins douloureuse. De plus, comme ils avaient prouvé leur courage lors des tortures, leurs cœurs étaient mangés par les Iroquois. Ils faisaient cela pour transférer le courage de leurs victimes dans leur corps. Par contre, si les victimes se plaignaient durant leurs tortures, on continuait à les torturer jusqu’à ce que ceux-ci cessent de se plaindre ou meurent. Donc, tous les peuples, Autochtones ou Français, savaient que si les Iroquois vous capturaient, vous étiez assuré de mourir, mais la vitesse de votre mort dépendait de votre résistance et votre acceptation de la mort certaine qui vous attendait[18].

Médiagraphie

  • Alain Beaulieu (2000). Les Autochtones du Québec, Québec, Musée de la civilisation et Éditions Fides, 116 p. ;
  • Roland Tremblay (2006). Les Iroquoiens du Saint-Laurent peuple du maïs, Montréal, Les éditions de l’homme, 139 p. ;
  • Amérindiens (5 mai 2005). http://www.culture-amerindiens.com/article-327745.html (Consulté le 2 novembre 2012) ;
  • Wykoff William (1978). « Botanique et Iroquois de la vallée du St-Laurent », Anthropologie et Sociétés, vol. 2, no3, p. 157-162.

Notes et références

  1. Roland Tremblay, Les Iroquoiens du Saint-Laurentc: peuple du maïs, Montréal, Les Éditions de l'Homme, , 149 p. (ISBN 978-2-7619-2326-2), p. 12
  2. Gilles Havard, Cécile Vidal, Histoire de l'Amérique française, Flammarion, 2003, page 199.
  3. Gilles Havard, Cécile Vidal, histoire de l'Amérique française, Flammarion, 2003, pages 95-96.
  4. W.J. Eccles, Frontenac: the courtier governor, University of Nebraska press, 2003, page 4.
  5. ROGER de RABUTIN comte de BUSSY, Correspondance de ROGER de RABUTIN comte de BUSSY avec sa famille et ses amis, Tome VI., 1666-1693, Paris, Charpentier Libraire éditeur, , 698 p. (lire en ligne)
  6. Guy Frégault, (1952). Le Grand marquis : Pierre de Rigaud de Vaudreuil et la Louisiane, Montréal : Fides, 481 pages
  7. Affaires indiennes et du Nord Canada (Région du Québec) http://www.ainc-inac.gc.ca/qc/aqc/pop_f.html
  8. Jack Utter, American Indians, National Woodlands Publishing company, Lake Ann, Michigan, 1997, p. 192 (ISBN 0-9628075-2-4)
  9. W.J. Eccles, Frontenac: the courtier governor, University of Nebraska press, 2003, page 100.
  10. Anne Garrait-Bourrier, Monique Vénuat, Les Indiens aux États-Unis, 2002, p. 92
  11. Anne Garrait-Bourrier, Monique Vénuat, Les Indiens aux États-Unis, 2002, p. 93
  12. a et b Amérindiens (5 mai 2005). http://www.culture-amerindiens.com/article-327745.html (Consulté le 2 novembre 2012).
  13. Wykoff William (1978), « Botanique et Iroquois de la vallée du St-Laurent », Anthropologie et Sociétés, vol. 2, no3, p. 157-162.
  14. a b c d et e Roland Tremblay (2006). Les Iroquoiens du Saint-Laurent peuple du maïs, Montréal, Les éditions de l’homme, 139 p.
  15. Alain Beaulieu (2000). Les Autochtones du Québec, Québec, Musée de la civilisation et Éditions Fides, 116 p.
  16. Les générateurs de frissons, Norman Clermont, Département d’anthropologie de l’université de Montréal, p. 117 à 126
  17. a et b Pour le Christ et le roi : la vie au temps des premiers montréalais, Yves Landry, p. 62 à 66
  18. a et b L’art de se faire des ennemis, Textes du Père René Goupil, p. 89 à 103

Bibliographie

  • Aurélien Boisvert, Aperçu des mœurs et coutumes des Agniers au XVIIe siècle (traduit de l'anglais), Éditions 101, 1991
  • Aurélien Boisvert, Prisonniers des Agniers, Éditions 101, 1994, (ISBN 2-9802726-3-9)
  • Aurélien Boisvert, Nation iroquoise, Éditions 101, 1997.
  • Aurélien Boisvert, Voyage chez les Onnontagués (second voyage de Radisson)(traduit en français), Éditions 101, 1998.
  • Léo-Paul Desrosiers, Iroquoisie 1534-1652, Tome 1, Les Éditions du Septentrion, 1998, (ISBN 2-89448-081-4)
  • Léo-Paul Desrosiers, Iroquoisie 1652-1665, Tome 2, Les Éditions du Septentrion, 1998, (ISBN 2-89448-106-3)
  • Léo-Paul Desrosiers, Iroquoisie 1688-1701, Tome 4, Les Éditions du Septentrion, 1998, (ISBN 2-89448-124-1)
  • Norman Clermont., Les générateurs de frissons, Département d’anthropologie de l’université de Montréal, 1989.
  • George Fronval La Véritable Histoire des Indiens peaux-rouges, édition Nathan, 1972
  • René Goupil., L’art de se faire des ennemis, 1914
  • George Hunt T., The Wars of the Iroquois, Madison, 1967
  • Yves Landry., Pour le Christ et le roi : la vie au temps des premiers montréalais, 1965
  • Peter MacLeod D., Les Iroquois et la guerre de sept ans (traduit de l'anglais), VLB éditeur, 2000, (ISBN 2-89005-713-5)
  • Daniel St-Arnaud, Pierre Millet en Iroquoisie au XVIIe siècle : le sachem portrait la soutane, Éditions du Septentrion, 1998, (ISBN 2-89448-111-X)
  • Jack Utter, American Indians, National Woodlands Publishing company Lake Ann, Michigan, 1997, (ISBN 0-9628075-2-4)
  • Louis Laforce, Tom Longboat, CreateSpace Independent Publishing, 2013 ISBN 978-1494787554

Voir aussi

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