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Troisième genre

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Anna P., qui vécut de nombreuses années sous une identité d'homme, prise en photo pour le livre de Magnus Hirschfeld, Sexual Intermediates, en 1922. Aujourd'hui, Anna serait probablement considérée comme transgenre.

Les termes de troisième sexe ou de troisième genre désignent soit des individus qui sont considérés comme n'étant ni homme ni femme, soit des individus appartenant à une catégorie sociale dans des sociétés qui reconnaissent trois genres ou plus.

L'état de n'être ni homme ni femme peut faire référence au sexe biologique, au rôle traditionnel des sexes, à l'identité sexuelle ou à l'orientation sexuelle. Selon différentes cultures, le troisième sexe peut désigner un état intermédiaire entre l'homme et la femme ou une appartenance simultanée aux deux sexes (dans des expressions comme « l'esprit d'un homme dans le corps d'une femme »), l'état de neutralité, la capacité à changer de sexe, ou encore une catégorie complètement séparée d'homme et de femme. Cette dernière interprétation est considérée comme la plus stricte. Selon les époques ou les contextes, le terme « troisième sexe » peut être utilisé pour désigner les travestis, les transsexuels[1], voire (parfois sous forme d'euphémisme) les homosexuels dans leur ensemble[2].

Ce terme a été utilisé pour décrire les chamanes, sipiniit et enfants inversement socialisés dans la culture inuit[3], les Hijra d'Inde et du Pakistan[4], les Raerae de Polynésie, les vierges sous serment des Balkans[5], entre autres, et il est utilisé par certains de ces groupes pour se décrire eux-mêmes. Dans le monde occidental, les homosexuels, transgenres et intersexes ont été décrits comme faisant partie d'un troisième sexe, bien que certains contestent cette qualification.

Le terme « troisième » est habituellement compris comme « autre ». Certains anthropologues et sociologues en ont décrit un quatrième[6], un cinquième[7] ou de nombreux autres qualifiés de « surnuméraires »[8].

En biologie

La forme à rayures blanches du bruant à gorge blanche, espèce ayant deux formes mâles et deux formes femelles.

Chez les animaux présentant un dimorphisme sexuel, un certain nombre d'individus dans la population peuvent ne pas présenter les caractères de différentiation sexuelle propres aux mâles ou aux femelles. Chez les humains, cela est appelé intersexuation, et dans le reste du monde animal, l'hermaphrodisme. L'incidence de cette caractéristique varie selon la population, et selon la façon dont la notion de mâle ou femelle est comprise. La biologiste et professeur d'études de genre Anne Fausto-Sterling a argumenté dans un article de 1993 qu'une classification en cinq genres serait plus appropriée pour décrire le corps humain que les deux habituellement admis[9].

En complément des sexes mâle et femelle (définis par la production de gamètes petites ou grandes, respectivement), le biologiste de l'évolution Joan Roughgarden indique que deux autres types de sexe biologique existent chez des centaines d'espèces animales[10] Les espèces ayant un sexe femelle et deux sexes mâles incluent le cerf élaphe (l'une des formes mâles dispose de bois, l'autre non) ainsi que de nombreuses espèces de poissons comme le saumon argenté et ceux du genre Porichthys [11].

Les espèces ayant un sexe femelle et trois sexes mâles incluent plusieurs espèces de poissons, dont Lepomis macrochirus, composée de quatre classes de tailles et couleurs présentant des comportements sociaux et reproducteurs distincts, ainsi que Oreochromis mossambicus. Un lézard arboricole, Urosaurus ornatus présente également cette caractéristique[12].

Les espèces avec deux formes mâles et deux formes femelles incluent le bruant à gorge blanche dont les formes mâles comme femelles portent des bandes claires ou sombres. Les individus à bandes claires sont plus agressifs et défendent un territoire, alors que ceux à bandes sombres apportent plus de soins parentaux. Les couples se forment, à 90 %, entre un oiseau à bandes claires et un oiseau à bandes sombres[13].

Lézard épineux, forme à gorge jaune

Le plus grand nombre connu de formes mâles et femelles se rencontre chez le lézard épineux d'Amérique du Nord, du genre Uta, avec cinq formes. Chez les mâles : les individus à gorge orange, ultra-dominants et à haut taux de testostérone, contrôlent plusieurs femelles; les individus à gorge bleue, moins agressifs, contrôlent une seule femelle ; les individus à gorge jaune ne défendent pas de territoire mais se regroupent aux limites des territoires des mâles à gorge orange. Chez les femelles : celles à gorge orange déposent de nombreux petits œufs et défendent un territoire ; celles à gorge jaune déposent un nombre plus limité de plus gros œufs[14].

Chez les insectes ou les oiseaux, de rares individus sont gynandromorphes, c'est-à-dire en partie mâle et en partie femelle.

Troisième sexe dans les sociétés contemporaines

Asie

Inde

Les Hijra[15] d'Inde et du Bangladesh sont probablement les représentants du troisième sexe les mieux connus et les plus nombreux du monde contemporain. La coopérative de santé The Humsafar Trust de Bombay estime leur nombre à 5 à 6 millions en Inde. À d'autres endroits, ils sont connus sous le nom de Aravani/Aruvani ou Jogappa. Dans certaines langues (dont l'anglais, une des langues officielles de l'Inde), ils peuvent être appelés eunuques, quoi qu'ils ne soient pas nécessairement castrés. Ils peuvent être nés intersexués ou avoir des organes génitaux mâles, s'habillent à la façon des femmes et se voient généralement eux-mêmes comme ni hommes ni femmes. Environ 8 % des hijras visitant la clinique de l'institut Humsafar sont des nirwaan (castrés). La photographe britannique Dayanita Singh écrit, à propos de son amitié avec Mona Ahmed, un hijra :

« Quand je lui demandai une fois, si elle voulait aller à Singapour pour faire une opération de changement de sexe, elle me répondit : « Vous ne comprenez vraiment pas. Je suis un troisième sexe, pas un homme essayant de devenir une femme. Le problème vient de votre société, qui ne reconnait que deux sexes[16] »

— Dayanita Singh, Mona Ahmed, Myself Mona Ahmed

En plus du rôle féminin des hijra, qui est très répandu en Inde, quelques occurrences de l'institutionnalisation de « femmes masculines » ont été notées dans l'Inde moderne. Parmi les Gaddhi, vivant au pied de l'Himalaya, certaines filles adoptent le rôle de sadhin, renoncent au mariage, s'habillent et travaillent comme des hommes, mais gardent des noms féminins[17]. Un anthropologue de la fin du XIXe siècle a noté l'existence d'un rôle similaire dans les Madras, celui de basivi [18]. Cependant, l'historien Walter Penrose conclut que dans les deux cas, « leur statut est plus transgenre que troisième genre » [19].

Des associations de Hijra ont fait campagne pour la reconnaissance d'un troisième sexe[20] et, en 2005, les formulaires de demandes de passeports indiens ont été mis à jour et se sont mis à proposer trois choix de sexe : M, F et E (for masculin, féminin, eunuque) [21]. Le , la Cour suprême de l'Inde a reconnu l'existence d'un troisième sexe, obligeant légalement le pouvoir fédéral et les États du pays à accorder aux transgenres et eunuques les mêmes droits sociaux qu'au reste de la population[22].

Thaïlande

En Thaïlande, les kathoeys [23] (dames-garçons) sont considérés de différentes façons par les kathoeys eux-mêmes et par les membres du public. Le chercheur Sam Winter[24] informe que le public thaïlandais les voit à 50 % comme des hommes ayant un esprit de femme, à 35 % comme un troisième sexe et à 15 % comme des femmes nées dans un corps d'homme. Quant aux kathoeys, ils se définissent à 45 % comme femme, à 36 % comme « un deuxième genre de femme » et à 11 % comme « kathoey » (non-homme).

En 2004, l'école de technologie de Chiang Mai a réservé un espace de toilettes séparé pour les kathoeys, montrant sur la porte les symboles masculin et féminin entremêlés[25]. Dans le reste de l'école, les kathoeys doivent porter des vêtements masculins mais peuvent porter des coupes de cheveux féminines.

Indonésie

Les Bugis reconnaissent cinq sexes[26] : masculin, féminin, androgyne (bissu), homme travesti (calabai) et femme travestie (calalai)

Monde occidental

Certains auteurs suggèrent qu'un troisième sexe a pu exister en Angleterre autour de 1700[27]. Ce troisième sexe aurait été constitué par la sous-culture des employés masculins efféminés d'établissements de prostitution appelés molly house, à une époque de très grande hostilité à l'égard des hommes efféminés ou homosexuels. Ces personnes se décrivirent elles-mêmes comme appartenant à un troisième sexe au moins à partir des années 1860 avec les écrits de Karl Heinrich Ulrichs[28], et jusqu'à la fin du XIXe siècle avec Magnus Hirschfeld[29], John Addington Symonds[30], Edward Carpenter[31], Minna Wettstein-Adelt (sous le pseudonyme de Aimée Duc) [32] et d'autres. Ces écrivains se décrivaient eux-mêmes, ainsi que les autres personnes de leur condition, comme un sexe « inversé » ou « intermédiaire » faisant l'expérience d'un désir homosexuel, dont ils appelaient par leurs écrits à une plus grande acceptation sociale[33]. Plusieurs de ces auteurs, pour défendre leur cause, citaient des exemples similaires dans la littérature grecque classique et dans la littérature sanskrit.

Dans l'Allemagne de Guillaume II, les mots drittes Geschlecht (« troisième sexe ») et Mannweib (« homme-femme ») étaient également utilisés pour décrire les féministes, surtout par leurs opposants[34] et quelquefois par les féministes elles-mêmes. En 1899, le roman Das dritte Geschlecht d'Ernst Ludwig von Wolzogen (de) décrit les féministes comme « neutres » avec des caractéristiques extérieures féminines et une âme mâle défectueuse.

Au cours du XIXe et du XXe siècle, le terme de « troisième sexe » a été une façon de décrire les homosexuels et les non conformistes. En Allemagne, Karl Heinrich Ulrichs, qui se bat pour que l'homosexualité ne soit plus considérée comme une maladie, plaide pour la reconnaissance des droits des homosexuels en tant que « troisième sexe » ; il appelle les homosexuels les « uraniens », et les définit comme des personnes possédant « une âme de femme dans un corps d'homme ». Magnus Hirschfeld, fondateur du mouvement homosexuel allemand, reprend les conceptions de Ulrichs[35]. Par la suite, après les mouvements en faveur des droits des homosexuels dans les années 1970, s'est opérée une plus grande séparation des concepts d'orientation sexuelle et d'identité de genre. Le terme de troisième sexe a alors été récupéré par les mouvements de défense des homosexuels. Avec les mouvements qui ont suivi, le féminisme, le mouvement transgenre et la théorie Queer, certaines autres personnes se sont également mises à se décrire comme appartenant à un troisième sexe[36]. Un mouvement social bien connu de personnes présentant un corps masculin mais ne s'identifiant pas aux deux genres les plus usuels est le Radical Faeries. D'autres identités modernes recoupant ce même concept, utilisées notamment en langue anglaise (mais non seulement), sont : pangender (pangenre) ou bigender' (bigenre) en plus des déjà connus androgyne et intergenre. On parle aussi, par exemple, de personnes genderfluid (à genre fluide), c'est à dire dont l'identité de genre peut fluctuer d'une façon assez marquée selon le jour ou les circonstances, et des personnes agender (agenre) ou neutrois, qui ne s'identifient pas par rapport aux genre binaires ou ont le sentiment d'avoir une identité de genre neutre. Toutes ses identités sont dites des identités "non-binaires", dont le terme "genderqueer" est aussi approximativement un synonyme.

Le terme de transgenre, qui est souvent utilisé pour faire référence aux personnes qui changent de genre, est également utilisé pour décrire des personnes qui ne s'identifient ni au sexe masculin ni au sexe féminin. On peut citer son utilisation sur les formulaires de la Harvard Business School[37].

Le , est votée en Allemagne une loi permettant aux enfants nés intersexués d'être enregistrés comme de sexe indéterminé (unbestimmt)[38],[39]. La loi entre en vigueur le 1er novembre suivant. Le , la Haute Cour d'Australie autorise qu'une personne soit enregistrée à l'état civil comme de « genre neutre »[40].

Cultures indigènes d'Amérique du Nord

Les cultures indigènes d'Amérique du Nord utilisent également plusieurs sexes[41]. Les identités de genre non conformistes sont appelées collectivement Deux-Esprits. Des exemples individuels se trouvent par exemple chez les peuples Winkte de la culture Lakota, les ninauposkitzipxpe (« femmes à cœur d'homme ») de la communauté amérindienne Pieds-Noirs).

Plusieurs universitaires ont débattu de la nature de ces catégories, ainsi que sur la définition d'un troisième sexe. Les différents chercheurs ont caractérisé les personnes Deux-Esprits comme transgenre, genres mélangés, genre intermédiaire ou comme un troisième ou un quatrième genre distincts des hommes et femmes. Ceux (comme Will Roscoe) qui penchent pour la dernière hypothèse indiquent que des rôles sociaux mélangés, intermédiaires ou trans ne peuvent pas être compris comme vraiment représentant un troisième genre. Un compte-rendu de la question a été donnée par l'anthropologue Jean-Guy Goulet (1996).

Cultures indigènes d'Amérique centrale

Chez les Zapotèques de l'Etat d’Oaxaca (Mexique), la tradition précolombienne des Muxhe - homme adoptant dès l’enfance activités, manières voire habits des femmes,- existe toujours et est socialement acceptée voire valorisée.

Océanie

Sur les îles Cook les akava’iné des Maoris sont des transgenres féminins ("quasi-femmes"), alors que les transgenres fa'afafine vivent aux Samoa.

Troisième sexe dans les sociétés historiques

Mésopotamie

Dans la mythologie mésopotamienne, qui compte parmi les productions les plus anciennes connues de l'humanité, il y a une référence à un type de personnes qui ne sont ni hommes ni femmes. Selon le mythe de création sumérien retrouvé sur une tablette du second millénaire, la déesse Ninhursag présente un corps n'ayant ni organes génitaux mâles, ni organes génitaux femelles. Sa place dans la société, assignée par Enki, est d'être « face au roi ». Dans le mythe akkadien de Atrahasis (vers -1700), Enki demande à Nintu, la déesse de la naissance, d'établir une troisième catégorie de personnes, en addition aux hommes et aux femmes, qui comprendrait les démons qui volent les jeunes enfants, les femmes infertiles et les prêtresses qui n'ont pas le droit d'être enceintes[42]. À Babylone, à Sumer et en Assyrie, certains types d'individus qui remplissaient un rôle religieux au service d'Inanna/Ishtar ont été décrits comme un troisième sexe[43]. Ils pratiquaient la prostitution sacrée (hiérodule), la danse extatique, la musique et le théâtre, portaient des masques et des attributs des deux autres sexes[44] À Sumer, le nom cunéiforme qui leur était attribué était ur.sal (« chien/homme-femme ») et kur.gar.ra (aussi décrit comme homme-femme) [45]. Les universitaires modernes, en tentant de les décrire en termes des catégories de genre contemporaines, ont utilisé les termes de « vivant comme des femmes » ou en utilisant des qualifications d'hermaphrodite, eunuque, homosexuels, travestis, hommes efféminés (entre autres) [46].

Égypte

Des poteries portant des écritures, datant du Moyen Empire, trouvées près de Thèbes, listent trois sexes : tai (masculin), sḫt (« sekhet ») et hmt (feminin) [47]. Sḫt est souvent traduit par « eunuque », bien qu'il n'y ait pas beaucoup d'éléments qui portent à penser que ces individus étaient castrés[48].

Culture de l'Inde

Les références à un troisième sexe peuvent être trouvées dans divers textes des trois traditions spirituelles indiennes : l'hindouisme [49], le jaïnisme [50] et le Bouddhisme[51].

Les Vedas (vers. -1500 — -500 av. J.-C.) décrivent trois catégories d'individus, d'après la nature de chacun selon sa prakriti (sa nature). Le Kama Sutra (écrit vers le IVe siècle) et d'autres sources décrivent pums-prakrti (nature masculine), stri-prakrti (nature féminine), et tritiya-prakrti (troisième nature) [52]. Divers textes suggèrent qu'une troisième catégorie d'individus était connue dans l'ancienne Inde, qui concernait des individus des deux sexes biologiques[53] aussi bien que des intersexé-e-s, et qui pouvaient souvent être reconnus dès l'enfance.

Un troisième sexe est également évoqué dans les anciennes lois, médecine, astrologie et linguistique hindoues. L'œuvre fondatrice de la loi hindoue, les Lois de Manu (vers -200 — 200) donne une explication biologique à l'existence de trois sexes : « Un enfant mâle est produit par une grand quantité de semence mâle ; si l'élément féminin prédomine, l'enfant est féminin ; si les deux quantités sont identiques, un enfant du troisième sexe ou une paire de jumeaux garçon et fille sont produits ; s'ils sont faibles ou insuffisants en quantité, il n'y a pas de conception » [54].

Les travaux du linguiste indien Patañjali sur la grammaire sanscrite, le Mahābhāṣya (vers -200), affirme que les trois genres grammaticaux du sankrit proviennent des trois sexes naturels. La plus ancienne grammaire tamoul, le Tolkappiyam (IIIe siècle av. J.-C. avant notre ère) classe les hermaphrodites dans un troisième genre neutre. Dans l'astrologie Jyotish, chacune des neuf planètes reçoit un des trois genres. Le troisième genre, tritiya-prakrti, est associé aux planètes Mercure, Saturne, et en particulier la lune décroissante, Ketu. Dans les textes du Pourâna, il y a également une référence à trois sortes de deva de la musique et de la danse : les apsara (féminins), les gandharva (mâles) et les kinnars (neutres).

Les deux grands poèmes épiques sanscrits, le Ramayana et le Mahabharata indiquent également l'existence d'un troisième sexe dans la société indienne ancienne. Certaines versions du Ramayana l'explicite : le héros Rama partit en exil dans la forêt. Arrivé au milieu de son chemin, il découvrit que la plupart des habitants de son village d'Ayodhya l'ont suivi. Il ordonna aux hommes et aux femmes de retourner chez eux. Ceux qui n'étaient ni l'un ni l'autre restèrent. Quand Rama revint de son exil des années plus tard, ils étaient toujours là.

Le héros Arjuna devient également membre du troisième sexe pendant un an[55].

Dans la Vinaya bouddhique, codifiée dans sa forme présente vers le IIe siècle avant notre ère, et réputée être issue de la tradition orale depuis Gautama Bouddha lui-même, quatre principaux sexes sont reconnus : mâles, femelles, ubhatobyanjanaka (personnes ayant une double nature) et pandaka (personnes de différentes natures sexuelles non usuelles, traduisant peut-être à l'origine une déficience dans les capacités reproductives masculines) [56]. Alors que la tradition Vinaya se développait, le terme de pandaka s'est mis à désigner une large gamme d'individus de troisième sexe, notamment intersexués, qu'ils soient à corps masculin ou féminin et présentant des caractéristiques physiques ou comportementales qui étaient jugées incohérentes avec les canons de l'identité masculine ou féminine[57].

Culture méditerranéenne

Hermaphrodite endormi, copie romaine du IIe siècle d'après un marbre grec hellénistique. Le matelas est de Le Bernin, l'ensemble est exposé au musée du Louvre.

Dans Le Banquet de Platon (écrit vers le IVe siècle avant notre ère), Aristophane relate un mythe de création mettant en jeu trois sexes : mâle, femelle et androgyne, qui furent coupés en deux par Zeus. Les hétérosexuels contemporains correspondent aux androgynes coupés en deux, cherchant leur seconde moitié[58].

Plusieurs auteurs ont interprété les « eunuques » du monde antique de la Méditerranée orientale comme un troisième sexe qui occupait un espace liminal entre les femmes et les hommes et perçu dans sa société comme ni l'un ni l'autre [59] Dans l'Histoire Auguste, le corps eunuque est décrit comme tertium genus hominum (troisième genre humain)[60]. En -77, un eunuque nommé Genucius s'est vu refuser des biens laissés pour lui en héritage, sur la base de la mutilation dont il s'est affligé (amputatis sui ipsius) et du fait qu'il n'était ni un homme ni une femme (neque virorum neque mulierum numero) [61]. Plusieurs auteurs ont argumenté que les eunuques de la Bible hébraïque et du Nouveau Testament étaient perçus, à leur époque, comme un troisième genre, plutôt que les interprétations plus récentes d'hommes émasculés ou d'une métaphore de la chasteté[62].

Tertullien semble indiquer que Jésus de Nazareth aurait été eunuque[63]. Tertullien a également noté l'existence de trois sexes[64]. Il se référait peut-être aux galles, prêtres de Cybèle, qui selon plusieurs auteurs latins appartenaient à un troisième sexe[65]. À travers l'histoire, les ecclésiastiques chrétiens ayant fait vœu de chasteté ont également été compris comme appartenant à un troisième sexe, et comparés aux eunuques bibliques[66].

Amériques

L'ancienne civilisation maya a pu reconnaitre un troisième sexe, d'après l'historien Matthew Looper. Looper note en particulier la divinité androgyne du maïs et la divinité masculine de la lune et l'iconographie et des inscriptions où des dirigeants représentent ou s'incarnent dans ces divinités. Il suggère que le troisième sexe pourrait inclure des individus berdache ayant des rôles particuliers comme celui de guérisseur ou de devins[67]

L'anthropologue et archéologue Miranda Stockett note que plusieurs auteurs ont ressenti le besoin d'utiliser plus de deux genres, dans leurs études des cultures de l'Amérique précolombienne[68] et conclut que les Olmèques, les Aztèques et les Mayas comprenaient « plus de deux sortes de corps et plus de deux sortes de genres. » (« more than two kinds of bodies and more than two kinds of gender ». L'anthropologie Rosemary Joyce partage cette interprétation et écrit que « le genre était un potentiel fluide, pas une catégorie fixe, avant l'arrivée des Espagnols. L'apprentissage de l'enfance et les rituels dessinaient un genre adulte, sans pour autant le fixer, et ce dernier pouvait compter mâle, femelle, un troisième genre et des formes de sexualité alternatives. Au sommet de l'époque classique, les chefs mayas pouvaient avoir tout un éventail de possibilités de genre, en se vêtant de costumes et en jouant le rôle d'homme ou de femme à l'occasion de cérémonies d'État » [69] Joyce note que plusieurs représentations artistiques mésoaméricaines présentent des organes sexuels mâles et une poitrine féminine. Elle suggère également que d'autres représentations possédant poitrine et de hanches mais aucun caractère sexuel (primaire ou secondaire) pourrait être un troisième sexe, un genre ambigu ou une androgynie[70].

Le spécialiste en culture des Andes Michael Horswell a écrit que des participants du troisième sexe au rituel chuqui chinchay (une divinité jaguar de la mythologie inca) étaient des acteurs essentiels des cérémonies des Andes, avant l'arrivée des Espagnols. Il indique que « ces chamanes quariwarmi (hommes-femmes) servaient de médiateurs entre les deux sphères dualistes de la cosmologie des Andes et de la vie de tous les jours. Ils opéraient par des rituels qui requéraient parfois des pratiques érotiques envers des représentants du même sexe. Leur aspect travesti servait de marqueur visible d'un troisième espace entre le masculin et le féminin, le présent et le passé, le vivant et le mort. Leur présence shamanique évoquait des forces créatives souvent représentées dans la mythologie andine[71]. Richard Trexler (en) indique que les premiers Espagnols présents dans les Andes avaient conscience de la présence de ce troisième sexe. Il précise que des hommes, habillés en femmes depuis leur enfance et imitant les femmes sous tous aspects, pouvaient avoir des relations sexuelles avec des chefs à l'occasion de fêtes ou de rituels[72].

Notes et références

  1. La Thaïlande recrute des hôtesses de l'air du troisième sexe, Obsession - Nouvel Observateur, 28 mars 2012
  2. Pierre Zobermann (dir), Queer Volume 2 : Ecritures de la différence ? - Représentations : artistes et création, L'Harmattan, 2008, page 59
  3. Saladin d'Anglure, Bernard (1992). « Le troisième sexe », La Recherche, no245, p. 836-844.
  4. Agrawal, Anuja (1997). Gendered Bodies: The Case of the ‘Third Gender’ in India, Contributions to Indian Sociology, n.s., 31 (1997): 273–97
  5. Young, Antonia (2000). Women Who Become Men: Albanian Sworn Virgins. ISBN 1-85973-335-2
  6. Roscoe, Will (2000). Changing Ones: Third and Fourth Genders in Native North America. Palgrave Macmillan (17 juin 2000) ISBN 0-312-22479-6
    Voir aussi Trumbach, Randolph (1994). London’s Sapphists: From Three Sexes to Four Genders in the Making of Modern Culture. In Third Sex, Third Gender: Beyond Sexual Dimorphism in Culture and History, edited by Gilbert Herdt, 111-36. New York: Zone (MIT).
  7. Sharyn Graham, "Sulawesi's fifth gender", Inside Indonesia, avril-juin 2001
  8. Martin, M. Kay and Voorhies, Barbara (1975). Supernumerary Sexes, chapitre 4 (New York: Columbia University Press, 1975), 23.
  9. (en) Fausto-Sterling, Anne, « The Five Sexes: Why male and female are not enough », The Sciences, no mai/avril 1993,‎ , p. 20-25 Article online.
  10. Roughgarden, Joan (2004). Evolution's Rainbow: Diversity, Gender, and Sexuality in Nature and People. University of California Press. ISBN 0-520-24073-1 Especially chapter 6, Multiple Gender Families, pp. 75 - 105.
  11. Ibid., p. 76 - 78
  12. pp. 78 - 88
  13. Ibid., p. 89-90
  14. Ibid., pp. 90 - 93
  15. Rajesh Talwar, (1999). The Third sex and Human Rights, Gyan Publishing House. ISBN 81-212-0266-3
  16. « When I once asked her if she would like to go to Singapore for a sex change operation, she told me, 'You really do not understand. I am the third sex, not a man trying to be a woman. It is your society's problem that you only recognise two sexes. » Myself Mona Ahmed. by Dayanita Singh (photographe) et Mona Ahmed. Scalo Publishers (15 septembre 2001). ISBN 3-908247-46-2
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  18. Fred Fawcett, (1891). On Basivis: Women Who, through Dedication to a Deity, Assume Masculine Privileges. Journal of the Anthropological Society of Bombay (July). Bombay: Education Society's Press; London: Treubner.
  19. « their status is perhaps more 'transgendered' than 'third-gendered.' » Walter Penrose, (2001). Hidden in History: Female Homoeroticism and Women of a "Third Nature" in the South Asian Past, Journal of the History of Sexuality 10.1
  20. India's eunuchs demand rights, par Habib Beary, correspondant de la BBC à Bangalore. lire en ligne.
  21. ‘Third sex’ finds a place on Indian passport forms, The Telegraph, 10 mars 2005. lire en ligne
  22. Maxime Blanchard, « L'Inde reconnaît un troisième sexe », sur Le Figaro.fr,
  23. Totman, Richard, (2004). The Third Sex: Kathoey: Thailand's Ladyboys, Souvenir Press. ISBN 0-285-63668-5
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  43. Roscoe, Will (1996). Priests of the Goddess: Gender Transgression in Ancient Religion. History of Religions 35(3) (1996): 295-330.
    Roscoe nomme ces employés du temple kalû, kurgarrû et assinnu.
  44. Nissinen, Martti (1998). Homoeroticism in the Biblical World, Translated by Kirsi Stjedna. Fortress Press (novembre 1998) p. 30. ISBN 0-8006-2985-X
    Voir aussi Maul, S. M. (1992). Kurgarrû und assinnu und ihr Stand in der babylonischen Gesellschaft. Pp. 159-71 in Aussenseiter und Randgruppen. Konstanze Althistorische Vorträge und Forschungern 32. Edited by V. Haas. Konstanz: Universitätsverlag.
  45. Nissinen (1998) p. 28, 32.
  46. Leick, Gwendolyn (1994). Sex and Eroticism in Mesopotamian Literature. Routledge. New York.
    D'après Leick: Sumérien: sag-ur-sag, pilpili and kurgarra; en langue assyrienne : assinnu. Leick les décrit comme « hermaphrodites, travestis homosexuels et autres individus castrés »
    Burns, John Barclay (2000). Devotee or Deviate: The “Dog” (keleb) in Ancient Israel as a Symbol of Male Passivity and Perversion. Journal of Religion & Society Volume 2 (2000). ISSN 1522-5658
    *Burns définit les assinnu comme « un des membres de l'équipe chargée du culte d'Ishtar avec lesquels il semble que des hommes pouvaient avoir une relation sexuelle » et « qui n'avaient pas de libido, soit par une caractéristique naturelle, soit suite à une castration ». Il décrit les kulu'u comme efféminés et les kurgarru comme travestis. Il définit un autre sexe de variante de prostitué, les sinnisānu, littéralement « comme des femmes »
  47. Sethe, Kurt, (1926), Die Aechtung feindlicher Fürsten, Völker und Dinge auf altägyptischen Tongefäßscherben des mittleren Reiches, in: Abhandlungen der Preussischen Akademie der Wissenschaften, Philosophisch-Historische Klasse, 1926, p. 61.
  48. The Third Gender in Ancient Egypt, Faris Malik. (visite du 10 juin 2008)
  49. Wilhelm, Amara Das (2004). Tritiya Prakriti (People of the Third Sex): Understanding Homosexuality, Transgender Identity and Intersex Conditions through Hinduism (XLibris Corporation, 2004).
  50. Zwilling, Leonard and Sweet, Michael (1996). Like a City Ablaze: The Third Sex and the Creation of Sexuality in Jain Religious Literature, Journal of the History of Sexuality, 6 (3), pp.359-384
  51. Jackson, Peter A. (1996). Non-normative Sex/Gender Categories in the Theravada Buddhist Scriptures, Australian Humanities Review, avril 1996. Full text.
  52. Autre translittération : trhytîyâ prakrhyti
  53. L'historien Walter Penrose écrit que « des rôles sociaux distincts, économiques et sociaux ont pu exister pour les femmes dont on pensait qu'elles appartenaient à un troisième sexe. Ces femmes pouvaient s'habiller en homme, servir porteur ou de garde du corps à des rois et reines, ou prendre une part active dans des relations sexuelles avec des femmes (« distinct social and economic roles once existed for women thought to belong to a third gender. Hidden in history, these women dressed in men's clothing, served as porters and personal bodyguards to kings and queens, and even took an active role in sex with women. ») Walter Penrose, (2001). Hidden in History: Female Homoeroticism and Women of a "Third Nature" in the South Asian Past, Journal of the History of Sexuality 10.1 (2001), p. 4
  54. Lois de Manu, 3.49. texte en anglais.
  55. « O lord of the Earth, I will declare myself as one of the neuter sex. O monarch, it is, indeed difficult to hide the marks of the bowstring on my arms. I will, however, cover both my cicatrized arms with bangles. Wearing brilliant rings on my ears and conch-bangles on my wrists and causing a braid to hang down from my head, I shall, O king, appear as one of the third sex, Vrihannala by name. And living as a female I shall (always) entertain the king and the inmates of the inner apartments by reciting stories. And, O king, I shall also instruct the women of Virata's palace in singing and delightful modes of dancing and in musical instruments of diverse kinds. And I shall also recite the various excellent acts of men... » Mahabharata (Virata-parva), trad. anglaise par Ganguli, Kisari Mohan.
  56. Jackson, Peter A. (1996). Ibid.
  57. Gyatso, Janet (2003). One Plus One Makes Three: Buddhist Gender Conceptions and the Law of the Non-Excluded Middle, History of Religions. 2003, no. 2. University of Chicago press.
  58. Un autre mythe rapportant trois sexes est également rapporté dans la culture thaïlandaise. Voir Peter A. Jackson, (1995) Kathoey: The third sex. dans P. Jackson, Dear Uncle Go: Male homosexuality in Thailand. Bangkok, Thaïlande: Bua Luang Books
    Voir aussi : Anatole-Roger Peltier, (1991). Pathamamulamuli: The Origin of the World in the Lan Na Tradition. Chiang Mai, Thailand: Silkworm Books. Le mythe de la création Yuan décrit dans ce livre est extrait de Pathamamulamuli, un ancien manuscrit bouddhique. Anatole-Roger Peltier, qui l'a traduit, pense qu'il est basé sur une tradition orale vieille de cinq cents ans. Text online.
  59. S. Tougher, ed., (2001) Eunuchs in Antiquity and Beyond (London: Duckworth Publishing, 2001).
    Kathryn M. Ringrose. (2003). The Perfect Servant: Eunuchs and the Social Construction of Gender in Byzantium. Chicago: University of Chicago Press. 2003.
  60. Histoire Auguste, Sévère Alexandre xxiii.7.
  61. Valère Maxime, 7.7.6)
  62. J. David Hester, (2005). Eunuchs and the Postgender Jesus: Matthew 19:12 and Transgressive Sexualities. Journal for the Study of the New Testament, Vol. 28, No. 1, 13-40 (2005)
  63. Tertullien, De la monogamie, 3 : « ipso domino spadonibus aperiente regna caelorum ut et ipso spadone, quem spectans et apostolus, propterea et ipse castratus, continentiam mavult. » source latine ou « le Seigneur lui-même, en sa qualité de vierge, ouvre le royaume aux vierges. L'Apôtre aussi, les yeux fixés sur son modèle, n'embrasse-t-il pas la continence en son honneur, et ne déclare-t-il pas, qu'il la préfère ? » (traduction Antoine Eugène Genoud, 1852, texte français) (L'italique est du traducteur.)
  64. Tertullien, Aux Nations, 1.XX : « Vous avez aussi parmi vous une troisième race, sinon par de troisièmes rites, au moins par son troisième sexe, sexe qui participe de l'homme et de la femme, et peut s'unir à l'un comme à l'autre. » (trad. Antoine Eugène Genoud, 1852)
  65. par exemple : « Both sexes are displeasing to her holiness, so [the gallus] keeps a middle gender (medium genus) between the others. » Prudence (poète), Peristephanon, 10.1071-3
  66. The Historic Origins of Church Condemnation of Homosexuality The Historic Origins of Church Condemnation of Homosexuality
  67. Matthew G. Looper (2001). Ancient Maya Women-Men (and Men-Women): Classic Rulers and the Third Gender, dans Ancient Maya Women, ed. Traci Ardren. Walnut Creek (Californie) : Alta Mira, 2001.
  68. Miranda K. Stockett, (2005). On the importance of difference: re-envisioning sex and gender in ancient Mesoamerica, World Archaeology, Routledge, volume 37, no 4 / décembre 2005. pp. 566 - 578
    En addition à Looper (cf. supra) et à Joyce (cf. infra), Stockett cite :
    P. Geller (2004). Skeletal analysis and theoretical complications, présenté à Que(e)rying Archaeology: The Fifteenth Anniversary Gender Conference, Chacmool Archaeology Conference, University of Calgary, Calgary.
    R. Joyce (1998). Performing the body in pre-Hispanic Central American. RES, 33: 147–65.
    A. Lopez-Austin, (1988). The Human Body and Ideology: Concepts of Ancient Nahuas (trans T.O. de Montellano et B.O. de Montellano). Austin, TX : University of Texas Press.
  69. « gender was a fluid potential, not a fixed category, before the Spaniards came to Mesoamerica. Childhood training and ritual shaped, but did not set, adult gender, which could encompass third genders and alternative sexualities as well as “male” and “female.” At the height of the Classic period, Maya rulers presented themselves as embodying the entire range of gender possibilities, from male through female, by wearing blended costumes and playing male and female roles in state ceremonies. »
  70. Rosemary A. Joyce, (2000). Gender and Power in Prehispanic Mesoamerica. Austin (Texas) : University of Texas Press.
  71. « These quariwarmi (men-women) shamans mediated between the symmetrically dualistic spheres of Andean cosmology and daily life by performing rituals that at times required same-sex erotic practices. Their transvested attire served as a visible sign of a third space that negotiated between the masculine and the feminine, the present and the past, the living and the dead. Their shamanic presence invoked the androgynous creative force often represented in Andean mythology. » Michael J. Horswell, (2006). Transculturating Tropes of Sexuality, Tinkuy, and Third Gender in the Andes, introduction to Decolonizing the Sodomite: Queer Tropes of Sexuality in Colonial Andean Culture. ISBN 0-292-71267-7. Article online.
  72. Richard C. Trexler, (1995). Sex and Conquest. Cornell University Press : Ithaca. p. 107

Annexes

Bibliographie

  • Patrick Graille Le Troisième Sexe, Paris, Les éditions arkhê, 2011.
  • Willy (Henry Gauthier-Villars), Le Troisième Sexe. Paris-édition, 1927. Rééd. QuestionDeGenre/GKC, 2014. Préface Patrick Cardon.

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