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Opérations aériennes de la coalition internationale en Syrie

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Opérations aériennes de la coalition internationale en Syrie
Description de cette image, également commentée ci-après
Des F/A-18 Hornet américains décollent de l'USS George HW Bush pour mener des frappes contre l'EI en Syrie le 23 septembre 2014.
Informations générales
Date - en cours
Lieu Syrie
Issue en cours
Belligérants
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau de l'Arabie saoudite Arabie saoudite
Drapeau de la Jordanie Jordanie
Drapeau des Émirats arabes unis Émirats arabes unis
Drapeau du Qatar Qatar
Drapeau de Bahreïn Bahreïn
Drapeau du Maroc Maroc
État islamique
Front al-Nosra
Khorassan
Forces en présence
Drapeau des États-Unis
1 porte-avion
USS George H. W. Bush

1 destroyer
USS Arleigh Burke

avions F-22 Raptor
avions F-16 Fighting Falcon
avions F-15 Eagle
avions B-1 Lancer

20 000 à 50 000 hommes

5 000 à 10 000 hommes
Pertes
Drapeau de la Jordanie
1 avion F-16 détruit[2]
1 pilote capturé[2]

1 046 morts au moins[1]

72 morts au moins[1]

(selon l'OSDH, du 22 septembre au 22 décembre)

Civils : 52 morts[1]
(selon l'OSDH, du 22 septembre au 22 décembre)

Guerre civile syrienne

Batailles

Modèle:Révolte syrienne

Les opérations aériennes de la coalition internationale en Syrie interviennent en 2014 pendant la guerre civile syrienne. Elles sont un volet de la guerre contre l'État islamique.

Contexte et préparations

À l'été 2014, les victoires de l'État islamique en Irak et en Syrie poussent la communauté internationale à intervenir et une quarantaine de pays planifient la création d'une nouvelle coalition pour affronter l'État islamique[3]. Le 26 août 2014, les États-Unis lancent des surveillances aériennes par drones en Syrie, afin de collecter de plus amples informations sur les cibles à frapper[4],[5]

Déroulement

Missiles BGM-109 Tomahawk tirés depuis le USS Philippine Sea et le USS Arleigh Burke contre des cibles de l'EI en Syrie, 23 septembre.
Photographie avant/après d'un centre de commandement de l'EI après une frappe d'un F-22 le 23 septembre.

Frappes aériennes la nuit du 22 au 23 septembre

La nuit du 22 au 23 septembre, l'aviation américaine soutenue par l'Arabie saoudite, la Jordanie et les Émirats arabes unis, intervient pour la première fois en Syrie en bombardant une vingtaine de sites, principalement dans le gouvernorat de Racca mais aussi ceux d'Hassaké et de Deir ez-Zor. Les frappes détruisent des camps et des dépôts de munitions[6].

Les Américains engagent des avions de chasse F-15E Strike Eagle, F-16 Falcon et F-22 Raptor et de drones venu de bases aérienne dans la région, de F/A-18 Hornet du USS George H. W. Bush (CVN-77) et de bombardiers stratégiques Rockwell B-1 Lancer venu du territoire américain tandis que le USS Arleigh Burke (DDG-51) et le USS Philippine Sea (CG-58) lancent 47 missiles BGM-109 Tomahawk[7].,[8]. Les saoudiens engagent 4 F-15 Strike Eagle, les jordaniens, les émiriens et les bahreïnis engagent des F-16 et les qataris engagent des Mirage 2000.

Selon l'OSDH, 70 à 150 djihadistes de l'EI sont tués dans ces frappes et 200 à 300 sont blessés[9].

Le Front al-Nosra et le groupe Khorasan, une unité d'Al-Qaïda, sont également visés dans les gouvernorats d'Alep et d'Idleb. Selon l'OSDH, 50 djihadistes et 8 civils sont tués[10]

Les Américains déclarent également que Mohsin Al-Fadhli, le chef de Khorasan, aurait été tué au cours de ces frappes[11]. Une dizaine d'homme de ce mouvement sont tués par les missiles Tomahawk lors des premières frappes, dont Abou Youssef al-Turki, considéré comme l'un des meilleurs sniper au monde[12].

Frappes aériennes depuis le 23 septembre

La nuit du 23 au 24 septembre, aux environs de minuit, l'aviation américaine bombarde les positions djihadistes à près de 35 kilomètres à l'ouest et au sud de Kobané[13],[11]. Ces frappes viennent en aide aux forces kurdes des YPG qui affrontent alors les djihadistes lors de la deuxième bataille de Kobane.

Le soir du 24 septembre, l'aviation des États-Unis, de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis ciblent 12 raffineries dans le Gouvernorat de Deir ez-Zor. Selon le Pentagone, ces installations produisent 300 et 500 barils de pétrole par jour et apportent environ 2 millions de dollars par jour à l'EI . Selon l'OSDH, les frappes aériennes tuent au moins 14 djihadistes dans le gouvernorat de Deir ez-Zor et cinq civils, dont un enfant, dans le gouvernorat d'Hassaké[14],[15],[16],[17]. La nuit du 25 au 26, de nouveaux raids sont effectués contre des installations pétrolières, ainsi qu'un centre de commandement de l'EI à Al-Mayadine, dans le gouvernorat d'Hassaké[18].

Le 27, la coalition frappe contre sept cibles à Minbej dans le gouvernorat de Homs, à Racca, où 31 explosions sont entendues, et près de Kobané, toujours théâtre d'affrontements entre les Kurdes et l'EI[19],[20]. Au moins 23 djihadistes sont tués dans les gouvernorats d'Alep et Racca selon l'OSDH[21]. Le 28, quatre raffineries et le centre de commandement et de contrôle de l'EI sont bombardés par la coalition qui détruit également un char d'assaut près de Deir ez-Zor[22]. Le 28, la coalition bombarde une usine à gaz près de Deir ez-Zor et une autre frappe a lieu à Manbidj[23]. La nuit du 29 au 30, la coalition effectue deux frappes sur les forces de l'EI qui assiègent Kobané, et bombarde également Tall Abyad et deux localités du gouvernorat de Deir ez-Zor[24].

La nuit du 3 au 4 octobre, la coalition effectue des frappes près de Kobané et contre des installations de l'EI et des raffineries de pétrole près de Shadadi, dans le gouvernorat d'Hassaké, tuant 35 djihadistes selon l'OSDH[25].

En octobre, les forces aériennes de la coalition concentrent une grande partie de leurs frappes pour soutenir les forces kurdes assiégées à Kobané.

Le 6 novembre, selon l'OSDH, pour la première fois les forces aériennes de la coalition frappent Ahrar al-Sham, une brigade du Front islamique. Ce bombardement a lieu contre un QG, près de Bab al-Hawa[26]. Cependant pour le chercheur Romain Caillet, les frappes visaient plutôt le groupe Khorassan, qui opérait « sous la couverture » d'Ahrar al-Sham[27],[28].

Le 29 novembre, l'aviation américaine effectue un raid massif en menant au moins 30 frappes à Kobané et au nord de Racca, notamment contre l'ancienne base de la division 17. Selon l'OSDH, au moins 18 djihadistes sont tués au nord de Racca et 50 autres à Kobané, tant dans les bombardements que dans les combats contre les YPG[29],[30],[31].

Le 24 décembre, la coalition perd son premier appareil au combat, un avion jordanien est détruit près de Racca et son pilote est capturé[2],[32]. L'État islamique affirme avoir abattu l'appareil, mais selon l'armée jordanienne, le United States Central Command et des témoignages recueillis par l'OSDH il se serait plutôt écrasé à cause d'une panne technique[33]. Le 2 janvier, une opération américaine pour tenter de délivrer le pilote échoue à Racca, les hélicoptères des commandos sont pris sous les tirs des djihadistes et sont contraints de battre en retraite[34].

Réaction du gouvernement syrien

Le gouvernement syrien n'a pas demandé ni approuvé les frappes aériennes bien qu'il lutte contre l'EI. L'armée d'Assad possède des missiles anti-aériens sophistiqués, principalement près de la capitale Damas et la frontière avec Israël mais pas dans les zones sous contrôle de l'EI[35]. La Syrie déclare avoir été informée la veille par les États-Unis du lancement de frappes aériennes[35]. Une déclaration du porte-parole du département d'État des États-Unis Jen Psaki le 23 septembre affirme que les États-Unis n'ont pas demandé la permission au régime syrien et n'ont pas coordonné leurs actions avec le gouvernement syrien ou notifié préalablement l'armée syrienne, ni donné une indication de calendrier sur des cibles spécifiques mais qu'ils ont avisé le représentant de la Syrie à l'ONU, que les Syriens ont confirmé[36]. Le directeur du Pentagone pour les opérations indique que les radars militaires syriens sont restés « passifs » pendant les frappes aériennes, sans chercher à contrer les avions américains[37].

Réactions internationales

Au niveau international, la Russie et l'Iran, proches alliés de la Syrie se sont opposés à des frappes américaines en Syrie sans le consentement du gouvernement légitime en place[38], position rejointe par l'Équateur[39].

Réactions des rebelles syriens

L'Armée syrienne libre (ASL) apporte son soutien aux frappes aériennes. En revanche, elles sont condamnées par l'Armée des moudjahidine et le Mouvement Hazm, pourtant considérés comme modérés et soutenus par les Etats-Unis. D'après les déclarations à Reuters d'officiers de l'ASL, les frappes aériennes sont mal acceptées par les populations en raison des pertes civiles infligées et du fait que la coalition ne s'attaque pas au régime syrien de Bachar el-Assad, entraînant des accusations de complicité vis-à-vis de ce dernier[40].

Les pertes

Le 26 septembre l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) déclare que les frappes aériennes effectuées par la coalition depuis le 22 septembre ont tué 84 djihadistes de l'État islamique et 57 du Front al-Nosra, ainsi que 13 civils[41].

Dans un entretien publié le 20 novembre 2014, le général américain John R. Allen estime que les frappes aériennes à Kobané ont fait plus de 600 morts dans les rangs des djihadistes[42].

Le 23 décembre 2014, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) affirme avoir recensé au moins 1 171 morts depuis le 22 septembre, dont 1 046 hommes de l'État islamique, 72 du Front al-Nosra, 1 rebelle d'un groupe non-identifié et 52 civils. L'OSDH précise cependant qu'il ne s'agit que des pertes recensées et que le bilan réel est plus élevé[1].

Notes et références

  1. a b c d et e Le Monde avec AFP : Un millier de djihadistes tués par les bombardements en Syrie
  2. a b et c AFP : Syrie: l'EI affirme avoir capturé le pilote jordanien d'un avion abattu
  3. RFI : Conférence de Paris: un plan d’action contre le groupe jihadiste EI
  4. http://online.wsj.com/articles/u-s-military-prepares-for-surveillance-flights-over-syria-1409005925
  5. « http://abcnews.go.com/Politics/wireStory/ap-source-obama-backs-surveillance-syria-25122308 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le )
  6. RFI : Syrie: frappes de la coalition contre le groupe EI
  7. (en) United States Central Command, « Air Force fighters, bombers conduct strikes against ISIL targets in Syria », sur USAF, (consulté le ).
  8. AFP : La coalition anti-jihadistes frappe en Syrie pour la première fois
  9. OSDH, 23 septembre 2014.
  10. Reuters : Premiers raids de la coalition contre l'EI en Syrie
  11. a et b Le Monde : Nouvelles frappes aériennes contre les djihadistes en Syrie et en Irak
  12. Libération : «Je pourrais commettre un attentat en France», par Luc Mathieu.
  13. AFP : Syrie: la coalition frappe des positions jihadistes près d'Aïn al-Arab
  14. AFP : Syrie: la coalition anti-jihadistes étend ses frappes
  15. Le Monde avec AFP et Reuters : La coalition s'attaque aux raffineries de l'Etat islamique en Syrie
  16. OSDH : Der-Ezor province
  17. Le Nouvel Observateur : SYRIE. Les Etats-Unis frappent 12 raffineries de l'Etat islamique
  18. Le Monde avec AFP et Reuters : Nouveaux raids sur les raffineries tenues par l'Etat islamique en Syrie
  19. Le Point : Syrie : premières frappes de la coalition dans la province de Homs
  20. AFP : Nouvelles frappes aériennes contre l'Etat islamique
  21. OSDH : Final death toll for Saturday 27/09/2014, approximately 181 people killed in Syria.
  22. Le Point et AFP : Syrie : quatre nouvelles raffineries de l'EI détruites
  23. Reuters : Frappes américaines en Syrie, combats à la frontière turque
  24. AFP : Syrie: la coalition frappe les jihadistes près de la frontière turque
  25. AFP : Syrie: 35 jihadistes tués par des frappes de la coalition dans le nord
  26. OSDH : Coalition warplanes strike Jabhat al-Nusra and Ahrar al-Sham HQs
  27. Romain Caillet : les raids US semblent avoir visé une nouvelle fois le groupe Khorasan (#AQ), opérant près d'#Idlib sous la couverture des Ahrar ash-Sham., twitter
  28. Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters : Les groupes djihadistes Al-Nosra et Khorasan bombardés en Syrie
  29. Arcinfo : Syrie: au moins 50 djihadistes de l'Etat islamique tués en 24 heures à Kobané
  30. OSDH : U.S. and allied warplanes carry out 30 strikes on IS positions in al- Raqqa
  31. OSDH : 154 قضوا أمس، بينهم 102 مقاتلاً، 70 على الأقل منهم من تنظيم “الدولة الإسلامية”.
  32. Wassim Nasr, twitter
  33. AFP : Syrie: l'avion jordanien victime d'une "panne technique" (militants et ONG)
  34. I24news avec AFP : Syrie: une opération pour libérer le pilote jordanien de l'EI échoue à Raqqa
  35. a et b « U.S. airstrikes on Islamic State targets in Syria start », USA Today,‎ (lire en ligne, consulté le )
  36. « US: Syria Won't, Can't Stop Militant Safe Havens », Voice of America,‎ (lire en ligne, consulté le )
  37. Rebecca Collard et Murphy, Brian, « Syria informed in advance of U.S.-led airstrikes against Islamic State », The Washington Post,‎ (lire en ligne, consulté le )
  38. (en) Isis air strikes: Obama's plan condemned by Syria, Russia and Iran, The Guardian, 12 septembre 2014
  39. (es) Cancillería ecuatoriana califica como 'inaceptable' la ofensiva contra Siria ElComercio.com, 25 septembre 2014
  40. Reuters : En Syrie, les frappes contre l'EI posent problème aux modérés
  41. AFP : Près de 130 djihadistes étrangers tués par la coalition en Syrie
  42. AFP : Syrie : les jihadistes se sont "empalés" sur Kobané et ne vaincront pas (général Allen)
  43. AFP : Syrie: l'EI aux portes d'une ville kurde stratégique
  44. OSDH : 553 killed since the beginning of coalition air strikes on Syria
  45. Reuters : Les frappes de la coalition ont fait 865 morts en Syrie (ONG)
  46. OSDH : 900 including women and children, killed in 60 days of coalition air strikes