Typographie (technique d'impression)

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La typographie est une technique d’impression sur papier (et accessoirement sur d’autres supports), basée sur l’utilisation de caractères en relief, assemblés pour former des mots, la surface supérieure, qui porte le tracé de la lettre ou du signe (glyphe) étant enduite d’encre recevant ensuite le papier : l’ensemble subit une forte pression sous une presse spéciale et l’encre est reportée sur le papier. Sur ce principe basique mis au point par Johannes Gutenberg, les techniques se sont développées au cours des siècles jusqu’au recul du procédé au milieu du XXe siècle.

Définitions

Si le nom se réfère aux types, c’est-à-dire aux caractères représentant des lettres, on peut de la même façon, et en combinant les deux, imprimer des dessins par l’intermédiaire de gravures sur bois et plus tard des clichés métalliques obtenus par photogravure : la technique d’impression reste de la typographie.

Aujourd’hui le terme de typographie ne désigne plus que l’art et la manière de concevoir, dessiner, et composer des textes au moyen des différentes polices de caractères et de leurs différentes fontes, ainsi que les codes qui régissent leur emploi : usage des majuscules, de la ponctuation, des espaces, des abréviations, etc. Les textes étant par essence destinés à la communication, il s’est très vite avéré nécessaire d’adopter des usages communs pour permettre une lecture sans heurts.

Histoire

L’histoire de la typographie est étroitement liée à l’histoire et à l’évolution de l’imprimerie, avec laquelle elle se confond.

Si l'impression de caractère existait depuis le début de l'imprimerie en Chine au VIIe siècle, elles sont restées fixée à l'ensemble de l'image, généralement xylographiée pendant plusieurs siècles.

D'après les plus anciennes traces de caractères mobiles que nous avons aujourd'hui, ils seraient apparus au XIe siècle. Cette technique permit de conserver fidèlement les traditions culturelles en accélérant les procédés de mise en page des textes par la réutilisation des caractères, plutôt que de graver toute une planche à chaque page. L’inventeur chinois Bi Sheng employa, dès 1040, des caractères mobiles en terre cuite[1].

Les caractères métalliques auraient vu le jour en Corée vers 1234, inventés par Choe Yun-ui[2]. Le plus ancien exemplaire encore existant de livre imprimé à partir de caractères mobiles en métal date de 1377. Il s’agit du Jikji Simkyong conservé à la Bibliothèque nationale de France[3].


À partir de Gutenberg et de ses suiveurs, l’évolution se fait lentement, sur des améliorations techniques, mais sans changement fondamental quant au principe. C’est à partir du xixe siècle que l’évolution est rapide, avec le développement des journaux et de la lecture en général, grâce à l’instruction publique qui se généralise. Les machines produisent plus vite, la composition manuelle cède la place à la composition mécanisée. À la fin du xixe siècle, la typographie en tant que technique d’impression a définitivement perdu sa suprématie au profit de l’offset, mais la typographie comme création de dessin de caractères connaît un nouvel essor grâce aux techniques numériques.

Les typographes étaient des ouvriers sachant nécessairement lire et écrire (ce qui n’était pas toujours le cas dans d’autres métiers), et ils étaient souvent porteurs et propagateurs d’idées nouvelles, voire de mouvements sociaux. Les typographes furent les pionniers du mouvement ouvrier nord-américain. Le plus vieux syndicat québécois et canadien toujours existant est l’Union internationale des typos. Le premier député ouvrier canadien fut le typographe Alphonse-Télesphore Lépine.

Aujourd’hui (2013) la typographie retrouve un regain d’intérêt sous son nom anglais de letterpress, qui met en avant les défauts traditionnels maintenant appréciés pour leur effet « vintage » : le foulage, creusement du papier sous l’effet de la pression sur les caractères en relief, désormais appelé débossage, peut être accentué par l’utilisation de papiers très bouffants et même être réalisé avec un cliché spécial. Le débossage implique qu’on n’imprime que le recto du papier, réservant de fait cette technique à des petits tirages et généralement de dimensions réduites. Le letterpress n’utilise plus les caractères en plomb traditionnels, qui nécessitaient le stockage d’un grand nombre de casses et le savoir-faire du typographe. Les documents sont réalisés par informatique et transformés en clichés en relief en photopolymère. Les machines utilisées pour l’impression sont des presses typographiques anciennes, souvent des presses à platine, et l’impression souvent réalisée en trichromie (cyan, magenta, jaune), bien que toutes les couleurs indépendantes soient possibles.

Caractères

Les premiers caractères mobiles utilisés en Corée et en Chine datent du xie siècle, et étaient fabriqués en terre cuite, céramique, parfois en bois. L’impression était toujours réalisée à la main par frottage, sans utiliser de presse ; le matériau n’aurait en effet pas résisté à la forte pression exercée par la presse. Plus tard, les caractères sont fondus en bronze (voir Dynastie Song > Imprimerie à caractères mobiles et Choe Yun-ui). Les caractères en bronze se développent au début du XVe siècle en Corée, selon la technique des fabricants de monnaies. Au moment où en Europe Gutenberg met au point son procédé, le roi de Corée promulgue officiellement en 1446 un nouvel alphabet, le hangeul[4], composé de 28 lettres, ce qui représente un énorme progrès sur les milliers d’idéogrammes de l’écriture chinoise. L’impression est toujours manuelle. En Europe, on utilisa le bois pour graver des pages entières de texte (xylographies). C’est Gutenberg et ses associés qui mirent au point les caractères mobiles fondus avec un alliage de plomb (80 %), d’antimoine (5 %) et d’étain (15 %) dans des matrices.

Les caractères typographiques sont réunis en catégories – à empattements (comme le Times New Roman), sans empattements (comme l’Helvetica), fantaisie, etc. – puis en familles de caractères (garalde, humane, mécaneetc.) puis en polices (Helvetica, Caslon, Times New Roman, Arial), corps et graisses (gras, italiqueetc.). Depuis l’ère de l’informatique ce sont des polices numériques.

Parmi les créateurs de caractères célèbres on compte : Claude Garamont (Garamond), John Baskerville, Giambattista Bodoni, Firmin Didot, Hermann Zapf (Palatino, Optima, ITC Zapf Dingbats), Roger Excoffon (Mistral), Adrian Frutiger (Univers), Max Miedinger (Helvetica), Stanley Morison (Times).

Taille du caractère typographique

À l’origine, les différentes tailles de caractères étaient désignées, de manière approximative, par des appellations diverses. En France : Parisienne (équivalent à un corps 5 actuel), Nompareille (6), Mignone (7), Petit-texte (8), Gaillarde (9), Petit-romain (10), Philosophie (11), Cicéro (12), Saint-Augustin (14), Gros-texte (16), Gros-romain (18), Petit-parangon (20), Gros-parangon (22), Palestine (24), Petit-canon (28), Trismégiste (36), Gros-canon (44), Double-canon (56), Triple-canon (72), Grosse-nompareille (96).

Le besoin d’une standardisation se faisant sentir, il y eut plusieurs tentatives de « point typographique » : par Truchet, Fournier, et enfin Didot, qui finit par s’imposer. En France, l’unité est donc le point (0,376 mm, soit deux points « géométriques ») qui se convertit en cicéros (ou douze, abrégé en dz, parce qu’il vaut douze points). Le cicéro a été utilisé pour toutes les mesures tant qu’a duré l’impression en typographie, notamment dans la presse quotidienne. Toute composition, longueur, largeur, est un multiple de points. Par exemple, vingt cicéros valent deux cent quarante points, soit approximativement neuf centimètres. Dans le domaine anglo-saxon, on emploie le point Pica (environ 0,353 mm). On retrouve encore ces points actuellement pour donner la dimension d’un caractère d’ordinateur. On dira alors du Times corps 24 (points).

Composition

Composition manuelle

Matériel du typographe : sur une galée, un bloc composé, la ficelle pour lier le bloc, le composteur

Le typographe se sert d’un composteur sur lequel il aligne les caractères, lus à l’envers, de gauche à droite, piochés dans une boîte en bois appelée casse. Les caractères du haut de la casse sont appelés les capitales (majuscules) et ceux du bas les bas-de-casse ou minuscules. Le composteur permet d’assurer la justification de la ligne, c’est-à-dire sa longueur. Entre chaque mot, on insère une espace[note 1] et on complète en insérant dans certains cas des espaces fines entre les lettres afin d’en parfaire la justification. Une fois les lignes composées, on les place sur une galée, maintenue en biais. Ces lignes sont attachées avec plusieurs tours de ficelle afin de rendre solidaire l’ensemble et le déplacer plus facilement. Ce bloc de lignes appelé composition est calé dans un châssis en fonte à l’aide de coins en bois dans un premier temps, et par la suite avec des noix de serrage. Ensuite, le typographe peut insérer près du texte des filets, des espaces vides, des ornements typographiques ou des clichés provenant de la photogravure. Le châssis est ensuite fixé sur une presse typographique.

Des ateliers de typographie permettent encore de réaliser certains travaux en petite quantité (cartes de visite, papier à lettres, faire-part) à moindre coût ainsi que la découpe, le rainage, la dorure et l’embossage.

Composition automatisée

La typographie a été ensuite automatisée avec la Monotype et la Linotype, semi-automatisée avec la Ludlow Typograph qui permettaient de fondre directement les lettres ou des lignes composées d’un seul tenant.

Presse

Notes et références

  1. Gutenberg a inventé l’imprimerie sur Tatoufaux.
  2. Première utilisation de caractères d’imprimerie mobiles en métal sur le site de la Cité de l'économie (Banque de France)
  3. Les premiers livres imprimés en Corée.
  4. Minje Byeng-sen Park, Histoire de l’imprimerie coréenne, des origines à 1910, Paris, Maisonneuve et Larose, 2003
  1. Ce mot est féminin lorsqu’il désigne l’objet en plomb, de même qu’interligne, languette de plomb ou de bois s’intercalant entre les lignes.

Voir aussi

Bibliographie

  • Marius Audin, Somme typographique, vol. 1, 1948, Paris, Paul Dupont ; vol. 2, 1949, Lyon, Audin.