Kitesurf

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Le kitesurf (planche volante) pratiqué au large de Long Beach, Californie, États Unis

Le kitesurf (planche volante[1]) est un sport nautique de traction consistant à glisser avec une planche sur une étendue d'eau tracté par un cerf-volant (kite) de traction.

Le kitesurfeur pilote à l'aide d'une barre, une aile souvent gonflable reliée généralement par quatre lignes de 25 mètres.

La planche peut être un twintip inspirée du wakeboard dont l'avant et l'arrière sont symétriques, ou un surf de taille réduite.

Dénomination

Souvent appelé flysurf à l'origine, il peut l'être par son appellation anglaise kiteboard, voire abrégé kite pour l'aile en anglais. Les termes préconisés par la Commission générale de terminologie et de néologie au lieu de ces anglicismes sont planche volante ou la planche aérotractée. De même, le pratiquant est appelé aéroplanchiste, le mountainboard Planche terrestre aérotractée et le snowkite Planche à neige aérotractée[2].

Histoire

Le kitesurf (Flysurf a l'origine) a été imaginé par plusieurs inventeurs dès les années 1960.

À la suite d'un travail d'expérimentation pour améliorer la voile, les frères Quimperois Dominique et Bruno Legaignoux déposent le brevet de l'aile courbe à structure gonflable le 16 novembre 1984[3].

En 1992, Laurent Ness (champion de France 1997 de char à cerf-volant) se fait tracter par un cerf-volant delta sur une planche de funboard à La Grande Motte. Bill et Cory Roeseler inventent le Kiteski, ski nautique tracté par cerf-volant, qu'ils commercialisent en 1994[4].

Les Legaignoux créent la société Wipikat en 1993 pour commercialiser un petit bateau gonflable accompagné d'une aile de traction. Ils l'arrêtent en 1995 mais Emmanuel Bertin teste leurs voiles à Maui avec Laird Hamilton. En février 1997, il fait la une de Wind Magazine, magazine de planche à voile tiré à 70 000 exemplaires, sur les vagues de Hawaï. Raphaël Salles utilise des petites planche de funboard en 1998-1999 avec la mise au point de Laurent Ness, puis Franz Olry a fait progresser les twin-tip qui ont démocratisé l'usage du sport[5].

Les Legaignoux lancent Wipika en juin 1997 pour commercialiser des barres de traction et ailes produites par NeilPryde parapente en France, fabrication transférée en 1998 chez Lam Sails, fabricant de parapente en Chine. Une licence est accordée à Naish en 1999, NeilPryde en 2000 puis Slingshot, Ricci et Bic avec Takoon en 2003. Les ventes d'ailes sont passées de 100 exemplaires en 1997 à 500 en 1998, 2 000 en 1999, 6 000 en 2000, 15 000 en 2001, environ 100 000 en 2010. Il y a 30 pratiquants en 1996 mais le nombre d'élèves passe de 500 en 1998 à 4 000 en 2001. Le premier championnat international a lieu en 2000 et le premier français, de freestyle, a lieu en 2001. Il y avait 12 000 pratiquants en France en 2010[5], 13000 licenciés en 2011 et entre 25000 et 30000 kitesurfers en France[6].

En 1998, la Fédération française de vol libre créée la formation de moniteur : il y en a 258 en 2010 dont depuis 2003 155 ayant un BPJEPS, Brevet d’État. En 2002, la Fédération française de voile envisage l'intégration du kitesurf mais le ministère de la Jeunesse et des Sports délègue la gestion du sport à la FFVL le 3 janvier 2003. En novembre 2001, L’International Kiteboarding Organisation est issu du Wipika School Network établi en 1999. Lors du développement de 2000 à 2003, quelques accidents mortels incitent la FFVL à établir une norme pour les sécurités publiée par l'Afnor en 2005 : un largueur de barre qui neutralise l'aile puis un second largueur de voile en cas extrême. Les ailes continuent à s'améliorer de 2003 à 2009 : en 2005, l’aile de type bow permet une traction plus équilibrée[5]. En 2008, Bruno Sroka a été le premier et le seul homme à avoir traversé le Cap Horn sur une distance de 100 miles nautiques (186 km). Il a navigué dans des conditions extrêmes de navigation pendant 9 h sans arrêter.

Des sports comparables utilisent des cerf-volants de traction avec d'autres véhicules : sur l'eau avec des embarcations plus importantes comme des canoës kayak ou des catamarans, sur neige avec le snowkite, sur terre avec un mountainboard, avec un petit char à cerf-volant où l'on est assis ou encore avec des patins à roulettes équipés de pneumatiques. Après avoir été annoncé en régate homme et femme en remplacement du windsurf pour les Jeux olympiques d'été de 2016 à Rio de Janeiro par la fédération internationale de voile le 5 mai 2012[7], le kitesurf a été abandonnée au profit de la planche à voile RS:X[8].

Sport

Kitesurfeurs et véliplanchistes coexistent à la Ravine Blanche à Saint-Pierre (La Réunion) le 21 février 2010

La pratique du kitesurf exige des sites adaptés, notamment en termes d'espace, permettant au pratiquant de dérouler ses lignes au sol sans risque pour lui et pour les autres. Des accidents, parfois mortels, et la difficulté de coexistence avec les autres sports historiquement dominants tels le surf ou la planche à voile ont conduit à son interdiction sur certaines plages.

Équipements

aile

Matériels de kite surf (aile à boudin)

L'aile, comparable à une voile, fournit la traction nécessaire au déplacement. Les ailes habituelles ont surface à plat de généralement 10 m2, entre 5 m2 pour les conditions de vent fort et jusqu'à 20 m2 pour les vents légers - leur surface projetée est plus faible. Deux grands types d'ailes sont utilisés :

  • les ailes à boudins gonflables issues du brevet déposé par les frères Legaignoux en 1984 : une structure est gonflée à l'aide d'une pompe, qui maintient le profil de l'aile et lui permet de redécoller de l'eau ; il en existe deux principaux types avec des hybrides entre elles :
    • en forme d'arche (ou C-shape) : le bord d'attaque en demi-cercle est tenu à ses deux extrémités par les lignes avant. Elles sont surtout utilisées pour le wakestyle par des pratiquants expérimentés&nbsp, elles conservent de la puissance même barre choquée.
    • les ailes dont leur bord d'attaque est maintenu par un bridage (SLE, supported leading edge) (ailes plates, delta). Il est possible de plus varier leur angle d'attaque, et elles offrent donc une plage de vent plus importante, en plus de bénéficier d'un redécollage facilité : elles sont plus accessibles pour les débutants mais restent performantes pour la plupart des pratiques et sont les plus utilisées.
  • aile à caissons, profils souples issus du parapente : les caissons de l'aile sont gonflés par le vent relatif. Sans gonflage, elles sont plus rapides à gréer et ayant une surface projetée plus importante, elles sont plus petites à traction équivalente. Davantage utilisées pour la traction terrestre, il y a des ailes à caissons marines permettant le redécollage sur l'eau avec des clapets (caissons fermés) ou sont des twin skin qui se gonflent grâce à une fermeture qui laisse entrer l'air.

Lignes et barre

aile à boudin dans les airs

Les lignes sont généralement en dyneema / spectra, offrant une résistance très forte pour un faible poids et épaisseur (résistance d'environ 300 kg par ligne), ainsi que très peu d'élasticité. Les lignes avant transmettent la traction au harnais du kitesurfeur à travers une barre sur laquelle sont fixés les lignes arrière permettant de diriger l'aile et d'en moduler la puissance en jouant sur l'incidence.

La longueur des avants est fixe, alors que celle des arrières est modulé en cours de navigation en tirant ou poussant la barre : augmenter ou diminuer la puissance de traction de l'aile est l'équivalent du border-choquer - il suffit de lâcher la barre pour réduire instantanément la traction. L'incidence de l'aile est déterminée par la différence de longueur des lignes avants et arrières : la puissance de l'aile est augmentée lorsqu'on raccourcit les arrière ou qu'on allonge les avants, ou est diminuée à l'inverse lorsqu'on raccourcit les avants ou qu'on allonge les arrières. Raccourcir ou allonger les avants autant que les arrières ne modifie pas la puissance. Les avants sont raccordés à un trim afin de régler la puissance à un niveau confortable.

Les arrières sont fixés avec un écartement d'environ 50 cm sur la barre, moins si l'aile est petite et demande des débattements moins importants. Les ailes en C ont souvent une 5e ligne au milieu du bord d'attaque facilitant un redécollage sans ça plus délicat qu'avec d'autres ailes. Le système de sécurité permet, en cas d'urgence, d'annuler la puissance de l'aile en libérant le harnais, puis en dernier ressort de se désolidariser de l'aile : l'aile sans contrôle présente un danger pour les personnes sous son vent.

Planche

Planche Twin-tip
navigation avec un twintip
Les différents grabs : en moutarde la main arrière, en vert la main avant.

Deux types de planches sont utilisées : directionnelles et bidirectionnelles. Les premières planches utilisées pour le kitesurf furent des planches directionnelles issues du surf et du windsurf. Les planches de série spécifiques apparues en 1998 conservaient les proportions des planches de surf et maintenaient les pieds avec des footstraps de windsurf : sangles fixés sur une base souple.

Ensuite des planches twin-tips inspirées du wakeboard, plus petites, symétriques et bidirectionnelles ont permis au pratiquant de conserver la position de ses pieds lors d’un virement de bord : il reste face à la voile, pied droit en avant sur le bord tribord et pied gauche en avant sur le bord babord. L'apprentissage est facilité et les twin-tips sont les plus fréquents, mais les planches directionnelles restent utilisées pour naviguer dans les vagues, par vent léger et pour les régates.

Les twin-tips ont généralement 4 ailerons de 3 à 7 cm, un à chaque angle de la planche, et les planches directionnelles ont de un à cinq ailerons à l'arrière d'une longueur atteignant 20 cm. Les twin-tips ont une poignée au centre, accessoire utile au transport, pour installer les pieds et pour la retirer lors de sauts. Comme en surf, le leash est un cordon reliant la planche et évitant de la perdre, mais il peut être dangereux si la planche retourne violemment et un casque est protecteur.

Harnais

Le harnais transmet la majeure partie de la traction de l'aile au corps du pratiquant, ce qui lui permet de naviguer durablement sans avoir à la retenir par les bras. Il est systématique, semblable au harnais de planche à voile qui n'est pas impératif. Il y en a deux types :

  • harnais ceinture (ou dorsal) : il est placé dans le creux du dos, entre le bassin et les côtes, et permet une liberté de mouvement plus importante ;
  • harnais culotte : semblable à un baudrier d'escalade, celui-ci maintient le fessier, il permet de mieux reposer son poids contre la traction de l'aile et est conseillé aux débutants, et peut éviter les maux de dos.

Sécurité

Il est fortement recommandé à toute personne qui désire s'initier au kitesurf de le faire par l'intermédiaire d'une école. Des règles de sécurité essentielles, comme l'anticipation, sont à respecter pour éviter des accidents graves, voire mortels. En effet, une utilisation inadéquate du matériel de kitesurf peut rendre ce sport extrêmement dangereux, autant pour l'utilisateur que pour son environnement. Au cours de son stage d'initiation qui dure en moyenne une semaine, le débutant apprendra les règles de sécurité de base, comment décoller son aile, comment faire ses premiers bords, comment faire redécoller son aile si celle-ci vient à tomber dans l'eau, et tout ce qui sera nécessaire à une pratique du kitesurf en toute sécurité.

À la suite de plusieurs accidents mortels, la France a décidé sur l'initiative de la DGCCRF (répression des fraudes) en 2003 de créer une norme pour le matériel. Une commission a été constituée par l'Afnor en juillet 2003, regroupant les fédérations sportives concernées (la Fédération française de vol libre, la Fédération française de parachutisme, l'École nationale de ski et d'alpinisme), des responsables de la DGCCRF et du ministère de la Jeunesse et des sports, la Fédération des industries nautiques et des fabricants de matériels et d’accessoires de sécurité.

Parmi les solutions retenues, citons :

  • la planche ne doit pas être reliée au surfeur par un leash pour éviter un retour de planche. En effet en cas de saut raté, la planche peut venir heurter le visage du surfeur si elle est reliée par un leash.
  • la possibilité d'annuler d'urgence la traction (en cas de rafale de vent ou d'approche d'une zone dangereuse), tout en restant relié à l'aile (pour éviter que l'aile ne cause un dommage en s'envolant) ;
  • la possibilité de détacher l'aile en dernière extrémité.
  • modifications du cadre de pratique des planches aérotractées (kitesurf)[9]

L'amélioration du niveau moyen de pratique et l'apparition d'un matériel plus sûr dans un avenir proche permettront au kitesurf de poursuivre son développement dans les meilleures conditions. De plus en plus, les kitesurfs se font dans des matériaux composites de meilleures qualités. Mais cela s'améliore beaucoup avec la technicité et la sécurité proposé par les derniers modèles, notamment les ailes plates, et leur capacité à limiter grandement la puissance de l'aile en lâchant la barre. Le Kitesurf reste une pratique à risques, avec 7 décès en France en 2011 : 6 en dehors de la fédération et 1 parmi les 25764 licenciés[10].

Types

  • 5e ligne : dans le cas des ailes en C-Shape et hybrides : en plus des quatre lignes de contrôle de l'aile, une cinquième ligne (corde) est reliée au bord d'attaque de l'aile. Ainsi, si le kitesurfer se sent en danger, il lui suffit de larguer son système de sécurité. L'aile n'est alors plus tenue que par le bord d'attaque via la cinquième ligne : elle se met alors en "drapeau" et exerce ainsi beaucoup moins de traction (voire plus du tout) et tombe rapidement vers l'eau ou le sol.

Cette 5e ligne sert aussi à décoller ou poser une aile seul, et facilement, en tirant sur la 5e ligne, l'aile se retourne et décolle ou inversement Sans 5e ligne, ces opérations se montrent délicates sur ce type d'aile.

Disciplines

Freestyle

freestyle

Le freestyle consiste, en sautant, à effectuer des figures avec l'aile en position haute, c'est-à-dire au dessus de soi (on dit en terme technique que l'aile est à midi 12h ou au zénith, l'aile étant imagée par l'aiguille d'une montre, ce qui indique la position de l'aile au dessus de soi). Il peut également s'appeler le freestyle old-school des débuts du kite (rotations, big air, hang time et grabs) en opposition avec le freestyle Newschool où les figures sont réalisées avec l'aile en position basse.

Vagues

Cette discipline, parfois appelée surfkite s'apparente au surf. Il s'agit, après être remonté au peak en kitesurf, de tracer les plus belles courbes dans les vagues. Plusieurs formats de compétition existent.

Freeride

Le freeride qualifie la pratique courante du kitesurf. Pas de but précis si ce n'est la recherche de sensations, d'émotions et de plaisir. Cette pratique est comparable à celle d'un skieur lambda dans une station de ski. Les formes les plus radicales de cette pratique sont la randonnée en kitesurf[11] et le kite-bivouac[12].

Wakestyle

wakestyle

Le wakestyle (ou aussi appelé le freestyle new-school) consiste, en sautant, à exécuter des figures avec l'aile en position basse souvent décrochée du harnais, qui s'inspire des figures du wakeboard.

Vitesse

Recherche de vitesse

La vitesse consiste à parcourir, avec élan, une distance de 500 m le plus rapidement possible.

Longue distance

La longue distance est une régate. Plusieurs dizaines de participants s'élancent dans un parcours dépendant des conditions météo: la plupart du temps un triangle olympique, mais parfois un parcours dos au vent en W ou encore un simple aller-retour.

Kitefoil

Kitefoil

Également appelé foilboard, le kitefoil consiste à naviguer avec un hydrofoil (ou foil) fixé sous une planche. L'utilisation d'un hydrofoil permet de remplacer la poussée d'archimède d'une planche traditionnelle par la portance liée à la géométrie de cet aileron. La conséquence directe est donc l'emploi d'ailes de surfaces plus petites. Le kitefoil est souvent utilisé dans des conditions de vents légers.

Records

Le 18 septembre 2008, lors du « Luderitz Speed Challenge »[13] en Namibie, le kitesurf devient l'engin à voile le plus rapide sur l'eau. Le World Sailing Speed Record Council[14] (WSSRC) valide la tentative de l'américain Robert Douglas à 49,84 nœuds (92,30 km/h). Quelques jours plus tard, le 3 octobre 2008 le français Sébastien Cattelan est le premier à franchir le cap des 50 nœuds tant recherché des chasseurs de vitesse sur l'eau à la voile. Sa tentative est validée par le WSSRC à 50,26 nœuds (93,08 km/h). Ce record à la voile est battu le lendemain, le 4 octobre 2008 par le français Alex Caizergues avec une tentative validée par le WSSRC à 50,57 nœuds (93,66 km/h).

Ce record a été battu le vendredi 4 septembre 2009 en rade d'Hyères par L'Hydroptère ; 51,36 nœuds sur 500 mètres et 48,72 nœuds sur un mille nautique. Le 12 octobre 2010, Alexandre Caizergues et le kitesurf sont de nouveaux les plus rapides à la voile sur l'eau en passant la barre mythique des 100 km/h avec un record établi à 54,10 nœuds (100,19 km/h). Rob Douglas détient depuis la fin octobre 2010 le record du monde de vitesse effectué en namibie avec 55,65 nœuds (103,06 km/h)[15].

Le 24 novembre 2012, L'australien Paul Larsen a battu ce record sur son voilier Vestas SailRocket 2 en Namibie. La fusée australienne a atteint la vitesse de 65,45 nœuds (121,21 km/h) sur 500 m dont une pointe à 68,01 nœuds sur une seconde. La distance a été parcourue au large de Walvis Bay, en 14,85 secondes. Le record du mille nautique a également été battu, avec une moyenne de 55,32 nœuds.

Pratiquants notoires

Charlotte Consorti Triple championne du monde de vitesse en Kite - Mondial du Vent 2013 Leucate France

Références

Voir aussi

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Articles connexes

Lien externe

Publications