« Match de football RFA - France (1982) » : différence entre les versions

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Version du 6 juin 2011 à 10:47

Le , au stade Sánchez Pizjuán de Séville (Espagne), devant 70 000 spectateurs, s'est jouée la demi-finale de la Coupe du monde de football de 1982 qui opposa la France à la RFA.

Classique opposition de style entre la rigueur tactique et physique d'une part et le jeu technique et offensif d'autre part, ce match est devenu l'une des rencontres légendaires de l'histoire de la Coupe du monde. Cette rencontre est surtout marquée par l'agression non sanctionnée de Harald Schumacher sur Patrick Battiston évacué inconscient du terrain, et qui fut vécue comme l'une des injustices majeures du football français.

Avant la demi-finale

Parcours de l'équipe de France

Après une entame de compétition poussive (marquée notamment par une défaite sans appel contre l'Angleterre à Bilbao), la France est montée en puissance tout au long du tournoi. Qualifiés de justesse pour la deuxième phase de poule, les Bleus se sortent ensuite facilement de leur poule à trois (victoires contre l'Autriche et l'Irlande du Nord) accédant ainsi à leur première demi-finale mondiale depuis 1958.

Parcours de l'équipe de RFA

La performance de la RFA est également allée crescendo dans ce tournoi. Battue dès son premier match par l'Algérie à la surprise générale, la Mannschaft s'est relancée en écrasant le Chili, puis s'est qualifié sans gloire pour le deuxième tour à l'issue d'une victoire contre le voisin autrichien au cours de ce qu'on appelle le match de la honte, le score de 1-0 en faveur des Allemands suffisant à qualifier les deux équipes au détriment de l'Algérie. Au deuxième tour, l'équipe du sélectionneur Jupp Derwall s'est sortie d'un groupe très difficile, obtenant le nul contre l'Angleterre, avant de battre et donc d'éliminer l'Espagne à domicile. Contre les Bleus, la Mannschaft part largement favorite.

Dans les médias

Ce match promet l'opposition de deux styles presque diamétralement opposés. D'un côté, la rigueur allemande se caractérise par de grandes qualités physiques, des remontées de ballons très efficaces, un mental à toute épreuve. De l'autre, les Français font entrevoir un football débordant d'imagination, de spontanéité souvent comparé aux brésiliens. Mais il ne s'agit alors que d'une équipe prometteuse qui ne croit pas encore suffisamment en ses chances.

Feuille de match

8 juillet 1982 3–3 Sanchez Pizjuan, Séville
21h00
Historique des rencontres
(1–1) Spectateurs : 70 000
Arbitrage : Charles Corver
(rapport)
Tirs au but
5 - 4

France Équipe de France

Après avoir essayé diverses mises en place tactiques depuis le début de la compétition, Michel Hidalgo opte pour le même schéma de jeu que celui inauguré lors du match précédent contre l'Irlande du Nord. Il aligne un milieu de terrain à vocation très offensive, dans lequel on retrouve trois joueurs que l'on peut qualifier de « meneurs de jeu », avec Platini, Genghini et Giresse, auxquels s'ajoute l'infatigable mais également très technique Jean Tigana. Le carré magique est né. En réalité, l'animation du jeu est surtout confiée à Platini et Giresse, Genghini évoluant aux côtés de Tigana dans un rôle de milieu relayeur. En attaque, Didier Six, qui joue à Stuttgart en Allemagne, est préféré à Gérard Soler pour épauler Dominique Rocheteau, incertain jusqu'au coup d'envoi à la suite de sa blessure au genou contractée en marquant son second but contre l'Irlande du Nord.

Allemagne de l'Ouest :

Une absence de taille en équipe d'Allemagne de l'Ouest au coup d'envoi, celle de l'attaquant Rummenigge, blessé à la cuisse et incapable de tenir sa place.

Evolution du score

  • 1 - 0  : (18e) Pierre Littbarski, ballon qui file entre les jambes d'Ettori après avoir été repoussé par ce dernier.
  • 1 - 1  : (27e) Michel Platini, penalty (faute de B. Förster qui ceinture Rocheteau dans la surface suite à une remise de la tête de Platini)
  • 2 - 1  : (93e) Marius Trésor, reprise de volée à 8 m dans l'axe d'un coup franc tiré par Giresse dévié par le mini mur allemand à la limite droite de la surface de réparation.
  • 3 - 1  : (99e) Alain Giresse, reprise à 18 m dans l'axe d'une passe latérale de Six à gauche.
  • 2 - 3  : (103e) Karl-Heinz Rummenigge, après deux fautes consécutives non sifflées sur les attaquants français, remontée du ballon rapide : Rummenigge devance Janvion et bat Ettori.
  • 3 - 3  : (108e) Klaus Fischer, centre de Littbarski, remise de la tête de Hrubesch et retourné acrobatique de Fischer qui lobe Ettori et pétrifie les défenseurs français.

Récit du match

Première période équilibrée

Dès le coup d'envoi, les Allemands mettent la pression sur des Français timorés, voire complexés. Aux montées puissantes de Paul Breitner, succèdent les séries de dribble de leur intenable ailier de poche Pierre Littbarski, tantôt à gauche, tantôt à droite. Auteur d'un coup-franc qui s'écrase sur la barre transversale de Jean-Luc Ettori (17e minute), Littbarski ouvre logiquement la marque quelques instants plus tard en reprenant de loin un ballon repoussé par Ettori qui était préalablement sorti dans les pieds de Klaus Fischer, lancé de loin par Breitner. 1-0 pour l'Allemagne.

Nullement troublés par l'ouverture du score allemande, les Français réagissent et commencent à hausser leur niveau de jeu. Jouant de plus en plus bas, les Allemands multiplient les fautes. Un coup franc tiré plein axe par Giresse trouve la tête de Platini, qui remise sur Rocheteau, lequel est grossièrement retenu par la taille par Bernhardt Forster dans les 16 mètres. L'arbitre Monsieur Corver indique sans hésiter le point de penalty. Michel Platini embrasse le ballon, le pose sur le point de penalty et égalise d'une frappe puissante tirée à ras de terre, comme à son habitude (27e). 1-1

De plus en plus pressants, les Français font le siège de la surface de réparation allemande, sans parvenir à véritablement inquiéter le portier allemand Harald Toni Schumacher, lequel, très agressif, se distingue en multipliant les fautes et les provocations sur les joueurs français et leur public.

Seconde période : l'agression de Schumacher

De retour des vestiaires, les Français prennent les choses en mains, marquant un but par Dominique Rocheteau, refusé pour une faute peu évidente sur Bernd Förster. Puis ils subissent une grosse déconvenue avec la sortie sur blessure de Bernard Genghini, touché à la cheville suite à un contact avec le libero allemand Stielike. Évoluant au milieu de terrain, Genghini est remplacé par Patrick Battiston, arrière latéral de nature, mais replacé pour la circonstance au milieu. Cette rentrée de Battiston n'est pas loin d'être décisive. Dès son entrée en jeu, il se distingue par une frappe lointaine. Puis, quelques minutes plus tard, parfaitement lancé par une ouverture lumineuse de Michel Platini, Battiston se présente seul face au gardien allemand Harald Schumacher, sorti à sa rencontre. Le tir lobé de Battiston manque de peu le cadre, mais Schumacher poursuit sa course, et vient percuter Battiston avec une rare violence. Gisant inconscient sur la pelouse, Battiston est évacué hors du terrain sur une civière accompagné par son ami Michel Platini. Pendant ce temps, l'arbitre M. Corver se contente d'ordonner une remise en jeu en faveur de l'équipe allemande, se rendant ainsi responsable d'une des pires décisions d'arbitrage et d'une des plus grandes injustices de l'histoire de la Coupe du Monde [1].

Les Français, révoltés, haussent encore d'un ton leur niveau de jeu, dominant outrageusement une équipe d'Allemagne, de plus en plus fébrile tandis que le public du stade Sanchez Pizjuan, qui hue Schumacher à chacune de ses interventions, prend fait et cause pour le football offensif des Bleus. Ils vont alors réaliser une deuxième mi-temps de toute beauté, balayant les doutes qu'on pouvait avoir à leur égard. Mais souvent maladroits dans les 16 mètres, les attaquants français se montrent incapables de concrétiser leurs nombreuses occasions et de prendre l'ascendant au tableau d'affichage.

La dernière minute du temps réglementaire est marquée par la violente frappe lointaine du latéral français Manuel Amoros qui s'écrase sur la barre transversale de Schumacher. Mais dans les arrêts de jeu, les Allemands se rappellent au bon souvenir de tous par un tir croisé qui oblige Ettori à réaliser une spectaculaire parade en deux temps.

La prolongation

La prolongation débute parfaitement pour la France. En position d'avant-centre, le stoppeur français Marius Trésor reprend de volée un coup franc excentré et donne l'avantage aux Bleus (93e). Toujours aussi offensifs, les Bleus continuent de déferler par vagues sur la défense allemande. À la 99e minute, Dominique Rocheteau remonte la balle sur l'aile droite, transmet à Platini qui renverse vers Didier Six sur la gauche. L'ailier gauche français temporise un peu et sert en retrait Alain Giresse qui décoche une frappe à la limite de la surface. La balle frappe le poteau avant de rentrer dans la cage allemande. L'image de la joie de Giresse courant ivre de bonheur tel un pantin désarticulé restera à jamais figée comme un grand moment du football français. À 3-1, les Bleus semblent s'ouvrir la route vers la première finale de leur histoire, mais seulement quatre minutes après le but de Giresse, alors que les Bleus continuent toujours de camper dans les 16 mètres allemands, une première faute de Forster sur Giresse non sifflée puis une deuxième sur Platini, permet aux joueurs allemands de contre-attaquer : l'attaquant allemand Rummenigge, tout juste rentré en jeu, réduit l'écart en reprenant d'un revers du pied gauche un centre devant le but (103e). La rentrée en jeu de Rummenigge pose visiblement un véritable problème aux Bleus, incapables d'adapter leur organisation au renfort offensif des Allemands. Le match change soudain d'âme. Désormais, ce sont les offensives allemandes qui se multiplient tandis que les Français apparaissent débordés. Confirmation dès l'entame de la seconde période de la prolongation lorsque Fischer, démarqué dans la surface de réparation française, arrache l'égalisation d'un superbe retourné acrobatique après un centre de l'intenable Littbarski relayé par la légendaire tête de Hrubesh (108e). La fin de la prolongation tourne au calvaire pour les Bleus, mais le score ne change plus. Pour la première fois de l'histoire de la Coupe du monde de football, un match va se jouer aux tirs au but.

Le dénouement

Giresse, qui tourne ostensiblement le dos à Schumacher avant de s'élancer, est le premier joueur à tirer… et à marquer. Le capitaine Manfred Kaltz lui répond. Amoros mâchonne son chewing gum, prend deux pas d'élan et avec un exceptionnel sang froid trouve la lucarne de Schumacher. C'est ensuite au tour du vétéran Breitner de ne pas trembler. Rocheteau inscrit le troisième tir français, avant que Stielike n'échoue face à Ettori. L'Allemand est alors effondré et se recroqueville sur lui-même. Le réalisateur de la télévision espagnole est encore fixé sur Stielike, en larmes dans les bras de Littbarski, lorsque Six échoue à son tour[2]. Six s'écroule de la même façon que le fit Stielieke. En inscrivant son tir, Littbarski remet donc les deux équipes à égalité. Après Platini et Rummenigge, c'est au tour de Maxime Bossis, auteur d'un match exceptionnel a son poste de latéral droit, de s'élancer. Sa frappe, repoussée par Schumacher, offre une balle de match à l'Allemagne, balle de match que Horst Hrubesch se charge de transformer en victoire, envoyant la Mannschaft en finale.

A l'issue du match, Patrick Battiston se montrera d'une grande mansuétude vis-à-vis de son agresseur Harald Schumacher. Le portier allemand, lui, fera cette déclaration cynique : « Si vraiment ça lui fait plaisir, je lui paierai ses frais de dentiste »[3].

Le lendemain, le quotidien sportif L'Équipe écrit en une « Fabuleux ! ».

Le 10 juillet, les Français s'inclinent 3-2 contre la Pologne pour la 3e place. Le 11 juillet, jour de la finale, l'Allemagne s'incline trois buts à un face à l'Italie.

Citations

« Aucun film au monde, aucune pièce ne saurait transmettre autant de courants contradictoires, autant d'émotions que la demi-finale perdue de Séville. » Michel Platini

« Séville est à part. Moi, je le range définitivement dans le musée imaginaire du football. Dans cinquante ans, les enfants s'en donneront encore à cœur joie. Ils se bousculeront devant les images, afin d'observer ce qu'une défaite peut avoir de grandiose lorsque le champ de bataille est à la hauteur […]. D'une certaine façon, Séville n'est même plus un rendez-vous manqué. C'est un combat figé dans l'histoire du sport. »
Pierre-Louis Basse, extrait de son livre Séville 82

Le match dans la culture populaire

  • Dans le livre La Tranchée d’Arenberg et autres voluptés sportives de Philippe Delerm une nouvelle y est dédié.
  • Dans le film Un ticket pour l'espace, Vincent Moscato interprète le rôle d'un vigile qui a décidé d'exercer cette profession après avoir vu l'agression d'Harald Schumacher lors de France-Allemagne 1982. Avant la demi-finale, il exerçait le métier de pâtissier.
  • Le 8 août 2006, au Parc des Princes, l'artiste Massimo Furlan joua la pièce Numéro 10. Seul sur la pelouse et sans ballon, il reproduisit le match de Michel Platini lors de la demi-finale[4].
  • Le chanteur Bartone interprète une chanson intitulée France Allemagne 82 sur son album Cador (2005).
  • Le groupe JAVA dans sa chanson J'me marre cite : « La défaite est un art, regarde les grands, ceux qui ont marqué l'histoire : Vercingétorix, Didier Six, Maxime Bossis quand il a tiré sur la barre. Enfin, j'vais pas te refaire le scénar, quand j'parle de Séville 82, j'ai envie de chialer... ».
  • A la fin de la chanson Solexine et Ganja d'Hubert-Félix Thiéfaine, on entend indistinctement en fond sonore le reportage radiophonique (voix de Jacques Vendroux) de l'échec de Stielieke puis de Six pendant la séance de tirs aux buts.
  • En 1986, à l'occasion de la Coupe du monde au Mexique, la chanson Viva les Bleus, fait référence à la demi-finale[5].
  • Le site internet haraldschumacher.com fut créé par le site footnostalgie.free.fr et immédiatement « pris en otage » pour en faire un mémorial.

Voir aussi

Bibliographie

Documentaire

  • Emilio Maillé, Un 8 juillet à Séville, production Flash film pour France 2[6].

Références

  1. (en) World's worst refereeing decisions
  2. Lorsque Didier Six manqua son tir au but, le réalisateur de la télévision espagnole filmant la détresse de Stielike réconforté par Littbarski fut surpris tant le tir du français intervint rapidement : ainsi aucun téléspectateur ne put voir cet essai manqué de Six. Cette promptitude s'explique ainsi : Six avait été désigné comme avant-dernier tireur de la série. Il vint demander à Platini après le tir manqué de Stielike d'inverser les rôles afin d'avoir la joie de qualifier la France. Devant le refus du capitaine des Bleus, plutôt fâché, il fila rapidement au point de pénalty.
  3. Pierre-Louis Basse, Séville 82.
  4. Séville 1982 bis sur lexpress.fr
  5. Viva les Bleus sur Bide et musique.
  6. fiche du film sur flachfilm.com

Liens externes