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« Rocket 88 » : différence entre les versions

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'''''Rocket 88''''' est une [[chanson]] de [[rhythm and blues]] écrite par [[Jackie Brenston]]. Elle est inspirée de ''Cadillac Boogie'' de Jimmy Liggins. Dans les paroles, Brenston remplace la vieille cadillac par la nouvelle [[Oldsmobile]] Rocket Hydra-Matic 88. La mélodie est quasiment la même.
'''''Rocket 88''''' est une [[chanson]] de [[rhythm and blues]] écrite par [[Jackie Brenston]]. Elle est inspirée du ''Cadillac Boogie'' de Jimmy Liggins, publié en [[1947 en musique|1947]]. Dans les paroles, Brenston remplace la vieille cadillac par la nouvelle [[Oldsmobile]] Rocket Hydra-Matic 88. La mélodie est quasiment la même, mais le son est différent, nouveau, essentiellement à cause des musiciens et des circonstances de la session.


Jackie Brenston et [[Ike Turner]] [[enregistrement sonore|enregistrent]] ce morceau à [[Memphis (Tennessee)|Memphis]] le [[3 mars]] [[1951 en musique|1951]] dans le studio du jeune producteur [[Sam Phillips]]. Celui-ci vend la chanson à [[Chess Records]], qui l'édite en [[single (musique)|single]] en avril, sous le nom de « Jackie Brenston & his Delta Cats », avec ''Come Back Where You Belong'' sur la face B. Deux autres titres enregistrés le même jour, sont eux crédités à « Ike Turner & [[Kings of Rhythm|The Kings of Rhythm]] ».
Jackie Brenston et [[Ike Turner]] [[enregistrement sonore|enregistrent]] ce morceau à [[Memphis (Tennessee)|Memphis]] le [[3 mars]] [[1951 en musique|1951]], dans le studio du jeune producteur [[Sam Phillips]]. Celui-ci vend la chanson à [[Chess Records]], qui l'édite en [[single (musique)|single]] en avril, sous le nom de « Jackie Brenston & his Delta Cats », avec ''Come Back Where You Belong'' sur la face B. Deux autres titres enregistrés le même jour sont crédités à « Ike Turner & [[Kings of Rhythm|The Kings of Rhythm]] ».


De fait, l'interprétation sauvage de ce morceau, par les cinq musiciens de la session, est atypique :
''Rocket 88'' entre dans le classement R&B à la fin du mois d'avril, pour atteindre la première place. Ce [[disque microsillon|disque]] est une des meilleures ventes de l'année 1951 aux [[États-Unis]] dans la catégorie Rhythm & Blues.
« ''L'amplification saturée de la guitare électrique de Willie Kizart, les glissandos périlleux et les triolets frénétiques du piano d'Ike Turner (...), les hurlements post-mélodiques du saxophone de Raymond Hill, le son de poubelle de la batterie de Willie Sims et celui, cru et consciencieusement dégénéré, du chant, des cris et autres glapissements de Jackie Brenston...'' »<ref>[[Nick Tosches]] : ''[[Héros oubliés du rock'n'roll]]'', Allia, 2000, p. 187</ref>, le classent parmi les précurseurs de l'histoire du rock. Le jeu de piano de Turner inspirera notamment celui de [[Little Richard]] pour son titre ''Good Golly Miss Molly''. Sam Phillips a été encore plus précis sur le "son de la guitare" du morceau, quand il a expliqué au critique Robert Palmer : "''Ce jour-là, Willie Kazart est arrivé au studio avec le cône de son ampli bousillé, car il venait de faire tomber l'ampli. Le son était complètement distordu mais m'a quand même plu parce que ça sonnait original, nouveau. On l'a rafistolé comme on a pu avec du ruban adhésif et on a enregistré comme ça : le son bizarre de "saxo étouffé" qu'on entend, c'est en fait ce qui est vraiment sorti de l'ampli guitare à cette session !''"<ref name=manote>Jim Dawson and Steve Propes. ''What was the first rock'n'roll record ?'', Faber & Faber, 1992, p. 89-90</ref>.


''Rocket 88'' entre dans le classement R&B à la fin du mois d'avril, pour atteindre la première place en juin et il restera cinq semaines consécutives à cette place. Ce [[disque microsillon|single]] est la deuxième meilleure de l'année 1951 aux [[États-Unis]], dans la catégorie Rhythm & Blues.<ref name=manote />
Devant tant de succès, ils enregistrent une suite intitulée ''My Real Gone Rocket''. Mais Turner finit par prendre ombrage de la popularité de son coéquipier, et les deux hommes ne tardent pas à se séparer. Quand ils se reformeront, quelques années plus tard, Turner interdira à Brenston de chanter ''Rocket 88'' en public.


Devant tant de succès, ils enregistrent une suite intitulée ''My Real Gone Rocket''. Mais Turner finit par prendre ombrage de la popularité de son coéquipier et les deux hommes ne tardent pas à se séparer. Quand ils se reformeront, quelques années plus tard, Turner interdira à Brenston de chanter ''Rocket 88'' en public.
Sam Phillips, voyant l'argent que Chess a gagné à sa place, se décidera à créer son propre label l'année suivante, baptisé [[Sun Records]]. Bien qu'il ait découvert [[Elvis Presley]], il déclarera que ''Rocket 88'' était le premier succès du [[rock 'n' roll]].


Sam Phillips, voyant l'argent que Chess a gagné à sa place, se décidera à créer son propre label l'année suivante, baptisé [[Sun Records]]. Bien qu'il ait découvert [[Elvis Presley]], il déclarera que ''Rocket 88'' était le premier succès du [[rock 'n' roll]].
De fait, l'interprétation sauvage de ce morceau par les cinq musiciens :
« ''L'amplification saturée de la guitare électrique de Willie Kizart, les glissandos périlleux et les triolets frénétiques du piano d'Ike Turner (...), les hurlements post-mélodiques du saxophone de Raymond Hill, le son de poubelle de la batterie de Willie Sims et celui, cru et consciencieusement dégéré, du chant, des cris et des autres glapissements de Jackie Brenston...'' »<ref>[[Nick Tosches]] : ''[[Héros oubliés du rock'n'roll]]'', Allia, 2000, p.187</ref>, le classe parmi les précurseurs de l'histoire du rock. Le jeu de piano de Turner inspirera notamment celui de [[Little Richard]] pour son titre ''Good Golly Miss Molly''. Phillips a été encore plus précis sur le "son de la guitare" du morceau, quand il a raconté au critique Robert Palmer : "''Ce jour-là, Willie Kazart est arrivé au studio avec le cône de son ampli bousillé, car il venait de faire tomber l'ampli. Le son était complètement distordu mais m'a quand même plu, parce que ça sonnait original, nouveau. On l'a rafistolé comme on a pu avec du ruban adhésif et on a enregistré comme ça : le son bizarre de "saxo étouffé" que vous entendez, c'est ce qui est vraiment sorti de l'ampli à cette session !''"<ref>Jim Dawson and Steve Propes, ''[What was the first rock'n'roll record ?'', Faber & Faber, 1992, p. 89</ref>


[[Bill Haley]] enregistre une version de ''Rocket 88'' avec son groupe The Saddle-Men publiée sur le label Holiday en juillet 1951. Il est le premier musicien blanc à faire une [[reprise]] d'un n°1 de rhythm and blues.
[[Bill Haley]] enregistre une version de ''Rocket 88'' avec son groupe The Saddle-Men, publiée sur le label ''Holiday'' en juillet 1951. Il est le premier musicien blanc à faire une [[reprise]] d'un n°1 de rhythm and blues.


[[Charlie Watts]] publie l'[[album (musique)|album]] ''Rocket 88'' en 1981 avec [[Alexis Korner]], [[Jack Bruce]], [[Ian Stewart (musicien)|Ian Stewart]] et d'autres invités.
En 1981, [[Ian Stewart]] produira l'[[album (musique)|album]] ''Rocket 88'', qui commence par une version instrumentale live de ce morceau, sur laquelle jouent [[Alexis Korner]] à la guitare électrique, [[Jack Bruce]] à la basse, [[Charlie Watts]] à la batterie, Bob Hall ou George Green au piano et une section de 4 cuivres<ref>[[Harry Shapiro]]. ''Alexis Korner : The biography'', Bloomsbury, 1996, p. 251</ref>


== Notes et références ==
== Notes et références ==

Version du 19 avril 2009 à 11:37

Rocket 88 est une chanson de rhythm and blues écrite par Jackie Brenston. Elle est inspirée du Cadillac Boogie de Jimmy Liggins, publié en 1947. Dans les paroles, Brenston remplace la vieille cadillac par la nouvelle Oldsmobile Rocket Hydra-Matic 88. La mélodie est quasiment la même, mais le son est différent, nouveau, essentiellement à cause des musiciens et des circonstances de la session.

Jackie Brenston et Ike Turner enregistrent ce morceau à Memphis le 3 mars 1951, dans le studio du jeune producteur Sam Phillips. Celui-ci vend la chanson à Chess Records, qui l'édite en single en avril, sous le nom de « Jackie Brenston & his Delta Cats », avec Come Back Where You Belong sur la face B. Deux autres titres enregistrés le même jour sont crédités à « Ike Turner & The Kings of Rhythm ».

De fait, l'interprétation sauvage de ce morceau, par les cinq musiciens de la session, est atypique : « L'amplification saturée de la guitare électrique de Willie Kizart, les glissandos périlleux et les triolets frénétiques du piano d'Ike Turner (...), les hurlements post-mélodiques du saxophone de Raymond Hill, le son de poubelle de la batterie de Willie Sims et celui, cru et consciencieusement dégénéré, du chant, des cris et autres glapissements de Jackie Brenston... »[1], le classent parmi les précurseurs de l'histoire du rock. Le jeu de piano de Turner inspirera notamment celui de Little Richard pour son titre Good Golly Miss Molly. Sam Phillips a été encore plus précis sur le "son de la guitare" du morceau, quand il a expliqué au critique Robert Palmer : "Ce jour-là, Willie Kazart est arrivé au studio avec le cône de son ampli bousillé, car il venait de faire tomber l'ampli. Le son était complètement distordu mais m'a quand même plu parce que ça sonnait original, nouveau. On l'a rafistolé comme on a pu avec du ruban adhésif et on a enregistré comme ça : le son bizarre de "saxo étouffé" qu'on entend, c'est en fait ce qui est vraiment sorti de l'ampli guitare à cette session !"[2].

Rocket 88 entre dans le classement R&B à la fin du mois d'avril, pour atteindre la première place en juin et il restera cinq semaines consécutives à cette place. Ce single est la deuxième meilleure de l'année 1951 aux États-Unis, dans la catégorie Rhythm & Blues.[2]

Devant tant de succès, ils enregistrent une suite intitulée My Real Gone Rocket. Mais Turner finit par prendre ombrage de la popularité de son coéquipier et les deux hommes ne tardent pas à se séparer. Quand ils se reformeront, quelques années plus tard, Turner interdira à Brenston de chanter Rocket 88 en public.

Sam Phillips, voyant l'argent que Chess a gagné à sa place, se décidera à créer son propre label l'année suivante, baptisé Sun Records. Bien qu'il ait découvert Elvis Presley, il déclarera que Rocket 88 était le premier succès du rock 'n' roll.

Bill Haley enregistre une version de Rocket 88 avec son groupe The Saddle-Men, publiée sur le label Holiday en juillet 1951. Il est le premier musicien blanc à faire une reprise d'un n°1 de rhythm and blues.

En 1981, Ian Stewart produira l'album Rocket 88, qui commence par une version instrumentale live de ce morceau, sur laquelle jouent Alexis Korner à la guitare électrique, Jack Bruce à la basse, Charlie Watts à la batterie, Bob Hall ou George Green au piano et une section de 4 cuivres[3]

Notes et références

  1. Nick Tosches : Héros oubliés du rock'n'roll, Allia, 2000, p. 187
  2. a et b Jim Dawson and Steve Propes. What was the first rock'n'roll record ?, Faber & Faber, 1992, p. 89-90
  3. Harry Shapiro. Alexis Korner : The biography, Bloomsbury, 1996, p. 251