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*Selon la tradition populaire des musulmans, la basmala aurait un effet protecteur contre les [[Jinns|Djinns]]<ref>{{Ouvrage|nom1=Benjamin Kilborne|titre=Interprétations du rêve au Maroc|volume=2|lieu=Claix|éditeur=La Pensée sauvage|collection=Bibliothèque d'ethnopsychiatrie|année=1978|pages totales=242|passage=181|isbn=2-85919-010-4}}.</ref>.
* La ''Basmala'' est largement utilisée dans la vie musulmane quotidienne, dite comme l'ouverture de chaque action afin de recevoir la bénédiction de Dieu<ref>{{Lien web |titre=Islamic-Dictionary.com |url=https://web.archive.org/web/20151208061528/http://www.islamic-dictionary.com/index.php?word=bismillah |site=web.archive.org |date=2015-12-08 |consulté le=2024-02-26}}</ref>.  
* La récitation de la ''Basmala'' est une condition nécessaire à la préparation de plats [[halal]].

* Selon la tradition populaire des musulmans, la basmala aurait un effet protecteur contre les [[Jinns|Djinns]]<ref>{{Ouvrage|nom1=Benjamin Kilborne|titre=Interprétations du rêve au Maroc|volume=2|lieu=Claix|éditeur=La Pensée sauvage|collection=Bibliothèque d'ethnopsychiatrie|année=1978|pages totales=242|passage=181|isbn=2-85919-010-4}}.</ref>.

* Dans le sous-continent indien, une cérémonie Bismillah est organisée pour l'initiation d'un enfant à l'Islam.
* Vers 1980, l'[[Islamic Republic of Iran Broadcasting|IRIB]] l'utilisait avant de lancer ses journaux télévisés.


==== Numérologie ====
==== Numérologie ====

Version du 7 avril 2024 à 15:06

Basmala sur des panneaux en céramique exposés au département des arts de l'Islam du musée du Louvre (Syrie, XVIeXVIIe siècle)

La ou le basmala (arabe : بَسْمَلَة) est la formule bismillāhi r-Raḥmāni r-Raḥīmi (بِسْمِ ٱللَّٰهِ ٱلرَّحْمَٰنِ ٱلرَّحِيمِ)[1],[2] — « Au nom de Dieu le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » —, qui figure au début de chaque sourate du Coran, à l'exception de la neuvième, at-Tawba[3]. Par la suite, la formule est aussi devenue largement utilisée, dans différents contextes : au début de textes de différentes sortes, ou encore elle est récitée avant nombre d'actions de la vie quotidienne, le plus souvent dans sa version abrégée bismillah (بِسْمِ ٱللَّٰهِ), signifiant « Au nom de Dieu ».

La basmala est-elle un verset du Coran ?

Basmala en style kufi sur la façade de la mosquée Bou Ftata à Sousse.

La basmala est donc la formule qui ouvre toutes les sourates, excepté la neuvième. Les avis ont divergé quant à son statut[4] : est-elle un verset dans chaque sourate qui commence par elle ? Est-elle un verset de la première sourate du Coran, al-Fatiha ?

On relèvera que la basmala n'apparaît dans le texte coranique lui-même (et non pas au début d'une sourate) qu'une seule fois, au verset 30 de la sourate 27, an-Naml: elle est en tête d'une lettre que le roi Salomon a envoyée à la reine de Saba[5] : « (29) La reine dit: "Ô vous, les chefs du peuple! Une noble lettre m'a été lancée; (30) elle vient de Salomon; la voici: "Au nom de Dieu! celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux! (31) Ne vous enorgueillissez pas devant moi; venez à moi soumis." (Trad. Denise Masson) »

Cas de la Fatiha

La sourate al-Fatiha est la seule sourate dont la basmala a été considérée comme un verset, comme le montrent les éditions basées sur la version canonique du Caire (1923), si bien que la sourate en compte sept. À l'inverse, certains arabisants l'ont exclue, comme Richard Bell, et la sourate en a donc six.

Le choix d'inclure la basmala comme verset permettrait de s'accorder avec Coran 15:87, dans lequel de nombreux oulémas voient une allusion à la Fatiha, et qui dit ceci : « Nous t'avons donné apporté les sept redoublements, le Coran sublime »[6] ou « Nous t'avons donné Sept des Répétées et la Prédication solennelle »[7] (وَلَقَدْ آتَيْنَاكَ سَبْعًا مِنَ الْمَثَانِى وَالْقُرْآنَ الْعَظِيمَ, Wa-laqad 'ataynā-ka sab`āan min al-mathānī wa-l-Qur'āna l-`aẓīma). Mais tant Jacques Berque que Régis Blachère relèvent qu'il est très difficile de savoir ce que sont exactement ces « sept redoublements » ou ces « sept répétées » (سَبْعًا مِنَ الْمَثَانِي, sab`āan min al-mathānī), et que l'exégèse de ce verset est délicate, si bien qu'elle ne fait pas l'unanimité. Ainsi, l'un comme l'autre remarquent que l'expression « sept redoublements » a pu être interprétée comme une allusion aux sept versets de la Fatiha, mais aussi aux sept plus longues sourates[8],[9] ; Berque conclut qu'« il est impossible de préciser ».

Dans les premiers manuscrits, cette formule est parfois sur la même ligne que le premier verset, tandis qu'elle occupe ailleurs une ligne seule[4]. Ces variations tiennent, selon Éléonore Cellard, peut-être plus à un problème de mise en page[10].

Deux traditions existent quant au statut de la basmala. Pour les récitateurs de Médine ou de Syrie, ainsi que pour l'école hanifite, la basmala est avant tout un marqueur de division du texte et non un verset. Ils ne la récitent donc pas pendant la prière. À l'inverse, ceux de La Mecque ou de l'école shaféite la récitent[4].

Basmala dans le style naskh.

Sources et influences

La formule n'apparaît qu'une fois à l'intérieur même du texte coranique, au verset 30 de la sourate 27 (an-Naml) où elle est la formule d'ouverture d'une lettre envoyée par Salomon à la reine de Saba[5], ce qui, pour Blachère, est signe qu'à l'époque de Mahomet déjà, elle figurait nécessairement au début d'un écrit[11]. Selon des sources musulmanes, une telle formule, citant alors une autre divinité qu'Allah, existait chez les polythéistes de l'époque préislamique. Aucune source historique ne le confirme. Il a été proposé de voir dans une formule mazdéenne un antécédent mais celle-ci dérive déjà pour Manfred Kropp du monde sémitique, juif ou chrétien[4].

De nombreux chercheurs se sont penchés sur les rapports entre la basmala et des formules juives ou chrétiennes. Nöldeke et Schwally voyaient dans les formules « Au nom de YHWH » et « Au nom du Seigneur », provenant respectivement de l'Ancien et du Nouveau Testament, des antécédents. Si la première proposition présente une même particularité orthographique que la basmala, elle n'expliquerait pourtant pas la deuxième partie de la formule[4].

Pour Kropp, la double épithète est une « citation claire » du Livre des Psaumes, formule utilisée à l'époque préislamique dans la liturgie en langue guèze, sous la forme « Au nom de Dieu, le Miséricordieux et Compatissant ». Cet usage liturgique se retrouve dans des textes syriaques, dont l'anaphore attribuée à Nestorius (Ve siècle) qui commence par : « O Seigneur ! Dieu miséricordieux, clément et compatissant »[4]. Ces parallèles permettent de mieux comprendre la basmala, tant sur le plan du lexique que sur celui de son « éventuel Sitz im Leben » [= circonstances de production] en tant qu'usage liturgique[4].

Historique

Les premières inscriptions officielles épigraphiques de la basmala remontent à la fin du VIIe siècle, au règne du calife Abd al-Malik, connu pour ses grandes réformes d'islamisation. Des monnaies plus anciennes contiennent des variantes ou des formes simplifiées. À partir d'Abd al-Malik, elle apparaît sur les monnaies, les papyrus, les inscriptions monumentales... Elle possède alors une fonction officielle « politico-religieuse »[4].

Néanmoins, la basmala existe déjà dans des inscriptions populaires. La plus ancienne, étudiée par Muhammad 'Ali al-Hajj, remonte à la fin du VIe siècle ou au début du VIIe et se trouve au sud du Yémen. Il s'agit de la plus ancienne attestation de la basmala, mais une attestation préislamique, en sudarabique de type zaburi[Quoi ?]. « Selon al-Hajj, cette attestation préislamique en Arabie du Sud, d'un basmala équivalente à celle du Coran s'explique par la présence ancienne de Chrétiens employant une terminologie monothéiste ». D'autres inscriptions, celles-ci en arabe, plus récentes mais précédant tout de même la réforme d'Abd al-Malik, sont connues[4].

Frédéric Imbert remarque que les graffiti islamiques font l'objet de concurrences entre les formulaires, certaines formules excluant d'autres, comme la basmala du site de Bada[Où ?]. Cela illustre les phases d'évolution et de développement de ces formules[12].

Analyse

Composition et traductions

La basmala commence par la préposition bi (« avec, par, au moyen de ») et le terme ism (« nom »). En arabe, nom est en principe composé des lettres alif (ا), sīn (س) et mīm (م), ce qui donne finalement ism : اسم. Mais, dans les éditions imprimées du Coran, le alif tombe, et le mot ism se lie directement à la préposition bi, et on a donc bi-sm : بسم. C'est un cas unique en arabe et la présence du alif est variable selon les manuscrits. Cela pourrait provenir d’un héritage de la graphie hébraïque ou syriaque[4].

La seconde partie pose des difficultés syntaxiques et sémantiques. Ces deux termes, ar-Raḥmān (ٱلرَّحْمَٰن) et ar-Raḥīm (ٱلرَّحِيم), peuvent être compris comme des juxtapositions (usage préféré par les exégètes musulmans et le plus répandu dans les traductions du Coran)[4] :

  • Trad. Richard Bell : « Au nom d'Allah, le Miséricordieux, le Compatissant »
  • Trad. Richard Bell : « Au nom d'Allah, le Tout Miséricorde, le Miséricordieux »

Une seconde solution serait de les considérer comme des attributs[4] :

  • Trad. Rudi Paret : « Au nom du Dieu miséricordieux et bon »

Enfin, il est aussi possible de considérer Raḥmān comme un nom divin apposé à Allah[4] :

  • Trad. Régis Blachère : « Au nom d'Allah, le Bienfaiteur miséricordieux »

Considérant Raḥmān comme un nom propre, Christian Robin propose[4] :

  • « Au nom du dieu al-Rahmàn le miséricordieux »

Ar-Raḥmān, ar-Raḥīm

Les deux mots ar-Raḥmān (ٱلرَّحْمَٰن) et ar-Raḥīm (ٱلرَّحِيم) dérivent de la même racine trilittère, R-Ḥ-M. Celle-ci a donné de nombreux mots équivalents dans différentes langues sémitiques (sudarabique, syriaque, hébreu...)[4].

Certains lexicographes voyaient dans le premier un terme d'origine hébraïque. Les orientalistes le considèrent comme une dérivation sudarabique, juive ou chrétienne. Christian Robin a remarqué que le Dieu des Juifs est anonyme dans les inscriptions sudarabiques jusqu'au Ve siècle et qu'il reçoit le nom de Rahmanan vers 450-460. Selon lui, le Raḥmān de la basmala est un nom propre. Apparaissant à 57 reprises dans le Coran, il est toujours précédé de l'article défini (al- devenant ar- devant la lettre ). Ce terme est toujours utilisé, dans le Coran, pour désigner Dieu[4].

Le second, selon le papyrus bilingue Heidelberg 21, a le sens de « bon », « bienveillant » et les auteurs musulmans le voient comme un mot d'origine arabe. Ce terme est le plus souvent sans article défini et peut être appliqué à un homme[4].

Basmala et tradition populaire

La basmala a toujours été la formule favorite des calligraphes arabes[réf. souhaitée]. On peut apprécier les jeux formels sur la basmala dans le livre de Hassan Massoudy[13]. La phrase est si courante en arabe que le système Unicode a prévu un caractère unique (ligature) pour la représenter : (U+FDFD).

  • Selon la tradition populaire des musulmans, la basmala aurait un effet protecteur contre les Djinns[14].

Numérologie

Basmala calligraphié moghol
Gématrie

Selon le système standard de numérologie Abjadi , la valeur totale des lettres de la Basmala islamique, c'est-à-dire la phrase, est de 786 .  Ce nombre a donc acquis une signification dans l'Islam populaire et la magie populaire du Proche-Orient et apparaît également dans de nombreux cas de culture pop, comme son apparition dans la chanson de 2006 « 786 All is War » du groupe Fun-Da-. Mental .  Une recommandation de réciter la basmala 786 fois en séquence est enregistrée dans Al-Buni . Sündermann (2006) rapporte qu'un « guérisseur spirituel » syrien contemporain recommande de réciter la basmala 786 fois avec une tasse d'eau, qui doit ensuite être ingérée comme médicament[15].

Il est également devenu courant d'abréger l'expression en tapant « 786 », notamment dans les communications en ligne, et notamment parmi les musulmans d'Asie du Sud.

Basmala chez les chrétiens

Chez les chrétiens arabes, le terme « basmala » peut désigner l'expression biblique « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (باسم الآب والابن والروح القدس, bismi-l-’ābi wa-l-ibni wa-r-rūḥi l-qudusi), qui se trouve dans l'Évangile (Matthieu 28:19). Cette formule est parfois complétée à la fin par « Un seul Dieu » ( الإله الواحد, al-ilâh al-wâhid), pour marquer le caractère monothéiste du christianisme.

Toutefois, la formule coranique a aussi été employée par les chrétiens, qui lui donnent alors un sens spécifiquement chrétien[16].

Formule concordante avec l'ancien testament

En effet, la formule "Au nom de Dieu, clément et miséricordieux" ; s'accorde fort bien en se rapprochant d'une formule que l'on retrouve abondamment dans l'Ancien Testament "Dieu compatissant et miséricordieux" ; ( אל־רחום וחנון).

Citations bibliques :

Exode 34.6[17] : «Et l'Eternel passa devant lui, et s'écria: L'Eternel, l'Eternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité…»

2 Chroniques 30.9[18] : «Si vous revenez à l'Eternel, vos frères et vos fils trouveront miséricorde auprès de ceux qui les ont emmenés captifs, et ils reviendront dans ce pays; car l'Eternel, votre Dieu, est compatissant et miséricordieux, et il ne détournera pas sa face de vous, si vous revenez à lui.»

Néhémie 9.17[19] : «ils refusèrent d'obéir, et ils mirent en oubli les merveilles que tu avais faites en leur faveur. Ils raidirent leur cou; et, dans leur rébellion, ils se donnèrent un chef pour retourner à leur servitude. Mais toi, tu es un Dieu prêt à pardonner, compatissant et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté, et tu ne les abandonnas pas…»

Néhémie 9.31[20] : «Mais, dans ta grande miséricorde, tu ne les anéantis pas, et tu ne les

abandonnas pas, car tu es un Dieu compatissant et miséricordieux.»

Psaume 86.15[21] : «Mais toi, Seigneur, tu es un Dieu miséricordieux et compatissant, Lent à la colère, riche en bonté et en fidélité»

Psaume 103.8 ; 145.8[22]: «L'Eternel est miséricordieux et compatissant, Lent à la colère et riche en bonté ;…»

Psaume111.4[23]: «Il a laissé la mémoire de ses prodiges, L'Eternel miséricordieux et

compatissant.»

Joël 2.13[24] : «Déchirez vos cœurs et non vos vêtements, Et revenez à l'Eternel, votre Dieu ; Car il est compatissant et miséricordieux, Lent à la colère et riche en bonté, Et il se repent des maux qu'il envoie.»

Jonas 4.2[25] : «Il implora l'Eternel, et il dit: Ah ! Eternel, n'est-ce pas ce que je disais quand j'étais encore dans mon pays ? C'est ce que je voulais prévenir en fuyant à Tarsis. Car je savais que tu es un Dieu compatissant et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté, et qui te repens du mal.»

Ces divers passages montrent assez que la description de Dieu comme "clément et miséricordieux" est parfaitement acceptable par des chrétiens, d'autant plus que, dans la version syriaque des psaumes les termes hébreux sont rendus par "me Raḥmon me Raḥpon" les équivalents exacts de "ar-Raḥman ar-Raḥim".

La basmala comme cryptogramme christologique[26]

Toutefois, bien que cette formule soit acceptable en tant que telle, cela n'a pas empêché les chrétiens de chercher si elle ne pouvait pas receler un sens caché. Notons que, dans la tradition arabe musulmane, la basmala a été commentée en prêtant attention au sens mystique des lettres et des mots. Il n'y avait donc pas de raison que des chrétiens ne fassent pas de même.

Dans un écrit de Macaire III d'Antioche (patriarche melkite de 1647 à 1672), il dit :

Mon défunt père, le prêtre Paul interprétait les lettres de la Basmala, que l'on trouve dans le coran, et qui est "b-ismi-llāhi r-raḥmāni r-raḥīmi) اﷲ)

Les lettres sont :

B-S-M-A-L-L-H-A-L-R-Ḥ-M-A-N-A-L-R-Ḥ-Y-M.

(ب س م ا ل ل ه ا ل ر ح م ن ا ل ر ح ي م

Elles sont donc au nombre de 20.

Prenez l'ensemble des lettres, à partir du milieu, et placez-les de la manière suivante :

A-L-M-S-Y-Ḥ-A-B-N-A-L-L-H-A-L-M-M-Ḥ-R-R. (ا ل ل ه ا ل م م ح ر را ل م س ي ح ا ب ن )

On obtient : "Al-Masih Ibn Allah, Alim Muḥarir" ; (&quot; ر# ﷲ ا اE # ) ال

[ce qui se traduit "Christ, Fils de Dieu, Souffrance libératrice"].

C'est donc tout simplement au moyen d'une anagramme que l'on parvient au sens caché.

La basmala : une formule trinitaire ?[27]

Mais si la basmala peut être interprétée ; au prix de quelque redéploiement comme désignant le "Christ Fils de Dieu", est-ce là l'unique possibilité d'interprétation chrétienne ? De fait, si "Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit" ; est la formule trinitaire de référence et la plus répandue, étant exprimée en ces termes dans l'Evangile (Mt 28.20) et une épître de St Paul (2 Cor 13.14), d'autres ont existé, dont une s'est même imposée dans la Liturgie ; Le Trisagion. La triple répétition de "Saint" ; (ἅγιος, au masculin) dans le chant des séraphins, "Saint saint saint le Seigneur Sabaoth" ; [ἅγιος ἅγιος ἅγιος κύριος σαβαωθ] (Esaïe 6.3) a donné une nouvelle formule insérée dans la Divine Liturgie, pour s'adresser à Dieu trinité dans la supplique "Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel, aie pitié de nous"(Άγιος ο Θεός, άγιοςΙσχυρός, άγιος Αθάνατος, ελέησον ηµάς&quot;...). La séquence est donc, cette fois «Dieu, Fort, Immortel».

Autres exemple St.Théophile d'Antioche, aux balbutiements de la théologie chrétienne, n'hésitait pas à employer deux autres formules dans ses Traités à Autolycus.

Étant le premier témoin connu à employer le terme Trinité, il la définit comme suit :

«la Trinité, c'est-à-dire de Dieu, son Verbe et son Esprit» (II Autol 15).

Dès lors, ne serait-il pas possible que la basmala «Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux», considérée comme conforme à l'enseignement biblique ait pu ; du fait de sa présentation ternaire, son parallélisme avec la formule trinitaire et l'adéquation parfaite du sens, être interprétée comme une formule trinitaire ?

C'est effectivement ce que l'on constate :

Un passage se trouve dans le «Kitab magmu' yastamil ala ahbār wa-ma 'ani katira»[28] de Macaire Ibn al-Zaïm.

"Fils de Dieu, Souffrant, Libérateur"., en parallèle avec l'antique formule grecque «Ἰησοῦς Χριστὸς, Θεοῦ Υἱὸς, Σωτήρ» ; (Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur).ou dans l'Apocalypse de Bahira ; Bahira est un personnage clé, quoique échappant à toute investigation historique, des débuts de l'islam. Selon les musulmans (Ibn Sa'ad, Ibn Hishâm et al-Tabari), le moine Bahira aurait été le premier à reconnaître dans le jeune Mahomet un prophète de Dieu.

Cette assertion aura deux conséquences dans le christianisme : soit Bahira sera considéré comme un moine hérétique (c'est l'opinion de St Jean Damascène, Théodore Abu Qurrah, Al Kindi), soit dans l'Apocalypse de Bahira ; comme un moine ayant échoué dans sa mission de catéchiser le jeune Mahomet.

C'est dans la recension longue du texte arabe de "l'Apocalypse de Bahira" que l'on trouve la première explication chrétienne de la Basmala comme formule trinitaire. Dans ce passage, Bahira explique comment il enseignait Mahomet :

16.16 «Puis j'écrivis pour lui "Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux". Par ceci, j'entends la Sainte et Unique Trinité : "Dieu" ; est le Père, Lumière éternelle ; "le Clément" est le Fils qui a pitié des peuples et les a racheté avec son saint sang, et "le Miséricordieux", c'est l'Esprit-Saint, dont la grâce est largement répandue sur tous les êtres et habite en tous les croyants. Et je lui ai enseigné des choses qui l'amenèrent tout près de la vraie foi.»

Paul d'Antioche fut, au XIIe siècle, évêque melkite de Saïda (Sidon) au Liban. Sa «Lettre à un ami musulman de Saïda», est une brève apologie du christianisme en arabe dont une des caractéristiques majeur est précisément de s'appuyer sur le coran pour manifester la validité de la foi des chrétiens et le fait que ces derniers n'avaient donc pas à embrasser l'islam. Ainsi qu'il l'exprime :

«Comment en effet pourrions nous embrasser une autre religion, quand, en faveur de la nôtre, il y a tant de témoignages, de preuves, et des démonstrations si évidentes tirées du livre même du prophète ?»

Aussi est-ce bien ainsi qu'il aborde la basmala, comme équivalente à la formule trinitaire des chrétiens.

«Le Coran commence par ces mots : «Au nom du Dieu clément et miséricordieux». Pour nous, Chrétiens, nous résumons les attributs de Dieu en ces trois mots : Père, Fils et Saint-Esprit ; par là nous désignons un être vivant et intelligent, parce que parmi les attributs de Dieu, il n’en est aucun qui ne renferme en lui l’idée de vie et d’intelligence. Nous lisons dans le Coran : « Invoquez Dieu ou invoquez le miséricordieux : de quelque nom que vous l’invoquiez, les plus beaux noms lui appartiennent» »

Notes et références

  1. (en) Richard Shelquist, « Bismillah al rahman al rahim », Wahiduddin's Web: Living from the Heart, (consulté le ).
  2. Malek Chebel, Dictionnaire des symboles musulmans : Rites, mystique et civilisation, Paris, Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes », , 500 p. (ISBN 2-226-07550-X).
  3. Le Coran, « L’Immunité ou le Repentir », IX, (ar) التوبة (voir par exemple la note 1 dans la traduction de Kazimirski).
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Paul Neuenkirchen, « Al-Fatiha », dans Le Coran des historiens, vol. 2a : Commentaire et analyse du texte coranique, sourates 1 à 26, p. 17 et suiv.
  5. a et b François Déroche, « Basmala », dans Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 981 p. (ISBN 978-2-221-09956-8), p. 119–120.
  6. Jacques Berque, Le Coran : Essai de traduction de l'arabe, annoté et suivi d'une étude exégétique, Paris, Albin Michel, coll. « La bibliothèque spirituelle » (no 1), , 2e éd. (1re éd. 1990), 844 p. (ISBN 2-226-07739-1), p. 277.
  7. Régis Blachère, Le Coran, Paris, Maisonneuve et Larose, , 748 p. (ISBN 2-7068-1393-8), p. 290.
  8. Blachère 1999, p. 290, n. 87.
  9. Berque 1995, p. 277, n. 87.
  10. Éléonore Cellard, « Les manuscrits coraniques anciens », dans Le Coran des historiens, vol. 1 : Études sur le contexte et la genèse du Coran, p. 696.
  11. Régis Blachère, Introduction au Coran, Paris, Maisonneuve et Larose, 1977 (2e éd. partiellement refondue), 310 p. (ISBN 2-706-80636-2), p. 143.
  12. Frédéric Imbert, « Le Coran des pierres », dans Le Coran des historiens, vol. 1 : Études sur le contexte et la genèse du Coran, p. 719.
  13. Hassan Massoudy (avec la collab. d'Isabelle Nitzer), Calligraphie arabe vivante, Paris, Flammarion, (1re éd. 1981), 159 p. (ISBN 2-08-012519-2).
  14. Benjamin Kilborne, Interprétations du rêve au Maroc, vol. 2, Claix, La Pensée sauvage, coll. « Bibliothèque d'ethnopsychiatrie », , 242 p. (ISBN 2-85919-010-4), p. 181.
  15. (de) Katja Sündermann, Spirituelle Heiler im modernen Syrien: Berufsbild und Selbstverständnis - Wissen und Praxis, Verlag Hans Schiler, (ISBN 978-3-89930-122-9, lire en ligne)
  16. Albo Cicade, « La "Basmala" coranique comme formule chrétienne : Un usage méconnu », synthèse d'une discussion en sur le forum du North American Society for Christian Arabic Studies (NASCAS), sur Academia.edu, .
  17. (en) « Bible Gateway passage: Exode 34:6 - Louis Segond », sur Bible Gateway (consulté le )
  18. (en) « Bible Gateway passage: 2 Chroniques 30:9 - Louis Segond », sur Bible Gateway (consulté le )
  19. (en) « Bible Gateway passage: Néhémie 9:17 - Louis Segond », sur Bible Gateway (consulté le )
  20. (en) « Bible Gateway passage: Néhémie 9:31 - Louis Segond », sur Bible Gateway (consulté le )
  21. (en) « Bible Gateway passage: Psaumes 86:15 - Louis Segond », sur Bible Gateway (consulté le )
  22. (en) « Bible Gateway passage: Psaumes 103:8, Psaumes 145:8 - Louis Segond », sur Bible Gateway (consulté le )
  23. (en) « Bible Gateway passage: Psaumes 111:4 - Louis Segond », sur Bible Gateway (consulté le )
  24. (en) « Bible Gateway passage: Joël 2:13 - Louis Segond », sur Bible Gateway (consulté le )
  25. (en) « Bible Gateway passage: Jonas 4:2 - Louis Segond », sur Bible Gateway (consulté le )
  26. Stephane, « La_basmala_coranique_comme_formule_trinitiaret.pdf - Page 7/18 », sur Fichier PDF (consulté le )
  27. Stephane, « La_basmala_coranique_comme_formule_trinitiaret.pdf - Page 8/18 », sur Fichier PDF (consulté le )
  28. SERIKOFF, "Слова со скрытым значениям",‎

Bibliographie

Sources centrées sur la basmala :

  • Ridha Atlagh, « Le point et la ligne : Explication de la Basmala par la science des lettres chez ‘Abd al-Karīm al-Ğīlī », Bulletin d'études orientales, vol. 44 « Sciences occultes et islam »,‎ , p. 161–190 (JSTOR 41608353, lire en ligne).

Sources générales :

Annexes

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Articles connexes

Liens externes