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« Canal de Suez » : différence entre les versions

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* x morts, six blessés et cinq disparus) près d'[[Ismaïlia]] ;
Le '''canal de Suez''' (en {{lang-ar|قناة السويس}}, ''{{lang|ar|qanāt as-suwēs}}'') est un [[Canal (voie d'eau)|canal navigable]] situé en [[Égypte]]. Long de {{unité|193.3|km}}, large de {{unité|280|à=345|m}} et profond de {{unité|22.5|m}}, il relie, via trois lacs naturels, la ville portuaire de [[Port-Saïd]] en [[mer Méditerranée]] à la ville de [[Suez (ville)|Suez]] dans le [[golfe de Suez]] (partie [[septentrionale]] de la [[mer Rouge]])<ref>{{Article |langue=fr|auteur1=Jacques Nougier |titre=Le canal de Suez |périodique=Jeune Marine |date=n° 247, mars-avril 2019 |issn=2107-6057 |lire en ligne= |pages=45-47 }}</ref>.

Percé entre 1859 et 1869, grâce à une [[Histoire des bourses de valeurs#Suez, Panama, Russie, Mexique, Chili et coton US : le rayonnement mondial de Paris|levée de fonds géante à la Bourse de Paris]], sous la direction du diplomate retraité français [[Ferdinand de Lesseps]]<ref name="structurae">{{Structurae|p0000183|Canal de Suez|consulté le=11 mai 2014|projects=oui}}.</ref>, il permet aux [[navire]]s d'aller d'[[Europe]] en [[Asie]] sans devoir contourner l'[[Afrique]] par le [[cap de Bonne-Espérance]] et sans [[rupture de charge]] par voie terrestre entre la Méditerranée et la mer Rouge.

Le canal de Suez ainsi établi reprend la [[Canal des pharaons|vieille idée de relation par voie d'eau]] entre les deux mers, déjà mise en œuvre dans l'[[Égypte antique|Antiquité]] par les [[Pharaon|pharaons égyptiens]]. Le canal antique relie le [[Nil]] à la mer Rouge. Pendant la [[Renaissance]], la [[république de Venise]] avait sans succès cherché à rétablir cette liaison.

À la suite de la [[Première Guerre mondiale]], le canal est placé sous la protection militaire de la [[Grande-Bretagne (royaume)|Grande-Bretagne]]. Le général ottoman [[Djemal Pacha]] lancera une [[Première offensive de Suez|attaque]] contre le canal de Suez mais les [[Empire britannique|Britanniques]] repousseront les assaillants. En 1956, [[Gamal Abdel Nasser|Nasser]], le président égyptien, met un terme à cette situation en [[Crise du canal de Suez|nationalisant le canal]].

Avec l'augmentation du trafic, le canal est devenu la troisième source de devises de l'Égypte<ref>{{unité|3.4|milliards}} de dollars en 2005, soit + 12,6 % par rapport à 2004 ; bond expliqué par le développement du commerce avec l'Inde et la Chine.</ref>. Un blocage du canal entraînerait des pertes d'environ {{unité|15|millions}} de [[Dollar américain|dollars]] par jour<ref>{{Lien brisé |url= https://www.msn.com/en-us/news/world/stuck-ship-in-suez-canal-finally-free-%E2%80%93-after-holding-up-nearly-dollar60-billion-in-trade/ar-BB1f5I8a |titre=msn.com/en-us/news/world/stuck… |brisé le=29-05-2023}}.</ref>. En 2015, {{nombre|17483|navires}} transportant {{unité|999|millions}} de tonnes de marchandises l'ont emprunté, soit 8 % du commerce maritime international<ref name=":0">{{Article|langue=fr|auteur1=Marie-Christine Doceul|auteur2=Sylviane Tabarly|titre=Le canal de Suez, les nouvelles dimensions d’une voie de passage stratégique|périodique=Géoconfluences|date=19 mars 2018|issn=2492-7775|lire en ligne=http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/oceans-et-mondialisation/corpus-documentaire/canal-de-suez-strategique|pages=}}</ref>. En 2020, près de {{nombre|19000|navires}} ont transité par le canal, ce qui représente une moyenne de {{nombre|51.5|navires}} par jour<ref>{{Article|langue=fr|titre=Canal de Suez: le propriétaire du navire évoque un déblocage dès samedi soir|périodique=[[Courrier international]]|date=27 mars 2021|lire en ligne=https://www.courrierinternational.com/depeche/canal-de-suez-le-proprietaire-du-navire-evoque-un-deblocage-des-samedi-soir.afp.com.20210327.doc.96u9qg.xml|pages=}}</ref>.

Le {{date-|6 août 2015}}, le président égyptien [[Abdel Fattah al-Sissi|Al-Sissi]] inaugure le « Nouveau canal de Suez » permettant, après un an de travaux, de doubler la capacité de passage. Les travaux ont consisté à élargir le canal existant ainsi qu'à en augmenter la profondeur sur {{unité|35|km}}, et à doubler le canal sur {{unité|37|km}} dans sa partie orientale.

Le canal est la propriété de la [[Suez Canal Authority]], qui est aussi responsable de son administration et de sa gestion.

== Histoire ==
=== Antiquité ===
[[Fichier:Canal des Pharaons.svg|vignette|Carte du canal des Pharaons. En pointillé, on remarque le niveau des eaux du golfe de Suez à l'époque de {{monarque|Sésostris|III}}.]]
{{Article détaillé|Canal des pharaons}}

Il est probable que durant la {{XIIe dynastie égyptienne}}, le pharaon {{monarque|Sésostris|III}} (~1850 {{av JC}}) ait fait creuser un canal orienté d'ouest en est à travers le Wadi Tumilat, reliant le [[Nil]] à la [[mer Rouge]], afin de pouvoir commercer avec le ''Ta Netjer'' (le [[Pays de Pount]]), permettant ainsi directement les échanges entre la mer Rouge et la [[Mer Méditerranée|Méditerranée]]. Son existence est certaine au {{-s-|XIII}}, pendant le règne de {{monarque|Ramsès|II}}<ref>[http://www.1911encyclopedia.org/S/SU/SUEZ_CANAL.html Canal de Suez dans 1911encyclopedia.org] et [http://lexicorient.com/cgi-bin/eo-direct-frame.pl?http://i-cias.com/e.o/suez_can.html Lexicorient à propos du canal de Suez].</ref>, il est ensuite abandonné.

D'après l'historien grec [[Hérodote]]<ref>{{HérEnq}}.</ref>, des travaux pour remettre le canal en état auraient été entrepris vers {{date-|-600}} par {{monarque|Nékao|II}}, mais ne furent jamais achevés. Le canal fut finalement terminé par le roi {{monarque|Darius|Ier}} (vers -550 à {{date-|-486}}), le conquérant [[Empire perse|perse]] de l’Égypte. Darius a illustré sa réalisation par [[Inscriptions de Darius le Grand à Suez|diverses stèles de granit]] disposées sur les rives du Nil, dont celle de Kabret à {{unité|200|km}} de Pie. L'inscription de Darius dit :
{{Citation bloc|Le roi Darius déclare : Je suis un Perse ; j'ai pris l'Égypte ; j'ai donné l'ordre de creuser ce canal à partir d'un fleuve dont le nom est Nil, qui coule en Égypte, jusqu'à la mer qui vient de Perse. Ce canal fut creusé ainsi que je l'avais ordonné et des bateaux depuis l'Égypte, grâce à ce canal, naviguèrent jusqu'en Perse, ainsi que je l'avais désiré<ref>{{Lien web |titre=Fragment de stèle du canal, Égypte |url=http://www.achemenet.com/en/item/?/achaemenid-museum/object-categories/monuments/3018167 |site=achemenet.com |consulté le=2021-06-01}}</ref>.}}

Le canal fut de nouveau restauré par {{monarque|Ptolémée|II}} vers {{date-|-250}}.. Au cours des mille années qui suivirent, il fut successivement modifié, détruit et reconstruit, notamment par [[Amr ibn al-As]] en 640, et devint le « canal du [[Commandeur des croyants]] ». Il est finalement détruit au {{s-|VIII}} par le [[Al-Mansur (Abbasside)|calife Al-Mansur]] pour isoler la ville de [[Médine]], et éviter ainsi le risque d'une attaque.

=== Renaissance ===
Venise, au début du {{s-|XVI}}, est confrontée à la concurrence des Portugais dans le commerce en Orient. [[Vasco de Gama]] a en effet découvert en 1498 une nouvelle route contournant l'Afrique par le [[cap de Bonne-Espérance]]. Les Portugais évitent ainsi de payer les taxes du sultan d'Égypte pour le commerce et le transport des épices. Mais cette nouvelle concurrence nuit à Venise, qui procurait les épices à l'Europe via l'Égypte. Les Portugais pourront en effet proposer des prix plus bas aux clients de Venise (les Hongrois, les Flamands, les Allemands et les Français). Il faut donc trouver une solution pour améliorer le passage des épices en Méditerranée. Et dans le débat de Pregàdi, la république de Venise a l'idée de creuser un canal reliant la Méditerranée et la mer Rouge. Le [[Conseil des Dix]] recommande en {{date-|mai 1504}} à {{Lien|langue=en|trad=|fr=Francesco Teldi}}, son envoyé auprès du sultan, {{citation|une chose […] que beaucoup envisagent comme une mesure tout à fait opportune pour empêcher et interrompre la navigation des Portugais, c'est-à-dire qu'avec facilité et rapidité de temps il serait possible de faire un canal depuis la mer Rouge qui relie directement cette mer-ci}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Alvise|nom1=ZORZI|titre=Histoire de Venise|éditeur=Place des éditeurs|date=2015-04-02|isbn=978-2-262-05109-9|lire en ligne=https://books.google.ch/books?id=0d67BwAAQBAJ&pg=PT248&lpg=PT248&dq=Conseil+des+Dix+1504+Francesco+Teldi+navigation++Portugais+mer+rouge&source=bl&ots=d9qPUhoBIK&sig=ACfU3U1MeV_DsC6u8qBI74aPEWQYe2P1HA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwithtDj0bjxAhXFhv0HHRlzBm8Q6AEwEXoECBEQAw#v=onepage&q=Conseil%20des%20Dix%201504%20Francesco%20Teldi%20navigation%20%20Portugais%20mer%20rouge&f=false|consulté le=2021-06-27}}</ref>. Néanmoins, le projet n'aboutit pas, à cause de la {{Lien|langue=en|trad=Ottoman-Mamluk War (1516-1517)|texte=situation interne égyptienne instable}}.

Le {{date-|17 janvier 1568}}, le Sultan {{monarque|Selim|II}} étudiait la possibilité de percer le canal afin de contrer les activités navales du Portugal dans l’Océan Indien<ref>{{Lien web |titre=Osmanlı Belgelerinde Mısır |url=https://www.devletarsivleri.gov.tr/varliklar/dosyalar/eskisiteden/yayinlar/osmanli-arsivi-yayinlar/OSMANLI%20BELGELERİNDE%20MISIR.pdf}}</ref>. Puis en 1586, avec l'aval du Sultan {{monarque|Mourad|III}}, le Grand Amiral de la flotte ottomane [[Uluç Ali Paşa|Euldj Ali]] entreprend de creuser l'ancien canal reliant Suez à la [[mer Rouge]]. Mais à ce moment la guerre de Perse se rallume de nouveau, [[Constantinople]] se trouve engagée dans d'énormes dépenses et le projet est donc ajourné<ref>{{lien web |titre=Un pacha d'Alger, précurseur de M. de Lesseps (1586) / par H. D. de Grammont |url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k29147g |accès url=libre |site=[[Gallica]] |date=1886 |consulté le=06-09-2020}}.</ref>.

=== Époque contemporaine ===
[[Fichier:Médaille en bronze doré du concours international du commerce de Suez.jpg|vignette|Médaille en bronze doré du concours international du commerce de Suez, à l’effigie d’[[Abbas II Hilmi]]. ]]
[[Fichier:Ferdinand de Lesseps.jpg|vignette|[[Ferdinand de Lesseps]].]]
[[Fichier:SuezCanalElGuisr.jpg|vignette|La construction du canal.]]
[[Fichier:Isthme de Suez 1862.jpg|vignette|L'état des travaux en {{date-|mai 1862}}.]]
[[Fichier:SuezCanalKantara.jpg|vignette|gauche|Une des premières traversées, au {{s-|XIX}}.]]
[[Fichier:SuezCanal-EO.JPG|vignette|300px|Vue satellite : au nord la [[mer Méditerranée]], au sud le [[golfe de Suez]], à droite le [[Sinaï]], au centre les imposants [[lacs Amers]], et, un peu plus au nord, le [[lac Timsah]].]]

==== Les premiers projets ====
Sous le [[Directoire]], les Français envoient plusieurs savants (dont [[Jacques-Marie Le Père]]) dès 1798 lors de la [[Campagne d'Égypte]] menée par le général [[Napoléon Bonaparte]], dans le but d'étudier s'il serait possible de percer l'isthme de Suez. Dès les années 1820, [[Louis Maurice Adolphe Linant de Bellefonds |Linant de Bellefonds]] et [[Eugène Mougel Bey]], et plus tard [[Ferdinand de Lesseps]], partisans de la doctrine socio-économique du [[saint-simonisme]], avaient déjà envisagé la construction d'un canal reliant la mer Rouge à la Méditerranée. Le projet de canal fut présenté initialement aux Égyptiens en 1833 par [[Barthélemy Prosper Enfantin |Prosper Enfantin]], le "père" des saint-simoniens, ingénieur et économiste français, après son exil en Égypte avec ses condisciples, à sa sortie de prison avec quelques-uns de ses disciples. Il effectue de très nombreux relevés topographiques, grâce au soutien de la chambre de commerce de Lyon et d'Arlès-Dufour, un autre saint-simonien qui y est très actif<ref>François Leblond, Ces saints simoniens qui ont construit la France Moderne, Paris, Librinova, 2015, p. 93</ref>.

Trois projets avaient été élaborés par [[Charles Joseph Lambert]], transmis par Prosper Enfantin à [[Louis Maurice Adolphe Linant de Bellefonds|Linant de Bellefonds]] et Eugène Mougel Bey<ref>{{Lien web|titre=LES POLYTECHNICIENS ET L'AVENTURE SAINT-SIMONIENNE|url=http://www.annales.org/archives/x/saintsimonisme.html|site=annales.org|consulté le=2017-11-07}}</ref>.

À l'époque, le projet ne retient pas l'attention du vice-roi d'Égypte [[Méhémet Ali]]. Les saint-simoniens, sous l'impulsion d'[[Barthélemy Prosper Enfantin |Enfantin]] et de [[François Barthélemy Arlès-Dufour]], poursuivent néanmoins le projet et créent en 1846 une Société d'étude pour le canal de Suez. Cette société réalise un nivellement topographique précis de l'isthme ; il vient rectifier les données d'un premier nivellement, effectué lors des campagnes de [[Napoléon Ier |Bonaparte]], et qui signalait neuf mètres de différence entre le niveau de la mer Rouge et celui de la Méditerranée, en raison d'une erreur de [[triangulation]], survenue dans les calculs de Jacques-Marie Le Père de 1799. Le nouveau nivellement réalisé par [[Paul-Adrien Bourdalouë]] indique une différence si faible qu'un canal sans écluse devient possible<ref>Canal de Suez. Études. Notice sur le nivellement de l'isthme de Suez et de la basse Égypte, par Bourdaloue. 7 mars 1847 consultable sur Gallica ark:/12148/btv1b52509327j</ref>. Ferdinand de Lesseps, apprenant les travaux réalisés par cette société, vint rencontrer Arlès-Dufour, qui lui confia tout le dossier technique, pensant qu'il serait à même de le faire réaliser grâce à son réseau de relations en Égypte. Celui-ci s'investit vivement dans le projet et le porta tant et si bien que les saint-simoniens en nourrirent quelques dépits<ref>François Leblond, Ces saints simoniens qui ont construit la France Moderne, Paris, Librinova, 2015, p. 97</ref>.

==== Un canal controversé ====
En 1854, le [[Liste des dirigeants d'Égypte|gouverneur]] d'[[Égypte]] [[Mohamed Saïd Pacha]] accorde le premier acte de concession du terrain pour la construction du canal à [[Ferdinand de Lesseps]]. Mais les [[Royaume-Uni|Britanniques]] s'opposent à ce [[firman]] qui donnerait une grande influence à la France dans cette région stratégique sur la [[route des Indes]], et demandent à l'autorité supérieure, la [[Sublime Porte]] de l'[[Empire ottoman]], de suspendre cette permission<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Bernard Simiot]]|titre=Suez|sous-titre=50 siècles d'histoire|éditeur=[[Arthaud (maison d'édition)|Arthaud]]|année=1974|passage=268|isbn=}}.</ref>. La concurrence pour le contrôle de cette route est en effet forte entre les deux nations occidentales, la Grande-Bretagne soutenant le principe d'une ligne ferroviaire égyptienne, à laquelle le canal ferait concurrence. Lesseps décide de passer outre l'opposition de la Porte en entamant les travaux, au vu et au su de tous, le {{date-|25 avril 1859}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Hubert Bonin]]|titre=Suez|sous-titre=du canal à la finance (1858-1987)|éditeur=[[Economica]]|année=1987|passage=17|isbn=}}.</ref>.

Les Anglais font arrêter les travaux à plusieurs reprises : en {{date-|octobre 1859}}, avec l'aide du ministre des Finances de l'[[Empire ottoman]], [[Mouktar Bey]], puis à la mort de [[Mohamed Saïd Pacha|Saïd]] en 1863. La construction du canal se poursuit néanmoins grâce au soutien de {{monarque|Napoléon|III}}. Ferdinand de Lesseps bénéficie aussi du soutien de l'émir [[Abd el-Kader]] qui avait été, du côté oriental, l'un de ses plus actifs et pérennes appuis<ref>[[Christelle Taraud]], « Les quatre vies d'Abd el-Kader », ''L'Histoire'', N° 467, janvier 2020, p. 64-65</ref>{{,}}<ref>Miki Kilali, « Interroger le rôle d'Abd el-Kader dans le percement de l'isthme de Suez, ou comment sa métamorphose permet la construction d'un pont entre l'Orient et l'Occident », ''Enquêtes'', N° 5, septembre 2020, [https://ed188.hypotheses.org/files/2020/11/E5-2-KILALI.pdf lire en ligne]</ref>. Alors que les grandes puissances européennes procèdent au [[partage de l'Afrique]], les rivalités franco-britanniques se multiplient dans la région et le canal de Suez n'est que l'une d'entre elles.

À partir des plans établis par [[Louis Maurice Adolphe Linant de Bellefonds |Linant de Bellefonds]] et [[Alois Negrelli]], et discutés et adoptés par la [[Commission internationale pour le percement de l'isthme de Suez]], la [[Suez (entreprise, 1858-2008)|Compagnie universelle du canal maritime de Suez]] de [[Ferdinand de Lesseps]] construit le canal entre 1859 et 1869. À la fin des travaux, l'Égypte, à hauteur de 44 % de sa valeur, et {{unité|21000|Français}}, à hauteur de 56 %, en étaient conjointement propriétaires.

On a estimé que {{unité|1.5|million}} d'Égyptiens participèrent à la construction du canal et que plus de {{nb|125000}} y moururent, principalement du [[choléra]], mais ces chiffres furent critiqués, considérés comme étant très exagérés<ref>[https://archive.org/details/suezcanal032262mbp Arnold T. Wilson, ''The Suez Canal''].</ref>.

En 1860, seulement 5 % des navires fonctionnent à la vapeur. Le canal est pourtant conçu pour une navigation exclusivement motorisée ; sa construction est donc un pari. Dans la décennie qui suit, les marines marchandes vont s'équiper en masse. C'est le {{date-|17|février|1867}} qu'un premier navire emprunte le canal achevé, mais il n'est officiellement inauguré que le {{date-|17|novembre|1869}} par l'impératrice [[Eugénie de Montijo|Eugénie]] sur le navire ''L’Aigle'', suivie par Ferdinand de Lesseps et des administrateurs du canal à bord du ''Péluse'', de la Compagnie des [[Messageries maritimes]], commandé par [[Auguste Caboufigue]]. Pour l’inauguration du canal, le Khédive [[Ismaïl Pacha]] avait commandé l’opéra ''[[Aida]]'' (qui ne fut joué au [[Le Caire|Caire]] que fin 1871) à [[Giuseppe Verdi]]. Tout de suite après cette inauguration, le canal devient le cœur des rivalités franco-britanniques.

En 1875, la [[dette extérieure]] de l'Égypte la contraint à vendre ses parts à prix d'aubaine – {{unité|4000000|£}} – au [[Royaume-Uni]] qui veut retrouver son influence sur la [[route des Indes]].

En 1882, après la [[Guerre anglo-égyptienne (1882)|guerre anglo-égyptienne]], les Britanniques remplacent les [[Empire ottoman|Ottomans]] comme tuteurs du pays. Ils parviennent ainsi à prendre le contrôle du canal.

Afin de remédier aux querelles des puissances sur le canal de Suez, le {{date-|29|octobre|1888}}, la [[Convention de Constantinople (1888)|convention de Constantinople]] affirme la neutralité du canal, déclaré « libre et ouvert, en temps de guerre comme en temps de paix, à tout navire de commerce ou de guerre, sans distinction de pavillon ».

Durant la [[Première Guerre mondiale]], les Britanniques et les Français négocient les [[accords Sykes-Picot]] qui divisent le [[Moyen-Orient]] en zones d'influence : la [[France]] obtient un protectorat sur la [[Syrie]] et le [[Liban]] ; le [[Royaume-Uni]] sur la [[Palestine mandataire|Palestine]], la [[Jordanie]] et l'[[Égypte]].

En 1922, l'Égypte devient un royaume avec une autonomie limitée. Par le [[traité anglo-égyptien de 1936]], établi pour vingt ans, le pays accède à une indépendance presque complète. Il est ainsi établi que le Royaume-Uni évacuerait toutes les troupes britanniques présentes sur le sol égyptien, à l'exception des dix mille hommes nécessaires à la protection du canal de Suez et de ses rives.

En 1930, est inauguré près d'[[Ismaïlia]] le ''[[Monument à la Défense du Canal de Suez]]'', réalisé par [[Raymond Delamarre]] et [[Michel Roux-Spitz]], avec la participation d'[[Emmanuel Guérin]] et [[Italo Santelli (sculpteur)|Italo Santelli]]<ref>[https://www.atelier-raymond-delamarre.fr/oeuvres-monuments-suez.html « Monument "À la Défense du Canal de Suez" »], atelier-raymond-delamarre.fr, consulté le {{1er}} mars 2022.</ref>.

Au {{s-|XX}}, la valeur des actions augmente fortement ; en posséder devient un signe d'appartenance à la classe bourgeoise.

==== Rupture avec le Royaume-Uni et crise de Suez ====
Le {{date-|8|octobre|1951}}, le Premier ministre égyptien [[Moustapha el-Nahhas Pacha]] dénonce le traité anglo-égyptien. Le Royaume-Uni refuse de quitter ses bases du canal et renforce ses effectifs à terre à {{unité|64000|hommes}} au {{date-|31 décembre 1951}}. Des émeutes violentes, actes de guérillas, sabotage de la part des [[Frères musulmans]], communistes et police égyptienne envers les Britanniques et la répression de ces derniers feront des centaines de morts dont {{unité|405|militaires}} britanniques jusqu'au {{date-|19 octobre 1954}}<ref>{{Lien web|langue=en|titre=UK Armed Forces Deaths: Operational deaths post World War {{II}} 3 September 1945 to 17 February 2016|url=https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/512070/20160331_UK_Armed_Forces_Operational_deaths_post_World_War_II.O.pdf|date=31 mars 2016|site=gov.uk|consulté le= 7 janvier 2016|format=PDF}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Anne-Claire de Gayffier-Bonneville|titre=La guerre du canal 1951-1952|url=https://cdlm.revues.org/881#tocto1n5|date=2005|site=[[Cahiers de la Méditerranée]]|consulté le=7 janvier 2016}}.</ref>. Le retrait militaire britannique s'acheva en juillet 1956 avec le début de la [[crise du canal de Suez]].

Le {{date-|26|juillet|1956}}, [[Gamal Abdel Nasser|Nasser]], président de la République d'Égypte, saisit le canal et transfère le patrimoine de la compagnie du canal à la [[Suez Canal Authority]]<ref>{{Lien web|langue=en|titre=SCA - Nationalization Decree|url=https://www.suezcanal.gov.eg/English/About/CanalTreatiesAndDecrees/Pages/NationalizationDecree.aspx|site=suezcanal.gov.eg|consulté le=2018-07-23}}</ref>. Cette nationalisation avait pour but de financer la construction du [[Haut barrage d'Assouan|barrage d'Assouan]] après que les [[États-Unis]] et la [[Banque mondiale]] eurent refusé d'accorder des prêts pour le financer. Les avoirs égyptiens sont aussitôt gelés et l'aide alimentaire supprimée, à la suite des protestations des principaux actionnaires, alors britanniques et français. D'autre part, Nasser dénonce la présence coloniale du Royaume-Uni au Proche-Orient et soutient les nationalistes dans la [[guerre d'Algérie]].

Le {{date-|29|octobre|1956}}, le [[Royaume-Uni]], la [[France]] et [[Israël]] se lancent dans une opération militaire, baptisée « [[opération Mousquetaire]] ». Cette action est justifiée par la restitution aux actionnaires qui ont financé et contribué à la prospérité du canal de ce qui, selon le droit international et les accords passés, leur appartient.

L'[[Crise du canal de Suez |opération de Suez]] dure une semaine. Les [[Organisation des Nations unies |Nations unies]] optent cependant pour la légitimité égyptienne et rédigent une résolution condamnant l'expédition franco-israélo-britannique. Nombre d'actionnaires, français, britanniques et égyptiens, sont donc ruinés, puisque l’Égypte refuse de les indemniser. Il s'ensuivra des cas de suicides parmi les anciens actionnaires français{{Source insuffisante}}, des manifestations devant l'ambassade d'Égypte, des pétitions, mais le tout restera sans effet.

Pour sauver les Britanniques de ce qu'il pensait être une action désastreuse et empêcher la guerre d'une éventuelle escalade, le secrétaire d'État canadien aux Affaires extérieures, Lester B. Pearson, a proposé la création de la première force de maintien de la paix des Nations unies pour assurer l'accès au canal pour le tout et un retrait israélien de la péninsule du Sinaï. Le {{date-|4 novembre 1956}}, une majorité aux Nations unies a voté pour la résolution de maintien de la paix de Pearson, qui ordonnait aux soldats de la paix de l'ONU de rester dans le Sinaï à moins que l'Égypte et Israël n'acceptent leur retrait. Les États-Unis ont soutenu cette proposition en faisant pression sur le gouvernement britannique par la vente de livres sterling, ce qui entraînerait sa dépréciation. La Grande-Bretagne a alors appelé à un cessez-le-feu et a ensuite accepté de retirer ses troupes d'ici la fin de l'année. Pearson a ensuite reçu le prix Nobel de la paix.

==== Guerre des Six Jours, guerre du Kippour : huit ans de fermeture ====
Onze ans plus tard, en {{date-|juin 1967}} lors de la [[guerre des Six Jours]], Israël occupe l'ensemble du Sinaï et donc la rive orientale du canal, qui va [[Fermeture du canal de Suez (1967-1975)|rester fermé pendant huit ans]], jusqu'en {{date-|juin 1975}}. Quatorze navires de commerce sont ainsi bloqués pendant {{unité|3016|jours}} sur le lac Amer<ref>{{Lien web |titre=Les marins oubliés de la guerre des six jours |url=https://www.dailymotion.com/video/xwd3vg |site=Arte|année=2009 |consulté le=15 novembre 2022}}.</ref>, formant la [[flotte jaune]].

Israël construit une ligne de défense sur la rive orientale : la [[ligne Bar-Lev]].

En {{date-|octobre 1973}}, l'Égypte et la Syrie attaquent Israël par surprise, c'est le début de la [[guerre du Kippour]]. La zone du canal redevient une zone de combats. L'armée égyptienne franchit le canal et pénètre profondément dans le Sinaï avant que les forces israéliennes, après quelques jours, ne reprennent le dessus et franchissent à leur tour le canal. Une force de maintien de la paix de l'ONU est déployée, la [[Force d'urgence des Nations unies|FUNU {{II}}]], qui reste sur place jusqu'en 1974.

Pendant cette longue fermeture, les pétroliers s'adaptent en renforçant la création de [[Pétrolier|supertankers]] qui contournent à nouveau l'Afrique, mais ne sont plus assujettis à la contrainte de gabarit imposée par la taille du canal.

==== {{date-|Juin 1975}} : réouverture du canal ====
Après quinze mois de travaux, de déminage du canal et de ses abords, avec l'aide des marines américaine, britannique et française<ref name="Figaro 1975">[http://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2015/06/04/26010-20150604ARTFIG00307-il-y-a-40-ans-le-canal-de-suez-est-reouvert-a-la-navigation.php].</ref>, qui permettent de retirer {{nombre|45500|mines}}<ref name ="Figaro 1975"/>, {{nombre|686000|engins}} anti-chars et anti-personnels et {{nombre|209|tonnes}} de matières explosives<ref name ="Figaro 1975"/>, le canal est officiellement rouvert le {{date-|5 juin 1975}} par le président [[Anouar el-Sadate]]<ref name ="Figaro 1975"/> qui le descend de Port-Said à Ismaïlia. Le lendemain, le premier convoi franchit le canal vers la Méditerranée<ref name ="Figaro 1975"/>. Durant quelques mois, le temps de remettre en état complet les installations du canal, un seul convoi par jour peut passer, avec un tirant d'eau maximal de dix mètres<ref name ="Figaro 1975"/>.

À la suite de l'augmentation de la [[piraterie autour de la Corne de l'Afrique]] à la fin des années 2000, il est évoqué la possibilité de l'éviter à nouveau. Mais les revenus assurés par le canal, bien qu'en diminution, sont vitaux pour l'[[Égypte]]. Ils représentent la troisième source de devises : cinq milliards de [[Dollar américain|dollars]] par an (chiffre 2013<ref name="ARTFIG00321">{{Lien web|titre = L'Égypte va creuser un nouveau canal de Suez|url = http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/08/05/20002-20140805ARTFIG00321-l-egypte-va-creuser-un-nouveau-canal-de-suez.php|site=lefigaro.fr|consulté le = 2015-06-13}}.</ref>), soit 20 % du budget de l'État<ref name="ARTFIG00321" />.

==== Agrandissement et nouveau canal en 2015 ====
[[Fichier:Suez canal blank.jpg|vignette|Le canal en 2015.]]
Le {{date-|5 août 2014}}, l'Égypte annonce son intention de creuser un deuxième canal parallèle au canal de Suez sur sa partie orientale, afin de permettre de supprimer la [[circulation alternée]] des convois dans cette partie du canal. Ce nouveau canal a une longueur de {{unité|72|km}} et coûte environ trois milliards d’euros. Ce projet réduit le temps d’attente maximale de passage pour les bateaux de onze à trois heures<ref>{{Article|url=http://www.lesoir.be/617327/article/actualite/fil-info/fil-info-monde/2014-08-05/l-egypte-veut-construire-un-deuxieme-canal-suez|titre=L’Égypte veut construire un deuxième canal de Suez|périodique=Le Soir|date=5 août 2014|consulté le = 25 juillet 2015}}.</ref>.

Les travaux impliquent l'approfondissement et l'élargissement du canal existant sur {{unité|35|km}}, ainsi que le creusement d'un nouveau canal de {{unité|37|km}} au niveau de la ville d'[[Ismaïlia]]. Les premiers tests de navigation commencent le {{date-|25 juillet 2015}} alors que six navires répartis en deux groupes de trois traversent l'extension du canal dans le cadre de ce test<ref name="Presse">{{Article|url=http://affaires.lapresse.ca/economie/international/201507/25/01-4888038-canal-de-suez-premier-test-pour-la-seconde-voie.php|titre=Canal de Suez : premier test pour la seconde voie|périodique=[[La Presse (Montréal)|La Presse]]|auteur=[[Agence France-Presse]]|date=25 juillet 2015|consulté le = 25 juillet 2015}}.</ref>. L'ouverture du nouveau canal a lieu le {{date-|6 août 2015}}<ref>{{Article|url=https://www.challenges.fr/monde/20150613.REU8191/ouverture-du-nouveau-canal-de-suez-le-6-aout.html|titre=Ouverture du nouveau canal de Suez le 6 août|périodique=Challenges|auteur=Ahmed Aboulenein & Pierre Sérisier|date=13 juin 2015|consulté le = 25 juillet 2015}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|titre=Égypte : le pari fou du deuxième canal de Suez|périodique=[[L'Obs]]|date=04-08-2015|lire en ligne=http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150804.OBS3685/le-pari-fou-du-deuxieme-canal-de-suez.html|accès url=libre|consulté le=06-09-2020}}.</ref>.

Le canal de Suez rapporte en 2015 environ {{unité|5.3|milliards}} de dollars US par an à l'Égypte. Selon les projections financières égyptiennes de 2015, le canal devrait rapporter annuellement {{unité|13.2|milliards}} de [[Dollar américain|dollars]] en 2023 avec les améliorations<ref name="Presse"/>.

En 2020-2021, malgré le blocage d'une semaine en mars par l'[[Obstruction du canal de Suez en 2021|échouage de l'Ever Given]], le canal de Suez a rapporté {{Unité|5,84 milliards}} de dollars, soit les revenus annuels les plus importants de l’histoire de cette infrastructure<ref>{{Lien web |titre=La canal de Suez enregistre des revenus annuels record |url=https://www.lorientlejour.com/article/1268148/la-canal-de-suez-enregistre-des-revenus-annuels-record.html |site=L'Orient-Le Jour |date=2021-07-12 |consulté le=2021-07-13}}</ref>.

== Chronologie ==
* 1832 : [[Ferdinand de Lesseps]] est nommé vice-consul de France à [[Alexandrie]].
* {{date-|Août 1833}} : les [[Saint-simonisme|saints-simoniens]] embarquent à [[Marseille]] pour se rendre en Égypte. Ils ont déjà des idées en tête concernant le canal.
* {{date-|Novembre 1854}} : [[Mohamed Saïd Pacha]], le fils de [[Méhémet Ali]], devient vice-roi d’Égypte. Il accorde à Ferdinand de Lesseps le pouvoir exclusif de constituer la compagnie qui percera l’isthme de Suez.
* {{date-|5|novembre|1858}} : une souscription est ouverte pendant un mois pour récolter des fonds pour la compagnie.
* {{date-|15|décembre|1858}} : Ferdinand de Lesseps constitue la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, elle s’occupera de creuser le canal.
* {{date-|25|avril|1859}} : le premier coup de pioche est donné pour la construction du canal.
* {{date-|Janvier 1863}} : Mohamed Saïd meurt et laisse sa place à son neveu [[Ismaïl Pacha]].
* {{date-|Avril 1865}} : Ferdinand de Lesseps organise la première visite du chantier du canal aux personnalités qui le désirent.
* {{date-|17|novembre|1869}} : le canal est inauguré par l’[[Eugénie de Montijo|Impératrice Eugénie]] dont le navire est suivi de 77 navires de nations maritimes.
* {{date-|26|juillet|1956}} : nationalisation du canal de Suez par [[Gamal Abdel Nasser|Nasser]].
* Octobre-{{date-|novembre 1956}} : [[Crise du canal de Suez|intervention armée de la France, du Royaume-Uni et d'Israël]], le trafic est interrompu<ref name="ARTFIG00321" />.
* 1967 : après la [[guerre des Six Jours]], l'armée israélienne occupe le Sinaï jusqu'aux rives du canal qui est alors fermé<ref name="ARTFIG00321" /> pendant huit ans.
* {{date-|5|juin|1975}} : réouverture du canal de Suez.
* {{date-|5 août 2014}} : début des travaux de doublement d'une partie du canal et d'élargissement, {{unité|72|km}} sur les {{unité|163|km}} de voie d'eau, les travaux durent un an.
* {{date-|6 août 2015}} : inauguration du nouveau canal de Suez<ref>{{Lien web|titre = Le nouveau Canal de Suez inauguré le 6/8|url = http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2015/06/13/97002-20150613FILWWW00063-le-nouveau-canal-de-suez-inaugure-le-68.php|site=lefigaro.fr|consulté le = 2015-06-13}}.</ref>.
* {{date-|23 mars 2021}} : blocage complet du canal et chute de 10 % du commerce maritime mondial suite à l'[[Obstruction du canal de Suez en 2021|échouage de l'Ever Given]] en travers de la section sud<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Canal de Suez bloqué : quelles conséquences pour le commerce mondial ? |url=https://www.france24.com/fr/afrique/20210325-canal-de-suez-bloqu%C3%A9-quelles-cons%C3%A9quences-pour-le-commerce-mondial |site=France 24 |date=2021-03-25 |consulté le=2021-03-30}}</ref>. Le trafic reprend le 30 mars<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Canal de Suez: le trafic revient progressivement à la normale |url=https://www.lefigaro.fr/conjoncture/canal-de-suez-le-trafic-revient-progressivement-a-la-normale-20210330 |site=lefigaro.fr|date=2021-03-30|consulté le=2021-03-30}}</ref>.

== Caractéristiques ==
[[Fichier:SUEZCANAL SECTION.jpg|vignette|Coupe type du canal.]]
[[Fichier:Suez Canal size 1870 - 2010.svg|vignette|Schéma comparatif des tailles du canal entre 1870 et 2010.]]
[[Fichier:Suez Canal Bridge.jpg|vignette|Le [[pont du Canal de Suez|pont du canal de Suez]] au niveau d'[[El Qantara]].]]
[[Fichier:El Ferdan Railway Bridge.jpg|vignette|Pont tournant d'[[Pont d'El Ferdan |El Ferdan]].]]
Le canal ne comporte pas d'[[écluse]]s, tout son trajet restant au niveau de la mer, contrairement au [[canal de Panama]]. Son tracé s'appuie sur trois plans d'eau, les lacs [[lac Menzaleh|Menzaleh]], [[lac Timsah|Timsah]] et [[Lacs Amers|Amers]] traversés par un chenal de navigation.

Sa largeur moyenne est de {{unité|345|m}} (initialement {{unité|52|m}}). Sa largeur minimale est de {{unité|280|m}}. La largeur navigable sous {{unité|11|m}} de tirant d'eau est de {{unité|190|m}} (initialement {{unité|44|m}}). Le canal entre Port-Saïd et Suez a une longueur de {{unité|162|km}}. Les chenaux d'accès au nord et au sud portent la longueur totale de l'ouvrage à {{unité|195|km}}. Trois chenaux de dérivation d'une longueur totale de {{unité|78|km}} sont situés à Port-Saïd, dans le lac ancien d'El Ballah et aux [[Lacs Amers]].

Par suite de sa faible profondeur, les [[Pétrolier|supertankers]] vident une partie de leur pétrole en entrant dans le canal, et le rechargent en sortant, le pétrole en question circulant par oléoduc<ref>''Le Fabuleux Voyage d'un baril de pétrole'', Arte.</ref>.

Le canal d'une profondeur de {{unité|24|m}} permet le passage de navires de {{unité|20.12|m}} de [[tirant d'eau]] ({{unité|66|ft}}) depuis les derniers travaux de 2010, à la condition que la largeur du navire ne dépasse pas {{unité|50|m}} (un tableau existe dans les règles de navigation publiées par les autorités du canal).

Les navires ayant les dimensions limites les autorisant à franchir le canal de Suez sont appelés ''[[Suezmax]]''. Il en est de même pour le canal de Panama où les navires sont appelés ''[[Panamax]]''.

Quelque {{unité|20000|navires}} traversent le canal chaque année, représentant 14 % du transport mondial de marchandises. Un passage prend de onze à seize heures.

La traversée d'est en ouest du canal est, la plupart du temps, assurée par des bacs, mais il existe aussi plusieurs ouvrages à cet effet :
* le [[pont du Canal de Suez]], construit entre 1992 et 1999, qui enjambe le canal au niveau d'[[El Qantara]] (mot arabe signifiant « pont »), et qui laisse un espace de {{unité|70|mètres}} au-dessus du canal permettant un [[tirant d'air]] maximal pour les navires de {{unité|68|m}} ;
* le [[pont d'El Ferdan]], qui est également le [[pont tournant]] le plus long du monde ;
* le [[tunnel Ahmed Hamdi]], au sud du [[Lacs Amers|Grand Lac Amer]], d'une longueur de cinq kilomètres, creusé sous le canal. Inauguré en 1980, il est utilisé par les automobilistes égyptiens pour se rendre dans la presqu'île du [[Sinaï]] et gagner les stations balnéaires de la mer Rouge.

Enfin, le canal est traversé par des canalisations d'eau douce à {{unité|57|km}} au nord de Suez, et par une [[ligne à haute tension]] construite en 1999.

== Menaces sur le milieu naturel ==
Du point de vue environnemental, la construction du canal a eu comme premier effet d'isoler physiquement l'Afrique de l'Asie, pour toutes les espèces animales non volantes. Ce fut la première [[Fragmentation (écologie)|coupure écologique]] aussi importante jamais conçue et réalisée par l'Homme, avant celle du [[canal de Panama|Panama]] qui a séparé les deux Amériques, du Nord et du Sud.

Le transfert de millions de mètres cubes d'eau via le canal, en mettant en contact deux mers séparées depuis des centaines de millions d'années, permet désormais des transferts d'espèces marines dont certaines ont un potentiel [[Espèce envahissante|invasif]], soit en traversant le canal du sud vers le nord, soit transportées dans les eaux de [[Ballast (marine)|ballast]] des navires ou accrochées sous leur coque. Les [[Invasion (écologie)|invasions biologiques]] d'espèces marines se faisant par l'intermédiaire du canal sont souvent baptisées [[Migration lessepsienne|migrations lessepsiennes]].

Ces espèces exotiques en provenance de l'océan Indo-Pacifique sont de plus en plus nombreuses et menacent l'équilibre écologique déjà précaire de la [[mer Méditerranée]]. Depuis l'ouverture du canal en 1869 on peut estimer à plus d'un millier le nombre d'espèces marines de Mer Rouge - plancton, algues, invertébrés, poissons - ayant été observées pour la première fois en Méditerranée, et ce chiffre ne fera qu'augmenter. Le changement de biodiversité qui en a résulté à court terme est sans précédent à l'échelle mondiale et est en voie d'accélération : un récent recensement entrepris par la [[CIESM]] et couvrant tout le Bassin a permis d'établir qu'en seulement vingt ans (de 2002 à 2022), davantage d'espèces de poissons exotiques avaient atteint la Méditerranée que durant tout le siècle précédent<ref>Atlas of Exotic Fishes in the Mediterranean Sea. 2nd Edition. 2021. (F. Briand Ed.) CIESM Publishers, Paris, Monaco 366 p. [https://ciesm.org/catalog/index.php?article=2021]</ref>.

En permettant d'éviter le passage au sud de l'Afrique, le canal de Suez a plus que décuplé le trafic marchand méditerranéen. Alors que la zone couvre moins de 1 % de tous les océans, c'est aujourd'hui environ 30 % du volume du trafic maritime mondial qui y transite (sans intérêt économique direct pour ses {{unité|305|ports}} et pour les régions littorales de Méditerranée, et sans écotaxe). Le [[Centre de documentation de recherche et d'expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux|CEDRE]] estime que 50 % des marchandises transportées dans ce « couloir » doivent être « considérées comme dangereuses à différents degrés ». Le risque d'une grave [[marée noire]] persiste, avec 28 % du trafic pétrolier maritime mondial transitant par la Méditerranée où les tempêtes sont parfois violentes<ref name=CEDRE/>. Par ailleurs, les fumées et gaz d’échappement des navires contribuent à polluer et acidifier l'air et provoquer des [[Pluie acide|pluies acides]] dans la région (cf. [[fioul lourd]] mal désoufré ou même non désoufré).

== Sécurité maritime ==
En dépit de mesures de précaution et de sécurité accrues, outre le risque d'attaques ou d'actes terroristes sur des navires naviguant sur le canal, les risques d'accident persistent.

=== Accidents ===
Dès son ouverture, le canal de Suez a connu des accidents.

Le risque de [[marée noire]] est le plus craint ; déjà en 1956, quand Nasser a nationalisé la Compagnie du canal de Suez, 50 % des approvisionnements pétroliers français et britanniques y passaient.

Les accidents les plus récents sont :
* celui du ''Al Samidoun'' en {{date-|janvier 2005}} ;
* celui du [[pétrolier]] battant pavillon [[Liberia|libérien]], le ''Grigoroussa 1'', qui a heurté le {{date-|27|février|2006}} une berge dans la partie sud du canal, perdant environ {{unité|3000|t}} de fioul lourd sur {{unité|58000|tonnes}}, sur une distance de plus de {{unité|20|km}}, avant qu'on ait pu l'entourer de barrages flottants et le remorquer jusqu'au port de Suez ; les autorités du canal n'ont pas détaillé par la suite les mesures de dépollution qui auraient été entreprises<ref name="CEDRE">[http://www.cedre.fr/fr/publication/lettre-2006/06mar.pdf Lettre du CEDRE, mars 2006].</ref> ;
* en {{date-|septembre 2006}}, c'est un bateau utilisé pour la maintenance du canal de Suez, le ''Khattab'', qui fait naufrage en pleine nuit (deux morts, six blessés et cinq disparus) près d'[[Ismaïlia]] ;
* le mardi {{date-|23 mars 2021}}, le [[porte-conteneurs]] ''[[Ever Given]]'' fait [[Obstruction du canal de Suez en 2021|obstruction dans le canal]], après avoir été déporté par une rafale de vent. Il s'échoue en travers du canal, en y bloquant toute circulation<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Un porte-conteneurs s’échoue et bloque le canal de Suez |url=https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/240321/un-porte-conteneurs-s-echoue-et-bloque-le-canal-de-suez |site=Mediapart |consulté le=2021-03-24}}</ref>. En provenance d'[[Asie]], celui-ci devait se rendre à [[Rotterdam]]. La société responsable de la gestion technique du navire, Bernhard Schulte Shipmanagement (BSM), assure que l'accident n'a provoqué aucune pollution ni aucun dommage sur la cargaison<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Canal de Suez : un navire géant paralyse le transport maritime |url=https://www.lepoint.fr/monde/canal-de-suez-un-navire-geant-paralyse-le-transport-maritime-25-03-2021-2419382_24.php |site=Le Point |date=2021-03-25 |consulté le=2021-03-25}}</ref>. L'accident provoque une forte hausse des cours du pétrole<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Le blocage du canal de Suez fait bondir de 5 % les cours du pétrole |url=https://www.challenges.fr/economie/le-blocage-du-canal-de-suez-fait-bondir-de-5-les-cours-du-petrole_757206 |site=Challenges |consulté le=2021-03-25}}</ref>. Le 29 mars, l'Autorité du Canal de Suez annonce la reprise du trafic après la remise à flot de l'''Ever Given''<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=L'Ever Given a été remis à flot, le trafic reprend dans le canal de Suez |url=https://www.huffingtonpost.fr/entry/canal-de-suez-lever-given-a-ete-remis-a-flot-le-trafic-reprend_fr_6061d6b4c5b67ad38721ac86 |site=Le HuffPost |date=2021-03-29 |consulté le=2021-03-29}}</ref>.
* le mardi {{date-|23 mars 2021}}, le [[porte-conteneurs]] ''[[Ever Given]]'' fait [[Obstruction du canal de Suez en 2021|obstruction dans le canal]], après avoir été déporté par une rafale de vent. Il s'échoue en travers du canal, en y bloquant toute circulation<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Un porte-conteneurs s’échoue et bloque le canal de Suez |url=https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/240321/un-porte-conteneurs-s-echoue-et-bloque-le-canal-de-suez |site=Mediapart |consulté le=2021-03-24}}</ref>. En provenance d'[[Asie]], celui-ci devait se rendre à [[Rotterdam]]. La société responsable de la gestion technique du navire, Bernhard Schulte Shipmanagement (BSM), assure que l'accident n'a provoqué aucune pollution ni aucun dommage sur la cargaison<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Canal de Suez : un navire géant paralyse le transport maritime |url=https://www.lepoint.fr/monde/canal-de-suez-un-navire-geant-paralyse-le-transport-maritime-25-03-2021-2419382_24.php |site=Le Point |date=2021-03-25 |consulté le=2021-03-25}}</ref>. L'accident provoque une forte hausse des cours du pétrole<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Le blocage du canal de Suez fait bondir de 5 % les cours du pétrole |url=https://www.challenges.fr/economie/le-blocage-du-canal-de-suez-fait-bondir-de-5-les-cours-du-petrole_757206 |site=Challenges |consulté le=2021-03-25}}</ref>. Le 29 mars, l'Autorité du Canal de Suez annonce la reprise du trafic après la remise à flot de l'''Ever Given''<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=L'Ever Given a été remis à flot, le trafic reprend dans le canal de Suez |url=https://www.huffingtonpost.fr/entry/canal-de-suez-lever-given-a-ete-remis-a-flot-le-trafic-reprend_fr_6061d6b4c5b67ad38721ac86 |site=Le HuffPost |date=2021-03-29 |consulté le=2021-03-29}}</ref>.


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Les « goulets d'étranglement » ne permettent pas la croissance du trafic ni celle de la taille des cargos et sont considérés comme des « talons d'Achille de l'économie pétrolière mondiale » (l'exemple le plus notable est le [[détroit d'Ormuz]] (30 % du [[tonnage]] pétrolier)<ref>J.-P. Rodrigue, « Straits, passages and chokepoints: a maritime geostrategy of petroleum distribution », ''Cahiers de géographie du Québec'', 2004.</ref>.
Les « goulets d'étranglement » ne permettent pas la croissance du trafic ni celle de la taille des cargos et sont considérés comme des « talons d'Achille de l'économie pétrolière mondiale » (l'exemple le plus notable est le [[détroit d'Ormuz]] (30 % du [[tonnage]] pétrolier)<ref>J.-P. Rodrigue, « Straits, passages and chokepoints: a maritime geostrategy of petroleum distribution », ''Cahiers de géographie du Québec'', 2004.</ref>.


C'est pourquoi des bases navales et une flotte de guerre sont entretenues en permanence dans la région par les États-Unis ({{5e|flotte}} dans l'Ouest de l'océan Indien, et {{6e}} en Méditerranée), assistés par la France à [[Djibouti]] et à [[Abou Dabi (émirat)|Abou Dabi]]. La présence militaire égyptienne est également visible tout le long du canal<ref name=":0" />.
C'est pourquoi des bases navales et une flotte de guerre sont entretenues en permanence dans la région par les États-Unis ({{5e|flotte}} dans l'Ouest de l'océan Indien, et {{6e}} en Méditerranée), assistés par la France à [[Djibouti]] et à [[Abou Dabi (émirat)|Abou Dabi]]. La présence militaire égyptienne est également visible tout le long du canal<ref name=":0">{{Article|langue=fr|auteur1=Marie-Christine Doceul|auteur2=Sylviane Tabarly|titre=Le canal de Suez, les nouvelles dimensions d’une voie de passage stratégique|périodique=Géoconfluences|pages=|date=19 mars 2018|issn=2492-7775|lire en ligne=http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/oceans-et-mondialisation/corpus-documentaire/canal-de-suez-strategique}}</ref>.


Fin {{date-|août 2013}}, le porte-conteneurs le ''Cosco Asia'' a été la cible d'une attaque terroriste alors qu'il remontait le canal vers la Méditerranée. Cette attaque, sans réelle conséquence pour le navire, met en lumière les problèmes de sécurité et la difficulté pour l'armée égyptienne de prévenir les attentats.
Fin {{date-|août 2013}}, le porte-conteneurs le ''Cosco Asia'' a été la cible d'une attaque terroriste alors qu'il remontait le canal vers la Méditerranée. Cette attaque, sans réelle conséquence pour le navire, met en lumière les problèmes de sécurité et la difficulté pour l'armée égyptienne de prévenir les attentats.

Version du 29 janvier 2024 à 20:20

Canal de Suez
قناة السويس
Illustration.
Le canal de Suez reliant la mer Méditerranée et la mer Rouge.
Géographie
Pays Drapeau de l'Égypte Égypte
Début Port-Saïd
31° 13′ 59″ N, 32° 20′ 49″ E
Fin Golfe de Suez
29° 55′ 51″ N, 32° 33′ 35″ E
Traverse Isthme de Suez
Connexions Lacs Manzala, Timsah et Amer
Caractéristiques
Statut actuel Ouvert
Longueur 193 km
Gabarit Suezmax
Mouillage 24 m maximum[1]
Infrastructures
Ponts-canaux Aucun
Écluses Aucune
Histoire
Année début travaux 1859
Année d'ouverture 17 novembre 1869
Commanditaire Ferdinand de Lesseps
Concepteur Compagnie universelle du canal maritime de Suez
Site web www.suezcanal.gov.egVoir et modifier les données sur Wikidata
  • x morts, six blessés et cinq disparus) près d'Ismaïlia ;
  • le mardi , le porte-conteneurs Ever Given fait obstruction dans le canal, après avoir été déporté par une rafale de vent. Il s'échoue en travers du canal, en y bloquant toute circulation[2]. En provenance d'Asie, celui-ci devait se rendre à Rotterdam. La société responsable de la gestion technique du navire, Bernhard Schulte Shipmanagement (BSM), assure que l'accident n'a provoqué aucune pollution ni aucun dommage sur la cargaison[3]. L'accident provoque une forte hausse des cours du pétrole[4]. Le 29 mars, l'Autorité du Canal de Suez annonce la reprise du trafic après la remise à flot de l'Ever Given[5].

Menaces terroristes

Les « goulets d'étranglement » ne permettent pas la croissance du trafic ni celle de la taille des cargos et sont considérés comme des « talons d'Achille de l'économie pétrolière mondiale » (l'exemple le plus notable est le détroit d'Ormuz (30 % du tonnage pétrolier)[6].

C'est pourquoi des bases navales et une flotte de guerre sont entretenues en permanence dans la région par les États-Unis (5e flotte dans l'Ouest de l'océan Indien, et 6e en Méditerranée), assistés par la France à Djibouti et à Abou Dabi. La présence militaire égyptienne est également visible tout le long du canal[7].

Fin , le porte-conteneurs le Cosco Asia a été la cible d'une attaque terroriste alors qu'il remontait le canal vers la Méditerranée. Cette attaque, sans réelle conséquence pour le navire, met en lumière les problèmes de sécurité et la difficulté pour l'armée égyptienne de prévenir les attentats.

Transit

Navires du 2e convoi amarrés au bypass d'El Ballah.

Le transit des navires est organisé en convois alternés (sud → nord et nord → sud), au rythme d'un convoi par jour en route vers le nord et deux convois en route vers le sud. Les navires se croisent au Grand Lac Amer principalement. Un deuxième croisement se fait pour le deuxième convoi en route vers le sud au bypass d'El Ballah[8].

Chaque navire en transit embarque successivement quatre pilotes au minimum, l'un pour le chenal d'accès au nord, le deuxième de Port-Saïd à Ismaïlia, le troisième d’Ismaïlia à Suez, le dernier pour le chenal d'accès au sud, ainsi qu'une ou deux embarcation(s) armée(s) de lamaneurs et un électricien. Le premier et le dernier pilote sont des pilotes de port et ne font pas partie de la société du canal.

La réglementation exige également que les navires en transit soient pourvus d'un projecteur agréé. Ce projecteur, placé à la proue, permet d'éclairer si besoin les berges dans le cas où un vent de sable réduirait la visibilité. Il est possible de louer un projecteur agréé auprès des autorités du canal.

Les pilotes du canal sont ici responsables du respect de l'ordre prévu dans les convois, ainsi que du passage en temps et en heures à plusieurs sémaphores (ou stations) placés le long du canal.

Stations de signaux du canal de Suez

Les stations sont présentes tous les dix kilomètres environ.

  • Port Saïd
    • Râs el 'Ish, El Tîna, El Câp, El Quantara
  • El Ballâh (By-pass)
    • El Firdân, El Ismâ 'ilîya, Tûsûn, Déversoir
  • Grand lac amer
    • El Kabrît, El Gineifa, El Shallûfa
  • Suez

Des remorqueurs participent au convoi pour pallier toute avarie de propulsion. Les navires se suivent à une distance d'environ un mille marin et la vitesse de transit est approximativement de neuf nœuds.

Les petits bateaux à voile qui désirent transiter doivent également embarquer du personnel local spécialisé.

Notes et références

  1. SCA - Canal Characteristics
  2. « Un porte-conteneurs s’échoue et bloque le canal de Suez », sur Mediapart (consulté le )
  3. « Canal de Suez : un navire géant paralyse le transport maritime », sur Le Point, (consulté le )
  4. « Le blocage du canal de Suez fait bondir de 5 % les cours du pétrole », sur Challenges (consulté le )
  5. « L'Ever Given a été remis à flot, le trafic reprend dans le canal de Suez », sur Le HuffPost, (consulté le )
  6. J.-P. Rodrigue, « Straits, passages and chokepoints: a maritime geostrategy of petroleum distribution », Cahiers de géographie du Québec, 2004.
  7. Marie-Christine Doceul et Sylviane Tabarly, « Le canal de Suez, les nouvelles dimensions d’une voie de passage stratégique », Géoconfluences,‎ (ISSN 2492-7775, lire en ligne)
  8. Voir simulation sur le site de la Suez Canal Authority.

Voir aussi

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Sources

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes