« Marche verte » : différence entre les versions

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{{Voir homonyme|Patrouille de la Marche verte}}{{Infobox Conflit militaire
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| conflit = Marche verte
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| légende = Opérations de la marche verte présentées sur une carte.
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La '''Marche verte''' (en [[arabe]] : المسيرة الخضراء, en [[Amazighe standard marocain|amazigh]] : ⵜⴰⵡⴰⴷⴰ ⵜⴰⵣⴳⵣⴰⵡⵜ ''Tawada Tazegzawt''<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=ⴷⴷⴰⵅⵍⴰ ⴰⵔ ⵜⵙⴼⵓⴳⵍⵓ ⵙ ⵜⴷⵍⵙⴰ ⵜⴰⵃⵙⵙⴰⵏⵉⵜ – Ministère de la culture |url=https://www.minculture.gov.ma/am/?p=408 |consulté le=2022-05-26}}</ref>) est une grande marche [[pacifisme|pacifique]] partie du [[Maroc]] le {{date-|6|novembre|1975}} vers le [[Sahara espagnol]] (actuel [[Sahara occidental]], disputé avec le [[Front Polisario]]), lancée par le roi marocain [[Hassan II]] dans le but de le récupérer, car considéré comme faisant historiquement partie du [[Sahara marocain]]. Elle mobilisa environ 350 000 volontaires civils marocains.[[File:100 dirham back.jpg|thumb|Billet de banque de 100 [[dirham marocain|dirhams]] à l'effigie du roi [[Hassan II]] et commémorant la Marche verte.]]La Marche a fait suite à l'avis [[consultation|consultatif]] de la [[Cour internationale de justice]] rendu sur demande de Hassan II, cet avis reconnaissant des [[serment d'allégeance|liens d'allégeances]] partiels, mais niant tout lien de souveraineté et reconnaissant le droit à l'[[auto-détermination]]<ref name="CIJ 1975">{{lien web|url=http://www.icj-cij.org/files/case-related/61/061-19751016-ADV-01-00-FR.pdf|titre=Sahara occidental : Avis consultatif du 16 octobre 1975|site=[[Cour internationale de justice]]|lieu=La Haye}}</ref>{{,}}<ref name="CIJ 1975 résumé">{{lien web|url=http://www.icj-cij.org/files/case-related/61/6196.pdf|titre=Sahara occidental : Résumé de l'avis consultatif du 16 octobre 1975|site=[[Cour internationale de justice]]|lieu=La Haye}}</ref>.


La '''Marche verte''' (en [[arabe]] : المسيرة الخضراء, en [[Amazighe standard marocain|amazigh]] : ⵜⴰⵡⴰⴷⴰ ⵜⴰⵣⴳⵣⴰⵡⵜ ''Tawada Tazegzawt''<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=ⴷⴷⴰⵅⵍⴰ ⴰⵔ ⵜⵙⴼⵓⴳⵍⵓ ⵙ ⵜⴷⵍⵙⴰ ⵜⴰⵃⵙⵙⴰⵏⵉⵜ – Ministère de la culture |url=https://www.minculture.gov.ma/am/?p=408 |consulté le=2022-05-26}}</ref>) est une grande marche [[pacifisme|pacifique]] partie du [[Maroc]] le {{date-|6|novembre|1975}} vers le [[Sahara espagnol]], lancée par le roi marocain [[Hassan II]] dans le but de le récupérer, car considéré comme faisant historiquement partie du [[Sahara marocain]]. Elle mobilisa environ 350 000 volontaires civils marocains.[[File:100 dirham back.jpg|thumb|Billet de banque de 100 [[dirham marocain|dirhams]] à l'effigie du roi [[Hassan II]] et commémorant la Marche verte.]]La Marche a fait suite à l'avis [[consultation|consultatif]] de la [[Cour internationale de justice]] rendu sur demande de Hassan II, cet avis reconnaissant des [[serment d'allégeance|liens d'allégeances]] partiels, mais niant tout lien de souveraineté et reconnaissant le droit à l'[[auto-détermination]]<ref name="CIJ 1975">{{lien web|url=http://www.icj-cij.org/files/case-related/61/061-19751016-ADV-01-00-FR.pdf|titre=Sahara occidental : Avis consultatif du 16 octobre 1975|site=[[Cour internationale de justice]]|lieu=La Haye}}</ref>{{,}}<ref name="CIJ 1975 résumé">{{lien web|url=http://www.icj-cij.org/files/case-related/61/6196.pdf|titre=Sahara occidental : Résumé de l'avis consultatif du 16 octobre 1975|site=[[Cour internationale de justice]]|lieu=La Haye}}</ref>.
Le Sahara occidental est un territoire où le processus de [[décolonisation]] n'est pas achevé selon l'[[ONU]] qui le considère comme [[Liste des territoires non autonomes selon l'Organisation des Nations unies|non autonome]]<ref>{{Lien web |titre=Territoires non autonomes {{!}} Les Nations Unies et la décolonisation |url=https://www.un.org/dppa/decolonization/fr/nsgt#:~:text=Sont%20qualifi%C3%A9s%20de%20non%20autonomes,pas%20encore%20compl%C3%A8tement%20elles%20m%C3%AAmes%20%C2%BB. |site=www.un.org |consulté le=2021-03-08}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Western Sahara ‘Last Decolonization Process in Africa’, Fourth Committee Told, As Unresolved Territorial Disputes, Including Gibraltar, Dominate Agenda {{!}} Meetings Coverage and Press Releases |url=https://www.un.org/press/en/2010/gaspd452.doc.htm |site=www.un.org |consulté le=2021-03-08}}</ref>, c'est-à-dire que sa population ne s'administre pas encore complètement elle-même, et sans autorité administrante, c'est-à-dire qu'aucune puissance n'y exerce de tutelle légitime. Il est de facto contrôlé à 80 % par le Maroc et à 20 % par le Front Polisario<ref>{{Lien web|titre=Sahara: l'ONU doit agir pour le référendum d'autodétermination |url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/sahara-l-onu-doit-agir-pour-le-referendum-d-autodetermination-20190723 |site=LEFIGARO |consulté le=2021-03-08}}</ref>. La légitimité de la prise de contrôle de facto de la majorité du territoire par le Maroc n'est pas reconnue par l'ONU, qui ne reconnaît pas non plus la légitimité de la proclamation de [[République arabe sahraouie démocratique]] (RASD) en 1976 par le Front Polisario.

Les [[Forces armées royales (Maroc)|Forces armées royales marocaines]], peu avant, étaient intervenues dans l'Est du territoire pour occuper plusieurs points stratégiques et, le moment venu, ont été présentes autour de volontaires marocains.


Le [[6 novembre]] est devenu le jour d'une [[Fêtes et jours fériés au Maroc|fête nationale]] au Maroc.
Le [[6 novembre]] est devenu le jour d'une [[Fêtes et jours fériés au Maroc|fête nationale]] au Maroc.


== Contexte ==
== Contexte ==
Depuis son indépendance en 1956, le Maroc revendique le territoire du [[Sahara espagnol]]<ref>{{Lien web|prénom=Jean |nom=Lacouture |titre=Les revendications sahariennes du Maroc s'affirment et s'étendent |url=https://www.monde-diplomatique.fr/1958/05/LACOUTURE/22584 |site=Le Monde diplomatique |date=1958-05-01 |consulté le=2021-06-17}}</ref>. En {{date-|août 1974}}, l'[[Espagne franquiste|Espagne]], qui souhaite se retirer, annonce l'organisation d'un référendum d'autodétermination pour 1975. Le Maroc s'oppose à tout référendum qui pourrait conduire à l'indépendance du territoire et demande à la [[Cour internationale de justice]] de statuer sur sa revendication. Le lendemain, la Cour internationale de Justice rend son avis : elle reconnaît que le territoire du Sahara occidental n'était pas ''[[terra nullius]]'' avant la colonisation par l'Espagne et qu'il avait des liens juridiques d'allégeance avec le Maroc et l'ensemble mauritanien. Cependant, elle ne constate aucun lien de souveraineté territoriale. Elle conclut que ces liens ne sont pas de nature à entraver {{citation|l'application du principe d'autodétermination grâce à l'expression libre et authentique de la volonté des populations du territoire}}<ref name="CIJ 1975" />.
Depuis son indépendance en 1956, le Maroc revendique le territoire du [[Sahara espagnol]]<ref>{{Lien web|prénom=Jean |nom=Lacouture |titre=Les revendications sahariennes du Maroc s'affirment et s'étendent |url=https://www.monde-diplomatique.fr/1958/05/LACOUTURE/22584 |site=Le Monde diplomatique |date=1958-05-01 |consulté le=2021-06-17}}</ref>. En {{date-|août 1974}}, l'[[Espagne franquiste|Espagne]], qui souhaite se retirer, annonce l'organisation d'un référendum d'autodétermination pour 1975. Le Maroc s'oppose à tout référendum qui pourrait conduire à l'indépendance du territoire et demande à la [[Cour internationale de justice]] de statuer sur sa revendication. Le lendemain, la Cour internationale de Justice rend son avis : elle reconnaît que le territoire du l'occident du [[Sahara]] n'était pas ''[[terra nullius]]'' avant la colonisation par l'Espagne et qu'il avait des liens juridiques d'allégeance avec le Maroc et l'ensemble mauritanien. Cependant, elle ne constate aucun lien de souveraineté territoriale. Elle conclut que ces liens ne sont pas de nature à entraver {{citation|l'application du principe d'autodétermination grâce à l'expression libre et authentique de la volonté des populations du territoire}}<ref name="CIJ 1975" />.


La Marche verte est un « coup de poker » de [[Hassan II]] pour rétablir ou établir {{incise|selon les [[Point de vue cognitif|points de vue]]}} la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, dans un contexte de plus en plus défavorable{{référence nécessaire}}. Dans les heures qui suivent la publication de l'avis de la CIJ, il annonce aux Marocains que celle-ci a conclu en faveur du Maroc, et qu'il est temps de prendre possession du territoire en y marchant pacifiquement. En montrant à l'Espagne que son pays est déterminé à reprendre les « territoires du Sud », il veut contraindre celle-ci à choisir entre des négociations directes de cession ou une confrontation avec des civils sans armes, ce qui déclencherait une guerre pour un territoire dont elle ne veut plus. En occupant physiquement le terrain, il cherche également à contrer le [[Front Polisario]] sur place et à dissuader l'[[Algérie]] d'intervenir.
La Marche verte est un « coup de poker » de [[Hassan II]] pour rétablir ou établir {{incise|selon les [[Point de vue cognitif|points de vue]]}} la souveraineté du Maroc sur l'occident du Sahara, dans un contexte de plus en plus défavorable{{référence nécessaire}}. Dans les heures qui suivent la publication de l'avis de la CIJ, il annonce aux Marocains que celle-ci a conclu en faveur du Maroc, et qu'il est temps de prendre possession du territoire en y marchant pacifiquement. En montrant à l'Espagne que son pays est déterminé à reprendre les « territoires du Sud », il veut contraindre celle-ci à choisir entre des négociations directes de cession ou une confrontation avec des civils sans armes, ce qui déclencherait une guerre pour un territoire dont elle ne veut plus. En occupant physiquement le terrain, il cherche également à contrer le [[Front Polisario]] sur place et à dissuader l'[[Algérie]] d'intervenir.


Selon le journal ''[[Orient XXI]]'', Hassan II et [[Alexandre de Marenches]], directeur du [[Service de documentation extérieure et de contre-espionnage]] français (SDECE) auraient imaginé la « marche verte » comme moyen de mobilisation du peuple marocain autour de son monarque. Elle aurait permis également à ce dernier de se débarrasser d’une partie de l’armée marocaine, perçue comme une menace potentielle<ref>{{Lien web|auteur1= |prénom1=Omar |nom1=Brouksy |titre=Maroc. Hassan II, « pote » et despote |url=https://orientxxi.info/magazine/maroc-hassan-ii-pote-et-despote,3201 |site=Orient XXI |périodique= |date=2019-07-22 |consulté le=}}</ref>.
Selon le journal ''[[Orient XXI]]'', Hassan II et [[Alexandre de Marenches]], directeur du [[Service de documentation extérieure et de contre-espionnage]] français (SDECE) auraient imaginé la « marche verte » comme moyen de mobilisation du peuple marocain autour de son monarque. Elle aurait permis également à ce dernier de se débarrasser d’une partie de l’armée marocaine, perçue comme une menace potentielle<ref>{{Lien web|auteur1= |prénom1=Omar |nom1=Brouksy |titre=Maroc. Hassan II, « pote » et despote |url=https://orientxxi.info/magazine/maroc-hassan-ii-pote-et-despote,3201 |site=Orient XXI |périodique= |date=2019-07-22 |consulté le=}}</ref>.
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[[Hassan II]] sollicite le départ de {{nombre|350000}} volontaires [[civil]]s [[maroc]]ains en direction du [[Sahara espagnol]], duquel l'[[Espagne]] ne s'était pas encore retirée<ref>{{Article|langue=fr|titre=Les Marocains de la " marche verte " ont franchi la frontière Le Conseil de sécurité invite Rabat à "mettre fin immédiatement" à son action|périodique=Le Monde.fr|date=1975-11-07|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/archives/article/1975/11/07/les-marocains-de-la-marche-verte-ont-franchi-la-frontiere-le-conseil-de-securite-invite-rabat-a-mettre-fin-immediatement-a-son-action_3101567_1819218.html|consulté le=2022-01-08}}</ref>.
[[Hassan II]] sollicite le départ de {{nombre|350000}} volontaires [[civil]]s [[maroc]]ains en direction du [[Sahara espagnol]], duquel l'[[Espagne]] ne s'était pas encore retirée<ref>{{Article|langue=fr|titre=Les Marocains de la " marche verte " ont franchi la frontière Le Conseil de sécurité invite Rabat à "mettre fin immédiatement" à son action|périodique=Le Monde.fr|date=1975-11-07|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/archives/article/1975/11/07/les-marocains-de-la-marche-verte-ont-franchi-la-frontiere-le-conseil-de-securite-invite-rabat-a-mettre-fin-immediatement-a-son-action_3101567_1819218.html|consulté le=2022-01-08}}</ref>.


Les volontaires, désarmés et portant chacun un [[Coran]] et un [[Drapeau du Maroc|drapeau national]], entourés par {{nombre|20000}} soldats des [[Forces armées royales (Maroc)|Forces armées royales]]<ref name="Venremren-72 "/>, pénètrent dans le Sahara occidental le [[6 novembre]]. Trois jours après, Hassan II les appelle à revenir, {{citation|ses objectifs politiques et symboliques [étant] atteints}}<ref name="Venremren-72">{{harvsp|id=Vermeren|texte=Vermeren 2010|p=72}}</ref>.
Les volontaires, désarmés et portant chacun un [[Coran]] et un [[Drapeau du Maroc|drapeau national]], entourés par {{nombre|20000}} soldats des [[Forces armées royales (Maroc)|Forces armées royales]]<ref name="Venremren-72 "/>, pénètrent dans le [[Sahara espagnol]] le [[6 novembre]]. Trois jours après, Hassan II les appelle à revenir, {{citation|ses objectifs politiques et symboliques [étant] atteints}}<ref name="Venremren-72">{{harvsp|id=Vermeren|texte=Vermeren 2010|p=72}}</ref>.

Selon un rapport secret déclassifié de la [[Central Intelligence Agency|CIA]], le prince [[Juan Carlos Ier|Juan Carlos]] d'Espagne aurait affirmé que Rabat et Madrid avaient au préalable convenu que les marcheurs marocains ne devaient entrer seulement à « quelques kilomètres » dans le Sahara Occidental et ne devaient rester que pendant un court laps de temps. Le prince aurait ajouté qu'il avait également autorisé une délégation symbolique marocaine à entrer dans la capitale [[Laâyoune]]<ref>{{Article |langue=anglais |auteur1=CIA |titre=THE PRESIDENT'S DAILY BRIEF 6 NOVEMBER 1975 |périodique=THE PRESIDENT'S DAILY BRIEF |date=6 Novembre 1975 |issn= |lire en ligne=https://www.cia.gov/library/readingroom/docs/DOC_0006014947.pdf |pages= }}</ref>.


== Conséquences ==
== Conséquences ==
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* [[Provinces du Sud]]
* [[Provinces du Sud]]
* [[Accords de Madrid]]
* [[Accords de Madrid]]
* [[Histoire du Sahara occidental]]
* [[Expulsion des Marocains d'Algérie]]
* [[Expulsion des Marocains d'Algérie]]


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[[Catégorie:Histoire du Maroc]]
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[[Catégorie:Histoire du Sahara occidental]]
[[Catégorie:1975 en Afrique]]
[[Catégorie:1975 en Afrique]]
[[Catégorie:Fête nationale]]
[[Catégorie:Fête nationale]]

Version du 5 novembre 2023 à 22:41

Marche verte

Informations générales
Date 6 - 9 novembre 1975
Lieu Maroc
Issue Accords de Madrid
Changements territoriaux L'Espagne se retire définitivement du territoire et début de l'occupation par le Maroc et la Mauritanie.
Belligérants
Espagne Drapeau du Maroc Maroc
Commandants
Juan Carlos Ier
Carlos Arias Navarro
Hassan II
Ahmed Osman

Coordonnées 27° 39′ 39″ nord, 11° 03′ 10″ ouest

La Marche verte (en arabe : المسيرة الخضراء, en amazigh : ⵜⴰⵡⴰⴷⴰ ⵜⴰⵣⴳⵣⴰⵡⵜ Tawada Tazegzawt[1]) est une grande marche pacifique partie du Maroc le vers le Sahara espagnol, lancée par le roi marocain Hassan II dans le but de le récupérer, car considéré comme faisant historiquement partie du Sahara marocain. Elle mobilisa environ 350 000 volontaires civils marocains.

Billet de banque de 100 dirhams à l'effigie du roi Hassan II et commémorant la Marche verte.

La Marche a fait suite à l'avis consultatif de la Cour internationale de justice rendu sur demande de Hassan II, cet avis reconnaissant des liens d'allégeances partiels, mais niant tout lien de souveraineté et reconnaissant le droit à l'auto-détermination[2],[3].

Le 6 novembre est devenu le jour d'une fête nationale au Maroc.

Contexte

Depuis son indépendance en 1956, le Maroc revendique le territoire du Sahara espagnol[4]. En , l'Espagne, qui souhaite se retirer, annonce l'organisation d'un référendum d'autodétermination pour 1975. Le Maroc s'oppose à tout référendum qui pourrait conduire à l'indépendance du territoire et demande à la Cour internationale de justice de statuer sur sa revendication. Le lendemain, la Cour internationale de Justice rend son avis : elle reconnaît que le territoire du l'occident du Sahara n'était pas terra nullius avant la colonisation par l'Espagne et qu'il avait des liens juridiques d'allégeance avec le Maroc et l'ensemble mauritanien. Cependant, elle ne constate aucun lien de souveraineté territoriale. Elle conclut que ces liens ne sont pas de nature à entraver « l'application du principe d'autodétermination grâce à l'expression libre et authentique de la volonté des populations du territoire »[2].

La Marche verte est un « coup de poker » de Hassan II pour rétablir ou établir — selon les points de vue — la souveraineté du Maroc sur l'occident du Sahara, dans un contexte de plus en plus défavorable[réf. nécessaire]. Dans les heures qui suivent la publication de l'avis de la CIJ, il annonce aux Marocains que celle-ci a conclu en faveur du Maroc, et qu'il est temps de prendre possession du territoire en y marchant pacifiquement. En montrant à l'Espagne que son pays est déterminé à reprendre les « territoires du Sud », il veut contraindre celle-ci à choisir entre des négociations directes de cession ou une confrontation avec des civils sans armes, ce qui déclencherait une guerre pour un territoire dont elle ne veut plus. En occupant physiquement le terrain, il cherche également à contrer le Front Polisario sur place et à dissuader l'Algérie d'intervenir.

Selon le journal Orient XXI, Hassan II et Alexandre de Marenches, directeur du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage français (SDECE) auraient imaginé la « marche verte » comme moyen de mobilisation du peuple marocain autour de son monarque. Elle aurait permis également à ce dernier de se débarrasser d’une partie de l’armée marocaine, perçue comme une menace potentielle[5].

Le contexte est aussi marqué depuis fin octobre par l'agonie du général Franco qui transféra ses pouvoirs de chef d'État par intérim à Juan Carlos le [6].

Selon Jacob Mundy, dans Le Monde diplomatique, quelques jours avant la Marche, le , un détachement des Forces armées marocaines (FAR) commandé par Ahmed Dlimi s'infiltre dans l'extrême Nord-Est du territoire, afin de déjouer une contre-offensive possible de l'Algérie[7]. Il occupe les localités de Farsia, Haousa et Jdiriya (en). D'après l'hebdomadaire marocain Telquel, les FAR étaient bel et bien présentes dès le pour sécuriser et occuper « plusieurs points stratégiques », et les FAR ont été aussi là « pour mater les guérilleros du tout jeune Front Polisario »[8].

Déroulement de la Marche verte

Le serment d'Hassan II à la Marche verte, sur une carte donnée aux volontaires.

Hassan II sollicite le départ de 350 000 volontaires civils marocains en direction du Sahara espagnol, duquel l'Espagne ne s'était pas encore retirée[9].

Les volontaires, désarmés et portant chacun un Coran et un drapeau national, entourés par 20 000 soldats des Forces armées royales[10], pénètrent dans le Sahara espagnol le 6 novembre. Trois jours après, Hassan II les appelle à revenir, « ses objectifs politiques et symboliques [étant] atteints »[10].

Conséquences

Devant le fait accompli, l'Espagne négocie alors avec le Maroc et la Mauritanie, et les trois pays signent les accords de Madrid prévoyant le transfert de la souveraineté des deux tiers septentrionaux du territoire (Seguia el-Hamra) au Maroc et le tiers sud restant (Oued Ed-Dahab-Lagouira) à la Mauritanie.

Pour commémorer cet événement, le est devenu le jour d'une fête nationale au Maroc. Cette date se retrouve également dans un odonyme, notamment à Casablanca : « Avenue du 6 Novembre 1975[11] ».

Pour célébrer le 40e anniversaire de la marche verte, d'anciennes gloires du football mondial se sont retrouvées pour un match de gala au stade Sheikh Mohamed Laghdaf, à l'instar de Diego Maradona, Abedi Pelé, George Weah[12].

Notes et références

  1. « ⴷⴷⴰⵅⵍⴰ ⴰⵔ ⵜⵙⴼⵓⴳⵍⵓ ⵙ ⵜⴷⵍⵙⴰ ⵜⴰⵃⵙⵙⴰⵏⵉⵜ – Ministère de la culture » (consulté le )
  2. a et b « Sahara occidental : Avis consultatif du 16 octobre 1975 », sur Cour internationale de justice, La Haye
  3. « Sahara occidental : Résumé de l'avis consultatif du 16 octobre 1975 », sur Cour internationale de justice, La Haye
  4. Jean Lacouture, « Les revendications sahariennes du Maroc s'affirment et s'étendent », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  5. Omar Brouksy, « Maroc. Hassan II, « pote » et despote », sur Orient XXI,
  6. « Franco : l'interminable agonie du dictateur tient la presse en haleine », sur Le Figaro,
  7. (en) Jacob Mundy, « How the US and Morocco seized the Spanish Sahara », Le Monde diplomatique, Paris,
  8. Rédaction, « Dossier : Mensonges d'État », Telquel, Casablanca, no 357,‎ du 24 au 30 janvier 2009 (lire en ligne)
  9. « Les Marocains de la " marche verte " ont franchi la frontière Le Conseil de sécurité invite Rabat à "mettre fin immédiatement" à son action », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. a et b Vermeren 2010, p. 72
  11. Google Maps & OpenStreetMap (sites consultés le 4 novembre 2016), Avenue du 6 Novembre 1975, quartiers Jamila 1 et 2, Casablanca, Préfecture de Casablanca, Région de Casablanca-Settat, Maroc. 33° 32′ 57″ N, 7° 34′ 57″ O
  12. « Maradona pour célébrer la Marche verte », sur leseco.ma, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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