« Iroquois » : différence entre les versions

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| légende carte=Étendue des territoires historiques des nations iroquoises en Amérique du Nord.
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Les '''Iroquois''', dont l'[[Endonymie|endonyme]] est '''Haudenosaunee''' (« le peuple aux [[Maison longue amérindienne|longues maisons]] »), connus aussi par l'expression '''Cinq-Nations''' ou '''Cinq Cantons'''<ref>{{harvsp|Cuoq|1898}}.</ref> puis '''Six-Nations''', constituent un regroupement de peuples [[Autochtones d'Amérique|autochtones]] d'[[Amérique du Nord]] faisant partie de la [[Langues iroquoiennes|famille linguistique iroquoienne]], à la manière d'une [[Confédération (organisation politique)|confédération]]. Ils comprennent effectivement cinq puis six nations, soit les [[Mohawks]], les [[Onneiouts]], les [[Onondagas]], les [[Sénécas]], les [[Cayugas]] et, après 1722, les [[Tuscaroras]], vivant historiquement dans le nord de l'[[État de New York]], aux [[États-Unis]], ainsi qu'au sud du [[lac Ontario]] et du [[fleuve Saint-Laurent]], au [[Canada]].

La plupart des quelque {{unité|125000|Iroquois}} vivent aujourd'hui dans des territoires et réserves situées en [[Ontario]] et dans l'État de New York. D'autres vivent au [[Wisconsin]], dans le sud-ouest du [[Québec]] et en [[Oklahoma]].

Une minorité des Iroquois parle aujourd'hui l'une des langues iroquoiennes, dont près de {{unité|1500|locuteurs}} du [[Mohawk (langue)|mohawk]] dans le village de [[Kahnawake]], au sud de [[Montréal]]. Sur le territoire de [[Réserve des Six Nations|Six Nations]], dans la province de l'Ontario, l'apprentissage des langues est une priorité au sein de la communauté traditionaliste. De nombreuses familles comptent à ce jour plusieurs polyglottes. L'[[Onondaga (langue)|onondaga]] et le mohawk semblent être les langues les plus pratiquées<ref>{{Lien web |langue=en-US |auteur=Haudenosaunee Confederacy |titre=Languages |url=https://www.haudenosauneeconfederacy.com/languages/ |site=haudenosauneeconfederacy.com |consulté le=2022-05-10}}</ref>.

== Dénomination ==
L'origine du mot « iroquois » est obscure, mais cette appellation pourrait provenir d'une phrase souvent employée à la fin de discours iroquois, « ''hiro kone'' » (je l'ai dit). Cependant cette hypothèse n'est pas validée par les Haudenosaunee. D'autres considèrent que le mot proviendrait du nom qui leur a été donné par leurs ennemis, les [[Algonquins]] : « ''Irinakhoi'' » (serpents à sonnette), une hypothèse également non validée par les Haudenosaunee traditionalistes de [[Réserve des Six Nations|Six Nations]]. Il est aussi possible que le mot provienne des pêcheurs [[basque]]s qui surnommaient le peuple ''Hilokoa'' (« les tueurs ») qui serait passé en langue algonquine (qui ne prononce pas le « r »), à ''hirokoa'', en français qui en aurait tout simplement francisé l'[[Ethnonymie|ethnonyme]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Roland Tremblay |titre=Les Iroquoiens du Saint-Laurent |sous-titre=peuple du maïs |lieu=Montréal |éditeur=Les Éditions de l'Homme |année=2006 |pages totales=149 |passage=12 |isbn=978-2-7619-2326-2}}.</ref>. Toutefois, les Iroquois s'appellent eux-mêmes ''Haudenosaunee'', soit le « peuple aux [[Maison longue amérindienne|longues maisons]] » ou littéralement, le « peuple qui construit ».

== Histoire ==

=== Origines ===
[[Fichier:Map-Novi Belgii Novæque Angliæ (Amsterdam, 1685).jpg|vignette|droite|L'iroquoisie est représentée sur cette carte de [[Nouvelle-Néerlande]] de 1655. Remarquons le [[lac Champlain]], ''Lacus Irocoisiensis ofte Meer der Irocoisen'' et la [[rivière Richelieu|rivière aux Iroquois]], que les Français ont nommée le Richelieu.]]
Leurs terres d'origine se situent entre les [[Adirondacks]] et les [[chutes du Niagara]]. Des traces de peuplement sont attestées dès le {{Xe siècle av. J.-C.}} Au {{XIVe siècle}} est introduite la culture du [[maïs]].

Selon la tradition iroquoise, à cette époque il n'y avait qu'une seule tribu, habitant sur le [[fleuve Saint-Laurent]], à qui les Algonquins apprennent l'agriculture. La formation des différentes tribus est incertaine.

=== Durant le Régime français ===
[[Fichier:iroquois.jpg|thumb|Premiers contacts entre Iroquois et explorateurs européens.]]
[[Fichier:Map of Iroquois Five Nations and Mission Sites 1656-1684 by John S. Clark 1879.png|gauche|vignette|Carte des Cinq-Nations iroquoises et des [[Missions jésuites en Nouvelle-France|sites de missions]] entre 1656 et 1684.]]
On sait qu'une ligue iroquoise est créée en [[1570]] sous le nom de [[Iroquoisie|ligue des Cinq-Nations]]. En [[1722]], les [[Tuscaroras]] entrent dans la ligue, qui devient les Six-Nations. La population des Iroquois est évaluée à {{unité|22000|individus}} au début en [[1630]] et tombe à {{formatnum:6000}} au début du {{XVIIIe siècle}}, {{formatnum:12000}} environ en 1860<ref>{{Ouvrage |auteur1=Gilles Havard |auteur2=[[Cécile Vidal]] |titre=Histoire de l'Amérique française |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=2003 |passage=199 |isbn=}}.</ref>.

En 1603, lorsque les [[France|Français]] arrivèrent au Canada, les Iroquois formaient une ligue puissante, alors en guerre contre les [[Hurons-Wendats|Hurons]] et les [[Adirondacks]]. Ces derniers demandèrent le secours des Français qui, conduits par [[Samuel de Champlain]], défirent les Iroquois<ref>{{Ouvrage |titre=Dictionnaire universel d'Histoire et de Géographie |éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]] |année=1860 |passage=889 }}.</ref>.

Des Hollandais, qui avaient remonté l'[[Hudson (fleuve)|Hudson]] jusqu'à la hauteur de la ville actuelle d'[[Albany (New York)|Albany]], se trouvèrent confrontés aux Adirondacks, et anéantirent toute la tribu. Ensuite, dans les guerres que se firent les Anglais et les Français, les Iroquois se partagèrent et servirent alternativement les deux camps<ref>{{Ouvrage |titre=Dictionnaire universel d'Histoire et de Géographie |éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]] |année=1860 }}.</ref>.

Au {{XVIIe siècle}}, des guerres avec les Français, alliés aux [[Algonquins]], aux [[Innus|Montagnais]] (Innus) et aux [[Abénaquis|Abénakis]], et les [[Grande-Bretagne (royaume)|Britanniques]], les forcent à retourner dans les limites de leurs terres ancestrales, ou, dans le cas des Iroquois [[Christianisme|christianisés]] par les [[Compagnie de Jésus|Jésuites]] et persécutés par leurs compatriotes, au [[Canada]], principalement au [[Québec]].

En [[1648]]–[[1653]], les Iroquois attaquent les [[Hurons-Wendats|Hurons]], les Algonquins et leurs alliés français. Ils finissent par affaiblir la [[Huronie|confédération des Hurons]] qui se disperse. Certains prisonniers étaient adoptés (ils devenaient Iroquois) alors que d'autres étaient torturés (on leur arrachait notamment les ongles avant de les brûler vifs, à petit feu) ou frappés à coups de bâton. Les guerriers mangeaient les organes des vaincus<ref>{{Ouvrage |auteur1=Gilles Havard |auteur2=[[Cécile Vidal]] |titre=Histoire de l'Amérique française |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=2003 |passage=95-96 |isbn=}}.</ref>. En [[1660]], quelques centaines d'Iroquois gagnent la [[bataille de Long Sault]] contre 17 Français et 48 alliés amérindiens.

Lorsque [[Jean-Baptiste Colbert|Colbert]] devint responsable de la [[Nouvelle-France]], cela faisait déjà {{nombre|25|ans}} que les Iroquois dévastaient la colonie pour détourner le commerce des fourrures des [[Hurons-Wendats|Hurons]] et des [[Outaouais (peuple)|Outaouais]] avec la Nouvelle-France ; les Iroquois veulent profiter de ce commerce en tant qu'intermédiaires avec [[Albany (New York)|Albany]]<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=W. J. Eccles |titre=Frontenac |sous-titre=the courtier governor |éditeur=University of Nebraska press |année=2003 |passage=4 |isbn=}}.</ref>.

En [[1667]], les [[Mohawks]] et les [[Onneiouts]] acceptent de conclure la paix<ref>{{Ouvrage |titre=Traitéz de paix conclus entre S.M. le roy de France et les Indiens du Canada , paix avec les Iroquois de la nation Tsonnont8an. A Quebec le vingtdeuxiéme may 1666. Paix avec les Iroquois de la nation d'Onnei8t. A Quebec le douziéme juillet 1666. Paix avec les Iroquois de la nation d'Onnontague. Le treizïéme decembre 1666 |éditeur= |année=1667 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k579485.image |consulté le=2020-03-05}}</ref>.

La guerre reprit par ordre du ministre de la Marine [[Jérôme Phélypeaux de Pontchartrain]] le {{date-|13 juin 1687}} : l’expédition contre les Iroquois quitta Montréal, avec {{nombre|832|hommes}} des troupes de la marine, {{nombre|900|hommes}} de milice et 400 Amérindiens alliés. L’avant-garde captura plusieurs Iroquois le long du fleuve. Au [[Fort Frontenac]], l’intendant [[Jean Bochart de Champigny|de Champigny]], qui avait devancé le gros de l’expédition, s’empara de [[Cayugas]] et d’[[Onneiouts]] pour les empêcher de porter aux villages iroquois au sud du lac, la nouvelle de l’approche de l’armée française.

[[Fichier:5NationsExpansion.jpg|thumb|L'avancée territoriale des Iroquois pendant les [[guerres franco-iroquoises]] a dépeuplé la [[vallée de l'Ohio]] au cours du {{s-|XVII|e}}.]]
Un autre groupe d’Iroquois, soi-disant neutres, qui habitaient un village près du fort, furent aussi capturés pour les mêmes raisons. En tout, {{nombre|50|à=60|hommes}} et {{nombre|150|femmes}} et enfants furent emmenés à [[Montréal]]. Le gouverneur [[Jacques-René de Brisay]] expédia en France 36 des 58 prisonniers iroquois, mais laissa clairement entendre qu’il aurait mieux aimé n’en rien faire. Ces prisonniers furent par la suite forcés à devenir des esclaves dans les galères du Roi<ref>{{EC|ID=cayuga|auteur=Thomas S. Abler|titre=Cayuga|publié le=6 juin 2011|consulté le=8 juin 2019}}.</ref>.

Après la [[Glorieuse Révolution]] de novembre [[1688]] qui renversa [[Jacques II (roi d'Angleterre)|Jacques II]], l'allié de [[Louis XIV]], les Iroquois apprennent des Anglais d’[[Albany (New York)|Albany]] que l’[[Royaume d'Angleterre|Angleterre]] et la [[Royaume de France|France]] sont [[Guerre de la Ligue d'Augsbourg|en guerre]] et abandonnent toute idée de paix. Le [[massacre de Lachine]] eut lieu le {{date-|5 août 1689}} : environ {{unité|1500|guerriers}} iroquois s’abattirent sur le village de [[Lachine]], aux portes de Montréal, près des [[Rapides de Lachine|rapides du même nom]]. Vingt-quatre colons furent tués, 70 à 90 faits prisonniers, dont 42 ne revinrent jamais. Sur {{nombre|77|maisons}}, 56 furent rasées par les Iroquois et leurs alliés de la confédération des Cinq-Nations. Le [[massacre de Lachine]] et ses suites aurait coûté la vie à un Québécois sur dix.

En [[1690]], l'abbé de [[François-Timoléon de Choisy|Choisy]] écrit à [[Roger de Bussy-Rabutin|Bussy]] : {{Citation|Les Anglois ont été vus avec quarante huit voiles à l'entrée du fleuve Saint-Laurent. On craint fort pour Québec parce que [[Louis de Buade de Frontenac|M. de Frontenac]] est allé avec ce qu'il a de troupes défendre Montréal contre les Iroquois et contre plusieurs François huguenots qui se sont joints à eux<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Roger de Rabutin comte de Bussy |titre=Correspondance de Roger de Rabutin comte de Bussy avec sa famille et ses amis, Tome VI., 1666-1693 |lieu=Paris |éditeur=Charpentier Libraire éditeur |année=1859 |pages totales=698 |lire en ligne=http://brittlebooks.library.illinois.edu/brittlebooks_open/Books2010-05/bussro0001corder/bussro0001corderv00006/bussro0001corderv00006.pdf}}.</ref>.}}

En 1691, ils [[Madeleine de Verchères|attaquent le fort Verchères]].

[[Fichier:Porte des Cinq Nations.jpg|thumb|gauche|À partir de 1756, l'entrée principale du Fort Niagara fut établie au bastion sud, du côté de la rivière Niagara. Les Français nommèrent ce portail la ''Porte des Cinq Nations'' en l'honneur des Cinq-Nations de la Confédération iroquoise.]]

L'article XV des [[traités d'Utrecht (1713)|traités d'Utrecht]] range les Iroquois sous le protectorat de la couronne britannique<ref>{{Ouvrage |auteur1=Guy Frégault |titre=Le Grand Marquis |sous-titre=Pierre de Rigaud de Vaudreuil et la Louisiane |lieu=Montréal |éditeur=Fides |année=1952 |pages totales=481 }}.</ref>.

=== Guerre de Sept Ans ===
Pendant la [[guerre de Sept Ans]], les Iroquois rompent la neutralité et s'allient aux Britanniques, assurant leur victoire sur terre, en complément de leur suprématie maritime.

=== De la guerre d'indépendance des États-Unis jusqu'à nos jours ===
Lors de la [[Guerre d'indépendance des États-Unis|guerre d'indépendance américaine]], les Iroquois décident de s'allier à nouveau aux Britanniques, qui avaient fait des promesses aux nations amérindiennes concernant le respect des frontières. Cette décision s'avère cependant désastreuse pour eux : en [[1779]], [[George Washington]] envoie une armée envahir leurs terres ancestrales. La plupart de ces Iroquois sont repoussés jusqu'en [[Ontario]]. Au {{XIXe siècle}}, un petit groupe part faire du commerce de fourrure en [[Alberta]].

Les Iroquois restés aux [[États-Unis]] sont contraints de céder leurs terres. La plupart des tribus parviennent à éviter la déportation des [[années 1830]], sauf les Onneiouts, qui en [[1828]] partent pour une réserve du [[Wisconsin]]. Les Cayugas ont vendu leurs terres new-yorkaises en [[1807]] pour rejoindre des tribus apparentées en [[Ohio]].

Le {{date|13|juin|1942}}, la Confédération iroquoise fut la seule nation indienne à [[Déclaration de guerre|déclarer officiellement la guerre]] à l'[[Axe Rome-Berlin-Tokyo]]<ref>{{ouvrage|titre=The Heartbeat of Wounded Knee: Native America from 1890 to the Present|nom=Treuer |prénom=David |date=22 janvier 2019|éditeur=Riverhead Books}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web |titre=COMBAT Magazine : The Iroquois Declaration of War on Germany, 1942<!-- Vérifiez ce titre --> |url=http://www.combat.ws/S3/BAKISSUE/CMBT04N4/IROQUOIS.HTM |site=combat.ws |consulté le=03-11-2021}}.</ref>.

=== De nos jours ===
Les Onondagas, les Sénécas et les Tuscaroras vivent encore aujourd'hui dans des réserves de l'[[État de New York]].

{| class="wikitable centre"
|+Population mohawk du Québec en 2004<ref>{{Lien web |titre=Affaires indiennes et du Nord Canada (Région du Québec) |url=http://www.ainc-inac.gc.ca/qc/aqc/pop_f.html |site=ainc-inac.gc.ca}}.</ref>
|-
! scope=col |Communautés
! scope=col |Total
! scope=col |Résidents
! scope=col |Non-résidents
|-
|Akwesasne
| align="right" |n.d.
| align="right" |n.d.
| align="right" |n.d.
|-
|Kahnawake
| align="right" |{{formatnum:9455}}
| align="right" |{{formatnum:7389}}
| align="right" |{{formatnum:2066}}
|-
|Kanesatake
| align="right" |{{formatnum:2017}}
| align="right" |{{formatnum:1342}}
| align="right" |675
|-
|Mohawk (Total)
| align="right" |{{formatnum:11472}}
| align="right" |{{formatnum:8731}}
| align="right" |{{formatnum:2741}}
|}

== Historiographie ==
Comme le résume notamment Allan Greer dans son article ''Colonial Saints: Gender, Race, and Hagiography in New France''<ref name="greer">{{Article |langue=en |auteur1=Allan Greer |titre=Colonial Saints: Gender, Race, and Hagiography in New France |périodique=The William and Mary Quarterly |volume=57 |numéro=2 |date=2000 |issn=0043-5597 |doi=10.2307/2674478 |lire en ligne=http://www.jstor.org/stable/2674478 |consulté le=2019-12-12 |pages=323–348}}</ref>, beaucoup de sources textuelles contenant des représentations d'Iroquois à l'époque de la Nouvelle-France sont des [[Hagiographie|hagiographies]] de [[martyrs canadiens]]. Autrement dit, le portrait que l'on peut se faire des Iroquois dépend intimement de textes tels que les récits des vies de [[René Goupil]], [[Isaac Jogues]] ou encore [[Jean de Brébeuf]], qui étaient avant tout destinés à souligner l'héroïsme et la piété de ces hommes selon un point de vue européen et chrétien. Fortement influencés par les codes esthétiques des vies de saints antiques et médiévales<ref name="greer" />, ces textes {{Citation|biographiques}} ont pour objectif d'accentuer, à des fins rhétoriques, la cruauté et le caractère diabolique des Iroquois (membres de la [[Iroquoisie|confédération Haudenosaunee]]) pour que celle-ci puisse mieux illustrer la valeur religieuse positive du supplice physique des hommes d'église. C'est dans ce contexte que les supplices rituels véritables, voire les assassinats commis par les Iroquois sont réintégrés à un tableau fantasmé qui peut rappeler plus explicitement [[Persécution des chrétiens dans la Rome antique|le martyre des premiers chrétiens]] à l'époque de l'Empire romain, comme l'a résumé Jack Warwick<ref name="Warwick">{{Article |auteur1=Jack Warwick |titre=Détruire les mythes à coups de tomahawks |périodique=De l’autre littérature québécoise, autoportraits, Numéro 66, |date=été 1992 |issn=1923-239X |lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/lq/1992-n66-lq1177646/38945ac/}}</ref>.

Cette image de l'Iroquois diabolique et cruel a été nuancée depuis par les entreprises de restitution du savoir historique oral transmis par les membres de la confédération Haudenosaunee<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Bruce Elliott Johansen |prénom2=Barbara Alice |nom2=Mann |titre=Encyclopedia of the Haudenosaunee (Iroquois Confederacy) |éditeur=[[Greenwood Publishing Group]] |année=2000 |pages totales=366 |isbn=978-0-313-30880-2 |lire en ligne=https://books.google.ca/books?id=zibNDBchPkMC&pg=PA112&q=oral+sources |consulté le=2019-12-12}}</ref>. Ce savoir oral est difficile à restituer en raison du caractère génocidaire et destructeur du projet colonial canadien<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Barbara A. Mann |titre=The Lynx in Time: Haudenosaunee Women's Traditions and History |périodique=American Indian Quarterly |volume=21 |numéro=3 |date=1997 |issn=0095-182X |doi=10.2307/1185516 |lire en ligne=http://www.jstor.org/stable/1185516 |consulté le=2019-12-12 |pages=423–449}}</ref>. De fait, on lit encore des ouvrages de vulgarisation historique qui restituent l'image plus eurocentrisme de l'Iroquois cruel, tel que dépeint par René Goupil et Isaac Jogues. Il en va ainsi de l'Histoire populaire du Québec de Jacques Lacoursière<ref>{{Ouvrage |auteur1=Jacques Lacoursière |titre=Histoire populaire du Québec |sous-titre=Des origines à 1791 |éditeur=[[Éditions du Septentrion|Les éditions du Septentrion]] |année=1995 |pages totales=480 |isbn=978-2-89448-050-2 |lire en ligne=https://books.google.ca/books?id=_4hBdiDOv_AC&pg=PA91&dq=l%27art+de+se+faire+des+ennemis+ren%C3%A9+goupil |consulté le=2019-12-12}}</ref>, qui restitue le témoignage textuel de ces deux hommes sans offrir de point de vue critique sur son contenu hagiographique et sensationnaliste :

{{Citation bloc|Après cinq ou six jours de marche, alors que nous étions épuisés par le voyage, ils approchaient de nous, sans plus aucune colère, nous arrachaient froidement les cheveux et la barbe et nous enfonçaient profondément les ongles, qu’ils portent très pointus, dans les parties du corps les plus délicates et les plus sensibles. Ils me brûlèrent un doigt et m’en broyèrent un autre avec les dents : ils disloquèrent ceux qui avaient déjà été broyés en rompant les nerfs de telle sorte que maintenant qu’ils sont guéris, ils demeurent affreusement déformés. Tout cela était rendu plus cruel par la multitude des puces, des poux et des punaises, auxquels les doigts coupés et mutilés permettaient difficilement d’échapper. Rendus au lieu de captivité, les prisonniers doivent faire face à une nouvelle violence. Ils nous accueillirent avec des bâtons, des coups de poing et des pierres. Comme ils ont en aversion la chevelure rare et courte, cette tempête se déchaîna en particulier sur moi et sur ma tête chauve, Il me restait deux ongles ; ils les arrachèrent avec leurs dents et ils dénudèrent jusqu’aux os, avec leurs ongles très pointus, la chair qui est au-dessous.|référence=<ref name="landry">{{harvsp|Landry|1965}}.</ref>}}C'est Isaac Jogues qui a écrit cette lettre, qui raconte l'histoire de sa capture en compagnie de René Goupil. À la demande de [[Jérôme Lalemant]], Jogues racontera la mort de Goupil, tué d'un coup de [[Tomahawk (hache)|tomahawk]]. Le détail selon lequel Goupil serait mort en faisant un signe de croix sur un enfant iroquois a toute son importance, puisque c'est lui qui rend possible la canonisation du père<ref>{{Article |auteur1=Jean Quintal |titre=René Goupil et le signe de croix |périodique=Cap-aux-Diamants : la revue d'histoire du Québec |numéro=39 |date=1994 |issn=0829-7983 |issn2=1923-0923 |lire en ligne=http://www.erudit.org/fr/revues/cd/1994-n39-cd1042227/8662ac/ |consulté le=2019-12-12 |pages=49–49}}</ref>. De même, Jogues mourra lui aussi d'un coup de tomahawk, apparemment à la suite d'une dispute entre deux clans qui se contestaient le droit de disposer du prisonnier<ref name="Warwick" /> ; mais le récit de sa mort sera embelli dans ''[[Relations des jésuites]]'' de 1646 pour la rendre plus conforme, une fois de plus, à l'image du martyr mort au bûcher.

Signe de la survivance et de la ténacité de cette image hagiographique des saints martyrs canadiens, la mort de René Goupil fera l'objet d'une chanson, la ''Lettre de René Goupil à sa mère<ref>{{Lien web |titre=René goupil à sa mère |url=https://www.youtube.com/watch?v=-Mx4CrFArkI |site=youtube.com |consulté le=2019-12-12}}</ref>''. Mais si elle témoigne du succès du projet esthétique jésuitique, qui cherchait à émouvoir et à convaincre du caractère sacré de la mission évangélisatrice en Nouvelle-France, une telle chanson, tout comme les sources textuelles européennes, constitue un prisme limité et imparfait à travers lequel étudier la prétendue violence des membres de la confédération des Haudenosaunee.

== Organisation politique ==
[[Fichier:Iroquois 6 Nations map c1720.png|vignette|L'Iroquoisie vers 1720 dans la frontière actuelle de l'[[État de New York]].]]
[[Fichier:Early Localization Native Americans NY.svg|vignette|Iroquois et Algonquins.]]
{{Article détaillé|Iroquoisie}}
{{Article détaillé|Constitution de la nation iroquoise}}
Les '''Cinq-Nations''' (devenues par la suite les Six-Nations) étaient liées entre elles par une constitution commune appelée [[Constitution de la nation iroquoise|Gayanashagowa]] ou « grande loi de Paix ». Elle s'est transmise pendant plusieurs siècles sous forme de maximes récitées par cœur. Rédigée en [[1720]], mais conçue des siècles en amont, elle est composée de 117 paragraphes et préfigure les écrits constituants des [[père de la Nation|pères fondateurs]] de l'[[Amérique du Nord|Amérique]] moderne.
* les ''[[Cayugas]]'' sont aussi appelés ''Goyogouins'' en français, ''Guyohkohnyo'' (peuple du grand marais) dans leur propre langue ;
* les ''Mohawks'', qui aujourd'hui se désignent eux-mêmes par ce nom anglo-français signifiant « mangeurs d'homme » dans la langue de leurs rivaux [[abénaquis]], étaient appelés [[Mohawks|Agniers]] par les colons français, le terme autochtone étant ''Kanienkehaka'' signifiant ''peuple des étoiles'' (étincelles de silex) ;
* les ''Oneidas'' sont aussi appelés ''[[Onneiouts]]'' en québécois;
* les ''[[Onondagas]]'' sont aussi appelés ''Onontagués'' en français ;
* les ''[[Sénécas]]'' (''Senecas'' en [[anglais]]), jadis les ''Sénèques'' en français, sont aussi appelés ''Tsonnontouans'' d'après leur nom autochtone ;
* les ''[[Tuscaroras]]'' (la sixième nation, [[1722]]), n'ont pas d'autre nom usité.

== Culture ==

=== Valeurs et principes ===
Norma Jacobs, membre du Conseil national des familles (CCNF) et de la Nation Guyohkohnyo Cayuga de la Confédération Haudenosaunee, identifie les valeurs suivantes comment guidant son peuple autochtone :
{| class="wikitable centre"
|+Valeurs et principes<ref>{{Lien web |format=pdf |titre=Réclamer notre pouvoir et notre place : le rapport final de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, volume 1a |url=https://www.mmiwg-ffada.ca/wp-content/uploads/2019/06/Rapport-final-volume-1a.pdf |site=mmiwg-ffada.ca |page=32}}.</ref>
!scope=col|Valeurs
!scope=col|Traduction française
|-
|Adenidao shra
|faire preuve de compassion et de gentillesse
|-
|Dewadadrihwa noh Kwa:k
|se respecter les uns les autres
|-
|Degayenawako:ngye
|travailler ensemble
|-
|Dewagagenawako:ngye
|s'entraider
|-
|Esadatgehs
|réfléchir à ses propres actions
|-
|Gaihwaedagoh
|assumer ses responsabilités
|-
|Gasgya:nyok
|encourager les autres
|-
|Gasasdenhshra
|unir les forces et se soutenir les uns les autres
|-
|Drihwawaihsyo
|adopter une conduite morale honnête
|-
|Oihwadogehsra
|être sincère et cohérent
|-
|Sgeno
|avoir des pensées et poser des actes pacifiques
|-
|Ongwadeni:deo
|prendre soin des nôtres
|}

=== Vie quotidienne ===
{{Article détaillé|Économie des Iroquois}}

Les Iroquois sont un peuple agriculteur et semi-sédentaire. Ils cultivent le [[blé]], le [[tournesol]] et les [[trois sœurs (agriculture)|trois sœurs]] : le [[maïs]], le [[haricot]] et la [[courge]]. Ils complètent leur alimentation par la [[pêche (halieutique)|pêche]], au [[printemps]], et la [[chasse]]. Les hommes partent à l'[[automne]] et reviennent en [[hiver]].

Les Iroquois sont aussi d'habiles artisans. Ils chassent les animaux pour ensuite utiliser leur cuir et leur fourrure afin de se confectionner des vêtements. Les Iroquois recherchent particulièrement la peau du cerf puisque cette dernière est {{citation|résistante, souple et plus imperméable que la peau d'autres animaux<ref>{{Lien web |titre=Des vêtements pour toutes les saisons |url=http://primaire.recitus.qc.ca/sujets/3/vie-quotidienne/64 |site=récits |consulté le=28 janvier 2019}}.</ref>}}. Les hommes et les femmes se divisent les tâches en ce qui concerne le processus de confection de vêtements. En effet, les hommes chasseront les animaux et ce sont les femmes qui prépareront les peaux et qui confectionneront les vêtements. Ils portent des vêtements en peau d'animal cousue avec les épines du porc-épic et décorés de coquillages et de motifs divers.

En hiver, les Iroquois optent pour des vêtements plus chauds, l'habillement durant l'été sera beaucoup plus léger. En effet, durant l'hiver, {{citation|ils se couvrent les jambes et s'enveloppent le corps d'une cape de fourrure ample et chaude<ref>{{Lien web |titre=Des vêtements pour toutes les saisons |url=http://primaire.recitus.qc.ca/sujets/3/vie-quotidienne/64 |site=recitus |consulté le=28 janvier 2019}}.</ref>}} et portent des mocassins rembourrés de fourrure.

L'été, ils optent pour une chemise légère arrivant jusqu'aux cuisses et se promènent pieds nus.
[[Fichier:Attaque d'un fort Iroquois, 1610.tif|alt=Illustration d'une attaque d'un fort Iroquois|vignette|Illustration d'une attaque d'un fort Iroquois]]
Ayant une vie sédentaire, les Iroquois en 1500 vivaient dans des [[Maison longue amérindienne|maisons longues]]. Celles-ci étaient construites de troncs d’arbres entrelacés et recouvertes d’écorce ainsi les Iroquois pouvaient facilement les agrandir. Les Amérindiens cultivaient aussi le [[chanvre]] qu'ils utilisaient pour lier les charpentes des maisons entre elles, ce qui les rendait très solides. La division de la maison longue se répartit de cette façon, à chaque extrémité de cette construction, il y a deux portes afin de faciliter le déplacement. Au centre se retrouve une allée centrale où se retrouvent des foyers servant à la cuisson des aliments. De plus, il y a des trous d'aération au-dessous des foyers pour favoriser l'échappement de la fumée<ref>{{Lien web |titre=La vie dans une maison longue |url=http://primaire.recitus.qc.ca/sujets/3/vie-quotidienne/64 |site=recitus |consulté le=28 janvier 2019}}.</ref>. Par la suite, il y avait deux rangées qui comprenaient des pièces séparées les unes des autres. Une allée au milieu servait à circuler et à faire des feux. De cinq à dix familles habitaient dans ces maisons qui regroupent entre {{unité|25|et=60|individus}}<ref>{{Lien web |titre=La vie dans une maison longue |url=http://primaire.recitus.qc.ca/sujets/3/vie-quotidienne/62 |site=recitus |consulté le=28 janvier 2019}}.</ref>. Les maisons longues étaient regroupées en villages de mille à deux mille habitants. La maison longue mesurait 5 à {{unité|7|mètres}} de large par 50 à {{unité|100|mètres}} de long sur {{unité|7|mètres}} de haut. Les portes étaient très basses. Durant l’hiver, les portes étaient fermées avec des peaux d’animaux. Le village, qui était souvent entouré d’une palissade, se trouvait souvent près d’un cours d’eau. Celle-ci était construite par les hommes du village. Ces fortifications sont fabriquées à partir de pieux de bois plantés à la verticale dans le sol. On y ajoutait de l’écorce, des branches d’arbres et d’autres pieux à l’horizontale afin de solidifier l’armature et bloquer la vue. Les pieux de bois peuvent atteindre en moyenne entre {{unité|4|et=10|mètres}} de haut, mais peuvent grandement varier selon les époques. Le périmètre des palissades diffère selon la grosseur du territoire occupé par les différentes nations iroquoises, mais couvrait environ {{unité|0.004|km|2}}. Ces palissades agissent comme marqueur symbolique de leur mode de vie et de leur communauté. Leur mise en place sert de bouclier contre le climat, les animaux, mais surtout contre les attaques. Certains villages vont jusqu’à construire une ou deux palissades supplémentaires, autrement appelées fortifications simples ou doubles, autour de leur territoire afin d’assurer une meilleure défense contre les différents ennemis. Au fil du temps, ces structures deviennent de plus en plus imposantes. Certains villages utilisent des pieux de bois de {{unité|24|pouces}} de diamètre afin d’édifier leurs barricades.

{{référence nécessaire|Les Iroquois se servaient aussi du chanvre pour leurs rituels, ils mélangeaient de petites quantités avec du [[tabac]] et des [[plante aromatique|plantes aromatiques]]. Très vite les Amérindiens se sont rendu compte que les [[Blancs américains|Blancs]] aimaient beaucoup ce produit et ils s'en servirent comme monnaie d'échange.|date=30 juillet 2017}}

=== Organisation sociale ===
{{article détaillé|Femme iroquoise}}{{Section à sourcer|date=janvier 2022}}
L'organisation sociale est [[Famille matrilinéaire|matrilinéaire]] et [[matrilocalité|matrilocale]] : c'est la mère qui détermine le lignage, et les femmes possèdent la terre. Après son mariage, l'homme emménage chez son épouse, et ses enfants deviennent membres du clan de la mère. Les femmes choisissent également les chefs de [[clan]].

Aussi appelé chef civil, il est choisi pour son intellect ainsi que ses principes moraux. Celui-ci occupe le rôle de [[Médiateur (métier)|médiateur]] au sein de la lignée. Le chef de clan ne peut pas imposer son autorité sur le groupe. Il n’a aucun pouvoir décisionnel puisque la société fonctionne sur le principe de l’[[Consensus|unanimité]].

Un père [[Compagnie de Jésus|jésuite]] français qui rencontre les Iroquois en [[1650]] décrit la société iroquoise comme égalitaire. La [[Iroquoisie|Confédération iroquoise]] s’étend des monts [[Adirondacks]] aux [[Grands Lacs (Amérique du Nord)|Grands Lacs]], sur le territoire actuel de la [[Pennsylvanie]] et du Nord de l’[[État de New York]]. La terre est détenue et travaillée en commun. La chasse se fait en groupe et les prises sont partagées entre les membres du village. La notion de propriété privée des terres et des habitations est parfaitement étrangère aux Iroquois. Les femmes jouent un rôle important : le lignage s’organise autour de ses membres féminins dont les maris viennent rejoindre la famille. Les familles élargies forment des clans et une douzaine ou plus de clans peuvent former un village. Les femmes les plus âgées du village désignent les hommes habilités à représenter le clan au conseil de village et de tribu. Elles désignent également les 49 chefs qui composent le grand conseil de la [[Iroquoisie|confédération]] des Cinq-Nations iroquoises. Les femmes surveillent les récoltes et administrent le village quand les hommes sont à la chasse ou à la pêche. Elles fournissent mocassins et nourriture pour les expéditions guerrières, et ont un certain contrôle sur les affaires militaires.

En [[1744]], le gouverneur de [[Colonie de Virginie|Virginie]] invitait les Iroquois à envoyer au « ''College of William and Mary'' » de [[Williamsburg (Virginie)|Williamsburg]] six jeunes gens pour faire leur éducation. Le chef de la Nation iroquoise, [[Canasatego]], répondit en termes élégants qu'il comprenait la générosité de cette offre, mais que, à leur tour, les Blancs devaient comprendre que les Iroquois étaient différents et avaient une autre conception des choses<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Jack Utter |titre=American Indians |sous-titre=Answers to Today's Questions |lieu=Lake Ann, Michigan |éditeur=National Woodlands Publishing company |année=1997 |pages totales=331 |passage=192 |isbn=0-9628075-2-4}}.</ref>.

=== Diplomatie iroquoise ===
Voici ce que relate [[Louis de Buade de Frontenac]] au sujet de la conférence avec les Iroquois à Cataracoui, en [[1673]] : {{Citation|Vous auriez assurément été surpris, monseigneur, de voir l'éloquence, la finesse avec laquelle tous leurs députés me parlèrent, et, si je n'avais peur de passer pour ridicule auprès de vous, je vous dirais qu'ils me firent en quelque sorte souvenir des manières du sénat de [[Venise]], quoique leurs peaux et leurs couvertures soient bien différentes des robes des procurateurs de Saint-Marc.}}

=== De farouches guerriers ===
[[Fichier:Codex canadensis, p. 20 (fig. 30).jpg|thumb|[[Codex canadensis]], vers 1675-1682 par [[Louis Nicolas]] ''fig.'' 30 {{citation|Cabane a Ihyroquoisse ou / lon voit deux testes des ennemis / quils ont tue /Iroquois qui a tué deux / Ennemis}}]]
Un témoin du {{s-|XVIII|e}}, Moreau de St.-Méry, relate que pour compenser leur infériorité numérique, les Iroquois furent les premières tribus à pratiquer le [[cannibalisme]] et à infliger de cruelles tortures à leurs prisonniers, pour soumettre leurs ennemis par la terreur<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=W.J. Eccles |titre=Frontenac |sous-titre=the courtier governor |éditeur=University of Nebraska press |année=2003 |passage=100 |isbn=}}.</ref>. Les Iroquois de la région de [[New York]] étaient réputés pour être de terribles guerriers ; les prisonniers de guerre pouvaient être mangés, comme parfois dans les armées à court de ravitaillement<ref>{{Ouvrage |auteur1=Anne Garrait-Bourrier |auteur2=Monique Vénuat |titre=Les Indiens aux États-Unis |éditeur= |année=2002 |passage=92 |isbn=}}.</ref>. Toutefois, le cannibalisme en dernier recours est à distinguer du cannibalisme rituel ([[Paganisme|païen]]). Les Iroquois utilisaient les mêmes armes que pour la chasse : le [[Tomahawk (hache)|tomahawk]], l'arc et les flèches, les massues. À partir des guerres coloniales entre la France et l'Angleterre, certains guerriers iroquois portaient un ou plusieurs [[scalpation|scalps]] autour du cou<ref>{{Ouvrage |auteur1=Anne Garrait-Bourrier |auteur2=Monique Vénuat |titre=Les Indiens aux États-Unis |éditeur= |année=2002 |passage=93 |isbn=}}.</ref>, preuve exigée par les colons de leur valeur au combat{{refnec}}, les colliers d'oreilles servant de monnaie imposée par les occupants se battant le plus souvent par tribus interposées dans une logique d'extermination des peuples autochtones.

=== Prénoms iroquois ===
Les Iroquois ont donné des prénoms qui prennent souvent ancrage dans la nature qui les entoure, dans les forces surnaturelles qu'ils perçoivent, dans les qualités des personnes, ou bien dans d'autres événements de la vie, souvent liés à la naissance ou comme l'ensemble des peuples amérindiens dont l'[[étymologie des prénoms nord-amérindiens]] est similaire. Comme exemples de prénoms, on peut citer Hior, Rhan, Leik, Akya, Awhem.

== Alimentation ==
=== Importance de l’agriculture ===
L’agriculture est la base de l’alimentation des Iroquois et ce, malgré le froid du Saint-Laurent dont [[Samuel de Champlain]] parle en [[1615]]. C’est ce qui leur permettait de manger tout l’hiver puisqu’ils conservaient leurs récoltes pendant les périodes hivernales. Si les récoltes n’étaient pas suffisantes, les Iroquois devaient se rationner ou la compenser par la chasse et la pêche afin de tenir bon tout l’hiver. Afin d’obtenir une bonne récolte, plusieurs de ces tribus effectuaient des rites spéciaux en vue d’obtenir en quelque sorte la reconnaissance des esprits. Les Iroquois cultivaient majoritairement les courges, les haricots et les tournesols. Afin de conserver les aliments récoltés tout l’hiver, les Iroquois ont dû trouver divers moyens de conserver leur nourriture. Par exemple, pour garder le maïs, ils ont découvert qu’ils pouvaient arracher les feuilles et faire sécher les épis à l’aide du feu. De plus, il semble qu’ils préparaient leurs mets avant que la neige ne tombe. Quand l’hiver s’annonçait glacial, ils creusaient des sous-sols dans leurs huttes pour y placer la nourriture qui pouvait être congelée par ce froid<ref name="amé">{{Lien web |titre=Amérindiens |url=http://www.culture-amerindiens.com/article-327745.html |date=5 mai 2005 |consulté le=2 novembre 2012}}).</ref>{{,}}<ref>{{Article |auteur1=Wykoff William |titre=Botanique et Iroquois de la vallée du St-Laurent |périodique=Anthropologie et Sociétés |volume=2 |numéro=3 |année=1978 |pages=157-162}}.</ref>.

=== Récoltes ===
Les Iroquois ont plusieurs façons de procéder à leurs récoltes afin de pouvoir faire des provisions. Le maïs se récolte en septembre, ils le cueillent dans des paniers portés sur le dos. Ensuite, ils retournent les feuilles de chaque épi avec des baguettes à éplucher. Les Iroquois attachent plusieurs de ces épis afin de les faire sécher. Une fois séchés, ils égrènent le maïs avec les mains ou à l’aide d’une mandibule de [[cerf élaphe|cerf]]. Par la suite, les épis sont entreposés dans de gros vases d’entreposage qui peuvent atteindre jusqu’à cinquante centimètres de hauteur. Ces vases sont rangés sous les maisons avec le poisson fumé et séché et d’autre nourriture. Les épis, tout comme les courges, étaient bouillis ou grillés<ref name="amé" />{{,}}<ref name="rt" />.

=== Chasse et pêche ===
C’est la chasse et la pêche qui permettent de compléter leur alimentation. La chasse varie selon les régions et les nations. En effet, certaines nations préfèrent chasser l’hiver, tandis que d’autre, comme les [[Hurons-Wendats|Hurons]], préfère chasser l’automne et le printemps. Outre que la chasse, la cueillette de petits fruits étaient aussi essentielle pour l’alimentation, mais aussi essentielle à leur santé. La chasse est non seulement un surplus de [[protéine]] pour les Iroquois, mais c’est aussi une source de matière première, de fourrures et de peaux servant à confectionner leurs vêtements. La proie la plus chassée est le [[cerf de Virginie]]. Il est piégé ou chassé au collet. Outre le cerf de Virginie, ils chassent le [[Castor (animal)|castor]], la [[loutre]], la [[marmotte]], la [[Martes americana|martre]], l’[[Alces|orignal]], l’[[ours noir]], le [[renard]] et le [[rat musqué]]. La pêche constitue semble-t-il 15 % des protéines et des calories des Iroquois. La pêche se fait davantage le printemps et l’automne. Les Iroquois sont dotés d’un canot d’écorce pour la pêche, de différentes espèces comme l’[[alose]], l’[[anguille]], le [[bar (poisson)|bar]], le [[brochet]], la [[Carpe (poisson)|carpe doré]], [[Osmerus|l’éperlan]], l’[[Acipenseridae|esturgeon]], la [[lamproie]], le [[saumon]] et la [[truite]]. Les poissons sont séchés et boucanés, c'est-à-dire fumés, pour les provisions de l’hiver<ref name="rt">{{Ouvrage |auteur1=Roland Tremblay |titre=Les Iroquoiens du Saint-Laurent peuple du maïs |lieu=Montréal |éditeur=Les éditions de l’homme |année=2006 |pages totales=139 |isbn=}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=Alain Beaulieu |titre=Les Autochtones du Québec |lieu=Québec |éditeur=Musée de la civilisation et Éditions Fides |année=2000 |pages totales=116 |isbn=}}.</ref>.

=== Pain ===
Les Iroquois faisaient aussi du pain. Ce pain n’est pas fait avec du [[levain panaire|levain]], une levure naturelle. En effet, leur pain est fait de farine de maïs à laquelle ils ajoutent des haricots, des fruits séchés, des noix, des graines de tournesols et du gras de cerf. Le pain est cuit dans des cendres brûlantes enveloppées de feuilles de maïs, parfois le pain pouvait aussi être cuit dans l’eau<ref name="rt" />.

=== Soupe ===
La majorité du temps, c’est la soupe qui constituait l’alimentation des Iroquois. Ils la préparaient avec de la farine de maïs, des morceaux de viande ou de poisson et des courges<ref name="rt" />.

=== Repas lors de festivité ===
Les Iroquois n’avaient donc pas beaucoup de variété pour ce qui était de la nourriture. Lors de repas festifs, ils essayaient alors de changer leurs habitudes en modifiant un peu la façon d’apprêter la nourriture. En effet, ils changeaient quelques détails comme le bouillon clair habituel de la soupe qui était remplacé par un bouillon plus épais, réalisé avec plus de farine de maïs<ref name="rt" />.

== Notes et références ==
{{Références}}

== Voir aussi ==

=== Médiagraphie ===
* Alain Beaulieu, ''Les Autochtones du Québec'', Québec, Musée de la civilisation et Éditions Fides, 2000, 116 p.
* Roland Tremblay, ''Les Iroquoiens du Saint-Laurent peuple du maïs'', Montréal, Les éditions de l’homme, 2006, 139 p.
* Amérindiens (5 mai 2005). http://www.culture-amerindiens.com/article-327745.html (Consulté le {{date-|2 novembre 2012}}).
* Wykoff William, « Botanique et Iroquois de la vallée du St-Laurent », ''Anthropologie et Sociétés'', vol. 2, {{Numéro}}3, 1978, {{p.|157-162}}.
*{{YouTube|langue=fr|id=S4gU2Tsv6hY|titre=The Iroquois Confederacy|chaîne=Historia Civilis|date=|consulté le=2019-12-12}}

=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|auteur1=Aurélien Boisvert|titre=Aperçu des mœurs et coutumes des Agniers au {{s-|XVII|e}}|éditeur=Éditions 101|année=|isbn=}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Aurélien Boisvert|titre=Prisonniers des Agniers|lieu=Montréal|éditeur=Éditions 101|année=1994|pages totales=206|isbn=2-9802726-3-9}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Aurélien Boisvert|titre=Nation iroquoise|éditeur=Éditions 101|année=1997|isbn=}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Aurélien Boisvert|titre=Voyage chez les Onnontagués|éditeur=Éditions 101|année=1998|isbn=}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Daniel St-Arnaud|titre=Pierre Millet en Iroquoisie au {{s-|XVII|e}}|sous-titre=le sachem portrait la soutane|éditeur=[[Éditions du Septentrion]]|année=1998|pages totales=203|isbn=2-89448-111-X|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=R6HerR8I7DkC&printsec=frontcover}}
*{{Ouvrage|auteur1=[[George Fronval]]|titre=La Véritable Histoire des Indiens peaux-rouges|éditeur=[[Nathan (éditions)|Nathan]]|année=1972|isbn=}}.
*{{Ouvrage|auteur1=George Hunt T.|titre=The Wars of the Iroquois|lieu=Madison|éditeur=|année=1967}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Jack Utter|titre=American Indians|sous-titre=Answers to Today's Questions|lieu=Michigan|éditeur=National Woodlands Publishing company Lake Ann|année=1997|pages totales=331|isbn=0-9628075-2-4}}.
*{{Ouvrage|prénom1=J. A. (Jean André)|nom1=Cuoq|titre=Lexique de la langue iroquoise [microforme]|sous-titre=avec notes et appendices|éditeur=|année=1898|lire en ligne=https://archive.org/stream/cihm_27053/}}.
*{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Léo-Paul Desrosiers|titre=Iroquoisie 1534-1652|tome=1|lieu=Sillery|éditeur=Les Éditions du Septentrion|année=1998|pages totales=323|isbn=2-89448-081-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=R5d0YrCmsQYC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Léo-Paul Desrosiers|titre=Iroquoisie 1652-1665|tome=2|lieu=Sillery|éditeur=Les Éditions du Septentrion|année=1998|pages totales=341|isbn=2-89448-106-3}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Léo-Paul Desrosiers|titre=Iroquoisie|sous-titre=1688-1701|tome=4|lieu=Sillery (Québec)|éditeur=Les Éditions du Septentrion|année=1998|pages totales=359|isbn=2-89448-124-1|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=W3m1OeOGZGkC&printsec=frontcover}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Louis Laforce|titre=Tom Longboat|éditeur=CreateSpace Independent Publishing|année=2013|isbn=978-1-4947-8755-4}}.
*Marcel Moussette, ''Un univers sous tension : les nations amérindiennes du Nord-Est de l’Amérique du Nord au {{s-|XVI}}'', Les Cahiers des dix, (59), 149–177. 2005 <small>(DOI [https://www.erudit.org/fr/revues/cdd/2005-n59-cdd4013/045757ar.pdf 10.7202/045757])</small>
*{{Ouvrage|auteur1=Norman Clermont.|titre=Les générateurs de frissons|éditeur=Département d’anthropologie de l’université de Montréal|année=1989|isbn=}}.
*P. Whitney Lackenbauer et al., ''Les autochtones et l’expérience militaire canadienne: Une histoire'', Défense nationale du Canada, 2009 {{ISBN|978-1-100-12606-7}}.
*{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Peter MacLeod D.|titre=Les Iroquois et la guerre de sept ans|lieu=Montréal (Québec)|éditeur=[[VLB éditeur]]|année=2000|pages totales=276|isbn=978-2-89005-713-5|isbn2=2-89005-713-5|date=2000 <!--VALEUR SANS NOM DE PARAMETRE -->}}.
*{{Ouvrage|auteur1=René Goupil.|titre=L’art de se faire des ennemis|éditeur=|année=1914}}.
* Simon Deschamps-Léger, ''Les fortifications chez les Iroquoiens nordiques de 1400 à 1650 de notre ère'' (Mémoire de maîtrise). Département d'anthropologie de l'université de Montréal, 2017. <small>([https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/19266/Deschamps_Leger_Simon_2017_memoire.pdf?sequence=6&isAllowed=y lire en ligne])</small>.
*{{Ouvrage|auteur1=Yves Landry.|titre=Pour le Christ et le roi : la vie au temps des premiers montréalais|éditeur=|année=1965}}.
* Tehanetorens (Ray Fadden), ''Légendes iroquoises'', traduit de l'anglais par Berthe Fouchier-Axelsen, illustrations de John Kahionhes Fadden, Montréal, Alias, coll. "Alias poche", 2020. {{ISBN|978-2-924787-68-7}}


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===

Version du 22 décembre 2022 à 18:47

Iroquois
Haudenosaunee

Description de cette image, également commentée ci-après
Symbole de la Confédération iroquoise qui représente la Ceinture Wampum d'Hiawatha, fondateur de la Confédération des Nations. La communauté Haudenosaunee n'a pas de drapeau officiel.
Populations importantes par région
Drapeau des États-Unis États-Unis 108 387 (2017)[1]
Drapeau du Canada Canada 45 000
Population totale ~154 000
Autres
Langues Cayuga, mohawk, oneida, sénéca, tuscarora, onondaga
Religions Animisme
Description de cette image, également commentée ci-après
Étendue des territoires historiques des nations iroquoises en Amérique du Nord.

Articles connexes

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Liens externes

  1. (en) « Iroquois tribal grouping alone or in any combination », sur factfinder.census.gov (consulté le ).