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Version du 3 octobre 2021 à 08:36
l'appellation « rouille » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Taxons concernés
Plusieurs phylums sont concernés :
- l'ordre des Pucciniales (anciennement Uredinales)
- ou celui des Peronosporales
Les rouilles sont des maladies cryptogamiques des végétaux supérieurs. Les agents pathogènes responsables en sont des champignons basidiomycètes parasites biotrophes, de l'ordre des Pucciniales (anciennement Uredinales) (la plupart des rouilles). Elles se manifestent par des macules foliaires ou des sortes de pustules apparaissant sur les feuilles.
Certaines rouilles sont dues à des Oomycota de l'ordre des Peronosporales (rouille blanche due à Albugo).
Histoire
Les rouilles affectent l'agriculture probablement depuis que l'homme a commencé à tenter de dompter les plantes pour les cultiver, en particulier les céréales telles que le blé et l'orge[1].
Des preuves archéologiques montrent que les cultures de céréales galloromaines étaient constamment touchées par des rouilles et mildious.
Au IVe siècle, les Romains sacrifiaient des bovins roux, des renards et des chiens au dieu Robigus en espérant qu'il éloigne les épidémies de rouilles de céréale des cultures[1].
Ces pathogènes fongiques sont mieux connus et l'on commence à comprendre comment ils peuvent contourner le système immunitaire de la plante via la sécrétion de petites protéines dites « effectrices ». On espère que mieux connaitre ces effecteurs et leurs mécanismes permettra de mieux anticiper la propagation mondiale des rouilles du blé[1] et leur adaptation aux pesticides.
Biologie
Les rouilles sont provoquées par des champignons produisant en abondance des spores de 5 à 10 µm de diamètre en moyenne, de couleur claire, hyalines le plus souvent, jaune orangées, légèrement verdâtres ou brunâtres (couleurs caractéristiques à l’origine de la dénomination de ces maladies), parfois mélanisées à des degrés variables, surtout chez les spores de résistance, la mélanine qui indure leur paroi ayant des propriétés antilytiques qui leur permet de passer la mauvaise saison[2].
La plupart des spores sont éjectées dans l'air (autochorie) dans le but de les éloigner « de la colonie mère et de favoriser la dispersion en traversant la zone calme laminaire (quelques millimètres), qui entoure la surface de tout objet, pour tomber dans la zone turbulente ». Les autres facteurs de dispersion sont la distance ; la déposition : les petites spores sont dispersées par le vent (anémochorie, mode de dispersion le plus fréquent, les spores pouvant parcourir des milliers kilomètres) ou les gouttes de pluie (effet splash caractéristique de l'ombrochorie (de)), les plus grosses tombent par gravitation (barochorie) ; l'impaction (en) ; potentiel d'inoculation (vitesse de la germination, abondance de spores, capacité de surmonter les compétiteurs, etc.) qui dépend des réserves nutritives contenues dans la spore[3]. La dispersion des spores par les graines de plantes est plus fréquente qu'on ne l'imagine[4], de même que celle par l'homme (anthropochorie), agent de propagation de plus en plus efficace[5].
Ces champignons phytopathogènes sont des parasites obligatoires, ne pouvant se développer que sur un végétal vivant, et dont les espèces sont hautement spécialisées, au niveau du genre, de l’espèce, ou de la sous-espèce.
Le cycle de vie de ces champignons est complexe, caractérisé par l’émission successive de plusieurs sortes de spores naissant dans les organes différents.
-
Face supérieure de la feuille de ronce. Son parasite Phragmidium violaceum (en) induit une défense contre le pathogène[6].
-
La rouille du pois provoque la formation de taches foliaires entourées d'un halo translucide chlorotique[10].
Liste des maladies appelées « rouilles » en français
Traitement
Les moyens de lutte contre les rouilles furent longtemps cantonnés à la tentative d'éradication des hôtes écidiens.
Traitements naturels
Le traitement classique consiste à supprimer puis brûler les feuilles atteintes et à pulvériser préventivement de la bouillie bordelaise ou avec une décoction de prêle, qui est aussi curative et utilisée en potager bio[15],[16],[17].
La méthode de lutte en agriculture biologique consiste à planter des cultivars résistants ou, à défaut, d'augmenter la distance entre les rangées de plants et d'orienter celles-ci pour que l'humidité stagnante soit limitée par une exposition judicieuse aux vents dominants[11].
Traitements phytosanitaires
L'arsenal phytopharmaceutique actuel est plus efficace avec les molécules[18]:
- azoxystrobine
- chlorothalonil
- cyproconazole
- cyprodinil
- diclobutrazol
- difénoconazole
- époxiconazole
- fenpropimorphe
- fluquinconazole
- flusilazole
- flutriafol
- krésoxim-méthyl
- mancozèbe
- manèbe
- metconazole
- oxycarboxine
- picoxystrobine
- propiconazole
- propinèbe
- pyraclostrobine
- quinoxyfène
- spiroxamine
- tébuconazole
- tétraconazole
- triadiméfon
- triadiménol
- tridémorphe
- trifloxystrobine
Note: Certains de ces produits ne sont plus autorisés à la vente en Europe, et ne peuvent l'être que sur certaines espèces cultivées.
Notes et références
- Matthew J. Moscou, H. Peter van Esse (2017), The quest for durable resistance Science 22 Dec 2017: Vol. 358, Issue 6370, pp. 1541-1542 DOI: 10.1126/science.aar4797 (résumé
- Roger Corbaz, Principes de phytopathologie et de lutte contre les maladies des plantes, Presses polytechniques et universitaires romandes, (lire en ligne), p. 21
- Roger Corbaz, op. cit., p. 23-29
- Roger Corbaz, op. cit., p. 31
- Roger Corbaz, op. cit., p. 33
- Cette défense se traduit par l'accumulation de tannins rouges toxiques (des anthocyanes à l'origine des macules foliaires) dans les vacuoles des cellules colonisées, mais elle reste sans effet. En effet, le suçoir de ce parasite pompe des petites molécules de la cellule, sans altérer sa membrane et sa vacuole, restées intactes, les tannins n'étant ainsi pas libérés. Marc-André Selosse, Les Goûts et les couleurs du monde. Une histoire naturelle des tannins, de l'écologie à la santé, Actes Sud Nature, , p. 87
- Elles sont noires en automne (processus de mélanisation des spores de résistance).
- Petites cavités thallines dans lesquelles des hyphes particulières, produisent pas mitoses successives, des spermaties (les « spores » ayant une grande analogie avec ces gamètes) expulsées à maturité par l'ostiole sommital.
- Surinvestissement dans la reproduction en raison de la discontinuité dans l'espace et dans le temps des milieux que représentent l'hôte de ce parasite. Claude Combes, Interactions durables. Écologie et évolution du parasitisme, Masson, , p. 19
- Ce halo peut être la « graisse à halo » (allusion à son aspect huileux), conséquence d'une action toxique de bactéries telles que Pseudomonas syringae qui, en produisant la phaséolotoxine (phytotoxine qui est un inhibiteur enzymatique), provoquent des symptômes semblables à ceux du feu bactérien (centre nécrosé et halo chlorotique). Charles-Marie Messiaen, Dominique Blancard, Francis Rouxel, Les maladies des plantes maraîchères, éditions Quæa, , p. 268-269
- La production des asperges biologiques
- Jacques Barnouin, Ivan Sache et al. (préf. Marion Guillou), Les maladies émergentes : Épidémiologie chez le végétal, l'animal et l'homme, Versailles, Quæ, coll. « Synthèses », , 444 p. (ISBN 978-2-7592-0510-3, ISSN 1777-4624, lire en ligne), I. Facettes et complexité de l'émergence, chap. 2 (« Les maladies émergentes affectant les végétaux »), p. 25, accès libre.
- La rouille grillagée du poirier, une maladie disgracieuse
- Rouille noire des Graminées
- Quels traitements naturels utiliser pour un potager bio ? sur le site Bioaddict, consulté en novembre 2011
- Guide Clause, 13° édition, 1952, p. 369
- Rustica 18/12/2011
- Index phytosanitaire ACTA des années 1977, 1985 & 2006 ; Association de coordination technique agricole, Paris