« Familles anciennes de Fès » : différence entre les versions

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* Kabbaj
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* Karaaoui
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* Kettani (El Kettani)
* Lahbabi
* Lahbabi
* Lahlou
* Lahlou

Version du 9 juin 2021 à 23:06

Les familles anciennes de Fès sont appelées Ahl Fas (en arabe : أهل فاس) ou plus communément Les Fassis. Proches du pouvoir du Sultan, ces familles musulmanes constituent depuis des siècles l'aristocratie, l'élite politique, et financière du Maroc. Bien que n'habitant plus Fès, les Fassis conservent leurs spécificités culturelles. Héritiers d’une citadinité ancienne où se mêlent la culture musulmane, les traditions andalouses et un savoir-vivre spécifique.

Présentation

Histoire

La région de Fès était il ya 1 300 ans traditionnellement peuplée par des berbères avant l’arrivée des arabes, comme c’était le cas pour le reste du Maghreb.

Au lendemain de l’avènement de l'Islam, la région est conquise par l’empire ommeyade et les amazighs embracent l’islam, forment union avec les arabes qui réussirent à chasser les romains entièrement du Maghreb. En 788, Idriss ben Abdellah fuit la persécution subit par les abbasides et étant descendant directe du prophète Mohammed par sa fille Fatima, il fut accueillit et fonde la ville de Fès avec les tribus berbères qui y vivait et des tribus arabes qui l’accompagna et d’autres qui arriveront plus tard. Il est considéré comme le père de la toute première dynastie musulmane du Maroc et du Maghreb, les Idrissides. Sous le règne de son fils, Idriss II, la ville devient le siège de la nouvelle dynastie.

À Fès, le nouveau sultan accueille en 825 quelque 2000 familles arabes venant de Kerouan, en Tunisie, ces derniers s'installant à l'ouest de l'oued dans le quartier dit des Kairouanais. Des familles expulsées de Cordoue (actuelle Espagne) peuplent progressivement les deux rives de la rivière en deux villes séparées :

  • la rive des Karouanais sur la rive droite ;
  • la rive des Andalous sur la rive gauche.

Ce melting pot civilisationnel permet à la cité de devenir en quelques décennies le centre économique, intellectuel et religieux du Maroc, chaque communauté apportant avec elle ses connaissances littéraires, scientifiques et artistiques.

Types de famille

Jusqu’au XVIIIe siècle, un fassi est reconnu par son appartenance à l’un des trois groupes distincts qui cohabitaient en médina :

  • Les Chorfa - Ils tirent leur pouvoir de leur rang. Ils sont les descendants du Prophète Mohamed. Ils appartiennent soit à la dynastie des Idrissides (les Idrissi, les Benbachir (variante : Belbachir), soit à celle des Alaouites, soit à des clans d'aristocrates étrangers comme les Skalli (famille de Chorfas ayant vécu en Sicile) ou encore les Irakis ou Laraki (originaires eux de Mésopotamie dont l'ancêtre est Mohamed Al Hadi Ibn Abi Al Qasim Ibn Nafis, arrivé d'Irak à Fès à l'époque du Sultan Mérinide Abi Saïd Ibn Abi Youssef, après avoir séjourné quelque temps en Égypte). Eux seuls peuvent se faire appeler "Sidi" ou "Moulay".
  • Les Oulemas - Ils tirent leur pouvoir de leur savoir. Apparus surtout à partir du xviie siècle, ce sont des lettrés. Enseignants pour nombre d'entre eux à l'université islamique de Fès, ils apparaissent comme les garants de la tradition
  • Les Marchands - Ils tirent leur pouvoir de leur richesse. À partir du XVIe siècle, elles profitent du développement du commerce international pour s'imposer. Les négociants de Fès exportent des cuirs et des tapis en Europe, importent des tissus et des produits industriels anglais. Certains vont jusqu'en Chine, en Inde ou en Perse. D'autres se spécialisent dans le commerce avec l'Afrique noire.

Dans les faits, le mélange et la socialisation a donné naissance à une communauté de familles unies, parfois rivales, dont sont issus plusieurs riches commerçants, savants, oulémas, artistes et hommes politiques au fil de l'histoire marocaine. Comme en Europe, les aristocrates marient leurs filles à de riches qui recherchent un titre de prestige. Les lettrés se lancent dans le négoce, les marchands deviennent commis de l'État. Apparaît alors une aristocratie bourgeoise sur laquelle le Palais royal va de plus en plus s'appuyer.

Influence politique médiévale

Par leur présence dans la capitale et leur éducation, les familles fassies ont toujours joué un rôle politique clé dans l'histoire du Maroc médiéval.

Elles ont tour a tour constitué soit le pouvoir du Makhzen ou une force politique dans la défense de leurs intérêts face au Makhzen.

Le poids religieux des oulémas Fassis permet à la ville de Fès de jouir d'une autonomie de gestion et souvent de participer à la vie politique du royaume selon son soutien ou son opposition au pouvoir des souverains marocains.

Exemples notables[1]:

  • Au Xe(h)/XVe siècle(c) : Les chorfas de Fes se révoltent contre le pouvoir de la Dynastie Mérinide et ils tuent le sultan ‘Abd al-Ḥaqq II. Ils choisissent Mohammed ibn Ali Amrani-Joutey, un fassi idrisside, comme le nouveau sultan du Maroc.
  • Inversement, le alem Abdeslam Guessous est exécuté par le sultan Moulay Ismaïl pour avoir dénoncé l'esclavage des Noirs au Maroc
  • Moulay Rachid (premier Alaouite) doit son acceptation par les Fassis à la propagande des ouléma andalous

Certaines familles se mettent au service des Sultans du Maroc.

  • La famille Fassi Fihri (ou El Fassi, ou encore El Fihri) dont les origines remonteraient au clan Qurayshite des Banu Fihr dans l’Arabie antéislamique[2]. Arrivés au Maroc à la fin du XVe siècle[2], les membres de cette famille sont proches de l’État depuis le XVIIIe siècle et le règne de Moulay Ismaïl (qui nomme deux frères Fassi-Fihri et un cousin à des postes clé de la hiérarchie administrative)[2]. Ils restent proche du pouvoir pendant les siècles qui suivent. Plusieurs personnalités de cette famille ont exercé des très hautes responsabilités dans l'histoire du pays (vizirs, nationalistes, ministres, patrons d'entreprises, oulémas...).
  • Les Berrada : (en arabe :برادة) D'origine andalouse. L'une des plus anciennes familles de Fès, et la première élite politique et financière du Maroc.

Les Fassis du 19e siècle

Au XIXe siècle, nombre de ces grandes familles abandonnent Fès afin de s'établir à Casablanca qui devient la capitale économique du royaume.

L'Europe est alors en pleine révolution industrielle. Casablanca attire les acheteurs européens et développe ses activités portuaires. En outre, la conquête de l'Algérie par les Français, en 1830, a coupé Fès de ses débouchés à l'Est. C'est de cette époque que date la puissance de ceux que l'on appelle aujourd'hui encore "les Fassis de Casablanca". L'un des principaux bénéficiaires de l'urbanisation de Casablanca est Hassan Benjelloun.

Marchand de céréales, commissionnaire de la compagnie de navigation Paquet, il arrive Ss Casablanca en 1880. Pressentant le futur développement de la ville, il investit dans le foncier et l'immobilier. Aujourd'hui encore, ses héritiers - ils seraient près de 150 - perçoivent les rentes de ses judicieux placements. L'un des plus célèbres est Othman Benjelloun, à la tête de l'un des plus grands groupes du pays, où encore la grande famille Berrada.

Protectorat

Jusqu'en 1930, il n'existe au Maroc que deux collèges musulmans, les collèges Moulay Idriss à Fès et Moulay Youssef à Casablanca. Ils accueillent, conformément à la décision du maréchal Lyautey, des élèves choisis parmi les titulaires du certificat d'études musulmanes, un diplôme délivré par les écoles aux fils de l'élite.

La domination des notables, donc des familles fassies, dans la technostructure est ainsi confortée

Maroc contemporain

Au lendemain de l'indépendance, le rôle historique joué par l'Istiqlal conforte la puissance des grandes familles fassies.

Leurs héritiers fréquentent les meilleurs lycées et les grandes écoles françaises. Diplômés des Mines, de Ponts et chaussées ou de Polytechnique, ils sont ensuite cooptés à la tête des grandes administrations, des banques, des sociétés industrielles ou commerciales et essaiment dans tous les secteurs stratégiques.

En 1966, le contrôle des fédérations régionales des chambres de commerce et d'industrie donne lieu à une véritable révolte de la part de quelques gros commerçants soussis, qui veulent en finir avec la domination des Fassis. Le Palais tente de diversifier ses élites en promouvant des figures berbères ou paysannes.

Pour l'intellectuel américain John Waterbury :

Les fassis sont le modèle de l’élite urbaine, qui a conservé ses traditions, ses alliances et ses acquis, même quand elle a changé de ville[3]

Noms de famille

Retranscription des noms

Les noms de famille dans leur dénomination arabe sont souvent tronqués, chaque branche gardant ainsi soit :
- Laqab (لقب) (dans le cas des nombreux commerçants fassis les métiers comme Kettani, Attar, Lahlou mais aussi et surtout le titre honorifique comme El Mansour Les Lahlou : Il existe trois origines à cette famille, Les Lahlou: Famille de souche berbère appartenant à la dynastie Wattassides. Rangé parmi les berbères Zénata, de la branche des Beni Merine, ils seraient selon une autre version fournie par l'histographe Adelouahab Benmansour, issus du clan sanhajien des Lemtouna, de la descendance du grand chef Almoravide Youssef Ibn Tachfin. À l'avènement des Almohades, un de leur ancêtre aurait rejoint les Mérinides dans le Zab (sud algérien et tunisien). Le vizir Yahya ben Yahya Wattassi aurait atteint un tel pouvoir que le sultan mérinide Abd-el-Haqq Merini le fit emprisonné et assassina toute sa famille sauf les deux frères du vizir Mohamed Lahlou et Mohamed Cheïkh qui s'enfuirent dans le désert. Lorsque ce dernier fonde la dynastie des Wattasides il appella son frère pour prendre les fonctions de vizirs c'est d'ailleurs lui l'ancêtre eponyme de la famille Lahlou. Famille originaire d'Andalousie, de cordoue, leurs ancêtres de confession juive se sont convertis de force à l'islam durant l'invasion musulmane de l'espagne, l'on denombre par ailleurs deux petites branches de cette famille, l'une de confession chretienne et l'autre juive, vivant principalement en israël, il existe cependant des branches de cette famille, Lahlou mimi, Lahlou kitane, Lahlou torrès.... Les Al Lahlou Chorfas Oudghiri. et beaucoup d'autres parfois peu connus)
- Nasab (نسب) (filiation, comme Idrissi en tant que descendant de Moulay Idriss, ou El Fihri en tant que descendant de Fihr Quraïch)
- Nisba (نسبة) (origine géographique, comme Andalousi, Lahraichi, Sebti, Kafhali ou Sqalli)
- ou parfois un composé de deux aspects du nom.

Liste de noms

Il ne s'agit que d'une liste plus ou moins exhaustive des principaux noms de famille connus à Fès jusqu'à l'indépendance et avant les migrations vers Casablanca entre autres. Les origines ne donnent, par ailleurs, aucune indication sur l'ancienneté de la famille dans la ville, d'autre famille sont depuis plus de 500 ans.
Par ailleurs, certaines familles se sont également déplacées durant toutes ces années aussi bien au Maroc qu'à l'étranger. Les noms de famille ne sont donc pas forcément représentatifs uniquement de la ville de Fes[4].

Les familles fassis les plus anciennes sont par ailleurs les familles idrissides par définition.

[5],[6]

Fassis célèbres

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Notes et références

  1. allama kettani, zahr alas fi boyoutate fes
  2. a b et c Mouna Hachim, Dictionnaire des noms de famille marocains, Casablanca, Le Fennec, , 584 p.
  3. « D'où viennent les grandes familles fassies ? », sur TelQuel.ma
  4. http://amrani.forumfamille.com/t46-les-grandes-familles-de-fes
  5. Mouna Hachim, Dictionnaire des NOMS DE FAMILLE DU MAROC, Casablanca, Le Fennec, , 584 p. (ISBN 978-9954-30-698-7, OCLC 946465415)
  6. « La liste officielle des grandes familles de Fès », Moustacho,‎ (lire en ligne, consulté le )