« Camp Boiro » : différence entre les versions

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Le '''camp Boiro''' ou '''camp Mamadou-Boiro''' (1960 – 1984)<ref>[http://www.lonelyplanet.com/worldguide/guinea/conakry/sights/1000724309 Référence date sur Lonelyplanet]</ref> est un camp de gendarmerie créé au temps de la colonisation française<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=Céline Pauthier |titre=L'héritage controversé de Sékou Touré, « héros » de l'indépendance |périodique=Vingtième Siècle. Revue d'histoire |volume=118 |numéro=2 |date=2013/2 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2013-2-page-31.htm }}</ref> devenu [[Camp de concentration|camp d'internement militaire]], de torture et de mise à mort de [[Guinée]] qui porte le nom d'un ancien commissaire de police assassiné en 1969 sous la présidence d'[[Ahmed Sékou Touré]].
Le '''camp Boiro''' ou '''camp Mamadou-Boiro''' (1960 – 1984)<ref>[http://www.lonelyplanet.com/worldguide/guinea/conakry/sights/1000724309 Référence date sur Lonelyplanet]</ref> est un camp de gendarmerie créé au temps de la colonisation française<ref name=":0">{{Article |langue=fr |auteur1=Céline Pauthier |titre=L'héritage controversé de Sékou Touré, « héros » de l'indépendance |périodique=Vingtième Siècle. Revue d'histoire |volume=118 |numéro=2 |date=2013/2 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2013-2-page-31.htm }}</ref> devenu [[Camp de concentration|camp d'internement militaire]], de torture et de mise à mort de [[Guinée]] sous le régime de Sékou Touré. Il se trouve à la limite du centre-ville de Conakry, dans la banlieue de Camayenne<ref name=":0" />.


== Origine du nom ==
== Origine du nom ==
Le camps porte le nom du l'[[Inspecteur (police)|inspecteur de police]] Mamadou Boiro, tué lors de l'extradition de commando prisonnier de Kankan pour Conakry en avion<ref>{{Lien web |langue=fr |format=mp3 |auteur=Alain Foka |titre=la rupture avec Paris |url=https://www.archivesdafrique.com/60-ans-dindependance-de-la-guinee/#fwdmspPlayer0?catid=0&trackid=0 |site=www.archivesdafrique.com}}</ref>.
Le camps porte le nom du l'[[Inspecteur (police)|inspecteur de police]] Mamadou Boiro, assassiné en 1969 sous Sékou Touré lors de l'extradition de commando prisonnier de [[Kankan]] pour Conakry en avion<ref>{{Lien web |langue=fr |format=mp3 |auteur=Alain Foka |titre=la rupture avec Paris |url=https://www.archivesdafrique.com/60-ans-dindependance-de-la-guinee/#fwdmspPlayer0?catid=0&trackid=0 |site=www.archivesdafrique.com}}</ref>.


== Un centre de détention et de torture ==
== Le camp ==


L'« Auschwitz des Guinéens »<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Tierno Monénembo|titre=Livre - Camp Boiro : l'Auschwitz des Guinéens|url=https://afrique.lepoint.fr/actualites/livre-camp-boiro-l-auschwitz-des-guineens-16-02-2019-2293892_2365.php|site=Le Point Afrique|périodique=|date=2019-02-16|consulté le=2019-02-17}}</ref> abritait les prisonniers politiques du régime : selon [[Raymond-Marie Tchidimbo]], ancien [[archevêque]] de [[Conakry]] et auteur du livre « Un prêtre dans les geôles de Sékou Touré », tous les opposants politiques de Sékou Touré, mais aussi de simples citoyens se retrouvaient en diète dans ce camp qui paraissait être un simple camp de la garde présidentielle. Parmi eux figurent l'ancien secrétaire général de l'[[Organisation de l'unité africaine]], [[Diallo Telli]], qui y meurt le {{Date|1|mars|1977}}, [[Koumandian Keita]], le secrétaire géneral du syndicat des enseignants, ou [[Fodéba Keïta]].
L'« Auschwitz des Guinéens »<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Tierno Monénembo|titre=Livre - Camp Boiro : l'Auschwitz des Guinéens|url=https://afrique.lepoint.fr/actualites/livre-camp-boiro-l-auschwitz-des-guineens-16-02-2019-2293892_2365.php|site=Le Point Afrique|périodique=|date=2019-02-16|consulté le=2019-02-17}}</ref> abritait les prisonniers politiques du régime, mais aussi de simples citoyens, qui se retrouvaient en « diète noire » (privation de nourriture et de boisson) dans ce camp qui paraissait être un simple camp de la garde présidentielle.


Parmi eux figurent l'ancien secrétaire général de l'[[Organisation de l'unité africaine]], [[Diallo Telli]], qui y meurt le {{Date|1|mars|1977}} pendant le « complot peul » de 1976<ref name=":0" />, [[Koumandian Keita]], le secrétaire général du syndicat des enseignants, ou [[Fodéba Keïta]].
Les organisations de défense des droits de l'homme tels qu'[https://www.amnesty.org/download/Documents/204000/afr290011977en.pdf Amnesty International] estiment que {{nombre|50000|personnes}} sont mortes dans ce camp<ref>[http://www.rfi.fr/actufr/articles/099/article_64354.asp RFI : Les victimes du camp Boiro empêchées de manifester]</ref>, décimant l'élite guinéenne.


En 1970, les forces portugaises mènent l'[[Opération Mer Verte|opération ''Mer Verte'']] : elles débarquent à Conakry pour tenter de libérer du Camp Boiro des ressortissants portugais faits prisonniers par le [[Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert]] (PAIGC)<ref name=":0" />.
[[Jean-Paul Alata]] témoigna de son séjour dans ce camp "Prison d'Afrique<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean Paul Alata|titre=Prisons d'Afrique|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|date=1 novembre 1976|pages totales=251|isbn=2-02-004505-2}}</ref>".

[https://www.amnesty.org/download/Documents/204000/afr290011977en.pdf Amnesty International] estime que {{nombre|50000|personnes}} sont mortes dans ce camp<ref>[http://www.rfi.fr/actufr/articles/099/article_64354.asp RFI : Les victimes du camp Boiro empêchées de manifester]</ref>, décimant l'élite guinéenne.


Le camp d'internement fut définitivement fermé après la mort de Sékou Touré en 1984.
Le camp d'internement fut définitivement fermé après la mort de Sékou Touré en 1984.

== Mémoire ==
Après la mort de Sékou Touré, les cadres du régime du nouveau président Lansana Conté, souvent héritiers du précédent, font disparaître les marques visibles des atrocités commises dans le camp<ref name=":0" />.

La « cellule technique » (cabine de torture) est rénovée, et les militaires et leurs familles logés dans le camp empiétèrent peu à peu sur l’espace préservé pour l'histoire, laissé ouvert à tout vent<ref name=":0" />.

Plus récemment, les dernières traces ont disparu dans le cadre de la réforme de l’armée menée par le général Sékouba Konaté en 2010<ref name=":0" />.

== Témoignages ==

* ''Camp Boiro'' de Bah Ardo Ousmane
* ''Prison d'Afrique'' de [[Jean-Paul Alata]]
* ''Un prêtre dans les geôles de Sékou Touré'' de l'archevêque [[Raymond-Marie Tchidimbo]]


== Notes et références ==
== Notes et références ==

Version du 20 mai 2021 à 01:48

Camp Boiro
Entre du camp Boiro cry.jpg
Entrée du camp Boiro (2019).
Présentation
Gestion
Date de création 1960
Date de fermeture 1984
Victimes
Morts 50 000
Géographie
Pays Drapeau de la Guinée Guinée
Coordonnées 9° 32′ 13″ nord, 13° 41′ 08″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Conakry
(Voir situation sur carte : Conakry)
Camp Boiro
Géolocalisation sur la carte : Guinée
(Voir situation sur carte : Guinée)
Camp Boiro

Le camp Boiro ou camp Mamadou-Boiro (1960 – 1984)[1] est un camp de gendarmerie créé au temps de la colonisation française[2] devenu camp d'internement militaire, de torture et de mise à mort de Guinée sous le régime de Sékou Touré. Il se trouve à la limite du centre-ville de Conakry, dans la banlieue de Camayenne[2].

Origine du nom

Le camps porte le nom du l'inspecteur de police Mamadou Boiro, assassiné en 1969 sous Sékou Touré lors de l'extradition de commando prisonnier de Kankan pour Conakry en avion[3].

Un centre de détention et de torture

L'« Auschwitz des Guinéens »[4] abritait les prisonniers politiques du régime, mais aussi de simples citoyens, qui se retrouvaient en « diète noire » (privation de nourriture et de boisson) dans ce camp qui paraissait être un simple camp de la garde présidentielle.

Parmi eux figurent l'ancien secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine, Diallo Telli, qui y meurt le pendant le « complot peul » de 1976[2], Koumandian Keita, le secrétaire général du syndicat des enseignants, ou Fodéba Keïta.

En 1970, les forces portugaises mènent l'opération Mer Verte : elles débarquent à Conakry pour tenter de libérer du Camp Boiro des ressortissants portugais faits prisonniers par le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC)[2].

Amnesty International estime que 50 000 personnes sont mortes dans ce camp[5], décimant l'élite guinéenne.

Le camp d'internement fut définitivement fermé après la mort de Sékou Touré en 1984.

Mémoire

Après la mort de Sékou Touré, les cadres du régime du nouveau président Lansana Conté, souvent héritiers du précédent, font disparaître les marques visibles des atrocités commises dans le camp[2].

La « cellule technique » (cabine de torture) est rénovée, et les militaires et leurs familles logés dans le camp empiétèrent peu à peu sur l’espace préservé pour l'histoire, laissé ouvert à tout vent[2].

Plus récemment, les dernières traces ont disparu dans le cadre de la réforme de l’armée menée par le général Sékouba Konaté en 2010[2].

Témoignages

Notes et références

  1. Référence date sur Lonelyplanet
  2. a b c d e f et g Céline Pauthier, « L'héritage controversé de Sékou Touré, « héros » de l'indépendance », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 118, no 2,‎ (lire en ligne)
  3. Alain Foka, « la rupture avec Paris » [MP3], sur www.archivesdafrique.com
  4. Tierno Monénembo, « Livre - Camp Boiro : l'Auschwitz des Guinéens », sur Le Point Afrique, (consulté le )
  5. RFI : Les victimes du camp Boiro empêchées de manifester

Voir aussi

Bibliographie

  • Alsény René Gomez, Camp Boiro : parler ou périr, Éditions Harmattan, , 268 p..

Liens externes

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