« Paul Poiret » : différence entre les versions

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'''Paul Poiret''', Alexandre Paul Poiret à [[Paris]] le {{date de naissance|20|avril|1879}}<ref>Acte de naissance {{Numéro avec majuscule|24}} à Paris {{1er}} arrondissement - page 3 archives numérisées Paris</ref> et mort à Paris le {{date de décès|30|avril|1944}}, est un [[grand couturier]] français, connu pour ses audaces. Considéré comme un précurseur du style [[Art déco]], il crée la maison de couture qui porte son nom en 1903.
'''Alexandre Paul Poiret''' né à [[Paris]] le {{date de naissance-|20|avril|1879}}<ref>Acte de naissance {{Numéro avec majuscule|24}} à Paris {{1er|arrondissement}}, {{p.|3}}, archives numérisées Paris.</ref> et mort dans la même ville le {{date de décès-|30|avril|1944}} est un [[grand couturier]] [[France|français]].
Connu pour ses audaces, il est considéré comme un précurseur du style [[Art déco]]. Il crée la maison de couture qui porte son nom en 1903.


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Famille ===
Fils d'Auguste Poiret et de Louise Heinrich, sa sœur [[Nicole Groult|Nicole]] épouse le styliste de meubles [[André Groult]], d'où [[Benoîte Groult]] et [[Flora Groult]].

Sa sœur [[Jeanne Poiret|Jeanne]] (1871-1959) épousera le bijoutier [[René Boivin]] (1864-1917).

Enfin sa sœur [[Germaine Bongard]] (1885-1971), peintre, tint de 1911 à 1925 au 5, [[rue de Penthièvre]] à Paris une maison de couture connue sous le nom de Jove, où elle exposa des artistes de l'[[École de Paris]].

Il épouse le {{date-|5 octobre 1905}} à Paris Denise Boulet (1886-1982), dont il eut cinq enfants : Rosine, Martine, Colin, Perrine et Gaspard.


=== Les débuts ===
=== Les débuts ===
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=== La maison Paul Poiret (1903-1929) ===
=== La maison Paul Poiret (1903-1929) ===
Il ouvre sa maison de couture en {{date-|septembre 1903}} et habille [[Réjane]], ce qui le lance. Il est le premier couturier, avec [[Madeleine Vionnet]]<ref>Françoise Thibaut, « Le temps des couturières : Madeleine Vionnet et Jeanne Lanvin », [[Canal Académie]], 17 février 2013.</ref>, à supprimer le [[corset]] en 1906, en créant des [[robe (vêtement)|robes]] taille haute. Il devient ainsi un pionnier de l'émancipation féminine.
Il ouvre sa maison de couture en {{date-|septembre 1903}} et habille [[Réjane]], ce qui le lance. Il est le premier couturier, avec [[Madeleine Vionnet]]<ref>Françoise Thibaut, « Le temps des couturières : Madeleine Vionnet et Jeanne Lanvin », [[Canal Académie]], {{date-|17 février 2013}}.</ref>, à supprimer le [[corset]] en 1906, en créant des [[robe (vêtement)|robes]] taille haute. Il devient ainsi un pionnier de l'émancipation féminine.


En 1908 il demande à [[Paul Iribe]] de dessiner son catalogue, ''Les Robes de Paul Poiret racontées par Paul Iribe''. Le caractère novateur de l'ouvrage lui confère un grand succès. En 1910, l'[[orientalisme]] est à la mode. Les [[ballets russes]] et [[Léon Bakst]] triomphent à Paris. Poiret suit la tendance. Il achète les tissus colorés du ''[[Wiener Werkstätte]]'' à [[Vienne (Autriche)|Vienne]] avec qui il entame une longue collaboration.
En 1908 il demande à [[Paul Iribe]] de dessiner son catalogue, ''Les Robes de Paul Poiret racontées par Paul Iribe''. Le caractère novateur de l'ouvrage lui confère un grand succès. En 1910, l'[[orientalisme]] est à la mode. Les [[ballets russes]] et [[Léon Bakst]] triomphent à Paris. Poiret suit la tendance. Il achète les tissus colorés du ''[[Wiener Werkstätte]]'' à [[Vienne (Autriche)|Vienne]] avec qui il entame une longue collaboration.
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<gallery mode="packed" heights="200" caption="Créations de 1908 illustrées par [[Paul Iribe]] dans ''Les Robes de Paul Poiret''">
Fichier:Iribe Les Robes de Paul Poiret p.15.jpg|Planche 15.
Fichier:Poiret-designs.jpg|Planche 17.
Fichier:Poireteveningcoats.jpg|Planche 29.
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En 1909 il demande à l'architecte décorateur [[Louis Süe]] de lui construire un hôtel particulier de style [[style Louis XVI|néo-Louis XVI]] au 107, [[faubourg Saint-Honoré]] à Paris, dont le jardin fermé par une grille donnait sur le 26, [[Avenue Franklin-D.-Roosevelt|avenue d'Antin]].

En 1911, il lance Les Parfums de Rosine {{incise|du prénom de sa première fille}} et devient le premier à imaginer le « parfum de couturier » qu'il conçoit en harmonie avec ses créations. Il ouvre un laboratoire au 39, [[rue du Colisée]] et une usine à [[Courbevoie]] incluant un atelier de verrerie et de cartonnerie pour le conditionnement. Les premières compositions sont imaginées par [[Maurice Schaller]] puis par [[Henri Alméras]], mais Poiret s'implique personnellement. Jusqu'en 1929, ce sont 35 parfums qui sortent des usines, dont certains adoptent des noms singuliers comme ''Shakhyamuni'' (1913) ou ''Hahna l’Étrange Fleur'' (1919)<ref>{{PDF}} Isabelle Chazot, « Naissance et évolution du parfum de couturier », sur ''L'Osmothèque'' ([http://www.osmotheque.fr/secure/zc/411/2049 en ligne]).</ref>.


Cette même année 1911, il se diversifie dans les [[broderie]]s et les imprimés avec les Ateliers de Martine [[incise|du prénom de sa deuxième fille|stop}}. [[Georges Lepape]] collabore à l'album ''Les Choses de Paul Poiret'' pour présenter ses robes. Il fait aussi appel à d'autres artistes peintres comme [[Raoul Dufy]], [[Mario Simon]], [[André Édouard Marty|André Marty]]{{etc}}
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Fichier:Iribe Les Robes de Paul Poiret p.15.jpg|1908 (dessin de [[Paul Iribe]])
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Fichier:Poiret-designs.jpg|1908
Fichier:Poiretlepape.jpg|Modèles de 1911, dessin de [[Georges Lepape]].
Fichier:Poireteveningcoats.jpg|1908
Fichier:Poiret1912.jpg|Modèle de 1912, dessin de [[Paul Iribe]].
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En 1909 il demande à l'architecte décorateur [[Louis Süe]] de lui construire un hôtel particulier de [[style Louis XVI]], au {{Numéro|107}} du [[faubourg Saint-Honoré]], à Paris [[8e arrondissement de Paris|{{8e}}]], dont le jardin fermé par une grille donnait au {{Numero|26}} de l'ancienne [[avenue d'Antin]] aujourd'hui [[avenue Franklin-Roosevelt]].
En 1911, il lance Les Parfums de Rosine (du prénom de sa première fille), et devient le premier à imaginer le « parfum de couturier » qu'il conçoit en harmonie avec ses créations. Il ouvre un laboratoire au 39 [[rue du Colisée]] et une usine à [[Courbevoie]] incluant un atelier de verrerie et de cartonnerie pour le conditionnement. Les premières compositions sont imaginées par [[Maurice Schaller]] puis par [[Henri Alméras]], mais Poiret s'implique personnellement. Jusqu'en 1929, ce sont trente-cinq parfums qui sortent des usines, dont certains adoptent des noms singuliers comme ''Shakhyamuni'' (1913) ou ''Hahna l’Étrange Fleur'' (1919)<ref>{{PDF}}''[http://www.osmotheque.fr/secure/zc/411/2049 Naissance et évolution du parfum de couturier]'' par Isabelle Chazot, L'Osmothèque, en ligne.</ref>.


En 1911, pendant son voyage en [[Russie]], Poiret s'installe chez son amie et grande couturière russe [[Nadejda Lamanova]] dans son atelier au [[boulevard Tverskoï]] ([[Moscou]]) et donne trois défilés de mode<ref>{{Ouvrage|langue = français|auteur1 = Paul Poiret|titre = En habillant l'époque|lieu = |éditeur = |année = |pages totales = |isbn = |lire en ligne = |passage = }}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue = russe|auteur1 = Raisa Kirsanova|titre = Paul Poiret en Russie|périodique = Catalogue d'exposition "Paul Poiret - le roi de la mode"|numéro = |jour = |mois = |année = 2011|issn = |lire en ligne = |pages = 65-78}}.</ref>.
Cette même année 1911, il se diversifie dans les [[broderie]]s et les imprimés avec les Ateliers de Martine (du prénom de sa deuxième fille). [[Georges Lepape]] collabore à un album, ''Les Choses de Paul Poiret'', pour présenter ses robes. Il fait aussi appel à d'autres artistes peintres comme [[Raoul Dufy]], [[Mario Simon]], [[André Édouard Marty|André Marty]], etc.<gallery perrow="3" widths="180" heights="180">
Fichier:Poiretlepape.jpg|1911 (dessin de [[Georges Lepape]])
Fichier:Poiret1912.jpg|1912
</gallery>En 1911, pendant son voyage en [[Russie]], Poiret s'installe chez son amie et grande couturière russe [[Nadejda Lamanova]] dans son atelier au [[boulevard Tverskoï]] ([[Moscou]]) et donne trois défilés de mode<ref>{{Ouvrage|langue = français|auteur1 = Paul Poiret|titre = En habillant l'époque|lieu = |éditeur = |année = |pages totales = |isbn = |lire en ligne = |passage = }}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue = russe|auteur1 = Raisa Kirsanova|titre = Paul Poiret en Russie|périodique = Catalogue d'exposition "Paul Poiret - le roi de la mode"|numéro = |jour = |mois = |année = 2011|issn = |lire en ligne = |pages = 65-78}}</ref>.


En {{date-|juin 1911}}, dans son hôtel particulier de l'[[Avenue Franklin-D.-Roosevelt|avenue d'Antin]], il organise une fête somptueuse sur le thème de la Perse, reconstituant {{Citation|une cour sablée où, sous un vélum bleu essor, des fontaines jaillissaient dans des vasques en porcelaines}}. De nombreuses personnalités sont présentées, comme les peintres [[Luc-Albert Moreau]] et [[Guy-Pierre Fauconnet]], l'actrice [[Régina Badet]] ou la princesse Murat, alors que le tragédien [[Édouard de Max]] conte ''[[Les Sept Vizirs]]''<ref>Bénédicte Burguet, « Le paquebot moderniste de Paul Poiret », ''[[Vanity Fair (magazine)|Vanity Fair]]'' {{n°|5}}, novembre 2013, pages 88-89.</ref>.
En {{date-|juin 1911}}, dans son hôtel particulier parisien de l'avenue d'Antin, il organise une fête somptueuse sur le thème de la Perse, reconstituant {{Citation|une cour sablée où, sous un vélum bleu essor, des fontaines jaillissaient dans des vasques en porcelaines}}. De nombreuses personnalités sont présentées, comme les peintres [[Luc-Albert Moreau]] et [[Guy-Pierre Fauconnet]], l'actrice [[Régina Badet]] ou la princesse Murat, alors que le tragédien [[Édouard de Max]] conte ''[[Les Sept Vizirs]]''<ref>Bénédicte Burguet, « Le paquebot moderniste de Paul Poiret », ''[[Vanity Fair (magazine)|Vanity Fair]]'' {{n°|5}}, {{date-|novembre 2013}}, {{pp.|88-89}}.</ref>.


Entre 1911 et 1917, il loue et restaure le [[pavillon du Butard]] à [[La Celle-Saint-Cloud]] et l'utilise comme résidence estivale et écrin de grandes fêtes, dont celle restée célèbre en date du {{date-|20 juin 1912}} « ''Festes de Bacchus ''» à l'occasion de laquelle il crée un costume de bacchante : robe en mousseline de soie imprimée et un « châle Knossos » de [[Mariano Fortuny y Madrazo]], portés par Denise Poiret<ref>Don de Madame Poiret de Wilde au Palais Galliera, musée de la mode de la ville de Paris, en 1985.</ref>. [[Isadora Duncan]] danse sur les tables au milieu de 300 invités et 900 bouteilles de champagne furent consommées jusqu'aux premières lueurs du jour. Antérieurement, il avait fait construire à l'[[Île-Tudy]] la villa Kermaria où il organisa aussi des fêtes somptueuses ; les peintres [[Bernard Naudin]] et [[Raoul Dufy]] par exemple y séjournèrent<ref>Erwan Mordelet, ''Île-Tudy'', éditions Alain Bargain, Quimper, 2004</ref>, ainsi que le poète [[Max Jacob]]<ref>[https://books.google.fr/books?id=0_CZM2lmmfQC&pg=PT150&lpg=PT150&dq=Villa+Kermaria+ile-Tudy&source=bl&ots=QPh9p7iFO2&sig=ldmiKNoF9gbl9u9cacXgFF_4wd0&hl=fr&sa=X&ei=ElWhUvqjMrG20QW_vIDoCA&ved=0CDEQ6AEwAA#v=onepage&q=Villa%20Kermaria%20ile-Tudy&f=false].</ref>.
Entre 1911 et 1917, il loue et restaure le [[pavillon du Butard]] à [[La Celle-Saint-Cloud]] et l'utilise comme résidence estivale et écrin de grandes fêtes, dont celle restée célèbre en date du {{date-|20 juin 1912}} {{incise|« Festes de Bacchus »}} à l'occasion de laquelle il crée un costume de [[bacchante]] : robe en mousseline de soie imprimée et un « châle Knossos » de [[Mariano Fortuny y Madrazo]], portés par Denise Poiret<ref>Don de Madame Poiret de Wilde au Palais Galliera, musée de la mode de la ville de Paris, en 1985.</ref>. [[Isadora Duncan]] danse sur les tables au milieu de 300 invités et 900 bouteilles de champagne furent consommées jusqu'aux premières lueurs du jour. Antérieurement, il avait fait construire à l'[[Île-Tudy]] la villa Kermaria où il organisa aussi des fêtes somptueuses ; les peintres [[Bernard Naudin]] et [[Raoul Dufy]] par exemple y séjournèrent<ref>Erwan Mordelet, ''Île-Tudy'', Quimper, éditions Alain Bargain, 2004.</ref>, ainsi que le poète [[Max Jacob]]<ref>[https://books.google.fr/books?id=0_CZM2lmmfQC&pg=PT150&lpg=PT150&dq=Villa+Kermaria+ile-Tudy&source=bl&ots=QPh9p7iFO2&sig=ldmiKNoF9gbl9u9cacXgFF_4wd0&hl=fr&sa=X&ei=ElWhUvqjMrG20QW_vIDoCA&ved=0CDEQ6AEwAA#v=onepage&q=Villa%20Kermaria%20ile-Tudy&f=false].</ref>.


« Poiret le magnifique » dans les jardins se son hôtel particulier de l'[[avenue d'Antin]] organise des fêtes somptueuses dont la fameuse ''Mille et deuxième nuit'', qui marque l'histoire des nuits parisiennes. Il fait partie du ''cercle des Mortigny'', fondé par [[Dimitri d'Osnobichine]], qui regroupe de nombreux artistes et habitués de la vie parisienne : [[Bernard Boutet de Monvel]], [[Pierre Brissaud]], [[Georges Villa]], [[Guy Arnoux]], [[Joë Hamman]], [[Lucien-Victor Guirand de Scevola]], [[Joseph Pinchon]], [[André Warnod]], [[Frères Troisgros|Pierre Troisgros]], Jean Routier, Henri Callot, Pierre Falize, Pierre Prunier, cercle qui fonctionne jusque dans les [[années 1950]], Poiret fait jouer ''Le Secret des Mortigny'' pièce de [[Marcel Bain]] au Théâtre de l'Oasis, théâtre de verdure dans le jardin de l'hôtel particulier du couturier, 26 [[avenue Victor-Emmanuel III]], [[8e arrondissement de Paris|Paris 8e]]<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7646823k/f1.item.r=%22Sarah%20Rafale%22.zoom Comoedia du 14 juin 1921]</ref>.
« Poiret le magnifique » dans les jardins se son hôtel particulier de l'avenue d'Antin organise d'autres fêtes somptueuses dont la fameuse ''Mille et deuxième nuit'', qui marque l'histoire des nuits parisiennes. Il fait partie du cercle des Mortigny, fondé par [[Dimitri d'Osnobichine]], qui regroupe de nombreux artistes et habitués de la vie parisienne : [[Bernard Boutet de Monvel]], [[Pierre Brissaud]], [[Georges Villa]], [[Guy Arnoux]], [[Joë Hamman]], [[Lucien-Victor Guirand de Scevola]], [[Joseph Pinchon]], [[André Warnod]], [[Frères Troisgros|Pierre Troisgros]], [[Jean Routier]], [[Henri Callot]], [[Pierre Falize]], [[Pierre Prunier]], cercle qui fonctionne jusque dans les [[années 1950]]. Poiret fait jouer ''Le Secret des Mortigny'', pièce de [[Marcel Bain]] au théâtre de l'Oasis, théâtre de verdure dans le jardin de l'hôtel particulier du couturier au 26, [[avenue Victor-Emmanuel III]] à Paris<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7646823k/f1.item.r=%22Sarah%20Rafale%22.zoom ''Comoedia'', {{date-|14 juin 1921}}].</ref>.


Poiret connaît le triomphe : il habille les comédiennes les plus en vue; c'est lui qui gaine de soie la première vamp de l'histoire, [[Irma Vep]], interprétée par [[Musidora (actrice)|Musidora]] sous la direction de [[Louis Feuillade]].
Poiret connaît le triomphe : il habille les comédiennes les plus en vue ; c'est lui qui gaine de soie la première vamp de l'histoire, [[Irma Vep]], interprétée par [[Musidora (actrice)|Musidora]] sous la direction de [[Louis Feuillade]].


Il habille également le tout-Paris, aidé par sa femme Denise qui se fait ambassadrice de la marque. Il s'inspire de ses nombreux voyages pour créer des [[vêtement]]s marqués par l'[[wikt:Orient|Orient]], la [[Russie]], l'[[Afrique du Nord]].
Il habille également le [[Tout-Paris]], aidé par sa femme Denise qui se fait ambassadrice de la marque. Il s'inspire de ses nombreux voyages pour créer des vêtements marqués par l'[[wikt:Orient|Orient]], la [[Russie]], l'[[Afrique du Nord]].
[[Fichier:Two dresses by Paul Poiret, 1920.jpg|left|vignette|254x254px|1920 créations de Paul Poiret (''Fondation Ethnographique du Péloponnèse,'' [[Nauplie]])]]
[[Fichier:Two dresses by Paul Poiret, 1920.jpg|vignette|redresse|Créations de Paul Poiret en 1920, [[Nauplie]], Fondation ethnographique du Péloponnèse.]]


En collaboration avec le peintre [[Raoul Dufy]], il lance des imprimés audacieux; plus tard, il crée la jupe-culotte et la [[jupe]] entravée, qui font scandale.
En collaboration avec le peintre [[Raoul Dufy]], il lance des imprimés audacieux. Plus tard, il crée la jupe-culotte et la jupe entravée, qui font scandale.


Le 5/11/1913 jour de l'inauguration du Salon d'Automne au Grand Palais à Paris, il remarque et achète le soir même deux des "trois bouteilles décorées de médaillons et bandeaux émaillés" de Maurice Marinot, avec qui il cherchera fin 1919 à collaborer directement en association avec son beau-frère André Groult, mais sans succès.
Le {{date-|5 novembre 1913}}, jour de l'inauguration du [[Salon d'automne]] au [[Grand Palais (Paris)|Grand Palais]] à Paris, il remarque et achète le soir même deux des trois bouteilles décorées de médaillons et bandeaux émaillés de [[Maurice Marinot]], avec qui il cherchera fin 1919 à collaborer directement en association avec son beau-frère [[André Groult]], mais sans succès.


Il édita des robes de Georges Barbier, dont Groult éditait les papiers peints.
Il édita des robes de [[Georges Barbier]], dont Groult éditait les papiers peints.

[[André Derain]] peint son portrait en 1915 ([[musée de Grenoble]]).


Après la [[Première Guerre mondiale]], son étoile commence à pâlir. La clientèle le délaisse pour un style plus épuré. La Maison Paul Poiret connaît ses premières difficultés financières en 1923, mais poursuit ses activités grâce au soutien financier de [[Georges Aubert (industriel)|Georges Aubert]]. Sa participation à l'[[Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes]] en 1925 est très remarquée : il présente ses collections sur trois péniches baptisées ''Délices'', ''Amours'' et ''Orgues''.
Après la [[Première Guerre mondiale]], son étoile commence à pâlir. La clientèle le délaisse pour un style plus épuré. La Maison Paul Poiret connaît ses premières difficultés financières en 1923, mais poursuit ses activités grâce au soutien financier de [[Georges Aubert (industriel)|Georges Aubert]]. Sa participation à l'[[Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes]] en 1925 est très remarquée : il présente ses collections sur trois péniches baptisées ''Délices'', ''Amours'' et ''Orgues''.
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En 1921-1923 il fait construire à [[Mézy-sur-Seine]] (Yvelines) la [[villa Paul Poiret]], dessinée par [[Robert Mallet-Stevens]], dont la construction est interrompue par les difficultés financières du couturier en 1923, et qui ne sera terminée qu'en 1932 par [[Elvire Popesco]], qui l'avait rachetée deux ans auparavant.
En 1921-1923 il fait construire à [[Mézy-sur-Seine]] (Yvelines) la [[villa Paul Poiret]], dessinée par [[Robert Mallet-Stevens]], dont la construction est interrompue par les difficultés financières du couturier en 1923, et qui ne sera terminée qu'en 1932 par [[Elvire Popesco]], qui l'avait rachetée deux ans auparavant.


Il possédait également la "Villa Casablanca" à [[Biarritz]], construite en 1922 par [[Guillaume Tronchet]] et rachetée ensuite par [[Jean Patou]]<ref>Pierre Groppo, « La villa de Paul Poiret et de Jean Patou », ''[[Vanity Fair (magazine)|Vanity Fair]]'' {{n°|32}}, février 2016, pages 66-67.</ref>. Il possédait également la Villa Treizaine à [[Gassin]], sur la route de [[Saint-Tropez]], où il peint<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=[[Henry Bidou]] |titre=Les peintres de la Côte |périodique=Journal des débats politiques et littéraires |date=3 septembre 1927 |issn= |url=https://www.retronews.fr/journal/journal-des-debats-politiques-et-litteraires/3-septembre-1927/134/828919/1 |consulté le=2020-10-04 |pages=6 |site=RetroNews - Le site de presse de la BnF }}</ref>.
Il possédait également la villa Casablanca à [[Biarritz]], construite en 1922 par [[Guillaume Tronchet]] et rachetée ensuite par [[Jean Patou]]<ref>Pierre Groppo, « La villa de Paul Poiret et de Jean Patou », ''[[Vanity Fair (magazine)|Vanity Fair]]'' {{n°|32}}, {{date-|février 2016}}, {{pp.|66-67}}.</ref>. Il possédait également la villa Treizaine à [[Gassin]], sur la route de [[Saint-Tropez]], où il peint<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=[[Henry Bidou]] |titre=Les peintres de la Côte |périodique=Journal des débats politiques et littéraires |date=3 septembre 1927 |issn= |url=https://www.retronews.fr/journal/journal-des-debats-politiques-et-litteraires/3-septembre-1927/134/828919/1 |consulté le=2020-10-04 |pages=6 |site=RetroNews - Le site de presse de la BnF }}.</ref>.


En 1927 il joue avec [[Colette]] dans sa pièce ''La Vagabonde''.
En 1927, il joue avec [[Colette]] dans sa pièce ''La Vagabonde''.


En 1928, Paul Poiret publie ''Pan, Annuaire du luxe à Paris'', aux Éditions [[Devambez]], très bel annuaire qui réunit presque tous les grands noms du commerce de luxe de l'époque. Publié et conçu par lui, il est illustré de 116 planches en noir et en couleurs par les plus grands artistes contemporains dont [[Jean Camille Bellaigue|Bellaigue]], L. Boucher, [[Jean Cocteau]], {{Mlle}} Colin, [[Maurice Crozet]], La Jarrige, Deluermoz, Dufy, Dupas, [[Yan Bernard Dyl|Yan B. Dyl]], Fau, Foujita, Gus Bofa, [[Edy-Legrand]], Libiszewski, Charles Martin, Mourgue, Sem, Touchagues, Valerio, Van Moppès, etc. Cet album offre un panorama important sur la publicité des années 1920 : tailleurs, chapeliers, cannes, bottiers, couturiers, lingerie, fourrures, bijoux, la table, orfèvrerie, primeurs, vins, fleurs, galeries d'exposition, photographes, pharmaciens, restaurants, hôtels, cabarets, voyages, sports, bagages, plages, chevaux, chasse, pêche, etc.
En 1928, Paul Poiret publie ''Pan, Annuaire du luxe à Paris'', aux Éditions [[Devambez]], très bel annuaire qui réunit presque tous les grands noms du commerce de luxe de l'époque. Publié et conçu par lui, il est illustré de 116 planches en noir et en couleurs par les plus grands artistes contemporains<ref>Dont [[Jean Camille Bellaigue|Bellaigue]], [[Lucien Boucher]], [[Jean Cocteau]], {{Mlle|Colin}}, [[Maurice Crozet]], [[Louis Leynia de La Jarrige|Louis de Lajarrige]], Deluermoz, [[Raoul Dufy]], [[Jean Dupas]], [[Yan Bernard Dyl]], Fau, [[Léonard Foujita]], [[Gus Bofa]], [[Edy-Legrand]], Libiszewski, [[Charles Martin (dessinateur)|Charles Martin]], [[Pierre Mourgue]], [[Sem (illustrateur)|Sem]], [[Louis Touchagues]], Valerio, [[Maurice Van Moppès]]{{etc}}</ref>. Cet album offre un panorama important sur la publicité des années 1920 : tailleurs, chapeliers, cannes, bottiers, couturiers, lingerie, fourrures, bijoux, la table, orfèvrerie, primeurs, vins, fleurs, galeries d'exposition, photographes, pharmaciens, restaurants, hôtels, cabarets, voyages, sports, bagages, plages, chevaux, chasse, pêche{{etc}}


Fin {{date-|novembre 1929}}, la maison Paul Poiret ferme, du fait de la crise économique; les Parfums de Rosine sont rachetés par [[Oriza L. Legrand]].
Fin {{date-|novembre 1929}}, la maison Paul Poiret ferme, du fait de la crise économique. les Parfums de Rosine sont rachetés par [[Oriza L. Legrand]].


En 1930 il publie ''En habillant l'époque'' et {{refnec|invente la [[Gaine (lingerie)|gaine]]}}, souple et confortable.
En 1930 il publie ''En habillant l'époque'' et {{refnec|invente la [[Gaine (lingerie)|gaine]]}}, souple et confortable.
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Il publie trois livres de mémoires et meurt en partie ruiné et oublié en 1944.
Il publie trois livres de mémoires et meurt en partie ruiné et oublié en 1944.


Sa marque commerciale est un [[turban]] très enveloppant orné d'une aigrette que son épouse rend célèbre.
Sa marque commerciale est un [[turban]] très enveloppant orné d'une aigrette, que son épouse rend célèbre.
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<gallery mode="packed" heights="200" caption="Créations de Paul Poiret">
=== Famille ===
Fichier:Paul Poiret dress 8 (Kremlin 2011) 02.jpg|Robe d’été (années 1910), [[New York]], [[Metropolitan Museum of Art]].
Fils d'Auguste Poiret et de Louise Heinrich, sa sœur [[Nicole Groult|Nicole]] épouse le styliste de meubles [[André Groult]] d'où [[Benoîte Groult]] et [[Flora Groult]].
Fichier:Fancy dress costume MET DT7446.jpg|Robe de soirée en soie et coton, détails métalliques (1911), [[New York]], [[Metropolitan Museum of Art]].

Fichier:Coat MET DT444.jpg|Manteau en laine, soie, cuir et fourrure (vers 1919), [[New York]], [[Metropolitan Museum of Art]].
Sa sœur [[Jeanne Poiret|Jeanne]] (1871-1959) épousera le bijoutier [[René Boivin]] (1864-1917).
Fichier:Coat MET CI61.40.4 d2.jpg|Détail du précédent.

Fichier:Dress MET DP143250.jpg|Robe en laine et soie (1925), [[New York]], [[Metropolitan Museum of Art]].
Enfin sa sœur [[Germaine Bongard]] (1885-1971), peintre, tint de 1911 à 1925 au 5, [[rue de Penthièvre]] à Paris une maison de couture connue sous le nom de Jove, où elle exposa des artistes de l'[[École de Paris]].

Il épouse le {{date|5 octobre 1905}} à Paris Denise Boulet (1886-1982) dont il eut cinq enfants : Rosine, Martine, Colin, Perrine et Gaspard.

En 1915 Derain fit son portrait (Musée de peinture et de sculpture de Grenoble).

Vers 1924 la relieuse Hélène Alix utilisa une soie rayée issue de manteaux de Poiret de 1914 afin d'habiller un des dix exemplaires de tête de l'édition originale du ''Bal du Comte d'Orgel'' de Raymond Radiguet (1924), qui fit partie de la vente de "très beaux livres des XIXe et XXe siècles et de manuscrits" à Drouot le 4/06/1986 (reprod. coul. face au n°118 du catalogue Ader, Picard et Tajan).
== Galerie ==
<gallery>
Fichier:Paul Poiret dress 8 (Kremlin 2011) 02.jpg|Robe d’été (années 1910).
Fichier:Fancy dress costume MET DT7446.jpg|Robe de soirée en soie et coton, détails métalliques (1911).
Fichier:Coat MET DT444.jpg|Manteau en laine, soie, cuir et fourrure (1919).
Fichier:Coat MET CI61.40.4 d2.jpg|Détail des décorations du manteau ci-contre.
Fichier:Dress MET DP143250.jpg|Robe en laine et soie (1925).
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</gallery>


== Postérité et expositions ==
== Postérité et expositions ==
Les créations de Paul Poiret ont fait l’objet de plusieurs expositions au fil des ans. Parmi les plus marquantes, on compte ''Paul Poiret et [[Nicole Groult]], Maîtres de mode Art Déco'' au [[Palais Galliera, musée de la mode de la ville de Paris|Palais Galliera]] à Paris en 1986<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Emmanuèle Peyret|titre=Poiret, sœurs et sans reproche|périodique=Libération.fr|date=20 juillet 2015|issn=|lire en ligne=http://www.liberation.fr/cahier-ete-2015/2015/07/20/poiret-soeurs-et-sans-reproche_1350923|consulté le=2017-11-23|pages=}}</ref>.
Les créations de Paul Poiret ont fait l’objet de plusieurs expositions au fil des ans. Parmi les plus marquantes, on compte « Paul Poiret et [[Nicole Groult]], Maîtres de mode Art Déco » au [[Palais Galliera, musée de la mode de la ville de Paris|Palais Galliera]] à [[Paris]] en 1986<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Emmanuèle Peyret|titre=Poiret, sœurs et sans reproche|périodique=Libération.fr|date=20 juillet 2015|issn=|lire en ligne=http://www.liberation.fr/cahier-ete-2015/2015/07/20/poiret-soeurs-et-sans-reproche_1350923|consulté le=2017-11-23|pages=}}.</ref>.


En {{date-|mai 2005}}, le couturier [[Azzedine Alaïa]] a exposé la garde-robe personnelle de Denise Poiret dans la galerie de sa maison de couture, sous le titre « La Création en liberté », avant qu’elle ne soit adjugée en vente aux enchères<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=Suzy|nom1=Menkes|titre=Liberty belle: Poiret's modernist vision|périodique=The New York Times|date=2005-04-26|issn=0362-4331|lire en ligne=https://www.nytimes.com/2005/04/26/style/liberty-belle-poirets-modernist-vision.html|consulté le=2017-11-23}}</ref>. Les effets personnels de Denise Poiret réalisent des montants records : un [[Manteau (vêtement)|manteau]] d'automobile que Paul Poiret lui avait créé en 1914 est notamment adjugé plus de {{unité|110000|euros}}<ref>{{Lien web|titre=Catalogue de la vente La Création en Liberté : Univers de Denise et Paul Poiret (1905 -1928) à Piasa - Fin de la vente le 11 Mai 2005|url=http://www.piasa.auction.fr/_fr/vente/la-creation-en-liberte-univers-de-denise-et-paul-poiret-1905-1928-7550#.Wgxe0VtSxaQ|site=www.piasa.auction.fr|consulté le=2017-11-15}}</ref>.
En {{date-|mai 2005}}, le couturier [[Azzedine Alaïa]] a exposé la garde-robe personnelle de Denise Poiret dans la galerie de sa maison de couture, sous le titre « La Création en liberté », avant qu’elle ne soit adjugée en vente aux enchères<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=Suzy|nom1=Menkes|titre=Liberty belle: Poiret's modernist vision|périodique=The New York Times|date=2005-04-26|issn=0362-4331|lire en ligne=https://www.nytimes.com/2005/04/26/style/liberty-belle-poirets-modernist-vision.html|consulté le=2017-11-23}}.</ref>. Les effets personnels de Denise Poiret réalisent des montants records : un manteau d'automobile que Paul Poiret lui avait créé en 1914 est notamment adjugé plus de {{Monnaie|110000|euros}}<ref>{{Lien web|titre=Catalogue de la vente La Création en Liberté : Univers de Denise et Paul Poiret (1905 -1928) à Piasa - Fin de la vente le 11 Mai 2005|url=http://www.piasa.auction.fr/_fr/vente/la-creation-en-liberte-univers-de-denise-et-paul-poiret-1905-1928-7550#.Wgxe0VtSxaQ|site=www.piasa.auction.fr|consulté le=2017-11-15}}.</ref>.


Le [[Metropolitan Museum of Art|Metropolitan Museum]] à New York acquiert de nombreuses pièces lors de cette vente, qui ont servi de point de départ à l’exposition organisée par le musée américain deux ans plus tard. En 2007, le Metropolitan Museum ouvre ainsi la première rétrospective d’envergure, intitulée « Paul Poiret : Le Magnifique » (''Paul Poiret: King of Fashion'')<ref>{{Lien web|langue=|titre=Poiret: King of Fashion|url=https://www.metmuseum.org/exhibitions/listings/2007/poiret|site=The Metropolitan Museum of Art, i.e. The Met Museum|date=2007|consulté le=2017-11-15}}</ref>. Cette exposition voyage ensuite au [[Kremlin de Moscou|Kremlin]] en Russie en 2011 pour célébrer le centenaire de la visite de Paul Poiret à [[Moscou]] et [[Saint-Pétersbourg]]<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Jekaterina Tchekourda|titre=Poiret, the Forgotten Fashion Designer|périodique=The Moscow Times|date=11 octobre 2011|issn=|lire en ligne=https://themoscowtimes.com/articles/poiret-the-forgotten-fashion-designer-10100|consulté le=2017-11-23|pages=}}</ref>.
Le [[Metropolitan Museum of Art|Metropolitan Museum]] à [[New York]] acquiert de nombreuses pièces lors de cette vente, qui ont servi de point de départ à l’exposition organisée par le musée américain deux ans plus tard. En 2007, le Metropolitan Museum ouvre ainsi la première rétrospective d’envergure, intitulée « Paul Poiret : Le Magnifique » (''Paul Poiret: King of Fashion'')<ref>{{Lien web|langue=|titre=Poiret: King of Fashion|url=https://www.metmuseum.org/exhibitions/listings/2007/poiret|site=The Metropolitan Museum of Art, i.e. The Met Museum|date=2007|consulté le=2017-11-15}}.</ref>. Cette exposition voyage ensuite au [[Kremlin de Moscou|Kremlin]] en Russie en 2011 pour célébrer le centenaire de la visite de Paul Poiret à [[Moscou]] et [[Saint-Pétersbourg]]<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Jekaterina Tchekourda|titre=Poiret, the Forgotte Fashion Designer|périodique=The Moscow Times|date=11 octobre 2011|issn=|lire en ligne=https://themoscowtimes.com/articles/poiret-the-forgotten-fashion-designer-10100|consulté le=2017-11-23|pages=}}.</ref>.


En 2013, c’est au tour du [[Musée international de la parfumerie de Grasse|Musée international de la parfumerie]] à [[Grasse]] de dédier une exposition au travail pionnier de Poiret dans la parfumerie avec « Les Parfums de Rosine », lancés en 1911, ayant pour titre ''Paul Poiret, couturier parfumeur''<ref>{{Article|langue=|auteur1=|titre=Paul Poiret, premier couturier parfumeur, célébré à Grasse|périodique=Culturebox|date=24 juin 2013|issn=|lire en ligne=https://culturebox.francetvinfo.fr/mode/paul-poiret-premier-couturier-parfumeur-celebre-a-grasse-138277|consulté le=2017-11-23|pages=}}</ref>.  
En 2013, c’est au tour du [[musée international de la Parfumerie]] à [[Grasse]] de dédier une exposition au travail pionnier de Poiret dans la parfumerie avec « Les Parfums de Rosine », lancés en 1911, ayant pour titre « Paul Poiret, couturier parfumeur »<ref>{{Article|langue=|auteur1=|titre=Paul Poiret, premier couturier parfumeur, célébré à Grasse|périodique=Culturebox|date=24 juin 2013|issn=|lire en ligne=https://culturebox.francetvinfo.fr/mode/paul-poiret-premier-couturier-parfumeur-celebre-a-grasse-138277|consulté le=2017-11-23|pages=}}.</ref>.  


La [[Fondation Alexandre Vassiliev]] conserve, en plus de vêtements et accessoires par la maison de couture, plusieurs peintures<ref>{{Lien web |langue=anglais |auteur=Fondation Alexandre Vassiliev |titre="Ma terrasse" by Paul Poiret |url=https://ns3103723.ip-145-239-9.eu/pawtucket/index.php/Detail/objects/4441 |site=www.vassilievfoudation.com}}</ref> de la main de Paul Poiret, ainsi que des effets personnels<ref>{{Lien web |langue=Anglais |auteur=Fondation Alexandre Vassiliev |titre=Aimée and Louise VIEILLOT portrait |url=https://ns3103723.ip-145-239-9.eu/pawtucket/index.php/Detail/objects/6303 |site=www.vassilievfoundation.com}}</ref>.
La [[Fondation Alexandre Vassiliev]] conserve, en plus de vêtements et accessoires par la maison de couture, plusieurs peintures<ref>{{Lien web |langue=anglais |auteur=Fondation Alexandre Vassiliev |titre="Ma terrasse" by Paul Poiret |url=https://ns3103723.ip-145-239-9.eu/pawtucket/index.php/Detail/objects/4441 |site=www.vassilievfoudation.com}}</ref> de la main de Paul Poiret, ainsi que des effets personnels<ref>{{Lien web |langue=Anglais |auteur=Fondation Alexandre Vassiliev |titre=Aimée and Louise VIEILLOT portrait |url=https://ns3103723.ip-145-239-9.eu/pawtucket/index.php/Detail/objects/6303 |site=www.vassilievfoundation.com}}.</ref>.


== Renouveau de la marque ==
=== Renouveau de la marque ===
Éteinte depuis 1933, la griffe Paul Poiret fait l’objet de nombreuses convoitises et plusieurs propriétaires se partagent les droits sur le nom. Le statu quo change lorsqu’au début des années 2010 la société luxembourgeoise Luvanis, spécialisée dans la relance de marques endormies, reprend l'ensemble des droits sur la marque dans le monde<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=Miles|nom1=Socha|titre=Paul Poiret Poised for Brand Revival|périodique=WWD|date=2014-10-27|lire en ligne=http://wwd.com/business-news/mergers-acquisitions/paul-poiret-poised-for-brand-revival-8006346/|consulté le=2017-11-15}}</ref>.
Éteinte depuis 1933, la griffe Paul Poiret fait l’objet de nombreuses convoitises et plusieurs propriétaires se partagent les droits sur le nom. Le statu quo change lorsqu’au début des [[années 2010]] la société luxembourgeoise Luvanis, spécialisée dans la relance de marques endormies, reprend l'ensemble des droits sur la marque dans le monde<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=Miles|nom1=Socha|titre=Paul Poiret Poised for Brand Revival|périodique=WWD|date=2014-10-27|lire en ligne=http://wwd.com/business-news/mergers-acquisitions/paul-poiret-poised-for-brand-revival-8006346/|consulté le=2017-11-15}}.</ref>.


Désormais unique propriétaire, Luvanis charge en 2014 la banque d’affaires londonienne Savigny Partners de l'aider à trouver le meilleur candidat pour faire renaître la marque<ref>{{Article|langue=en|auteur1=|prénom1=Vanessa|nom1=Friedman|titre=Fashionistas and Investors Start Salivating: Paul Poiret Is For Sale|périodique=On the Runway Blog|date=28 octobre 2014|issn=|lire en ligne=https://runway.blogs.nytimes.com/2014/10/28/the-name-of-the-french-fashion-designer-paul-poiret-is-for-sale/|consulté le=2017-11-15|pages=}}</ref>. C’est le groupe de luxe sud-coréen [[Shinsegae|Shinsegae International]], notamment distributeur des marques [[Givenchy]], [[Céline (marque)|Céline]], [[Brunello Cucinelli]] et [[Moncler]], qui est retenu en 2015 au terme d'un long processus de sélection<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=Miles|nom1=Socha|titre=Paul Poiret Trademarks Acquired By Shinsegae International|périodique=WWD|date=2015-08-10|lire en ligne=http://wwd.com/fashion-news/designer-luxury/paul-poiret-acquired-shinsegae-designer10198971-10198971/|consulté le=2017-11-23}}</ref>.
Désormais unique propriétaire, Luvanis charge en 2014 la banque d’affaires londonienne Savigny Partners de l'aider à trouver le meilleur candidat pour faire renaître la marque<ref>{{Article|langue=en|auteur1=|prénom1=Vanessa|nom1=Friedman|titre=Fashionistas and Investors Start Salivating: Paul Poiret Is For Sale|périodique=On the Runway Blog|date=28 octobre 2014|issn=|lire en ligne=https://runway.blogs.nytimes.com/2014/10/28/the-name-of-the-french-fashion-designer-paul-poiret-is-for-sale/|consulté le=2017-11-15|pages=}}.</ref>. C’est le groupe de luxe sud-coréen [[Shinsegae|Shinsegae International]], notamment distributeur des marques [[Givenchy]], [[Céline (marque)|Céline]], [[Brunello Cucinelli]] et [[Moncler]], qui est retenu en 2015 au terme d'un long processus de sélection<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=Miles|nom1=Socha|titre=Paul Poiret Trademarks Acquired By Shinsegae International|périodique=WWD|date=2015-08-10|lire en ligne=http://wwd.com/fashion-news/designer-luxury/paul-poiret-acquired-shinsegae-designer10198971-10198971/|consulté le=2017-11-23}}.</ref>.


Après plusieurs annonces dans la presse internationale<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=Astrid|nom1=Wendlandt|titre=The Rebirth of Paul Poiret|périodique=The New York Times|date=2017-07-05|issn=0362-4331|lire en ligne=https://www.nytimes.com/2017/07/05/fashion/paul-poiret-couture-paris.html|consulté le=2017-11-15}}</ref>, [[Shinsegae]] a confirmé la relance de Poiret depuis son berceau parisien en {{date-|janvier 2018}} avec la femme d'affaires belge Anne Chapelle (PDG et propriétaire des marques Ann Demeulemeester et Haider Ackermann<ref>{{Article|langue=fr-FR|titre=La maison Poiret va “renaître” plus de 80 ans après sa fermeture|périodique=Journal du Luxe.fr Actualité du luxe|date=2018-02-06|lire en ligne=https://journalduluxe.fr/maison-poiret-fashion-week/|consulté le=2018-02-06}}</ref>) aux commandes de la maison et la [[Haute couture|couturière]] [[Yiqing Yin]] chargée des nouvelles collections<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Osman Ahmed|titre=Anne Chapelle’s Next Move: Rebooting Poiret|périodique=The Business of Fashion|date=2018-01-30|issn=|lire en ligne=https://www.businessoffashion.com/articles/people/anne-chapelles-next-move-rebooting-poiret|consulté le=2018-02-03|pages=}}</ref>. Poiret présente sa première collection de mode depuis 90 ans en {{date-|mars 2018}} à Paris<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Laird Borrelli-Persson|titre=Poiret Is Being Revived a Century After Its Heyday—Will It Matter to Fashion Audiences in 2018?|périodique=Vogue|date=30 janvier 2018|issn=|lire en ligne=https://www.vogue.com/article/paul-poiret-label-revival-yiqing-yin|consulté le=2018-02-03|pages=}}</ref>.
Après plusieurs annonces dans la presse internationale<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=Astrid|nom1=Wendlandt|titre=The Rebirth of Paul Poiret|périodique=The New York Times|date=2017-07-05|issn=0362-4331|lire en ligne=https://www.nytimes.com/2017/07/05/fashion/paul-poiret-couture-paris.html|consulté le=2017-11-15}}.</ref>, [[Shinsegae]] a confirmé la relance de Poiret depuis son berceau parisien en {{date-|janvier 2018}} avec la femme d'affaires belge Anne Chapelle (PDG et propriétaire des marques Ann Demeulemeester et Haider Ackermann<ref>{{Article|langue=fr-FR|titre=La maison Poiret va “renaître” plus de 80 ans après sa fermeture|périodique=Journal du Luxe.fr Actualité du luxe|date=2018-02-06|lire en ligne=https://journalduluxe.fr/maison-poiret-fashion-week/|consulté le=2018-02-06}}.</ref>) aux commandes de la maison et la [[Haute couture|couturière]] [[Yiqing Yin]] chargée des nouvelles collections<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Osman Ahmed|titre=Anne Chapelle’s Next Move: Rebooting Poiret|périodique=The Business of Fashion|date=2018-01-30|issn=|lire en ligne=https://www.businessoffashion.com/articles/people/anne-chapelles-next-move-rebooting-poiret|consulté le=2018-02-03|pages=}}.</ref>. Poiret présente sa première collection de mode depuis 90 ans en {{date-|mars 2018}} à Paris<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Laird Borrelli-Persson|titre=Poiret Is Being Revived a Century After Its Heyday—Will It Matter to Fashion Audiences in 2018?|périodique=Vogue|date=30 janvier 2018|issn=|lire en ligne=https://www.vogue.com/article/paul-poiret-label-revival-yiqing-yin|consulté le=2018-02-03|pages=}}.</ref>.


== Voir aussi ==
== Notes et références ==
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== Annexes ==
{{Autres projets
|commons=Paul Poiret
}}
=== Articles connexes ===
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* [[Monsieur (magazine)]]
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* [[Villa Paul Poiret]]
* [[Villa Paul Poiret]]
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=== Liens externes ===
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{{Autres projets|commons=Paul Poiret}}
* [http://www.poiret.com/ Site officiel de la maison Paul Poiret]
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* {{Bases art}}
* {{Bases}}
* [http://madame.lefigaro.fr/mode/en-kiosque/455-paul-poiret-un-pionnier-retrouve ''Paul Poiret, un pionnier retrouvé'']
* [http://madame.lefigaro.fr/mode/en-kiosque/455-paul-poiret-un-pionnier-retrouve « Paul Poiret, un pionnier retrouvé »] sur ''lefigaro.fr/mode''.
* [http://www.diktats.com/french/couturiers/paul-poiret.html Livres et documents d'époque sur Paul Poiret]
* [http://www.diktats.com/french/couturiers/paul-poiret.html Livres et documents d'époque sur Paul Poiret] sur ''diktats.com''.
* [http://parisvintage.blogspot.com/2007/03/sur-les-traces-de-denise-et-paul-poiret.html Paris Vintage : article sur le catalogue de la vente ''Univers de Denise et Paul Poiret'']
* [http://parisvintage.blogspot.com/2007/03/sur-les-traces-de-denise-et-paul-poiret.html « Sur les traces de Denise et Paul Poiret »] sur ''Paris Vintage''.
* [http://www.lekti-ecriture.com/editeurs/Popolorepo.html ''Popolôrepô (1927, réédition 2007)'']
* [http://www.lekti-ecriture.com/editeurs/Popolorepo.html ''Popolôrepô'' (1927, réédition 2007)] sur ''lekti-ecriture.com''.

== Notes et références ==
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[[Catégorie:Couturier français]]
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[[Catégorie:Personnalité de la haute couture]]
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[[Catégorie:Décès en avril 1944]]
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[[Catégorie:Décès à Paris]]

Version du 31 décembre 2020 à 18:33

Paul Poiret
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Activités
Fratrie
Jeanne Poiret Boivin (en)
Germaine Bongard
Nicole GroultVoir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Paul Follot (beau-frère)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Conflit
Mouvement
Maître
Archives conservées par
Vue de la sépulture.

Alexandre Paul Poiret né à Paris le [2] et mort dans la même ville le est un grand couturier français.

Connu pour ses audaces, il est considéré comme un précurseur du style Art déco. Il crée la maison de couture qui porte son nom en 1903.

Biographie

Famille

Fils d'Auguste Poiret et de Louise Heinrich, sa sœur Nicole épouse le styliste de meubles André Groult, d'où Benoîte Groult et Flora Groult.

Sa sœur Jeanne (1871-1959) épousera le bijoutier René Boivin (1864-1917).

Enfin sa sœur Germaine Bongard (1885-1971), peintre, tint de 1911 à 1925 au 5, rue de Penthièvre à Paris une maison de couture connue sous le nom de Jove, où elle exposa des artistes de l'École de Paris.

Il épouse le à Paris Denise Boulet (1886-1982), dont il eut cinq enfants : Rosine, Martine, Colin, Perrine et Gaspard.

Les débuts

Paul Poiret est embauché comme dessinateur de mode chez Doucet en 1898, puis travaille chez Worth de 1901 à 1903.

La maison Paul Poiret (1903-1929)

Il ouvre sa maison de couture en et habille Réjane, ce qui le lance. Il est le premier couturier, avec Madeleine Vionnet[3], à supprimer le corset en 1906, en créant des robes taille haute. Il devient ainsi un pionnier de l'émancipation féminine.

En 1908 il demande à Paul Iribe de dessiner son catalogue, Les Robes de Paul Poiret racontées par Paul Iribe. Le caractère novateur de l'ouvrage lui confère un grand succès. En 1910, l'orientalisme est à la mode. Les ballets russes et Léon Bakst triomphent à Paris. Poiret suit la tendance. Il achète les tissus colorés du Wiener Werkstätte à Vienne avec qui il entame une longue collaboration.

En 1909 il demande à l'architecte décorateur Louis Süe de lui construire un hôtel particulier de style néo-Louis XVI au 107, faubourg Saint-Honoré à Paris, dont le jardin fermé par une grille donnait sur le 26, avenue d'Antin.

En 1911, il lance Les Parfums de Rosine — du prénom de sa première fille — et devient le premier à imaginer le « parfum de couturier » qu'il conçoit en harmonie avec ses créations. Il ouvre un laboratoire au 39, rue du Colisée et une usine à Courbevoie incluant un atelier de verrerie et de cartonnerie pour le conditionnement. Les premières compositions sont imaginées par Maurice Schaller puis par Henri Alméras, mais Poiret s'implique personnellement. Jusqu'en 1929, ce sont 35 parfums qui sortent des usines, dont certains adoptent des noms singuliers comme Shakhyamuni (1913) ou Hahna l’Étrange Fleur (1919)[4].

Cette même année 1911, il se diversifie dans les broderies et les imprimés avec les Ateliers de Martine [[incise|du prénom de sa deuxième fille|stop}}. Georges Lepape collabore à l'album Les Choses de Paul Poiret pour présenter ses robes. Il fait aussi appel à d'autres artistes peintres comme Raoul Dufy, Mario Simon, André Martyetc.

En 1911, pendant son voyage en Russie, Poiret s'installe chez son amie et grande couturière russe Nadejda Lamanova dans son atelier au boulevard Tverskoï (Moscou) et donne trois défilés de mode[5],[6].

En , dans son hôtel particulier parisien de l'avenue d'Antin, il organise une fête somptueuse sur le thème de la Perse, reconstituant « une cour sablée où, sous un vélum bleu essor, des fontaines jaillissaient dans des vasques en porcelaines ». De nombreuses personnalités sont présentées, comme les peintres Luc-Albert Moreau et Guy-Pierre Fauconnet, l'actrice Régina Badet ou la princesse Murat, alors que le tragédien Édouard de Max conte Les Sept Vizirs[7].

Entre 1911 et 1917, il loue et restaure le pavillon du Butard à La Celle-Saint-Cloud et l'utilise comme résidence estivale et écrin de grandes fêtes, dont celle restée célèbre en date du — « Festes de Bacchus » — à l'occasion de laquelle il crée un costume de bacchante : robe en mousseline de soie imprimée et un « châle Knossos » de Mariano Fortuny y Madrazo, portés par Denise Poiret[8]. Isadora Duncan danse sur les tables au milieu de 300 invités et 900 bouteilles de champagne furent consommées jusqu'aux premières lueurs du jour. Antérieurement, il avait fait construire à l'Île-Tudy la villa Kermaria où il organisa aussi des fêtes somptueuses ; les peintres Bernard Naudin et Raoul Dufy par exemple y séjournèrent[9], ainsi que le poète Max Jacob[10].

« Poiret le magnifique » dans les jardins se son hôtel particulier de l'avenue d'Antin organise d'autres fêtes somptueuses dont la fameuse Mille et deuxième nuit, qui marque l'histoire des nuits parisiennes. Il fait partie du cercle des Mortigny, fondé par Dimitri d'Osnobichine, qui regroupe de nombreux artistes et habitués de la vie parisienne : Bernard Boutet de Monvel, Pierre Brissaud, Georges Villa, Guy Arnoux, Joë Hamman, Lucien-Victor Guirand de Scevola, Joseph Pinchon, André Warnod, Pierre Troisgros, Jean Routier, Henri Callot, Pierre Falize, Pierre Prunier, cercle qui fonctionne jusque dans les années 1950. Poiret fait jouer Le Secret des Mortigny, pièce de Marcel Bain au théâtre de l'Oasis, théâtre de verdure dans le jardin de l'hôtel particulier du couturier au 26, avenue Victor-Emmanuel III à Paris[11].

Poiret connaît le triomphe : il habille les comédiennes les plus en vue ; c'est lui qui gaine de soie la première vamp de l'histoire, Irma Vep, interprétée par Musidora sous la direction de Louis Feuillade.

Il habille également le Tout-Paris, aidé par sa femme Denise qui se fait ambassadrice de la marque. Il s'inspire de ses nombreux voyages pour créer des vêtements marqués par l'Orient, la Russie, l'Afrique du Nord.

Fichier:Two dresses by Paul Poiret, 1920.jpg
Créations de Paul Poiret en 1920, Nauplie, Fondation ethnographique du Péloponnèse.

En collaboration avec le peintre Raoul Dufy, il lance des imprimés audacieux. Plus tard, il crée la jupe-culotte et la jupe entravée, qui font scandale.

Le , jour de l'inauguration du Salon d'automne au Grand Palais à Paris, il remarque et achète le soir même deux des trois bouteilles décorées de médaillons et bandeaux émaillés de Maurice Marinot, avec qui il cherchera fin 1919 à collaborer directement en association avec son beau-frère André Groult, mais sans succès.

Il édita des robes de Georges Barbier, dont Groult éditait les papiers peints.

André Derain peint son portrait en 1915 (musée de Grenoble).

Après la Première Guerre mondiale, son étoile commence à pâlir. La clientèle le délaisse pour un style plus épuré. La Maison Paul Poiret connaît ses premières difficultés financières en 1923, mais poursuit ses activités grâce au soutien financier de Georges Aubert. Sa participation à l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes en 1925 est très remarquée : il présente ses collections sur trois péniches baptisées Délices, Amours et Orgues.

En 1921-1923 il fait construire à Mézy-sur-Seine (Yvelines) la villa Paul Poiret, dessinée par Robert Mallet-Stevens, dont la construction est interrompue par les difficultés financières du couturier en 1923, et qui ne sera terminée qu'en 1932 par Elvire Popesco, qui l'avait rachetée deux ans auparavant.

Il possédait également la villa Casablanca à Biarritz, construite en 1922 par Guillaume Tronchet et rachetée ensuite par Jean Patou[12]. Il possédait également la villa Treizaine à Gassin, sur la route de Saint-Tropez, où il peint[13].

En 1927, il joue avec Colette dans sa pièce La Vagabonde.

En 1928, Paul Poiret publie Pan, Annuaire du luxe à Paris, aux Éditions Devambez, très bel annuaire qui réunit presque tous les grands noms du commerce de luxe de l'époque. Publié et conçu par lui, il est illustré de 116 planches en noir et en couleurs par les plus grands artistes contemporains[14]. Cet album offre un panorama important sur la publicité des années 1920 : tailleurs, chapeliers, cannes, bottiers, couturiers, lingerie, fourrures, bijoux, la table, orfèvrerie, primeurs, vins, fleurs, galeries d'exposition, photographes, pharmaciens, restaurants, hôtels, cabarets, voyages, sports, bagages, plages, chevaux, chasse, pêche, etc.

Fin , la maison Paul Poiret ferme, du fait de la crise économique. les Parfums de Rosine sont rachetés par Oriza L. Legrand.

En 1930 il publie En habillant l'époque et invente la gaine[réf. nécessaire], souple et confortable.

Il publie trois livres de mémoires et meurt en partie ruiné et oublié en 1944.

Sa marque commerciale est un turban très enveloppant orné d'une aigrette, que son épouse rend célèbre.

Postérité et expositions

Les créations de Paul Poiret ont fait l’objet de plusieurs expositions au fil des ans. Parmi les plus marquantes, on compte « Paul Poiret et Nicole Groult, Maîtres de mode Art Déco » au Palais Galliera à Paris en 1986[15].

En , le couturier Azzedine Alaïa a exposé la garde-robe personnelle de Denise Poiret dans la galerie de sa maison de couture, sous le titre « La Création en liberté », avant qu’elle ne soit adjugée en vente aux enchères[16]. Les effets personnels de Denise Poiret réalisent des montants records : un manteau d'automobile que Paul Poiret lui avait créé en 1914 est notamment adjugé plus de 110 000 euros[17].

Le Metropolitan Museum à New York acquiert de nombreuses pièces lors de cette vente, qui ont servi de point de départ à l’exposition organisée par le musée américain deux ans plus tard. En 2007, le Metropolitan Museum ouvre ainsi la première rétrospective d’envergure, intitulée « Paul Poiret : Le Magnifique » (Paul Poiret: King of Fashion)[18]. Cette exposition voyage ensuite au Kremlin en Russie en 2011 pour célébrer le centenaire de la visite de Paul Poiret à Moscou et Saint-Pétersbourg[19].

En 2013, c’est au tour du musée international de la Parfumerie à Grasse de dédier une exposition au travail pionnier de Poiret dans la parfumerie avec « Les Parfums de Rosine », lancés en 1911, ayant pour titre « Paul Poiret, couturier parfumeur »[20].  

La Fondation Alexandre Vassiliev conserve, en plus de vêtements et accessoires par la maison de couture, plusieurs peintures[21] de la main de Paul Poiret, ainsi que des effets personnels[22].

Renouveau de la marque

Éteinte depuis 1933, la griffe Paul Poiret fait l’objet de nombreuses convoitises et plusieurs propriétaires se partagent les droits sur le nom. Le statu quo change lorsqu’au début des années 2010 la société luxembourgeoise Luvanis, spécialisée dans la relance de marques endormies, reprend l'ensemble des droits sur la marque dans le monde[23].

Désormais unique propriétaire, Luvanis charge en 2014 la banque d’affaires londonienne Savigny Partners de l'aider à trouver le meilleur candidat pour faire renaître la marque[24]. C’est le groupe de luxe sud-coréen Shinsegae International, notamment distributeur des marques Givenchy, Céline, Brunello Cucinelli et Moncler, qui est retenu en 2015 au terme d'un long processus de sélection[25].

Après plusieurs annonces dans la presse internationale[26], Shinsegae a confirmé la relance de Poiret depuis son berceau parisien en avec la femme d'affaires belge Anne Chapelle (PDG et propriétaire des marques Ann Demeulemeester et Haider Ackermann[27]) aux commandes de la maison et la couturière Yiqing Yin chargée des nouvelles collections[28]. Poiret présente sa première collection de mode depuis 90 ans en à Paris[29].

Notes et références

  1. « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom POIRET Paul (consulté le )
  2. Acte de naissance No 24 à Paris 1er arrondissement, p. 3, archives numérisées Paris.
  3. Françoise Thibaut, « Le temps des couturières : Madeleine Vionnet et Jeanne Lanvin », Canal Académie, .
  4. [PDF] Isabelle Chazot, « Naissance et évolution du parfum de couturier », sur L'Osmothèque (en ligne).
  5. Paul Poiret, En habillant l'époque
  6. (ru) Raisa Kirsanova, « Paul Poiret en Russie », Catalogue d'exposition "Paul Poiret - le roi de la mode",‎ , p. 65-78.
  7. Bénédicte Burguet, « Le paquebot moderniste de Paul Poiret », Vanity Fair no 5, , pp. 88-89.
  8. Don de Madame Poiret de Wilde au Palais Galliera, musée de la mode de la ville de Paris, en 1985.
  9. Erwan Mordelet, Île-Tudy, Quimper, éditions Alain Bargain, 2004.
  10. [1].
  11. Comoedia, .
  12. Pierre Groppo, « La villa de Paul Poiret et de Jean Patou », Vanity Fair no 32, , pp. 66-67.
  13. Henry Bidou, « Les peintres de la Côte », Journal des débats politiques et littéraires,‎ , p. 6 (lire en ligne, consulté le ).
  14. Dont Bellaigue, Lucien Boucher, Jean Cocteau, Mlle Colin, Maurice Crozet, Louis de Lajarrige, Deluermoz, Raoul Dufy, Jean Dupas, Yan Bernard Dyl, Fau, Léonard Foujita, Gus Bofa, Edy-Legrand, Libiszewski, Charles Martin, Pierre Mourgue, Sem, Louis Touchagues, Valerio, Maurice Van Moppèsetc.
  15. Emmanuèle Peyret, « Poiret, sœurs et sans reproche », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. (en-US) Suzy Menkes, « Liberty belle: Poiret's modernist vision », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  17. « Catalogue de la vente La Création en Liberté : Univers de Denise et Paul Poiret (1905 -1928) à Piasa - Fin de la vente le 11 Mai 2005 », sur www.piasa.auction.fr (consulté le ).
  18. « Poiret: King of Fashion », sur The Metropolitan Museum of Art, i.e. The Met Museum, (consulté le ).
  19. (en) Jekaterina Tchekourda, « Poiret, the Forgotte Fashion Designer », The Moscow Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. « Paul Poiret, premier couturier parfumeur, célébré à Grasse », Culturebox,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. (en) Fondation Alexandre Vassiliev, « "Ma terrasse" by Paul Poiret », sur www.vassilievfoudation.com
  22. (en) Fondation Alexandre Vassiliev, « Aimée and Louise VIEILLOT portrait », sur www.vassilievfoundation.com.
  23. (en-US) Miles Socha, « Paul Poiret Poised for Brand Revival », WWD,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  24. (en) Vanessa Friedman, « Fashionistas and Investors Start Salivating: Paul Poiret Is For Sale », On the Runway Blog,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  25. (en-US) Miles Socha, « Paul Poiret Trademarks Acquired By Shinsegae International », WWD,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  26. (en-US) Astrid Wendlandt, « The Rebirth of Paul Poiret », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  27. « La maison Poiret va “renaître” plus de 80 ans après sa fermeture », Journal du Luxe.fr Actualité du luxe,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  28. (en) Osman Ahmed, « Anne Chapelle’s Next Move: Rebooting Poiret », The Business of Fashion,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  29. (en) Laird Borrelli-Persson, « Poiret Is Being Revived a Century After Its Heyday—Will It Matter to Fashion Audiences in 2018? », Vogue,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Annexes

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Articles connexes

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