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« Tutti Frutti (chanson) » : différence entre les versions

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Ils enregistrèrent d'abord des morceaux de ''[[blues]]'' qui n'emballèrent guère le producteur<ref>Jean-William Thoury, ''Dictionnaire du rock'', sous la direction de [[Michka Assayas]], Robert Laffont, 2000, {{p.|1025}}.</ref>. À la pause déjeuner, frustré que son style exubérant ne soit pas dûment capté sur bande, il se mit à frapper les touches du piano et à chanter une chanson grivoise, scandée par l'[[onomatopée]] devenue célèbre : « ''A Wop Bop Aloobop Alop Bam Boom!'' », qu'il aurait écrite et composée plusieurs années auparavant, et qu'il jouait régulièrement sur scène<ref name=":1">{{Ouvrage|langue=|auteur1=|nom1=White, Charles, 1942-|titre=The life and times of Little Richard : the quasar of rock|passage=p. 55|lieu=|éditeur=Harmony Books|date=1984|pages totales=|isbn=0-517-55498-4|isbn2=978-0-517-55498-2|oclc=10711582|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/10711582|consulté le=2020-08-08}}</ref>. Selon certains témoignages, il aurait d'abord écrit et interprété la chanson tout en travaillant comme concierge dans une gare routière<ref>{{Ouvrage|nom1=Cox, Michael, 1949-|titre=Mind-blowing music|éditeur=Hippo|date=1997|isbn=0-590-19570-0|isbn2=978-0-590-19570-6|oclc=45329797|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/45329797|consulté le=2020-08-08}}</ref>, puis l'aurait peaufiné dans des cabarets du Sud<ref name=":2">{{Ouvrage|nom1=Lhamon, W. T.|titre=Deliberate speed : the origins of a cultural style in the American 1950s : with a new preface|éditeur=Harvard University Press|date=2002, ©1990|isbn=0-674-00873-1|isbn2=978-0-674-00873-1|oclc=49803526|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/49803526|consulté le=2020-08-08}}</ref>. Little Richard chantait initialement<ref>{{Ouvrage|langue=|auteur1=|nom1=White, Charles, 1942-|titre=The life and times of Little Richard : the quasar of rock|passage=p. 49|lieu=|éditeur=Harmony Books|date=1984|pages totales=|isbn=0-517-55498-4|isbn2=978-0-517-55498-2|oclc=10711582|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/10711582|consulté le=2020-08-08}}</ref> :
Ils enregistrèrent d'abord des morceaux de ''[[blues]]'' qui n'emballèrent guère le producteur<ref>Jean-William Thoury, ''Dictionnaire du rock'', sous la direction de [[Michka Assayas]], Robert Laffont, 2000, {{p.|1025}}.</ref>. À la pause déjeuner, frustré que son style exubérant ne soit pas dûment capté sur bande, il se mit à frapper les touches du piano et à chanter une chanson grivoise, scandée par l'[[onomatopée]] devenue célèbre : « ''A Wop Bop Aloobop Alop Bam Boom!'' », qu'il aurait écrite et composée plusieurs années auparavant, et qu'il jouait régulièrement sur scène<ref name=":1">{{Ouvrage|langue=|auteur1=|nom1=White, Charles, 1942-|titre=The life and times of Little Richard : the quasar of rock|passage=p. 55|lieu=|éditeur=Harmony Books|date=1984|pages totales=|isbn=0-517-55498-4|isbn2=978-0-517-55498-2|oclc=10711582|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/10711582|consulté le=2020-08-08}}</ref>. Selon certains témoignages, il aurait d'abord écrit et interprété la chanson tout en travaillant comme concierge dans une gare routière<ref>{{Ouvrage|nom1=Cox, Michael, 1949-|titre=Mind-blowing music|éditeur=Hippo|date=1997|isbn=0-590-19570-0|isbn2=978-0-590-19570-6|oclc=45329797|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/45329797|consulté le=2020-08-08}}</ref>, puis l'aurait peaufiné dans des cabarets du Sud<ref name=":2">{{Ouvrage|nom1=Lhamon, W. T.|titre=Deliberate speed : the origins of a cultural style in the American 1950s : with a new preface|éditeur=Harvard University Press|date=2002, ©1990|isbn=0-674-00873-1|isbn2=978-0-674-00873-1|oclc=49803526|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/49803526|consulté le=2020-08-08}}</ref>. Little Richard chantait initialement<ref>{{Ouvrage|langue=|auteur1=|nom1=White, Charles, 1942-|titre=The life and times of Little Richard : the quasar of rock|passage=p. 49|lieu=|éditeur=Harmony Books|date=1984|pages totales=|isbn=0-517-55498-4|isbn2=978-0-517-55498-2|oclc=10711582|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/10711582|consulté le=2020-08-08}}</ref> :
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Ainsi dans les paroles originales, « Tutti Frutti » aurait assez clairement fait référence à un homme [[Homosexualité|homosexuel]], la suite variant légèrement selon les sources, comme suit d'après une biographie<ref name=":1" /> :
Après cette performance animée, Blackwell reconnut immédiatement le potentiel commercial de la chanson, mais considéra les paroles trop crues et demanda à ce que celles-ci soient révisées<ref name=":2" />. Il confia la tâche à Dorothy LaBostrie, qui selon lui était une parolière talentueuse même si elle « ne comprenait pas la mélodie »<ref>{{Ouvrage|nom1=Brackett, David,|titre=The pop, rock, and soul reader : histories and debates|isbn=978-0-19-084358-8|isbn2=0-19-084358-6|isbn3=978-0-19-084359-5|oclc=1097365692|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1097365692|consulté le=2020-08-08}}</ref>.
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Selon les sources, les paroles originales, dans lesquelles « Tutti Frutti » faisait manifestement référence à un homme [[Homosexualité|homosexuel]], disaient<ref name=":1" /> :
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Ou selon la version de Charles Connor, batteur de Little Richard<ref>''Rock 'n' Roll America'', documentaire de la BBC, 2015, partie 1, vers 41:00.</ref> :
Ou selon la version de Charles Connor, batteur de Little Richard<ref>''Rock 'n' Roll America'', documentaire de la BBC, 2015, partie 1, vers 41:00.</ref> :
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Après cette performance animée, Blackwell reconnut immédiatement le potentiel commercial de la chanson, mais considérant les paroles trop crues et choquantes, demanda à ce que celles-ci soient révisées<ref name=":2" />. Il confia la tâche à Dorothy LaBostrie, qui selon lui était une parolière talentueuse même si elle « ne comprenait pas la mélodie »<ref>{{Ouvrage|nom1=Brackett, David,|titre=The pop, rock, and soul reader : histories and debates|isbn=978-0-19-084358-8|isbn2=0-19-084358-6|isbn3=978-0-19-084359-5|oclc=1097365692|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1097365692|consulté le=2020-08-08}}</ref>.

Après réécriture, le sens devient plus ambigu, et si le sous-entendu sexuel reste présent celui-ci s'inscrit dans un contexte [[Hétérosexualité|hétérosexuel]] moins subversif :
Après réécriture, le sens devient plus ambigu, et si le sous-entendu sexuel reste présent celui-ci s'inscrit dans un contexte [[Hétérosexualité|hétérosexuel]] moins subversif :
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:''A-wop-bop-a-loo-bop a-lop-bam-boom!''
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:Elle se balance à gauche, elle se balance à droite
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:Avec elle j'aime quand c'est moite
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Outre Penniman et LaBostrie, le troisième nom crédité en tant qu'auteur, « J. Lubin », n'est pas clairement identifié ; selon certaines sources il s'agirait de l'auteur-compositeur Joe Lubin<ref>{{Lien web |langue=en-us |titre=Joe Lubin {{!}} Biography & History |url=https://www.allmusic.com/artist/joe-lubin-mn0000785531 |site=AllMusic |consulté le=2020-08-08}}</ref>, mais d'autres prétendent que ce serait un pseudonyme utilisé par Art Rupe pour bénéficier des redevances sur certaines chansons de son label<ref name=":0" />.
Outre Penniman et LaBostrie, le troisième nom crédité en tant qu'auteur, « J. Lubin », n'est pas clairement identifié ; selon certaines sources il s'agirait de l'auteur-compositeur Joe Lubin<ref>{{Lien web |langue=en-us |titre=Joe Lubin {{!}} Biography & History |url=https://www.allmusic.com/artist/joe-lubin-mn0000785531 |site=AllMusic |consulté le=2020-08-08}}</ref>, mais d'autres prétendent que ce serait un pseudonyme utilisé par Art Rupe pour bénéficier des [[Redevance|redevances]] sur certaines chansons de son label<ref name=":0" />.


Selon d'autres témoignages, ce récit faisant de « ''Tutti Frutti'' » une chanson à l'origine ouvertement sexuelle serait [[Apocryphe (littérature et art)|apocryphe]]. Dorothy LaBostrie a ainsi déclaré : « Little Richard n'a rien écrit de « ''Tutti Frutti'' ». Je vais vous dire exactement comment j'en suis arrivé à écrire cela. Je vivais dans la rue Galvez et avec une amie nous aimions aller acheter de la crème glacée à l'épicerie du coin. Un jour, nous sommes entrés et avons vu cette nouvelle saveur, « Tutti Frutti ». J'ai tout de suite pensé : ça alors, c'est une chouette idée pour une chanson. Je l'ai donc gardée dans un coin de ma mémoire jusqu'à ce que j'arrive au studio ce jour-là. J'ai aussi écrit ce même jour la face B de « ''Tutti Frutti'' », « ''I'm Just A Lonely Guy'' », et un ''[[Negro spiritual|spiritual]]'', « ''Blessed Mother'' ». Dans les années 1980 Dorothy LaBostrie recevait encore des chèques de redevances pour cette chanson, en moyenne de 5 000 dollars tous les trois à six mois.<ref>{{Lien web |langue= |auteur= |titre=DOROTHY LABOSTRIE |url=https://web.archive.org/web/20200520021723/http://www.rockabilly.nl/references/messages/dorothy_labostrie.htm |site=www.rockabilly.nl |date=2020-05-20 (date d'archivage) |consulté le=2020-08-08}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=|auteur1=|nom1=Hannusch, Jeff.|titre=I hear you knockin' : the sound of New Orleans rhythm and blues|passage=p. 222|lieu=|éditeur=Swallow Publications|date=1985|pages totales=|isbn=0-9614245-0-8|isbn2=978-0-9614245-0-3|oclc=12991604|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/12991604|consulté le=2020-08-08}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-us |titre=Dorothy LaBostrie {{!}} Biography & History |url=https://www.allmusic.com/artist/dorothy-labostrie-mn0000801511 |site=AllMusic |consulté le=2020-08-08}}</ref>
Selon d'autres témoignages, ce récit faisant de « ''Tutti Frutti'' » une chanson à l'origine ouvertement sexuelle serait [[Apocryphe (littérature et art)|apocryphe]]. Dorothy LaBostrie a ainsi déclaré : « Little Richard n'a rien écrit de « ''Tutti Frutti'' ». Je vais vous dire exactement comment j'en suis arrivé à écrire cela. Je vivais dans la rue Galvez et avec une amie nous aimions aller acheter de la crème glacée à l'épicerie du coin. Un jour, nous sommes entrés et avons vu cette nouvelle saveur, « Tutti Frutti ». J'ai tout de suite pensé : ça alors, c'est une chouette idée pour une chanson. Je l'ai donc gardée dans un coin de ma mémoire jusqu'à ce que j'arrive au studio ce jour-là. J'ai aussi écrit ce même jour la face B de « ''Tutti Frutti'' », « ''I'm Just A Lonely Guy'' », et un ''[[Negro spiritual|spiritual]]'', « ''Blessed Mother'' ». Dans les années 1980 Dorothy LaBostrie recevait encore des chèques de redevances pour cette chanson, en moyenne de {{Unité|5000|dollars}} tous les trois à six mois.<ref>{{Lien web |langue= |auteur= |titre=DOROTHY LABOSTRIE |url=https://web.archive.org/web/20200520021723/http://www.rockabilly.nl/references/messages/dorothy_labostrie.htm |site=www.rockabilly.nl |date=2020-05-20 (date d'archivage) |consulté le=2020-08-08}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=|auteur1=|nom1=Hannusch, Jeff.|titre=I hear you knockin' : the sound of New Orleans rhythm and blues|passage=p. 222|lieu=|éditeur=Swallow Publications|date=1985|pages totales=|isbn=0-9614245-0-8|isbn2=978-0-9614245-0-3|oclc=12991604|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/12991604|consulté le=2020-08-08}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-us |titre=Dorothy LaBostrie {{!}} Biography & History |url=https://www.allmusic.com/artist/dorothy-labostrie-mn0000801511 |site=AllMusic |consulté le=2020-08-08}}</ref>


Selon Blackwell, les contraintes de temps ont empêché le développement d'un nouvel arrangement, donc Little Richard a enregistré la chanson révisée en trois prises, en un quart d'heure, avec la partie de piano d'origine. Le titre figurant en [[Face (disque)|face B]] du [[Disque microsillon|45 tours]], ''I'm Just a Lonely Guy'', est enregistré le même jour.
Selon Blackwell, les contraintes de temps ont empêché le développement d'un nouvel arrangement, donc Little Richard a enregistré la chanson révisée en trois prises, en un quart d'heure, avec la partie de piano d'origine. Le titre figurant en [[Face (disque)|face B]] du [[Disque microsillon|45 tours]], ''I'm Just a Lonely Guy'', a été enregistré le même jour.


Le disque sort peu après, en octobre 1955, sous le titre ''Tutti Frutti'', et obtient aussitôt un succès considérable, devenant un classique du ''rock 'n' roll'' naissant.
Le disque est sorti peu après, en octobre 1955, sous le titre ''Tutti Frutti'', et a eu aussitôt un succès considérable, devenant un classique du ''rock 'n' roll'' naissant.


== Classement ==
== Classement ==
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* [[Chicken Shack]], sur l'album ''Goodbye Chicken Shack'' (1974)
* [[Chicken Shack]], sur l'album ''Goodbye Chicken Shack'' (1974)
* [[Johnny Hallyday]] l'enregistre en studio pour l'album ''[[Rock à Memphis]]'' en [[1975 en musique|1975]], et l'interprète dans de nombreux albums enregistrés en public, dont une première version en [[1961 en musique|1961]] sur ''[[Johnny Hallyday et ses fans au festival de Rock'n'Roll]]''
* [[Johnny Hallyday]] l'enregistre en studio pour l'album ''[[Rock à Memphis]]'' en [[1975 en musique|1975]], et l'interprète dans de nombreux albums enregistrés en public, dont une première version en [[1961 en musique|1961]] sur ''[[Johnny Hallyday et ses fans au festival de Rock'n'Roll]]''
* [[Eddy Mitchell]], ''[[Rocking in Olympia 1975]]'' (1975)
* [[Eddy Mitchell]], sur l'album enregistré en public ''[[Rocking in Olympia 1975]]'' (1975)
* [[George Jones]] avec Johnny Paycheck, ''Double Trouble'' (1980)
* [[George Jones]] avec Johnny Paycheck, sur l'album ''Double Trouble'' (1980)
* [[Sting]], sur la compilation ''Party Party'' (1982)
* [[Sting]], sur la compilation ''Party Party'' (1982)
* [[Joint de culasse (groupe)|Joint de culasse]], ''Superboum Rock and Roll'' (1982)
* [[Joint de culasse (groupe)|Joint de culasse]], sur l'album ''Superboum Rock and Roll'' (1982)
* [[Buckwheat Zydeco]], sur l'album ''Turning Point'' (1983)
* [[Buckwheat Zydeco]], sur l'album ''Turning Point'' (1983)
* [[Cliff Richard]], ''Rock 'n' Roll Silver'' (1983)
* [[Cliff Richard]], sur l'album ''Rock 'n' Roll Silver'' (1983)
* [[Val Kilmer]], dans le film ''Top secret'' (1984)
* [[Val Kilmer]], dans le film ''[[Top secret !]]'' (1984)
* [[The Flying Lizards]], ''Top Ten'' (1984)
* [[The Flying Lizards]], sur l'album ''Top Ten'' (1984)
* [[Screamin' Jay Hawkins]], ''Live and Crazy'' (1989)
* [[Screamin' Jay Hawkins]], sur l'album ''Live and Crazy'' (1989)
* [[Lee Austin]], sur l'album des J.B.'s ''Gimme Your Hand, J-B!'' (1989)
* [[Lee Austin]], sur l'album des J.B.'s ''Gimme Your Hand, J-B!'' (1989)
* [[Cássia Eller]], sur son premier album sans titre (1990)
* [[Cássia Eller]], sur son premier album sans titre (1990)

Version du 8 août 2020 à 05:30

Tutti Frutti

Single de Little Richard
extrait de l'album Here's Little Richard
Face A Tutti Frutti
Face B I'm Just a Lonely Guy
Sortie
Enregistré
La Nouvelle-Orléans
Durée 2:25
Genre Rock 'n' roll
Format 45 tours
Auteur Dorothy LaBostrie
J. Lubin
Richard Penniman
Producteur Robert Blackwell
Label Specialty

Singles de Little Richard

Tutti Frutti est l'une des premières chansons de rock 'n' roll, interprétée par Little Richard, signée Dorothy LaBostrie, J. Lubin et Richard Penniman (vrai nom de Little Richard). Premier succès commercial du chanteur, elle est devenue un standard du genre.

Enregistrement

Bien que Richard Penniman dit « Little Richard » ait enregistré pour RCA et Peacock Records dès 1951, ses premiers disques étaient relativement ternes et n'ont pas eu le succès commercial escompté par ses producteurs. En , il envoya un enregistrement demo à Specialty Records, lequel fut entendu par le propriétaire de la petite maison de disques, Art Rupe. Rupe trouva cet enregistrement prometteur, signa un contrat avec Little Richard et organisa en une session d'enregistrement, le , au Studio J & M de Cosimo Matassa à La Nouvelle-Orléans, avec Robert Blackwell en tant que producteur et le groupe de musiciens de Fats Domino, comprenant : Lee Allen (saxophone alto), Alvin « Red » Tyler (saxophone baryton), Justin Adams (guitare), Frank Fields (contrebasse), Earl Palmer (batterie), Huey Smith (piano) ; Little Richard chante et joue du piano.[1],[2]

Ils enregistrèrent d'abord des morceaux de blues qui n'emballèrent guère le producteur[3]. À la pause déjeuner, frustré que son style exubérant ne soit pas dûment capté sur bande, il se mit à frapper les touches du piano et à chanter une chanson grivoise, scandée par l'onomatopée devenue célèbre : « A Wop Bop Aloobop Alop Bam Boom! », qu'il aurait écrite et composée plusieurs années auparavant, et qu'il jouait régulièrement sur scène[4]. Selon certains témoignages, il aurait d'abord écrit et interprété la chanson tout en travaillant comme concierge dans une gare routière[5], puis l'aurait peaufiné dans des cabarets du Sud[6]. Little Richard chantait initialement[7] :

A-wop-bop-a-loo-mop a-good-Goddam!
Tutti Frutti, good booty
A-wop-bop-a-loo-mop a-good-Goddam!
Tutti Frutti, bon derrière

Ainsi dans les paroles originales, « Tutti Frutti » aurait assez clairement fait référence à un homme homosexuel, la suite variant légèrement selon les sources, comme suit d'après une biographie[4] :

Tutti Frutti, good booty
If it don't fit, don't force it
You can grease it, make it easy
Tutti Frutti, bon derrière
Si ça rentre pas, forcez pas
Mettez de l'huile, et c'est offert

Ou selon la version de Charles Connor, batteur de Little Richard[8] :

Tutti Frutti, good booty
If it's tight, it's all right
And if it's greasy, it makes it easy
Tutti Frutti, bon derrière
Si c'est serré, c'est agréable
Et si c'est huilé, ça se laisse faire

Après cette performance animée, Blackwell reconnut immédiatement le potentiel commercial de la chanson, mais considérant les paroles trop crues et choquantes, demanda à ce que celles-ci soient révisées[6]. Il confia la tâche à Dorothy LaBostrie, qui selon lui était une parolière talentueuse même si elle « ne comprenait pas la mélodie »[9].

Après réécriture, le sens devient plus ambigu, et si le sous-entendu sexuel reste présent celui-ci s'inscrit dans un contexte hétérosexuel moins subversif :

A-wop-bop-a-loo-bop a-lop-bam-boom!
Tutti Frutti, aw rooty[10]
Tutti Frutti, aw rooty
I got a gal named Sue
She knows just what to do
She rocks to the East, she rocks to the West
She is the gal that I love best
A-wop-bop-a-loo-bop a-lop-bam-boom!
Tutti Frutti, oh merci
Tutti Frutti, oh merci
J'ai une amie qui s'appelle Sue
Elle connaît très bien mes goûts
Elle se balance à gauche, elle se balance à droite
Avec elle j'aime quand c'est moite

Outre Penniman et LaBostrie, le troisième nom crédité en tant qu'auteur, « J. Lubin », n'est pas clairement identifié ; selon certaines sources il s'agirait de l'auteur-compositeur Joe Lubin[11], mais d'autres prétendent que ce serait un pseudonyme utilisé par Art Rupe pour bénéficier des redevances sur certaines chansons de son label[1].

Selon d'autres témoignages, ce récit faisant de « Tutti Frutti » une chanson à l'origine ouvertement sexuelle serait apocryphe. Dorothy LaBostrie a ainsi déclaré : « Little Richard n'a rien écrit de « Tutti Frutti ». Je vais vous dire exactement comment j'en suis arrivé à écrire cela. Je vivais dans la rue Galvez et avec une amie nous aimions aller acheter de la crème glacée à l'épicerie du coin. Un jour, nous sommes entrés et avons vu cette nouvelle saveur, « Tutti Frutti ». J'ai tout de suite pensé : ça alors, c'est une chouette idée pour une chanson. Je l'ai donc gardée dans un coin de ma mémoire jusqu'à ce que j'arrive au studio ce jour-là. J'ai aussi écrit ce même jour la face B de « Tutti Frutti », « I'm Just A Lonely Guy », et un spiritual, « Blessed Mother ». Dans les années 1980 Dorothy LaBostrie recevait encore des chèques de redevances pour cette chanson, en moyenne de 5 000 dollars tous les trois à six mois.[12],[13],[14]

Selon Blackwell, les contraintes de temps ont empêché le développement d'un nouvel arrangement, donc Little Richard a enregistré la chanson révisée en trois prises, en un quart d'heure, avec la partie de piano d'origine. Le titre figurant en face B du 45 tours, I'm Just a Lonely Guy, a été enregistré le même jour.

Le disque est sorti peu après, en octobre 1955, sous le titre Tutti Frutti, et a eu aussitôt un succès considérable, devenant un classique du rock 'n' roll naissant.

Classement

Entrée au hit-parade des États-Unis en novembre 1955, elle atteint en 1956 la deuxième position du classement des meilleures ventes de disques rhythm and blues, et se classe no 17 des charts pop aux États-Unis en février.

Mais la reprise de Pat Boone, plus sage, culmine à la 12e place le mois suivant.

Commentaire

Jordan Bassett, dans un hommage au chanteur publié en mai 2020 dans le New Musical Express, décrit la chanson, et plus particulièrement sa fameuse scansion incandescente « A Wop Bop Aloobop Alop Bam Boom! », comme étant : « Le big bang qui a enflammé le rock'n'roll, la naissance du teenager, l'étincelle ayant allumé le fusible qui a parcouru les sons d'Elvis Presley et des Beatles, et qui continue de traverser les veines de n'importe qui — et de n'importe quoi — déterminé à résister au statu quo[15] ».

Postérité

En 2003, cette chanson a été classée 43e plus grande chanson de tous les temps par le magazine Rolling Stone.

Reprises

Elle a été reprise par de nombreux musiciens, les versions les plus connues étant celles de Pat Boone et Elvis Presley. Le groupe Queen la jouait également régulièrement durant ses spectacles dans les années 1970-1980, notamment lors du « Magic Tour », immortalisé sur le DVD Live at Wembley. Cette chanson a également été jouée durant un concert de T. Rex et Elton John, en 1972, immortalisé sur le DVD Born to Boogie.

Liste (non exhaustive) d'artistes ayant enregistré Tutti Frutti[16] :

Notes et références

  1. a et b Dawson, Jim, 1944-, What was the first rock 'n' roll record?, Faber and Faber, (ISBN 0-571-12939-0 et 978-0-571-12939-3, OCLC 26397148, lire en ligne)
  2. Livret du CD Little Richard, Tutti Frutti, Selected Singles 51-56, Saga, 2007.
  3. Jean-William Thoury, Dictionnaire du rock, sous la direction de Michka Assayas, Robert Laffont, 2000, p. 1025.
  4. a et b White, Charles, 1942-, The life and times of Little Richard : the quasar of rock, Harmony Books, (ISBN 0-517-55498-4 et 978-0-517-55498-2, OCLC 10711582, lire en ligne), p. 55
  5. Cox, Michael, 1949-, Mind-blowing music, Hippo, (ISBN 0-590-19570-0 et 978-0-590-19570-6, OCLC 45329797, lire en ligne)
  6. a et b Lhamon, W. T., Deliberate speed : the origins of a cultural style in the American 1950s : with a new preface, Harvard University Press, 2002, ©1990 (ISBN 0-674-00873-1 et 978-0-674-00873-1, OCLC 49803526, lire en ligne)
  7. White, Charles, 1942-, The life and times of Little Richard : the quasar of rock, Harmony Books, (ISBN 0-517-55498-4 et 978-0-517-55498-2, OCLC 10711582, lire en ligne), p. 49
  8. Rock 'n' Roll America, documentaire de la BBC, 2015, partie 1, vers 41:00.
  9. Brackett, David,, The pop, rock, and soul reader : histories and debates (ISBN 978-0-19-084358-8, 0-19-084358-6 et 978-0-19-084359-5, OCLC 1097365692, lire en ligne)
  10. « Aw rooty » était une expression argotique signifiant « tout va bien ».
  11. (en-US) « Joe Lubin | Biography & History », sur AllMusic (consulté le )
  12. « DOROTHY LABOSTRIE », sur www.rockabilly.nl, 2020-05-20 (date d'archivage) (consulté le )
  13. Hannusch, Jeff., I hear you knockin' : the sound of New Orleans rhythm and blues, Swallow Publications, (ISBN 0-9614245-0-8 et 978-0-9614245-0-3, OCLC 12991604, lire en ligne), p. 222
  14. (en-US) « Dorothy LaBostrie | Biography & History », sur AllMusic (consulté le )
  15. (en-GB) « Little Richard 1932–2020: the King and Queen of rock'n'roll who gave us everything », sur NME Music News, Reviews, Videos, Galleries, Tickets and Blogs | NME.COM, (consulté le )
  16. Second Hand Songs.