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Après avoir participé à la création de mouvements étudiants radicaux, il fonde en 1937 le Parti national démocratique qui est renommé [[Action démocratique (Venezuela)|Action démocratique]] en 1941.
Après avoir participé à la création de mouvements étudiants radicaux, il fonde en 1937 le Parti national démocratique qui est renommé [[Action démocratique (Venezuela)|Action démocratique]] en 1941.


=== 1er mandat ===
En 1945, il conspire avec [[Marcos Pérez Jiménez|Marcos Pérez Jimenez]] pour renverser le président [[Isaías Medina Angarita]]. Arrivé au pouvoir en {{date-|octobre 1945}}, à la suite d'un coup d'État, il commence la réforme de l'industrie pétrolière vénézuélienne. Il n'entreprend cependant aucune réforme pouvant affecter les privilèges des classes possédantes<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=|auteur1=Maurice Lemoine|titre=Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d'Etats modernes et autres tentatives de destabilisation|passage=329-332|lieu=|éditeur=Don Quichotte|date=2015|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>. En 1948, il cède le pouvoir au président démocratiquement élu [[Rómulo Gallegos]], mais ce dernier est lui-même déposé quelques mois plus tard par un nouveau coup d'État militaire mené par [[Marcos Pérez Jiménez]] et [[Carlos Delgado Chalbaud]].
En 1945, il conspire avec [[Marcos Pérez Jiménez|Marcos Pérez Jimenez]] pour renverser le président [[Isaías Medina Angarita]]. Arrivé au pouvoir en {{date-|octobre 1945}}, à la suite d'un coup d'État, il commence la réforme de l'industrie pétrolière vénézuélienne. Il n'entreprend cependant aucune réforme pouvant affecter les privilèges des classes possédantes<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=|auteur1=Maurice Lemoine|titre=Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d'Etats modernes et autres tentatives de destabilisation|passage=329-332|lieu=|éditeur=Don Quichotte|date=2015|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>. Dès son entrée en fonction, le conseil a décrété que les compagnies pétrolières devaient payer un impôt extraordinaire qui allait de 12 à 20 % des bénéfices obtenus et que l'année suivante, il était porté à 28,5 %. Cette hausse des impôts, ainsi que l'augmentation de la production qui, à la fin du gouvernement, était de 500 millions de barils de brut par an, ont généré une période de prospérité qui n'avait été donnée par aucun gouvernement précédent. Cela s'ajoute au fait que le Venezuela est devenu le principal fournisseur de pétrole des alliés pendant les guerres en Asie et en Europe. Les investissements dans le secteur de l'éducation ont considérablement augmenté. Une réforme de l'éducation a été entreprise pour garantir l'enseignement primaire public à toute la population. Une campagne d'alphabétisation agressive a été menée, en particulier auprès de la paysannerie vénézuélienne, avec laquelle le taux d'alphabétisation dans le pays a grimpé en flèche comme jamais auparavant. Selon Betancourt : "Si le peuple est le souverain, le souverain doit être éduqué". Le pays a également accueilli pendant cette période des dizaines de milliers d'immigrants européens déplacés par la Seconde Guerre mondiale. Le gouvernement Betancourt s'est engagé à fournir un abri aux personnes déplacées et a signé le traité de l'Organisation internationale des Nations unies pour les réfugiés.

Malgré le climat d'ouverture démocratique, les révoltes de coup d'État et les conspirations militaires ne manquent pas et sont effectivement réprimées par le gouvernement. Certains ont même été perpétrés par des fonctionnaires et des civils, comme Jóvito Villalba, un ancien camarade du PDN et ami de la jeunesse de Betancourt. D'autres ont été financés par des gouvernements étrangers avec lesquels la Révolution avait rompu ses relations, comme les tentatives d'assassinat de Betancourt ordonnées par les dictateurs Rafael Leónidas Trujillo de la République dominicaine et Anastasio Somoza García du Nicaragua. De même, les protestations civiles ont enflammé les rues avec des mesures considérées plus tard par Rómulo Gallegos comme "un sectarisme et une intolérance politique évidents", comme le décret éducatif 321 qui envisageait des systèmes d'évaluation différents pour les écoles publiques et privées. Cependant, le travail du gouvernement a été largement soutenu par la population.

En 1948, il cède le pouvoir au président démocratiquement élu [[Rómulo Gallegos]], mais ce dernier est lui-même déposé quelques mois plus tard par un nouveau coup d'État militaire mené par [[Marcos Pérez Jiménez]] et [[Carlos Delgado Chalbaud]].


Poussé alors vers un exil à New York, il voit dans la mise en place de principes démocratiques la condition du succès de son retour en politique. La chute de la dictature de Pérez Jiménez en [[1958]] lui permet de retourner au Venezuela où il est élu président le {{date|7|décembre|1958}}.
Poussé alors vers un exil à New York, il voit dans la mise en place de principes démocratiques la condition du succès de son retour en politique. La chute de la dictature de Pérez Jiménez en [[1958]] lui permet de retourner au Venezuela où il est élu président le {{date|7|décembre|1958}}.


=== 2e mandat ===
Investi le {{date|13|février|1959}}, il contribue en 1960 à la mise en place de la filière nationalisée de l'industrie pétrolière et de l'[[Organisation des pays exportateurs de pétrole|OPEP]]. L'année suivante, il promulgue la [[Constitution vénézuélienne|nouvelle Constitution]] qui demeurera en vigueur jusqu'en 1999. Il voit son aura internationale renforcée en survivant à la tentative d'assassinat organisée par [[Rafael Leonidas Trujillo]], alors dictateur de la [[République dominicaine]]. Confronté à plusieurs rébellions paysannes ou militaires, Il fait interdire le [[Parti communiste du Venezuela]] et le [[Mouvement de la gauche révolutionnaire]]. L'armée conduit dans ses rangs une purge des officiers suspectés de sympathies pour la gauche. La répression brutale du soulèvement de la base navale de Puerto Cabello, en {{date-|juin 1962}}, fait quatre cents morts et sept cents blessés<ref name=":0" />.
Investi le {{date|13|février|1959}}, il contribue en 1960 à la mise en place de la filière nationalisée de l'industrie pétrolière et de l'[[Organisation des pays exportateurs de pétrole|OPEP]]. En effet, le ministre des Mines et des Hydrocarbures, Juan Pablo Pérez Alfonzo, a signé à Bagdad, en Irak, l'acte de création de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), avec laquelle une alliance stratégique a été établie en matière de pétrole avec des pays exportateurs de pétrole brut, tels que le Koweït, l'Arabie Saoudite, l'Irak et l'Iran. La même année, le président Betancourt décrète la création de la Corporación Venezolana de Guayana (CVG) et de la Corporación Venezolana del Petróleo (CVP). L'année suivante, il promulgue la [[Constitution vénézuélienne|nouvelle Constitution]] qui demeurera en vigueur jusqu'en 1999. Il voit son aura internationale renforcée en survivant à la tentative d'assassinat organisée par [[Rafael Leonidas Trujillo]], alors dictateur de la [[République dominicaine]]. Confronté à plusieurs rébellions paysannes ou militaires, Il fait interdire le [[Parti communiste du Venezuela]] et le [[Mouvement de la gauche révolutionnaire]]. L'armée conduit dans ses rangs une purge des officiers suspectés de sympathies pour la gauche. La répression brutale du soulèvement de la base navale de Puerto Cabello, en {{date-|juin 1962}}, fait quatre cents morts et sept cents blessés<ref name=":0" />.

La gestion de l'économie a été axée sur l'indépendance économique du pays et la stimulation du développement industriel en appliquant le modèle de la CEPALC concernant la [[Industrialisation par substitution aux importations|substitution des importations]] , promu par le ministre des finances Jose Antonio Mayobre. Le 4 mai 1961, une série de mesures économiques sont publiées, dont le contrôle des changes, une diminution de 10 % des salaires et traitements publics afin de réduire les dépenses et le déficit budgétaire, et la dévaluation du bolivar. Durant cette deuxième période du gouvernement bétancouriste, les droits des travailleurs et des employés vénézuéliens ont été rétablis, notamment l'accès au logement et une augmentation générale des salaires. Selon la Banque centrale du Venezuela, à la fin de ce gouvernement, les marques des années précédentes en termes de chiffres positifs de reprise économique ont été dépassées, le taux de croissance économique fluctuant entre 4 et 5 %.


Il transmet le pouvoir à son successeur [[Raúl Leoni]], après l'élection démocratique de {{date-|décembre 1963}} qui marque l'histoire de la démocratie vénézuélienne {{refnec|avec une participation de 90 % qui n'a jamais été égalée depuis}}.
Il transmet le pouvoir à son successeur [[Raúl Leoni]], après l'élection démocratique de {{date-|décembre 1963}} qui marque l'histoire de la démocratie vénézuélienne {{refnec|avec une participation de 90 % qui n'a jamais été égalée depuis}}.

Version du 26 avril 2020 à 17:44

Rómulo Betancourt
Illustration.
Fonctions
Président des États-Unis du Venezuela

(2 ans, 3 mois et 29 jours)
Prédécesseur Isaías Medina Angarita
Successeur Rómulo Gallegos
Président de la République du Venezuela

(5 ans et 1 mois)
Prédécesseur Edgar Sanabria
Successeur Raúl Leoni
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Guatire, Venezuela
Date de décès (à 73 ans)
Lieu de décès New York, États-Unis
Nationalité Vénézuélienne
Parti politique Action démocratique
Profession Journaliste

Signature de Rómulo Betancourt

Rómulo Betancourt

Rómulo Betancourt, né le à Guatire, dans l'État de Miranda et mort le à New York, est un homme d'État vénézuélien, président de son pays de 1945 à 1948 et de 1959 à 1964. Son parcours, bien que tumultueux et controversé, a marqué la politique en Amérique latine et il est souvent décrit comme le « père de la démocratie vénézuélienne ».

Biographie

Après avoir participé à la création de mouvements étudiants radicaux, il fonde en 1937 le Parti national démocratique qui est renommé Action démocratique en 1941.

1er mandat

En 1945, il conspire avec Marcos Pérez Jimenez pour renverser le président Isaías Medina Angarita. Arrivé au pouvoir en , à la suite d'un coup d'État, il commence la réforme de l'industrie pétrolière vénézuélienne. Il n'entreprend cependant aucune réforme pouvant affecter les privilèges des classes possédantes[1]. Dès son entrée en fonction, le conseil a décrété que les compagnies pétrolières devaient payer un impôt extraordinaire qui allait de 12 à 20 % des bénéfices obtenus et que l'année suivante, il était porté à 28,5 %. Cette hausse des impôts, ainsi que l'augmentation de la production qui, à la fin du gouvernement, était de 500 millions de barils de brut par an, ont généré une période de prospérité qui n'avait été donnée par aucun gouvernement précédent. Cela s'ajoute au fait que le Venezuela est devenu le principal fournisseur de pétrole des alliés pendant les guerres en Asie et en Europe. Les investissements dans le secteur de l'éducation ont considérablement augmenté. Une réforme de l'éducation a été entreprise pour garantir l'enseignement primaire public à toute la population. Une campagne d'alphabétisation agressive a été menée, en particulier auprès de la paysannerie vénézuélienne, avec laquelle le taux d'alphabétisation dans le pays a grimpé en flèche comme jamais auparavant. Selon Betancourt : "Si le peuple est le souverain, le souverain doit être éduqué". Le pays a également accueilli pendant cette période des dizaines de milliers d'immigrants européens déplacés par la Seconde Guerre mondiale. Le gouvernement Betancourt s'est engagé à fournir un abri aux personnes déplacées et a signé le traité de l'Organisation internationale des Nations unies pour les réfugiés.

Malgré le climat d'ouverture démocratique, les révoltes de coup d'État et les conspirations militaires ne manquent pas et sont effectivement réprimées par le gouvernement. Certains ont même été perpétrés par des fonctionnaires et des civils, comme Jóvito Villalba, un ancien camarade du PDN et ami de la jeunesse de Betancourt. D'autres ont été financés par des gouvernements étrangers avec lesquels la Révolution avait rompu ses relations, comme les tentatives d'assassinat de Betancourt ordonnées par les dictateurs Rafael Leónidas Trujillo de la République dominicaine et Anastasio Somoza García du Nicaragua. De même, les protestations civiles ont enflammé les rues avec des mesures considérées plus tard par Rómulo Gallegos comme "un sectarisme et une intolérance politique évidents", comme le décret éducatif 321 qui envisageait des systèmes d'évaluation différents pour les écoles publiques et privées. Cependant, le travail du gouvernement a été largement soutenu par la population.

En 1948, il cède le pouvoir au président démocratiquement élu Rómulo Gallegos, mais ce dernier est lui-même déposé quelques mois plus tard par un nouveau coup d'État militaire mené par Marcos Pérez Jiménez et Carlos Delgado Chalbaud.

Poussé alors vers un exil à New York, il voit dans la mise en place de principes démocratiques la condition du succès de son retour en politique. La chute de la dictature de Pérez Jiménez en 1958 lui permet de retourner au Venezuela où il est élu président le .

2e mandat

Investi le , il contribue en 1960 à la mise en place de la filière nationalisée de l'industrie pétrolière et de l'OPEP. En effet, le ministre des Mines et des Hydrocarbures, Juan Pablo Pérez Alfonzo, a signé à Bagdad, en Irak, l'acte de création de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), avec laquelle une alliance stratégique a été établie en matière de pétrole avec des pays exportateurs de pétrole brut, tels que le Koweït, l'Arabie Saoudite, l'Irak et l'Iran. La même année, le président Betancourt décrète la création de la Corporación Venezolana de Guayana (CVG) et de la Corporación Venezolana del Petróleo (CVP). L'année suivante, il promulgue la nouvelle Constitution qui demeurera en vigueur jusqu'en 1999. Il voit son aura internationale renforcée en survivant à la tentative d'assassinat organisée par Rafael Leonidas Trujillo, alors dictateur de la République dominicaine. Confronté à plusieurs rébellions paysannes ou militaires, Il fait interdire le Parti communiste du Venezuela et le Mouvement de la gauche révolutionnaire. L'armée conduit dans ses rangs une purge des officiers suspectés de sympathies pour la gauche. La répression brutale du soulèvement de la base navale de Puerto Cabello, en , fait quatre cents morts et sept cents blessés[1].

La gestion de l'économie a été axée sur l'indépendance économique du pays et la stimulation du développement industriel en appliquant le modèle de la CEPALC concernant la substitution des importations , promu par le ministre des finances Jose Antonio Mayobre. Le 4 mai 1961, une série de mesures économiques sont publiées, dont le contrôle des changes, une diminution de 10 % des salaires et traitements publics afin de réduire les dépenses et le déficit budgétaire, et la dévaluation du bolivar. Durant cette deuxième période du gouvernement bétancouriste, les droits des travailleurs et des employés vénézuéliens ont été rétablis, notamment l'accès au logement et une augmentation générale des salaires. Selon la Banque centrale du Venezuela, à la fin de ce gouvernement, les marques des années précédentes en termes de chiffres positifs de reprise économique ont été dépassées, le taux de croissance économique fluctuant entre 4 et 5 %.

Il transmet le pouvoir à son successeur Raúl Leoni, après l'élection démocratique de qui marque l'histoire de la démocratie vénézuélienne avec une participation de 90 % qui n'a jamais été égalée depuis[réf. nécessaire].

Références

  1. a et b Maurice Lemoine, Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d'Etats modernes et autres tentatives de destabilisation, Don Quichotte, , p. 329-332

Liens externes