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[[Charles Baudelaire]] dans son ouvrage ''Curiosités esthétiques'' ''[[s:Salon de 1846 (Curiosités esthétiques)|Salon de 1846]]'' ({{p.|87}}) a un avis mitigé sur le talent de Pradier : {{citation|Ce qui prouve l'état pitoyable de la sculpture, c'est que M. Pradier en est le roi. Au moins celui-ci sait faire de la chair, et il a des délicatesses particulières du ciseau ; mais il ne possède ni l'imagination nécessaire aux grandes compositions, ni l'imagination du dessin. C'est un talent froid et académique.}}<ref name=":1" />.
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== Mouvement artistique et corpus ==
== Mouvement artistique et corpus ==
[[Fichier:Sapho de James Pradier (1852), Musée d'Orsay.jpg|vignette|201x201px|''Sapho'', marbre, 1852, [[Musée d'Orsay]], [[Paris]]. La lyre est en bronze doré. ]]


=== Le style de l'artiste ===
=== Le style de l'artiste ===

Version du 23 janvier 2020 à 11:47

James Pradier
Naissance
Décès
(à 62 ans)
Bougival
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of James Pradier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
Nom de naissance
Jean-Jacques Pradier
Nationalité
Activité
Formation
Maître
Personnes liées
Lieux de travail
Mouvement
Fratrie
Charles Simon Pradier (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Louise Pradier (d) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Claire Pradier (d)
John Pradier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinction
Archives conservées par
Archives de l'École polytechnique fédérale de Zurich (en) (CH-001807-7:Hs 243)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Vue de la sépulture.

Jean-Jacques Pradier, dit James Pradier, né à Genève le et mort à Bougival le , est un sculpteur et peintre français de Genève[2], d’origine suisse d'après d'autres sources. Apprécié de son vivant, il fut considéré comme l'un des plus grands sculpteurs de son époque, jusqu'à sa mort sous le Second Empire. Ses œuvres ont connu une grande postérité[3].

Biographie

Enfance

Né le 23 mai 1790, il est le quatrième enfant d'une famille genevoise issue de réfugiés protestants originaires du Languedoc. Le père de Pradier était le propriétaire de l'hôtel "l'Ecu de France", un petit établissement situé à Genève. Bien qu'appartenant à la petite bourgeoisie, la famille est loin d'être riche et ne peut payer des études aux enfants. Le père de Jean-Jacques décide donc de placer ses fils en apprentissage dès leur majorité (12-13 ans à l'époque). Pradier et son frère aîné Charles-Simon Pradier entrent ainsi dans l'atelier de Jean Détalla pour apprendre le métier de graveur sur montre[3].

Les apprentis les plus doués sont autorisés à s'inscrire aux cours de l'école publique de dessin. Jean-Jacques et son frère s'y inscrivent donc respectivement les 11 et 23 avril 1804. Très vite, Charles-Simon démontre des dispositions pour la peinture et grâce à une pension accordée par la municipalité de Genève, il décide de partir poursuivre sa formation à Paris[3].

Formation

Après avoir fini son apprentissage, Jean-Jacques rejoint son frère à Paris en 1807. Là-bas, il travaille pour François-Frédéric Lemot avant d'être admis dans son atelier à l'École des beaux-arts de Paris le 5 février 1811, ainsi que dans ceux des peintres Charles Meynier et François Gérard. Suivant la mode de l'époque, c'est à cette époque qu'il adopte le prénom anglophone de "James"[3].

Pendant sa formation aux beaux-arts, il poursuit l'objectif du grand prix de Rome et entre en concurrence avec des artistes majeurs comme David d'Angers ou encore Rude. En 1813, il concours pour le prix en sculpture. Il réalise le bas-relief Néoptolème empêche Philoctète de percer Ulysse de ses flèches et remporte la première place. Il est suivi par deux seconds prix : Flatters et Petitot[3].

Un an plus tard, le 13 Janvier 1814, Pradier arrive à l'Académie de France à Rome. Il côtoie là-bas plusieurs artistes de renom dont les sculpteurs Cortot, Auguste et David d'Angers. Durant son séjour, il a suivi des cours de dessin dispensés par l'Académie de Saint-Luc et il a probablement fréquenté les ateliers de Canova et Thorvaldsen. Il réalise plusieurs œuvres à l'Académie dont un Ganymède, un plâtre d'Orphée. Cependant, on possède peu d'autres informations de ces cinq années romaines[3].

Reconnaissance

Il est de retour à Paris en 1819. Malgré son prix, il est encore inconnu dans la capitale et cherche à établir sa notoriété. Grâce à la commande du monument au duc de Berry et l'obtention d'une médaille d'or au Salon de 1819 pour la réalisation d'Une Nymphe, il s'impose vite parmi les jeunes sculpteurs qui comptent[3]. En 1819, il reçoit sa première commande de l'Etat : les bustes des frères Montgolfier[3].

En 1827, il est élu à l'Académie des beaux-arts. Le titre d'Académicien lui permet d'exposer ses œuvres au Salon sans passer devant le jury (dont il fait désormais partie). Peu après, il est nommé professeur de sculpture à l'École des beaux-arts de Paris le , où il remplace François-Frédéric Lemot. C'est Auguste Dumont qui lui succèdera à son décès en 1852[4]. En 1828, Pradier remporte la Légion d'Honneur qui vient marquer son ascension fulgurante et confirme son succès, faisant de lui un artiste de premier plan[3].

La longue carrière de Pradier, 1819-1852, s'étend sur différents régimes politiques. Mais estimé, l'artiste reçu des commandes de chacun d'entre eux. Il réalisa notamment des commandes pour la chambre des députés en 1830 et la place de la Concorde en 1836. Enfin, il réalisa le fronton du Luxembourg en 1840[5].

Habitué des salons parisiens, il fréquente régulièrement ceux du peintre Gérard, de Mme Sabatier ou encore d'Arsène Houssaye. Il y retrouve de nombreuses personnalités artistiques et littéraires dont Victor Hugo, Eugène Delacroix, Charles Baudelaire, Honoré Daumier et bien d'autres[3].

Charles Baudelaire dans son ouvrage Curiosités esthétiques Salon de 1846 (p. 87) a un avis mitigé sur le talent de Pradier : « Ce qui prouve l'état pitoyable de la sculpture, c'est que M. Pradier en est le roi. Au moins celui-ci sait faire de la chair, et il a des délicatesses particulières du ciseau ; mais il ne possède ni l'imagination nécessaire aux grandes compositions, ni l'imagination du dessin. C'est un talent froid et académique. »[6].

En 1831, le domicile de l'artiste était situé au no 4bis rue des Beaux-Arts et son atelier au no 3 de la rue Neuve-de-l'Abbaye[7].

Vie privée

Groupe sculpté du mariage de la Vierge, Avignon, église de la Madeleine. Le visage de la Vierge semble être réalisé d'après celui de Louise, la femme de Pradier.

Pendant son séjour en Italie, James Pradier fait la conquête d'une jeune romaine qui le suit à Paris et qui apparaît régulièrement à son bras. C'est elle qui servira de modèle à sa Psyché. Mais très vite, le sculpteur se lasse et il abandonne la jeune femme. Rapidement, il s'éprend d'une nouvelle jeune femme, Juliette Drouet qui devient sa maîtresse en 1825 et dont naît une fille, Claire Gauvain (1826-1846). Pradier éprouve une passion forte pour la très belle et fascinante actrice. C'est Juliette Drouet (peu probable) ou son épouse Louise, qui sert de modèle au sculpteur pour la statue allégorique de Strasbourg, située à Paris, place de la Concorde. De même, on a voulu reconnaître les traits de Juliette Drouet dans le groupe en marbre Satyre et Bacchante qui fit scandale au Salon de 1834[8]. Cette liaison prend fin dès que Juliette quitte Paris avec un amant en 1828, brisant ainsi le coeur de Pradier. En 1833, elle délaisse le prince Demidoff avec qui elle entretenait une liaison pour Victor Hugo, alors ami de Pradier. James fait office de père pour la petite Claire le temps de la courte vie de l'enfant, ce qui compromet les rapports entre les deux artistes. Néanmoins, Victor Hugo mène le cortège avec James Pradier lors des obsèques de la jeune fille, morte à 20 ans[3].

Le 27 août 1833, James Pradier épouse Louise Dupont née d'Arcet[9]. Très amoureux de sa femme malgré les écarts de cette dernière, il en fera de nombreux portraits dont trois sont aujourd'hui reconnaissables dans des images de la Vierge. Le premier, dans une toile de 1836 présentant une Vierge à l'enfant, le deuxième dans une peinture d'une descente de Croix et le dernier dans la Vierge en marbre de la cathédrale d'Avignon. En 1839, il fait également figurer le portrait de Louise dans la Comédie Légère de la fontaine de Molière. Ensemble, ils auront trois enfants : Charlotte née le 27 juillet 1834, John né le 21 mai 1836, et Thérèse, née le 3 juillet 1839. Les deux filles sont élevées à la maison d'éducation de la Légion d'honneur à Saint Denis[10]. Pradier éprouvait une grande tendresse pour ses enfants (y compris la petite Claire). Cet amour pour eux se remarque dans les nombreux croquis et statuettes qu'il fit d'eux. Le 3 janvier 1845, le sculpteur se sépare de sa femme qui dilapide leur argent par ses folles dépenses. Louise qui a contracté des dettes (100000 francs) en est ainsi tenue responsable légalement. La garde exclusive des enfants revient à Pradier qui verse tout de même à son ex-épouse une pension annuelle de 1000 francs[3].

Il décède le 4 juin 1852 et est inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise[11]. Au lendemain de sa mort, sa sculpture de Sapho exposée au Salon est recouvert d'un voile noir[3].

Réception critique

Charles Baudelaire dans son ouvrage Curiosités esthétiques Salon de 1846 (p. 87) a un avis mitigé sur le talent de Pradier : « Ce qui prouve l'état pitoyable de la sculpture, c'est que M. Pradier en est le roi. Au moins celui-ci sait faire de la chair, et il a des délicatesses particulières du ciseau ; mais il ne possède ni l'imagination nécessaire aux grandes compositions, ni l'imagination du dessin. C'est un talent froid et académique. »[6].

Mouvement artistique et corpus

Le style de l'artiste

Au XIXème siècle, plusieurs courants et styles cohabitent dans les arts. Il est d'ailleurs difficile de regrouper des œuvres parfois très différentes sous la même étiquette. Les règles académiques sont encore d'actualité à cette époque et de nombreux artistes reprennent ainsi des sujets antiques souvent inspirés de la mythologie ainsi qu'une esthétique néo-classique et utilisent le marbre, matériau faisant référence à l'Antiquité. Mais, si certains artistes en reprennent les caractéristiques exactes, d'autres se laissent influencer par des mouvements parallèles[12].

C'est le cas de Pradier qui mêle à la fois dans ses œuvres "un art antique" et "un art inspiré de la nature"[3]. En effet, ce dernier fortement marqué par son passage à Rome, s'inspirera toute sa vie des thèmes inspirés de la mythologie et des récits antiques mais en mettant l'accent sur les figures (le thème majeur de son œuvre). Il représentera ses personnages avec des attributs et des vêtements anciens. Cependant, ses œuvres sont également marquées par différentes nuances romantiques. Il laisse transparaître la mélancolie et le drame qui font le lien avec l'histoire de ses héros. Enfin, les chairs de ses personnages, sensibles sous les drapés, seront toujours marquées par un fort naturalisme et un certain sensualisme. Pradier reste, comme beaucoup à son époque, un artiste ambivalent. Un des meilleurs exemples de son style demeure la sculpture de Sapho, conservée au musée d'Orsay. La tête baissée et la lyre délaissée, la poétesse victime d'un refus amoureux songe au suicide[12].

Œuvres dans les collections publiques

Au Canada
En France
En Suisse

Galerie

Expositions

  • 1985-1986, Statues de Chair, sculptures de James Pradier , Paris, Genève.

Élèves

Références

  1. « http://archivdatenbank-online.ethz.ch/hsa/#/content/e4c76ccd4d7548e7961c3a51ecacb3b5 » (consulté le )
  2. Pradier, James, et Genève (canton): Seigneurie et République de Genève (1534-1798) dans le dictionnaire historique de la Suisse).
  3. a b c d e f g h i j k l m et n Claude Lapaire, James Pradier et la sculpture française de la génération romantique, catalogue raisonné, sik isea / Institut suisse pour l'étude de l'art, 512 p. (ISBN 978-88-7439-531-6), p. 13-237
  4. Frédéric Chappey, Les Professeurs de l'École des Beaux-Arts (1794-1873), dans Romantisme, no 93, 1996, p. 95-101.
  5. « musée d'Orsay »
  6. a et b Salon de 1846 p. 87 Wikisource
  7. Charles Gabet, Dictionnaire des artistes de l’école française au XIXe siècle : Peinture, sculpture, architecture, gravure, dessin, ligthographie et composition musicale, Madame Vergne, 1831, p. 569 (en ligne).
  8. « Notice de Satyre et Bacchante (1834) », sur louvre.fr (consulté le ).
  9. Fille de Jean-Pierre-Joseph d'Arcet
  10. Correspondance de Flaubert, tomes I et II, collection de la Pléiade
  11. Les élèves auteurs des sculptures du tombeau de Pradier sont, pour les bas-reliefs : Hippolyte Ferrat, Jacques-Léonard Maillet, Eugène Guillaume, Augustin Courtet, Antoine Étex, Louis-Auguste Roubaud, François-Clément Moreau et Pierre-Charles Simart. Le buste de James Pradier est dû à Eugène-Louis Lequesne. (Source : Dictionnaire des monuments de Paris, Hervas, 1999).
  12. a et b Caroline Mathieu, Colin Lemoine, Thomas Schlesser, Joëlle Bolloch et Jérémie Cerman, Orsay, guide de visite, Artlys, 128 p. (ISBN 978-2-85495-405-0), p. 16-17
  13. Notice sur e-monumen.net.
  14. « Phryné »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  15. Notice sur l'Odalisque, site du musée des beaux-arts de Lyon.
  16. « Nyssia:sculpture “archéologique ” de James Pradier », sur https://independent.academia.edu/pfpuech, (consulté le ).
  17. Notice no 5585, base Atlas, musée du Louvre.
  18. Notice no 2341, base Atlas, musée du Louvre.
  19. Notice no 2319, base Atlas, musée du Louvre.
  20. Notice no 2651, base Atlas, musée du Louvre.
  21. Notice no 2650, base Atlas, musée du Louvre.
  22. Notice no 5573, base Atlas, musée du Louvre.
  23. Notice no 2645, base Atlas, musée du Louvre.
  24. Notice no 2323, base Atlas, musée du Louvre.
  25. Notice no 2647, base Atlas, musée du Louvre.
  26. Notice no 2648, base Atlas, musée du Louvre.
  27. « James Pradier, Sapho », notice sur musee-orsay.fr.
  28. « Sappho - James Pradier - Google Arts & Culture », sur Google Cultural Institute (consulté le ).
  29. Notice sur e-monumen.net.
  30. Second prix de Rome en sculpture de 1832, il devient l'assistant de Pradier.

Annexes

Bibliographie

  • Étienne-Antoine Parrocel, Annales de la peinture, Ch. Albessard et Bérard, , 614 p. (lire en ligne), p. 507-516.
  • Pierre Kjellberg, Le Nouveau guide des statues de Paris, La Bibliothèque des Arts, Paris, 1988.
  • Emmanuel Schwartz, Les Sculptures de l'École des Beaux-Arts de Paris. Histoire, doctrines, catalogue, École nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris, 2003.
  • Stanilas Lami, Dictionnaire des Sculpteurs du Dic-Neuvième siècle, Paris, 1921, (réédition en 1970), t.4, p. 109.
  • Collectif, Statues de Chair, sculptures de James Pradier (1790-1852), catalogue de l'exposition éponyme, Paris-Genève, 1985-1986.
  • Claude Lapaire, James Pradier et la sculpture française de la génération romantique (1790-1852) Catalogue raisonné, comprenant de 578 œuvres répertoriés, Lausanne/Zurich, Institut suisse pour l'étude de l'art (SIK-ISEA), Milan 5 continents Éditions, 2010, 1 volume relié, texte en français, 504 pages, 800 illustrations en bichromie. (ISBN 978-88-7439-531-6)

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