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Le mot « ''ama'' » signifie littéralement « {{japonais|femme|[[女]]}} ou {{japonais|personne|[[人]]}} de la {{japonais|mer|[[海]]}} ». D'après la tradition japonaise, cette coutume existerait depuis quatre mille ans. Traditionnellement jusqu'aux [[années 1970]], les ''ama'' ne plongeaient qu'avec un [[pagne]], et sans [[Plongée sous-marine#Protection thermique|combinaison]] ni [[scaphandre autonome|bouteille d'air]], ce qui fait d'elles des apnéistes traditionnelles. Suivant la région, elles allaient jusqu'à porter un [[masque]], des [[Palme (natation)|palmes]] ou tout au plus une petite protection thermique.
Le mot ''ama'' signifie littéralement « {{japonais|femme|[[女]]}} ou {{japonais|personne|[[人]]}} de la {{japonais|mer|[[海]]}} ». D'après la tradition japonaise, cette coutume existerait depuis quatre mille ans. Traditionnellement jusqu'aux [[années 1970]], les ''ama'' ne plongeaient qu'avec un [[pagne]], et sans [[Plongée sous-marine#Protection thermique|combinaison]] ni [[scaphandre autonome|bouteille]], ce qui fait d'elles des apnéistes traditionnelles. Suivant la région, elles allaient jusqu'à porter un [[masque]], des [[Palme (natation)|palmes]] ou tout au plus une petite protection thermique.


La tradition des ''ama'' disparaissant, ce sont désormais de vieilles femmes utilisant une combinaison de plongée intégrale. Mais elles plongent toujours en apnée. Il arrive que certaines travaillent jusqu'à plus de {{nombre|80|ans}}. En 1950 on dénombrait plus de {{nombre|70000|''ama''}} au Japon, aujourd'hui il y en à peine {{formatnum:2300}} dans l'ensemble de l'archipel.
La tradition des ''ama'' disparaissant, ce sont désormais majoritairement de vieilles femmes qui la pratiquent en utilisant une combinaison de plongée intégrale. Mais elles plongent toujours en apnée. Il arrive que certaines travaillent jusqu'à plus de {{nombre|80|ans}}. En 1950, on dénombrait plus de {{nombre|70000|''ama''}} au Japon, alors qu'aujourd'hui il y en à peine {{formatnum:2300}} dans l'ensemble de l'archipel.


Les ''ama'' sont souvent connues pour avoir longtemps pêché des perles, mais ceci tient de la légende et a été inventé à la fin du {{XIXe}} siècle par Kokichi Mikimoto, qui a mis au point à Toba la technique de culture des huitres perlières (voir [[Mikimoto Kōkichi]]){{refnec|date=23 novembre 2016}}. En réalité elles ont toujours plongé pour la recherche d'aliments (pour leur consommation et surtout la vente) tels que les [[algue|escargots de mer, les algue]]s, les [[pieuvre]]s, les [[Oursin (animal)|oursins]], les [[Haliotis|ormeaux]], voire les homards.
Les ''ama'' sont souvent connues pour avoir pêché des perles, mais ceci tient de la légende et a été inventé à la fin du {{XIXe}} siècle par Kokichi Mikimoto, qui a mis au point à Toba la technique de culture des huîtres perlières (voir [[Mikimoto Kōkichi]]){{refnec|date=23 novembre 2016}}. En réalité, elles ont toujours plongé à la recherche d'aliments (pour leur consommation et/ou la vente) tels que les [[algue]]s, les [[Bigorneau|escargots de mer]], les [[pieuvre]]s, les [[Oursin (animal)|oursins]], les [[Haliotis|ormeaux]], voire les homards.


C'était un métier dangereux, mais elles ont eu moins d'accidents que d'autres catégories d'apnéistes professionnels car elles n'[[hyperventilation|hyperventilent]] pas{{refnec}}.
C'était un métier dangereux, mais elles ont eu moins d'accidents que d'autres catégories d'apnéistes professionnels car elles n'[[hyperventilation|hyperventilent]] pas{{refnec}}.


Les ''ama'' peuvent continuer à plonger jusqu'à un âge avancé. En 2003, l'âge moyen des ''ama'' était de {{nombre|67|ans}} (la cadette avait {{nombre|50|ans}} et l'aînée {{nombre|87|ans}}). Leur communauté rétrécit d'année en année faute de renouvellement car les filles d'aujourd'hui ne veulent plus de cette activité fatigante, dangereuse et désormais peu rémunératrice car pratiquée - pour sauvegarder la ressource - seulement, et selon le lieu, quelques dizaines de jours dans l'année.
Les ''ama'' peuvent continuer à plonger jusqu'à un âge avancé. En 2003, l'âge moyen des ''ama'' était de {{nombre|67|ans}} (la cadette avait {{nombre|50|ans}} et l'aînée {{nombre|87|ans}}). Leur communauté rétrécit d'année en année faute de renouvellement car les filles d'aujourd'hui ne veulent plus exercer cette activité fatigante, dangereuse et désormais peu rémunératrice car ne pouvant être pratiquée, selon le lieu, que pendant quelques dizaines de jours dans l'année - pour sauvegarder les ressources.


Les ''ama'' ont été immortalisées par des [[estampe]]s ''([[ukiyo-e]])'' d'[[Utamaro]] et de [[Hokusai]] (la plus célèbre : ''L'ama et le poulpe'', estampe érotique (''shunga'') dénommée en Occident : ''[[Le Rêve de la femme du pêcheur]]''), sur des [[timbre postal|timbres]], et par plusieurs photographes dont l'ethnologue [[Fosco Maraini]], qui leur a consacré le livre ''{{lang|en|Hekura, The Diving Girl’s Island}}'', ce qui a contribué à leur renommée hors du Japon, mais aussi a largement faussé la réalité (il les a fait poser telles des mannequins pour photos de mode !) et Yoshiyuki Iwase.
Les ''ama'' ont été immortalisées par des [[estampe]]s ''([[ukiyo-e]])'' d'[[Utamaro]] et de [[Hokusai]] (la plus célèbre : ''L'ama et le poulpe'', estampe érotique (''shunga'') dénommée en Occident : ''[[Le Rêve de la femme du pêcheur]]''), sur des [[timbre postal|timbres]], et par plusieurs photographes dont Yoshiyuki Iwase et l'ethnologue [[Fosco Maraini]], qui leur a consacré le livre ''{{lang|en|Hekura, The Diving Girl’s Island}}'', ce qui a contribué à leur renommée hors du Japon, mais a aussi largement faussé la réalité (il les a fait poser telles des mannequins pour des photos de mode !).


Plusieurs films mettent en scène des personnages inspirés des ''ama'', notamment ''[[On ne vit que deux fois (film)|On ne vit que deux fois]]'' avec le personnage de [[Kissy Suzuki]].
Plusieurs films mettent en scène des personnages inspirés des ''ama'', notamment ''[[On ne vit que deux fois (film)|On ne vit que deux fois]]'' avec le personnage de [[Kissy Suzuki]].


Le roman de [[Yukio Mishima]], ''Le Tumulte des flots'', évoque les travaux de pêche dans une petite île de la côte Pacifique du Japon dont l'activité d'une ''ama''.
Le roman de [[Yukio Mishima]], ''Le Tumulte des flots'', évoque les travaux de pêche dans une petite île de la côte Pacifique du Japon, dont l'activité d'une ''ama''.


== Voir aussi ==
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=== Filmographie ===
=== Filmographie ===
* ''[[Les Nouveaux Explorateurs]] — [http://www.canalplus.fr/c-infos-documentaires/c-les-nouveaux-explorateurs/cid169846-comme-un-poisson-dans-l-eau.html? Comme un poisson dans l'eau : le Japon]'', avec [[Jérome Delafosse]], diffusé sur [[Canal+]] le {{date|5|octobre|2008|à la télévision}}
* ''[[Les Nouveaux Explorateurs]] — [http://www.canalplus.fr/c-infos-documentaires/c-les-nouveaux-explorateurs/cid169846-comme-un-poisson-dans-l-eau.html? Comme un poisson dans l'eau : le Japon]'', avec [[Jérome Delafosse]], diffusé sur [[Canal+]] le {{date|5|octobre|2008|à la télévision}}
* Cláudia Varejão, ''Ama-San'', Portugal/Japon/Suisse, Terratreme Film, 2016, [http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/47720_1 bande-annonce].


=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{japonais|Yoshiyuki Iwase|岩瀬 禎之|Iwase Yoshiyuki}}, ''海女の群像―千葉・御宿'' (1931-1964)
* {{japonais|Yoshiyuki Iwase|岩瀬 禎之|Iwase Yoshiyuki}}, ''海女の群像―千葉・御宿'' (1931-1964).
* [[Yukio Mishima]], ''Le Tumulte des flots'', 1954
* [[Yukio Mishima]], ''Le Tumulte des flots'', 1954.


{{Portail|Japon|maritime|pêche}}
{{Portail|Japon|maritime|pêche}}

Version du 25 décembre 2019 à 23:17

Une ama

Les ama (海女/海人?) sont des pêcheuses sous-marine en apnée japonaises, connues surtout (à tort, car ce ne fut jamais réellement leur activité) en tant que pêcheuses de perles.

Description

Le mot ama signifie littéralement « femme (?) ou personne (?) de la mer (?) ». D'après la tradition japonaise, cette coutume existerait depuis quatre mille ans. Traditionnellement jusqu'aux années 1970, les ama ne plongeaient qu'avec un pagne, et sans combinaison ni bouteille, ce qui fait d'elles des apnéistes traditionnelles. Suivant la région, elles allaient jusqu'à porter un masque, des palmes ou tout au plus une petite protection thermique.

La tradition des ama disparaissant, ce sont désormais majoritairement de vieilles femmes qui la pratiquent en utilisant une combinaison de plongée intégrale. Mais elles plongent toujours en apnée. Il arrive que certaines travaillent jusqu'à plus de 80 ans. En 1950, on dénombrait plus de 70 000 ama au Japon, alors qu'aujourd'hui il y en à peine 2 300 dans l'ensemble de l'archipel.

Les ama sont souvent connues pour avoir pêché des perles, mais ceci tient de la légende et a été inventé à la fin du XIXe siècle par Kokichi Mikimoto, qui a mis au point à Toba la technique de culture des huîtres perlières (voir Mikimoto Kōkichi)[réf. nécessaire]. En réalité, elles ont toujours plongé à la recherche d'aliments (pour leur consommation et/ou la vente) tels que les algues, les escargots de mer, les pieuvres, les oursins, les ormeaux, voire les homards.

C'était un métier dangereux, mais elles ont eu moins d'accidents que d'autres catégories d'apnéistes professionnels car elles n'hyperventilent pas[réf. nécessaire].

Les ama peuvent continuer à plonger jusqu'à un âge avancé. En 2003, l'âge moyen des ama était de 67 ans (la cadette avait 50 ans et l'aînée 87 ans). Leur communauté rétrécit d'année en année faute de renouvellement car les filles d'aujourd'hui ne veulent plus exercer cette activité fatigante, dangereuse et désormais peu rémunératrice car ne pouvant être pratiquée, selon le lieu, que pendant quelques dizaines de jours dans l'année - pour sauvegarder les ressources.

Les ama ont été immortalisées par des estampes (ukiyo-e) d'Utamaro et de Hokusai (la plus célèbre : L'ama et le poulpe, estampe érotique (shunga) dénommée en Occident : Le Rêve de la femme du pêcheur), sur des timbres, et par plusieurs photographes dont Yoshiyuki Iwase et l'ethnologue Fosco Maraini, qui leur a consacré le livre Hekura, The Diving Girl’s Island, ce qui a contribué à leur renommée hors du Japon, mais a aussi largement faussé la réalité (il les a fait poser telles des mannequins pour des photos de mode !).

Plusieurs films mettent en scène des personnages inspirés des ama, notamment On ne vit que deux fois avec le personnage de Kissy Suzuki.

Le roman de Yukio Mishima, Le Tumulte des flots, évoque les travaux de pêche dans une petite île de la côte Pacifique du Japon, dont l'activité d'une ama.

Voir aussi

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Articles connexes

Filmographie

Bibliographie

  • Yoshiyuki Iwase (岩瀬 禎之, Iwase Yoshiyuki?), 海女の群像―千葉・御宿 (1931-1964).
  • Yukio Mishima, Le Tumulte des flots, 1954.