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« Mécanique du contact » : différence entre les versions

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==== Loi de contact unilatéral ====
==== Loi de contact unilatéral ====
La formulation du problème de contact unilatéral d'un solide élastique sur un obstacle rigide fut proposée par [[Antonio Signorini|Signorini]]. La loi correspondante, très largement adoptée, s'écrit
La loi de contact unilatéral d'un solide sur un obstacle rigide fut proposée par [[Antonio Signorini|Signorini]] et s'écrit
<math display="block">u-d \leq 0,\quad \lambda \geq 0,\quad (u-d)\cdot \lambda = 0 </math>
<math display="block">u-d \leq 0,\quad \lambda \geq 0,\quad (u-d)\cdot \lambda = 0 </math>
où <math>\lambda</math> est la force de contact.
où <math>\lambda</math> est la force de contact.
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* contact inactif (ou jeu ouvert): <math>u\leq d</math> et <math>\lambda=0</math>;
* contact inactif (ou jeu ouvert): <math>u\leq d</math> et <math>\lambda=0</math>;
* contact actif (ou jeu fermé): <math>u=d</math> et <math>\lambda\geq 0</math>.
* contact actif (ou jeu fermé): <math>u=d</math> et <math>\lambda\geq 0</math>.
C'est l'aspect combinatoire induit par les conditions de Signorini qui rend la mécanique de contact difficile.
C'est l'aspect combinatoire de ces conditions de Signorini qui rend la mécanique de contact difficile.


==== Équations de Newton ====
==== Équations de Newton ====
[[Fichier:1dofGraphicSolution.png|vignette|Figure 2 : solution graphique. L'ensemble noir est décrit par les conditions de [[Antonio Signorini|Signorini]] et l'ensemble rouge, par l'équilibre statique. Pour tout <math>f</math>, elles se croisent en un seul point, la solution]]
[[Fichier:1dofGraphicSolution.png|vignette|Figure 2 : solution graphique. L'ensemble noir décrit les conditions de [[Antonio Signorini|Signorini]] et l'ensemble rouge, l'équilibre statique. Pour tout <math>f</math>, elles se croisent en un seul point, la solution]]
Les équations de Newton qui gouvernent le statut du système combinent l'équation de la statique avec la loi de Signorini. Elles s’énoncent comme suit:
Les équations qui gouvernent le statut du système combinent l'équation de la statique (principe de Newton) à la loi de Signorini. Elles s’énoncent comme suit:
<math display="block">\begin{aligned} &ku + \lambda = f \\ &u-d \leq 0,\quad \lambda \geq 0,\quad (u-d)\cdot \lambda = 0 \end{aligned} </math>
<math display="block">\begin{aligned} &ku + \lambda = f \\ &u-d \leq 0,\quad \lambda \geq 0,\quad (u-d)\cdot \lambda = 0 \end{aligned} </math>
La première équation décrit l'équilibre statique du système, à savoir que la somme des [[forces intérieures et forces extérieures|forces extérieures]] (la force de rappel initiée par la raideur, la force extérieure et la force de contact) agissant sur la masse est nulle. La deuxième ligne résume les conditions dites de [[Antonio Signorini|Signorini]]. Elles expriment le fait que la masse <math>m</math> ne peut pas pénétrer le mur rigide sous l'action des [[forces intérieures et forces extérieures|forces extérieures]]. Autrement dit, si <math>u\leq d</math> alors la force de contact <math>\lambda</math> est nulle, sinon cette dernière est positive (à cause de sa position dans l'équation d'équilibre, il s'agit là d'un choix arbitraire) dès que la masse se trouve sur le mur, c'est-à-dire dès que <math>u= d</math>. Ces trois conditions, écrites sous la forme de deux inéquations et d'une égalité, sont dites ''conditions de [[complémentarité]]''.
La première équation décrit l'équilibre statique du système, à savoir que la somme des [[forces intérieures et forces extérieures|forces extérieures]] (la force de rappel initiée par la raideur, la force extérieure et la force de contact) agissant sur la masse est nulle. La deuxième ligne résume les conditions de [[Antonio Signorini|Signorini]]. Elles expriment le fait que la masse <math>m</math> ne peut pas pénétrer le mur rigide sous l'action des [[forces intérieures et forces extérieures|forces extérieures]]. Autrement dit, si <math>u\leq d</math> alors la force de contact <math>\lambda</math> est nulle, sinon cette dernière est positive (à cause de sa position dans l'équation d'équilibre, il s'agit là d'un choix arbitraire) dès que la masse se trouve sur le mur, c'est-à-dire dès que <math>u= d</math>. Ces trois conditions, écrites sous la forme de deux inéquations et d'une égalité, sont dites ''conditions de [[complémentarité]]''.


Les équations ci-dessus sont très simples à résoudre. Il y a deux inconnues, à savoir <math>u</math> et <math>\lambda</math>, et deux ensembles décrits par les deux lignes précédentes: ces deux ensembles s'intersectent nécessairement en un unique point. Il s'agit en fait d'analyse [[combinatoire]]. Une fois des valeurs numériques assignées aux quantités mécaniques en jeu, il suffit de discuter deux situations:
Les équations ci-dessus sont très simples à résoudre. Il y a deux inconnues, à savoir <math>u</math> et <math>\lambda</math>, et deux ensembles décrits par les deux lignes précédentes: ces deux ensembles s'intersectent nécessairement en un unique point. Il s'agit en fait d'analyse [[combinatoire]]. Une fois des valeurs numériques assignées aux quantités mécaniques en jeu, il suffit de discuter deux situations:
* contact inactif (ou jeu ouvert): <math>u\leq d</math>, soit <math>u=f/k</math> et <math>\lambda=0</math>;
* contact inactif (ou jeu ouvert): <math>u\leq d</math>, soit <math>u=f/k</math> et <math>\lambda=0</math>;
* contact actif (ou jeu fermé): <math>u=d</math> et <math>\lambda=f-kd</math>.
* contact actif (ou jeu fermé): <math>u=d</math> et <math>\lambda=f-kd</math>.
Comme mentionné précédemment, l'aspect combinatoire est tel que toutes les configurations possibles doivent être testées avant de choisir la solution. C'est rapide pour un système à un seul degré de liberté. Beaucoup plus gourmand pour les grands systèmes.
Comme mentionné précédemment, l'aspect combinatoire est tel que toutes les configurations possibles doivent être testées avant de trouver la solution. C'est rapide pour un système à un seul degré de liberté mais beaucoup plus gourmand pour les grands systèmes.


==== Minimisation de l'énergie potentielle ====
==== Minimisation de l'énergie potentielle ====
Les équations précédentes peuvent être réécrites par minimisation d'énergie sous contraintes unilatérales. On fait appel aux outils de l'[[Optimisation (mathématiques)|optimisation]]. Pour cette configuration hautement simplifiée, il s'agit d'écrire formellement:
Les équations précédentes peuvent être réécrites par minimisation d'énergie sous contrainte unilatérale. On fait appel aux outils de l'[[Optimisation (mathématiques)|optimisation]]. Pour cette configuration hautement simplifiée, il s'agit d'écrire formellement:
<math display="block">\begin{aligned} \text{min}\,& \frac{1}{2}ku^2-fu\\ \text{sous contraintes }&u-d\leq 0\end{aligned} </math>
<math display="block">\begin{aligned} \text{min}\,& \frac{1}{2}ku^2-fu\\ \text{sous contrainte }&u-d\leq 0\end{aligned} </math>
Le théorème de [[Conditions de Kuhn-Tucker|Karush Kuhn & Tucker]] permet de retrouver les équations précédentes sans difficulté.
Le théorème de [[Conditions de Kuhn-Tucker|Karush Kuhn & Tucker]] permet de retrouver les équations précédentes sans difficulté.


==== Inéquation variationnelle ====
==== Inéquation variationnelle ====
Les [[Inéquation variationnelle|inéquations variationnelles]] sont moins connues des ingénieurs en général. La mise en place des équations demandent un ingrédient particulier, à savoir l'espace <math>\mathbb K</math> des déplacements ''admissibles'', c'est-à-dire qui ne violent pas la condition de non-pénétration, soit <math>\mathbb K = \{ u \,|\, u \leq d \} </math>.
Les [[Inéquation variationnelle|inéquations variationnelles]] sont moins connues des ingénieurs en général. La mise en place des équations demandent un ingrédient particulier, à savoir l'espace <math>\mathbb K</math> des déplacements ''admissibles'', c'est-à-dire qui ne violent pas la condition de non-pénétration, soit <math>\mathbb K = \{ u \,|\, u \leq d \} </math>.
La formulation nécessite un ''déplacement virtuel'' admissible (aussi appelé ''fonction test'' par les mathématiciens), appartenant par conséquent à l'ensemble <math>\mathbb K</math>. Elle s'écrit:
La formulation nécessite un ''déplacement virtuel'' admissible (aussi appelé ''fonction test'' par les mathématiciens), appartenant à l'ensemble <math>\mathbb K</math>. Elle s'écrit:
{{Énoncé|Trouver le déplacement <math>u\in\mathbb K</math> tel que <math>\forall v\in\mathbb K,\quad ku(v-u)\geq f(v-u) </math>.
{{Énoncé|Trouver le déplacement <math>u\in\mathbb K</math> tel que <math>\forall v\in\mathbb K,\quad ku(v-u)\geq f(v-u) </math>.
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Pour satisfaire la première condition de Signorini, il suffit de prendre <math>u\in\mathbb K</math>, d'où la formulation énoncée.}}
Pour satisfaire la première condition de Signorini, il suffit de prendre <math>u\in\mathbb K</math>, d'où la formulation énoncée.}}


Cette formulation est aussi dite ''formulation en déplacement'' ou ''formulation primale'' parce que l'effort de contact n’apparaît pas explicitement.
Cette formulation est aussi dite ''formulation en déplacement'' ou ''formulation primale'' parce que l'effort de contact n'apparaît pas explicitement.


==== Formulation par projection ====
==== Formulation par projection ====
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* Pierre Alart (1997), ''Méthode de Newton généralisée en mécanique du contact''. Journal de mathématiques pures et appliquées, vol 76, {{p.|83-108}}
* Pierre Alart (1997), ''Méthode de Newton généralisée en mécanique du contact''. Journal de mathématiques pures et appliquées, vol 76, {{p.|83-108}}
* Houari Boumediène Khenous, [https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00011873v1 Problèmes de contact unilatéral avec frottement de Coulomb en élastostatique et élastodynamique. Étude mathématique et résolution numérique], thèse de doctorat
* Houari Boumediène Khenous, [https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00011873v1 Problèmes de contact unilatéral avec frottement de Coulomb en élastostatique et élastodynamique. Étude mathématique et résolution numérique], thèse de doctorat

[[Fichier:1dofUnilateralContactStatique.png|vignette]]


== Notes et références ==
== Notes et références ==

Version du 2 août 2019 à 17:15

Dans le domaine du génie mécanique, la mécanique du contact est un sujet relativement ardu.

Elle concerne la modélisation, sous forme d'équations et d'inéquations, du comportement de structures mécaniques, vouées à se rencontrer, et le développement d'algorithmes capables de générer une approximation numérique dont les propriétés sont contrôlées (convergence, stabilité). La difficulté principale provient des conditions dites de non-pénétration qui interdisent aux structures en contact d'occuper, au moins en partie, le même domaine spatial. Ces conditions sont évidemment indispensables mais posent des difficultés théoriques et numériques. Viennent ensuite les conditions de frottement.

Contact unilatéral en statique

Dans cette section, le frottement est ignoré, ainsi que le temps. Seules les conditions de contact unilatéral sont évoquées.

Système à un degré de liberté

Figure 1 : système mécanique à un degré de liberté avec condition de contact unilatéral.

Dans cette section, afin d'établir un cadre (très) simplifié de la mécanique du contact, un seul degré de liberté est supposé, comme indiqué sur la figure 1 : le système idéalisé implique donc le déplacement de la masse . Cette masse est initialement, c'est-à-dire quand le système est au repos, séparée d'un mur rigide d'une distance appelée jeu. Sous l'effet d'un force extérieure , la masse est amenée à se déplacer. La raideur , évidemment quantité strictement positive (on observe immédiatement, sur la figure 2, qu'une raideur négative élimine soit l'unicité de la solution, soit son existence), aura tendance à la retenir. Sous cette hypothèse, plusieurs formulations équivalentes sont disponibles.

Loi de contact unilatéral

La loi de contact unilatéral d'un solide sur un obstacle rigide fut proposée par Signorini et s'écrit

est la force de contact. Elle décrit deux configurations:

  • contact inactif (ou jeu ouvert): et ;
  • contact actif (ou jeu fermé): et .

C'est l'aspect combinatoire de ces conditions de Signorini qui rend la mécanique de contact difficile.

Équations de Newton

Figure 2 : solution graphique. L'ensemble noir décrit les conditions de Signorini et l'ensemble rouge, l'équilibre statique. Pour tout , elles se croisent en un seul point, la solution

Les équations qui gouvernent le statut du système combinent l'équation de la statique (principe de Newton) à la loi de Signorini. Elles s’énoncent comme suit:

La première équation décrit l'équilibre statique du système, à savoir que la somme des forces extérieures (la force de rappel initiée par la raideur, la force extérieure et la force de contact) agissant sur la masse est nulle. La deuxième ligne résume les conditions de Signorini. Elles expriment le fait que la masse ne peut pas pénétrer le mur rigide sous l'action des forces extérieures. Autrement dit, si alors la force de contact est nulle, sinon cette dernière est positive (à cause de sa position dans l'équation d'équilibre, il s'agit là d'un choix arbitraire) dès que la masse se trouve sur le mur, c'est-à-dire dès que . Ces trois conditions, écrites sous la forme de deux inéquations et d'une égalité, sont dites conditions de complémentarité.

Les équations ci-dessus sont très simples à résoudre. Il y a deux inconnues, à savoir et , et deux ensembles décrits par les deux lignes précédentes: ces deux ensembles s'intersectent nécessairement en un unique point. Il s'agit en fait d'analyse combinatoire. Une fois des valeurs numériques assignées aux quantités mécaniques en jeu, il suffit de discuter deux situations:

  • contact inactif (ou jeu ouvert): , soit et ;
  • contact actif (ou jeu fermé): et .

Comme mentionné précédemment, l'aspect combinatoire est tel que toutes les configurations possibles doivent être testées avant de trouver la solution. C'est rapide pour un système à un seul degré de liberté mais beaucoup plus gourmand pour les grands systèmes.

Minimisation de l'énergie potentielle

Les équations précédentes peuvent être réécrites par minimisation d'énergie sous contrainte unilatérale. On fait appel aux outils de l'optimisation. Pour cette configuration hautement simplifiée, il s'agit d'écrire formellement:

Le théorème de Karush Kuhn & Tucker permet de retrouver les équations précédentes sans difficulté.

Inéquation variationnelle

Les inéquations variationnelles sont moins connues des ingénieurs en général. La mise en place des équations demandent un ingrédient particulier, à savoir l'espace des déplacements admissibles, c'est-à-dire qui ne violent pas la condition de non-pénétration, soit . La formulation nécessite un déplacement virtuel admissible (aussi appelé fonction test par les mathématiciens), appartenant à l'ensemble . Elle s'écrit:

Trouver le déplacement tel que .

Les outils provenant de l'analyse convexe forment la base de cette approche parce que l'ensemble est convexe: c'est aussi un sous-ensemble de l'espace des déplacements n'ayant pas à satisfaire les contraintes de contact. Sans entrer dans les détails, on remarque que la force de contact n'apparaît pas explicitement dans la formulation. C'est un de ses avantages parce qu'aucune hypothèse sur n'est stipulée. Cet avantage n'est pas évident pour la configuration en cours, mais l'est dans des cadres mathématiques plus avancés.

Cette formulation est aussi dite formulation en déplacement ou formulation primale parce que l'effort de contact n'apparaît pas explicitement.

Formulation par projection

Figure 3 : conditions de Signorini vues comme une fonction semi-différentiable [orange] intersectant le plan [bleu]. Cet ensemble est la ligne noire, à comparer à la figure 2

Les équations de Newton évoquées précédemment, associant égalités et inégalités, peuvent être réécrites sous forme d'égalités uniquement, grâce à l'opérateur de projection. Dans la configuration présente, cet opérateur de projection, est équivalent à la fonction

L'écriture de l'équilibre statique reste inchangée mais les trois conditions de Signorini sont transformées de telle sorte que l'ensemble devient (par exemple, puisque la transformation des trois conditions de Signorini en égalité n'est pas unique):
est une constante arbitraire strictement positive. Cette formulation est intéressante dans le sens où il est possible d'utiliser un solveur de Newton pour résoudre le système d'équations. Il faut cependant faire attention puisque la faible régularité de la fonction peut poser problème.

Inclusion

Les développements précédents peuvent aussi s'exprimer sous forme d'inclusion. Pour cela, il faut réécrire la fonction multivoque définie par les conditions de Signorini, soit:

Il s'agit bien de l'ensemble illustré sur les figures 2 et 3. La formulation devient alors:
ou, dit autrement:

Systèmes à plusieurs degrés de liberté

Contact unilatéral avec frottement en statique

Système à un degré de liberté

Équations de Newton

Systèmes à plusieurs degrés de liberté

Bibliographie

Notes et références