« Canalisation » : différence entre les versions

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Une '''canalisation''' est un [[tuyau]] ou un [[Canal (voie d'eau)|canal]]<ref>Définition du [http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/canalisation/12604 Larousse]</ref> destiné à l'[[transport par canalisation|acheminement]] de matières gazeuses, liquides, solides ou polyphasiques.
Une '''canalisation''' est un [[tuyau]] ou un [[Canal (voie d'eau)|canal]]<ref>Définition du [http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/canalisation/12604 Larousse]</ref> destiné à l'[[Pipeline|acheminement]] de matières gazeuses, liquides, solides ou polyphasiques.


Lorsqu’il s'agit d'un tuyau, le [[diamètre]] nominal d'une canalisation peut aller de trente millimètres environ (un pouce un quart) pour des fluides spéciaux jusqu'à plus de trois mètres vingt (soixante-huit pouces) pour les adductions d'eau.
Lorsqu’il s'agit d'un tuyau, le [[diamètre]] nominal d'une canalisation peut aller de trente millimètres environ (un pouce un quart) pour des fluides spéciaux jusqu'à plus de trois mètres vingt (soixante-huit pouces) pour les adductions d'eau.


Le terme '''[[Pipeline (transport par canalisation)|pipeline]]''' est également couramment utilisé.
Le terme '''[[pipeline]]''' est également couramment utilisé.


Lorsqu'une canalisation a un très petit diamètre (moins de trente millimètres environ), on parle plutôt de ''tuyauterie''.
Lorsqu'une canalisation a un très petit diamètre (moins de trente millimètres environ), on parle plutôt de ''tuyauterie''.


Différentes types de canalisations sont fabriquées et posées par des entreprises et corps de métiers spécialisés pour l'eau potable, le gaz, le pétrole, l'oxygène, l'hydrogène, les eaux résiduaires et dégouts et divers autres fluides, dont caloporteur ou porteurs de frigories, pour les [[réseaux de chaleur]] et les [réseaux de froid]]. Il existe en France une organisation professionnelle dénommée ''« les Canalisateurs »'' (rassemblant environ 300 entreprises en 2019), membre de la [[Fédération nationale des travaux publics]] (FNTP)<ref> [http://www.canalisateurs.com/ Site internet] de l'organisation professionnelle les canaliseurs, consulté le 23 janvier 2018</ref>.
Différentes types de canalisations sont fabriquées et posées par des entreprises et corps de métiers spécialisés pour l'eau potable, le gaz, le pétrole, l'oxygène, l'hydrogène, les eaux résiduaires et dégouts et divers autres fluides, dont caloporteur ou porteurs de frigories, pour les [[Réseau de chaleur|réseaux de chaleur]] et les [[réseaux de froid]]. Il existe en France une organisation professionnelle dénommée ''« les Canalisateurs »'' (rassemblant environ {{nombre|300|entreprises}} en 2019), membre de la [[Fédération nationale des travaux publics]] (FNTP)<ref> [http://www.canalisateurs.com/ Site internet] de l'organisation professionnelle les canaliseurs, consulté le 23 janvier 2018</ref>.


Parmi les [[enjeux]] de ce secteur figurent la sécurité (ex : risques d'explosion ou de feu pour les canalisations d'hydrocarbures ou de fluides sous très haute-pression, risques toxiques et écotoxiques avec les canalisations en amiante-ciment qui se dégradent plus vite que celles construites avec d'autres matériaux...) et la lutte contre les fuites, la cartographie des réseaux souterrains, la recherche de nouveaux matériaux, les [[réseaux intelligents]], l'installations de canalisations "sans tranchées"...
Parmi les [[enjeu]]x de ce secteur figurent la sécurité (ex : risques d'explosion ou de feu pour les canalisations d'hydrocarbures ou de fluides sous très haute-pression, risques toxiques et écotoxiques avec les canalisations en amiante-ciment qui se dégradent plus vite que celles construites avec d'autres matériaux...) et la lutte contre les fuites, la cartographie des réseaux souterrains, la recherche de nouveaux matériaux, les [[réseau intelligent|réseaux intelligents]], l'installations de canalisations "sans tranchées"...


== Histoire et étymologie ==
== Histoire et étymologie ==
{{article détaillé|Qanat}}
{{article détaillé|Qanat}}
Les canalisations étaient autrefois un tunnel creusé dans la roche (Qanat), ou réalisées en bois (par exemple un tronc d'arbre percé dans la longueur), en pierre et en plomb (source de [[saturnisme]] notamment quand l'eau qui y circule est naturellement acide et/ou chaude ou sous forte pression) ; on a aussi constaté des relargages de plomb induits par la [[corrosion]] galvanique (quand et là où le plomb est contact avec un autre métal dont le [[potentiel électrochimique]] est différent)<ref name=RapportAvisAnses2017>ANSES (2017) ''[https://www.anses.fr/fr/system/files/EAUX2015SA0094Ra.pdf Impacts du traitement des eaux destinées à la consommation humaine par des orthophosphates pour limiter la dissolution du plomb]'' ; Oct 2017, Edition scientifique ; Avis de l'Anses Saisine n° 2015-SA-0094 Saisines liées n° 2001-SA-0218, 2003- A-0042, 2003-SA-0096, 2003-SA-0314, 2003-SA-0378, PDF, 194p </ref>.
Les canalisations étaient autrefois un tunnel creusé dans la roche (Qanat), ou réalisées en bois (par exemple un tronc d'arbre percé dans la longueur), en pierre et en plomb (source de [[saturnisme]] notamment quand l'eau qui y circule est naturellement acide et/ou chaude ou sous forte pression) ; on a aussi constaté des relargages de plomb induits par la [[corrosion]] galvanique (quand et là où le plomb est contact avec un autre métal dont le [[potentiel électrochimique]] est différent)<ref name=RapportAvisAnses2017>ANSES (2017) ''[https://www.anses.fr/fr/system/files/EAUX2015SA0094Ra.pdf Impacts du traitement des eaux destinées à la consommation humaine par des orthophosphates pour limiter la dissolution du plomb]'' ; Oct 2017, Edition scientifique ; Avis de l'Anses Saisine {{|2015-SA-0094}} Saisines liées {{|2001-SA-0218}}, 2003- A-0042, 2003-SA-0096, 2003-SA-0314, 2003-SA-0378, PDF, 194p </ref>.


En Europe le plomb a été abondamment utilisé jusque dans les [[années 1960]]<ref name=RapportAvisAnses2017/>. En France il est devenu plus marginal des années 1960 jusqu’en [[1995]] où il était parfois encore utilisé pour des branchements entre réseaux privés et publics de distribution d’eau, de même pour les réseaux intérieurs du domaine privatif ; il a été interdit pour tout nouveau réseau de distribution d'[[EDCH]] par décret<ref>Décret n° 95-363 du 5 avril 1995</ref>. En 2012, une modélisation a estimé <ref>étude Plomb-Habitat par Lucas et al.(2012</ref>) que 2,9 % environ des logements français recevaient encore une EDCH contenant plus de 10 μg/L de plomb et une étude de 2015, à partir de vrais prélèvement a montré que près de 4 % (3,9 %) des logements recevaient une eau non conforme pour le plomb (mais dans 14 départements aucune non-conformité n'a été détectée)<ref name=RapportAvisAnses2017/>. Ces résultats doivent cependant être pris avec précaution car on manque de données sur le domaine privé et les réseaux prioritairement rénovés sont publics (écoles, crèches, hôpitaux, etc.)<ref name=RapportAvisAnses2017/>
En Europe le plomb a été abondamment utilisé jusque dans les [[années 1960]]<ref name=RapportAvisAnses2017/>. En France il est devenu plus marginal des années 1960 jusqu’en [[1995]] où il était parfois encore utilisé pour des branchements entre réseaux privés et publics de distribution d’eau, de même pour les réseaux intérieurs du domaine privatif ; il a été interdit pour tout nouveau réseau de distribution d'[[EDCH]] par décret<ref>Décret {{|95-363}} du 5 avril 1995</ref>. En 2012, une modélisation a estimé <ref>étude Plomb-Habitat par Lucas et al.(2012</ref>) que 2,9 % environ des logements français recevaient encore une EDCH contenant plus de 10 μg/L de plomb et une étude de 2015, à partir de vrais prélèvement a montré que près de 4 % (3,9 %) des logements recevaient une eau non conforme pour le plomb (mais dans 14 départements aucune non-conformité n'a été détectée)<ref name=RapportAvisAnses2017/>. Ces résultats doivent cependant être pris avec précaution car on manque de données sur le domaine privé et les réseaux prioritairement rénovés sont publics (écoles, crèches, hôpitaux, etc.)<ref name=RapportAvisAnses2017/>


== Types de canalisation ==
== Types de canalisation ==
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* Pour le [[gaz naturel]], on parle de [[gazoduc]] ;
* Pour le [[gaz naturel]], on parle de [[gazoduc]] ;
* Pour le [[pétrole]], on parle d'[[oléoduc]] ;
* Pour le [[pétrole]], on parle d'[[oléoduc]] ;
* Pour l'[[eau]] industrielle ou alimentaire, on parle de [[Canal (voie d'eau)|canal]], d'[[aqueduc]] - dans lesquels l'écoulement se fait à l'air libre - de [[Conduite (fontainerie)|conduite]], de [[conduite hydraulique]] ou d'[[émissaire]] - constitué de [[tuyau]]x. Pour les eaux d'égouttage on parle d'égout.
* Pour l'[[eau]] industrielle ou alimentaire, on parle de [[Canal (voie d'eau)|canal]], d'[[aqueduc]] - dans lesquels l'écoulement se fait à l'air libre - de [[Conduite (fontainerie)|conduite]], de [[conduite hydraulique]] ou d'{{page h'|Émissaire|émissaire}} - constitué de [[tuyau]]x. Pour les eaux d'égouttage on parle d'égout.
* Pour l'eau salée, on utilise le terme de [[saumoduc]] ;
* Pour l'eau salée, on utilise le terme de [[saumoduc]] ;
* Pour l'[[oxygène]], on utilise le terme d'oxygénoduc ou d'[[oxyduc]] ;
* Pour l'[[oxygène]], on utilise le terme d'oxygénoduc ou d'[[oxyduc]] ;
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[[Fichier:Inside 118 inch HDPE pipe.jpg|vignette|À l'intérieur d'une canalisation de la même compagnie.]]
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Les matériaux constitutifs d'une canalisation dépendent de la nature et de l'état des produits qu'elle doit acheminer.
Les matériaux constitutifs d'une canalisation dépendent de la nature et de l'état des produits qu'elle doit acheminer.
* Les oléoducs et gazoducs sont le plus souvent construits à partir de [[tube]]s d'[[acier]] [[soudage|soudés]] bout à bout, revêtus extérieurement voire intérieurement et généralement enfouis dans le sol ;
* Les oléoducs et gazoducs sont le plus souvent construits à partir de [[tube (forme)|tubes]] d'[[acier]] [[soudage|soudés]] bout à bout, revêtus extérieurement voire intérieurement et généralement enfouis dans le sol ;
* Les saumoducs ainsi que les oléoducs et les gazoducs de transport à haute pression sont construits avec des tubes d'acier soudés bout à bout et revêtus ;
* Les saumoducs ainsi que les oléoducs et les gazoducs de transport à haute pression sont construits avec des tubes d'acier soudés bout à bout et revêtus ;
* Les gazoducs de distribution de gaz moyenne pression sont généralement en [[polyéthylène]] haute densité (PEHD) ;
* Les gazoducs de distribution de gaz moyenne pression sont généralement en [[polyéthylène]] haute densité (PEHD) ;
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* Les conduites en [[Plastique à renfort de verre|PRV]].
* Les conduites en [[Plastique à renfort de verre|PRV]].


Pour l'eau potable, selon une extrapolation à partir de l’étude des canalisations de 8 départements, environ 36.000 kilomètres de canalisations de France seraient en [[amiante-ciment]], soit 4,2 % des installations totales ; mais 9 % dans l’Allier, 7 % dans la Manche et la Somme selon un rapport de [[2002]] <ref name=RapportCador2002>Cador J.M (2002). [https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-29270-estimation-materiau-canalisation.pdf Le renouvellement du patrimoine en canalisations d'eau potable en France]. Rapport technique, Université de Caen, France, 18. (voir notamment p 14)</ref>
Pour l'eau potable, selon une extrapolation à partir de l’étude des canalisations de 8 départements, environ {{unité|36000|kilomètres}} de canalisations de France seraient en [[amiante-ciment]], soit 4,2 % des installations totales ; mais 9 % dans l’Allier, 7 % dans la Manche et la Somme selon un rapport de [[2002]] <ref name=RapportCador2002>Cador J.M (2002). [https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-29270-estimation-materiau-canalisation.pdf Le renouvellement du patrimoine en canalisations d'eau potable en France]. Rapport technique, Université de Caen, France, 18. (voir notamment {{p.|14}})</ref>


== Risques liés aux canalisations ==
== Risques liés aux canalisations ==
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Certaines canalisations de gros diamètre et ou de grande longueur s'avèrent coûteuses et parfois difficiles à mettre en œuvre selon les caractéristiques des terrains traversés. C'est le cas des ouvrages subaquatiques, des ouvrages enterrés au passage des fleuves, des ouvrages aériens sur du [[pergélisol]] qui fond, en zone de risque [[séisme|sismique]] ou politiquement instable).
Certaines canalisations de gros diamètre et ou de grande longueur s'avèrent coûteuses et parfois difficiles à mettre en œuvre selon les caractéristiques des terrains traversés. C'est le cas des ouvrages subaquatiques, des ouvrages enterrés au passage des fleuves, des ouvrages aériens sur du [[pergélisol]] qui fond, en zone de risque [[séisme|sismique]] ou politiquement instable).


Pour l'exemple de la France, les canalisations d'eau potable - hors branchement - représentent {{formatnum:800000}} à {{unité|850000|km}} (''évaluations [[Institut français de l'environnement|IFEN]] et [[Assemblée des départements de France|ADF]]'' en 2002). 10 % ont plus de 50 ans, 44 % ont plus de 30 ans. Les canalisations installées avant 1970 sont majoritairement en fonte. Les canalisations installées après 1970 sont majoritairement en plastique (''[[Polychlorure de vinyle|PVC]]-[[Polyéthylène haute densité|PEHD]]''). La longueur des canalisations est en moyenne de 40 mètres par abonné. Les communes rurales ont des réseaux plus longs, mais aussi moins performants. Le rendement primaire, défini par le pourcentage entre le volume comptabilisé et facturé et le volume mis en distribution atteint 72 % en moyenne, mais seulement 55 % pour les communes de moins de {{formatnum:1000}} habitants. La différence entre volume distribué et volume consommé est liée aux fuites et aux quantités consommées non facturées, telles que les eaux de lavage du domaine public ou les eaux utilisées pour la lutte contre l'incendie. Dans le cas des petites communes, l'écart vient majoritairement de fuites<ref>[http://www.senat.fr/rap/l02-215-2/l02-215-262.html La qualité de l'eau et assainissement en France (annexes) — Annexe 71 - Les canalisations du réseau d'eau potable] sur Sénat.fr en 2002</ref>.
Pour l'exemple de la France, les canalisations d'eau potable - hors branchement - représentent {{formatnum:800000}} à {{unité|850000|km}} (''évaluations [[Institut français de l'environnement|IFEN]] et [[Assemblée des départements de France|ADF]]'' en 2002). 10 % ont plus de 50 ans, 44 % ont plus de 30 ans. Les canalisations installées avant 1970 sont majoritairement en fonte. Les canalisations installées après 1970 sont majoritairement en plastique (''[[Polychlorure de vinyle|PVC]]-[[Polyéthylène haute densité|PEHD]]''). La longueur des canalisations est en moyenne de 40 mètres par abonné. Les communes rurales ont des réseaux plus longs, mais aussi moins performants. Le rendement primaire, défini par le pourcentage entre le volume comptabilisé et facturé et le volume mis en distribution atteint 72 % en moyenne, mais seulement 55 % pour les communes de moins de {{nombre|1000|habitants}}. La différence entre volume distribué et volume consommé est liée aux fuites et aux quantités consommées non facturées, telles que les eaux de lavage du domaine public ou les eaux utilisées pour la lutte contre l'incendie. Dans le cas des petites communes, l'écart vient majoritairement de fuites<ref>[http://www.senat.fr/rap/l02-215-2/l02-215-262.html La qualité de l'eau et assainissement en France (annexes) — Annexe 71 - Les canalisations du réseau d'eau potable] sur Sénat.fr en 2002</ref>.


== Le cas des tuyaux en Amiante-ciment ==
== Le cas des tuyaux en Amiante-ciment ==
Selon le ''rapport Cador'' de [[2002]], l'[[amiante ciment]] (des tuyauteries) est ''{{Citation|souvent dégradé et pose des problèmes techniques, en particulier en environnement agressif. De nombreux départements envisagent sa dépose systématique. Avec 4% d'aimante ciment sur notre échantillon de huit départements, le linéaire national dans ces conditions représenterait 36 000 km, soit 3,6 milliards d'euros. Toutefois, il semblerait que des pratiques locales aient favorisé l'implantation de ce matériau en de large proportions dans quelques départements français}}''<ref name=RapportCador2002/>.
Selon le ''rapport Cador'' de [[2002]], l'[[amiante ciment]] (des tuyauteries) est ''{{Citation|souvent dégradé et pose des problèmes techniques, en particulier en environnement agressif. De nombreux départements envisagent sa dépose systématique. Avec 4% d'aimante ciment sur notre échantillon de huit départements, le linéaire national dans ces conditions représenterait 36 000 km, soit 3,6 milliards d'euros. Toutefois, il semblerait que des pratiques locales aient favorisé l'implantation de ce matériau en de large proportions dans quelques départements français}}''<ref name=RapportCador2002/>.


En 2017, la question d'un éventuel [[risque sanitaire]] est réévoquée par l’[[Anses]] après que deux études récentes (2015, 2017) aient conclu à un lien entre exposition à l’amiante et le cancer du colon et le cancer colorectal (avec une relation dose-réponse). Le cancer de l'estomac et celui de l'œsophage pourraient aussi être concernés, mais sous réserve de confirmation par d’autres études. A ce jour les études n'évoquent pas de lien direct avec l’eau potable ayant circulé dans des tuyaux en amiante-ciment mais fin 2017 l'Anses a décidé de s'auto-saisir du sujet<ref> Risques professionnels. [http://www.batiactu.com/edito/exposition-a-amiante-et-cancers-digestifs-nouveaux-51319.php?MD5email=8a7cd0dbbc683f0744189295c8e379b8 D'après une note de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), de nouveaux éléments scientifiques viennent attester l'idée d'un lien entre exposition professionnelle à l'amiante et développement de cancers digestifs]. Bati Actu 04/12/2017</ref>.
En 2017, la question d'un éventuel [[Sécurité sanitaire|risque sanitaire]] est réévoquée par l’[[Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail|Anses]] après que deux études récentes (2015, 2017) aient conclu à un lien entre exposition à l’amiante et le cancer du colon et le cancer colorectal (avec une relation dose-réponse). Le cancer de l'estomac et celui de l'œsophage pourraient aussi être concernés, mais sous réserve de confirmation par d’autres études. À ce jour les études n'évoquent pas de lien direct avec l’eau potable ayant circulé dans des tuyaux en amiante-ciment mais fin 2017 l'Anses a décidé de s'auto-saisir du sujet<ref> Risques professionnels. [http://www.batiactu.com/edito/exposition-a-amiante-et-cancers-digestifs-nouveaux-51319.php?MD5email=8a7cd0dbbc683f0744189295c8e379b8 D'après une note de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), de nouveaux éléments scientifiques viennent attester l'idée d'un lien entre exposition professionnelle à l'amiante et développement de cancers digestifs]. Bati Actu 04/12/2017</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
{{Colonnes|nombre=3|1=
{{Colonnes|nombre=3|1=
* [[Transport par canalisation]]
* [[Pipeline|Transport par canalisation]]
* [[Hydraulicien]]
* [[Hydraulicien]]
* [[Système hydraulique]]
* [[Système hydraulique]]

Version du 25 janvier 2019 à 19:15

Conduite d'eau en bois, Ogden Canyon Conduit, Ogden, Comté de Weber
Ancienne canalisation, vestige de la machine de Marly à Bougival.
Sections de canalisation enterrée.
Égouts de Paris.

Une canalisation est un tuyau ou un canal[1] destiné à l'acheminement de matières gazeuses, liquides, solides ou polyphasiques.

Lorsqu’il s'agit d'un tuyau, le diamètre nominal d'une canalisation peut aller de trente millimètres environ (un pouce un quart) pour des fluides spéciaux jusqu'à plus de trois mètres vingt (soixante-huit pouces) pour les adductions d'eau.

Le terme pipeline est également couramment utilisé.

Lorsqu'une canalisation a un très petit diamètre (moins de trente millimètres environ), on parle plutôt de tuyauterie.

Différentes types de canalisations sont fabriquées et posées par des entreprises et corps de métiers spécialisés pour l'eau potable, le gaz, le pétrole, l'oxygène, l'hydrogène, les eaux résiduaires et dégouts et divers autres fluides, dont caloporteur ou porteurs de frigories, pour les réseaux de chaleur et les réseaux de froid. Il existe en France une organisation professionnelle dénommée « les Canalisateurs » (rassemblant environ 300 entreprises en 2019), membre de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP)[2].

Parmi les enjeux de ce secteur figurent la sécurité (ex : risques d'explosion ou de feu pour les canalisations d'hydrocarbures ou de fluides sous très haute-pression, risques toxiques et écotoxiques avec les canalisations en amiante-ciment qui se dégradent plus vite que celles construites avec d'autres matériaux...) et la lutte contre les fuites, la cartographie des réseaux souterrains, la recherche de nouveaux matériaux, les réseaux intelligents, l'installations de canalisations "sans tranchées"...

Histoire et étymologie

Les canalisations étaient autrefois un tunnel creusé dans la roche (Qanat), ou réalisées en bois (par exemple un tronc d'arbre percé dans la longueur), en pierre et en plomb (source de saturnisme notamment quand l'eau qui y circule est naturellement acide et/ou chaude ou sous forte pression) ; on a aussi constaté des relargages de plomb induits par la corrosion galvanique (quand et là où le plomb est contact avec un autre métal dont le potentiel électrochimique est différent)[3].

En Europe le plomb a été abondamment utilisé jusque dans les années 1960[3]. En France il est devenu plus marginal des années 1960 jusqu’en 1995 où il était parfois encore utilisé pour des branchements entre réseaux privés et publics de distribution d’eau, de même pour les réseaux intérieurs du domaine privatif ; il a été interdit pour tout nouveau réseau de distribution d'EDCH par décret[4]. En 2012, une modélisation a estimé [5]) que 2,9 % environ des logements français recevaient encore une EDCH contenant plus de 10 μg/L de plomb et une étude de 2015, à partir de vrais prélèvement a montré que près de 4 % (3,9 %) des logements recevaient une eau non conforme pour le plomb (mais dans 14 départements aucune non-conformité n'a été détectée)[3]. Ces résultats doivent cependant être pris avec précaution car on manque de données sur le domaine privé et les réseaux prioritairement rénovés sont publics (écoles, crèches, hôpitaux, etc.)[3]

Types de canalisation

Le type et le nom d'une canalisation dépendent des caractéristiques physiques et des conditions d'acheminement du produit à déplacer.

De manière générale, le suffixe d'origine latine « ductus » , dérivé de « ducere » qui veut dire « conduire », permet ainsi de construire le nom français d'une canalisation spécialisée pour l'acheminement d'un type de produit particulier.

Matériaux constitutifs d'une canalisation

Installation d'une canalisation en polyéthylène haute densité à Mexico par la compagnie Krah Mexico.
À l'intérieur d'une canalisation de la même compagnie.

Les matériaux constitutifs d'une canalisation dépendent de la nature et de l'état des produits qu'elle doit acheminer.

Pour l'eau potable, selon une extrapolation à partir de l’étude des canalisations de 8 départements, environ 36 000 kilomètres de canalisations de France seraient en amiante-ciment, soit 4,2 % des installations totales ; mais 9 % dans l’Allier, 7 % dans la Manche et la Somme selon un rapport de 2002 [6]

Risques liés aux canalisations

Certaines canalisations en plomb ou en amiante-ciment sont sources de produits toxiques durant leur fabrication, mise en œuvre et fin de vie ou recyclage.

Les risques majeurs de défaillance physique des pipelines sont liés aux agressions (volontaires ou involontaires) et à la corrosion interne ou externe.

La corrosion externe est maintenant freinée par des dispositifs de protection cathodique et parfois par l'injection de substances (orthophosphates par exemple) destinés à déposer un film protecteur[3].

Économie du transport par canalisation

Empilement d'un pipeline connecté pour le transport de produits pétroliers

Au contraire de leur investissement initial ; l'utilisation des canalisations est relativement peu coûteuse par rapport à d'autres formes de transport concurrentes, au moins sur de petites et moyennes distances.

Certaines canalisations de gros diamètre et ou de grande longueur s'avèrent coûteuses et parfois difficiles à mettre en œuvre selon les caractéristiques des terrains traversés. C'est le cas des ouvrages subaquatiques, des ouvrages enterrés au passage des fleuves, des ouvrages aériens sur du pergélisol qui fond, en zone de risque sismique ou politiquement instable).

Pour l'exemple de la France, les canalisations d'eau potable - hors branchement - représentent 800 000 à 850 000 km (évaluations IFEN et ADF en 2002). 10 % ont plus de 50 ans, 44 % ont plus de 30 ans. Les canalisations installées avant 1970 sont majoritairement en fonte. Les canalisations installées après 1970 sont majoritairement en plastique (PVC-PEHD). La longueur des canalisations est en moyenne de 40 mètres par abonné. Les communes rurales ont des réseaux plus longs, mais aussi moins performants. Le rendement primaire, défini par le pourcentage entre le volume comptabilisé et facturé et le volume mis en distribution atteint 72 % en moyenne, mais seulement 55 % pour les communes de moins de 1 000 habitants. La différence entre volume distribué et volume consommé est liée aux fuites et aux quantités consommées non facturées, telles que les eaux de lavage du domaine public ou les eaux utilisées pour la lutte contre l'incendie. Dans le cas des petites communes, l'écart vient majoritairement de fuites[7].

Le cas des tuyaux en Amiante-ciment

Selon le rapport Cador de 2002, l'amiante ciment (des tuyauteries) est « souvent dégradé et pose des problèmes techniques, en particulier en environnement agressif. De nombreux départements envisagent sa dépose systématique. Avec 4% d'aimante ciment sur notre échantillon de huit départements, le linéaire national dans ces conditions représenterait 36 000 km, soit 3,6 milliards d'euros. Toutefois, il semblerait que des pratiques locales aient favorisé l'implantation de ce matériau en de large proportions dans quelques départements français »[6].

En 2017, la question d'un éventuel risque sanitaire est réévoquée par l’Anses après que deux études récentes (2015, 2017) aient conclu à un lien entre exposition à l’amiante et le cancer du colon et le cancer colorectal (avec une relation dose-réponse). Le cancer de l'estomac et celui de l'œsophage pourraient aussi être concernés, mais sous réserve de confirmation par d’autres études. À ce jour les études n'évoquent pas de lien direct avec l’eau potable ayant circulé dans des tuyaux en amiante-ciment mais fin 2017 l'Anses a décidé de s'auto-saisir du sujet[8].

Notes et références

  1. Définition du Larousse
  2. Site internet de l'organisation professionnelle les canaliseurs, consulté le 23 janvier 2018
  3. a b c d et e ANSES (2017) Impacts du traitement des eaux destinées à la consommation humaine par des orthophosphates pour limiter la dissolution du plomb ; Oct 2017, Edition scientifique ; Avis de l'Anses Saisine no 2015-SA-0094 Saisines liées no 2001-SA-0218, 2003- A-0042, 2003-SA-0096, 2003-SA-0314, 2003-SA-0378, PDF, 194p
  4. Décret no 95-363 du 5 avril 1995
  5. étude Plomb-Habitat par Lucas et al.(2012
  6. a et b Cador J.M (2002). Le renouvellement du patrimoine en canalisations d'eau potable en France. Rapport technique, Université de Caen, France, 18. (voir notamment p. 14)
  7. La qualité de l'eau et assainissement en France (annexes) — Annexe 71 - Les canalisations du réseau d'eau potable sur Sénat.fr en 2002
  8. Risques professionnels. D'après une note de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), de nouveaux éléments scientifiques viennent attester l'idée d'un lien entre exposition professionnelle à l'amiante et développement de cancers digestifs. Bati Actu 04/12/2017

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Lien externe

Bibliographie