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'''Ievgueni Maximovitch Primakov''', plus souvent orthographié '''Evgueni Primakov''' (en {{lang-ru|Евгений Максимович Примаков}}), né le {{date|19|octobre|1929}} à [[Kiev]] et mort le {{date|26|juin|2015}} à [[Moscou]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Mort d'Evgueni Primakov, éminent homme politique russe|url=https://francais.rt.com/international/3647-mort-primakov-eminent-homme-politique|site=rt.com|date=26 juin 2015}}</ref>, est un ancien président du [[Soviet de l'Union]] et président du gouvernement de la [[Russie|Fédération de Russie]]<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|titre=Evgueni Primakov|url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/evgueni-primakov/|site=universalis.fr}}</ref>.
'''Ievgueni Maximovitch Primakov''', plus souvent orthographié '''Evgueni Primakov''' (en {{lang-ru|Евгений Максимович Примаков}}), né le {{date|19|octobre|1929}} à [[Kiev]] et mort le {{date|26|juin|2015}} à [[Moscou]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Mort d'Evgueni Primakov, éminent homme politique russe|url=https://francais.rt.com/international/3647-mort-primakov-eminent-homme-politique|site=rt.com|date=26 juin 2015}}</ref>, est un ancien président du [[Soviet de l'Union]] et président du gouvernement de la [[Russie|Fédération de Russie]]<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|titre=Evgueni Primakov|url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/evgueni-primakov/|site=universalis.fr}}</ref>.


Ancien haut responsable du [[KGB]] à l'époque soviétique<ref name="Zbig" />, il a été ministre des Affaires étrangères russe de janvier 1996 à septembre 1998, et président du gouvernement de cette date jusqu'au 12 mai 1999<ref name=":0" />.
Ancien haut responsable du [[KGB]] à l'époque soviétique<ref name="Zbig" />, il a été ministre des Affaires étrangères russe de janvier 1996 à septembre 1998, et président du gouvernement de cette date jusqu'au 12 mai 1999<ref name=":0" />.


En tant que ministre des Affaires étrangères, il a opéré un changement de diplomatie vis-à-vis des [[États-Unis]], passée d'un soutien inconditionnel à l'affirmation de l'intérêt national. Fin connaisseur du [[Pays arabes|monde arabe]], il demeurait un émissaire actif du [[Kremlin]] au [[Proche-Orient]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=La lutte au Proche-Orient et ses conséquences : interview de Evgueni Primakov|url=https://fr.rbth.com/articles/2012/08/10/la_lutte_au_proche-orient_et_ses_consequences_interview_de_evgueni_p_15293|site=fr.rbth.com|date=10 août 2012}}</ref>. Il a pu être surnommé le « [[Henry Kissinger|Kissinger]] russe » grâce à une politique étrangère prudente<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Mort d’Evguéni Primakov, le “Kissinger russe”|url=https://www.courrierinternational.com/article/russie-mort-devgueni-primakov-le-kissinger-russe|site=courrierinternational.com|date=29 juin 2015|consulté le=}}</ref>.
En tant que ministre des Affaires étrangères, il a opéré un changement de diplomatie vis-à-vis des [[États-Unis]], passée d'un soutien inconditionnel à l'affirmation de l'intérêt national. Fin connaisseur du [[Pays arabes|monde arabe]], il demeurait un émissaire actif du [[Kremlin]] au [[Proche-Orient]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=La lutte au Proche-Orient et ses conséquences : interview de Evgueni Primakov|url=https://fr.rbth.com/articles/2012/08/10/la_lutte_au_proche-orient_et_ses_consequences_interview_de_evgueni_p_15293|site=fr.rbth.com|date=10 août 2012}}</ref>. Il a pu être surnommé le « [[Henry Kissinger|Kissinger]] russe » grâce à une politique étrangère prudente<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Mort d’Evguéni Primakov, le “Kissinger russe”|url=https://www.courrierinternational.com/article/russie-mort-devgueni-primakov-le-kissinger-russe|site=courrierinternational.com|date=29 juin 2015|consulté le=}}</ref>.
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=== Formation ===
=== Formation ===


Primakov est né à [[Kiev]], en [[République socialiste soviétique d'Ukraine|RSS d'Ukraine]] et a grandi à [[Tbilissi]], en [[ république socialiste soviétique de Géorgie|RSS de Géorgie]]. Son père a disparu dans le [[Goulag]] en 1937<ref>{{en}} [http://www.economist.com/node/21657755/print Article du 18 juillet 2015], in ''[[The Economist]]''</ref>. Sa mère née Anna Yakovlevna Primakova (1896-1972) était [[gynécologue]] et cousine du [[physiologiste]] {{Lien|langue=ru|trad=Киршенблат, Яков Давидович|fr=Yakov Kirchenblat}}. Sa grand-mère maternelle était [[Ashkénaze|juive]] de naissance et épousa contre la volonté de son père (propriétaire d'un moulin) un simple ouvrier russe orthodoxe du nom de Primakov. Ils se sont installés ensuite à [[Tbilissi|Tiflis]] (aujourd'hui Tbilissi) et son mari est devenu petit entrepreneur dans la construction de routes<ref>Il meurt dans une bagarre contre des voleurs kurdes sur un chantier en [[Turquie]]</ref>.
Primakov est né à [[Kiev]], en [[République socialiste soviétique d'Ukraine|RSS d'Ukraine]] et a grandi à [[Tbilissi]], en [[république socialiste soviétique de Géorgie|RSS de Géorgie]]. Son père a disparu dans le [[Goulag]] en 1937<ref>{{en}} [http://www.economist.com/node/21657755/print Article du 18 juillet 2015], in ''[[The Economist]]''</ref>. Sa mère née Anna Yakovlevna Primakova (1896-1972) était [[gynécologue]] et cousine du [[physiologiste]] {{Lien|langue=ru|trad=Киршенблат, Яков Давидович|fr=Yakov Kirchenblat}}. Sa grand-mère maternelle était [[Ashkénaze|juive]] de naissance et épousa contre la volonté de son père (propriétaire d'un moulin) un simple ouvrier russe orthodoxe du nom de Primakov. Ils se sont installés ensuite à [[Tbilissi|Tiflis]] (aujourd'hui Tbilissi) et son mari est devenu petit entrepreneur dans la construction de routes<ref>Il meurt dans une bagarre contre des voleurs kurdes sur un chantier en [[Turquie]]</ref>.
[[Fichier:RIAN_archive_38725_Director_of_the_USSR_Central_Intelligence_Service_Yevgeny_Primakov.jpg|gauche|vignette|Primakov dans les années 1970.|alt=|266x266px]]
[[Fichier:RIAN_archive_38725_Director_of_the_USSR_Central_Intelligence_Service_Yevgeny_Primakov.jpg|gauche|vignette|Primakov dans les années 1970.|alt=|266x266px]]
Evgueni Primakov étudie d'abord comme cadet de la marine en 1944 à l'École de la marine militaire de [[Bakou]], mais il interrompt ses études en 1946 à cause d'un début de [[tuberculose]] et termine ses études secondaires à Tbilissi. Il étudie au département d'[[Langue arabe|arabe]] de l'[[Institut d'études orientales de Moscou|Institut d'État d'études orientales]] de Moscou où il devient l'ami de [[Julian Semenov]]. Il en sort diplômé en 1953. Il effectue ensuite des travaux à l'[[Université d'État de Moscou]] à la faculté d'économie.
Evgueni Primakov étudie d'abord comme cadet de la marine en 1944 à l'École de la marine militaire de [[Bakou]], mais il interrompt ses études en 1946 à cause d'un début de [[tuberculose]] et termine ses études secondaires à Tbilissi. Il étudie au département d'[[Langue arabe|arabe]] de l'[[Institut d'études orientales de Moscou|Institut d'État d'études orientales]] de Moscou où il devient l'ami de [[Julian Semenov]]. Il en sort diplômé en 1953. Il effectue ensuite des travaux à l'[[Université d'État de Moscou]] à la faculté d'économie.
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=== Les débuts politiques (1989-1991) ===
=== Les débuts politiques (1989-1991) ===


Il entame une carrière politique en 1989, en tant que Président du [[Soviet de l'Union]], l'une des deux chambres du Parlement soviétique. De 1990 à 1991, il est membre du Conseil présidentiel de [[Mikhaïl Gorbatchev]]. Il est l'envoyé spécial de ce dernier en [[Irak]] et s'entretient avec [[Saddam Hussein]], alors que la [[Guerre du Koweït (1990-1991)|Guerre du Golfe]] se prépare<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Evgueni Primakov, atout-maître de la Russie dans la crise|url=https://www.lorientlejour.com/article/245108/Evgueni_Primakov%252C_atout-maitre_de_la_Russie_dans_la_crise.html|site=lorientlejour.com|date=29 novembre 1997}}</ref>.
Il entame une carrière politique en 1989, en tant que Président du [[Soviet de l'Union]], l'une des deux chambres du Parlement soviétique. De 1990 à 1991, il est membre du Conseil présidentiel de [[Mikhaïl Gorbatchev]]. Il est l'envoyé spécial de ce dernier en [[Irak]] et s'entretient avec [[Saddam Hussein]], alors que la [[Guerre du Koweït (1990-1991)|Guerre du Golfe]] se prépare<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Evgueni Primakov, atout-maître de la Russie dans la crise|url=https://www.lorientlejour.com/article/245108/Evgueni_Primakov%252C_atout-maitre_de_la_Russie_dans_la_crise.html|site=lorientlejour.com|date=29 novembre 1997}}</ref>.


=== À la direction des renseignements extérieurs ===
=== À la direction des renseignements extérieurs ===


Après le coup d'État manqué d'[[août 1991]] contre Gorbatchev, Primakov est nommé Premier Président adjoint du [[KGB]]<ref name="Zbig">Zbigniew Brzezinsk et al., [https://books.google.fr/books?id=Vt5OLD3vp4UC&pg=PA122#v=onepage&q&f=false Russia and the Commonwealth of Independent States], Center for Strategic and International Studies, Sharpe, 1997, p. 122.</ref>{{,}}<ref name="Trah">Richard Trahair, [https://books.google.fr/books?id=V-ZVcsl0h3EC&pg=PA346& Encyclopedia of Cold War Espionage], Enigma, 2012, p. 346.</ref>.
Après le coup d'État manqué d'[[août 1991]] contre Gorbatchev, Primakov est nommé Premier Président adjoint du [[KGB]]<ref name="Zbig">Zbigniew Brzezinsk et al., [https://books.google.fr/books?id=Vt5OLD3vp4UC&pg=PA122#v=onepage&q&f=false Russia and the Commonwealth of Independent States], Center for Strategic and International Studies, Sharpe, 1997, p. 122.</ref>{{,}}<ref name="Trah">Richard Trahair, [https://books.google.fr/books?id=V-ZVcsl0h3EC&pg=PA346& Encyclopedia of Cold War Espionage], Enigma, 2012, p. 346.</ref>.


Le 26 décembre 1991, il est nommé Directeur du [[Service des renseignements extérieurs de Russie]], le [[SVR]], poste qu'il occupe jusqu'en 1996.
Le 26 décembre 1991, il est nommé Directeur du [[Service des renseignements extérieurs de Russie]], le [[SVR]], poste qu'il occupe jusqu'en 1996.
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=== Président du gouvernement (1998-1999) ===
=== Président du gouvernement (1998-1999) ===


La tentative échouée pour reconduire [[Viktor Tchernomyrdine]] comme président du gouvernement (la [[Douma]] s'y opposa en septembre [[1998]]) conduit Eltsine à se tourner vers Primakov, susceptible de réaliser le compromis. Primakov met en œuvre des réformes difficiles, mais réussies pour la plupart (réforme fiscale notamment)<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Evgueni Primakov : fin d'un dinosaure soviétique|url=https://www.liberation.fr/planete/2015/06/26/evgueni-primakov-disparition-d-un-des-derniers-dinosaures-sovietiques_1337832|site=liberation.fr|date=26 juin 2015}}</ref>. Son opposition à l'unilatéralisme américain lui vaut une grande popularité en Russie, mais la posture défiante vis-à-vis de l'Occident adoptée lors des [[Guerre du Kosovo|frappes au Kosovo]] empêche la Russie de peser sur l'évolution de l'ex-Yougoslavie. Il fait sensation le 22 mars 1999 en ordonnant en plein vol au commandant de bord de son avion qui devait se rendre aux États-Unis, afin qu'il puisse effectuer une visite officielle à [[Washington (district de Columbia)|Washington]], de rentrer immédiatement à Moscou en signe de protestation, alors que les premières bombes de l'[[OTAN]] s'abattent sur [[Belgrade]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Ancien maître espion et premier ministre russe, Evgueni Primakov est mort|url=https://www.lemonde.fr/europe/article/2015/06/26/evgueni-primakov-ancien-premier-ministre-russe-est-mort_4662619_3214.html|site=lemonde.fr|date=26 juin 2015}}</ref>.
La tentative échouée pour reconduire [[Viktor Tchernomyrdine]] comme président du gouvernement (la [[Douma]] s'y opposa en septembre [[1998]]) conduit Eltsine à se tourner vers Primakov, susceptible de réaliser le compromis. Primakov met en œuvre des réformes difficiles, mais réussies pour la plupart (réforme fiscale notamment)<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Evgueni Primakov : fin d'un dinosaure soviétique|url=https://www.liberation.fr/planete/2015/06/26/evgueni-primakov-disparition-d-un-des-derniers-dinosaures-sovietiques_1337832|site=liberation.fr|date=26 juin 2015}}</ref>. Son opposition à l'unilatéralisme américain lui vaut une grande popularité en Russie, mais la posture défiante vis-à-vis de l'Occident adoptée lors des [[Guerre du Kosovo|frappes au Kosovo]] empêche la Russie de peser sur l'évolution de l'ex-Yougoslavie. Il fait sensation le 22 mars 1999 en ordonnant en plein vol au commandant de bord de son avion qui devait se rendre aux États-Unis, afin qu'il puisse effectuer une visite officielle à [[Washington (district de Columbia)|Washington]], de rentrer immédiatement à Moscou en signe de protestation, alors que les premières bombes de l'[[OTAN]] s'abattent sur [[Belgrade]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Ancien maître espion et premier ministre russe, Evgueni Primakov est mort|url=https://www.lemonde.fr/europe/article/2015/06/26/evgueni-primakov-ancien-premier-ministre-russe-est-mort_4662619_3214.html|site=lemonde.fr|date=26 juin 2015}}</ref>.


Alors que le [[Parti communiste de la Fédération de Russie]] prépare une procédure de destitution du président Eltsine, Primakov refuse de renvoyer les ministres communistes du gouvernement. Le [[12 mai]] [[1999]], il est congédié par Eltsine et remplacé par [[Sergueï Stepachine]].
Alors que le [[Parti communiste de la Fédération de Russie]] prépare une procédure de destitution du président Eltsine, Primakov refuse de renvoyer les ministres communistes du gouvernement. Le [[12 mai]] [[1999]], il est congédié par Eltsine et remplacé par [[Sergueï Stepachine]].


Avec le soutien du parti La Patrie/Toute la Russie, Primakov s'oppose à [[Vladimir Poutine]] et au Parti de l'Unité russe. Les élections législatives de décembre [[1999]] donnent finalement l'avantage à ce dernier, et dans un message télévisé du [[4 février]] [[2000]], Primakov abandonne la campagne présidentielle et finit par se rallier à Poutine. Il est l'émissaire de la Russie auprès de Saddam Hussein en mars [[2003]], pour tenter d'empêcher l'invasion de l'Irak.
Avec le soutien du parti La Patrie/Toute la Russie, Primakov s'oppose à [[Vladimir Poutine]] et au Parti de l'Unité russe. Les élections législatives de décembre [[1999]] donnent finalement l'avantage à ce dernier, et dans un message télévisé du [[4 février]] [[2000]], Primakov abandonne la campagne présidentielle et finit par se rallier à Poutine. Il est l'émissaire de la Russie auprès de Saddam Hussein en mars [[2003]], pour tenter d'empêcher l'invasion de l'Irak.


En novembre [[2004]], il a témoigné en faveur de l'ancien président de la [[République fédérale de Yougoslavie]] [[Slobodan Milošević]], jugé pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide.
En novembre [[2004]], il a témoigné en faveur de l'ancien président de la [[République fédérale de Yougoslavie]] [[Slobodan Milošević]], jugé pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide.
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=== Président de la Chambre de commerce et d'industrie (2001 - 2011) ===
=== Président de la Chambre de commerce et d'industrie (2001 - 2011) ===


De décembre 2001 à 2011, Evgueni Primakov préside la Chambre de commerce et d'industrie de la Fédération de Russie. Il a obtenu en 2006 le limogeage des ministres des Finances et du Commerce extérieur et imposé une rupture avec les dogmes utra-libéraux<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Evgueni PRIMAKOV|url=https://editions-syrtes.com/auteurs/evgueni-primakov/|site=editions-syrtes.com}}</ref>.
De décembre 2001 à 2011, Evgueni Primakov préside la Chambre de commerce et d'industrie de la Fédération de Russie. Il a obtenu en 2006 le limogeage des ministres des Finances et du Commerce extérieur et imposé une rupture avec les dogmes utra-libéraux<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Evgueni PRIMAKOV|url=https://editions-syrtes.com/auteurs/evgueni-primakov/|site=editions-syrtes.com}}</ref>.


Sous son influence, le Fonds de stabilisation abondé par les exportations de gaz et de pétrole a été affecté au développement du territoire et à la relance de la consommation intérieure, au risque de provoquer une poussée inflationniste.
Sous son influence, le Fonds de stabilisation abondé par les exportations de gaz et de pétrole a été affecté au développement du territoire et à la relance de la consommation intérieure, au risque de provoquer une poussée inflationniste.
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*Il épouse en 1951 Laura Vassilievna Kharadzé (1930-1987), étudiante à l'Institut polytechnique de Tbilissi, dont il a deux enfants :
*Il épouse en 1951 Laura Vassilievna Kharadzé (1930-1987), étudiante à l'Institut polytechnique de Tbilissi, dont il a deux enfants :
**Alexandre (1954-1981), aspirant au doctorat à l'Institut des études orientales de Moscou ; souffrant de [[myocardite]], il meurt d'une crise cardiaque.
**Alexandre (1954-1981), aspirant au doctorat à l'Institut des études orientales de Moscou ; souffrant de [[myocardite]], il meurt d'une crise cardiaque.
***Evgueni (né en 1976), journaliste sous le pseudonyme d'Evgueni Sandro, orientaliste<ref>{{ru}} [http://www.vremya.ru/2009/6/5/221141.html Reportage sur la Bande de Gaza en 2009]</ref> et présentateur à la télévision sur la chaîne [[Rossiya 24]] de l'émission ''Revue internationale''. Père de quatre enfants.
***Evgueni (né en 1976), journaliste sous le pseudonyme d'Evgueni Sandro, orientaliste<ref>{{ru}} [http://www.vremya.ru/2009/6/5/221141.html Reportage sur la Bande de Gaza en 2009]</ref> et présentateur à la télévision sur la chaîne [[Rossiya 24]] de l'émission ''Revue internationale''. Père de quatre enfants.
**Nana (née en 1962), épouse le fils de l'académicien spécialiste d'[[immunologie]] Bakhoutachvili, dont elle a deux filles: Alexandra (née en 1982) et Maria (née en 1997).
**Nana (née en 1962), épouse le fils de l'académicien spécialiste d'[[immunologie]] Bakhoutachvili, dont elle a deux filles: Alexandra (née en 1982) et Maria (née en 1997).
*Après son veuvage, il épouse en secondes noces Irina Borissovna Bokareva (née en 1952).
*Après son veuvage, il épouse en secondes noces Irina Borissovna Bokareva (née en 1952).
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* [[Fichier:100_lenin_rib.png|50x50px]] Médaille de l'Ordre de Lénine
* [[Fichier:100_lenin_rib.png|50x50px]] Médaille de l'Ordre de Lénine

* [[Fichier:Order_badge_of_honor_rib.png|50x50px]] Médaille de l'[[Ordre de l'Insigne d'honneur]]
* [[Fichier:Order_badge_of_honor_rib.png|50x50px]] Médaille de l'[[Ordre de l'Insigne d'honneur]]
* [[Fichier:Order_friendship_of_peoples_rib.png|50x50px]] Médaille de l'[[Ordre de l'Amitié des peuples]]
* [[Fichier:Order_friendship_of_peoples_rib.png|50x50px]] Médaille de l'[[Ordre de l'Amitié des peuples]]
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* [[Fichier:Order_of_Alexander_Nevsky_2010_ribbon.svg|50x50px]] Médaille de l'[[Ordre d'Alexandre Nevski (fédération de Russie)|Ordre d'Alexandre Nevski]]
* [[Fichier:Order_of_Alexander_Nevsky_2010_ribbon.svg|50x50px]] Médaille de l'[[Ordre d'Alexandre Nevski (fédération de Russie)|Ordre d'Alexandre Nevski]]
* [[Fichier:Orden_of_Honour.png|50x50px]] Médaille de l'[[Ordre de l'Honneur (Russie)|Ordre de l'Honneur]]
* [[Fichier:Orden_of_Honour.png|50x50px]] Médaille de l'[[Ordre de l'Honneur (Russie)|Ordre de l'Honneur]]
*[[Fichier:Ribbon_Medal_850_Moscow.png|50x50px]] Médaille « En commémoration du {{850e}} anniversaire de Moscou »

*[[Fichier:Ribbon_Medal_850_Moscow.png|50x50px]] Médaille « En commémoration du <abbr>850<sup>e</sup></abbr> anniversaire de Moscou »


=== Décorations étrangères ===
=== Décorations étrangères ===
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*''Le Monde après le 11 septembre et la Guerre en Irak'', Paris, Presses de la Renaissance, 2003
*''Le Monde après le 11 septembre et la Guerre en Irak'', Paris, Presses de la Renaissance, 2003
*''Le monde sans la Russie ? : A quoi conduit la myopie politique'', Paris, Economica, 2009
*''Le monde sans la Russie ? : A quoi conduit la myopie politique'', Paris, Economica, 2009
*{{ru}} ''Les rencontres au carrefour'' ({{lang|rtl|ru|Встречи на перекрестках}}), Moscou, 2014
*{{ru}} ''Les rencontres au carrefour'' ({{langue|rtl|ru|Встречи на перекрестках}}), Moscou, 2014


==Notes et références==
==Notes et références==

Version du 5 janvier 2019 à 20:12

Ievgueni Primakov
Illustration.
Ievgueni Primakov en 1997.
Fonctions
Président du gouvernement russe

(8 mois et 1 jour)
Président Boris Eltsine
Prédécesseur Viktor Tchernomyrdine (intérim)
Sergueï Kirienko
Successeur Sergueï Stepachine
Ministre des Affaires étrangères

(2 ans, 8 mois et 1 jour)
Président Boris Eltsine
Prédécesseur Andreï Kozyrev
Successeur Igor Ivanov
Biographie
Nom de naissance Евгений Максимович Примаков
Date de naissance
Lieu de naissance Kiev (République socialiste soviétique d'Ukraine, URSS)
Date de décès (à 85 ans)
Lieu de décès Moscou (Russie)
Nationalité Soviétique puis Russe

Ievgueni Primakov
Présidents du gouvernement russe

Ievgueni Maximovitch Primakov, plus souvent orthographié Evgueni Primakov (en russe : Евгений Максимович Примаков), né le à Kiev et mort le à Moscou[1], est un ancien président du Soviet de l'Union et président du gouvernement de la Fédération de Russie[2].

Ancien haut responsable du KGB à l'époque soviétique[3], il a été ministre des Affaires étrangères russe de janvier 1996 à septembre 1998, et président du gouvernement de cette date jusqu'au 12 mai 1999[2].

En tant que ministre des Affaires étrangères, il a opéré un changement de diplomatie vis-à-vis des États-Unis, passée d'un soutien inconditionnel à l'affirmation de l'intérêt national. Fin connaisseur du monde arabe, il demeurait un émissaire actif du Kremlin au Proche-Orient[4]. Il a pu être surnommé le « Kissinger russe » grâce à une politique étrangère prudente[5].

Biographie

Formation

Primakov est né à Kiev, en RSS d'Ukraine et a grandi à Tbilissi, en RSS de Géorgie. Son père a disparu dans le Goulag en 1937[6]. Sa mère née Anna Yakovlevna Primakova (1896-1972) était gynécologue et cousine du physiologiste Yakov Kirchenblat (ru). Sa grand-mère maternelle était juive de naissance et épousa contre la volonté de son père (propriétaire d'un moulin) un simple ouvrier russe orthodoxe du nom de Primakov. Ils se sont installés ensuite à Tiflis (aujourd'hui Tbilissi) et son mari est devenu petit entrepreneur dans la construction de routes[7].

Primakov dans les années 1970.

Evgueni Primakov étudie d'abord comme cadet de la marine en 1944 à l'École de la marine militaire de Bakou, mais il interrompt ses études en 1946 à cause d'un début de tuberculose et termine ses études secondaires à Tbilissi. Il étudie au département d'arabe de l'Institut d'État d'études orientales de Moscou où il devient l'ami de Julian Semenov. Il en sort diplômé en 1953. Il effectue ensuite des travaux à l'Université d'État de Moscou à la faculté d'économie.

Il commence sa carrière à l'Institut d'économie mondiale et des relations internationales de l'Académie des sciences (qui porte son nom aujourd'hui). De 1956 à 1970, il a été journaliste pour la radio soviétique et correspondant au Moyen-Orient pour la Pravda. Il effectue son premier voyage à l'étranger en 1957 sur une croisière en méditerranée orientale. Il habite de 1965 à 1970 au Caire comme correspondant de la Pravda. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Gaafar Nimeiry. En 1969, il se rend à Bagdad où il fait la connaissance de Saddam Hussein et plus tard de Tarek Aziz (à l'époque rédacteur-en-chef du journal Al-Thawra) dont il deviendra proche. Il se rend aussi à plusieurs reprises chez Massoud Barzani. De 1970 à 1977, il est directeur adjoint de l'Institut d'économie et de relations internationales de l'Académie des sciences. Parlant couramment l'arabe, il est directeur de l'Institut d'études orientales de l'Académie des sciences de 1977 à 1985. Durant cette période, il a dirigé la rédaction de nombreuses thèses universitaires, dont celle de Mahmoud Abbas (président de l'Autorité palestinienne depuis 2005). De 1985 à 1989, il retourne à l'Institut d'économie et de relations internationales en tant que directeur[8].

Les débuts politiques (1989-1991)

Il entame une carrière politique en 1989, en tant que Président du Soviet de l'Union, l'une des deux chambres du Parlement soviétique. De 1990 à 1991, il est membre du Conseil présidentiel de Mikhaïl Gorbatchev. Il est l'envoyé spécial de ce dernier en Irak et s'entretient avec Saddam Hussein, alors que la Guerre du Golfe se prépare[9].

À la direction des renseignements extérieurs

Après le coup d'État manqué d'août 1991 contre Gorbatchev, Primakov est nommé Premier Président adjoint du KGB[3],[10].

Le 26 décembre 1991, il est nommé Directeur du Service des renseignements extérieurs de Russie, le SVR, poste qu'il occupe jusqu'en 1996.

Oukase n°316 du 26 décembre 1991 de nomination de Primakov au poste de directeur du SVR

Ministre des Affaires étrangères (1996-1998)

De janvier 1996 jusqu'à septembre 1998, il occupe le poste de ministre des Affaires étrangères. Il y jouit d'une certaine estime en tant que défenseur farouche des intérêts de la Russie, et en tant qu'opposant à l'expansion de l'OTAN dans l'ancien Bloc soviétique, bien que le 27 mai, après cinq mois de négociations avec le secrétaire général de l'OTAN Javier Solana, la Russie signe l'Acte fondateur qui marque la fin des hostilités de la Guerre froide[11].

Il se fait l'avocat du multilatéralisme, en tant qu'alternative, après l'effondrement de l'URSS, à l'hégémonie mondiale des États-Unis. Il défend une politique étrangère fondée sur des médiations peu coûteuses et l'expansion au Moyen-Orient ainsi que dans les anciennes républiques soviétiques. Il soutient le « triangle » stratégique Russie, Chine, Inde pour contrebalancer l'influence américaine[12].

Président du gouvernement (1998-1999)

La tentative échouée pour reconduire Viktor Tchernomyrdine comme président du gouvernement (la Douma s'y opposa en septembre 1998) conduit Eltsine à se tourner vers Primakov, susceptible de réaliser le compromis. Primakov met en œuvre des réformes difficiles, mais réussies pour la plupart (réforme fiscale notamment)[13]. Son opposition à l'unilatéralisme américain lui vaut une grande popularité en Russie, mais la posture défiante vis-à-vis de l'Occident adoptée lors des frappes au Kosovo empêche la Russie de peser sur l'évolution de l'ex-Yougoslavie. Il fait sensation le 22 mars 1999 en ordonnant en plein vol au commandant de bord de son avion qui devait se rendre aux États-Unis, afin qu'il puisse effectuer une visite officielle à Washington, de rentrer immédiatement à Moscou en signe de protestation, alors que les premières bombes de l'OTAN s'abattent sur Belgrade[14].

Alors que le Parti communiste de la Fédération de Russie prépare une procédure de destitution du président Eltsine, Primakov refuse de renvoyer les ministres communistes du gouvernement. Le 12 mai 1999, il est congédié par Eltsine et remplacé par Sergueï Stepachine.

Avec le soutien du parti La Patrie/Toute la Russie, Primakov s'oppose à Vladimir Poutine et au Parti de l'Unité russe. Les élections législatives de décembre 1999 donnent finalement l'avantage à ce dernier, et dans un message télévisé du 4 février 2000, Primakov abandonne la campagne présidentielle et finit par se rallier à Poutine. Il est l'émissaire de la Russie auprès de Saddam Hussein en mars 2003, pour tenter d'empêcher l'invasion de l'Irak.

En novembre 2004, il a témoigné en faveur de l'ancien président de la République fédérale de Yougoslavie Slobodan Milošević, jugé pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide.

Président de la Chambre de commerce et d'industrie (2001 - 2011)

De décembre 2001 à 2011, Evgueni Primakov préside la Chambre de commerce et d'industrie de la Fédération de Russie. Il a obtenu en 2006 le limogeage des ministres des Finances et du Commerce extérieur et imposé une rupture avec les dogmes utra-libéraux[15].

Sous son influence, le Fonds de stabilisation abondé par les exportations de gaz et de pétrole a été affecté au développement du territoire et à la relance de la consommation intérieure, au risque de provoquer une poussée inflationniste.

Il quitte ses fonctions en 2011 et se retire de la vie publique[2].

Famille

  • Il épouse en 1951 Laura Vassilievna Kharadzé (1930-1987), étudiante à l'Institut polytechnique de Tbilissi, dont il a deux enfants :
    • Alexandre (1954-1981), aspirant au doctorat à l'Institut des études orientales de Moscou ; souffrant de myocardite, il meurt d'une crise cardiaque.
      • Evgueni (né en 1976), journaliste sous le pseudonyme d'Evgueni Sandro, orientaliste[16] et présentateur à la télévision sur la chaîne Rossiya 24 de l'émission Revue internationale. Père de quatre enfants.
    • Nana (née en 1962), épouse le fils de l'académicien spécialiste d'immunologie Bakhoutachvili, dont elle a deux filles: Alexandra (née en 1982) et Maria (née en 1997).
  • Après son veuvage, il épouse en secondes noces Irina Borissovna Bokareva (née en 1952).

Décorations

Décorations soviétiques

Décorations russes

Décorations étrangères

Distinctions

Publications

  • Au cœur du pouvoir : Mémoires politiques, Paris, Editions des Syrtes, 2002
  • Le Monde après le 11 septembre et la Guerre en Irak, Paris, Presses de la Renaissance, 2003
  • Le monde sans la Russie ? : A quoi conduit la myopie politique, Paris, Economica, 2009
  • (ru) Les rencontres au carrefour (Встречи на перекрестках), Moscou, 2014

Notes et références

  1. « Mort d'Evgueni Primakov, éminent homme politique russe », sur rt.com,
  2. a b et c « Evgueni Primakov », sur universalis.fr
  3. a et b Zbigniew Brzezinsk et al., Russia and the Commonwealth of Independent States, Center for Strategic and International Studies, Sharpe, 1997, p. 122.
  4. « La lutte au Proche-Orient et ses conséquences : interview de Evgueni Primakov », sur fr.rbth.com,
  5. « Mort d’Evguéni Primakov, le “Kissinger russe” », sur courrierinternational.com,
  6. (en) Article du 18 juillet 2015, in The Economist
  7. Il meurt dans une bagarre contre des voleurs kurdes sur un chantier en Turquie
  8. « Evgueni Primakov, orientaliste cultivé, ouvert sur le monde », sur la-croix.com,
  9. « Evgueni Primakov, atout-maître de la Russie dans la crise », sur lorientlejour.com,
  10. Richard Trahair, Encyclopedia of Cold War Espionage, Enigma, 2012, p. 346.
  11. nato.int
  12. « La doctrine Primakov », sur legrandcontinent.eu,
  13. « Evgueni Primakov : fin d'un dinosaure soviétique », sur liberation.fr,
  14. « Ancien maître espion et premier ministre russe, Evgueni Primakov est mort », sur lemonde.fr,
  15. « Evgueni PRIMAKOV », sur editions-syrtes.com
  16. (ru) Reportage sur la Bande de Gaza en 2009

Liens externes