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Un '''composé aromatique''' est un [[composé organique]] qui contient un [[Composé cyclique|système cyclique]] respectant la [[règle de Hückel|règle d'aromaticité de Hückel]] : le système cyclique doit être plan et posséder (4''n'' + 2) [[électron]]s [[mésomérie|délocalisés]] dans un système cyclique, ''n'' étant le nombre de cycles constituant le système cyclique. Si le cycle contient des éléments autres que le carbone et l'hydrogène, on parle d'[[hétérocycle]] aromatique.
En [[chimie organique]], les '''composés aromatiques''' sont des [[Molécule|molécules]] telles que le [[benzène]] ou les [[terpène|terpènes]] dont les atomes forment des [[Géométrie moléculaire|structures]] cycliques et planes particulièrement [[Stabilité moléculaire|stables]]. Le terme "aromatique", introduit par [[August Wilhelm von Hofmann]] en 1855, fait référence au fait que ces composés peuvent avoir une [[odeur]] forte contrairement aux [[Alcane|hydrocarbures saturés]] bien qu'on sache aujourd'hui qu'il n'existe pas de relation directe entre les propriétés [[Olfaction|olfactives]] et l''''aromaticité''' chimique. Celle-ci est en effet définie pour un [[composé organique]] contenant un [[Composé cyclique|système cyclique]] par la [[règle de Hückel|règle d'aromaticité de Hückel]] : le système cyclique doit être plan et posséder (4''n'' + 2) [[électron]]s [[mésomérie|délocalisés]], ''n'' étant le nombre de cycles constituant le système cyclique. Si le cycle contient des éléments autres que le carbone et l'hydrogène, on parle d'[[hétérocycle]] aromatique.


== Aromaticité du benzène ==
== Aromaticité du benzène ==
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Le modèle des hydrocarbures aromatiques est le [[benzène]] {{fchim|C|6|H|6}}, constitué d'un cycle à 6 [[atome]]s de [[carbone]] formant un hexagone régulier et comportant six électrons délocalisés. La représentation de ce système est un hexagone dans lequel trois [[Liaison double|liaisons doubles]] alternent avec trois [[Liaison simple|liaisons simples]]. Les six liaisons sont de longueur identique, intermédiaire entre les longueurs de la simple et de la double liaison.
Le modèle des hydrocarbures aromatiques est le [[benzène]] {{fchim|C|6|H|6}}, constitué d'un cycle à 6 [[atome]]s de [[carbone]] formant un hexagone régulier et comportant six électrons délocalisés. La représentation de ce système est un hexagone dans lequel trois [[Liaison double|liaisons doubles]] alternent avec trois [[Liaison simple|liaisons simples]]. Les six liaisons sont de longueur identique, intermédiaire entre les longueurs de la simple et de la double liaison.


[[Fichier:Benzene mesomery.png|vignette|Formes mésomères du benzène]]
[[Fichier:Benzene mesomery.png|vignette|Les deux formes mésomères du benzène et la notation de la forme aromatique "moyenne"]]
Le modèle développé par [[Friedrich Kekulé von Stradonitz|Kékulé]] pour le benzène consiste en deux formes mésomères, qui correspondent aux liaisons doubles et simples changeant de positions. Une autre représentation est celle de la {{nobr|liaison π}} au-dessus ou sous l'anneau. Ce modèle représente plus correctement la position de la densité d'électron dans l'anneau aromatique.
Le modèle développé par [[Friedrich Kekulé von Stradonitz|Kékulé]] pour le benzène consiste en deux formes [[Mésomérie|mésomères]], qui correspondent aux liaisons doubles et simples changeant de positions. Une autre représentation est celle de la {{nobr|[[liaison π]]}} au-dessus ou sous l'anneau. Ce modèle représente plus correctement la position de la densité d'électron dans l'anneau aromatique.


== Définition théorique ==
== Définition théorique ==
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Un composé organique est dit '''aromatique''' quand il satisfait aux conditions suivantes :
Un composé organique est dit '''aromatique''' quand il satisfait aux conditions suivantes :
# présence d'un cycle comportant un [[Liaison π|système π]] conjugué, formé de liaisons doubles et/ou de doublets non-liants ;
# présence d'un cycle comportant un [[Liaison π|système π]] conjugué, formé de liaisons doubles et/ou de doublets non-liants ;
# chaque atome du cycle comporte une orbitale p ;
# chaque atome du cycle comporte une [[Orbitale atomique|orbitale]] p ;
# les orbitales p se recouvrent (système π conjugué), la molécule étant plane au niveau de ce composé cyclique ;
# les orbitales p se recouvrent (système π conjugué), la molécule étant plane au niveau de ce composé cyclique ;
# la délocalisation des électrons π entraîne une diminution de l'énergie de la molécule.
# la délocalisation des électrons π entraîne une diminution de l'[[Transition électronique moléculaire|énergie de la molécule]].


Si les trois premiers critères sont satisfaits, mais que la délocalisation entraînerait une augmentation de l'énergie, le composé est dit [[anti-aromaticité|anti-aromatique]].
Si les trois premiers critères sont satisfaits, mais que la délocalisation entraînerait une augmentation de l'énergie, le composé est dit [[anti-aromaticité|anti-aromatique]].
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En présence d'un composé cyclique avec des liaisons π conjuguées dont la délocalisation des {{nobr|électrons π}} entraîne une énergie similaire, on est en présence d'un ''composé non-aromatique'', soit [[composé aliphatique|aliphatique]].
En présence d'un composé cyclique avec des liaisons π conjuguées dont la délocalisation des {{nobr|électrons π}} entraîne une énergie similaire, on est en présence d'un ''composé non-aromatique'', soit [[composé aliphatique|aliphatique]].


Les [[fullerène]]s comme le {{fchim|C|60}} ont des propriétés aromatiques, bien qu'ils ne soient pas globalement plans.
Les [[fullerène]]s comme le {{fchim|C|60}} ont des propriétés semblables aux composés aromatiques (ils ont une forme cyclique), bien qu'ils ne soient pas globalement plans.


== Énergie de stabilisation ==
== Énergie de stabilisation ==

Version du 16 août 2015 à 12:12

En chimie organique, les composés aromatiques sont des molécules telles que le benzène ou les terpènes dont les atomes forment des structures cycliques et planes particulièrement stables. Le terme "aromatique", introduit par August Wilhelm von Hofmann en 1855, fait référence au fait que ces composés peuvent avoir une odeur forte contrairement aux hydrocarbures saturés bien qu'on sache aujourd'hui qu'il n'existe pas de relation directe entre les propriétés olfactives et l'aromaticité chimique. Celle-ci est en effet définie pour un composé organique contenant un système cyclique par la règle d'aromaticité de Hückel : le système cyclique doit être plan et posséder (4n + 2) électrons délocalisés, n étant le nombre de cycles constituant le système cyclique. Si le cycle contient des éléments autres que le carbone et l'hydrogène, on parle d'hétérocycle aromatique.

Aromaticité du benzène

Le modèle des hydrocarbures aromatiques est le benzène C6H6, constitué d'un cycle à 6 atomes de carbone formant un hexagone régulier et comportant six électrons délocalisés. La représentation de ce système est un hexagone dans lequel trois liaisons doubles alternent avec trois liaisons simples. Les six liaisons sont de longueur identique, intermédiaire entre les longueurs de la simple et de la double liaison.

Les deux formes mésomères du benzène et la notation de la forme aromatique "moyenne"

Le modèle développé par Kékulé pour le benzène consiste en deux formes mésomères, qui correspondent aux liaisons doubles et simples changeant de positions. Une autre représentation est celle de la liaison π au-dessus ou sous l'anneau. Ce modèle représente plus correctement la position de la densité d'électron dans l'anneau aromatique.

Définition théorique

Un composé organique est dit aromatique quand il satisfait aux conditions suivantes :

  1. présence d'un cycle comportant un système π conjugué, formé de liaisons doubles et/ou de doublets non-liants ;
  2. chaque atome du cycle comporte une orbitale p ;
  3. les orbitales p se recouvrent (système π conjugué), la molécule étant plane au niveau de ce composé cyclique ;
  4. la délocalisation des électrons π entraîne une diminution de l'énergie de la molécule.

Si les trois premiers critères sont satisfaits, mais que la délocalisation entraînerait une augmentation de l'énergie, le composé est dit anti-aromatique.

En pratique, le 4e critère est traduit par la règle de Hückel : la délocalisation entraîne une diminution de l'énergie de la molécule (et donc, une stabilisation de cette dernière) si le nombre d'électrons π est égal à (4n + 2), où n est un entier positif ou nul. À l'inverse, les composés anti-aromatiques (lorsque la délocalisation des électrons entraîne une augmentation de l'énergie, et donc une perte de stabilité) possèdent 4n électrons π. Cette règle est valable pour les composés relativement simples, possédant au plus quelques cycles, au-delà, il faut avoir recours à d'autres méthodes, semi-empiriques ou faisant appel à la mécanique quantique.

En présence d'un composé cyclique avec des liaisons π conjuguées dont la délocalisation des électrons π entraîne une énergie similaire, on est en présence d'un composé non-aromatique, soit aliphatique.

Les fullerènes comme le C60 ont des propriétés semblables aux composés aromatiques (ils ont une forme cyclique), bien qu'ils ne soient pas globalement plans.

Énergie de stabilisation

Nom Formule brute Énergie de stabilisation
(kJ⋅mol-1)
Benzène C6H6 150
Furane C4H4O 16
Pyrrole C4H5N 16
Thiophène C4H4S 17
Pyridine C5H5N 2,26
Naphtalène C10H8 71
Indole C8H7N 48
Quinoléine C9H7N 55
Anthracène C14H10 104
Carbazole C12H9N 83
Acridine C13H9N 107

Typologie

Dérivés du benzène

Les composés ci-dessous comportent un seul cycle aromatique à six atomes de carbone :

Hétérocycles aromatiques

Les hétérocycles sont une classe de composés dans lesquels un ou plusieurs atome(s) de carbone d'un composé cyclique est remplacé par un élément dit hétérogène comme l'oxygène, l'azote, le phosphore, le soufreetc. Les hétérocycles les plus courants contiennent un atome d'azote ou d'oxygène, par exemple :

Aromatiques polycycliques

Quelques arènes importants sont appelés HAP, hydrocarbure aromatique polycyclique (PAH en anglais). Ils sont composés de 4 à 7 cycles. Un HAP connu est le benzopyrène qui est très cancérogène. Les HAP forment une vaste famille de composés aux propriétés similaires.

Les HAP existent à l'état naturel dans le pétrole brut : on les appelle les hydrocarbures pétrogéniques. Ils se caractérisent par une forte proportion d'hydrocarbures aromatiques ramifiés, c'est-à-dire, substitués par des groupes alkyle. La pyrolyse et la combustion incomplète de matières organiques, comme l'incinération des déchets, la combustion du bois, du charbon, le fonctionnement des moteurs à essence ou des moteurs Diesel produisent aussi des HAP : on les appelle les hydrocarbures pyrogéniques. La combustion des cigarettes produit des HAP et contribue à la présence d'HAPs dans les bâtiments. Ces HAP, liés à l'activité humaine, sont peu ramifiés et ce sont surtout ceux-là qui sont présents dans notre environnement, généralement sous forme de mélanges plus ou moins complexes.

La présence de HAP dans l'environnement est préoccupante, essentiellement à cause de leurs propriétés cancérigènes. C'est le cas tout particulièrement le cas du benzopyrène, du benzoanthracène, du benzofluoranthène, de l'indéno pyrène et du benzopérylène.

La plupart des HAP sont assez résistants à la biodégradation. Cette dégradation se fait dans les couches superficielles du sol, grâce notamment à l'action de certaines bactéries. La majorité des HAP présents dans les eaux de surface ont une origine atmosphérique et, pour la plupart, sont adsorbés sur les sédiments.

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques pourraient être présents dans les poussières interstellaires. Ces molécules sont très résistantes aux conditions hostiles existant dans le milieu interstellaire et présentent des spectres en accord avec les raies observées dans les poussières interstellaires, notamment aux longueurs d'onde de 6,2 / 7,7 / 8,3 / 11,3 et 12,8 µm. Formées d'une vingtaine à quelques centaines d'atomes, ces molécules sont nettement plus grandes que les autres molécules détectées dans le milieu interstellaire.

En 1994, Moreels proposa la présence de phénanthrène dans la comète de Halley pour expliquer la raie à 3,28 μm, raie aussi observée dans plusieurs autres comètes[1].

Références

  1. Bockelée-Morvan et al., 1995.

Articles connexes