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L''''hypnopraxie''' est un néologisme venant de « hypno » (du grec ''Hypnos'' : sommeil), en lien avec les modifications de l'état de conscience comme processus thérapeutique de contact à l'intimité, et de « praxie » (du grec ''Praxis'' : action). La Praxie, c’est ce qui met en mouvement vers un but. Pour [[Michel Henry]], ce qui nous met en mouvement, c’est ce que nous éprouvons, notre manière propre d’éprouver les autres, les situations de vie, nous-même et le monde<ref>DARCIS D. «''Comment dire la praxis transcendantale chez Michel Henry ?''», Bulletin d'Analyse Phénoménologique, Volume 4 (2008), Numéro 3: Théorie et pratique (Actes n°1).</ref>. Les ressentis orientent nos yeux et nos oreilles, les mouvements de notre corps. "La praxie est la manière dont l’individu fait l’épreuve des situations de sa vie dans la chair"<ref name=":0">Vidéoconférence "''Hypnopraxie et Douleur''", OMS (Genève) en transmission directe à la Réunion, Dr G. CHEDEAU, 23 Mars 2013.</ref>.
<big>'''HYPNOPRAXIE'''</big>

L'Hypnopraxie est un néologisme venant de HYPNO (du grec ''Hypnos'' : sommeil), en lien avec les modifications de l'état de conscience comme processus thérapeutique de contact à l'intimité, et de PRAXIE (du grec ''Praxis'' : action). La Praxie, c’est ce qui met en mouvement vers un but. Pour [[Michel Henry]], ce qui nous met en mouvement, c’est ce que nous éprouvons, notre manière propre d’éprouver les autres, les situations de vie, nous-même et le monde<ref>DARCIS D. «''Comment dire la praxis transcendantale chez Michel Henry ?''», Bulletin d'Analyse Phénoménologique, Volume 4 (2008), Numéro 3: Théorie et pratique (Actes n°1).</ref>. Les ressentis orientent nos yeux et nos oreilles, les mouvements de notre corps. "La praxie est la manière dont l’individu fait l’épreuve des situations de sa vie dans la chair"<ref name=":0">Vidéoconférence "''Hypnopraxie et Douleur''", OMS (Genève) en transmission directe à la Réunion, Dr G. CHEDEAU, 23 Mars 2013.</ref>.


L'hypnopraxie est une approche thérapeutique inspirée de la phénoménologie. C’est une connaissance (Co-Naissance). Elle transforme autant le thérapeute dans sa fonction de soignant que le patient dans sa symptomatologie. Ce qui est visé, c’est cette manière propre du patient d’éprouver charnellement les autres et les situations de vie auxquels il est confronté. Il faut changer quelque chose en soi pour que notre monde change<ref>Propos du docteur Guy CHEDEAU, 6 janvier 2013, lors d'un cours de formation des professionnels de santé, Genève.</ref>.
L'hypnopraxie est une approche thérapeutique inspirée de la phénoménologie. C’est une connaissance (Co-Naissance). Elle transforme autant le thérapeute dans sa fonction de soignant que le patient dans sa symptomatologie. Ce qui est visé, c’est cette manière propre du patient d’éprouver charnellement les autres et les situations de vie auxquels il est confronté. Il faut changer quelque chose en soi pour que notre monde change<ref>Propos du docteur Guy CHEDEAU, 6 janvier 2013, lors d'un cours de formation des professionnels de santé, Genève.</ref>.

Version du 8 mars 2014 à 12:39

L'hypnopraxie est un néologisme venant de « hypno » (du grec Hypnos : sommeil), en lien avec les modifications de l'état de conscience comme processus thérapeutique de contact à l'intimité, et de « praxie » (du grec Praxis : action). La Praxie, c’est ce qui met en mouvement vers un but. Pour Michel Henry, ce qui nous met en mouvement, c’est ce que nous éprouvons, notre manière propre d’éprouver les autres, les situations de vie, nous-même et le monde[1]. Les ressentis orientent nos yeux et nos oreilles, les mouvements de notre corps. "La praxie est la manière dont l’individu fait l’épreuve des situations de sa vie dans la chair"[2].

L'hypnopraxie est une approche thérapeutique inspirée de la phénoménologie. C’est une connaissance (Co-Naissance). Elle transforme autant le thérapeute dans sa fonction de soignant que le patient dans sa symptomatologie. Ce qui est visé, c’est cette manière propre du patient d’éprouver charnellement les autres et les situations de vie auxquels il est confronté. Il faut changer quelque chose en soi pour que notre monde change[3].

L'hypnopraxie n'est pas liée à une technique ou à un protocole, mais liée essentiellement à une attitude et à un langage. C’est un processus d’intériorisation qui permet au patient de revisiter les évènements de son histoire[4]. On peut alors parler d'État Modifié d'Affect (EMA), et non plus d'État Modifié de Conscience (EMC) comme dans l'hypnose.

Ce courant thérapeutique est présentée pour la première fois au Congrès Mondial de Psychothérapie à Buenos-Aires en 2005 par le Dr. Guy CHEDEAU[5], fondateur de l'Hypnopraxie. Son livre « De l’Hypnose à l’Hypnopraxie» a été publié en 2011. Médecin psychothérapeute, il est diplômé de la Faculté de Médecine de Paris, fondateur et Président de l'Institut Milton Erickson de Genève depuis 1990, collaborateur du Docteur Jean GODIN (Psychiatre) à l'Institut Milton Erickson de Paris. Selon le Docteur Jean GODIN, "l’hypnose est un mode de fonctionnement psychologique, dans lequel un sujet, grâce à l’intervention d’une autre personne, parvient à faire abstraction de la réalité environnante, tout en restant en relation avec l’accompagnateur. Ce débranchement de l’orientation à la réalité, qui suppose un certain lâcher prise, équivaut à une façon originale de fonctionner, à laquelle on se réfère comme un état. Ce mode de fonctionnement particulier fait apparaitre des possibilités nouvelles"[6].

Historique de l'Hypnopraxie

Dans le Magnétisme hypnotique, le patient est magnétisé (Messmer)[7].

Dans l’Hypnose traditionnelle, le patient est passif. Le thérapeute utilise l'idéo-dynamisme (Bernheim 1911)[8] : toute idée suggérée tend à s'implanter dans la conscience[9].

Dans l’Hypnose Ericksonienne, le patient devient actif. Le thérapeute utilise des suggestions indirectes afin de mobiliser l’imagination du patient. Pourtant l’hypnose n’est pas qu’un phénomène intellectuel lié à la pensée ou l’imagination, déjà Milton Erickson, faisait allusion à un côté affectif. « L’hypnose, c’est une relation pleine de vie qui a lieu dans une personne et qui est suscitée par la chaleur d’une autre personne» (Milton Erickson).

Dans l’Hypnopraxie, d'inspiration phénoménologique, le patient est affectif[2]. Le thérapeute (à partir du discours du patient) utilise toutes les structures (penser, percevoir, ressentir, sentir…) afin de mobiliser l’éprouver du patient, c'est-à-dire sa capacité à ressentir. "Nous avons confondu la biologie et la vie" disait Michel Henry. La biologie, ce sont des mécanismes, la vie est faite de ces sentiments de bonheur ou de souffrance qui animent de manière différente les mécanismes selon ce qui est éprouvé. En hypnopraxie, la transe est affective, ce qui nous met en mouvement est ce que nous éprouvons. Nous créons des symptômes dans des transes émotionnelles, nous nous en libérons en revivant ces affects. C’est lorsque nous sommes touchés, dans le sens blessés, que nous générons des dysfonctionnements dans notre biologie et c’est lorsque nous sommes touchés, dans le sens soutenu, que nous nous en libérons. La Vie est affective dans son essence[10]. L’hypnopraxie prend en compte la corporéité, c'est-à-dire le corps affecté d’un sentiment et s’adresse à un inconscient biologique et à ses affectations biologiques[11].

De l'Hypnose à l'Hypnopraxie

La construction de l'Hypnose traditionnelle

On peut citer ces personnes qui ont contribué à l'évolution de l'hypnose traditionnelle, de façon notoire (liste non-exhaustive) :

Messmer (1734-1815), Puységur (1751-1825), Elliotson (1791-1868), Esdaile (1808-1859), Braid (1795-1860), Charcot (1825-1893) qui influencera Freud (1856-1939), Bernheim (1840-1919), Janet (1859-1947)...

L'Hypnose Ericksonienne

Pour Milton Erickson (1901-1980), "l'hypnose (appelée Hypnose Ericksonienne) correspond à un mode de fonctionnement psychologique dans lequel le sujet se détache de son environnement pour fonctionner à un niveau inconscient. Dans cet état, le sujet n'obéit pas, mais il répond aux propositions du thérapeute. L'état d'hypnose (...) est un état de travail actif de la part du patient"[11]. "Dans la transe thérapeutique de l'expérience hypnotique, les sujets vont recevoir quelque chose de l'intérieur d'eux-mêmes. (...) C'est le sujet en définitive qui va reconnaitre inconsciemment ce qui lui convient et qui va faire les choix fondamentaux en fonction de ses propres besoin[11].

Erickson apporte des spécificités : "La thérapie vient de l'intérieur du patient lui-même." "Le thérapeute fixe le cadre, le patient le remplit." "Une thérapie pour chaque patient."[12] "Encourager la résistance (du patient)", "Provoquer un changement et communiquer au moyen de métaphores", "Éviter l'introspection"...[13]

L'apport de la Phénoménologie

"La phénoménologie peut être considérée comme une approche scientifique de la subjectivité[4]".

Le projet de Hüsserl (1859-1938), créer une science de la conscience

La phénoménologie ambitionne d’être une science rigoureuse de la conscience. Phénomène vient de Phenomenon (grec) : ce qui apparaît à la conscience, ce qui se montre à la conscience. La conscience de la vie de tous les jours (conscience naturelle) croit naïvement percevoir les choses comme elles sont. La perception que l’on croit objective doit être remise en question par une mise entre parenthèse des habitudes, préjugés, a priori. Hüsserl (1859-1938), né en Moravie (actuelle République Tchèque), fondateur de la Phénoménologie, préconise une suspension du jugement (époché), c’est-à-dire revenir à un regard neuf, « aux choses elles-mêmes comme si c’était la première fois »[14]. La conscience doit pour cela diriger son attention vers ses propres vécus, vers sa manière propre (subjective) de se rapporter au monde et aux autres. "Connais-toi toi-même" disait l’oracle de Delphes (Gnothi seauton). Il s’agit de réapprendre à voir le monde, son monde.

L’hypnopraxie, d’inspiration phénoménologique, prend en compte cette vision du monde et l’expérience vécue par le patient. Elle va lui permettre de prendre conscience de ses intentionnalités (sa manière propre de viser le monde) et réapprendre à s’étonner. "L'homme a pour tâche de se révéler à lui-même"[15]. Par l’activation de structures spécifiques, le thérapeute peut amener le patient à « revenir aux choses comme si c’était la première fois » (Hüsserl[14]), et lui permettre d’aller au-delà de ses préjugés et interprétations pour envisager un autre fonctionnement par rapport au monde, une autre manière de se saisir de la vie (Praxie), pour se projeter et se dépasser (transcendance). Cela mobilise le thérapeute, qui doit lui aussi réaliser une épochè (mise en parenthèses, suspension des jugements) afin d’être au plus proche de l'éprouver du monde du patient. Il ne s’agit pourtant pas que d’une démarche psychologique, purement intellectuelle. L’Hypnopraxie utilise toutes les structures y compris celles des affects. Elle réalise un travail sur les vécus inconscients et son éprouver (la capacité de ressentir) qui peut affecter le corps et la chair par des effets psychosomatiques[4].

Heidegger (1889-1976), phénoménologie existentielle

L’Être, c'est le temps...

"Exister, c'est projeter de l’Être, tout en sélectionnant ce que nous pouvons être, et cela par les choix que nous opérons à chaque instant". Pour Heidegger, il y a ce que nous sommes là, maintenant (le Dasein) et tout un monde de possibles qui sont en nous (l’Être) et dans lequel nous puisons pour nous renouveler d’instant en instant[16]. Pour Heidegger, l’Être Humain génère un temps vécu, différent du temps des horloges. Ce temps intérieur est en rapport avec les souvenirs comme avec les projets, le passé et le futur influant sur notre présent. Ce temps vécu intérieurement, nos habitudes et nos perspectives animent notre conscience dans le présent. Le futur ultime est notre finitude. Nous organisons notre vie à notre insu, fonction de notre manière propre d’envisager notre mort.

L’hypnopraxie et le temps vécu, la fonction projective et réflexive de la conscience...

L’hypnose en général, et l’hypnopraxie en particulier, permettent un retour sur soi[4]. La conscience, au lieu de se projeter vers le monde, retourne à elle-même et observe ce qui se passe dans le monde intérieur, la manière propre d’éprouver dans le présent les évènements du passé ou les projets d’avenir. Si les faits sont passés, le vécu que nous en avons est actif dans le présent. Ce qui est modifiable n’est pas le fait mais le vécu, c’est-à-dire ce que nous en ressentons encore maintenant. En revisitant notre vie, nous avons la possibilité de faire évoluer ce que nous en éprouvons maintenant, en nous projetant dans l’avenir avec espoir. Nous modifions notre manière d’être présent au monde.

Levinas (1906-1995) et l'altérité

À la suite d'Hüsserl et d'Heidegger, Levinas pose la notion d'autrui. C'est l'Autre qui permet la sortie d'un « enfermement » en Soi[17]. Ce qui nous fait sortir de nous, c'est le sentiment de l'autre, l'épreuve que nous faisons de sa présence.

L’hypnopraxie est une thérapie humaniste centrée sur le lien (AIDA de Kimura BIN[18]) : ce qui est entre et qui unit les êtres, ce flux de l’affect. Les opinions, les compréhensions nous séparent, notre capacité d’aimer nous uni. La relation à l’autre est aussi ce qui permet la transformation (Transe-Formation). L’autre (le thérapeute), par sa différence, m’oblige à sortir de moi-même, à aller au-delà de ce que je suis actuellement. L’autre me libère de mon ego-centrage, de mes conceptions figées, de mes éprouvés bloqués. L’autre me donne, en ce sens, une nouvelle liberté. Il m’ouvre à la responsabilité dans ma manière propre d’expérimenter l’existence. L’arbre qui se reflète dans l’étang traduit cette expérience que j’ai de l’autre en moi. Si le vent des émotions souffle très fort, le reflet en est d’autant plus déformé. L’autre en moi est une activité. Je peux le vivre par delà ce qu’il est, comme bonheur ou souffrance selon mes propres états émotionnels.

Merleau-Ponty (1908-1961) et la perception

Pour Merleau-Ponty, "l’union de l'âme et du corps n’est pas scellée par un décret arbitraire entre deux termes extérieurs, l’un objet, l’autre sujet. Elle s’accomplit à chaque instant dans le mouvement de l’existence. C’est l’existence vécue que nous avons trouvée dans le corps"[19]. Le vécu de la psyché est incarné dans le corps. C'est ce qu'on peut retrouver notamment dans les maladies fonctionnelles et psychosomatiques.

En hypnopraxie, agir sur le ressenti des événements peut permettre d'atténuer ou de faire disparaître les symptômes engendrés par des expériences de vie difficile.

Henry (1922-2002), une Phénoménologie de la Vie

Avec Michel Henry, nous parlons de phénoménologie matérielle, c'est à dire un tissu, une matière pathétique, une affectivité qui s'évalue à son origine en faisant l'épreuve de Soi. "Je connais le monde non pas à travers ce qu'il est mais par ce que j'en éprouve dans ma chair. Un chez-soi où tout se joue[20]". Ce que l'on ressent imprègne notre chair, peut-être même avant la conscience. Ce phénoménologue souligne que de tout temps, nous avons confondu la biologie et la vie.

En hypnopraxie, le Dr Chedeau précise que les phénomènes biologiques sont des mécanismes animés différemment selon les états d'âme de la personne humaine. "L'hypnopraxie est une thérapie de ce qui s'éprouve, se révèle - et se transforme - au niveau de la Corporéité (corps habité d'un sentiment) dans l'immédiateté[4]".

L’Hypnopraxie, une thérapie de la vie

L’hypnopraxie s’intéresse au-delà des modifications de l’état de conscience à la transe affective. Nos états sensibles se modifient continuellement et engendrent des modifications somatiques ou conceptuelles en permanence. Les symptômes qui se manifestent dans la psyché ou le soma sont liés à ce langage du pathos : le pathos logos (la pathologie).

"La thérapie hypnopraxique est une thérapie du lien (...). Pour la Praxie, ce qui compte ce n'est pas ce qui se passe mais la manière de le vivre, c'est-à-dire l'éprouver, le lien en soi-même de ce qui est à vivre[4]". L'hypnopraxie consiste à orienter le monde intérieur du patient par un mode de présence et un mode langagier[4].

C'est une thérapie de l'instantanéité  : chaque moment prend son importance. Lors de la séance, chaque mot prononcé par le thérapeute est une orientation, du patient vers le sens et l'éprouver qu'il donne à ses vécus.

Il s'agit d'une thérapie structurelle. Les structures sont en relation avec les actes qu'un être a le pouvoir de vivre: percevoir, se mouvoir, penser, imaginer, se souvenir, se projeter... Une approche structurelle consiste en une réactivation des capacités sous-utilisées et une modération des capacités sur-utilisées.

Il s'agit d'un travail d'intégration et d'unification. L'hypnopraxie permet d'agir sur le vécu d'un symptôme, pas sur le symptôme lui-même. Le symptôme, c'est l'expression corporelle du ressenti affectif négatif de la personne, un signal d'alarme au niveau de la conscience (celle du patient et/ou du thérapeute et/ou de son environnement). Il est à prendre en compte, et dans une globalité du patient. Cette notion rejoint la philosophie de l'ethnopsychiatrie.

Il s'agit également d'une approche des valeurs de la personne humaine, en ce sens que nos valeurs organisent notre orientation à la vie.

Thérapeutes et thérapie

Le monde sensible qui anime les mécanismes biologiques est le véritable enjeu de la thérapie. La pathologie, c’est aussi l’expression d'une souffrance, s’exprimant à travers des mécanismes biologiques. L'hypnopraxie, au delà de l’approche psycho-thérapeutique ou psychosomatique, s’adresse à tous les soignants (médecins, médecins spécialistes, psychologues, infirmiers, pharmaciens, sages-femmes, kinésithérapeutes, orthophonistes, psychothérapeutes, ostéopathes, sophrologues…).

C’est l’approche globale de la personne humaine qui prend en compte, par delà le symptôme, l’histoire de vie et son implication somatique. «Une thérapie pour chaque patient» disait Milton Erickson. Le patient aspire à une aide personnalisée.

Le thérapeute qui pratique l’hypnopraxie apprend à entendre avec sa sensibilité, à partager avec les manifestations charnelles d'un éprouver invisible. L'enjeu est de provoquer une ré-évaluation au sein de l'intimité affective de chacun. Le thérapeute doit être congruent et faire la mise entre parenthèse (ou épochè) de ses propres valeurs.

Les indications et les limitations

L’hypnopraxie entre dans le cadre des psychothérapies et de la médecin psychosomatique[21].

Nous pouvons citer comme domaines d'application la prise en charge de l'angoisse (l'agoraphobie, la phobie sociale, les troubles obsessionnels compulsifs, l'anxiété généralisée, troubles de l'humeur, troubles du comportement alimentaire…), de la douleur, l'accompagnement de fin de vie, la pédiatrie, les addictions... Une étude en Neuropsychologie concernant le traitement de la sclérose en plaque a montré l'efficacité de l'Hypnopraxie concernant l'amélioration de la fatigue chronique des patients atteints[22].

Durant la séance, un lâcher prise est, peut-être, observable. Ce n'est pas un état de détente mais la capacité à rencontrer son éprouver profond (transe). Cela se fait et se défait à chaque instant, sans être lié à une technique ou à une méthode mais à la qualité de l'accompagnement du thérapeute. Le lâcher prise, c'est la capacité à rencontrer le fond de sa vie : l'affect (le pathos).

L’hypnopraxie ne peut être envisageable chez des patients présentant un risque de débordement émotionnel, pouvant engendrer une dissociation. Ainsi, toute pathologie psychiatrique avérée est une contre-indication (état paranoïaque, risque suicidaire, troubles bipolaires sévères, schizophrénies...). De même que toute situation pouvant dépasser les compétences du thérapeute. Il est parfois nécessaire de rester au stade d'hypnopraxie conversationnelle. Le thérapeute doit prendre en compte et respecter les limites et résistances du patient, ce qui permet à ce dernier d'évoluer à son propre rythme.

Le langage, la chair, l'éprouver

Le langage est une des clés de l’hypnopraxie: le langage du patient (verbal et non verbal) et le langage du thérapeute lors de toutes les séances. Discourir, c'est orienter la conscience de son interlocuteur.

En hypnopraxie, le discours est fait d'une suite de choix verbaux qui oriente vers un sens et un éprouver, le patient renseignant le thérapeute par son attitude et son éprouver sur la valeur et le sens qu'il donne au discours qu'il perçoit. Ainsi, le patient mobilise au fond de lui-même des sentiments, qu'il choisit ou non de communiquer à son thérapeute. L’hypnopraxie permet de respecter le secret et l’intimité, le vécu de la séance n’ayant pas la nécessité d’être partagé avec le thérapeute.

Le thérapeute observe les réactions du patient à chaque instant pour continuer à orienter en permanence la séance. Le patient travaille à son rythme et va où son âme le porte. Nombre de thérapies portent sur la prise de conscience, susciter une compréhension qui permette de se repositionner. L'approche thérapeutique causale est souvent la norme: cherchez le pourquoi et vous trouverez la solution. Mais connaître les raisons de sa souffrance n'est pas toujours ce qui apaise. Le souci principal du thérapeute doit être de découvrir ou, mieux encore, de faire découvrir les ressources, ignorées du patient, qui vont lui permettre d'opérer en lui une modification (Erickson)[23]. Il existe un éprouver de la chair avant toute rencontre avec le monde (Henry)[24], avant tout voir et cet éprouver ne découle pas directement des circonstances, il doit donc être considéré en lui même, par lui même. Ce n'est pas la pensée qui donne accès à la vie, c'est la vie qui permet à la pensée d'accéder à soi, de d'éprouver soi même[4].

Champs d'application et critiques

Être thérapeute de l'hypnopraxie se valide par un certain nombre d'étapes lors de la formation[21] (présence aux séminaires d'enseignements, présentation de supervisions analysées par les formateurs, validation d'un examen théorique écrit et enfin soutenance d'un mémoire). Ce mémoire est l'occasion pour chaque professionnel de santé d'appliquer l'hypnopraxie à son propre univers médical. Ainsi, quelque soit sa formation initiale, chaque thérapeute peut avoir accès à d'autres champs d'application, sources de nouveaux développements. Ce qui permet à l'hypnopraxie, courant thérapeutique récent, d'évoluer en bénéficiant de l'expérience humaine / scientifique de chaque thérapeute.

Pour citer quelques exemples :

- Mémoire du Dr R. DEVY (neurologue), "HYPNOSEP : Brief Hypnotherapy Treating Chronic Fatigue for Multiple Sclerosis Patients", Février 2013, présenté également au Congrès de Lyon en Octobre 2012: http://registration.akm.ch/einsicht.php?XNABSTRACT_ID=155894&XNSPRACHE_ID=2&XNKONGRESS_ID=171&XNMASKEN_ID=900

- Mémoire de Mme F. Yerli (infirmière), "De la Dissociation à la Responsabilité", Juin 2013.

- Mémoire de Mme E. Perrollaz (infirmière), "Gestion du Stress Professionnel, Prévention du Burn-Out et Hypnopraxie", Septembre 2013.

- Mémoire de Mme L. Rodet (orthophoniste), "L'Hypnopraxie, une voix et une voie... pour l'orthophonie", Septembre 2013.

- Création de cette page Wikipédia "Hypnopraxie", Mme C. MATHELET (pharmacienne) et Mr F. L. (infirmier) : une ouverture encyclopédique de cette notion évolutive, Octobre 2013.

- à compléter !

Vidéo de témoignages : http://www.hypnose-ericksonienne.org/De-l-Hypnose-a-l-Hypnopraxie-Dr-Guy-CHEDEAU_a492.html

Notes et références

  1. DARCIS D. «Comment dire la praxis transcendantale chez Michel Henry ?», Bulletin d'Analyse Phénoménologique, Volume 4 (2008), Numéro 3: Théorie et pratique (Actes n°1).
  2. a et b Vidéoconférence "Hypnopraxie et Douleur", OMS (Genève) en transmission directe à la Réunion, Dr G. CHEDEAU, 23 Mars 2013.
  3. Propos du docteur Guy CHEDEAU, 6 janvier 2013, lors d'un cours de formation des professionnels de santé, Genève.
  4. a b c d e f g et h CHEDEAU Guy, «De l’Hypnose à l'Hypnopraxie® , entre Âme et Conscience», Edition Hypsos, 2011 : http://www.hypnopraxie.com/lelivre.php. Google Books : http://books.google.fr/books?id=ClKDAgAAQBAJ&dq=hypnopraxie&hl=fr&sa=X&ei=dvjcUpO2CqfP0QWr0oCQAg&ved=0CDUQ6AEwAA
  5. En savoir plus sur le Dr G. CHEDEAU : http://www.hypnopraxie.com/ledirecteur.php
  6. GODIN J., "La Nouvelle Hypnose", Ed. A. Michel, 1991.
  7. BLONDEL C. (CNRS) "Le magnétisme animal du docteur Mesmer" : © Bibliothèque des Sciences et de l'Industrie/CSI. Paris. Date de mise en ligne : 30.11.2010. http://www.cite-sciences.fr/fr/bibliotheque-bsi/contenu/c/1248109000967/le-magnetisme-animal-du-docteur-mesmer/
  8. BERNHEIM H., "De la Suggestion", Paris , Albin Michel, 1911 (extraits : Ch . XIV-XV , 237-260)
  9. Institut de Nouvelle Hypnose et de psychosomatique, asbl : http://www.nouvellehypnose.com/content/view/173/127/
  10. SFETD, sous le patronage de l'ARS, Dr COLLARD O., Conférence du D. CHEDEAU G. lors de la 12ème "Journées Réunionnaises de la Douleur", Algo974 en 2013, accessible sur : http://www.algo974.org/ (texte projeté : http://www.algo974.org/2013/12emeJRD/Hypnopraxie-%20DLR-chronique-G-Chedeau.pdf)
  11. a b et c Extraits du document rédigé par le Dr GODIN J. (Docteur en Médecine, Spécialiste Psychiatre, Docteur en Lettres et Sciences Humaines, Président de l’Institut M. H. Erickson de Paris) et présenté par le Dr CHEDEAU G., «De l’Hypnose à l'Hypnopraxie® , entre Âme et Conscience», Édition Hypsos, 2011, 67-73.
  12. ERICKSON M., ROSSI E., "L'Homme de Février - Évolution de la Conscience et de l'Identité en Hypnothérapie", Édition Satas, 1945/1979/1989.
  13. HALEY J., "Un thérapeute hors du commun: Milton H. Erickson", Edition DDB, 1973/1984.
  14. a et b HUSSERL, "Idées directrices pour une Phénoménologie", 1913 - Gallimard
  15. Revue Officielle de la Fondation Alfonso Caycedo "Sophrologie Caycédienne®", Année XVII - 2ème trimestre 2011 - n°65, extrait de l'article du Dr CHEDEAU G. "Nous sommes tous des sophrologues", p16-19.
  16. HEIDEGGER M., "Être et Temps (Sein und Zeit)", 1927, Éditions Gallimard.
  17. LÉVINAS E., "Autrement qu’être", Éditions PUF, 1990.
  18. BIN K. "Entre onozukara et mizukara" Conférence de 1987, dans "Écrits de psychopathologie phénoménologique", PUF, 1992 : http://eduardo.mahieu.free.fr/Cercle%20Ey/Seminaire/Kimura.htm
  19. MERLEAU-PONTY, "La Phénoménologie de la Perception", 1945, Éditions Gallimard, page 105.
  20. HENRY M., "Incarnation. Une philosophie de la chair", Éditions du Seuil, 2000.
  21. a et b La formation est accessible aux professionnels de santé, par le Dr Guy CHEDEAU (Genève et Réunion) : http://www.hypnopraxie.com/laformation.php.
  22. DEVY R., P. Cormier, O. Anne, I. Devy-Gourdon, G. Chedeau, G. Edan (Saumur, Laval, La Rochelle, FR; Geneva, CH; Rennes, FR) "HYPNOSEP : Brief Hypnotherapy Treating Chronic Fatigue for Multiple Sclerosis Patients", présenté lors du 28th Congress of the european committee for treatment and research in multiple sclerosis, 10-13 Octobre 2012 - Abstract : http://registration.akm.ch/einsicht.php?XNABSTRACT_ID=155894&XNSPRACHE_ID=2&XNKONGRESS_ID=171&XNMASKEN_ID=900
  23. ROUSTANG F., "Influence", Paris, Minuit, 1990, p. 39.
  24. HENRY M., "Incarnation", éd. du Seuil, 2000 (§ 1-15, pp. 35-132)