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« Henry Kissinger » : différence entre les versions

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'''Henry Kissinger''' (prononciation américaine {{MSAPI|/ˈkɪsɪndʒɚ/}}), né '''Heinz Alfred Kissinger''' (prononciation allemande {{MSAPI|/haɪnts ˈalfʁɛt ˈkɪsɪŋɐ/}}) le {{date de naissance|27|mai|1923}} à [[Fürth]] en [[République de Weimar|Allemagne]] et mort le {{date de mort|29|novembre|2023}} à [[Kent (Connecticut)|Kent]] ([[Connecticut]], [[États-Unis]]), est un [[Diplomatie|diplomate américain]], [[Science politique|politologue]] et consultant en géopolitique.
'''Henry Kissinger''' (prononciation américaine {{MSAPI|/ˈkɪsɪndʒɚ/}}), né '''Heinz Alfred Kissinger''' (prononciation allemande {{MSAPI|/haɪnts ˈalfʁɛt ˈkɪsɪŋɐ/}}) le {{date de naissance|27|mai|1923}} à [[Fürth]] en [[République de Weimar|Allemagne]] et mort le {{date de mort|29|novembre|2023}} à [[Kent (Connecticut)|Kent]] ([[Connecticut]], [[États-Unis]]), est un [[Diplomatie|diplomate américain]], [[politologue]] et consultant en géopolitique.


[[Allemagne|Allemand]] de naissance, de [[Judaïsme|confession juive]], il émigre aux [[États-Unis]] en 1938 avec sa famille qui fuit les [[Juifs d'Allemagne sous le Troisième Reich|persécutions nazies]] et il est naturalisé américain en 1943. Interprète pour les [[Office of Strategic Services|services secrets américains]] durant la [[Seconde Guerre mondiale]] en Europe, il devient pour une courte période administrateur de la ville de [[Krefeld]].
[[Allemagne|Allemand]] de naissance, de [[Judaïsme|confession juive]], il émigre aux [[États-Unis]] en 1938 avec sa famille, qui fuit les [[Juifs d'Allemagne sous le Troisième Reich|persécutions nazies]], et est [[Naturalisation|naturalisé]] Américain en 1943. Interprète pour les [[Office of Strategic Services|services secrets américains]] durant la [[Seconde Guerre mondiale]] en Europe, il devient pour une courte période administrateur de la ville de [[Krefeld]].


De retour aux États-Unis en 1946, il étudie les sciences politiques à [[Université Harvard|Harvard]] avant de se lancer en politique. D'abord [[Conseiller à la sécurité nationale|conseiller à la sécurité nationale américaine]], il devient [[Secrétaire d'État des États-Unis|secrétaire d'État]] du gouvernement [[Parti républicain (États-Unis)|républicain]] de [[Richard Nixon]], poste qu'il occupe ensuite sous [[Gerald Ford]]. Promoteur de la ''[[Realpolitik]]'', il joue un rôle important dans la [[Politique étrangère des États-Unis|diplomatie américaine]] au cours de la [[guerre froide]] de 1968 à 1977, en étant notamment, en 1973, l'un des artisans de la signature des [[accords de paix de Paris]] tentant de mettre fin à la [[guerre du Viêt Nam]]. Il inspire la politique de la [[Détente (guerre froide)|Détente]] avec l’[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] et, au prix de nombreuses concessions à la [[République populaire de Chine|Chine]], normalise les [[Relations entre la Chine et les États-Unis|relations sino-américaines]] à partir de 1971.
De retour aux États-Unis en 1946, il étudie les sciences politiques à [[Université Harvard|Harvard]] avant de se lancer en politique. D'abord [[Conseiller à la sécurité nationale|conseiller à la sécurité nationale américaine]], il devient [[Secrétaire d'État des États-Unis|secrétaire d'État]] du gouvernement [[Parti républicain (États-Unis)|républicain]] de [[Richard Nixon]], poste qu'il occupe ensuite sous [[Gerald Ford]]. Promoteur de la ''[[Realpolitik]]'', il joue un rôle important dans la [[Politique étrangère des États-Unis|diplomatie américaine]] au cours de la [[guerre froide]] de 1968 à 1977, en étant notamment, en 1973, l'un des artisans de la signature des [[accords de paix de Paris]] tentant de mettre fin à la [[guerre du Viêt Nam]]. Il inspire la politique de la [[Détente (guerre froide)|Détente]] avec l’[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] et, au prix de nombreuses concessions à la [[République populaire de Chine|Chine]], normalise les [[Relations entre la Chine et les États-Unis|relations sino-américaines]] à partir de 1971.


Kissinger reçoit le [[prix Nobel de la paix]] en 1973 pour son action dans la résolution de la [[guerre du Viêt Nam]]. Ce prix est notamment marqué par la démission de deux membres du comité Nobel, en guise de protestation. Figure médiatique, souvent décrit comme brillant, il reste un personnage controversé, sa politique étrangère lui ayant créé de nombreuses inimitiés, aussi bien du côté de la [[gauche (politique)|gauche]] [[pacifisme|pacifiste]], que de certaines associations humanitaires et de la [[droite (politique)|droite]] [[Anticommunisme|anticommuniste]].
Kissinger reçoit le [[prix Nobel de la paix]] en 1973 pour son action dans la résolution de la guerre du Viêt Nam. Ce prix est notamment marqué par la démission de deux membres du [[comité Nobel]], en guise de protestation. Figure médiatique, souvent décrit comme brillant, il reste un personnage controversé, sa politique étrangère lui ayant créé de nombreuses inimitiés, aussi bien du côté de la [[Gauche (politique)|gauche]] [[Pacifisme|pacifiste]] que de certaines associations humanitaires et de la [[Droite (politique)|droite]] [[Anticommunisme|anticommuniste]].


Il contribue fortement aux [[relations entre les États-Unis et Israël]] en soutenant ce dernier pays dans la [[Guerre du Kippour|guerre israélo-arabe de 1973]]. Son rôle en [[Amérique latine]], notamment dans le renversement du président [[chili]]en [[Salvador Allende]] en 1973, est controversé, mais il parvient à sortir à peu près indemne du [[scandale du Watergate]].
Il contribue fortement aux [[relations entre les États-Unis et Israël]] en soutenant ce dernier pays dans la [[Guerre du Kippour|guerre israélo-arabe de 1973]]. Son rôle en [[Amérique latine]], notamment dans le renversement du président [[chili]]en [[Salvador Allende]] en 1973, est controversé, mais il parvient à sortir à peu près indemne du [[scandale du Watergate]].


Après son départ du gouvernement, il est fondateur de [[Kissinger Associates]] et en assure la présidence. Entreprise de [[Société de conseil|conseil]] en [[relations internationales]], elle a pour clients des [[multinationale|firmes multinationales]] qu'elle assiste dans leurs négociations de contrats commerciaux avec des [[État]]s. Il a par ailleurs écrit une douzaine d'ouvrages sur l'histoire diplomatique et les relations internationales.
Après son départ du gouvernement, il est fondateur de [[Kissinger Associates]] et en assure la présidence. Entreprise de [[Société de conseil|conseil]] en [[relations internationales]], elle a pour clients des [[Multinationale|firmes multinationales]] qu'elle assiste dans leurs négociations de contrats commerciaux avec des [[État]]s. Il a par ailleurs écrit une douzaine d'ouvrages sur l'histoire diplomatique et les [[relations internationales]].


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Enfance et formation ===
=== Enfance et formation ===


Henry Kissinger est né Heinz Alfred Kissinger le {{date de naissance|27|mai|1923}} à [[Fürth]] en [[Bavière]], dont il est plus tard devenu citoyen d'honneur, dans une famille [[Histoire des Juifs en Allemagne|juive allemande]]<ref name=":0">{{Lien web|langue = fr|titre = Henry Kissinger, 73 ans, ne vit que pour (et de) la diplomatie. Il publie un livre : coups de griffe et autojustification sur le Viêt-nam. Toujours pas diplomate|url = http://www.liberation.fr/monde/1996/11/11/henry-kissinger-73-ans-ne-vit-que-pour-et-de-la-diplomatie-il-publie-un-livre-coups-de-griffe-et-aut_188485|site = liberation.fr|date = 11 novembre 1996}}.</ref>. Son père, Ludwig Kissinger (1887-1982), est [[instituteur]]. Sa mère, Paula Stern Kissinger (1901-1998), est [[femme au foyer]]. Henry a un frère cadet, nommé Walter<ref>{{Lien web|langue = en|titre = The Kissinger Saga: Walter and Henry Kissinger by Evi Kurz: review|url = https://www.telegraph.co.uk/culture/books/bookreviews/5163952/The-Kissinger-Saga-Walter-and-Henry-Kissinger-by-Evi-Kurz-review.html|site = The Telegraph|date = 2009}}.</ref>. Le nom Kissinger est issu du choix fait en [[1817]] par l'arrière-arrière-grand-père d'Henry, Meyer Löb, de changer de patronyme. Il se serait pour cela inspiré du nom de la ville allemande de [[Bad Kissingen]]<ref>{{article |url texte=http://www.br-online.de/land-und-leute/artikel/0506/02-kissinger/index.xml?theme=print |titre=Die Kissingers in Bad Kissingen |périodique=Bayerischer Rundfunk |langue=de |jour=2 |mois=juin |année=2005|consulté le=2007-02-03}}.</ref>. En [[1938]], sa famille, fuyant les [[Histoire des Juifs en Allemagne|persécutions nazies]], part pour [[New York]] et s'installe à [[Washington Heights]] à [[Manhattan]]. Il est naturalisé américain le {{Date|19|juin|1943}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Harvey Starr|titre=Henry Kissinger|sous-titre=Preceptions of International Politics|éditeur=[[University Press of Kentucky]]|année=1984|passage=19|isbn=}}.</ref>.
Henry Kissinger est né Heinz Alfred Kissinger le {{date de naissance|27|mai|1923}} à [[Fürth]] en [[Bavière]], dont il est plus tard devenu citoyen d'honneur, dans une famille [[Histoire des Juifs en Allemagne|juive allemande]]<ref name=":0">{{Lien web|langue = fr|titre = Henry Kissinger, 73 ans, ne vit que pour (et de) la diplomatie. Il publie un livre : coups de griffe et autojustification sur le Viêt-nam. Toujours pas diplomate|url = http://www.liberation.fr/monde/1996/11/11/henry-kissinger-73-ans-ne-vit-que-pour-et-de-la-diplomatie-il-publie-un-livre-coups-de-griffe-et-aut_188485|site = liberation.fr|date = 11 novembre 1996}}.</ref>. Son père, Ludwig Kissinger (1887-1982), est [[instituteur]]. Sa mère, Paula Stern Kissinger (1901-1998), est [[femme au foyer]]. Henry a un frère cadet, nommé Walter<ref>{{Lien web|langue = en|titre = The Kissinger Saga: Walter and Henry Kissinger by Evi Kurz: review|url = https://www.telegraph.co.uk/culture/books/bookreviews/5163952/The-Kissinger-Saga-Walter-and-Henry-Kissinger-by-Evi-Kurz-review.html|site = The Telegraph|date = 2009}}.</ref>. Le nom Kissinger est issu du choix fait en 1817 par l'arrière-arrière-grand-père d'Henry, Meyer Löb, de changer de patronyme. Il se serait pour cela inspiré du nom de la ville allemande de [[Bad Kissingen]]<ref>{{article |url texte=http://www.br-online.de/land-und-leute/artikel/0506/02-kissinger/index.xml?theme=print |titre=Die Kissingers in Bad Kissingen |périodique=Bayerischer Rundfunk |langue=de |jour=2 |mois=juin |année=2005|consulté le=2007-02-03}}.</ref>. En 1938, sa famille, fuyant les [[Histoire des Juifs en Allemagne|persécutions nazies]], part pour [[New York]] et s'installe à [[Washington Heights]] à [[Manhattan]]. Il est naturalisé américain le {{Date|19|juin|1943}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Harvey Starr|titre=Henry Kissinger|sous-titre=Preceptions of International Politics|éditeur=[[University Press of Kentucky]]|année=1984|passage=19|isbn=}}.</ref>.


Écolier à [[Manhattan]], il ne perd pas son accent allemand, malgré une assimilation rapide de la [[Culture des États-Unis|culture américaine]], du fait d'une certaine timidité enfantine qui l'empêche de prendre la parole en classe<ref name="isaacson">{{Ouvrage |langue=en |auteur=Walter Isaacson |titre=Kissinger: A Biography |lieu=New York |éditeur=Simon & Schuster |année=1992 |isbn=0-671-66323-2}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|url texte=http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1198517217372&pagename=JPost/JPArticle/ShowFull |titre=Bygone Days: Complex Jew. Inside Kissinger's soul|périodique=Jerusalem Post |jour=26 |mois=12 |année=2007 |consulté le=2008-09-04}}.</ref>. Il suit les cours du soir dans son quartier à la {{Lien|langue=en|trad=George Washington Educational Campus|fr=George Washington Educational Campus|texte=George Washington High School}} pour travailler dans les usines le jour. Il entre ensuite dans le supérieur au [[City College of New York]], où il étudie la [[comptabilité]].
Écolier à [[Manhattan]], il ne perd pas son accent allemand, malgré une assimilation rapide de la [[Culture des États-Unis|culture américaine]], du fait d'une certaine timidité enfantine qui l'empêche de prendre la parole en classe<ref name="isaacson">{{Ouvrage |langue=en |auteur=Walter Isaacson |titre=Kissinger: A Biography |lieu=New York |éditeur=Simon & Schuster |année=1992 |isbn=0-671-66323-2}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|url texte=http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1198517217372&pagename=JPost/JPArticle/ShowFull |titre=Bygone Days: Complex Jew. Inside Kissinger's soul|périodique=Jerusalem Post |jour=26 |mois=12 |année=2007 |consulté le=2008-09-04}}.</ref>. Il suit les cours du soir dans son quartier à la {{Lien|langue=en|trad=George Washington Educational Campus|fr=George Washington Educational Campus|texte=George Washington High School}} pour travailler dans les usines le jour. Il entre ensuite dans le supérieur au [[City College of New York]], où il étudie la [[comptabilité]].
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=== Expérience militaire ===
=== Expérience militaire ===


En [[1943]], il arrête temporairement ses études pour recevoir un entrainement militaire élémentaire à Camp Croft ([[Spartanburg (Caroline du Sud)|Spartanburg]], [[Caroline du Sud]]), à la suite de sa naturalisation la même année. Il est d'abord envoyé au [[Lafayette College|collège Lafayette]] en [[Pennsylvanie]] pour étudier l'[[ingénierie]] mais le programme est annulé et Kissinger est réassigné à la [[84e division d'infanterie (États-Unis)|{{84e|division}} d'infanterie]]. Il y fait la connaissance de l'universitaire {{Lien|langue=en|fr=Fritz G. A. Kraemer}}, comme lui immigré allemand. Ce dernier remarque l'aisance d'Henry avec l'allemand et son intellect peu commun. Il s'arrange alors pour qu'il soit envoyé à la section de [[renseignement militaire]] de la division. Kissinger part ensuite en Europe avec sa division alors que la [[Seconde Guerre mondiale]] bat son plein, et est volontaire pour assurer des missions de renseignement non sans risques, notamment durant la [[bataille des Ardennes]]<ref>Isaacson, pages 39 à 48.</ref>{{,}}<ref name=LeSoir1>{{Lien web | url = http://archives.lesoir.be/la-compagnie-g-dans-les-combats-de-1944-un-gi-nomme-hen_t-19991102-Z0HFJF.html | titre = La compagnie « G » dans les combats de 1944 - Un GI nommé Henry Kissinger | auteur = Michel Hubin | année = {{date|2|novembre|1999}} | consulté le ={{date|22|mars|2015}}}}.</ref>.
En 1943, il arrête temporairement ses études pour recevoir un entrainement militaire élémentaire à Camp Croft ([[Spartanburg (Caroline du Sud)|Spartanburg]], [[Caroline du Sud]]), à la suite de sa naturalisation la même année. Il est d'abord envoyé au [[Lafayette College|collège Lafayette]] en [[Pennsylvanie]] pour étudier l'[[ingénierie]] mais le programme est annulé et Kissinger est réassigné à la [[84e division d'infanterie (États-Unis)|{{84e|division}} d'infanterie]]. Il y fait la connaissance de l'universitaire {{Lien|langue=en|fr=Fritz G. A. Kraemer}}, comme lui immigré allemand. Ce dernier remarque l'aisance d'Henry avec l'allemand et son intellect peu commun. Il s'arrange alors pour qu'il soit envoyé à la section de [[renseignement militaire]] de la division. Kissinger part ensuite en Europe avec sa division alors que la [[Seconde Guerre mondiale]] bat son plein, et est volontaire pour assurer des missions de renseignement non sans risques, notamment durant la [[bataille des Ardennes]]<ref>Isaacson, pages 39 à 48.</ref>{{,}}<ref name=LeSoir1>{{Lien web | url = http://archives.lesoir.be/la-compagnie-g-dans-les-combats-de-1944-un-gi-nomme-hen_t-19991102-Z0HFJF.html | titre = La compagnie « G » dans les combats de 1944 - Un GI nommé Henry Kissinger | auteur = Michel Hubin | année = {{date|2|novembre|1999}} | consulté le =22 mars 2015}}.</ref>.


À la suite de l'avancée de l'armée américaine sur le [[Allemagne nazie|territoire allemand]], Kissinger est assigné à la [[dénazification]] de la ville de [[Krefeld]] du fait du manque de germanophones dans l'équipe de renseignement de la division<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Harvey Starr|titre=Henry Kissinger|sous-titre=Preceptions of International Politics|éditeur=[[University Press of Kentucky]]|année=1984|passage=20|isbn=}}.</ref>. Ses origines et sa connaissance de la société allemande lui sont utiles dans sa tâche d'administrateur militaire de cette cité ouvrière : il parvient à supprimer tous les symboles nazis et mettre en place une nouvelle administration civile en seulement huit jours<ref>Isaacson, page 48.</ref>. Il est ensuite muté au [[Counter Intelligence Corps]] avec le grade de [[sergent]]. Il prend la tête d'une équipe à [[Hanovre]] chargée de pourchasser notamment les officiers de la [[Gestapo]], mission pour laquelle il reçoit la [[Bronze Star]]<ref>Isaacson, page 49.</ref>. En juin 1945, Kissinger passe commandant d'un détachement du CIC dans l'[[arrondissement de la Bergstraße]] dans le Land de [[Hesse (Land)|Hesse]]. Alors qu'il possède l'autorité et les pouvoirs nécessaires pour procéder à des arrestations immédiates, il prend toujours soin de ne pas en abuser et de ménager la population locale<ref>Isaacson, page 53.</ref>.
À la suite de l'avancée de l'armée américaine sur le [[Allemagne nazie|territoire allemand]], Kissinger est assigné à la [[dénazification]] de la ville de [[Krefeld]] du fait du manque de germanophones dans l'équipe de renseignement de la division<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Harvey Starr|titre=Henry Kissinger|sous-titre=Preceptions of International Politics|éditeur=[[University Press of Kentucky]]|année=1984|passage=20|isbn=}}.</ref>. Ses origines et sa connaissance de la société allemande lui sont utiles dans sa tâche d'administrateur militaire de cette cité ouvrière : il parvient à supprimer tous les symboles nazis et mettre en place une nouvelle administration civile en seulement huit jours<ref>Isaacson, page 48.</ref>. Il est ensuite muté au [[Counter Intelligence Corps]] (CIC) avec le grade de [[sergent]]. Il prend la tête d'une équipe à [[Hanovre]] chargée de pourchasser notamment les officiers de la [[Gestapo]], mission pour laquelle il reçoit la [[Bronze Star]]<ref>Isaacson, page 49.</ref>. En juin 1945, Kissinger passe commandant d'un détachement du CIC dans l'[[arrondissement de la Bergstraße]] dans le Land de [[Hesse (Land)|Hesse]]. Alors qu'il possède l'autorité et les pouvoirs nécessaires pour procéder à des arrestations immédiates, il prend toujours soin de ne pas en abuser et de ménager la population locale<ref>Isaacson, page 53.</ref>.


En 1946, Kissinger est réassigné en tant que professeur à l'European Command Intelligence School à {{lien|langue=en|Camp King}}, où il continuera de travailler même après son départ de l'armée<ref>Isaacson, page 55.</ref>{{,}}<ref>{{en}}{{article|url= https://www.pbs.org/thinktank/transcript1138.html|titre=Henry Kissinger at Large, Part One|date= 29 janvier 2004|périodique=PBS}}.</ref>.
En 1946, Kissinger est réassigné en tant que professeur à l'European Command Intelligence School à {{lien|langue=en|Camp King}}, où il continuera de travailler même après son départ de l'armée<ref>Isaacson, page 55.</ref>{{,}}<ref>{{en}}{{article|url= https://www.pbs.org/thinktank/transcript1138.html|titre=Henry Kissinger at Large, Part One|date= 29 janvier 2004|périodique=PBS}}.</ref>.
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=== Cursus universitaire et débuts en tant que conseiller ===
=== Cursus universitaire et débuts en tant que conseiller ===
[[Fichier:Henry Kissinger visit to Israel (997009326814505171).jpg|vignette|alt=Kissinger, 1961|Henry Kissinger en 1961.]]
[[Fichier:Henry Kissinger visit to Israel (997009326814505171).jpg|vignette|alt=Kissinger, 1961|Henry Kissinger en 1961.]]
Henry Kissinger obtient en [[1950]] une [[baccalauréat dans les systèmes universitaires anglo-saxons|licence]] en [[science politique]] à l'[[université Harvard]] avec la mention ''[[Mention honorifique|summa cum laude]]'' après avoir suivi les cours de William Yandell Elliott<ref>{{article|url=https://www.nytimes.com/books/98/12/06/specials/isaacson-kissinger.html?_r=1&oref=slogin|titre= Little Heinz And Big Henry|nom=Draper|prénom=Theodore|date=6 septembre 1992|périodique= New York Times|consulté le =12/06/2010}}.</ref>. Il obtient sa [[Maîtrise dans les systèmes universitaires anglo-saxons|maîtrise]] en [[1952]]. La même année il devient consultant auprès du directeur du {{Lien|langue=en|fr=Psychological Strategy Board}} en marge de ses études<ref name=nobelbio>{{lien web|url=http://nobelprize.org/nobel_prizes/peace/laureates/1973/kissinger.html|titre=Biographie d'Henry Kissinger|site= nobelprize.org|consulté le=12/06/2010}}.</ref>. En [[1954]], il devient docteur en [[science politique]] à l'[[université Harvard]], sa thèse sur la [[diplomatie]] entre 1812 et 1822 (''Peace, Legitimacy, and the Equilibrium — A Study of the Statesmanship of Castlereagh and Metternich —'') étant réputée la plus longue de l'histoire de l'université{{Référence souhaitée}}. Il y devient alors professeur au département des études gouvernementales, dont il devient directeur adjoint en [[1957]].
Henry Kissinger obtient en 1950 une [[baccalauréat dans les systèmes universitaires anglo-saxons|licence]] en [[science politique]] à l'[[université Harvard]] avec la mention ''[[Mention honorifique|summa cum laude]]'' après avoir suivi les cours de William Yandell Elliott<ref>{{article|url=https://www.nytimes.com/books/98/12/06/specials/isaacson-kissinger.html?_r=1&oref=slogin|titre= Little Heinz And Big Henry|nom=Draper|prénom=Theodore|date=6 septembre 1992|périodique= New York Times|consulté le =12/06/2010}}.</ref>. Il obtient sa [[Maîtrise dans les systèmes universitaires anglo-saxons|maîtrise]] en 1952. La même année, il devient consultant auprès du directeur du {{Lien|langue=en|fr=Psychological Strategy Board}} en marge de ses études<ref name=nobelbio>{{lien web|url=http://nobelprize.org/nobel_prizes/peace/laureates/1973/kissinger.html|titre=Biographie d'Henry Kissinger|site= nobelprize.org|consulté le=12/06/2010}}.</ref>. En 1954, il devient docteur en [[science politique]] à l'[[université Harvard]], sa thèse sur la [[diplomatie]] entre 1812 et 1822 (''Peace, Legitimacy, and the Equilibrium — A Study of the Statesmanship of Castlereagh and Metternich —'') étant réputée la plus longue de l'histoire de l'université{{Référence souhaitée}}. Il y devient alors professeur au département des études gouvernementales, dont il devient directeur adjoint en 1957.


Henry Kissinger est également nommé consultant à l'{{lien|langue=en|Operations Coordinating Board}} du [[Conseil de sécurité nationale (États-Unis)|Conseil de sécurité nationale]] en [[1955]]<ref name=nobelbio/>. La même année et en [[1956]], il est directeur d'étude des Affaires étrangères et Armes nucléaires au [[Conseil des relations étrangères]]. Il écrit l'année suivante un livre sur le sujet, ''Nuclear Weapons and Foreign Policy'', qui met notamment en avant les avantages de ce qui sera appelé la [[Doctrine McNamara|riposte graduée]] à celle des [[Doctrine Dulles|« représailles massives »]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Henry|nom1=Kissinger|titre=Nuclear weapons and foreign policy|éditeur=[[Harper & Brothers]]|année=1957|pages totales=455}}.</ref>.
Henry Kissinger est également nommé consultant à l'{{lien|langue=en|Operations Coordinating Board}} du [[Conseil de sécurité nationale (États-Unis)|Conseil de sécurité nationale]] en 1955<ref name=nobelbio/>. La même année et en 1956, il est directeur d'étude des Affaires étrangères et Armes nucléaires au [[Conseil des relations étrangères]]. Il écrit l'année suivante un livre sur le sujet, ''Nuclear Weapons and Foreign Policy'', qui met notamment en avant les avantages de ce qui sera appelé la [[Doctrine McNamara|riposte graduée]] à celle des [[Doctrine Dulles|« représailles massives »]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Henry|nom1=Kissinger|titre=Nuclear weapons and foreign policy|éditeur=[[Harper & Brothers]]|année=1957|pages totales=455}}.</ref>.


Ayant une grande ambition politique, il entretient des relations avec [[Nelson Rockefeller]]<ref>{{Lien web|langue = en|titre = L'incontournable Monsieur Kissinger|url = https://www.youtube.com/watch?v=uAk6YDenDMw&feature=player_detailpage#t=4458|site = Youtube|date = }}.</ref>, alors [[Liste des gouverneurs de l'État de New York|gouverneur de New York]] et conseille occasionnellement [[Dwight David Eisenhower|Dwight Eisenhower]], [[John Fitzgerald Kennedy]] et [[Lyndon Baines Johnson]]. Kissinger devient ensuite conseiller du candidat [[Richard Nixon]] pour l'[[Élection présidentielle américaine de 1968|élection de 1968]] qui le nomme [[Conseiller à la sécurité nationale (États-Unis)|conseiller à la sécurité nationale]]. Du point de vue théorique, c'est un fervent partisan de la [[Realpolitik]], comme il l'expose dans son œuvre majeure, ''[[Diplomatie (livre)|Diplomatie]]'', parue en [[1995 en littérature|1995]]. Il y oppose le réalisme politique à l'[[Idéalisme (relations internationales)|idéalisme]] wilsonien dont les [[Néo-conservatisme|néo-conservateurs]] se veulent être les héritiers.
Ayant une grande ambition politique, il entretient des relations avec [[Nelson Rockefeller]]<ref>{{Lien web|langue = en|titre = L'incontournable Monsieur Kissinger|url = https://www.youtube.com/watch?v=uAk6YDenDMw&feature=player_detailpage#t=4458|site = Youtube|date = }}.</ref>, alors [[Liste des gouverneurs de l'État de New York|gouverneur de New York]] et conseille occasionnellement [[Dwight David Eisenhower|Dwight Eisenhower]], [[John Fitzgerald Kennedy]] et [[Lyndon Baines Johnson]]. Kissinger devient ensuite conseiller du candidat [[Richard Nixon]] pour l'[[Élection présidentielle américaine de 1968|élection de 1968]] qui le nomme [[Conseiller à la sécurité nationale (États-Unis)|conseiller à la sécurité nationale]]. Du point de vue théorique, c'est un fervent partisan de la [[Realpolitik]], comme il l'expose dans son œuvre majeure, ''[[Diplomatie (livre)|Diplomatie]]'', parue en [[1995 en littérature|1995]]. Il y oppose le réalisme politique à l'[[Idéalisme (relations internationales)|idéalisme]] wilsonien dont les [[Néo-conservatisme|néo-conservateurs]] se veulent être les héritiers.


Il est ensuite administrateur de {{Lien|langue=en|fr=Rockefeller Brothers Fund}}<ref name=nobelbio/> et de [[Gulfstream Aerospace]], directeur du Programme d'études de Défense de Harvard de [[1958]] à [[1971]], directeur du Séminaire international de la même académie de [[1951]] à [[1971]]. Il conseille aussi de nombreuses agences gouvernementales telles l'{{Lien|langue=en|Operations Research Office}}, l'{{Lien|langue=en|Arms Control and Disarmament Agency}} ou le [[département d'État des États-Unis]] ainsi que des [[think-tank|laboratoires d'idées]] comme [[Rand Corporation]]<ref name=nobelbio/>.
Il est ensuite administrateur de {{Lien|langue=en|fr=Rockefeller Brothers Fund}}<ref name=nobelbio/> et de [[Gulfstream Aerospace]], directeur du Programme d'études de Défense de Harvard de 1958 à 1971, directeur du Séminaire international de la même académie de 1951 à 1971. Il conseille aussi de nombreuses agences gouvernementales telles l'{{Lien|langue=en|Operations Research Office}}, l'{{Lien|langue=en|Arms Control and Disarmament Agency}} ou le [[département d'État des États-Unis]] ainsi que des [[think-tank|laboratoires d'idées]] comme [[Rand Corporation]]<ref name=nobelbio/>.


=== Administration Nixon et prix Nobel de la paix ===
=== Administration Nixon et prix Nobel de la paix ===
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==== Politique étrangère américaine en Asie-Pacifique ====
==== Politique étrangère américaine en Asie-Pacifique ====
[[Image:Kissinger Mao.jpg|vignette|Henry Kissinger en entretien avec [[Mao Zedong]], le Premier ministre chinois [[Zhou Enlai]] est en arrière-plan.|220x220px]]
[[Image:Kissinger Mao.jpg|vignette|Henry Kissinger en entretien avec [[Mao Zedong]], le [[Premier ministre chinois]] [[Zhou Enlai]] est en arrière-plan.]]
En novembre 1970, le président chinois [[Mao Zedong]], par l'intermédiaire de son premier ministre [[Zhou Enlai]], fait savoir confidentiellement à Nixon qu'il souhaite ouvrir des [[Relations entre la Chine et les États-Unis|relations avec les États-Unis]]. Nixon, selon les Mémoires de Kissinger, juge l'ouverture prématurée. En mars 1971, après la participation d'une équipe chinoise aux championnats du monde de [[tennis de table]], Mao relance l'invitation. En juillet 1971, Kissinger est envoyé en secret à Pékin pour préparer la [[Visite de Richard Nixon en Chine en 1972|visite officielle du président américain en Chine]]. Il fait savoir à Zhou Enlai que Nixon envisage de renoncer au soutien traditionnel des États-Unis à [[Taïwan]] et de reconnaître la [[République populaire de Chine|Chine communiste]] avant le {{date|1|janvier|1975}} si Nixon remporte l'[[élection présidentielle américaine de 1972]]. En échange, Kissinger ne demande aucune garantie pour la sécurité de Taïwan, se bornant à dire que {{citation|nous espérons beaucoup que la question de Taïwan pourra être résolue de façon pacifique}}. Il promet de communiquer à Pékin les informations du renseignement américain sur l'[[Arsenal nucléaire de la Russie|arsenal nucléaire soviétique]] et les mouvements des [[Armée rouge|troupes soviétiques]] à la [[Frontière entre la Chine et la Russie|frontière de la Chine]]. Il annonce également le prochain retrait des [[Guerre du Vietnam|troupes américaines du Vietnam du Sud]] et, en cas de réélection de Nixon, [[Relations entre la Corée du Sud et les États-Unis|également celles de Corée du Sud]]. En échange, il ne demande au régime de Mao ni de cesser son soutien au [[Vietnam du Nord]], ni de modérer sa propagande anti-américaine. En octobre 1971, Kissinger fait une deuxième visite à Pékin et achève les préparatifs de la visite de Nixon ; quelques jours plus tard, l'[[Organisation des Nations unies]] vote pour retirer à Taïwan (« [[Taïwan|république de Chine]] ») son siège permanent au [[Conseil de sécurité des Nations unies|Conseil de sécurité]] et l'attribuer à la Chine communiste, sans que les États-Unis s'y opposent<ref>Jung Chang et Jon Halliday, ''Mao: L'Histoire inconnue'', Gallimard, 2006, p. 624-628 {{ISBN|978-2070775057}}.</ref>. Le {{date|21|février|1972}} a lieu la seule rencontre personnelle entre Mao et Nixon, en présence de Kissinger et Zhou Enlai : les deux Américains renchérissent de compliments envers Mao qui leur répond en termes dédaigneux et écarte {{citation|tous ces problèmes difficiles}} tels que Taïwan, la Corée et le Vietnam. À plusieurs reprises, Mao interrompt Nixon pour l'interroger sur les diplômes de Kissinger ou demander à ce dernier de {{citation|placer un mot}} mais c'est pour se moquer de Kissinger en parlant des {{citation|jolies filles}} qu'il invite dans ses voyages<ref>Jung Chang et Jon Halliday, ''Mao: L'Histoire inconnue'', Gallimard, 2006, p. 628-630.</ref>. Par la suite, Kissinger tiendra toujours des propos favorables à Mao, affirmant en 1997 que sa vie était {{citation|une quête de la vertu égalitaire<ref>Jung Chang et Jon Halliday, ''Mao: L'Histoire inconnue'', Gallimard, 2006, p. 634.</ref>}}.
En novembre 1970, le président chinois [[Mao Zedong]], par l'intermédiaire de son [[Premier ministre du Conseil des affaires de l'État de la république populaire de Chine|premier ministre]] [[Zhou Enlai]], fait savoir confidentiellement à Nixon qu'il souhaite ouvrir des [[Relations entre la Chine et les États-Unis|relations avec les États-Unis]]. Nixon, selon les Mémoires de Kissinger, juge l'ouverture prématurée. En {{date|mars 1971}}, après la participation d'une équipe chinoise aux championnats du monde de [[tennis de table]], Mao relance l'invitation. En {{date|juillet 1971}}, Kissinger est envoyé en secret à Pékin pour préparer la [[Visite de Richard Nixon en Chine en 1972|visite officielle du président américain en Chine]]. Il fait savoir à Zhou Enlai que Nixon envisage de renoncer au soutien traditionnel des États-Unis à [[Taïwan]] et de reconnaître la [[République populaire de Chine|Chine communiste]] avant le {{date|1|janvier|1975}} si Nixon remporte l'[[élection présidentielle américaine de 1972]]. En échange, Kissinger ne demande aucune garantie pour la sécurité de Taïwan, se bornant à dire que {{citation|nous espérons beaucoup que la question de Taïwan pourra être résolue de façon pacifique}}. Il promet de communiquer à Pékin les informations du renseignement américain sur l'[[Arsenal nucléaire de la Russie|arsenal nucléaire soviétique]] et les mouvements des [[Armée rouge|troupes soviétiques]] à la [[Frontière entre la Chine et la Russie|frontière de la Chine]]. Il annonce également le prochain retrait des [[Guerre du Vietnam|troupes américaines du Vietnam du Sud]] et, en cas de réélection de Nixon, [[Relations entre la Corée du Sud et les États-Unis|également celles de Corée du Sud]]. En échange, il ne demande au régime de Mao ni de cesser son soutien au [[République démocratique du Viêt Nam|Vietnam du Nord]], ni de modérer sa propagande anti-américaine. En {{date|octobre 1971}}, Kissinger fait une deuxième visite à Pékin et achève les préparatifs de la visite de Nixon ; quelques jours plus tard, l'[[Organisation des Nations unies]] vote pour retirer à Taïwan (« [[Taïwan|république de Chine]] ») son siège permanent au [[Conseil de sécurité des Nations unies|Conseil de sécurité]] et l'attribuer à la Chine communiste, sans que les États-Unis s'y opposent<ref>Jung Chang et Jon Halliday, ''Mao : L'Histoire inconnue'', Gallimard, 2006 {{ISBN|978-2070775057}}, p. 624-628.</ref>. Le {{date|21|février|1972}} a lieu la seule rencontre personnelle entre Mao et Nixon, en présence de Kissinger et Zhou Enlai : les deux Américains renchérissent de compliments envers Mao, qui leur répond en termes dédaigneux et écarte {{citation|tous ces problèmes difficiles}} tels que Taïwan, la Corée et le Vietnam. À plusieurs reprises, Mao interrompt Nixon pour l'interroger sur les diplômes de Kissinger ou demander à ce dernier de {{citation|placer un mot}} mais c'est pour se moquer de Kissinger en parlant des {{citation|jolies filles}} qu'il invite dans ses voyages<ref>Jung Chang et Jon Halliday, ''Mao : L'Histoire inconnue'', Gallimard, 2006, p. 628-630.</ref>. Par la suite, Kissinger tiendra toujours des propos favorables à Mao, affirmant en 1997 que sa vie était {{citation|une quête de la vertu égalitaire<ref>Jung Chang et Jon Halliday, ''Mao : L'Histoire inconnue'', Gallimard, 2006, p. 634.</ref>}}.


Ayant promis, lors des élections de 1968, une issue rapide au problème de la [[guerre du Viêt Nam]], l'administration américaine doit faire face à une escalade du conflit. Celle-ci est marquée par la décision américaine de bombarder illégalement des positions du [[Việt Cộng]] au [[Laos]] et au [[Cambodge]] ([[Opération Menu|opération ''Menu'']]). À la suite des [[Accords de paix de Paris|accords de Paris]] du {{date-|27 janvier 1973}}, jetant les bases du retrait américain du Viêt Nam, il reçoit le [[prix Nobel de la paix]], conjointement avec le [[Viêt Nam|Vietnamien]] [[Lê Đức Thọ]] qui le décline car selon lui « […] la paix n'a pas réellement été établie »{{refnec}}.
Ayant promis, lors des élections de 1968, une issue rapide au problème de la [[guerre du Viêt Nam]], l'administration américaine doit faire face à une escalade du conflit. Celle-ci est marquée par la décision américaine de bombarder illégalement des positions du [[Việt Cộng]] au [[Laos]] et au [[Cambodge]] ([[Opération Menu|opération ''Menu'']]). À la suite des [[Accords de paix de Paris|accords de Paris]] du {{date-|27 janvier 1973}}, jetant les bases du retrait américain du Viêt Nam, il reçoit le [[prix Nobel de la paix]], conjointement avec le [[Viêt Nam|Vietnamien]] [[Lê Đức Thọ]] qui le décline car selon lui {{Citation|[…] la paix n'a pas réellement été établie}}{{refnec}}.


Les réactions sont mitigées. Le journal italien ''[[La Stampa]]'' a écrit que l'attribution de ce prix à Kissinger constituait « un encouragement à ceux qui veulent déclarer la guerre pour mieux la stopper<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Retour sur cinq prix Nobel de la paix controversés|url = http://rue89.nouvelobs.com/2012/10/12/retour-sur-cinq-prix-nobel-de-la-paix-controverses-236129|site = Rue89|date = 12/10/2012}}.</ref>. » [[Françoise Giroud]], dans l'hebdomadaire ''[[L'Express]]'' écrivit qu'il s'agissait d'un « prix Nobel de l'humour noir ». Plusieurs commentateurs ultérieurs dans le cadre de rétrospectives déclarent que Kissinger reste un récipiendaire très contestable du Nobel<ref>{{Lien web|url= https://www.cnbc.com/2016/10/13/here-are-the-most-controversial-noble-prize-winners-ever.html|titre= Here are the most controversial Nobel Prize-winners ever|site= CNBC|date= 13 octobre 2016}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url= http://content.time.com/time/specials/packages/article/0,28804,2096389_2096388_2096386,00.html|titre= Top 10 Nobel Prize Controversies|site= Time Magazine|date= 7 octobre 2011}}.</ref>{{,}}<ref>Burton Feldman, ''The Nobel Prize: A History of Genius, Controversy, and Prestige'', 2000, p. 315</ref>.
Les réactions sont mitigées. Le journal italien ''[[La Stampa]]'' écrit que l'attribution de ce prix à Kissinger constitue {{Citation|un encouragement à ceux qui veulent déclarer la guerre pour mieux la stopper}}<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Retour sur cinq prix Nobel de la paix controversés|url = http://rue89.nouvelobs.com/2012/10/12/retour-sur-cinq-prix-nobel-de-la-paix-controverses-236129 |site = [[Rue89]] |date = 12/10/2012}}.</ref>. [[Françoise Giroud]], dans l'hebdomadaire ''[[L'Express]]'' écrit qu'il s'agit d'un {{Citation|prix Nobel de l'humour noir}}. Plusieurs commentateurs ultérieurs dans le cadre de rétrospectives déclarent que Kissinger reste un récipiendaire très contestable du Nobel<ref>{{Lien web|url= https://www.cnbc.com/2016/10/13/here-are-the-most-controversial-noble-prize-winners-ever.html|titre= Here are the most controversial Nobel Prize-winners ever|site= CNBC|date= 13 octobre 2016}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url= http://content.time.com/time/specials/packages/article/0,28804,2096389_2096388_2096386,00.html|titre= Top 10 Nobel Prize Controversies|site= [[Time (magazine)|Time]]|date= 7 octobre 2011}}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Burton Feldman, ''The Nobel Prize: A History of Genius, Controversy, and Prestige'', 2000, p. 315</ref>.


==== Politique étrangère américaine au Moyen-Orient ====
==== Politique étrangère américaine au Moyen-Orient ====


Pendant la [[guerre du Kippour|guerre israélo-arabe]] de [[1973]], alors que Nixon est enlisé dans le [[scandale du Watergate]] et ne peut plus présider le [[Conseil de sécurité nationale (États-Unis)|Conseil de sécurité nationale]], c'est Kissinger qui assure la direction militaire et diplomatique. Dans un premier temps, ce dernier, soucieux de réserver à Washington un rôle de médiateur dans ce conflit, décide de n'apporter qu'un soutien limité aux Israéliens<ref name=":2">{{Ouvrage|auteur1=[[Gérard Araud]]|titre=Henty Kissinger, Le diplomate du siècle|passage=181-200|éditeur=[[Tallandier]]|date=07/10/2021|pages totales=336}}</ref>. Il leur autorise l'achat de munitions américaines, tout en laissant à leur charge l'organisation de la logistique<ref name=":2" />. Mais lorsque [[Golda Meir]] l'avertit qu'au bout de quatre jours, les forces israéliennes ont déjà perdu {{Unité|500|chars}} et que leur défaite n'est pas exclue, Kissinger décide, malgré l'opposition du Secrétaire d'État à la Défense [[James Schlesinger]], d'envoyer un soutien matériel massif à Israël et organise un [[pont aérien]]<ref name=":2" />. Le 18 octobre, les Israéliens renversent la situation en leur faveur, et le 24, l'URSS menace d'intervenir militairement pour empêcher l'encerclement de l'[[Forces armées égyptiennes|armée égyptienne]]. Bien que ne souhaitant pas compromettre un rapprochement avec les Soviétiques, Kissinger fait mettre en alerte les [[Arsenal nucléaire des États-Unis|forces nucléaires américaines]], pour amener les Soviétiques à négocier<ref name=":2" />. Ces derniers acceptent, alors que Nixon {{citation|dormait d'un profond sommeil}}, la proposition d'un [[cessez-le-feu]]<ref name=":2" />. Alors qu'Israël, désormais en position favorable, souhaite poursuivre sa contre-offensive, Kissinger, soucieux d'assurer à la fois une victoire israélienne, mais aussi de faciliter des négociations de paix entre ennemis, fait pression sur Golda Meir pour accepter le cessez-le-feu<ref name=":2" />. Ce faisant, en armant les forces israéliennes, puis en leur imposant, après leur avoir donné l'avantage, de stopper leur offensive, Kissinger retrouve une place de médiateur crédible pour les parties en conflits<ref name=":2" />.
Pendant la [[guerre du Kippour|guerre israélo-arabe]] de 1973, alors que Nixon est enlisé dans le [[scandale du Watergate]] et ne peut plus présider le [[Conseil de sécurité nationale (États-Unis)|Conseil de sécurité nationale]], Kissinger assure la direction militaire et diplomatique. Dans un premier temps, soucieux de réserver à Washington un rôle de médiateur dans ce conflit, il décide de n'apporter qu'un soutien limité aux Israéliens<ref name=":2">{{Ouvrage|auteur1=[[Gérard Araud]]|titre=Henty Kissinger, Le diplomate du siècle|passage=181-200|éditeur=[[Tallandier]]|date=07/10/2021|pages totales=336}}.</ref>. Il leur autorise l'achat de munitions américaines, tout en laissant à leur charge l'organisation de la logistique<ref name=":2" />. Mais lorsque [[Golda Meir]] l'avertit qu'au bout de quatre jours, les forces israéliennes ont déjà perdu {{nobr|500 chars}} et que leur défaite n'est pas exclue, Kissinger décide, malgré l'opposition du [[Secrétaire à la Défense des États-Unis|secrétaire à la Défense]] [[James Schlesinger]], d'envoyer un soutien matériel massif à Israël et organise un [[pont aérien]]<ref name=":2" />. Le {{date|18 octobre}}, les Israéliens renversent la situation en leur faveur et, le 24, l'URSS menace d'intervenir militairement pour empêcher l'encerclement de l'[[Forces armées égyptiennes|armée égyptienne]]. Bien que ne souhaitant pas compromettre un rapprochement avec les Soviétiques, Kissinger fait mettre en alerte les [[Arsenal nucléaire des États-Unis|forces nucléaires américaines]], pour amener les Soviétiques à négocier<ref name=":2" />. Ceux-ci acceptent, alors que Nixon {{citation|dormait d'un profond sommeil}}, la proposition d'un [[cessez-le-feu]]<ref name=":2" />. Alors qu'Israël, désormais en position favorable, souhaite poursuivre sa contre-offensive, Kissinger, soucieux à la fois d'assurer une victoire israélienne et de faciliter des négociations de paix entre ennemis, fait pression sur Golda Meir pour accepter le cessez-le-feu<ref name=":2" />. Ce faisant, en armant les forces israéliennes, puis en leur imposant, après leur avoir donné l'avantage, de stopper leur offensive, Kissinger retrouve une place de médiateur crédible pour les parties en conflits<ref name=":2" />.


[[File:Israeli Prime Minister Golda Meir standing with president Richard Nixon and Henry Kissinger.jpg|thumb|redresse=1.2|Richard Nixon et Henry Kissinger accueillant la Première ministre israélienne [[Golda Meir]] (à g.) à la Maison Blanche le {{1er}} novembre 1973.]]
[[File:Israeli Prime Minister Golda Meir standing with president Richard Nixon and Henry Kissinger.jpg|thumb|redresse=1.2|Richard Nixon et Henry Kissinger accueillant la Première ministre israélienne [[Golda Meir]] (à g.) à la Maison Blanche le {{date|1 novembre 1973}}.]]


Entre 1974 et 1975, Kissinger, fort de son rôle de négociateur, fait onze voyages au Moyen-Orient et organise quatre sessions de négociation entre Égypte, Syrie et Israël<ref name=":2" />. Il parvient à obtenir des accords de paix israélo-égyptien puis israélo-syrien, mettant dans la balance un retrait des forces israéliennes des territoires occupés d'une part, une reconnaissance arabe d'Israël d'autre part<ref name=":2" />. Ces ambitions se concrétisent pleinement entre l'Égypte et Israël lors des [[Accords de Camp David|accords diplomatiques de Camp David]] en 1978, mais restent inachevés avec la Syrie.
Entre 1974 et 1975, Kissinger, fort de son rôle de négociateur, fait onze voyages au Moyen-Orient et organise quatre sessions de négociation entre Égypte, Syrie et Israël<ref name=":2" />. Il parvient à obtenir des accords de paix israélo-égyptien puis israélo-syrien, mettant dans la balance un retrait des forces israéliennes des territoires occupés d'une part, une reconnaissance arabe d'Israël d'autre part<ref name=":2" />. Ces ambitions se concrétisent pleinement entre l'Égypte et Israël lors des [[Accords de Camp David|accords diplomatiques de Camp David]] en 1978, mais restent inachevés avec la Syrie.
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==== Politique étrangère américaine en Amérique du Sud ====
==== Politique étrangère américaine en Amérique du Sud ====
Il se montre très hostile au président socialiste chilien [[Salvador Allende]]. Dès le 27 juin 1970, lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale, il déclare : {{citation|Je ne vois pas pourquoi nous devrions rester tranquilles quand un pays devient communiste à cause de l'irresponsabilité de son propre peuple<ref>{{Article |auteur1= |titre=Baie des Cochons ou « Opération Mangouste » ? |périodique=Medelu |date=18 mai 2020 |lire en ligne=http://www.medelu.org/Baie-des-Cochons-ou-Operation-Mangouste |pages= }}</ref>.}} Dans son livre ''Les Crimes de M. Kissinger'', le journaliste [[Christopher Hitchens]] accuse Kissinger d'avoir pris part au [[coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili]] dirigé par le [[Augusto Pinochet|général Pinochet]] contre le gouvernement de [[Salvador Allende]]. Des éléments déclassifiés ont montré que la [[Central Intelligence Agency|CIA]] avait soutenu un projet de coup de force en 1970, ce que Kissinger détaille lui-même dans ses mémoires, mais ce dernier affirme que les États-Unis ne fomentaient plus de tels projets en 1973 et qu'ils n'ont joué aucun rôle dans le [[Coup d'État|putsch]] de 1973. La [[commission Church]] du [[Sénat des États-Unis]], qui a enquêté sur les opérations au Chili, dit dans son rapport n'avoir trouvé aucune preuve d'implication directe des États-Unis<ref>{{Citation|Was the United States DIRECTLY involved, covertly, in the 1973 coup in Chile? The Committee has found no evidence that it was.}} dixit le rapport Church.</ref>.
Henry Kissinger se montre très hostile au président socialiste chilien [[Salvador Allende]]. Dès le {{date|27 juin 1970}}, lors d’une réunion du [[Conseil de sécurité nationale (États-Unis)|Conseil de sécurité nationale]], il déclare : {{citation|Je ne vois pas pourquoi nous devrions rester tranquilles quand un pays devient communiste à cause de l'irresponsabilité de son propre peuple<ref>{{Article |auteur1= |titre=Baie des Cochons ou « Opération Mangouste » ? |périodique=Medelu |date=18 mai 2020 |lire en ligne=http://www.medelu.org/Baie-des-Cochons-ou-Operation-Mangouste |pages= }}</ref>.}} Dans son livre ''Les Crimes de M. Kissinger'', le journaliste [[Christopher Hitchens]] accuse Kissinger d'avoir pris part au [[Coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili|coup d'État du {{date|11 septembre 1973}} au Chili]] dirigé par le [[Augusto Pinochet|général Pinochet]] contre le gouvernement de [[Salvador Allende]]. Des éléments déclassifiés montrent que la [[Central Intelligence Agency|CIA]] a soutenu un projet de coup de force en 1970, ce que Kissinger détaille lui-même dans ses mémoires, mais celui-ci affirme que les États-Unis ne fomentaient plus de tels projets en 1973 et qu'ils n'ont joué aucun rôle dans le [[Coup d'État|putsch]] de 1973. La [[commission Church]] du [[Sénat des États-Unis]], qui a enquêté sur les opérations au Chili, dit dans son rapport n'avoir trouvé aucune preuve d'implication directe des États-Unis<ref>{{Citation étrangère|langue=en|Was the United States DIRECTLY involved, covertly, in the 1973 coup in Chile? The Committee has found no evidence that it was.}} selon le rapport Church.</ref>.


==== Politique étrangère américaine en Europe ====
==== Politique étrangère américaine en Europe ====
D'origine allemande, et toujours [[germanophone]], Henri Kissinger garde néanmoins une certaine méfiance à l'égard de son pays et de son continent d'origine où il a souffert dans son enfance de la montée des totalitarismes<ref name=":2" />. [[Fichier:President Gerald Ford, French President Valery Giscard, Henry Kissinger, and Jean Sauvagnargues.jpg|vignette|Henry Kissinger avec [[Valéry Giscard d'Estaing]] et [[Gerald Ford]] (17 mai 1976).]]
D'origine allemande et toujours [[germanophone]], Henri Kissinger garde néanmoins une certaine méfiance à l'égard de son pays et de son continent d'origine où il a souffert, dans son enfance, de la montée des [[totalitarisme]]s<ref name=":2" />.
[[Fichier:President Gerald Ford, French President Valery Giscard, Henry Kissinger, and Jean Sauvagnargues.jpg|vignette|Henry Kissinger avec [[Valéry Giscard d'Estaing]] et [[Gerald Ford]] ({{date|17 mai 1976}}).]]
Il juge avec un certain scepticisme la construction de l'Union européenne, qu'il voit en même temps comme une menace du leadership américain<ref name=":2" />. Mais dans le même temps, la facilité avec laquelle l'Europe de l'Ouest s'en remet à l'OTAN pour sa propre sécurité contre la menace soviétique, à une époque où les États-Unis comptent encore de nombreuses bases en Europe, lui inspire un certain mépris<ref name=":2" />. Il juge par conséquent avec admiration le volontarisme du [[Charles de Gaulle|Général de Gaulle]] à faire de la France une nation souveraine capable d'assurer sa propre sécurité<ref name=":2" />.
Il juge avec un certain scepticisme la construction de l'[[Union européenne]], qu'il voit comme une menace du leadership américain<ref name=":2" />. Mais dans le même temps, la facilité avec laquelle l'Europe de l'Ouest s'en remet à l'OTAN pour sa propre sécurité contre la menace soviétique, à une époque où les États-Unis comptent encore de nombreuses bases en Europe, lui inspire un certain mépris<ref name=":2" />. Il juge par conséquent avec admiration le volontarisme du [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]] à faire de la France une nation souveraine capable d'assurer sa propre sécurité<ref name=":2" />.


==== Scandale du Watergate ====
==== Scandale du Watergate ====
Lorsque éclate le [[scandale du Watergate]], Kissinger est interpellé comme possible complice du système d'[[Écoute (surveillance)|espionnage intérieur]] mis en place par Nixon. Lors d'une conférence de presse à [[Vienne (Autriche)|Vienne]] le {{date|11 juin 1974}}, il déclare qu'il ne lui sera plus possible de conduire la politique étrangère des États-Unis si sa personnalité et sa crédibilité sont mises en doute. Il reçoit de nombreux témoignages de confiance de sénateurs et représentants, aussi bien républicains que démocrates : les deux camps reconnaissent qu'il n'est pas exactement {{citation|Monsieur Propre}} mais qu'il n'est pas impliqué dans les méfaits et violations de droits orchestrés par la Maison Blanche. Le {{date|6 août 1974}}, le Sénat rend un rapport déclarant que le rôle de Kissinger dans l'affaire des écoutes n'était pas de nature à l'exclure de la direction des Affaires étrangères<ref>Jussi M. Hanhimäki, ''The Flawed Architect: Henry Kissinger and American Foreign Policy'', OUP USA, 2004, p. 297 [https://www.google.fr/books/edition/The_Flawed_Architect/JYwRDAAAQBAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=henry+kissinger,+clean+man&pg=PA297&printsec=frontcover]</ref>. Son adjoint le diplomate [[Richard Holbrooke]] écrit dans ''[[Foreign Policy]]'' que Kissinger n'était ni {{citation|le seul homme propre dans une clique de putois}} ni {{citation|un membre de la bande parmi d'autres}} mais qu'il avait dû accepter un compromis pour pouvoir {{citation|jouer un rôle extraordinaire sur la scène mondiale<ref>United States Senate, Committe of Foreign Relations, ''Dr. Kissinger's Role in Wiretapping'', 10 juillet 1974, p. 35 [https://www.google.fr/books/edition/Dr_Kissinger_s_Role_in_Wiretapping/F8McRRuhKwwC?hl=fr&gbpv=1&dq=henry+kissinger,+clean+man&pg=PA35&printsec=frontcover]</ref>}}.
Lorsque éclate le [[scandale du Watergate]], Kissinger est interpellé comme possible complice du système d'[[Écoute (surveillance)|espionnage intérieur]] mis en place par Nixon. Lors d'une conférence de presse à [[Vienne (Autriche)|Vienne]] le {{date|11 juin 1974}}, il déclare qu'il ne lui sera plus possible de conduire la politique étrangère des États-Unis si sa personnalité et sa crédibilité sont mises en doute. Il reçoit de nombreux témoignages de confiance de sénateurs et représentants, aussi bien républicains que démocrates : les deux camps reconnaissent qu'il n'est pas exactement {{citation|Monsieur Propre}} mais qu'il n'est pas impliqué dans les méfaits et violations de droits orchestrés par la Maison Blanche. Le {{date|6 août 1974}}, le Sénat rend un rapport déclarant que le rôle de Kissinger dans l'affaire des écoutes n'était pas de nature à l'exclure de la direction des Affaires étrangères<ref>{{en}} Jussi M. Hanhimäki, ''The Flawed Architect: Henry Kissinger and American Foreign Policy'', OUP USA, 2004, p. 297 ([https://www.google.fr/books/edition/The_Flawed_Architect/JYwRDAAAQBAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=henry+kissinger,+clean+man&pg=PA297&printsec=frontcover lire ne ligne]).</ref>. Son adjoint, le diplomate [[Richard Holbrooke]], écrit dans ''{{lang|en|[[Foreign Policy]]}}'' que Kissinger n'était ni {{citation|le seul homme propre dans une clique de putois}} ni {{citation|un membre de la bande parmi d'autres}}, mais qu'il avait dû accepter un compromis pour pouvoir {{citation|jouer un rôle extraordinaire sur la scène mondiale<ref>{{en}} United States Senate, Committe of Foreign Relations, ''Dr. Kissinger's Role in Wiretapping'', 10 juillet 1974, p. 35 ([https://www.google.fr/books/edition/Dr_Kissinger_s_Role_in_Wiretapping/F8McRRuhKwwC?hl=fr&gbpv=1&dq=henry+kissinger,+clean+man&pg=PA35&printsec=frontcover lire en ligne]).</ref>}}.


=== Administration Ford ===
=== Administration Ford ===
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À la suite de la démission de Richard Nixon, Henry Kissinger reste à son poste de secrétaire d'État mais quitte celui de conseiller à la sécurité nationale, sous l'autorité du nouveau président [[Gerald Ford]] en 1974.
À la suite de la démission de Richard Nixon, Henry Kissinger reste à son poste de secrétaire d'État mais quitte celui de conseiller à la sécurité nationale, sous l'autorité du nouveau président [[Gerald Ford]] en 1974.


Kissinger produit un mémorandum important concernant la [[croissance démographique]] et ses effets géopolitiques. Achevé le {{date|10 décembre 1974}} et adopté en {{date|janvier 1975}}, il conseille des organisations mondiales comme la [[Banque Mondiale]] ainsi que les politiques américaines. Cela reste secret jusqu'à 1989<ref>{{en}} ''[https://pdf.usaid.gov/pdf_docs/PCAAB500.pdf National Security Study Memorandum : NSSM 200 : Implications of Worldwide Population Growth for U.S. Security and Overseas Interests (THE KISSINGER REPORT)]'', 10 décembre 1974.</ref>{{,}}<ref>Cathy Châtel et François Moriconi-Ébrard, [https://journals.openedition.org/tem/3950 « Les petites villes : un objet (géo)politique ? »] sur ''Territoire en mouvement'', 2016.</ref>.
Kissinger produit un mémorandum important concernant la [[croissance démographique]] et ses effets géopolitiques. Achevé le {{date|10 décembre 1974}} et adopté en {{date|janvier 1975}}, il conseille des organisations mondiales comme la [[Banque Mondiale]] ainsi que les politiques américaines. Cela reste secret jusqu'à 1989<ref>{{en}} ''[https://pdf.usaid.gov/pdf_docs/PCAAB500.pdf National Security Study Memorandum : NSSM 200 : Implications of Worldwide Population Growth for U.S. Security and Overseas Interests (THE KISSINGER REPORT)]'', 10 décembre 1974.</ref>{{,}}<ref>Cathy Châtel et François Moriconi-Ébrard, [https://journals.openedition.org/tem/3950 « Les petites villes : un objet (géo)politique ? »], sur ''Territoire en mouvement'', 2016.</ref>.


En {{date-|décembre 1975}}, Gerald Ford et Henry Kissinger rencontrent le président de l'[[Indonésie]] [[Soeharto]]. Ils auraient approuvé, à la suite de la déclaration d'allégeance de quatre parties du [[Timor oriental]] à l'Indonésie, l'imminente annexion par celle-ci de ce territoire, en vue d'unifier l'île de Timor, dont la moitié occidentale est sous souveraineté indonésienne. Au cours des 24 années d'occupation indonésienne qui ont pris fin en 1999, entre {{formatnum:102800}} et {{nombre|183000|personnes}} sont mortes. Kissinger a toujours affirmé son ignorance à l'égard de cette invasion, à l'encontre de documents soutenant le contraire<ref name=CHEGA>{{lien web|url=http://www.cavr-timorleste.org/updateFiles/english/CONFLICT-RELATED%20DEATHS.pdf|titre=Conflict- related deaths in Timor-Leste 1974-1999 the findings of the Cavr Report CHEGA!|consulté le=2022-02-24}}.</ref>.
En {{date|décembre 1975}}, Gerald Ford et Henry Kissinger rencontrent le président de l'[[Indonésie]] [[Soeharto]]. Ils auraient approuvé, à la suite de la déclaration d'allégeance de quatre parties du [[Timor oriental]] à l'Indonésie, l'imminente annexion par celle-ci de ce territoire, en vue d'unifier l'île de Timor, dont seule la moitié occidentale est sous souveraineté indonésienne. Au cours des {{nobr|24 années}} d'occupation indonésienne qui ont pris fin en 1999, entre {{formatnum:102800}} et {{nombre|183000|personnes}} sont mortes. Kissinger a toujours affirmé son ignorance à l'égard de cette invasion, à l'encontre de documents soutenant le contraire<ref name=CHEGA>{{lien web |langue=en |url=http://www.cavr-timorleste.org/updateFiles/english/CONFLICT-RELATED%20DEATHS.pdf |format=pdf |titre=Conflict- related deaths in Timor-Leste 1974-1999 the findings of the Cavr Report CHEGA! |consulté le=2022-02-24}}.</ref>.


En 1976, Kissinger revient sur la politique de détente avec les régimes « blancs » d'Afrique (établie en 1969). En échange d'un assouplissement des relations avec l’Afrique du Sud sur les questions relatives au [[Sud-Ouest africain]]/[[Namibie]] (ou le gouvernement sud-africain a initié la [[Conférence de la Turnhalle]]) et à l’[[Apartheid en Afrique du Sud|apartheid]], il se rend à [[Pretoria]] où il demande à [[John Vorster]], le Premier ministre sud-africain, de faire pression sur [[Ian Smith]], le Premier ministre de [[Rhodésie du Sud|Rhodésie]] afin d’obtenir de lui le retour à la légalité internationale et l’application du principe de majorité ''One man, one vote'' (« Un homme, un vote ») en Rhodésie. Il obtient gain de cause et en {{date-|septembre 1976}}, Ian Smith cède sur le principe du gouvernement dirigé par la majorité noire, ouvrant ainsi la voie à une solution politique en Rhodésie{{refnec}}.
En 1976, Kissinger revient sur la politique de détente avec les régimes « blancs » d'Afrique (établie en 1969). En échange d'un assouplissement des relations avec l’Afrique du Sud sur les questions relatives au [[Sud-Ouest africain]]/[[Namibie]] (ou le gouvernement sud-africain a initié la [[conférence de la Turnhalle]]) et à l’[[Apartheid en Afrique du Sud|apartheid]], il se rend à [[Pretoria]] où il demande à [[John Vorster]], le Premier ministre sud-africain, de faire pression sur [[Ian Smith]], le Premier ministre de [[Rhodésie du Sud|Rhodésie]], afin d’obtenir de lui le retour à la légalité internationale et l’application du principe de majorité ''{{lang|en|One man, one vote}}'' (« Un homme, un vote ») en Rhodésie. Il obtient gain de cause et, en {{date-|septembre 1976}}, Ian Smith cède sur le principe du gouvernement dirigé par la majorité noire, ouvrant ainsi la voie à une solution politique dans le pays{{refnec}}.


Mais la victoire du démocrate [[Jimmy Carter]] aux élections présidentielles de {{date-|novembre 1976}} ne lui permet pas de poursuivre les pourparlers en vue d'un règlement négocié (elles seront reprises par son successeur [[Cyrus Vance]] et déboucheront sur un échec){{refnec}}.
La victoire du démocrate [[Jimmy Carter]] aux élections présidentielles de {{date-|novembre 1976}} ne lui permet pas de poursuivre les pourparlers en vue d'un règlement négocié (elles seront reprises par son successeur [[Cyrus Vance]] et déboucheront sur un échec){{refnec}}.


Henry Kissinger quitte son poste de secrétaire d'État en {{date|janvier 1977}}<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Biographies of the Secretaries of State: Henry Alfred Kissinger|url = http://history.state.gov/departmenthistory/people/kissinger-henry-a|site = United States State Department|date = }}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Henry A. Kissinger -- 1973-1977|url = http://www.usdiplomacy.org/history/overview/history_henryakissinger.php|site = Association for Diplomatic Studies and Training|date = }}.</ref>.
Henry Kissinger quitte son poste de secrétaire d'État en {{date|janvier 1977}}<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Biographies of the Secretaries of State: Henry Alfred Kissinger|url = http://history.state.gov/departmenthistory/people/kissinger-henry-a|site = United States State Department|date = }}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Henry A. Kissinger -- 1973-1977|url = http://www.usdiplomacy.org/history/overview/history_henryakissinger.php|site = Association for Diplomatic Studies and Training|date = }}.</ref>.


=== Influence ultérieure ===
=== Influence ultérieure ===
[[Fichier:Vladimir_Putin_meeting_with_Henry_Kissinger.jpg|vignette|Henry Kissinger avec [[Vladimir Poutine]] (12 octobre 2005).]]
[[Fichier:Vladimir_Putin_meeting_with_Henry_Kissinger.jpg|vignette|Henry Kissinger avec [[Vladimir Poutine]] ({{date|12 octobre 2005}}).]]
Henry Kissinger est l'un des hommes-clé de l'élection présidentielle de 1980. En effet, il drainera vers le candidat républicain, [[Ronald Reagan]], une part importante de l'intelligentsia américaine au nom du ''new leadership'' (« nouvelle hégémonie ») que les États-Unis doivent retrouver pour contrer l'Union soviétique. Pour cela, il utilisera tout son réseau universitaire et celui des [[think tank|laboratoires d'idée]]s qu'il connaissait bien<ref>{{Ouvrage|auteur1=Emmanuel Huyghues Despointes|titre=Les Grandes Dates de l'Occident|passage=P.257/258|lieu=Paris|éditeur=|date=2015|pages totales=393|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
Henry Kissinger est l'un des hommes-clé de l'[[Élection présidentielle américaine de 1980|élection présidentielle de 1980]]. Il draine vers le candidat républicain, [[Ronald Reagan]], une part importante de l'intelligentsia américaine au nom du ''{{lang|en|new leadership}}'' (« nouvelle hégémonie ») que les États-Unis doivent retrouver pour contrer l'Union soviétique. Pour cela, il utilise tout son réseau universitaire et celui des [[think tank|laboratoires d'idées]] qu'il connait bien<ref>{{Ouvrage|auteur1=Emmanuel Huyghues Despointes|titre=Les Grandes Dates de l'Occident|passage=P.257/258|lieu=Paris|éditeur=|date=2015|pages totales=393|isbn=|lire en ligne=}}.</ref>.

Par la suite, Henry Kissinger joue un rôle relativement mineur dans les gouvernements américains qui suivent (ayant de mauvaises relations avec [[George H. W. Bush]]), participant à de nombreux groupes politiques, des commissions{{, etc.}} Il dirige la firme de consultant [[Kissinger Associates]] depuis 1983 ; à ce sujet, il refuse de donner la liste de ses clients ou le montant de ses revenus : {{citation|tout ce que je peux vous dire, c'est que mes associés et moi-même refusons tout État étranger comme client et toute activité de lobbying auprès de l'administration américaine<ref name=":0" />.}} Il est notamment embauché par la multinationale [[Walt Disney Company|Walt Disney]] pour la conseiller sur ses liens commerciaux avec la Chine<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Henry Kissinger conseiller de Walt Disney|url = www.lesechos.fr/13/10/1997/LesEchos/17499-100-ECH_henry-kissinger-conseiller-de-walt-disney.htm|site = [[Les Échos]] |date = 13/10/1997}}.</ref>.


Par la suite, Henry Kissinger joue un rôle relativement mineur dans les gouvernements américains qui suivent (ayant de mauvaises relations avec [[George H. W. Bush]]), participant à de nombreux groupes politiques, des commissions, etc. Il dirige la firme de consultant [[Kissinger Associates]] depuis 1983 ; à ce sujet, il refuse de donner la liste de ses clients ou le montant de ses revenus : {{citation|tout ce que je peux vous dire, c'est que mes associés et moi-même refusons tout État étranger comme client et toute activité de lobbying auprès de l'administration américaine<ref name=":0" />.}} Il est notamment embauché par la multinationale [[Walt Disney Company|Walt Disney]] pour la conseiller sur ses liens commerciaux avec la Chine<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Henry Kissinger conseiller de Walt Disney|url = www.lesechos.fr/13/10/1997/LesEchos/17499-100-ECH_henry-kissinger-conseiller-de-walt-disney.htm|site = Les Echos|date = 13/10/1997}}.</ref>.
[[Fichier:Henry Kissinger - World Economic Forum Annual Meeting Davos 2008.jpg|vignette|Henry Kissinger au [[Forum économique mondial]] (2008).]]
[[Fichier:Henry Kissinger - World Economic Forum Annual Meeting Davos 2008.jpg|vignette|Henry Kissinger au [[Forum économique mondial]] (2008).]]
Henry Kissinger exprime régulièrement son point de vue en tant que consultant ou lors de discours, d'articles ou de livres<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = À la rencontre de Kissinger|url = http://www.slate.fr/story/39971/kissinger|site = Slate|date = 2011|auteur = Moisés Naím}}.</ref>.
Henry Kissinger exprime régulièrement son point de vue en tant que consultant ou lors de discours, d'articles ou de livres<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = À la rencontre de Kissinger|url = http://www.slate.fr/story/39971/kissinger|site = Slate|date = 2011|auteur = Moisés Naím}}.</ref>.


Il soutient en 1998 l'ancien dictateur chilien [[Augusto Pinochet]] à la suite de l'arrestation de ce dernier à Londres. De passage à Paris le {{date|28 mai 2001}}, il reçoit la visite de la [[brigade criminelle]], qui vient lui remettre une convocation judiciaire. Alors qu'il devait se présenter au palais de justice comme témoin dans l’affaire de la disparition de cinq Français au Chili, Henry Kissinger, vraisemblablement impliqué dans la création du [[plan Condor]], quitte précipitamment la France le lendemain<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Ibrahim |nom=Warde |titre=Les crimes de guerre de M. Henry Kissinger |url=https://www.monde-diplomatique.fr/2001/10/WARDE/7946 |site=Le Monde diplomatique |date=2001-10-01 }}.</ref>.
Il soutient en 1998 l'ancien dictateur chilien [[Augusto Pinochet]] à la suite de l'arrestation de celui-ci à Londres. De passage à Paris le {{date|28 mai 2001}}, il reçoit la visite de la [[brigade criminelle]], qui lui remet une convocation judiciaire. Alors qu'il devait se présenter au palais de justice comme témoin dans l’affaire de la disparition de cinq Français au Chili, Henry Kissinger, vraisemblablement impliqué dans la création du [[Opération Condor|opération ''Condor'']], quitte précipitamment la France le lendemain<ref name="LMDiplo 2001" />.


En 2002, [[George W. Bush]] le nomme à la [[Commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis|commission d'enquête sur les attentats du 11 septembre 2001]]<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = 11 septembre 2001 : Kissinger va enquêter|url = http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/Index/nouvelles/200211/27/010-kissinger-attentats.shtml|site = Radio-Canada|date = jeudi 28 novembre 2002}}.</ref>, qu'il quitte plutôt que de publier sa liste de clients comme cela lui est demandé pour répondre à des accusations de conflits d'intérêts<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Henry Kissinger quitte en raison de conflits d'intérêts potentiels|url = http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/Index/nouvelles/200212/13/013-kissinger-demission.shtml#|site = Radio-Canada|date = décembre 2002}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Henry Kissinger's Entangling Ties|url = https://www.nytimes.com/2002/12/03/opinion/henry-kissinger-s-entangling-ties.html|site = New York Times|date = December 3, 2002}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = 11 septembre : Kissinger remplacé|url = http://www.liberation.fr/monde/2002/12/18/11-septembre-kissinger-remplace_425178|site = liberation.fr|date = 18 décembre 2002}}.</ref>.
En 2002, [[George W. Bush]] le nomme à la [[Commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis|commission d'enquête sur les attentats du {{date|11 septembre 2001}}]]<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = 11 septembre 2001 : Kissinger va enquêter|url = http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/Index/nouvelles/200211/27/010-kissinger-attentats.shtml|site = Radio-Canada|date = jeudi 28 novembre 2002}}.</ref>, qu'il quitte plutôt que de publier sa liste de clients comme cela lui est demandé pour répondre à des accusations de conflits d'intérêts<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Henry Kissinger quitte en raison de conflits d'intérêts potentiels|url = http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/Index/nouvelles/200212/13/013-kissinger-demission.shtml#|site = Radio-Canada|date = décembre 2002}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Henry Kissinger's Entangling Ties|url = https://www.nytimes.com/2002/12/03/opinion/henry-kissinger-s-entangling-ties.html|site = [[The New York Times]] |date = December 3, 2002}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = 11 septembre : Kissinger remplacé|url = http://www.liberation.fr/monde/2002/12/18/11-septembre-kissinger-remplace_425178|périodique= [[Libération (journal)|Libération]] |date = 18 décembre 2002}}.</ref>.


Lors des élections présidentielles américaines de 2008, il déclare que [[John McCain]] et [[Barack Obama]] feraient la même politique étrangère une fois au pouvoir car les États-Unis ont des intérêts que ces deux hommes ne peuvent ignorer<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Le monde, selon Kissinger|url = http://www.cerium.ca/Le-monde-selon-Kissinger|site = Centre d'études en relations internationales de l'université de Montréal|date = juin 2008}}.</ref>. Il conserve une influence sur la politique étrangère de l'administration Obama<ref>[http://www.franceculture.fr/emission-affaires-etrangeres-le-desordre-international-l-analyse-d-henry-kissinger-2013-09-14 « Le désordre international : l'analyse d'Henry Kissinger », France Culture, 2013].</ref>{{,}}<ref>[https://www.bloomberg.com/news/2013-09-11/kerry-consults-kissinger-on-getting-to-yes-with-russians.html Kerry Consults Kissinger on Getting to Yes With Russians, Indira A.R. Lakshmanan, Bloomberg, Sep 12, 2013].</ref>.
Lors des [[Élection présidentielle américaine de 2008|élections présidentielles américaines de 2008]], il déclare que [[John McCain]] et [[Barack Obama]] feraient la même politique étrangère une fois au pouvoir car les États-Unis ont des intérêts que ces deux hommes ne peuvent ignorer<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Le monde, selon Kissinger|url = http://www.cerium.ca/Le-monde-selon-Kissinger|site = Centre d'études en relations internationales de l'université de Montréal|date = juin 2008}}.</ref>. Il conserve une influence sur la politique étrangère de l'administration Obama<ref>[http://www.franceculture.fr/emission-affaires-etrangeres-le-desordre-international-l-analyse-d-henry-kissinger-2013-09-14 « Le désordre international : l'analyse d'Henry Kissinger »], [[France Culture]], 2013.</ref>{{,}}<ref>[https://www.bloomberg.com/news/2013-09-11/kerry-consults-kissinger-on-getting-to-yes-with-russians.html Kerry Consults Kissinger on Getting to Yes With Russians, Indira A.R. Lakshmanan], Bloomberg, {{date|12/09/2013}}.</ref>.


En 2012, il publie un livre sur l'histoire de la Chine<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = À la rencontre de Kissinger|url = http://www.slate.fr/story/39971/kissinger|site = Slate|date = 2011}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = ''De la Chine'', d'Henry Kissinger : la Chine de Kissinger|url = https://www.lemonde.fr/livres/article/2012/03/20/de-la-chine-d-henry-kissinger-la-chine-de-kissinger_1672096_3260.html|site = Le Monde|date = 2012}}.</ref>, et rencontre le président de la République française [[François Hollande]]<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Quelques réflexions du Docteur Henry Kissinger sur le monde|url = http://blogs.lesechos.fr/jacques-hubert-rodier/quelques-reflexions-du-docteur-henry-kissinger-sur-le-monde-a12147.html|site = Les Échos|date = 06/12/2012}}.</ref>.
En 2012, il publie un livre sur l'histoire de la Chine<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = À la rencontre de Kissinger|url = http://www.slate.fr/story/39971/kissinger|site = Slate|date = 2011}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = ''De la Chine'', d'Henry Kissinger : la Chine de Kissinger|url = https://www.lemonde.fr/livres/article/2012/03/20/de-la-chine-d-henry-kissinger-la-chine-de-kissinger_1672096_3260.html|site = [[Le Monde]] |date = 2012}}.</ref> et rencontre le [[président de la République française]] [[François Hollande]]<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Quelques réflexions du Docteur Henry Kissinger sur le monde|url = http://blogs.lesechos.fr/jacques-hubert-rodier/quelques-reflexions-du-docteur-henry-kissinger-sur-le-monde-a12147.html|site = [[Les Échos]] |date = 06/12/2012}}.</ref>.


En 2014, il est opéré du cœur à l’hôpital presbytérien de New York<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Henry Kissinger, 91, undergoes heart surgery in New York|url = https://www.independent.co.uk/news/people/news/henry-kissinger-91-undergoes-heart-surgery-in-new-york-9609053.html|site = The Independant|date = Wednesday 16 July 2014}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Henry Kissinger, 91, undergoes heart surgery|url = https://www.theguardian.com/world/2014/jul/16/henry-kissinger-undergoes-heart-surgery-new-york|site = The Guardian|date = juillet 2004}}.</ref>.
En 2014, il est opéré du cœur à l’[[hôpital presbytérien de New York]]<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Henry Kissinger, 91, undergoes heart surgery in New York|url = https://www.independent.co.uk/news/people/news/henry-kissinger-91-undergoes-heart-surgery-in-new-york-9609053.html|site = [[The Independent|The Independant]] |date = Wednesday 16 July 2014}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Henry Kissinger, 91, undergoes heart surgery|url = https://www.theguardian.com/world/2014/jul/16/henry-kissinger-undergoes-heart-surgery-new-york|site = [[The Guardian]] |date = juillet 2004}}.</ref>.


Kissinger conserve une influence dans les [[Relations entre les États-Unis et la Russie|relations américano-russes]], et a notamment fait la connaissance de [[Vladimir Poutine]] en 1990. En 2016, la presse rapporte qu'il pourrait être appelé par la [[Bureau exécutif du président des États-Unis|Maison Blanche]] à jouer un rôle de médiateur dans l'affaire de l'influence qu'aurait eue la [[Russie]] sur les [[Élections présidentielles américaines de 2016|élections présidentielles américaines]] dont [[Donald Trump]] est sorti vainqueur<ref>{{Lien web|titre=À 93 ans, Henry Kissinger reprend du service pour Trump|url=http://www.lepoint.fr/editos-du-point/michel-colomes/a-93-ans-henry-kissinger-reprend-du-service-pour-trump-28-12-2016-2093380_55.php |site=lepoint.fr |consulté le=30 décembre 2016 }}.</ref>.
Kissinger conserve une influence dans les [[Relations entre les États-Unis et la Russie|relations américano-russes]] et a notamment fait la connaissance de [[Vladimir Poutine]] en 1990. En 2016, la presse rapporte qu'il pourrait être appelé par la [[Bureau exécutif du président des États-Unis|Maison Blanche]] à jouer un rôle de médiateur dans l'affaire de l'influence qu'aurait eue la [[Russie]] sur les [[Élections présidentielles américaines de 2016|élections présidentielles américaines]] dont [[Donald Trump]] est sorti vainqueur<ref>{{Lien web|titre=À 93 ans, Henry Kissinger reprend du service pour Trump|url=http://www.lepoint.fr/editos-du-point/michel-colomes/a-93-ans-henry-kissinger-reprend-du-service-pour-trump-28-12-2016-2093380_55.php |périodique=[[Le Point]] |consulté le=30 décembre 2016 }}.</ref>.


En janvier 2023, un an après le début de l'[[Invasion de l'Ukraine par la Russie depuis 2022|invasion russe de l'Ukraine]], Kissinger affiche, au [[Forum économique mondial]] de [[Davos]], son soutien à l'[[Relations entre l'OTAN et l'Ukraine|adhésion de l'Ukraine à l'OTAN]]<ref name=":3">{{Article|auteur1=Jeanne Fayol|titre=Guerre en Ukraine : Kissinger dit soutenir l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan|périodique=Le Figaro|date=18/01/2023|lire en ligne=https://www.lefigaro.fr/international/guerre-en-ukraine-kissinger-dit-soutenir-l-adhesion-de-l-ukraine-a-l-otan-20230118}}</ref>. Il déclare : {{Citation|Avant cette guerre, j'étais opposé à ce que l'Ukraine devienne membre de l'Otan parce que je craignais que cela ne provoque exactement le processus qu'on voit maintenant. Mais maintenant que ce processus a atteint ce niveau, une Ukraine neutre dans ces conditions n'aurait plus de sens.}}<ref name=":3" />.
En janvier 2023, un an après le début de l'[[Invasion de l'Ukraine par la Russie depuis 2022|invasion russe de l'Ukraine]], Kissinger affiche, au [[Forum économique mondial]] de [[Davos]], son soutien à l'[[Relations entre l'OTAN et l'Ukraine|adhésion de l'Ukraine à l'OTAN]]<ref name=":3">{{Article |auteur1=Jeanne Fayol|titre=Guerre en Ukraine : Kissinger dit soutenir l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan |périodique=[[Le Figaro]] |date=18/01/2023 |lire en ligne=https://www.lefigaro.fr/international/guerre-en-ukraine-kissinger-dit-soutenir-l-adhesion-de-l-ukraine-a-l-otan-20230118}}.</ref>. Il déclare : {{Citation|Avant cette guerre, j'étais opposé à ce que l'Ukraine devienne membre de l'Otan parce que je craignais que cela ne provoque exactement le processus qu'on voit maintenant. Mais maintenant que ce processus a atteint ce niveau, une Ukraine neutre dans ces conditions n'aurait plus de sens.}}<ref name=":3" />.


==== Groupes et Instituts ====
==== Groupes et Instituts ====
[[Fichier:Chancellor Merkel greets Henry Kissinger (35058128010).jpg|vignette|Henry Kissinger avec [[Angela Merkel]] (21 juin 2017).]]
[[Fichier:Chancellor Merkel greets Henry Kissinger (35058128010).jpg|vignette|Henry Kissinger avec [[Angela Merkel]] ({{date|21 juin 2017}}).]]
Kissinger Associates, l'entreprise qu'il dirige, est membre du [[Council of the Americas]], un groupe d'affaires pro-libre échange<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Kissinger Associates, Inc.|url = http://www.sourcewatch.org/index.php?title=Kissinger_Associates%2C_Inc.|date = }}.</ref>.
Kissinger Associates, l'entreprise qu'il dirige, est membre du {{lang|en|[[Council of the Americas]]}}, un groupe d'affaires pro-[[libre-échange]]<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Kissinger Associates, Inc.|url = http://www.sourcewatch.org/index.php?title=Kissinger_Associates%2C_Inc. |site=sourcewatch.org|date = }}.</ref>.


Kissinger est un des dirigeants du ''Kissinger Institute on China and the United States, ''une division dédiée aux relations sino-américaines du laboratoire d'idées Woodrow Wilson International Center for Scholars<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Wilson Center - Kissinger Institute on China and the United States|url = http://www.wilsoncenter.org/program/kissinger-institute-china-and-the-united-states|date = }}.</ref>. Kissinger est aussi, avec le milliardaire [[David Rockefeller|David Rockfeller]] et [[Zbigniew Brzeziński|Zbigniew Brzezinski]], un des membres importants de la [[Commission Trilatérale|commission trilatérale]], un groupe regroupant les hommes d'affaires et les politiciens les plus influents au monde, et visant à favoriser la [[Mondialiste|doctrine mondialiste]].
Kissinger est l'un des dirigeants du {{lang|en|Kissinger Institute on China and the United States}}, {{Citation|une division dédiée aux relations sino-américaines du laboratoire d'idées {{lang|en|[[Woodrow Wilson International Center for Scholars]]}}}}<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Wilson Center - Kissinger Institute on China and the United States|url = http://www.wilsoncenter.org/program/kissinger-institute-china-and-the-united-states|date = }}.</ref>. Kissinger est aussi, avec le milliardaire [[David Rockefeller]] et [[Zbigniew Brzeziński]], l'un des membres importants de la [[commission Trilatérale]], un groupe regroupant les hommes d'affaires et les politiciens les plus influents au monde, qui vise à favoriser la [[Mondialiste|doctrine mondialiste]].


Henry Kissinger est membre permanent du [[Bilderberg|club Bilderberg]]<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Ces puissants et mystérieux messieurs du cercle Bilderberg|url = http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20130606.OBS2308/ces-puissants-et-mysterieux-messieurs-du-cercle-bilderberg.html|site = Le Nouvel Observateur|date = 2013}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = David Cameron participe à la conférence Bilderberg|url = http://affaires.lapresse.ca/economie/international/201306/07/01-4658788-david-cameron-participe-a-la-conference-bilderberg.php|site = La Presse|date = juin 2013}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Bilderberg Meetings - Switzerland|url = http://www.bilderbergmeetings.org/participants_2011.html|site = site officiel du Club Bilderberg|date = juin 2011}}.</ref> et de [[Institut Aspen|l'Institut Aspen]]<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Lifetime Trustees|url = http://www.aspeninstitute.org/about/leadership-board/lifetime-trustees|site = Aspen Institute|date = }}.</ref>.
Henry Kissinger est membre permanent du [[Bilderberg|club Bilderberg]]<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Ces puissants et mystérieux messieurs du cercle Bilderberg|url = http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20130606.OBS2308/ces-puissants-et-mysterieux-messieurs-du-cercle-bilderberg.html|site = [[Le Nouvel Observateur]] |date = 2013}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = David Cameron participe à la conférence Bilderberg|url = http://affaires.lapresse.ca/economie/international/201306/07/01-4658788-david-cameron-participe-a-la-conference-bilderberg.php|site = [[La Presse (Montréal)|La Presse]] |date = juin 2013}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Bilderberg Meetings - Switzerland|url = http://www.bilderbergmeetings.org/participants_2011.html|site = site officiel du club Bilderberg|date = juin 2011}}.</ref> et de l'[[Institut Aspen]]<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Lifetime Trustees|url = http://www.aspeninstitute.org/about/leadership-board/lifetime-trustees|site = [[Institut Aspen]] |date = }}.</ref>.


Il est également membre du [[Bohemian Club]]<ref>{{Lien web|langue = en|titre = A Guide to the Bohemian Grove|url = http://www.vanityfair.com/style/features/2009/05/bohemian-grove-guide200905?currentPage=2V|site = Vanity Fair|date = 2009}}.</ref>, du [[Center for Strategic and International Studies]]<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Henry A. Kissinger - Experts|url = http://csis.org/expert/henry-kissinger|site = Center for Strategic and International Studies|date = }}.</ref> et du [[Council on Foreign Relations]]<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Historical Roster of Directors and Officers|url = http://www.cfr.org/about/history/cfr/appendix.html|site = Council On Foreign Relations|date = }}.</ref>.
Il est également membre du [[Bohemian Club]]<ref>{{Lien web|langue = en|titre = A Guide to the Bohemian Grove|url = http://www.vanityfair.com/style/features/2009/05/bohemian-grove-guide200905?currentPage=2V |périodique= [[Vanity Fair (magazine)|Vanity Fair]] |date = 2009}}.</ref>, du {{lang|en|[[Center for Strategic and International Studies]]}}<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Henry A. Kissinger - Experts|url = http://csis.org/expert/henry-kissinger|site = Center for Strategic and International Studies|date = }}.</ref> et du {{lang|en|[[Council on Foreign Relations]]}}<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Historical Roster of Directors and Officers|url = http://www.cfr.org/about/history/cfr/appendix.html|site = Council On Foreign Relations|date = }}.</ref>.


=== Mort ===
=== Mort ===
Henry Kissinger meurt le {{date|29 novembre 2023}} dans sa maison de [[Kent (Connecticut)|Kent]] ([[Connecticut]]) à l’âge de 100 ans<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Henry Kissinger, géant de la diplomatie américaine, est mort |url=https://www.lefigaro.fr/international/henry-kissinger-geant-de-la-diplomatie-americaine-est-mort-20231130 |site=Le Figaro |date=2023-11-30 |consulté le=2023-11-30}}</ref>.
Henry Kissinger meurt le {{date|29 novembre 2023}} dans sa maison de [[Kent (Connecticut)|Kent]] ([[Connecticut]]) à l’âge de {{nobr|100 ans}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Henry Kissinger, géant de la diplomatie américaine, est mort |url=https://www.lefigaro.fr/international/henry-kissinger-geant-de-la-diplomatie-americaine-est-mort-20231130 |site=[[Le Figaro]] |date=2023-11-30 |consulté le=2023-11-30}}</ref>.
La cérémonie funéraire a été organisée et tenue en privé<ref>https://www.dailymail.co.uk/news/article-12810153/Henry-Kissinger-funeral-tributes-New-York.html</ref>.
Lors d'une cérémonie funéraire publique le 26 janvier 2024 au [[Temple Emanu-El de New York|Temple Emanu-El]], des protestations de manifestants pro-palestiniens ou anti-israéliens ont eu lieu devant la synagogue et ont été dispersées par la police<ref>https://www.thejc.com/news/usa/anti-israel-protestors-harass-mourners-at-henry-kissinger-memorial-r6rmbn6n</ref>.


== Controverses ==
== Controverses ==
Figure [[média]]tique, influent au sein de l'élite américaine, souvent décrit comme brillant, Henry Kissinger reste un homme extrêmement controversé. Accusé de [[crime de guerre]], sa politique étrangère lui a créé de nombreuses inimitiés, aussi bien du côté de la [[Gauche (politique)|gauche]] [[Pacifisme|pacifiste]] et d'associations humanitaires que de la [[Droite (politique)|droite]] [[Anticommunisme|anticommuniste]]<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Ibrahim |nom=Warde |titre=Les crimes de guerre de M. Henry Kissinger |url=https://www.monde-diplomatique.fr/2001/10/WARDE/7946 |site=Le Monde diplomatique |date=2001-10-01 |consulté le=2021-09-20}}.</ref>.
Figure [[média]]tique, influent au sein de l'élite américaine, souvent décrit comme brillant, Henry Kissinger reste un homme extrêmement controversé, accusé de [[crime de guerre]]. Sa politique étrangère lui a créé de nombreuses inimitiés, aussi bien du côté de la [[Gauche (politique)|gauche]] [[Pacifisme|pacifiste]] et d'associations humanitaires que de la [[Droite (politique)|droite]] [[Anticommunisme|anticommuniste]]<ref name="LMDiplo 2001" />.


=== Kissinger : juif antisémite ? ===
=== Kissinger : juif antisémite ? ===
Dans des transcriptions de propos dévoilés par la suite par le département d'État des États-Unis, il déclare devant un responsable de la Maison-Blanche : {{Citation|Y a-t-il une seule communauté dans le monde qui soit aussi égoïste que les juifs ?<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Kissinger: ‘Is there a more self-serving group of people than the Jewish community?’|url = http://mondoweiss.net/2011/11/kissinger-is-there-a-more-self-serving-group-of-people-than-the-jewish-community.html|site = Mondoweiss|date = novembre 2011}}.</ref>{{,}}<ref>[http://www.haaretz.com/jewish-world/kissinger-in-nixon-era-document-jews-are-self-serving-bastards-1.396343 « Kissinger in Nixon era document: Jewish are self-serving bastards »], ''Haaretz''</ref>}}
Dans des transcriptions de propos dévoilés par la suite par le [[département d'État des États-Unis]], il déclare devant un responsable de la [[Maison-Blanche]] : {{Citation|Y a-t-il une seule communauté dans le monde qui soit aussi égoïste que les juifs ?<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Kissinger: ‘Is there a more self-serving group of people than the Jewish community?’|url = http://mondoweiss.net/2011/11/kissinger-is-there-a-more-self-serving-group-of-people-than-the-jewish-community.html|site = Mondoweiss|date = novembre 2011}}.</ref>{{,}}<ref>[http://www.haaretz.com/jewish-world/kissinger-in-nixon-era-document-jews-are-self-serving-bastards-1.396343 « Kissinger in Nixon era document: Jewish are self-serving bastards »], ''[[Haaretz]]''.</ref>}}


Le {{date|1 mars 1973}}, Kissinger déclare : {{citation|Soyons réalistes : l'émigration des juifs d'Union soviétique n'est pas dans les objectifs de la politique étrangère américaine. Et s'ils envoient des Juifs dans des chambres à gaz en Union soviétique, ce n’est pas le problème des États-Unis. Peut être un problème humanitaire}}<ref name=":1">{{Lien web|titre = L’injure de Kissinger aux juifs d’URSS|url = http://www.liberation.fr/monde/2011/01/06/l-injure-de-kissinger-aux-juifs-d-urss_705137|site = liberation.fr|date = 6 janvier 2011}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Kissinger est définitivement une ordure|url = http://www.slate.fr/story/31495/kissinger-nixon-ordure-diplomatie|site = Slate|date = 2010}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = en|titre = The Trial of Robert D. Kaplan - The Atlantic's absurd defense of Henry Kissinger|url = https://newrepublic.com/article/113029/robert-kaplans-terrible-incoherent-defense-henry-kissinger|site = The New Republic|date = April 25, 2013}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Decades Later, Kissinger’s Words Stir Fresh Outrage Among Jews|url = https://www.nytimes.com/2010/12/17/nyregion/17nyc.html|site = New York Times|date = December 16, 2010}}.</ref>. Depuis le dévoilement de ces enregistrements secrets, il a présenté des excuses, tout en déclarant que son propos avait été sorti de son contexte<ref name=":1" />.
Le {{date|1 mars 1973}}, Kissinger déclare : {{citation|Soyons réalistes : l'émigration des [[Histoire des Juifs en URSS|juifs d'Union soviétique]] n'est pas dans les objectifs de la politique étrangère américaine. Et s'ils envoient des Juifs dans des chambres à gaz en Union soviétique, ce n’est pas le problème des États-Unis. Peut-être un problème humanitaire}}<ref name=":1">{{Lien web|titre = L’injure de Kissinger aux juifs d’URSS|url = http://www.liberation.fr/monde/2011/01/06/l-injure-de-kissinger-aux-juifs-d-urss_705137|site = [[Libération (journal)|Libération]] |date = 6 janvier 2011}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Kissinger est définitivement une ordure|url = http://www.slate.fr/story/31495/kissinger-nixon-ordure-diplomatie|site = [[Slate (magazine)|Slate]] |date = 2010}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = en|titre = The Trial of Robert D. Kaplan - The Atlantic's absurd defense of Henry Kissinger|url = https://newrepublic.com/article/113029/robert-kaplans-terrible-incoherent-defense-henry-kissinger|site = [[The New Republic]] |date = 25/04/2013}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = en|titre = Decades Later, Kissinger’s Words Stir Fresh Outrage Among Jews|url = https://www.nytimes.com/2010/12/17/nyregion/17nyc.html|site = [[The New York Times]] |date = 16/12/2010}}.</ref>. Depuis le dévoilement de ces enregistrements secrets, il a présenté des excuses, tout en déclarant que son propos avait été sorti de son contexte<ref name=":1" />.


Selon l'ancien ambassadeur de France aux États-Unis, [[Gérard Araud]], Henri Kissinger soucieux de se donner une légitimité en tant que médiateur dans les conflits au Moyen-Orient, a longtemps voulu prouver que son judaïsme ne lui donnait aucun prisme pro-israélien<ref name=":2" />. Cette volonté d'afficher en public une distance entre ses origines juives et son activité de diplomate pourrait en partie expliquer ces déclarations provocantes sur Israël ou la diaspora juive. À la suite de la [[guerre du Kippour]], fatigué des intransigeances israélienne et syrienne dans les négociations de paix, Kissinger, assurant la médiation entre ces deux parties, aurait déclaré : {{Citation|Les Israéliens et les Syriens sont les deux seuls peuples qui se méritent mutuellement}}<ref name=":2" />.
Selon l'ancien [[ambassadeur de France aux États-Unis]] [[Gérard Araud]], Henri Kissinger, soucieux de se donner une légitimité en tant que médiateur dans les conflits au [[Moyen-Orient]], a longtemps voulu prouver que son judaïsme ne lui donnait aucun prisme pro-israélien<ref name=":2" />. Cette volonté d'afficher en public une distance entre ses origines juives et son activité de diplomate pourrait en partie expliquer ces déclarations provocantes sur Israël ou la [[diaspora juive]]. À la suite de la [[guerre du Kippour]], fatigué des intransigeances israéliennes et syriennes dans les négociations de paix, Kissinger, assurant la médiation entre ces deux parties, aurait déclaré : {{Citation|Les Israéliens et les Syriens sont les deux seuls peuples qui se méritent mutuellement}}<ref name=":2" />.


=== Amérique latine ===
=== Amérique latine ===
À propos de l'[[opération Condor|opération ''Condor'']], organisée par plusieurs dictatures sud-américaines pour éliminer physiquement et torturer leurs opposants politiques jugés « subversifs », la journaliste [[Marie-Monique Robin]] écrit :
À propos de l'[[Opération Condor|opération ''Condor'']], organisée par plusieurs dictatures sud-américaines pour éliminer physiquement et torturer leurs opposants politiques jugés {{Citation|subversifs}}, la journaliste [[Marie-Monique Robin]] écrit : {{citation|Ainsi que le prouve l'enquête minutieuse de mon confrère John Dinges, le gouvernement américain, et en particulier son secrétaire d'État Henry Kissinger, est parfaitement informé des méthodes et objectifs de l'opération ''Condor'', quasiment dès sa création, mais ne bouge pas<ref>[[Marie-Monique Robin]], ''Escadrons de la mort, l'école française'', La Découverte, 2004, {{p.|376-377}}.</ref>.}}
{{citation bloc|Ainsi que le prouve l'enquête minutieuse de mon confrère John Dinges, le gouvernement américain, et en particulier son secrétaire d'État Henry Kissinger, est parfaitement informé des méthodes et objectifs de l'opération ''Condor'', quasiment dès sa création, mais ne bouge pas<ref>[[Marie-Monique Robin]], ''Escadrons de la mort, l'école française'', La Découverte, 2004, {{p.|376-377}}.</ref>.}}


Dirigeant d'une commission bipartisane sur l’Amérique centrale, tout en reconnaissant des massacres « moralement inacceptables » perpétrés par l’armée guatémaltèque, il recommande la reprise de l'aide militaire au Guatemala, ce qu'approuve l’administration Reagan<ref>{{Ouvrage|auteur1=Maurice Lemoine|titre=Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d’État modernes et autres tentatives de déstabilisation|éditeur=Don Quichotte|année=2015|passage=116|isbn=}}.</ref>.
Dirigeant d'une commission bipartisane sur l’Amérique centrale, tout en reconnaissant des massacres {{Citation|moralement inacceptables}} perpétrés par l’[[Forces armées du Guatemala|armée guatémaltèque]], il recommande la reprise de l'aide militaire au Guatemala, ce qu'approuve l’[[Présidence de Ronald Reagan|administration Reagan]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Maurice Lemoine|titre=Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d’État modernes et autres tentatives de déstabilisation|éditeur=Don Quichotte|année=2015|passage=116|isbn=}}.</ref>.


==== Coup d’État au Chili ====
==== Coup d’État au Chili ====
Il est cité comme témoin dans des enquêtes sur des [[crime de guerre|crimes de guerre]] par des juges au [[Chili]] et en [[Espagne]], au sujet du [[coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili]]<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Sarkozy adoubé par Kissinger à New York|url = https://www.bakchich.info/m%C3%A9dias/2008/09/24/sarkozy-adoube-par-kissinger-a-new-york-53697|site = bakchich.info|date = }}.</ref>.
Il est cité comme témoin dans des enquêtes sur des [[crime de guerre|crimes de guerre]] par des juges au [[Chili]] et en [[Espagne]], au sujet du [[coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili]]<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Sarkozy adoubé par Kissinger à New York|url = https://www.bakchich.info/m%C3%A9dias/2008/09/24/sarkozy-adoube-par-kissinger-a-new-york-53697|site = [[Bakchich (site web)|bakchich.info]]|date = }}.</ref>.


De passage à Paris le {{date|28 mai 2001}}, il reçoit la visite au [[Ritz-Carlton|Ritz]] de la brigade criminelle qui lui remet une convocation. Invité à comparaître au palais de justice comme témoin dans l’affaire de la disparition de cinq Français au Chili, Henry Kissinger quitte la France le lendemain<ref name=":7">{{Lien web|langue = en|titre = Kissinger shuns summons|url = https://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/france/1332441/Kissinger-shuns-summons.html|site = The Telegraph|date = 2001}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Les crimes de guerre de M. Henry Kissinger|url = http://www.monde-diplomatique.fr/2001/10/WARDE/7946|site = Le Monde diplomatique|date = octobre 2001|auteur = Ibrahim Warde}}.</ref>.
De passage à Paris le {{date|28 mai 2001}}, il reçoit la visite au [[Ritz-Carlton|Ritz]] de la [[brigade criminelle]], qui lui remet une convocation. Invité à comparaître au palais de justice comme témoin dans l’affaire de la disparition de cinq Français au Chili, Henry Kissinger quitte la France le lendemain<ref name=":7">{{Lien web|langue = en|titre = Kissinger shuns summons|url = https://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/france/1332441/Kissinger-shuns-summons.html|site = [[The Telegraph]] |date = 2001}}.</ref>{{,}}<ref name="LMDiplo 2001">{{Article |langue = fr |titre = Les crimes de guerre de M. Henry Kissinger |url = http://www.monde-diplomatique.fr/2001/10/WARDE/7946 |périodique= [[Le Monde diplomatique]] |date = octobre 2001 |auteur = Ibrahim Warde}}.</ref>.


Kissinger n'est pas déféré au juge et l'ambassade américaine l'invite à s'adresser au département d’État des États-Unis<ref name=":7" />.
Kissinger n'est pas déféré au juge et l'ambassade américaine l'invite à s'adresser au département d’État des États-Unis<ref name=":7" />.
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=== Guerre du Viêt Nam ===
=== Guerre du Viêt Nam ===


Plusieurs essais lui reprochent la première phase du [[bombardement]] secret du [[Cambodge]] par les États-Unis, de 1969 à 1973, lors de la [[guerre du Viêt Nam]]. Selon [[Ben Kiernan]], {{formatnum:50000}} à {{formatnum:150000}} personnes ont été tuées dans les bombardements aériens<ref>{{lien web|lien auteur1=Ben Kiernan|nom1=Kiernan|prénom1=Ben|nom2=Owen|prénom2=Taylor|url=http://apjjf.org/2015/13/16/Ben-Kiernan/4313.html|titre=Making More Enemies than We Kill? Calculating U.S. Bomb Tonnages Dropped on Laos and Cambodia, and Weighing Their Implications|site=The Asia–Pacific Journal|date=2015-04-26|consulté le=2021-11-08|extrait="The evidence of survivors from many parts of [Cambodia] suggests that at least tens of thousands, probably in the range of 50,000 to 150,000 deaths, resulted from the US bombing campaigns"}}.</ref>. Des convois nord-vietnamiens empruntaient la « piste Ho-Chi-Minh », à travers des forêts cambodgiennes peu peuplées, pour ravitailler le Viêt-Cong au sud Viêt Nam. Les Américains, en guerre contre le Viêt-Cong, bombardèrent ces convois lors de leur passage illégal à travers le Cambodge.
Plusieurs essais lui reprochent la première phase du [[Guerre civile cambodgienne (1967-1975)|bombardement secret du Cambodge par les États-Unis]], de 1969 à 1973, lors de la [[guerre du Viêt Nam]]. Selon [[Ben Kiernan]], {{formatnum:50000}} à {{unité|150000 personnes}} ont été tuées dans ces bombardements<ref>{{lien web |langue=en |lien auteur1=Ben Kiernan|nom1=Kiernan|prénom1=Ben|nom2=Owen|prénom2=Taylor|url=http://apjjf.org/2015/13/16/Ben-Kiernan/4313.html|titre=Making More Enemies than We Kill? Calculating U.S. Bomb Tonnages Dropped on Laos and Cambodia, and Weighing Their Implications|site=The Asia–Pacific Journal|date=2015-04-26|consulté le=2021-11-08|extrait={{anglais|The evidence of survivors from many parts of [Cambodia] suggests that at least tens of thousands, probably in the range of 50,000 to 150,000 deaths, resulted from the US bombing campaigns.}}}}</ref>. Des convois nord-vietnamiens empruntaient la « piste Ho-Chi-Minh », à travers des forêts cambodgiennes peu peuplées, pour ravitailler le Viêt-Cong au sud Viêt Nam. Les Américains, en guerre contre le Viêt-Cong, bombardaient ces convois lors de leur passage illégal à travers le Cambodge.


Pour la seule année 1973, l’aviation américaine a largué davantage de bombes contre les Khmers rouges qui assiègent Phnom Penh, sur le centre du Cambodge, que sur le Japon pendant toute la Seconde Guerre mondiale. D'après les services de renseignement américain, ces bombardements massifs et leurs conséquences sur la population cambodgienne ont permis aux Khmers rouges de recruter nombre de nouveaux combattants<ref>{{Lien web|titre=Cambodge. Mais où sont les complices des Khmers rouges ?|url=https://www.courrierinternational.com/article/2009/02/26/mais-ou-sont-les-complices-des-khmers-rouges|site=Courrier international}}.</ref>.
Pour la seule année 1973, l’aviation américaine a largué davantage de bombes contre les [[Khmers rouges]] qui assiègent Phnom Penh, sur le centre du Cambodge, que sur le Japon pendant toute la Seconde Guerre mondiale. D'après les services de renseignement américains, ces bombardements massifs et leurs conséquences sur la population cambodgienne ont permis aux Khmers rouges de recruter nombre de nouveaux combattants<ref>{{Lien web|titre=Cambodge. Mais où sont les complices des Khmers rouges ?|url=https://www.courrierinternational.com/article/2009/02/26/mais-ou-sont-les-complices-des-khmers-rouges|site=[[Courrier international]]}}.</ref>.


=== Invasion du Timor oriental ===
=== Invasion du Timor oriental ===
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=== Attaque du Hamas contre Israël de 2023 ===
=== Attaque du Hamas contre Israël de 2023 ===
En octobre 2023, suite à [[Attaque du Hamas contre Israël|l'attaque du Hamas contre Israël]] et des réactions de soutien à la [[Palestine (État)|Palestine]] que cela a suscitées en [[Allemagne]], il s'exprime sur la chaîne de télévision allemande Welt TV. Il affirme, concernant la politique migratoire du pays, que {{citation|c’était une grave erreur de laisser entrer autant de personnes de culture, de religion et de concepts totalement différents, car cela crée un groupe de pression à l’intérieur de chaque pays<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Manifestations pro-Palestine en Allemagne: l’immigration de masse a été «une grave erreur», selon Kissinger |url=https://www.lefigaro.fr/international/manifestations-pro-palestine-en-allemagne-l-immigration-de-masse-a-ete-une-grave-erreur-selon-kissinger-20231012 |site=Le Figaro |date=2023-10-12 |consulté le=2023-11-30}}</ref>}}. Ces déclarations sont récupérées par l'[[extrême droite]], notamment en [[France]].
En octobre 2023, à la suite de l'[[attaque du Hamas contre Israël]] et des réactions de soutien à la [[Palestine (État)|Palestine]] que cela a suscitées en [[Allemagne]], il s'exprime sur la chaîne de télévision allemande Welt TV. Il affirme, concernant la politique migratoire du pays, que {{citation|c’était une grave erreur de laisser entrer autant de personnes de culture, de religion et de concepts totalement différents, car cela crée un groupe de pression à l’intérieur de chaque pays<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Manifestations pro-Palestine en Allemagne: l’immigration de masse a été «une grave erreur», selon Kissinger |url=https://www.lefigaro.fr/international/manifestations-pro-palestine-en-allemagne-l-immigration-de-masse-a-ete-une-grave-erreur-selon-kissinger-20231012 |site=Le Figaro |date=2023-10-12 |consulté le=2023-11-30}}</ref>}}. Ces déclarations sont récupérées par l'[[extrême droite]], notamment en [[France]].


== Vie privée ==
== Vie privée ==
[[Image:Henry and Nancy Kissinger.jpg|vignette|droite|Henry et Nancy Kissinger au [[Metropolitan Opera]] en [[2008]].]]
[[Image:Henry and Nancy Kissinger.jpg|vignette|droite|Henry et Nancy Kissinger au [[Metropolitan Opera]] en 2008.]]


Henry Kissinger est d'abord marié à Ann Fleischer, avec qui il a eu deux enfants, Elizabeth et David<ref name=":6">{{Lien web |langue=en |titre=Henry the Second |url=http://www.people.com/people/archive/article/0,,20138759,00.html |site=people.com |date=2002}}.</ref>. Sa fille devient médecin<ref name=":6" /> et son fils est cadre supérieur à [[NBC Universal]] avant d'être nommé à la tête de Conaco, [[société de production]] de [[Conan O'Brien]]. Henry divorce en [[1964]]. Dix ans plus tard, il se remarie avec [[Nancy Kissinger|Nancy Maginnes]]<ref>{{en}} {{article|titre=Somebody to Come Home To|périodique=Time Magazine|date=8 avril 1974|url texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,908532,00.html|consulté le=2 mai 2010}}.</ref>, avec qui il finit ses jours. La communauté juive réagit mal et lui reproche d'avoir épousé une [[catholique]] et surtout de s'être marié un samedi<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Stephan Lamby |titre=L'incontournable Monsieur Kissinger |url=https://www.arte.tv/fr/videos/039552-000-A/l-incontournable-monsieur-kissinger/ |site=Arte |date=27 mai 2023 |consulté le=8 juillet 2023|brisé le = 2023-11-01}}.</ref>, le 30 mars 1974. Ils partageaient leur temps entre [[New York]] et [[Kent (Connecticut)|Kent]] dans le [[Connecticut]].
Henry Kissinger est d'abord marié à Ann Fleischer, avec qui il a eu deux enfants, Elizabeth et David<ref name=":6">{{Lien web |langue=en |titre=Henry the Second |url=http://www.people.com/people/archive/article/0,,20138759,00.html |site=people.com |date=2002}}.</ref>. Sa fille devient médecin<ref name=":6" /> et son fils est cadre supérieur à [[NBC Universal]] avant d'être nommé à la tête de Conaco, [[société de production]] de [[Conan O'Brien]]. Henry divorce en 1964. Dix ans plus tard, il se remarie avec [[Nancy Kissinger|Nancy Maginnes]]<ref>{{en}} {{article|titre=Somebody to Come Home To|périodique=Time Magazine|date=8 avril 1974|url texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,908532,00.html|consulté le=2 mai 2010}}.</ref>, avec qui il finit ses jours. La communauté juive réagit mal et lui reproche d'avoir épousé une [[catholique]] et surtout de s'être marié un samedi<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Stephan Lamby |titre=L'incontournable Monsieur Kissinger |url=https://www.arte.tv/fr/videos/039552-000-A/l-incontournable-monsieur-kissinger/ |site=Arte |date=27 mai 2023 |consulté le=8 juillet 2023|brisé le = 2023-11-01}}.</ref>, le 30 mars 1974. Ils partageaient leur temps entre [[New York]] et [[Kent (Connecticut)|Kent]] dans le [[Connecticut]].


== Dans les arts et la culture populaire ==
== Dans les arts et la culture populaire ==
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* {{en}} Holger Klitzing, ''The Nemesis of Stability. Henry A. Kissinger’s Ambivalent Relationship with Germany'', WVT, Trier, 2007 {{ISBN|978-3-88476-942-3}}.
* {{en}} Holger Klitzing, ''The Nemesis of Stability. Henry A. Kissinger’s Ambivalent Relationship with Germany'', WVT, Trier, 2007 {{ISBN|978-3-88476-942-3}}.
* {{en}} Robert D. Schulzinger, ''Henry Kissinger. Doctor of diplomacy'', Columbia Univ. Pr., New York, 1989 {{ISBN|0-231-06952-9}}.
* {{en}} Robert D. Schulzinger, ''Henry Kissinger. Doctor of diplomacy'', Columbia Univ. Pr., New York, 1989 {{ISBN|0-231-06952-9}}.
* {{en}} Robert Dallek, ''Nixon and Kissinger: Partners in Power, ''2007.
* {{en}} [[Robert Dallek]], ''Nixon and Kissinger: Partners in Power, ''2007.
* {{en}} Walter Isaacson, ''Kissinger : A Biography'', 2005 {{ISBN|978-0743286978}}.
* {{en}} Walter Isaacson, ''Kissinger : A Biography'', 2005 {{ISBN|978-0743286978}}.


== Prix et décorations ==
== Prix et décorations ==
=== Récompenses et distinctions ===
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==== Décorations étrangères ====
==== Décorations étrangères ====
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| commons titre = Henry Kissinger
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=== Articles connexes ===
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* [[Histoire des États-Unis de 1964 à 1980]]
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Version du 9 mai 2024 à 22:48

Henry Kissinger
Illustration.
Henry Kissinger en 2009.
Fonctions
56e secrétaire d'État des États-Unis

(3 ans, 3 mois et 29 jours)
Président Richard Nixon
Gerald Ford
Gouvernement Administration Nixon
Administration Ford
Prédécesseur William P. Rogers
Successeur Cyrus Vance
8e conseiller à la sécurité nationale
des États-Unis

(6 ans, 9 mois et 14 jours)
Président Richard Nixon
Gerald Ford
Gouvernement Administration Nixon
Administration Ford
Prédécesseur Walt Rostow
Successeur Brent Scowcroft
Biographie
Nom de naissance Heinz Alfred Kissinger
Date de naissance
Lieu de naissance Fürth (Allemagne)
Date de décès (à 100 ans)
Lieu de décès Kent, Connecticut (États-Unis)
Sépulture Cimetière d'Arlington
Nationalité Allemande (1923-1935)
Américaine (1943-2023)
Parti politique Parti républicain
Diplômé de City College of New York
Université Harvard
Profession Diplomate

Signature de Henry Kissinger

Henry Kissinger
Prix Nobel de la paix de 1973
Secrétaires d'État des États-Unis

Henry Kissinger (prononciation américaine /ˈkɪsɪndʒɚ/), né Heinz Alfred Kissinger (prononciation allemande /haɪnts ˈalfʁɛt ˈkɪsɪŋɐ/) le à Fürth en Allemagne et mort le à Kent (Connecticut, États-Unis), est un diplomate américain, politologue et consultant en géopolitique.

Allemand de naissance, de confession juive, il émigre aux États-Unis en 1938 avec sa famille, qui fuit les persécutions nazies, et est naturalisé Américain en 1943. Interprète pour les services secrets américains durant la Seconde Guerre mondiale en Europe, il devient pour une courte période administrateur de la ville de Krefeld.

De retour aux États-Unis en 1946, il étudie les sciences politiques à Harvard avant de se lancer en politique. D'abord conseiller à la sécurité nationale américaine, il devient secrétaire d'État du gouvernement républicain de Richard Nixon, poste qu'il occupe ensuite sous Gerald Ford. Promoteur de la Realpolitik, il joue un rôle important dans la diplomatie américaine au cours de la guerre froide de 1968 à 1977, en étant notamment, en 1973, l'un des artisans de la signature des accords de paix de Paris tentant de mettre fin à la guerre du Viêt Nam. Il inspire la politique de la Détente avec l’Union soviétique et, au prix de nombreuses concessions à la Chine, normalise les relations sino-américaines à partir de 1971.

Kissinger reçoit le prix Nobel de la paix en 1973 pour son action dans la résolution de la guerre du Viêt Nam. Ce prix est notamment marqué par la démission de deux membres du comité Nobel, en guise de protestation. Figure médiatique, souvent décrit comme brillant, il reste un personnage controversé, sa politique étrangère lui ayant créé de nombreuses inimitiés, aussi bien du côté de la gauche pacifiste que de certaines associations humanitaires et de la droite anticommuniste.

Il contribue fortement aux relations entre les États-Unis et Israël en soutenant ce dernier pays dans la guerre israélo-arabe de 1973. Son rôle en Amérique latine, notamment dans le renversement du président chilien Salvador Allende en 1973, est controversé, mais il parvient à sortir à peu près indemne du scandale du Watergate.

Après son départ du gouvernement, il est fondateur de Kissinger Associates et en assure la présidence. Entreprise de conseil en relations internationales, elle a pour clients des firmes multinationales qu'elle assiste dans leurs négociations de contrats commerciaux avec des États. Il a par ailleurs écrit une douzaine d'ouvrages sur l'histoire diplomatique et les relations internationales.

Biographie

Enfance et formation

Henry Kissinger est né Heinz Alfred Kissinger le à Fürth en Bavière, dont il est plus tard devenu citoyen d'honneur, dans une famille juive allemande[1]. Son père, Ludwig Kissinger (1887-1982), est instituteur. Sa mère, Paula Stern Kissinger (1901-1998), est femme au foyer. Henry a un frère cadet, nommé Walter[2]. Le nom Kissinger est issu du choix fait en 1817 par l'arrière-arrière-grand-père d'Henry, Meyer Löb, de changer de patronyme. Il se serait pour cela inspiré du nom de la ville allemande de Bad Kissingen[3]. En 1938, sa famille, fuyant les persécutions nazies, part pour New York et s'installe à Washington Heights à Manhattan. Il est naturalisé américain le [4].

Écolier à Manhattan, il ne perd pas son accent allemand, malgré une assimilation rapide de la culture américaine, du fait d'une certaine timidité enfantine qui l'empêche de prendre la parole en classe[5],[6]. Il suit les cours du soir dans son quartier à la George Washington High School (en) pour travailler dans les usines le jour. Il entre ensuite dans le supérieur au City College of New York, où il étudie la comptabilité.

Expérience militaire

En 1943, il arrête temporairement ses études pour recevoir un entrainement militaire élémentaire à Camp Croft (Spartanburg, Caroline du Sud), à la suite de sa naturalisation la même année. Il est d'abord envoyé au collège Lafayette en Pennsylvanie pour étudier l'ingénierie mais le programme est annulé et Kissinger est réassigné à la 84e division d'infanterie. Il y fait la connaissance de l'universitaire Fritz G. A. Kraemer (en), comme lui immigré allemand. Ce dernier remarque l'aisance d'Henry avec l'allemand et son intellect peu commun. Il s'arrange alors pour qu'il soit envoyé à la section de renseignement militaire de la division. Kissinger part ensuite en Europe avec sa division alors que la Seconde Guerre mondiale bat son plein, et est volontaire pour assurer des missions de renseignement non sans risques, notamment durant la bataille des Ardennes[7],[8].

À la suite de l'avancée de l'armée américaine sur le territoire allemand, Kissinger est assigné à la dénazification de la ville de Krefeld du fait du manque de germanophones dans l'équipe de renseignement de la division[9]. Ses origines et sa connaissance de la société allemande lui sont utiles dans sa tâche d'administrateur militaire de cette cité ouvrière : il parvient à supprimer tous les symboles nazis et mettre en place une nouvelle administration civile en seulement huit jours[10]. Il est ensuite muté au Counter Intelligence Corps (CIC) avec le grade de sergent. Il prend la tête d'une équipe à Hanovre chargée de pourchasser notamment les officiers de la Gestapo, mission pour laquelle il reçoit la Bronze Star[11]. En juin 1945, Kissinger passe commandant d'un détachement du CIC dans l'arrondissement de la Bergstraße dans le Land de Hesse. Alors qu'il possède l'autorité et les pouvoirs nécessaires pour procéder à des arrestations immédiates, il prend toujours soin de ne pas en abuser et de ménager la population locale[12].

En 1946, Kissinger est réassigné en tant que professeur à l'European Command Intelligence School à Camp King (en), où il continuera de travailler même après son départ de l'armée[13],[14].

Cursus universitaire et débuts en tant que conseiller

Kissinger, 1961
Henry Kissinger en 1961.

Henry Kissinger obtient en 1950 une licence en science politique à l'université Harvard avec la mention summa cum laude après avoir suivi les cours de William Yandell Elliott[15]. Il obtient sa maîtrise en 1952. La même année, il devient consultant auprès du directeur du Psychological Strategy Board (en) en marge de ses études[16]. En 1954, il devient docteur en science politique à l'université Harvard, sa thèse sur la diplomatie entre 1812 et 1822 (Peace, Legitimacy, and the Equilibrium — A Study of the Statesmanship of Castlereagh and Metternich —) étant réputée la plus longue de l'histoire de l'université[réf. souhaitée]. Il y devient alors professeur au département des études gouvernementales, dont il devient directeur adjoint en 1957.

Henry Kissinger est également nommé consultant à l'Operations Coordinating Board (en) du Conseil de sécurité nationale en 1955[16]. La même année et en 1956, il est directeur d'étude des Affaires étrangères et Armes nucléaires au Conseil des relations étrangères. Il écrit l'année suivante un livre sur le sujet, Nuclear Weapons and Foreign Policy, qui met notamment en avant les avantages de ce qui sera appelé la riposte graduée à celle des « représailles massives »[17].

Ayant une grande ambition politique, il entretient des relations avec Nelson Rockefeller[18], alors gouverneur de New York et conseille occasionnellement Dwight Eisenhower, John Fitzgerald Kennedy et Lyndon Baines Johnson. Kissinger devient ensuite conseiller du candidat Richard Nixon pour l'élection de 1968 qui le nomme conseiller à la sécurité nationale. Du point de vue théorique, c'est un fervent partisan de la Realpolitik, comme il l'expose dans son œuvre majeure, Diplomatie, parue en 1995. Il y oppose le réalisme politique à l'idéalisme wilsonien dont les néo-conservateurs se veulent être les héritiers.

Il est ensuite administrateur de Rockefeller Brothers Fund (en)[16] et de Gulfstream Aerospace, directeur du Programme d'études de Défense de Harvard de 1958 à 1971, directeur du Séminaire international de la même académie de 1951 à 1971. Il conseille aussi de nombreuses agences gouvernementales telles l'Operations Research Office (en), l'Arms Control and Disarmament Agency (en) ou le département d'État des États-Unis ainsi que des laboratoires d'idées comme Rand Corporation[16].

Administration Nixon et prix Nobel de la paix

Portrait officiel d'Henry A. Kissinger, comme secrétaire d'État des États-Unis, 1973.

Lorsque Richard Nixon prend ses fonctions, Henry Kissinger est nommé conseiller à la sécurité nationale en 1969, puis en 1973 secrétaire d'État.

Dans l'équipe de Richard Nixon, Henry Kissinger met au point la politique de la détente avec l'Union soviétique. Il négocie ainsi le traité SALT I limitant le nombre de bombes nucléaires des deux superpuissances.

Politique étrangère américaine en Asie-Pacifique

Henry Kissinger en entretien avec Mao Zedong, le Premier ministre chinois Zhou Enlai est en arrière-plan.

En novembre 1970, le président chinois Mao Zedong, par l'intermédiaire de son premier ministre Zhou Enlai, fait savoir confidentiellement à Nixon qu'il souhaite ouvrir des relations avec les États-Unis. Nixon, selon les Mémoires de Kissinger, juge l'ouverture prématurée. En , après la participation d'une équipe chinoise aux championnats du monde de tennis de table, Mao relance l'invitation. En , Kissinger est envoyé en secret à Pékin pour préparer la visite officielle du président américain en Chine. Il fait savoir à Zhou Enlai que Nixon envisage de renoncer au soutien traditionnel des États-Unis à Taïwan et de reconnaître la Chine communiste avant le si Nixon remporte l'élection présidentielle américaine de 1972. En échange, Kissinger ne demande aucune garantie pour la sécurité de Taïwan, se bornant à dire que « nous espérons beaucoup que la question de Taïwan pourra être résolue de façon pacifique ». Il promet de communiquer à Pékin les informations du renseignement américain sur l'arsenal nucléaire soviétique et les mouvements des troupes soviétiques à la frontière de la Chine. Il annonce également le prochain retrait des troupes américaines du Vietnam du Sud et, en cas de réélection de Nixon, également celles de Corée du Sud. En échange, il ne demande au régime de Mao ni de cesser son soutien au Vietnam du Nord, ni de modérer sa propagande anti-américaine. En , Kissinger fait une deuxième visite à Pékin et achève les préparatifs de la visite de Nixon ; quelques jours plus tard, l'Organisation des Nations unies vote pour retirer à Taïwan (« république de Chine ») son siège permanent au Conseil de sécurité et l'attribuer à la Chine communiste, sans que les États-Unis s'y opposent[19]. Le a lieu la seule rencontre personnelle entre Mao et Nixon, en présence de Kissinger et Zhou Enlai : les deux Américains renchérissent de compliments envers Mao, qui leur répond en termes dédaigneux et écarte « tous ces problèmes difficiles » tels que Taïwan, la Corée et le Vietnam. À plusieurs reprises, Mao interrompt Nixon pour l'interroger sur les diplômes de Kissinger ou demander à ce dernier de « placer un mot » mais c'est pour se moquer de Kissinger en parlant des « jolies filles » qu'il invite dans ses voyages[20]. Par la suite, Kissinger tiendra toujours des propos favorables à Mao, affirmant en 1997 que sa vie était « une quête de la vertu égalitaire[21] ».

Ayant promis, lors des élections de 1968, une issue rapide au problème de la guerre du Viêt Nam, l'administration américaine doit faire face à une escalade du conflit. Celle-ci est marquée par la décision américaine de bombarder illégalement des positions du Việt Cộng au Laos et au Cambodge (opération Menu). À la suite des accords de Paris du , jetant les bases du retrait américain du Viêt Nam, il reçoit le prix Nobel de la paix, conjointement avec le Vietnamien Lê Đức Thọ qui le décline car selon lui « […] la paix n'a pas réellement été établie »[réf. nécessaire].

Les réactions sont mitigées. Le journal italien La Stampa écrit que l'attribution de ce prix à Kissinger constitue « un encouragement à ceux qui veulent déclarer la guerre pour mieux la stopper »[22]. Françoise Giroud, dans l'hebdomadaire L'Express écrit qu'il s'agit d'un « prix Nobel de l'humour noir ». Plusieurs commentateurs ultérieurs dans le cadre de rétrospectives déclarent que Kissinger reste un récipiendaire très contestable du Nobel[23],[24],[25].

Politique étrangère américaine au Moyen-Orient

Pendant la guerre israélo-arabe de 1973, alors que Nixon est enlisé dans le scandale du Watergate et ne peut plus présider le Conseil de sécurité nationale, Kissinger assure la direction militaire et diplomatique. Dans un premier temps, soucieux de réserver à Washington un rôle de médiateur dans ce conflit, il décide de n'apporter qu'un soutien limité aux Israéliens[26]. Il leur autorise l'achat de munitions américaines, tout en laissant à leur charge l'organisation de la logistique[26]. Mais lorsque Golda Meir l'avertit qu'au bout de quatre jours, les forces israéliennes ont déjà perdu 500 chars et que leur défaite n'est pas exclue, Kissinger décide, malgré l'opposition du secrétaire à la Défense James Schlesinger, d'envoyer un soutien matériel massif à Israël et organise un pont aérien[26]. Le , les Israéliens renversent la situation en leur faveur et, le 24, l'URSS menace d'intervenir militairement pour empêcher l'encerclement de l'armée égyptienne. Bien que ne souhaitant pas compromettre un rapprochement avec les Soviétiques, Kissinger fait mettre en alerte les forces nucléaires américaines, pour amener les Soviétiques à négocier[26]. Ceux-ci acceptent, alors que Nixon « dormait d'un profond sommeil », la proposition d'un cessez-le-feu[26]. Alors qu'Israël, désormais en position favorable, souhaite poursuivre sa contre-offensive, Kissinger, soucieux à la fois d'assurer une victoire israélienne et de faciliter des négociations de paix entre ennemis, fait pression sur Golda Meir pour accepter le cessez-le-feu[26]. Ce faisant, en armant les forces israéliennes, puis en leur imposant, après leur avoir donné l'avantage, de stopper leur offensive, Kissinger retrouve une place de médiateur crédible pour les parties en conflits[26].

Richard Nixon et Henry Kissinger accueillant la Première ministre israélienne Golda Meir (à g.) à la Maison Blanche le .

Entre 1974 et 1975, Kissinger, fort de son rôle de négociateur, fait onze voyages au Moyen-Orient et organise quatre sessions de négociation entre Égypte, Syrie et Israël[26]. Il parvient à obtenir des accords de paix israélo-égyptien puis israélo-syrien, mettant dans la balance un retrait des forces israéliennes des territoires occupés d'une part, une reconnaissance arabe d'Israël d'autre part[26]. Ces ambitions se concrétisent pleinement entre l'Égypte et Israël lors des accords diplomatiques de Camp David en 1978, mais restent inachevés avec la Syrie.

Parallèlement, alors que l'OPEP, solidaire de la coalition arabe, décide un embargo pétrolier contre les États-Unis, Kissinger fait étudier par James Schlesinger un projet d'occupation des champs pétroliers saoudiens[27].

Politique étrangère américaine en Amérique du Sud

Henry Kissinger se montre très hostile au président socialiste chilien Salvador Allende. Dès le , lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale, il déclare : « Je ne vois pas pourquoi nous devrions rester tranquilles quand un pays devient communiste à cause de l'irresponsabilité de son propre peuple[28]. » Dans son livre Les Crimes de M. Kissinger, le journaliste Christopher Hitchens accuse Kissinger d'avoir pris part au coup d'État du au Chili dirigé par le général Pinochet contre le gouvernement de Salvador Allende. Des éléments déclassifiés montrent que la CIA a soutenu un projet de coup de force en 1970, ce que Kissinger détaille lui-même dans ses mémoires, mais celui-ci affirme que les États-Unis ne fomentaient plus de tels projets en 1973 et qu'ils n'ont joué aucun rôle dans le putsch de 1973. La commission Church du Sénat des États-Unis, qui a enquêté sur les opérations au Chili, dit dans son rapport n'avoir trouvé aucune preuve d'implication directe des États-Unis[29].

Politique étrangère américaine en Europe

D'origine allemande et toujours germanophone, Henri Kissinger garde néanmoins une certaine méfiance à l'égard de son pays et de son continent d'origine où il a souffert, dans son enfance, de la montée des totalitarismes[26].

Henry Kissinger avec Valéry Giscard d'Estaing et Gerald Ford ().

Il juge avec un certain scepticisme la construction de l'Union européenne, qu'il voit comme une menace du leadership américain[26]. Mais dans le même temps, la facilité avec laquelle l'Europe de l'Ouest s'en remet à l'OTAN pour sa propre sécurité contre la menace soviétique, à une époque où les États-Unis comptent encore de nombreuses bases en Europe, lui inspire un certain mépris[26]. Il juge par conséquent avec admiration le volontarisme du général de Gaulle à faire de la France une nation souveraine capable d'assurer sa propre sécurité[26].

Scandale du Watergate

Lorsque éclate le scandale du Watergate, Kissinger est interpellé comme possible complice du système d'espionnage intérieur mis en place par Nixon. Lors d'une conférence de presse à Vienne le , il déclare qu'il ne lui sera plus possible de conduire la politique étrangère des États-Unis si sa personnalité et sa crédibilité sont mises en doute. Il reçoit de nombreux témoignages de confiance de sénateurs et représentants, aussi bien républicains que démocrates : les deux camps reconnaissent qu'il n'est pas exactement « Monsieur Propre » mais qu'il n'est pas impliqué dans les méfaits et violations de droits orchestrés par la Maison Blanche. Le , le Sénat rend un rapport déclarant que le rôle de Kissinger dans l'affaire des écoutes n'était pas de nature à l'exclure de la direction des Affaires étrangères[30]. Son adjoint, le diplomate Richard Holbrooke, écrit dans Foreign Policy que Kissinger n'était ni « le seul homme propre dans une clique de putois » ni « un membre de la bande parmi d'autres », mais qu'il avait dû accepter un compromis pour pouvoir « jouer un rôle extraordinaire sur la scène mondiale[31] ».

Administration Ford

Henry Kissinger, Richard Nixon, Gerald Ford et Alexander Haig en réunion à la Maison-Blanche.

À la suite de la démission de Richard Nixon, Henry Kissinger reste à son poste de secrétaire d'État mais quitte celui de conseiller à la sécurité nationale, sous l'autorité du nouveau président Gerald Ford en 1974.

Kissinger produit un mémorandum important concernant la croissance démographique et ses effets géopolitiques. Achevé le et adopté en , il conseille des organisations mondiales comme la Banque Mondiale ainsi que les politiques américaines. Cela reste secret jusqu'à 1989[32],[33].

En , Gerald Ford et Henry Kissinger rencontrent le président de l'Indonésie Soeharto. Ils auraient approuvé, à la suite de la déclaration d'allégeance de quatre parties du Timor oriental à l'Indonésie, l'imminente annexion par celle-ci de ce territoire, en vue d'unifier l'île de Timor, dont seule la moitié occidentale est sous souveraineté indonésienne. Au cours des 24 années d'occupation indonésienne qui ont pris fin en 1999, entre 102 800 et 183 000 personnes sont mortes. Kissinger a toujours affirmé son ignorance à l'égard de cette invasion, à l'encontre de documents soutenant le contraire[34].

En 1976, Kissinger revient sur la politique de détente avec les régimes « blancs » d'Afrique (établie en 1969). En échange d'un assouplissement des relations avec l’Afrique du Sud sur les questions relatives au Sud-Ouest africain/Namibie (ou le gouvernement sud-africain a initié la conférence de la Turnhalle) et à l’apartheid, il se rend à Pretoria où il demande à John Vorster, le Premier ministre sud-africain, de faire pression sur Ian Smith, le Premier ministre de Rhodésie, afin d’obtenir de lui le retour à la légalité internationale et l’application du principe de majorité One man, one vote (« Un homme, un vote ») en Rhodésie. Il obtient gain de cause et, en , Ian Smith cède sur le principe du gouvernement dirigé par la majorité noire, ouvrant ainsi la voie à une solution politique dans le pays[réf. nécessaire].

La victoire du démocrate Jimmy Carter aux élections présidentielles de ne lui permet pas de poursuivre les pourparlers en vue d'un règlement négocié (elles seront reprises par son successeur Cyrus Vance et déboucheront sur un échec)[réf. nécessaire].

Henry Kissinger quitte son poste de secrétaire d'État en [35],[36].

Influence ultérieure

Henry Kissinger avec Vladimir Poutine ().

Henry Kissinger est l'un des hommes-clé de l'élection présidentielle de 1980. Il draine vers le candidat républicain, Ronald Reagan, une part importante de l'intelligentsia américaine au nom du new leadership (« nouvelle hégémonie ») que les États-Unis doivent retrouver pour contrer l'Union soviétique. Pour cela, il utilise tout son réseau universitaire et celui des laboratoires d'idées qu'il connait bien[37].

Par la suite, Henry Kissinger joue un rôle relativement mineur dans les gouvernements américains qui suivent (ayant de mauvaises relations avec George H. W. Bush), participant à de nombreux groupes politiques, des commissions, etc. Il dirige la firme de consultant Kissinger Associates depuis 1983 ; à ce sujet, il refuse de donner la liste de ses clients ou le montant de ses revenus : « tout ce que je peux vous dire, c'est que mes associés et moi-même refusons tout État étranger comme client et toute activité de lobbying auprès de l'administration américaine[1]. » Il est notamment embauché par la multinationale Walt Disney pour la conseiller sur ses liens commerciaux avec la Chine[38].

Henry Kissinger au Forum économique mondial (2008).

Henry Kissinger exprime régulièrement son point de vue en tant que consultant ou lors de discours, d'articles ou de livres[39].

Il soutient en 1998 l'ancien dictateur chilien Augusto Pinochet à la suite de l'arrestation de celui-ci à Londres. De passage à Paris le , il reçoit la visite de la brigade criminelle, qui lui remet une convocation judiciaire. Alors qu'il devait se présenter au palais de justice comme témoin dans l’affaire de la disparition de cinq Français au Chili, Henry Kissinger, vraisemblablement impliqué dans la création du opération Condor, quitte précipitamment la France le lendemain[40].

En 2002, George W. Bush le nomme à la commission d'enquête sur les attentats du [41], qu'il quitte plutôt que de publier sa liste de clients comme cela lui est demandé pour répondre à des accusations de conflits d'intérêts[42],[43],[44].

Lors des élections présidentielles américaines de 2008, il déclare que John McCain et Barack Obama feraient la même politique étrangère une fois au pouvoir car les États-Unis ont des intérêts que ces deux hommes ne peuvent ignorer[45]. Il conserve une influence sur la politique étrangère de l'administration Obama[46],[47].

En 2012, il publie un livre sur l'histoire de la Chine[48],[49] et rencontre le président de la République française François Hollande[50].

En 2014, il est opéré du cœur à l’hôpital presbytérien de New York[51],[52].

Kissinger conserve une influence dans les relations américano-russes et a notamment fait la connaissance de Vladimir Poutine en 1990. En 2016, la presse rapporte qu'il pourrait être appelé par la Maison Blanche à jouer un rôle de médiateur dans l'affaire de l'influence qu'aurait eue la Russie sur les élections présidentielles américaines dont Donald Trump est sorti vainqueur[53].

En janvier 2023, un an après le début de l'invasion russe de l'Ukraine, Kissinger affiche, au Forum économique mondial de Davos, son soutien à l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN[54]. Il déclare : « Avant cette guerre, j'étais opposé à ce que l'Ukraine devienne membre de l'Otan parce que je craignais que cela ne provoque exactement le processus qu'on voit maintenant. Mais maintenant que ce processus a atteint ce niveau, une Ukraine neutre dans ces conditions n'aurait plus de sens. »[54].

Groupes et Instituts

Henry Kissinger avec Angela Merkel ().

Kissinger Associates, l'entreprise qu'il dirige, est membre du Council of the Americas, un groupe d'affaires pro-libre-échange[55].

Kissinger est l'un des dirigeants du Kissinger Institute on China and the United States, « une division dédiée aux relations sino-américaines du laboratoire d'idées Woodrow Wilson International Center for Scholars »[56]. Kissinger est aussi, avec le milliardaire David Rockefeller et Zbigniew Brzeziński, l'un des membres importants de la commission Trilatérale, un groupe regroupant les hommes d'affaires et les politiciens les plus influents au monde, qui vise à favoriser la doctrine mondialiste.

Henry Kissinger est membre permanent du club Bilderberg[57],[58],[59] et de l'Institut Aspen[60].

Il est également membre du Bohemian Club[61], du Center for Strategic and International Studies[62] et du Council on Foreign Relations[63].

Mort

Henry Kissinger meurt le dans sa maison de Kent (Connecticut) à l’âge de 100 ans[64]. La cérémonie funéraire a été organisée et tenue en privé[65]. Lors d'une cérémonie funéraire publique le 26 janvier 2024 au Temple Emanu-El, des protestations de manifestants pro-palestiniens ou anti-israéliens ont eu lieu devant la synagogue et ont été dispersées par la police[66].

Controverses

Figure médiatique, influent au sein de l'élite américaine, souvent décrit comme brillant, Henry Kissinger reste un homme extrêmement controversé, accusé de crime de guerre. Sa politique étrangère lui a créé de nombreuses inimitiés, aussi bien du côté de la gauche pacifiste et d'associations humanitaires que de la droite anticommuniste[40].

Kissinger : juif antisémite ?

Dans des transcriptions de propos dévoilés par la suite par le département d'État des États-Unis, il déclare devant un responsable de la Maison-Blanche : « Y a-t-il une seule communauté dans le monde qui soit aussi égoïste que les juifs ?[67],[68] »

Le , Kissinger déclare : « Soyons réalistes : l'émigration des juifs d'Union soviétique n'est pas dans les objectifs de la politique étrangère américaine. Et s'ils envoient des Juifs dans des chambres à gaz en Union soviétique, ce n’est pas le problème des États-Unis. Peut-être un problème humanitaire »[69],[70],[71],[72]. Depuis le dévoilement de ces enregistrements secrets, il a présenté des excuses, tout en déclarant que son propos avait été sorti de son contexte[69].

Selon l'ancien ambassadeur de France aux États-Unis Gérard Araud, Henri Kissinger, soucieux de se donner une légitimité en tant que médiateur dans les conflits au Moyen-Orient, a longtemps voulu prouver que son judaïsme ne lui donnait aucun prisme pro-israélien[26]. Cette volonté d'afficher en public une distance entre ses origines juives et son activité de diplomate pourrait en partie expliquer ces déclarations provocantes sur Israël ou la diaspora juive. À la suite de la guerre du Kippour, fatigué des intransigeances israéliennes et syriennes dans les négociations de paix, Kissinger, assurant la médiation entre ces deux parties, aurait déclaré : « Les Israéliens et les Syriens sont les deux seuls peuples qui se méritent mutuellement »[26].

Amérique latine

À propos de l'opération Condor, organisée par plusieurs dictatures sud-américaines pour éliminer physiquement et torturer leurs opposants politiques jugés « subversifs », la journaliste Marie-Monique Robin écrit : « Ainsi que le prouve l'enquête minutieuse de mon confrère John Dinges, le gouvernement américain, et en particulier son secrétaire d'État Henry Kissinger, est parfaitement informé des méthodes et objectifs de l'opération Condor, quasiment dès sa création, mais ne bouge pas[73]. »

Dirigeant d'une commission bipartisane sur l’Amérique centrale, tout en reconnaissant des massacres « moralement inacceptables » perpétrés par l’armée guatémaltèque, il recommande la reprise de l'aide militaire au Guatemala, ce qu'approuve l’administration Reagan[74].

Coup d’État au Chili

Il est cité comme témoin dans des enquêtes sur des crimes de guerre par des juges au Chili et en Espagne, au sujet du coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili[75].

De passage à Paris le , il reçoit la visite au Ritz de la brigade criminelle, qui lui remet une convocation. Invité à comparaître au palais de justice comme témoin dans l’affaire de la disparition de cinq Français au Chili, Henry Kissinger quitte la France le lendemain[76],[40].

Kissinger n'est pas déféré au juge et l'ambassade américaine l'invite à s'adresser au département d’État des États-Unis[76].

Guerre du Viêt Nam

Plusieurs essais lui reprochent la première phase du bombardement secret du Cambodge par les États-Unis, de 1969 à 1973, lors de la guerre du Viêt Nam. Selon Ben Kiernan, 50 000 à 150 000 personnes ont été tuées dans ces bombardements[77]. Des convois nord-vietnamiens empruntaient la « piste Ho-Chi-Minh », à travers des forêts cambodgiennes peu peuplées, pour ravitailler le Viêt-Cong au sud Viêt Nam. Les Américains, en guerre contre le Viêt-Cong, bombardaient ces convois lors de leur passage illégal à travers le Cambodge.

Pour la seule année 1973, l’aviation américaine a largué davantage de bombes contre les Khmers rouges qui assiègent Phnom Penh, sur le centre du Cambodge, que sur le Japon pendant toute la Seconde Guerre mondiale. D'après les services de renseignement américains, ces bombardements massifs et leurs conséquences sur la population cambodgienne ont permis aux Khmers rouges de recruter nombre de nouveaux combattants[78].

Invasion du Timor oriental

On lui a reproché son soutien formel au président indonésien Suharto durant l'invasion et l'occupation du Timor oriental par l'Indonésie qui a provoqué entre 102 800 et 183 000 morts[34],[79].

Attaque du Hamas contre Israël de 2023

En octobre 2023, à la suite de l'attaque du Hamas contre Israël et des réactions de soutien à la Palestine que cela a suscitées en Allemagne, il s'exprime sur la chaîne de télévision allemande Welt TV. Il affirme, concernant la politique migratoire du pays, que « c’était une grave erreur de laisser entrer autant de personnes de culture, de religion et de concepts totalement différents, car cela crée un groupe de pression à l’intérieur de chaque pays[80] ». Ces déclarations sont récupérées par l'extrême droite, notamment en France.

Vie privée

Henry et Nancy Kissinger au Metropolitan Opera en 2008.

Henry Kissinger est d'abord marié à Ann Fleischer, avec qui il a eu deux enfants, Elizabeth et David[81]. Sa fille devient médecin[81] et son fils est cadre supérieur à NBC Universal avant d'être nommé à la tête de Conaco, société de production de Conan O'Brien. Henry divorce en 1964. Dix ans plus tard, il se remarie avec Nancy Maginnes[82], avec qui il finit ses jours. La communauté juive réagit mal et lui reproche d'avoir épousé une catholique et surtout de s'être marié un samedi[83], le 30 mars 1974. Ils partageaient leur temps entre New York et Kent dans le Connecticut.

Dans les arts et la culture populaire

Entre parenthèses, est mentionné le nom de l’acteur qui tient le rôle d'Henry Kissinger, dans des fictions au cinéma ou à la télévision.

Cinéma

Télévision

Documentaires

Séries

Musique

Publications

Originales en anglais

Traduites en français

Bibliographie

  • Christopher Hitchens, Les Crimes de Monsieur Kissinger, Saint-Simon, 2001, 203 p. (ISBN 2-9516597-0-9).
  • Maurice Girodias, Président Kissinger, Tristram, 2009 (ISBN 2907681737).
  • Charles Zorgbibe, Kissinger, Éditions de Fallois, 2015 (ISBN 978-2877068864).
  • Gérard Araud, Henry Kissinger : le diplomate du siècle, Tallandier, 2021, 336 p.
  • Jérémie Gallon, Henry Kissinger. L'Européen, Gallimard, 2021.
  • (it) Amedeo Benedetti, Lezioni di politica di Henry Kissinger. Linguaggio, pensiero ed aforismi del più abile politico di fine Novecento, Gênes, Erga, 2005 (ISBN 88-8163-391-4).
  • (de) Stephan Fuchs, Dreiecksverhältnisse sind immer kompliziert. Kissinger, Bahr und die Ostpolitik, Hambourg, Europäische Verl.-Anst., 1999 (ISBN 3-434-52007-4).
  • (en) Larry Berman, No peace, no honor. Nixon, Kissinger, and Betrayal in Viêt Nam, New York, Free Press, 2001 (ISBN 0-684-84968-2).
  • (en) Jussi Hanhimäki, The Flawed Architect. Henry Kissinger and American foreign policy, Oxford, Oxford University Press, 2004 (ISBN 0-19-517221-3).
  • (en) Seymour Hersh, The Price of Power: Kissinger in the Nixon White House, 1983.
  • (en) Holger Klitzing, The Nemesis of Stability. Henry A. Kissinger’s Ambivalent Relationship with Germany, WVT, Trier, 2007 (ISBN 978-3-88476-942-3).
  • (en) Robert D. Schulzinger, Henry Kissinger. Doctor of diplomacy, Columbia Univ. Pr., New York, 1989 (ISBN 0-231-06952-9).
  • (en) Robert Dallek, Nixon and Kissinger: Partners in Power, 2007.
  • (en) Walter Isaacson, Kissinger : A Biography, 2005 (ISBN 978-0743286978).

Prix et décorations

Récompenses et distinctions

Décorations

Décorations américaines

Décorations étrangères

Notes et références

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  92. (en) « Israel: Obama to Receive Award », sur nytimes.com, (consulté le ).
  93. « Henry Kissinger », sur quirinale.it.

Annexes

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Articles connexes

Liens externes

  • (en) Biographie sur le site de la fondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — le Nobel Lecture — qui détaille ses apports)