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| délégation = [[Bizerte Nord (délégation)|Bizerte Nord]]<br/>[[Bizerte Sud (délégation)|Bizerte Sud]]
| délégation = [[Bizerte Nord (délégation)|Bizerte Nord]]<br/>[[Bizerte Sud (délégation)|Bizerte Sud]]
| gentilé = Bizertin
| gentilé = Bizertin
| maire = Kamel Ben Amara <small>([[Ennahdha]])</small>
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| altitude = 33<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Geographic coordinates of Bizerte, Tunisia|url=http://dateandtime.info/citycoordinates.php?id=2472706|site=dateandtime.info|consulté le=24 décembre 2019}}.</ref>
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| population = 136917
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[[Fichier:VuePanoramiqueBizerteAout2012.jpg|vignette|gauche|Vue aérienne de Bizerte en 2012.]]
[[Fichier:VuePanoramiqueBizerteAout2012.jpg|vignette|gauche|Vue aérienne de Bizerte en 2012.]]


Elle se trouve à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de [[Tunis]], la [[capitale]] du pays, et à cinq kilomètres du [[Cap Blanc (Tunisie)|cap Blanc]], la pointe septentrionale de l'[[Afrique]]. La ville se situe à la pointe sud-est d'un [[isthme]] sur la rive nord du canal de Bizerte reliant la mer au lac de Bizerte. Elle est reliée au reste de son aire urbaine située sur la rive sud du canal, formé par la localité de [[Zarzouna]] et les villes de [[Menzel Jemil]] et [[Menzel Abderrahmane]], par un [[Pont mobile de Bizerte|pont mobile]] qui débouche directement sur la [[Route nationale 8 (Tunisie)|RN8]] menant à Tunis.
Elle se trouve à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de [[Tunis]], la [[capitale]] du pays, et à cinq kilomètres du [[Cap Blanc (Tunisie)|cap Blanc]], la pointe septentrionale de l'[[Afrique]]. La ville se situe à la pointe sud-est d'un [[isthme]] sur la rive nord du canal de Bizerte reliant la mer au lac de Bizerte. Elle est reliée au reste de son aire urbaine située sur la rive sud du canal, formé par la localité de [[Zarzouna]] et les villes de [[Menzel Jemil]] et [[Menzel Abderrahmane]], par un [[Pont mobile de Bizerte|pont mobile]] qui débouche directement sur la [[Route nationale 8 (Tunisie)|RN8]] menant à Tunis. Elle est située à une altitude de 33 mètres<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Geographic coordinates of Bizerte, Tunisia|url=http://dateandtime.info/citycoordinates.php?id=2472706|site=dateandtime.info|consulté le=24 décembre 2019}}.</ref>.


Outre la RN8, la ville de Bizerte est reliée à Tunis par l'[[Autoroute A4 (Tunisie)|autoroute A4]], ce qui la met à {{nombre|45|minutes}} environ de l'[[aéroport international de Tunis-Carthage]]. Elle est le chef-lieu d'un gouvernorat qui regroupe aussi les villes de [[Menzel Bourguiba]] à vingt kilomètres, [[Mateur]] à {{unité|38|kilomètres}} à l'ouest de Bizerte sur l'axe menant à [[Tabarka]] et à la [[Frontière entre l'Algérie et la Tunisie|frontière tuniso-algérienne]] et [[Sejnane]] à 67 kilomètres ; il en est de même des regroupements urbains autour d'Utique ({{unité|32|kilomètres}}) et des villes de [[Ras Jebel]] ({{unité|36|kilomètres}}) et [[El Alia]] ({{unité|19|kilomètres}}) sur l'axe sud menant à Tunis.
Outre la RN8, la ville de Bizerte est reliée à Tunis par l'[[Autoroute A4 (Tunisie)|autoroute A4]], ce qui la met à {{nombre|45|minutes}} environ de l'[[aéroport international de Tunis-Carthage]]. Elle est le chef-lieu d'un gouvernorat qui regroupe aussi les villes de [[Menzel Bourguiba]] à vingt kilomètres, [[Mateur]] à {{unité|38|kilomètres}} à l'ouest de Bizerte sur l'axe menant à [[Tabarka]] et à la [[Frontière entre l'Algérie et la Tunisie|frontière tuniso-algérienne]] et [[Sejnane]] à 67 kilomètres ; il en est de même des regroupements urbains autour d'Utique ({{unité|32|kilomètres}}) et des villes de [[Ras Jebel]] ({{unité|36|kilomètres}}) et [[El Alia]] ({{unité|19|kilomètres}}) sur l'axe sud menant à Tunis.
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{{Relevé météo
{{Relevé météo
|titre=Relevé météorologique de Bizerte
|titre=Relevé météorologique de Bizerte
|source=[[Institut national de la météorologie de Tunisie|Institut national de la météorologie]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Données climatiques mensuelles|url=http://www.meteo.tn/htmlfr/donnees/janv.html|site=meteo.tn|consulté le=24 décembre 2019}}.</ref>
|source=[[Institut national de la météorologie (Tunisie)|Institut national de la météorologie]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Données climatiques mensuelles|url=http://www.meteo.tn/htmlfr/donnees/janv.html|site=meteo.tn|consulté le=24 décembre 2019}}.</ref>
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=== Arrondissements ===
=== Arrondissements ===
La ville de Bizerte est composée de quatre arrondissements<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=La ville en chiffres|url=http://www.commune-bizerte.gov.tn/index.php?option=com_content&view=article&id=47&Itemid=105&lang=fr|site=commune-bizerte.gov.tn|consulté le=14 août 2021}}.</ref> :
La ville de Bizerte est composée de quatre arrondissements<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=La ville en chiffres|url=http://www.commune-bizerte.gov.tn/index.php?option=com_content&view=article&id=47&Itemid=105&lang=fr|site=commune-bizerte.gov.tn|consulté le=14 août 2021}}.</ref> : Médina, Aïn Mariem, Zarzouna et Hached.
* Médina
* Aïn Mariem
* Zarzouna
* Hached

== Histoire ==
== Histoire ==
=== Antiquité ===
=== Antiquité ===
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=== Moyen Âge et époque moderne ===
=== Moyen Âge et époque moderne ===
La ville est ensuite conquise par les [[Conquête musulmane du Maghreb|armées arabes]] qui l'islamisent. À partir de [[1050]], le déferlement des [[Hilaliens|tribus hilaliennes]] provoque l'effondrement de l'État [[Zirides|ziride]] et le pays éclate en une multitude de petites principautés indépendantes. Bizerte n'échappe pas à la tentation séparatiste. La restauration de l'autorité des [[Almohades]] annonce une nouvelle rupture : quelque vingt ans plus tard, l'[[Ifriqiya]] accède au statut de province autonome et voit émerger la [[Califat hafside de Tunis|dynastie hafside]].
La ville est ensuite conquise par les [[Conquête musulmane du Maghreb|armées arabes]] qui l'islamisent. À partir de [[1050]], le déferlement des [[Hilaliens|tribus hilaliennes]] provoque l'effondrement de l'État [[Zirides|ziride]] et le pays éclate en une multitude de petites principautés indépendantes. Bizerte n'échappe pas à la tentation séparatiste. La restauration de l'autorité des [[Almohades]] annonce une nouvelle rupture : quelque vingt ans plus tard, l'[[Ifriqiya]] accède au statut de province autonome et voit émerger la [[Sultanat hafside de Tunis|dynastie hafside]].


[[Fichier:Entrée du fort de Bizerte.jpg|vignette|Entrée du fort de Bizerte construit au {{s-|XVI}}.]]
[[Fichier:Entrée du fort de Bizerte.jpg|vignette|Entrée du fort de Bizerte construit au {{s-|XVI}}.]]
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L'abolition de la piraterie en [[1818]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Henry Laurens]]|auteur2=John Victor Tolan|auteur3=[[Gilles Veinstein]]|titre=L'Europe et l'islam|sous-titre=quinze siècles d'histoire|éditeur=Odile Jacob|lieu=Paris|année=2009|pages totales=482|passage=291|isbn=978-2-738-12219-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=9R0xJ3Q-mrwC&pg=PA291&dq=piraterie+regence+tunis+1818&hl=fr&ei=aadzTaTcGIPVsgaY4c3mDw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=6&ved=0CEgQ6AEwBTgK#v=onepage&q&f=false}}.</ref> aurait pu porter un coup fatal à Bizerte mais le lac, dans lequel se reproduisent [[Daurade (poisson)|dorades]], [[sole]]s, [[Mulet (poisson)|mulets]], [[Bar (poisson)|loups]] et [[Pagellus|pageots]] si faciles à piéger quand ils regagnent la mer en empruntant le chenal qui traverse la ville, compense pendant quelques années ces pertes de revenus. Les Bizertins deviennent donc [[Pêche en Tunisie|pêcheurs]] et c'est par centaines de tonnes que le poisson est exporté chaque année vers Tunis, l'[[Italie]] et la France.
L'abolition de la piraterie en [[1818]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Henry Laurens]]|auteur2=John Victor Tolan|auteur3=[[Gilles Veinstein]]|titre=L'Europe et l'islam|sous-titre=quinze siècles d'histoire|éditeur=Odile Jacob|lieu=Paris|année=2009|pages totales=482|passage=291|isbn=978-2-738-12219-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=9R0xJ3Q-mrwC&pg=PA291&dq=piraterie+regence+tunis+1818&hl=fr&ei=aadzTaTcGIPVsgaY4c3mDw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=6&ved=0CEgQ6AEwBTgK#v=onepage&q&f=false}}.</ref> aurait pu porter un coup fatal à Bizerte mais le lac, dans lequel se reproduisent [[Daurade (poisson)|dorades]], [[sole]]s, [[Mulet (poisson)|mulets]], [[Bar (poisson)|loups]] et [[Pagellus|pageots]] si faciles à piéger quand ils regagnent la mer en empruntant le chenal qui traverse la ville, compense pendant quelques années ces pertes de revenus. Les Bizertins deviennent donc [[Pêche en Tunisie|pêcheurs]] et c'est par centaines de tonnes que le poisson est exporté chaque année vers Tunis, l'[[Italie]] et la France.


En [[1786]], un décret [[Bey de Tunis|beylical]] accorde à la France les droits exclusifs de la pêche du [[corail]] mais les contrebandiers suivent aussitôt. [[République de Gênes|Génois]], [[Catalans]], Vénitiens, [[Siciliens]], [[Pise|Pisans]], [[Corses]] et [[Marseille|Marseillais]], ils fondent nombre d'entrepôts et de commerces dans l'îlot de R'baâ mais ne mettent qu'une cinquantaine d'années à détruire les massifs de corail. En [[1850]], ils ne sont plus que {{formatnum:2000}}.
En [[1786]], un décret [[Bey de Tunis|beylical]] accorde à la France les droits exclusifs de la pêche du [[corail]] mais les contrebandiers suivent aussitôt. [[République de Gênes|Génois]], [[Catalans]], Vénitiens, [[Siciliens]], [[Pise|Pisans]], [[Corses]], ils fondent nombre d'entrepôts et de commerces dans l'îlot de R'baâ mais ne mettent qu'une cinquantaine d'années à détruire les massifs de corail. En [[1850]], ils ne sont plus que {{formatnum:2000}}.


=== Protectorat français ===
=== Protectorat français ===
La France obtient l'autorisation de conquérir la régence lors du [[Traité de Berlin (1878)|traité de Berlin]] en [[1878]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean Ganiage]]|titre=Les origines du Protectorat français en Tunisie|éditeur=Maison tunisienne de l'édition|lieu=Tunis|année=1968|pages totales=611|passage=417|lire en ligne=}}.</ref>. Les navires de la [[Marine nationale (France)|marine française]] entrent dans le vieux port de Bizerte durant la campagne de Tunisie en mai [[1881]] mais, le [[18 mars]] [[1884]], ils le quittent à la suite de pressions diplomatiques des Britanniques qui voient d'un mauvais œil la création d'une base militaire maritime à 250 [[Mille marin|milles]] de [[Malte]].
La France obtient l'autorisation de conquérir la régence lors du [[Traité de Berlin (1878)|traité de Berlin]] en [[1878]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean Ganiage]]|titre=Les origines du Protectorat français en Tunisie|éditeur=Maison tunisienne de l'édition|lieu=Tunis|année=1968|pages totales=611|passage=417|lire en ligne=}}.</ref>. Les navires de la [[Marine nationale (France)|marine française]] entrent dans le vieux port de Bizerte durant la campagne de Tunisie en mai [[1881]] mais, le {{date|18 mars 1884}}, ils le quittent à la suite de pressions diplomatiques des Britanniques qui voient d'un mauvais œil la création d'une base militaire maritime à 250 [[Mille marin|milles]] de [[Malte]].


[[Fichier:Bizerte Port 1890.jpg|vignette|Plan de Bizerte en 1890.]]
[[Fichier:Bizerte Port 1890.jpg|vignette|Plan de Bizerte en 1890.]]


La France entreprend très tôt, en [[1886]], la construction d'un grand port du fait du rôle stratégique de la ville sur le [[canal de Sicile]] avec le creusement du chenal qui n'est achevé qu'en [[1892]] ; ce canal est creusé pour relier la mer Méditerranée au lac de Bizerte où est aménagée une rade. L'aménagement du port s'accélère notamment sous l'impulsion de l'amiral [[Gustave Besnard]] (ministre de la Marine) et du capitaine de vaisseau [[Joseph-Henri Merleaux-Ponty]] dans les années [[1897]]-[[1898]], avec la montée de la tension entre la France et le Royaume-Uni pendant la [[crise de Fachoda]]<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=Pascal Venier|titre chapitre=Genèse et développement de la base navale de Bizerte : « un Toulon africain »|titre ouvrage=Stations navales et navigations organisées en Méditerranée|lieu=Toulon|éditeur=Éditions de la Nerthe|année=2004|isbn=2913483445|lire en ligne=http://www.pascalvenier.com/bizerte.pdf|passage=109-122}}.</ref>. À une vingtaine de kilomètres plus au sud, de l'autre côté du lac, est fondée la cité de Ferryville, appelée de nos jours [[Menzel Bourguiba]] ainsi que l'arsenal de la [[Marine nationale (France)|marine de guerre française]] dit de Sidi-Abdallah. Sous le [[Protectorat français de Tunisie|protectorat français]], la ville croît rapidement : la municipalité de Bizerte est créée par le décret du [[16 juillet]] [[1884]]<ref>{{Lien brisé|langue=fr|titre=Présentation de la mairie|url=http://www.commune-bizerte.gov.tn/fr/fr/presentation_commune/date_creation.htm|site=commune-bizerte.gov.tn}}.</ref>. En [[1898]], un [[pont transbordeur]] est édifié sur le canal pour joindre la ville à la rive sud du canal ; il reste en service jusqu'en [[1909]].
La France entreprend très tôt, en [[1886]], la construction d'un grand port du fait du rôle stratégique de la ville sur le [[canal de Sicile]] avec le creusement du chenal qui n'est achevé qu'en [[1892]] ; ce canal est creusé pour relier la mer Méditerranée au lac de Bizerte où est aménagée une rade. L'aménagement du port s'accélère notamment sous l'impulsion de l'amiral [[Gustave Besnard]] (ministre de la Marine) et du capitaine de vaisseau [[Joseph-Henri Merleaux-Ponty]] dans les années [[1897]]-[[1898]], avec la montée de la tension entre la France et le Royaume-Uni pendant la [[crise de Fachoda]]<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=Pascal Venier|titre chapitre=Genèse et développement de la base navale de Bizerte : « un Toulon africain »|titre ouvrage=Stations navales et navigations organisées en Méditerranée|lieu=Toulon|éditeur=Éditions de la Nerthe|année=2004|isbn=2913483445|lire en ligne=http://www.pascalvenier.com/bizerte.pdf|passage=109-122}}.</ref>. À une vingtaine de kilomètres plus au sud, de l'autre côté du lac, est fondée la cité de Ferryville, appelée de nos jours [[Menzel Bourguiba]] ainsi que l'arsenal de la [[Marine nationale (France)|marine de guerre française]] dit de Sidi-Abdallah. Sous le [[Protectorat français de Tunisie|protectorat français]], la ville croît rapidement : la municipalité de Bizerte est créée par le décret du {{date|16 juillet 1884}}<ref>{{Lien brisé|langue=fr|titre=Présentation de la mairie|url=http://www.commune-bizerte.gov.tn/fr/fr/presentation_commune/date_creation.htm|site=commune-bizerte.gov.tn}}.</ref>. En [[1898]], un [[pont transbordeur]] est édifié sur le canal pour joindre la ville à la rive sud du canal ; il reste en service jusqu'en [[1909]].


En décembre [[1920]], le gouvernement français autorise la [[flotte de l'Armée blanche]] de l'[[Armée des volontaires]], dernier vestige de la [[flotte de la mer Noire]] de la [[marine impériale russe]], à se réfugier à Bizerte. Les réfugiés russes sont répartis dans différents camps militaires français proches de Bizerte, notamment Nador, Djebel Kébir, Saint-Jean, Roumi et Chreck ben Chabane. Le dernier navire, le cuirassé [[Empereur Alexandre III (cuirassé, 1914)|''Général-Alekseïev'']], est vendu à un démolisseur en [[1935]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Adolphe-Auguste Lepotier]]|titre=Bizerte|éditeur=France-Empire|lieu=Paris|année=1966|pages totales=348|lire en ligne=}}.</ref>. L'[[église Saint-Alexandre-Nevski de Bizerte]], toujours en service, témoigne de cette époque.
En décembre [[1920]], le gouvernement français autorise la [[flotte de l'Armée blanche]] de l'[[Armée des volontaires]], dernier vestige de la [[flotte de la mer Noire]] de la [[marine impériale russe]], à se réfugier à Bizerte. Les réfugiés russes sont répartis dans différents camps militaires français proches de Bizerte, notamment Nador, Djebel Kébir, Saint-Jean, Roumi et Chreck ben Chabane. Le dernier navire, le cuirassé [[Empereur Alexandre III (cuirassé, 1914)|''Général-Alekseïev'']], est vendu à un démolisseur en [[1935]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Adolphe-Auguste Lepotier]]|titre=Bizerte|éditeur=France-Empire|lieu=Paris|année=1966|pages totales=348|lire en ligne=}}.</ref>. L'[[église Saint-Alexandre-Nevski de Bizerte]], toujours en service, témoigne de cette époque.
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En décembre [[1932]], le [[mufti]] de Bizerte, le [[cheikh]] [[Idriss Cherif]], promulgue une [[fatwa]] déclarant que les [[Affaire des naturalisés tunisiens|Tunisiens naturalisés français]] sont considérés comme des [[Apostasie|apostats]] et ne peuvent être enterrés dans un cimetière musulman. Cette fatwa est un élément clé de la contestation des naturalisations qui constitue l'une des revendications principales des nationalistes tunisiens dans les [[années 1930]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Michel Camau|auteur2=[[Vincent Geisser]]|titre=Habib Bourguiba|sous-titre=la trace et l'héritage|éditeur=Karthala|lieu=Paris|année=2004|pages totales=664|passage=86|isbn=978-2-845-86506-8|lire en ligne=}}.</ref>.
En décembre [[1932]], le [[mufti]] de Bizerte, le [[cheikh]] [[Idriss Cherif]], promulgue une [[fatwa]] déclarant que les [[Affaire des naturalisés tunisiens|Tunisiens naturalisés français]] sont considérés comme des [[Apostasie|apostats]] et ne peuvent être enterrés dans un cimetière musulman. Cette fatwa est un élément clé de la contestation des naturalisations qui constitue l'une des revendications principales des nationalistes tunisiens dans les [[années 1930]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Michel Camau|auteur2=[[Vincent Geisser]]|titre=Habib Bourguiba|sous-titre=la trace et l'héritage|éditeur=Karthala|lieu=Paris|année=2004|pages totales=664|passage=86|isbn=978-2-845-86506-8|lire en ligne=}}.</ref>.


Le [[31 décembre]] [[1932]], des incidents ont lieu à la suite du décès d'un habitant musulman de la ville naturalisé français. Les groupes de Tunisiens se présentent autour du cimetière musulman pour empêcher l'inhumation du défunt dont la famille décide finalement de procéder à l'enterrement dans le cimetière européen. Le jour même, un naturalisé [[Spahis|spahi]] veut enterrer son fils mort jeune dans le cimetière musulman, ce à quoi les habitants s'opposent également. La situation dégénère en affrontements avec intervention sans gravité des forces de l'ordre ; l'enterrement a finalement lieu<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-François Martin|titre=Histoire de la Tunisie contemporaine|sous-titre=de Ferry à Bourguiba, 1881-1956|éditeur=L'Harmattan|collection=Histoire et perspectives méditerranéennes|lieu=Paris|année=2003|pages totales=276|passage=96|isbn=978-2-747-54626-3|lire en ligne=}}.</ref>.
Le {{date|31 décembre 1932}}, des incidents ont lieu à la suite du décès d'un habitant musulman de la ville naturalisé français. Les groupes de Tunisiens se présentent autour du cimetière musulman pour empêcher l'inhumation du défunt dont la famille décide finalement de procéder à l'enterrement dans le cimetière européen. Le jour même, un naturalisé [[Spahis|spahi]] veut enterrer son fils mort jeune dans le cimetière musulman, ce à quoi les habitants s'opposent également. La situation dégénère en affrontements avec intervention sans gravité des forces de l'ordre ; l'enterrement a finalement lieu<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-François Martin|titre=Histoire de la Tunisie contemporaine|sous-titre=de Ferry à Bourguiba, 1881-1956|éditeur=L'Harmattan|collection=Histoire et perspectives méditerranéennes|lieu=Paris|année=2003|pages totales=276|passage=96|isbn=978-2-747-54626-3|lire en ligne=}}.</ref>.


Le [[8 janvier]] [[1938]], une manifestation quitte la cellule destourienne de la médina pour protester contre la déportation du leader local du parti, [[Hassan Nouri]]. À son arrivée dans la ville européenne, elle est prise à partie par les forces de l'ordre qui ouvrent le feu en faisant six morts parmi les manifestants, dont [[Salah Ben Ali]], et une trentaine de blessés. Les meneurs dont [[Habib Bougatfa]] sont ensuite arrêtés<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Roger Casemajor|titre=L'action nationaliste en Tunisie|sous-titre=du Pacte fondamental de M'hamed Bey à la mort de Moncef Bey, 1857-1948|éditeur=Sud Éditions|lieu=Tunis|année=2009|pages totales=275|passage=102|isbn=978-9-938-01006-0|lire en ligne=}}.</ref>.
Le {{date|8 janvier 1938}}, une manifestation quitte la cellule destourienne de la médina pour protester contre la déportation du leader local du parti, [[Hassan Nouri]]. À son arrivée dans la ville européenne, elle est prise à partie par les forces de l'ordre qui ouvrent le feu en faisant six morts parmi les manifestants, dont [[Salah Ben Ali]], et une trentaine de blessés. Les meneurs dont [[Habib Bougatfa]] sont ensuite arrêtés<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Roger Casemajor|titre=L'action nationaliste en Tunisie|sous-titre=du Pacte fondamental de M'hamed Bey à la mort de Moncef Bey, 1857-1948|éditeur=Sud Éditions|lieu=Tunis|année=2009|pages totales=275|passage=102|isbn=978-9-938-01006-0|lire en ligne=}}.</ref>.


Le [[13 janvier]] [[1952]], c'est lors d'un meeting populaire à Bizerte que [[Habib Bourguiba]] lance l'appel à la lutte armée afin d'accéder à l'indépendance. Cet appel lui vaut d'être arrêté avec d'autres chefs nationalistes le [[18 janvier]], prélude au congrès clandestin du [[Néo-Destour]] proclamant la lutte armée pour l'indépendance.
Le {{date|13 janvier 1952}}, c'est lors d'un meeting populaire à Bizerte que [[Habib Bourguiba]] lance l'appel à la lutte armée afin d'accéder à l'indépendance. Cet appel lui vaut d'être arrêté avec d'autres chefs nationalistes le [[18 janvier]], prélude au congrès clandestin du [[Néo-Destour]] proclamant la lutte armée pour l'indépendance.


==== Seconde Guerre mondiale ====
==== Seconde Guerre mondiale ====
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Lors du déclenchement de la [[Seconde Guerre mondiale]], Bizerte est l'un des plus importants ports militaires de la Méditerranée. La base aéronavale couvre alors une superficie de {{unité|300|km|2}} et comporte un complexe opérationnel composé de l'amirauté, d'un abri pour les torpilleurs et les sous-marins, d'une base d'aviation maritime (Kharrouba), d'une base d'aviation terrestre ([[Base aérienne 156 Bizerte Sidi Ahmed|Sidi Ahmed]]) ainsi que des postes de détection sur les hauteurs de la ville sans oublier l'arsenal et l'hôpital maritime de Sidi Abdallah<ref name="identite"/>. Cette infrastructure et l'emplacement stratégique de la base n'ont pas manqué d'éveiller l'intérêt des forces de l'[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]].
Lors du déclenchement de la [[Seconde Guerre mondiale]], Bizerte est l'un des plus importants ports militaires de la Méditerranée. La base aéronavale couvre alors une superficie de {{unité|300|km|2}} et comporte un complexe opérationnel composé de l'amirauté, d'un abri pour les torpilleurs et les sous-marins, d'une base d'aviation maritime (Kharrouba), d'une base d'aviation terrestre ([[Base aérienne 156 Bizerte Sidi Ahmed|Sidi Ahmed]]) ainsi que des postes de détection sur les hauteurs de la ville sans oublier l'arsenal et l'hôpital maritime de Sidi Abdallah<ref name="identite"/>. Cette infrastructure et l'emplacement stratégique de la base n'ont pas manqué d'éveiller l'intérêt des forces de l'[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]].


À la suite de l'[[opération Torch]], l'amiral Derrien, alors commandant en chef du camp retranché autonome de Bizerte, qui avait initialement invité ses hommes à rejoindre les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|forces alliés]], doit accepter le [[7 décembre]] [[1942]] de mettre la base à disposition des [[Axe Rome-Berlin-Tokyo|forces de l'Axe]] après avoir reçu un ultimatum de trois heures de la part des [[Troisième Reich|Allemands]]. Cette décision prise en partie sous l'influence de [[Jean-Pierre Esteva]], [[résident général de France en Tunisie]] aux ordres du [[régime de Vichy]], aurait été aussi motivée par la volonté de protéger les infrastructures militaires et civiles de la ville. Les Alliés en font alors une cible privilégiée de leurs bombardements qui détruisent beaucoup plus d'objectifs civils que militaires<ref name="hesnard">{{Lien web|langue=fr|auteur=Angelo Hesnard|titre=Conscience d'un homme qui était amiral|url=http://bernard.hesnard.free.fr/Hesnard/aHesnard.html|site=bernard.hesnard.free.fr|consulté le=24 décembre 2019}}.</ref> : alors que le port commandé par [[Rolf von Lilienhoff-Zwowitzky|Lilienhoff-Zwowitzky]] est relativement épargné, la ville européenne est détruite à 77 % et les habitants la fuient pour se réfugier tant à Ferryville et Tunis que dans les villages alentour.
À la suite de l'[[Opération Torch|opération ''Torch'']], l'amiral Derrien, alors commandant en chef du camp retranché autonome de Bizerte, qui avait initialement invité ses hommes à rejoindre les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|forces alliés]], doit accepter le {{date|7 décembre 1942}} de mettre la base à disposition des [[Axe Rome-Berlin-Tokyo|forces de l'Axe]] après avoir reçu un ultimatum de trois heures de la part des [[Troisième Reich|Allemands]]. Cette décision prise en partie sous l'influence de [[Jean-Pierre Esteva]], [[résident général de France en Tunisie]] aux ordres du [[régime de Vichy]], aurait été aussi motivée par la volonté de protéger les infrastructures militaires et civiles de la ville. Les Alliés en font alors une cible privilégiée de leurs bombardements qui détruisent beaucoup plus d'objectifs civils que militaires<ref name="hesnard">{{Lien web|langue=fr|auteur=Angelo Hesnard|titre=Conscience d'un homme qui était amiral|url=http://bernard.hesnard.free.fr/Hesnard/aHesnard.html|site=bernard.hesnard.free.fr|consulté le=24 décembre 2019}}.</ref> : alors que le port commandé par [[Rolf von Lilienhoff-Zwowitzky|Lilienhoff-Zwowitzky]] est relativement épargné, la ville européenne est détruite à 77 % et les habitants la fuient pour se réfugier tant à Ferryville et Tunis que dans les villages alentour.


Déclarée ville interdite, sa prise par les Alliés s'est faite après d'âpres combats au sol<ref name="identite"/>. Les [[Forces armées des États-Unis|Américains]] la reprennent le [[7 mai]] [[1943]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Paul Sebag]]|titre=Tunis|sous-titre=histoire d'une ville|éditeur=L'Harmattan|collection=Histoire et perspectives méditerranéennes|lieu=Paris|année=1998|pages totales=686|passage=496|isbn=|lire en ligne=}}.</ref>. Le témoignage du docteur [[Angelo Hesnard]], médecin général responsable des services de santé de la Marine, rend compte de l'ampleur des ravages subis par la ville et la population, notamment en raison d'une [[épidémie]] de [[typhus]] qui touche la périphérie de la ville dans le sillage de la guerre<ref name="hesnard"/>. L'interdiction de résider dans la ville se poursuit après les hostilités et, Bizerte devenant un champ de récupération de produits de construction, elle subit de nuit le pillage des matériaux utiles (tuiles, portes, fenêtres et tuyaux), doublant le nombre des immeubles rendus inutilisables par la guerre. Devant ces ravages, l'éventualité de déplacer la ville sur un terrain nouveau sur la rive sud du canal est envisagée<ref>{{harvsp|Renaud|1996|p=16}}.</ref>. Une ville nouvelle appelée provisoirement « cité ouvrière » est ainsi bâtie à [[Zarzouna]] au printemps [[1944]]. Cependant, les difficultés de financement et la réticence de la population européenne de la ville à s'y installer empêchent la réalisation du projet. La ville est donc reconstruite durant l'après-guerre sur le même site<ref name="identite"/>. Dans le cadre de la reconstruction, l'armée américaine édifie une tour de treize étages faisant office de [[Quartier général|QG]] pour ses forces sur le front de mer de la ville.
Déclarée ville interdite, sa prise par les Alliés s'est faite après d'âpres combats au sol<ref name="identite"/>. Les [[Forces armées des États-Unis|Américains]] la reprennent le {{date|7 mai 1943}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Paul Sebag]]|titre=Tunis|sous-titre=histoire d'une ville|éditeur=L'Harmattan|collection=Histoire et perspectives méditerranéennes|lieu=Paris|année=1998|pages totales=686|passage=496|isbn=|lire en ligne=}}.</ref>. Le témoignage du docteur [[Angelo Hesnard]], médecin général responsable des services de santé de la Marine, rend compte de l'ampleur des ravages subis par la ville et la population, notamment en raison d'une [[épidémie]] de [[typhus]] qui touche la périphérie de la ville dans le sillage de la guerre<ref name="hesnard"/>. L'interdiction de résider dans la ville se poursuit après les hostilités et, Bizerte devenant un champ de récupération de produits de construction, elle subit de nuit le pillage des matériaux utiles (tuiles, portes, fenêtres et tuyaux), doublant le nombre des immeubles rendus inutilisables par la guerre. Devant ces ravages, l'éventualité de déplacer la ville sur un terrain nouveau sur la rive sud du canal est envisagée<ref>{{harvsp|Renaud|1996|p=16}}.</ref>. Une ville nouvelle appelée provisoirement « cité ouvrière » est ainsi bâtie à [[Zarzouna]] au printemps [[1944]]. Cependant, les difficultés de financement et la réticence de la population européenne de la ville à s'y installer empêchent la réalisation du projet. La ville est donc reconstruite durant l'après-guerre sur le même site<ref name="identite"/>. Dans le cadre de la reconstruction, l'armée américaine édifie une tour de treize étages faisant office de [[Quartier général|QG]] pour ses forces sur le front de mer de la ville.


=== Indépendance ===
=== Tunisie indépendante ===


{{Article détaillé|Crise de Bizerte}}
{{Article détaillé|Crise de Bizerte}}
[[Fichier:Bourguiba Bizerte.jpg|vignette|Habib Bourguiba à Bizerte, 1952.]]
[[Fichier:Bourguiba Bizerte.jpg|vignette|Habib Bourguiba à Bizerte, 1952.]]


Malgré l'indépendance accordée à la Tunisie en [[1956]], la France conserve la base de Bizerte jusqu'au [[15 octobre]] [[1963]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Driss Abbassi|titre=Entre Bourguiba et Hannibal|sous-titre=identité tunisienne et histoire depuis l'indépendance|éditeur=Karthala|lieu=Paris|année=2005|pages totales=265|passage=32|isbn=978-2-845-86640-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=0s7jbc1QcysC&pg=PA32&dq=bizerte+1963&hl=fr&ei=Fsq5TNzxG8jMswaIg9WwDQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=6&ved=0CD0Q6AEwBQ#v=onepage&q=bizerte%201963&f=false}}.</ref>, ce qui entraîne de nombreuses tensions entre la Tunisie de [[Habib Bourguiba]] et la France de [[Charles de Gaulle]] qui atteignent leur paroxysme lors de la [[crise de Bizerte]].
Malgré l'indépendance accordée à la Tunisie en [[1956]], la France conserve la base de Bizerte jusqu'au {{date|15 octobre 1963}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Driss Abbassi|titre=Entre Bourguiba et Hannibal|sous-titre=identité tunisienne et histoire depuis l'indépendance|éditeur=Karthala|lieu=Paris|année=2005|pages totales=265|passage=32|isbn=978-2-845-86640-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=0s7jbc1QcysC&pg=PA32&dq=bizerte+1963&hl=fr&ei=Fsq5TNzxG8jMswaIg9WwDQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=6&ved=0CD0Q6AEwBQ#v=onepage&q=bizerte%201963&f=false}}.</ref>, ce qui entraîne de nombreuses tensions entre la Tunisie de [[Habib Bourguiba]] et la France de [[Charles de Gaulle]] qui atteignent leur paroxysme lors de la [[crise de Bizerte]].


À la suite des tensions entre la jeune Tunisie indépendante et la France sur le délai de l'évacuation de la base aéronavale de Bizerte, des manifestations organisées par le pouvoir tunisien devant le portail de la caserne de Sidi Ahmed se transforment en batailles rangées. Du [[19 juillet|19]] au [[22 juillet]] [[1961]], la bataille fait rage dans la ville ; les militaires français seront accusés par les autorités tunisiennes d'avoir utilisé du [[napalm]], sans que cela ne soit pourtant démontré<ref>{{Lien brisé|langue=en|titre=Rapport de la commission internationale de juristes sur les événements de Bizerte|url=http://www.bourguiba.net/index.php/articles/34-tunisie-france-algerie/113-report-of-international-commission-of-jurist-geneve-1961|site=bourguiba.net}}.</ref>. Preuve de la violence de l'épreuve de force, les événements de Bizerte font officiellement de 24 à 27 morts et une centaine de blessés du côté des soldats français contre 630 à 632 morts côté tunisien (dont la moitié seulement appartiennent à l'armée régulière) et environ {{nombre|1500|blessés}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Nicole Grimaud|titre=La Tunisie à la recherche de sa sécurité|éditeur=Presses universitaires de France|lieu=Paris|année=1995|pages totales=222|passage=65|isbn=978-2-130-47142-4|lire en ligne=}}.</ref>. Selon le Croissant rouge tunisien, la bataille aurait fait plus de {{nombre|5000|morts}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Anouar Chennoufi|titre=Bizerte (Tunisie) : trou de mémoire de l'histoire|périodique=[[Tunis-Hebdo]]|date=19-25 septembre 2005|pages=|issn=0330-9967|lire en ligne=http://www.maghreb-canada.ca/journal/2005/n28_22.pdf|consulté le=24 décembre 2019}}.</ref>.
À la suite des tensions entre la jeune Tunisie indépendante et la France sur le délai de l'évacuation de la base aéronavale de Bizerte, des manifestations organisées par le pouvoir tunisien devant le portail de la caserne de Sidi Ahmed se transforment en batailles rangées. Du [[19 juillet|19]] au {{date|22 juillet 1961}}, la bataille fait rage dans la ville ; les militaires français seront accusés par les autorités tunisiennes d'avoir utilisé du [[napalm]], sans que cela ne soit pourtant démontré<ref>{{Lien brisé|langue=en|titre=Rapport de la commission internationale de juristes sur les événements de Bizerte|url=http://www.bourguiba.net/index.php/articles/34-tunisie-france-algerie/113-report-of-international-commission-of-jurist-geneve-1961|site=bourguiba.net}}.</ref>. Preuve de la violence de l'épreuve de force, les événements de Bizerte font officiellement de 24 à 27 morts et une centaine de blessés du côté des soldats français contre 630 à 632 morts côté tunisien (dont la moitié seulement appartiennent à l'armée régulière) et environ {{nombre|1500|blessés}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Nicole Grimaud|titre=La Tunisie à la recherche de sa sécurité|éditeur=Presses universitaires de France|lieu=Paris|année=1995|pages totales=222|passage=65|isbn=978-2-130-47142-4|lire en ligne=}}.</ref>. Selon le Croissant rouge tunisien, la bataille aurait fait plus de {{nombre|5000|morts}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Anouar Chennoufi|titre=Bizerte (Tunisie) : trou de mémoire de l'histoire|périodique=[[Tunis-Hebdo]]|date=19-25 septembre 2005|pages=|issn=0330-9967|lire en ligne=http://www.maghreb-canada.ca/journal/2005/n28_22.pdf|consulté le=24 décembre 2019}}.</ref>.


[[Fichier:Vue aérienne de Bizerte - 1959.jpg|vignette|Vue aérienne de Bizerte en 1959.]]
[[Fichier:Vue aérienne de Bizerte - 1959.jpg|vignette|Vue aérienne de Bizerte en 1959.]]


L'implication de plusieurs individus originaires de la ville dans le [[Complot contre Habib Bourguiba|complot]] du [[25 décembre]] [[1962]] contre Bourguiba aurait été motivée par leur insatisfaction à l'égard de la manière dont il avait géré la crise<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Noura Boursali|titre=Bourguiba à l'épreuve de la démocratie|sous-titre=1956-1963|éditeur=Samed|lieu=Sfax|année=2008|pages totales=235|isbn=978-9-973-38081-4|lire en ligne=}}.</ref>.
L'implication de plusieurs individus originaires de la ville dans le [[Complot contre Habib Bourguiba|complot]] du {{date|25 décembre 1962}} contre Bourguiba aurait été motivée par leur insatisfaction à l'égard de la manière dont il avait géré la crise<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Noura Boursali|titre=Bourguiba à l'épreuve de la démocratie|sous-titre=1956-1963|éditeur=Samed|lieu=Sfax|année=2008|pages totales=235|isbn=978-9-973-38081-4|lire en ligne=}}.</ref>.


== Démographie ==
== Démographie ==
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=== Origines ===
=== Origines ===
Les Bizertins sont les descendants d'immigrés [[arabes]] et [[berbères]] d'[[Algérie]], fuyant les années de [[sécheresse]] de la fin du {{XIXe siècle}}, de [[Islam|musulmans]] d'[[Al-Andalus|Andalousie]], de [[Slaves]] musulmans de l'[[Empire ottoman]], de [[Sicile|Siciliens]], de [[Corse]]s, de [[Sardaigne|Sardes]], de [[Malte|Maltais]] et de [[Russes blancs]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=[[Ridha Kéfi]]|titre=Anastasia, doyenne des « Russes de Tunisie »|url=https://www.jeuneafrique.com/112115/archives-thematique/anastasia-doyenne-des-russes-de-tunisie/|date=12 septembre 2005|site=jeuneafrique.com|consulté le=24 décembre 2019}}.</ref> installés à Bizerte après la [[Révolution russe]] de [[1917]]. Les habitants d'origine européenne et la petite [[Histoire des Juifs en Tunisie|communauté juive]] ont quitté la ville progressivement avec l'indépendance de la Tunisie le [[20 mars]] [[1956]], le départ des forces françaises stationnées dans la ville le [[15 octobre]] [[1963]] et la nationalisation des terres détenues par les colons le [[12 mai]] [[1964]].
Les Bizertins sont les descendants d'immigrés [[arabes]] et [[berbères]] d'[[Algérie]], fuyant les années de [[sécheresse]] de la fin du {{XIXe siècle}}, de [[Islam|musulmans]] d'[[Al-Andalus|Andalousie]], de [[Slaves]] musulmans de l'[[Empire ottoman]], de [[Sicile|Siciliens]], de [[Corse]]s, de [[Sardaigne|Sardes]], de [[Malte|Maltais]] et de [[Russes blancs]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=[[Ridha Kéfi]]|titre=Anastasia, doyenne des « Russes de Tunisie »|url=https://www.jeuneafrique.com/112115/archives-thematique/anastasia-doyenne-des-russes-de-tunisie/|date=12 septembre 2005|site=jeuneafrique.com|consulté le=24 décembre 2019}}.</ref> installés à Bizerte après la [[Révolution russe]] de [[1917]]. Les habitants d'origine européenne et la petite [[Histoire des Juifs en Tunisie|communauté juive]] ont quitté la ville progressivement avec l'indépendance de la Tunisie ({{date|20 mars 1956}}), le départ des forces françaises stationnées dans la ville ({{date|15 octobre 1963}}) et la nationalisation des terres détenues par les colons ({{date|12 mai 1964}}).


=== Pyramide des âges ===
=== Pyramide des âges ===
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| Hamadi Ben Amor || || [[2017]] || [[2018]]
| Hamadi Ben Amor || || [[2017]] || [[2018]]
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| Kamel Ben Amara || [[Ennahdha]] || [[2018]] || [[2022]]
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En outre, la proximité du réseau ferroviaire, l'accès à l'autoroute Tunis-Bizerte ainsi que la [[voie rapide]] reliant Menzel Bourguiba à Bizerte confèrent au site les atouts d'un port moderne. Alors que Bizerte est la plus grande [[base aérienne]] de Tunisie, elle s'est tournée vers le [[Tourisme en Tunisie|tourisme]], malgré la forte présence de l'[[Forces armées tunisiennes|armée tunisienne]], mais n'a pas réussi à s'ériger complètement en pôle touristique. Au {{XXIe siècle}}, la ville se dote d'un pôle de tourisme de [[Bateau de plaisance|plaisance]] avec Marina Cap 3000 en cours d'achèvement.
En outre, la proximité du réseau ferroviaire, l'accès à l'autoroute Tunis-Bizerte ainsi que la [[voie rapide]] reliant Menzel Bourguiba à Bizerte confèrent au site les atouts d'un port moderne. Alors que Bizerte est la plus grande [[base aérienne]] de Tunisie, elle s'est tournée vers le [[Tourisme en Tunisie|tourisme]], malgré la forte présence de l'[[Forces armées tunisiennes|armée tunisienne]], mais n'a pas réussi à s'ériger complètement en pôle touristique. Au {{XXIe siècle}}, la ville se dote d'un pôle de tourisme de [[Bateau de plaisance|plaisance]] avec Marina Cap 3000 en cours d'achèvement.


Doté d'une croisette qui compte plus de 800 anneaux pour des yachts allant jusqu'à 110 mètres de long, le port offre des parkings souterrains pour environ 500 voitures et deux chantiers navals. À cela s'ajoute une résidence haut standing de {{unité|48000|m|2}} comprenant des appartements, un complexe commercial et un aquarium<ref>{{Lien brisé|langue=fr|auteur=Insaf Boughdiri|titre=Bizerte dans la cour des grands|url=http://www.lerenouveau.com.tn/index.php?option=com_content&task=view&id=22292&Itemid=50|date=27 juin 2010|site=lerenouveau.com.tn}}.</ref>.
Doté d'une croisette qui compte plus de 800 anneaux<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Acheter un bateau de plaisance en Tunisie : guide et conseils pratiques pour les acheteurs|url=https://www.tunisie.fr/acheter-un-bateau-de-plaisance-tunisie-guide-et-conseils-pratiques/|date=7 décembre 2022|site=tunisie.fr|consulté le=28 décembre 2022}}.</ref> pour des yachts allant jusqu'à 110 mètres de long, le port offre des parkings souterrains pour environ 500 voitures et deux chantiers navals. À cela s'ajoute une résidence haut standing de {{unité|48000|m|2}} comprenant des appartements, un complexe commercial et un aquarium<ref>{{Lien brisé|langue=fr|auteur=Insaf Boughdiri|titre=Bizerte dans la cour des grands|url=http://www.lerenouveau.com.tn/index.php?option=com_content&task=view&id=22292&Itemid=50|date=27 juin 2010|site=lerenouveau.com.tn}}.</ref>.


== Transport ==
== Transport ==
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La ville du canal est connue par sa gastronomie, avec notamment la ''makrouna abri'' (dite aussi ''makrouna diari''), le ''tlaytou'', la ''rechata hlow'', la ''boughaja'' et le ''knef''<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=En photos : 6 spécialités culinaires typiques de Bizerte|url=https://tunisie.co/article/7061/gastronomie/cuisine/specialites-culinaires-541112|date=26 octobre 2016|site=tunisie.co|consulté le=2 juillet 2021}}.</ref>.
La ville du canal est connue par sa gastronomie, avec notamment la ''makrouna abri'' (dite aussi ''makrouna diari''), le ''tlaytou'', la ''rechata hlow'', la ''boughaja'' et le ''knef''<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=En photos : 6 spécialités culinaires typiques de Bizerte|url=https://tunisie.co/article/7061/gastronomie/cuisine/specialites-culinaires-541112|date=26 octobre 2016|site=tunisie.co|consulté le=2 juillet 2021}}.</ref>.


=== Sport ===
== Sport ==
Le club qui représente la ville de Bizerte est le [[Club athlétique bizertin]] (CAB), un [[club omnisports]] qui évolue dans de nombreux sports collectifs comme le [[Club athlétique bizertin (football)|football]] avec une équipe évoluant en [[Championnat de Tunisie de football|Ligue I]], le [[Club athlétique bizertin (handball)|handball]] et le [[Club athlétique bizertin (basket-ball)|basket-ball]]. Le CAB joue dans le [[stade du 15-Octobre]], un stade de capacité de {{unité|20000|places}}.
Le club qui représente la ville de Bizerte est le [[Club athlétique bizertin]] (CAB), un [[club omnisports]] qui évolue dans de nombreux sports collectifs comme le [[Club athlétique bizertin (football)|football]] avec une équipe évoluant en [[Championnat de Tunisie de football|Ligue I]], le [[Club athlétique bizertin (handball)|handball]] et le [[Club athlétique bizertin (basket-ball)|basket-ball]]. Le CAB joue au [[stade du 15-Octobre]], un stade d'une capacité de {{unité|20000|places}}.


== Jumelages ==
== Jumelages ==
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La ville de Bizerte participe d'autre part à un programme de réhabilitation des centres historiques avec [[Clermont-Ferrand]] (France), [[Marrakech]] (Maroc) et [[Braga]] (Portugal) et entretient des relations privilégiées avec [[Toulon]] (France).
La ville de Bizerte participe d'autre part à un programme de réhabilitation des centres historiques avec [[Clermont-Ferrand]] (France), [[Marrakech]] (Maroc) et [[Braga]] (Portugal) et entretient des relations privilégiées avec [[Toulon]] (France). Il existe également une [[rue de Bizerte]] dans le [[17e arrondissement de Paris|{{17e|arrondissement}}]] de [[Paris]] ([[France]]).

Il existe également une [[rue de Bizerte]] dans le [[17e arrondissement de Paris|{{17e|arrondissement}}]] de [[Paris]] ([[France]]).


== Notes et références ==
== Notes et références ==

Dernière version du 6 mai 2024 à 00:18

Bizerte
Bizerte
Vieux port de Bizerte.
Administration
Pays Drapeau de la Tunisie Tunisie
Gouvernorat Bizerte
Délégation(s) Bizerte Nord
Bizerte Sud
Code postal 7000
Démographie
Gentilé Bizertin
Population 136 917 hab. (2014[1])
Densité 4 027 hab./km2
Géographie
Coordonnées 37° 16′ nord, 9° 52′ est
Altitude 33 m
Superficie 3 400 ha = 34 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Tunisie
Voir sur la carte topographique de Tunisie
Bizerte
Géolocalisation sur la carte : Tunisie
Voir sur la carte administrative de Tunisie
Bizerte
Liens
Site web www.commune-bizerte.gov.tn

Bizerte ou Banzart (arabe : بنزرت Écouter /bɪnzɑrt/) est une ville du nord de la Tunisie située entre la mer Méditerranée et le lac de Bizerte. Elle est le chef-lieu d'un gouvernorat peuplé de plus d'un demi-million d'habitants. La ville compte 136 917 habitants en 2014.

Géographie[modifier | modifier le code]

Localisation[modifier | modifier le code]

Vue aérienne de Bizerte en 2012.

Elle se trouve à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Tunis, la capitale du pays, et à cinq kilomètres du cap Blanc, la pointe septentrionale de l'Afrique. La ville se situe à la pointe sud-est d'un isthme sur la rive nord du canal de Bizerte reliant la mer au lac de Bizerte. Elle est reliée au reste de son aire urbaine située sur la rive sud du canal, formé par la localité de Zarzouna et les villes de Menzel Jemil et Menzel Abderrahmane, par un pont mobile qui débouche directement sur la RN8 menant à Tunis. Elle est située à une altitude de 33 mètres[2].

Outre la RN8, la ville de Bizerte est reliée à Tunis par l'autoroute A4, ce qui la met à 45 minutes environ de l'aéroport international de Tunis-Carthage. Elle est le chef-lieu d'un gouvernorat qui regroupe aussi les villes de Menzel Bourguiba à vingt kilomètres, Mateur à 38 kilomètres à l'ouest de Bizerte sur l'axe menant à Tabarka et à la frontière tuniso-algérienne et Sejnane à 67 kilomètres ; il en est de même des regroupements urbains autour d'Utique (32 kilomètres) et des villes de Ras Jebel (36 kilomètres) et El Alia (19 kilomètres) sur l'axe sud menant à Tunis.

Climat[modifier | modifier le code]

Relevé météorologique de Bizerte
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 6,9 7 7,7 9,7 12,6 16,4 19,1 20,1 18,3 14,8 10,7 8 12,6
Température maximale moyenne (°C) 15,3 15,8 17,2 19,6 23,7 27,7 31,3 31,6 29 24,8 19,9 16,3 19,8
Précipitations (mm) 92 85 59 45 27 10 2 5 31 84 84 102 626
Nombre de jours avec précipitations 14 13 13 11 7 4 1 2 7 11 13 15 111
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
15,3
6,9
92
 
 
 
15,8
7
85
 
 
 
17,2
7,7
59
 
 
 
19,6
9,7
45
 
 
 
23,7
12,6
27
 
 
 
27,7
16,4
10
 
 
 
31,3
19,1
2
 
 
 
31,6
20,1
5
 
 
 
29
18,3
31
 
 
 
24,8
14,8
84
 
 
 
19,9
10,7
84
 
 
 
16,3
8
102
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Arrondissements[modifier | modifier le code]

La ville de Bizerte est composée de quatre arrondissements[4] : Médina, Aïn Mariem, Zarzouna et Hached.

Histoire[modifier | modifier le code]

Antiquité[modifier | modifier le code]

Petit comptoir fondé aux environs de 1100 av. J.-C. par les Phéniciens[5] sous le nom d'A'Kra[6], la ville passe sous l'influence de Carthage après la défaite d'Agathocle de Syracuse. Elle est ensuite occupée par les Romains sous le nom d'Hippo, Hippo Accra, Hippo Diarrhytus ou Diaritus ou encore Zaritus[7] (Hippo-Zaryte dans le roman Salammbô de Gustave Flaubert[8]). Pline l'Ancien la mentionne dans son Histoire naturelle[9] sous le nom latin d'Hippo Dirutus, qu'il présente comme une déformation de l'adjectif grec diarrhutos qui signifie « traversé par des eaux courantes ».

La conquête d'Hippo-Diarrhytos par les Romains efface d'un trait neuf siècles d'histoire punique. Démantelée, la ville voit son territoire passer sous la coupe d'Utique qui prend le parti de Rome. Il faudra longtemps pour qu'une nouvelle ville romaine s'érige à la place du site punique d'Hippo Diarrhytus. Sous l'Empire romain, Hippo entretient des relations maritimes suivies avec Ostie et Rome, comme en témoigne une mosaïque décorant sa représentation commerciale dans la place des Corporations. Dès le Ve siècle, la ville et le territoire, sous l'action dynamique d'Augustin d'Hippone et l'impulsion de quelques évêques, les grands propriétaires terriens et l'aristocratie se rallient au christianisme.

Son nom arabe, Banzart, dérive d'une déformation phonétique de son nom antique[10].

Moyen Âge et époque moderne[modifier | modifier le code]

La ville est ensuite conquise par les armées arabes qui l'islamisent. À partir de 1050, le déferlement des tribus hilaliennes provoque l'effondrement de l'État ziride et le pays éclate en une multitude de petites principautés indépendantes. Bizerte n'échappe pas à la tentation séparatiste. La restauration de l'autorité des Almohades annonce une nouvelle rupture : quelque vingt ans plus tard, l'Ifriqiya accède au statut de province autonome et voit émerger la dynastie hafside.

Entrée du fort de Bizerte construit au XVIe siècle.

En 1535, les troupes de Charles Quint prennent la ville, mais les Ottomans les chassent en 1574[11]. Elle connaît alors, grâce à son port, sa première grande période de prospérité. C'est alors une base de course associée à Tunis[12]. En réaction, la ville subit le bombardement de la marine du roi de France en 1681. Les 4 et , l'escadre du comte de Broves bombarde à nouveau la ville et détruit les installations du port. En 1784 et 1785, ce furent les Vénitiens qui bombardent la ville et le port avec des bombes incendiaires[13].

L'abolition de la piraterie en 1818[14] aurait pu porter un coup fatal à Bizerte mais le lac, dans lequel se reproduisent dorades, soles, mulets, loups et pageots si faciles à piéger quand ils regagnent la mer en empruntant le chenal qui traverse la ville, compense pendant quelques années ces pertes de revenus. Les Bizertins deviennent donc pêcheurs et c'est par centaines de tonnes que le poisson est exporté chaque année vers Tunis, l'Italie et la France.

En 1786, un décret beylical accorde à la France les droits exclusifs de la pêche du corail mais les contrebandiers suivent aussitôt. Génois, Catalans, Vénitiens, Siciliens, Pisans, Corses, ils fondent nombre d'entrepôts et de commerces dans l'îlot de R'baâ mais ne mettent qu'une cinquantaine d'années à détruire les massifs de corail. En 1850, ils ne sont plus que 2 000.

Protectorat français[modifier | modifier le code]

La France obtient l'autorisation de conquérir la régence lors du traité de Berlin en 1878[15]. Les navires de la marine française entrent dans le vieux port de Bizerte durant la campagne de Tunisie en mai 1881 mais, le , ils le quittent à la suite de pressions diplomatiques des Britanniques qui voient d'un mauvais œil la création d'une base militaire maritime à 250 milles de Malte.

Plan de Bizerte en 1890.

La France entreprend très tôt, en 1886, la construction d'un grand port du fait du rôle stratégique de la ville sur le canal de Sicile avec le creusement du chenal qui n'est achevé qu'en 1892 ; ce canal est creusé pour relier la mer Méditerranée au lac de Bizerte où est aménagée une rade. L'aménagement du port s'accélère notamment sous l'impulsion de l'amiral Gustave Besnard (ministre de la Marine) et du capitaine de vaisseau Joseph-Henri Merleaux-Ponty dans les années 1897-1898, avec la montée de la tension entre la France et le Royaume-Uni pendant la crise de Fachoda[16]. À une vingtaine de kilomètres plus au sud, de l'autre côté du lac, est fondée la cité de Ferryville, appelée de nos jours Menzel Bourguiba ainsi que l'arsenal de la marine de guerre française dit de Sidi-Abdallah. Sous le protectorat français, la ville croît rapidement : la municipalité de Bizerte est créée par le décret du [17]. En 1898, un pont transbordeur est édifié sur le canal pour joindre la ville à la rive sud du canal ; il reste en service jusqu'en 1909.

En décembre 1920, le gouvernement français autorise la flotte de l'Armée blanche de l'Armée des volontaires, dernier vestige de la flotte de la mer Noire de la marine impériale russe, à se réfugier à Bizerte. Les réfugiés russes sont répartis dans différents camps militaires français proches de Bizerte, notamment Nador, Djebel Kébir, Saint-Jean, Roumi et Chreck ben Chabane. Le dernier navire, le cuirassé Général-Alekseïev, est vendu à un démolisseur en 1935[18]. L'église Saint-Alexandre-Nevski de Bizerte, toujours en service, témoigne de cette époque.

En mars 1939, le reliquat de la marine républicaine espagnole commandée par l'amiral Miguel Buiza Fernández Palacios est autorisée à pénétrer dans la rade de Bizerte par le gouvernement français. Elle compte trois croiseurs, sept contre-torpilleurs et un sous-marin et transporte 4 300 personnes[19].

Résistance au colonialisme[modifier | modifier le code]

Vue de l'avenue de France.

En dépit de relations souvent pacifiques entre les communautés européenne et musulmane, la ville de Bizerte a été un haut lieu de la résistance au colonialisme. À la fin de 1921, une première cellule du parti nationaliste du Destour est inaugurée dans la médina de Bizerte majoritairement peuplée de musulmans. Les premiers groupes de nationalistes locaux s'organisent à travers le parti et les syndicats autonomes de la Confédération générale des travailleurs tunisiens. En 1924, des heurts éclatent dans le cadre de conflits ouvriers : les émeutes dégénèrent à deux occasions en affrontements[20].

En décembre 1932, le mufti de Bizerte, le cheikh Idriss Cherif, promulgue une fatwa déclarant que les Tunisiens naturalisés français sont considérés comme des apostats et ne peuvent être enterrés dans un cimetière musulman. Cette fatwa est un élément clé de la contestation des naturalisations qui constitue l'une des revendications principales des nationalistes tunisiens dans les années 1930[21].

Le , des incidents ont lieu à la suite du décès d'un habitant musulman de la ville naturalisé français. Les groupes de Tunisiens se présentent autour du cimetière musulman pour empêcher l'inhumation du défunt dont la famille décide finalement de procéder à l'enterrement dans le cimetière européen. Le jour même, un naturalisé spahi veut enterrer son fils mort jeune dans le cimetière musulman, ce à quoi les habitants s'opposent également. La situation dégénère en affrontements avec intervention sans gravité des forces de l'ordre ; l'enterrement a finalement lieu[22].

Le , une manifestation quitte la cellule destourienne de la médina pour protester contre la déportation du leader local du parti, Hassan Nouri. À son arrivée dans la ville européenne, elle est prise à partie par les forces de l'ordre qui ouvrent le feu en faisant six morts parmi les manifestants, dont Salah Ben Ali, et une trentaine de blessés. Les meneurs dont Habib Bougatfa sont ensuite arrêtés[23].

Le , c'est lors d'un meeting populaire à Bizerte que Habib Bourguiba lance l'appel à la lutte armée afin d'accéder à l'indépendance. Cet appel lui vaut d'être arrêté avec d'autres chefs nationalistes le 18 janvier, prélude au congrès clandestin du Néo-Destour proclamant la lutte armée pour l'indépendance.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Bombardement de la ville par des Boeing B-17 Flying Fortress en janvier 1943.

Lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Bizerte est l'un des plus importants ports militaires de la Méditerranée. La base aéronavale couvre alors une superficie de 300 km2 et comporte un complexe opérationnel composé de l'amirauté, d'un abri pour les torpilleurs et les sous-marins, d'une base d'aviation maritime (Kharrouba), d'une base d'aviation terrestre (Sidi Ahmed) ainsi que des postes de détection sur les hauteurs de la ville sans oublier l'arsenal et l'hôpital maritime de Sidi Abdallah[20]. Cette infrastructure et l'emplacement stratégique de la base n'ont pas manqué d'éveiller l'intérêt des forces de l'Axe.

À la suite de l'opération Torch, l'amiral Derrien, alors commandant en chef du camp retranché autonome de Bizerte, qui avait initialement invité ses hommes à rejoindre les forces alliés, doit accepter le de mettre la base à disposition des forces de l'Axe après avoir reçu un ultimatum de trois heures de la part des Allemands. Cette décision prise en partie sous l'influence de Jean-Pierre Esteva, résident général de France en Tunisie aux ordres du régime de Vichy, aurait été aussi motivée par la volonté de protéger les infrastructures militaires et civiles de la ville. Les Alliés en font alors une cible privilégiée de leurs bombardements qui détruisent beaucoup plus d'objectifs civils que militaires[24] : alors que le port commandé par Lilienhoff-Zwowitzky est relativement épargné, la ville européenne est détruite à 77 % et les habitants la fuient pour se réfugier tant à Ferryville et Tunis que dans les villages alentour.

Déclarée ville interdite, sa prise par les Alliés s'est faite après d'âpres combats au sol[20]. Les Américains la reprennent le [25]. Le témoignage du docteur Angelo Hesnard, médecin général responsable des services de santé de la Marine, rend compte de l'ampleur des ravages subis par la ville et la population, notamment en raison d'une épidémie de typhus qui touche la périphérie de la ville dans le sillage de la guerre[24]. L'interdiction de résider dans la ville se poursuit après les hostilités et, Bizerte devenant un champ de récupération de produits de construction, elle subit de nuit le pillage des matériaux utiles (tuiles, portes, fenêtres et tuyaux), doublant le nombre des immeubles rendus inutilisables par la guerre. Devant ces ravages, l'éventualité de déplacer la ville sur un terrain nouveau sur la rive sud du canal est envisagée[26]. Une ville nouvelle appelée provisoirement « cité ouvrière » est ainsi bâtie à Zarzouna au printemps 1944. Cependant, les difficultés de financement et la réticence de la population européenne de la ville à s'y installer empêchent la réalisation du projet. La ville est donc reconstruite durant l'après-guerre sur le même site[20]. Dans le cadre de la reconstruction, l'armée américaine édifie une tour de treize étages faisant office de QG pour ses forces sur le front de mer de la ville.

Tunisie indépendante[modifier | modifier le code]

Habib Bourguiba à Bizerte, 1952.

Malgré l'indépendance accordée à la Tunisie en 1956, la France conserve la base de Bizerte jusqu'au [27], ce qui entraîne de nombreuses tensions entre la Tunisie de Habib Bourguiba et la France de Charles de Gaulle qui atteignent leur paroxysme lors de la crise de Bizerte.

À la suite des tensions entre la jeune Tunisie indépendante et la France sur le délai de l'évacuation de la base aéronavale de Bizerte, des manifestations organisées par le pouvoir tunisien devant le portail de la caserne de Sidi Ahmed se transforment en batailles rangées. Du 19 au , la bataille fait rage dans la ville ; les militaires français seront accusés par les autorités tunisiennes d'avoir utilisé du napalm, sans que cela ne soit pourtant démontré[28]. Preuve de la violence de l'épreuve de force, les événements de Bizerte font officiellement de 24 à 27 morts et une centaine de blessés du côté des soldats français contre 630 à 632 morts côté tunisien (dont la moitié seulement appartiennent à l'armée régulière) et environ 1 500 blessés[29]. Selon le Croissant rouge tunisien, la bataille aurait fait plus de 5 000 morts[30].

Vue aérienne de Bizerte en 1959.

L'implication de plusieurs individus originaires de la ville dans le complot du contre Bourguiba aurait été motivée par leur insatisfaction à l'égard de la manière dont il avait géré la crise[31].

Démographie[modifier | modifier le code]

Statistiques[modifier | modifier le code]

La municipalité compte une population de 136 917 habitants au terme du recensement de 2014[1] mais on peut estimer la population de son agglomération, comprenant également Menzel Jemil et Menzel Abderrahmane, à environ 180 000 habitants.

Origines[modifier | modifier le code]

Les Bizertins sont les descendants d'immigrés arabes et berbères d'Algérie, fuyant les années de sécheresse de la fin du XIXe siècle, de musulmans d'Andalousie, de Slaves musulmans de l'Empire ottoman, de Siciliens, de Corses, de Sardes, de Maltais et de Russes blancs[32] installés à Bizerte après la Révolution russe de 1917. Les habitants d'origine européenne et la petite communauté juive ont quitté la ville progressivement avec l'indépendance de la Tunisie (), le départ des forces françaises stationnées dans la ville () et la nationalisation des terres détenues par les colons ().

Pyramide des âges[modifier | modifier le code]

Pyramide des âges de Bizerte en 2014 (en %)[33]
HommesClasse d’âgeFemmes
11,88 
60 et +
12,33 
12,17 
50-59
11,12 
13,9 
40-49
14,28 
15,35 
30-39
16,26 
14,88 
20-29
15,69 
7,25 
15-19
7,16 
7,32 
10-14
6,9 
8,1 
5-9
7,37 
9,4 
0-4
8,76 

Politique et administration[modifier | modifier le code]

Maires[modifier | modifier le code]

Hôtel de ville de Bizerte.
Listes des maires de Bizerte depuis l'indépendance[34]
Maire Parti Début de mandat Fin de mandat
Abderrazek Chadli 1957 1960
Rachid Taress 1960 1963
Mohamed Karoui 1963 1966
Mohamed Taress 1966 1972
Mahmoud Sifaoui 1971 1966
Mohamed Sadok Bellakhoua 1971 1975
Kamel Belkahia 1975 1981
Mohamed Hédi Tborbi 1981 1985
Hamadi Ben Hamed 1985 1988
Mohamed Louatti 1988 1991
Taher Saïd Lassouad 1991 1995
Mohamed Moncef Sifaoui 1995 2000
Moncef Ben Gharbia 2000 2010
Zouhaïr Rebaï 2010 2011
Mohamed Salah Fliss - 2011 2012
Mohamed Riadh Lazzem 2012 2017
Hamadi Ben Amor 2017 2018
Kamel Ben Amara Ennahdha 2018 2022

Élections municipales[modifier | modifier le code]

À la suite des élections municipales de 2018, Kamel Ben Amara (Ennahdha) est élu maire de la ville[35] pour un mandat courant jusqu'en 2023[36].

Résultats en sièges de la municipalité de Bizerte[37]
Ville Ennahdha Nidaa Tounes Courant démocrate Front populaire Autres partis Listes indépendantes Total Maire élu
Bizerte 13 6 0 3 12 2 36 Kamel Ben Amara

Maillage administratif[modifier | modifier le code]

Bizerte est le chef-lieu du gouvernorat de Bizerte, divisé en 14 délégations et 16 municipalités et 102 imadas.

Infrastructures[modifier | modifier le code]

Projet français[modifier | modifier le code]

Plan du canal en 1906.

Avant les travaux menés par les Français, la communication entre le lac et la mer est établie par deux canaux prenant leur origine dans le vieux port et se rejoignant avant d'atteindre le lac. Leurs contours donnent un aspect original à Bizerte qui est surnommée la « Venise africaine » avec son « pont des Soupirs ». Ces deux canaux envasés et n'ayant qu'une profondeur de un à deux mètres ne peuvent être facilement utilisés pour la navigation de grands navires.

Aussi les nouvelles autorités du protectorat eurent l'idée de couper l'isthme de sable qui sépare le lac de la mer et de créer un nouveau chenal et un nouveau port à l'est de la ville. Le chenal mesurera 800 à 900 mètres de long, cent mètres de large et neuf mètres de profondeur afin que le nouveau port puisse devenir le plus important de Tunisie et le quatrième de l'Afrique française après Oran, Philippeville et Bône. L'amiral Théophile Aube, pendant son passage au ministère de la marine, projette de transformer le vieux port mais ne peut que faire opérer quelques dragages et c'est en 1890 que commencent les travaux concédés à la maison Hersent et Couvreux pour mettre en communication le lac avec la mer et transformer la rade en un abri sûr. Dans ce but, on décide de construire deux grandes jetées[38], d'une longueur d'environ un kilomètre chacune, protégeant une étendue de littoral de 1,8 kilomètre et formant un avant-port d'une superficie de plus de cent hectares.

Entre les musoirs des deux jetées, une ouverture de 400 mètres permet l'entrée simultanée et facile de plusieurs navires. Pour accomplir cet important travail, la Société du port de Bizerte utilise la carrière d'Aïn Meriem, située à quatre kilomètres au nord de la ville, qui fournit les blocs de granit qu'un chemin de fer à voie étroite amène jusque sur la digue. Les jetées, une fois terminées, protègent l'entrée du chenal contre les tempêtes et l'envasement.

Rôle économique[modifier | modifier le code]

Bizerte possède un port de plaisance, un port de pêche ainsi qu'un port de commerce[39].

Pétrolier dans le port de Bizerte.

Favorisé par sa position stratégique sur l'axe traversant la mer Méditerranée et le développement des zones industrielles de la région (Menzel Bourguiba, Menzel Jemil et Utique), le port de commerce de Bizerte a vu transiter 4 790 313 tonnes de marchandises en 2006 dont la quasi-totalité dans le cadre du trafic international[40]. Près des deux tiers des marchandises sont destinés à l'Europe et près des deux tiers sont constitués d'hydrocarbures[40].

L'accès au quai de commerce et au bassin de Menzel Bourguiba se fait par un canal, traversé par le pont mobile, large de 75 mètres et disposant d'un tirant d'air de 13 mètres. Par ailleurs, avec ses quatre bassins de radoub sur le lac de Bizerte et leurs installations, le chantier naval présente des avantages comparatifs par rapport aux chantiers du nord de la Méditerranée grâce à une main d'œuvre qualifiée et à un coût compétitif[40].

En outre, la proximité du réseau ferroviaire, l'accès à l'autoroute Tunis-Bizerte ainsi que la voie rapide reliant Menzel Bourguiba à Bizerte confèrent au site les atouts d'un port moderne. Alors que Bizerte est la plus grande base aérienne de Tunisie, elle s'est tournée vers le tourisme, malgré la forte présence de l'armée tunisienne, mais n'a pas réussi à s'ériger complètement en pôle touristique. Au XXIe siècle, la ville se dote d'un pôle de tourisme de plaisance avec Marina Cap 3000 en cours d'achèvement.

Doté d'une croisette qui compte plus de 800 anneaux[41] pour des yachts allant jusqu'à 110 mètres de long, le port offre des parkings souterrains pour environ 500 voitures et deux chantiers navals. À cela s'ajoute une résidence haut standing de 48 000 m2 comprenant des appartements, un complexe commercial et un aquarium[42].

Transport[modifier | modifier le code]

Transport routier[modifier | modifier le code]

Autoroute A4 qui relie Bizerte à Tunis.
Vue de l'actuel pont de Bizerte.

Bizerte présente plusieurs atouts grâce à ses nombreuses infrastructures. Elle est en effet reliée à la capitale par une autoroute[43] de 51 kilomètres qui permet à la ville d'être à moins de 45 minutes de Tunis. Elle est également reliée par une voie rapide à Menzel Bourguiba et à son chantier naval.

Un nouveau pont, pour un coût estimé à 800 millions de dinars, doit s'étendre sur une distance de 2,7 kilomètres au-dessus du canal[44] à l'horizon de 2024[45].

Transport en commun[modifier | modifier le code]

La ville de Bizerte est desservie par la Société régionale de transport de Bizerte (SRT Bizerte), une entreprise publique de transport qui assure les voyages et les transports par autobus à travers tout le gouvernorat de Bizerte[46].

Transport aérien[modifier | modifier le code]

Train en gare de Bizerte.

La ville de Bizerte ne possède pas d'aéroport propre mais elle est située à une soixantaine de kilomètres de l'aéroport international de Tunis-Carthage et à une centaine de kilomètres de l'aéroport international de Tabarka-Aïn Draham. En 2018, le ministère du Transport annonce un projet de nouvel aéroport international à Bizerte qui pourrait être opérationnel en 2030[47].

Transport ferroviaire[modifier | modifier le code]

La ville de Bizerte est desservie par la ligne Djedeida-Bizerte. L'étude d'un projet de ligne ferroviaire vers Sejnane et Tabarka est lancé en 2017[48].

Santé[modifier | modifier le code]

Vue de l'hôpital Habib-Bougafta.

Bizerte dispose d'un hôpital militaire fondé en 1983. La ville est aussi desservie par l'hôpital universitaire Habib-Bougatfa[49].

Culture[modifier | modifier le code]

Éducation[modifier | modifier le code]

Vue de la cour de l'ISG.

La ville de Bizerte est le siège de l'Institut supérieur de gestion (ISG)[50], de l'Institut préparatoire aux études d'ingénieurs de Bizerte[51] ainsi que de la faculté des sciences à Zarzouna[52].

Gastronomie[modifier | modifier le code]

Supporters du CAB.

La ville du canal est connue par sa gastronomie, avec notamment la makrouna abri (dite aussi makrouna diari), le tlaytou, la rechata hlow, la boughaja et le knef[53].

Sport[modifier | modifier le code]

Le club qui représente la ville de Bizerte est le Club athlétique bizertin (CAB), un club omnisports qui évolue dans de nombreux sports collectifs comme le football avec une équipe évoluant en Ligue I, le handball et le basket-ball. Le CAB joue au stade du 15-Octobre, un stade d'une capacité de 20 000 places.

Jumelages[modifier | modifier le code]

La municipalité de Bizerte a signé des accords de coopération et de jumelage avec diverses villes à travers le monde[54] :

Ville Pays Depuis
Tanger Drapeau du Maroc Maroc 6 août 1676
Port-Saïd Drapeau de l'Égypte Égypte 13 janvier 1977
Annaba Drapeau de l'Algérie Algérie 12 avril 1985
Kalamata Drapeau de la Grèce Grèce 22 juin 1997
Palerme Drapeau de l'Italie Italie 6 mars 2001
Saint-Pétersbourg[55] Drapeau de la Russie Russie 29 mai 2014

La ville de Bizerte participe d'autre part à un programme de réhabilitation des centres historiques avec Clermont-Ferrand (France), Marrakech (Maroc) et Braga (Portugal) et entretient des relations privilégiées avec Toulon (France). Il existe également une rue de Bizerte dans le 17e arrondissement de Paris (France).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (ar) « Populations, logements et ménages par unités administratives et milieux » [PDF], sur census.ins.tn (consulté le ).
  2. (en) « Geographic coordinates of Bizerte, Tunisia », sur dateandtime.info (consulté le ).
  3. « Données climatiques mensuelles », sur meteo.tn (consulté le ).
  4. « La ville en chiffres », sur commune-bizerte.gov.tn (consulté le ).
  5. Alain Blondy, Le monde méditerranéen, 15 000 ans d'histoire, Paris, Place des éditeurs, , 476 p. (ISBN 978-2-262-07623-8, lire en ligne).
  6. Renaud 1996, p. 14.
  7. (en) « Hippo Diarrhytus or Zaritus », dans Dictionary of Greek and Roman Geography, t. I, Londres, Little, Brown & Company, , p. 1070.
  8. Gustave Flaubert, Salammbô, Paris, Pocket, , 502 p. (ISBN 978-2-266-04323-6), p. 96.
  9. Pline l'Ancien (trad. Émile Littré), Histoire naturelle, t. V, Paris, Dubochet, 1848-1850 : « Au fleuve Tusca commence la région Zeugitane ; elle est appelée proprement Afrique. Trois promontoires, le promontoire Blanc, le promontoire d'Apollon en face de la Sardaigne, le promontoire de Mercure en face de la Sicile, s'avançant dans la haute mer, forment deux golfes : le premier est celui d'Hippone, le plus voisin de la ville qu'on nomme Hippo Dirutus, par corruption du mot grec diarrhytos, qui signifie arrosé par des eaux abondantes » [lire en ligne].
  10. « Histoire de Bizerte »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur bizerte.org.
  11. David Cohen, Antoine Lonnet et Aziza Boucherit, Mélanges David Cohen, Paris, Maisonneuve et Larose, , 764 p. (ISBN 978-2-706-81674-1), p. 310.
  12. Michel Fontenay, « Course et piraterie méditerranéennes de la fin du Moyen Âge aux débuts du XIXe siècle », Revue d'histoire maritime, no 6,‎ , p. 179 (ISSN 1283-873X).
  13. Marc'Antonio Bragadin, Histoire des républiques maritimes italiennes, Paris, Payot, , 280 p., p. 263.
  14. Henry Laurens, John Victor Tolan et Gilles Veinstein, L'Europe et l'islam : quinze siècles d'histoire, Paris, Odile Jacob, , 482 p. (ISBN 978-2-738-12219-3, lire en ligne), p. 291.
  15. Jean Ganiage, Les origines du Protectorat français en Tunisie, Tunis, Maison tunisienne de l'édition, , 611 p., p. 417.
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  17. « Présentation de la mairie »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur commune-bizerte.gov.tn.
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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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