« Louis Delgrès » : différence entre les versions

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{{Infobox Biographie2
{{Infobox Personnalité militaire
| nom = Louis Delgrès
| image = Buste de Louis Delgrès à Matouba.JPG
| nom autre =
| légende = Buste de Louis Delgrès à [[Matouba]], commune de [[Saint-Claude (Guadeloupe)|Saint-Claude]].
| image = Buste Louis Delgrès à Petit-Bourg.JPG
| taille image = 250
| légende = Buste de Louis Delgrès à [[Petit-Bourg]].
| surnom =
| date de naissance = 2 août 1766
| lieu de naissance = [[Saint-Pierre (Martinique)|Saint-Pierre]], [[Martinique]]
| date de décès = 28 mai 1802
| lieu de décès = [[Matouba]], [[Guadeloupe]]
| date mort au combat =
| lieu mort au combat =
| origine = [[Français (peuple)|Français]]
| allégeance = {{France monarchie}} <small>(1783-1791)</small><br/>{{France (1791-1792)}} <small>(1791-1792)</small><br/>{{France (1792-1804)}} <small>(1792-1802)</small>
| grade = [[Chef de bataillon]]
| arme =
| début de carrière = [[1783]]
| fin de carrière = [[1802]]
| conflit = [[Guerres de la Révolution française]]
| faits d'armes = [[Invasion de la Guadeloupe (1794)]]
| commandement =
| distinctions =
| hommages = [[Liste des personnes citées au Panthéon de Paris|Personne citée au Panthéon de Paris]]
| autres fonctions =
| famille =
| signature =
| emblème =
| liste =
}}
}}


'''Louis Delgrès''', né le {{Date de naissance-|2|août|1766}}, à [[Saint-Pierre (Martinique)|Saint-Pierre]] en [[Martinique]], et mort le {{Date de décès-|28|mai|1802|2|août|1766}}, à [[Matouba]] (commune de [[Saint-Claude (Guadeloupe)|Saint-Claude]]) en [[Guadeloupe]], est une personnalité de l'[[histoire de la Guadeloupe]]. Colonel d’infanterie des forces armées de la [[Basse-Terre (île)|Basse-Terre]], [[Abolitionnisme|abolitionniste]], il est connu pour la proclamation [[Abolitionnisme|anti-esclavagistes]] signée de son nom, datée du {{Date-|10|mai|1802}}, haut fait de la résistance de la Guadeloupe aux troupes napoléoniennes.
'''Louis Delgrès''', né le {{Date de naissance-|2|août|1766}}, à [[Saint-Pierre (Martinique)|Saint-Pierre]] en [[Martinique]], et mort le {{Date de décès-|28|mai|1802|2|août|1766}}, à [[Matouba]] (commune de [[Saint-Claude (Guadeloupe)|Saint-Claude]]) en [[Guadeloupe]], est une personnalité de l'[[histoire de la Guadeloupe]]. Commandant de la [[Basse-Terre (île en Guadeloupe)|Basse-Terre]], [[Abolitionnisme|abolitionniste]], il est connu pour la proclamation [[Abolitionnisme|anti-esclavagistes]] signée de son nom, datée du {{Date-|10|mai|1802}}, haut fait de la résistance de la Guadeloupe aux troupes napoléoniennes.


== Biographie ==
== Biographie ==
Juridiquement Louis Delgrès est né « [[Gens de couleur libres|libre de couleur]] ». Il est, selon l'hypothèse la plus probable, le fils naturel d'Élisabeth Morin (dite Guiby), [[Métis|métisse]], et de Louis Delgrès, [[Créoles|créole blanc]] de [[Saint-Pierre (Martinique)|Saint-Pierre]] (Martinique), d'ascendance bayonnaise<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Dr André Nègre|titre=La rébellion de la Guadeloupe : 1801-1802|lieu=Paris|éditeur=L'Harmattan|date=1987|pages totales=163|isbn=2-87679-006-8}}</ref>, qui fut ''receveur du Roi'' et ''directeur des Domaines du Roi'' à [[Tobago]]. Les [[Archives nationales]] possèdent les dossiers de ''Louis Delgrès père'', et de ''Louis Delgrès fils'', chef de bataillon. Ces documents établissent avec une grande certitude la filiation entre les deux hommes<ref name=":0" />.

Juridiquement Louis Delgrès est né « [[Gens de couleur libres|libre de couleur]] ». Il est, selon l'hypothèse la plus probable, le fils naturel de Élisabeth Morin (dite Guiby) et de Louis Delgrès, martiniquais de [[Saint-Pierre (Martinique)|Saint-Pierre]], d'ascendance bayonnaise<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Dr André Nègre|titre=La rébellion de la Guadeloupe : 1801-1802|lieu=Paris|éditeur=L'Harmattan|date=1987|pages totales=163|isbn=2-87679-006-8}}</ref>, qui fut ''receveur du Roi'' et ''directeur des Domaines du Roi'' à [[Tobago]]. Les [[Archives nationales]] possèdent les dossiers de ''Louis Delgrès père'', et de ''Louis Delgrès fils'', chef de bataillon. Ces documents établissent avec une grande certitude la filiation entre les deux hommes<ref name=":0" />.


Louis Delgrès fils vit avec ses parents en Martinique puis à [[Tobago]]<ref>{{ouvrage|année=1969|prénom1=Jean-Claude|nom1=Nardin|titre=[https://books.google.fr/books?id=MBRsAAAAMAAJ&q=La+mise+en+valeur+des+colonies+fran%C3%A7aises&dq=La+mise+en+valeur+des+colonies+fran%C3%A7aises&lr=&cd=22 La mise en valeur de l'île de Tabago, 1763-1783] : {{sp-|XVIII|e|-|XX|e}} : 1763-1969|lieu=Paris, La Haye|éditeur=Mouton et Cie, Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales}} {{BNF|35302243w}}.</ref>. Un document de septembre 1799 indique qu'il est un excellent militaire et qu'il sait très bien lire, écrire et calculer. Ces indications révèlent la qualité de son éducation.
Louis Delgrès fils vit avec ses parents en Martinique puis à [[Tobago]]<ref>{{ouvrage|année=1969|prénom1=Jean-Claude|nom1=Nardin|titre=[https://books.google.fr/books?id=MBRsAAAAMAAJ&q=La+mise+en+valeur+des+colonies+fran%C3%A7aises&dq=La+mise+en+valeur+des+colonies+fran%C3%A7aises&lr=&cd=22 La mise en valeur de l'île de Tabago, 1763-1783] : {{sp-|XVIII|e|-|XX|e}} : 1763-1969|lieu=Paris, La Haye|éditeur=Mouton et Cie, Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales}} {{BNF|35302243w}}.</ref>. Un document de septembre 1799 indique qu'il est un excellent militaire et qu'il sait très bien lire, écrire et calculer. Ces indications révèlent la qualité de son éducation.


=== Carrière militaire ===
=== Carrière militaire ===
Louis Delgrès commence sa carrière militaire le {{Date-|10|novembre|1783}} dans la milice, aux colonies. Il est bientôt nommé sergent, en garnison à la [[Martinique]]. Les conséquences des mouvements révolutionnaires dans les colonies américaines le pousseront à affirmer ses opinions [[Abolitionnisme|anti-esclavagistes]] et abolitionnistes tout en favorisant sa progression dans l'armée régulière.
Louis Delgrès commence sa carrière militaire le {{Date-|10|novembre|1783}} dans la milice, aux colonies. Il est bientôt nommé sergent, en garnison à la [[Martinique]]. Les conséquences des mouvements révolutionnaires dans les colonies américaines, notamment la [[révolution haïtienne]], le pousseront à affirmer ses opinions anti-esclavagistes et [[Abolitionnisme|abolitionnistes]] tout en favorisant sa progression dans l'armée régulière.


=== Durant la Révolution ===
=== Durant la Révolution ===
Le {{Date-|8|septembre|1791}}, le « patriote » Louis Delgrès s'exile à la [[Dominique (pays)|Dominique]] après la prise du pouvoir par les [[royalisme|royaliste]]s en Martinique. Le {{Date-|28|octobre|1792}}, Louis Delgrès participe à l'élection des députés des [[Îles du Vent (Antilles)|îles du Vent]] à la [[Convention nationale]].
Le {{Date-|8|septembre|1791}}, le « patriote » Louis Delgrès s'exile à la [[Dominique (pays)|Dominique]] après la prise du pouvoir par les [[royalisme|royalistes]] en [[Martinique]]. Le {{Date-|28|octobre|1792}}, Louis Delgrès participe à l'élection des députés des [[Îles du Vent (Antilles)|îles du Vent]] à la [[Convention nationale]].
En décembre 1792, Louis Delgrès rejoint les rangs des [[République|républicain]]s et monte à bord de la ''Félicité'', navire commandé par [[Jean-Baptiste Raymond de Lacrosse|Lacrosse]]. Il est alors élu provisoirement lieutenant par ses concitoyens. Il sert sous les ordres de [[Jean Marie Donatien de Vimeur de Rochambeau|Rochambeau]] et est nommé capitaine à titre provisoire. En avril 1794, il est capturé par les Anglais à la suite de leur débarquement pour la prise de la [[Guadeloupe]], emmené en Grande-Bretagne mais il est rapidement libéré et rejoint la France.
En décembre 1792, Louis Delgrès rejoint les rangs des [[République|républicains]] et monte à bord de la frégate la ''[[Félicité (navire)|Félicité]]'', navire commandé par [[Jean-Baptiste Raymond de Lacrosse|Lacrosse]]. Il est alors élu provisoirement [[Lieutenant (France)|lieutenant]] par ses concitoyens. Il sert sous les ordres de [[Donatien de Rochambeau|Rochambeau]] et est nommé [[Capitaine (France)|capitaine]] à titre provisoire. En avril 1794, il est capturé par les Britanniques à la suite de leur débarquement pour la prise de la [[Guadeloupe]], emmené en Grande-Bretagne mais il est rapidement libéré et rejoint la France.


À [[Brest]], il reçoit son brevet de lieutenant, lors de la formation du [[bataillon des Antilles]] le {{Date-|27|novembre|1794}}. Le {{Date-|6|janvier|1795}}, Louis Delgrès arrive en [[Guadeloupe]], en compagnie des commissaires de la convention Goyrand et Lebas. Il quitte la [[Guadeloupe]] le {{Date-|21|mars|1795}} pour reconquérir [[Sainte-Lucie]] sur les [[Anglais]]. Il se distingue dans cette campagne et est grièvement blessé le {{Date-|22|avril|1795}}.
À [[Brest]], il reçoit son brevet de lieutenant, lors de la formation du [[bataillon des Antilles]] le {{Date-|27|novembre|1794}}. Le {{Date-|6|janvier|1795}}, Louis Delgrès arrive en [[Guadeloupe]], en compagnie des [[Commissaire de la République|commissaires]] de la Convention Gaspard Goyrand et Alexandre Lebas. Il quitte la Guadeloupe le {{Date-|21|mars|1795}} pour reconquérir [[Sainte-Lucie]] sur les Britanniques. Il se distingue dans cette campagne et est grièvement blessé le {{Date-|22|avril|1795}}. Le {{Date-|19|juin|1795}}, il hisse le drapeau tricolore au morne Rabot.


Le {{Date-|19|juin|1795}}, il hisse le drapeau tricolore au ''morne Rabot''. Le {{Date-|25|juin|1795}}, il est nommé capitaine par [[Goyrand]]. Le lendemain, il embarque pour [[Saint-Vincent (île)|Saint-Vincent]], où il combat aux côtés des [[Garifuna]]s (métis [[amérindiens]] [[Peuple Caraïbe|Caraïbes]] noirs). Le {{Date-|16|juin|1796}}, il est fait prisonnier par les [[Anglais]] et conduit dans les prisons britanniques.
Le {{Date-|25|juin|1795}}, il est nommé capitaine par Goyrand. Le lendemain, il embarque pour [[Saint-Vincent (île)|Saint-Vincent]], où il combat aux côtés des [[Garifunas]] (métis [[Autochtones d'Amérique|amérindiens]] [[Kalinago|caraïbes]] et noirs). Le {{Date-|16|juin|1796}}, il est fait prisonnier et conduit dans les prisons britanniques. Le {{Date-|21|septembre|1797}}, il fait l'objet d'un échange de prisonniers : parti de [[Château de Portchester|Portchester]] (dans la baie de [[Portsmouth]]), il débarque au [[Le Havre|Havre]].

Le {{Date-|21|septembre|1797}}, il fait l'objet d'un échange de prisonniers : parti de [[Portsmouth|Portchester]]<ref>Voir [[Portchester Castle]].</ref>, il débarque au [[Le Havre|Havre]].


=== Après les prisons anglaises ===
=== Après les prisons anglaises ===
En janvier 1798, Louis Delgrès est en garnison dans les casernes Martainville à [[Rouen]]. Puis, il est envoyé à l'[[île d'Aix]]<ref>{{lien web|url=http://une-autre-histoire.org/ile-d-aix2/|titre=Ile d’Aix : troupes « noires », trous de mémoire…|site=une-autre-histoire.org|date=28 février 2021|auteur=|consulté le=28 février 2021}}</ref> où il retrouve [[Magloire Pélage]]. En septembre 1799, il est en congé à Paris. Le {{Date-|1|octobre|1799}}, il est nommé chef de bataillon. Destiné à accompagner les agents de la Convention ''Jeannet'', ''Laveaux'' et ''Baco'' en Guadeloupe, il refuse cette nouvelle affectation car il lui est dû des arriérés de sa solde. Finalement, [[Victor Hugues]] lui fait une avance et il embarque le {{Date-|16|novembre|1799}}.
En janvier 1798, Louis Delgrès est en garnison dans les casernes Martainville à [[Rouen]]. Puis, il est envoyé à l'[[île d'Aix]]<ref>{{lien web|url=http://une-autre-histoire.org/ile-d-aix2/|titre=Ile d’Aix : troupes « noires », trous de mémoire…|site=une-autre-histoire.org|date=28 février 2021|auteur=|consulté le=28 février 2021}}.</ref> où il retrouve [[Magloire Pélage]]. En septembre 1799, il est en congé à Paris. Le {{Date-|1|octobre|1799}}, il est nommé [[chef de bataillon]]. Destiné à accompagner les agents de la Convention Nicolas-Georges Jeannet-Oudin, [[Étienne Maynaud de Bizefranc de Lavaux]] et [[René Gaston Baco de La Chapelle]] en Guadeloupe, il refuse cette nouvelle affectation car il lui est dû des arriérés de sa solde. Finalement, [[Victor Hugues]] lui fait une avance et il embarque le {{Date-|16|novembre|1799}}.


À son arrivée en [[Guadeloupe]] le {{Date-|11|décembre|1799}}, Louis Delgrès est aide de camp de ''Baco''. En octobre 1801, il est aide de camp du ''capitaine général'' [[Jean-Baptiste Raymond de Lacrosse]]. Ce dernier le qualifie de [[sans-culotte]], ce qui indique son profond engagement révolutionnaire en cette époque du Consulat. Mais, le {{Date-|01|novembre|1801}}, lorsque ''Lacrosse'' est emprisonné, il se rallie aux officiers rebelles. Il est nommé chef de la place de Basse-Terre par le général Magloire Pélage tandis que Lacrosse est chassé hors de Guadeloupe et se réfugie sur l'île voisine de la Dominique.
À son arrivée en [[Guadeloupe]] le {{Date-|11|décembre|1799}}, Louis Delgrès est [[aide de camp]] de Baco. En octobre 1801, il est aide de camp du capitaine général [[Jean-Baptiste Raymond de Lacrosse]]. Ce dernier le qualifie de [[Sans-culottes|sans-culotte]], ce qui indique son profond engagement révolutionnaire en cette époque du [[Consulat (histoire de France)|Consulat]]. Mais, le {{Date-|01|novembre|1801}}, lorsque Lacrosse est emprisonné, il se rallie aux officiers rebelles. Il est nommé commandant de la place de Basse-Terre par le général Magloire Pélage tandis que Lacrosse est chassé hors de Guadeloupe et se réfugie sur l'île voisine de la Dominique.


Le {{Date-|5|janvier|1802}}, Louis Delgrès destitue les fonctionnaires blancs accusés de correspondre avec le général Lacrosse. Deux jours plus tard, il devient chef de l'arrondissement de [[Basse-Terre]]. Les 15 et {{Date-|16|février|1802}}, en collaboration avec le [[capitaine Massoteau]], Louis Delgrès fait arrêter des officiers blancs.
Le {{Date-|5|janvier|1802}}, Louis Delgrès destitue les fonctionnaires blancs accusés de correspondre avec le général Lacrosse. Deux jours plus tard, il devient chef de l'arrondissement de [[Basse-Terre]]. Les 15 et {{Date-|16|février|1802}}, en collaboration avec le [[capitaine Massoteau]], Louis Delgrès fait arrêter des officiers blancs.


=== Proclamation signée Delgrès du 10 mai 1802 ===
=== Proclamation signée Delgrès du 10 mai 1802 ===
[[Fichier:Passe_de_la_Pointe-à-Pitre,_par_Louis_Le_Breton,_milieu_XIXe_siècle.jpg|vignette|Débarquement des troupes napoléoniennes à [[Pointe-à-Pitre]] lors de l'expédition [[Antoine Richepance|Richepance]] de 1802 chargée de [[Rétablissement de l'esclavage par Napoléon Bonaparte|rétablir l'esclavage]] sur l'île.]]
[[Fichier:Delgres Monnereau Vivre libres ou mourir.png|vignette|Proclamation du 10 mai 1802.]]
À partir du {{Date-|10|mai|1802}}, dans la région de Basse-Terre, Louis Delgrès est le chef de la résistance contre les troupes [[Consulat (histoire de France)|consulaires]] du général [[Antoine Richepanse|Richepance]], envoyées par [[Napoléon Ier|Bonaparte]] pour rétablir l'esclavage en parallèle de l'élaboration de la [[Loi sur la traite des noirs et le régime des colonies du 20 mai 1802|loi du 20 mai 1802]]<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Louis Delgrès |url=https://guadeloupe.net/louis-delgres |site=guadeloupe.net |consulté le=2020-07-07}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr-fr |titre=HISTOIRE. Napoléon et l’esclavage : Mise au point historique |url=https://www.asafrance.fr/item/histoire-napoleon-et-l-esclavage-mise-au-point-historique.html |site=www.asafrance.fr |consulté le=2020-07-07}}</ref>. C'est alors qu'il fait afficher sur les murs de Basse-Terre la proclamation ''À l'Univers entier, le dernier cri de l'innocence et du désespoir''<ref>Ce texte est cité pour la première fois par Félix Longin dans ses ''Voyages à la Guadeloupe'', 1848. {{ouvrage|année=2003|prénom1=Yves|nom1=Bénot|prénom2=Marcel|nom2=Dorigny|titre=[https://books.google.fr/books?id=j0bRqz7xFoMC&lpg=PA575&dq=Louis%20Delgr%C3%A8s&lr&pg=PA575#v=onepage&q&f=false Rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises, 1802]. Aux origines d'Haïti. Ruptures et continuités de la politique coloniale française, 1800-1830. Actes du colloque international tenu à l'Université de Paris VIII les 20, 21 et 22 juin 2002, organisé par l'Association pour l'étude de la colonisation européenne et placé sous le patronage du programme La route de l'esclave de l'UNESCO : {{sp-|XVIII|e|-|XIX|e}} : 1802-2003|lieu=Paris|éditeur=Maisonneuve & Larose}} {{BNF|38981637x}}.<br/>« Feu M. Longin, à [[Caen]] en [[1787]], bachelier ès lettres et professeur distingué, s'embarqua au [[Le Havre|Havre]], pour la [[Guadeloupe]], le {{Date-|5|octobre|1816}}, alors que la [[France]] tressaillait encore des agitations amenées par la chute de l’[[Premier Empire|Empire]]. Il y séjourna six ans. ». {{Lien web|url=http://www.potomitan.info/atelier/contes/conte_creole84.php|titre=Félix Longin, Voyage à la Guadeloupe, Le Mans, Monnoyer, 1848.|auteur=Potomitan|année={{Date-|20|mai|1848}}|éditeur=potomitan.info|site=www.potomitan.info/atelier/contes|Consulté le= {{Date-|24|mai|2010}}}}<br/>{{ouvrage|année=1848|prénom1=Félix|nom1= Longin|titre=[https://gallica.bnf.fr/:/12148/bpt6k58377826/f207.image ''Voyage à la Guadeloupe'', œuvre posthume] : {{sp-|XVIII|e|-|XIX|e}} : 1787-1848|lieu=Le Mans|éditeur= Monnoyer}} {{BNF|308306977}}.</ref>{{,}}<ref>Le texte complet de la Proclamation ''à l'Univers entier, le dernier cri de l'innocence et du désespoir'' rédigée par Monnereau et affichée sur ordre de Louis Delgrès est à
La situation à la [[Guadeloupe]] change à partir du {{date-|6 mai 1802}}, avec l'arrivée des troupes [[Consulat (histoire de France)|consulaires]] du général [[Antoine Richepance|Richepance]], envoyées par [[Napoléon Ier|Bonaparte]] pour [[Rétablissement de l'esclavage par Napoléon Bonaparte|rétablir l'esclavage]] en application de la [[Loi sur la traite des noirs et le régime des colonies du 20 mai 1802|loi du {{date-|20 mai 1802}}]]<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Louis Delgrès |url=https://guadeloupe.net/louis-delgres |site=guadeloupe.net |consulté le=2020-07-07}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr-fr |titre=HISTOIRE. Napoléon et l’esclavage : Mise au point historique |url=https://www.asafrance.fr/item/histoire-napoleon-et-l-esclavage-mise-au-point-historique.html |site=asafrance.fr |consulté le=2020-07-07}}.</ref> pour la [[Martinique]] et de l'arrêté du 27 messidor [[an X]] ({{date-|16 juillet 1802}}) pour la Guadeloupe<ref>{{lienweb |url=https://www.guadeloupe.franceantilles.fr/complements/2018/05/30/487446_192404_cp-belenus-regent.pdf |auteur=René Belenus et Frédéric Régent |titre=Halte à la manipulation de l'histoire, oui à la conservation et à l'explication de tous les vestiges du passé ! |date=30 mai 2018 |site=guadeloupe.franceantilles.fr |format=pdf|brisé le = 2023-11-23}}.</ref>. Les troupes coloniales furent la cible de dures vexations. Les chefs militaires locaux se divisèrent alors en deux camps : si une partie, menée par les [[Chef de bataillon|chefs de bataillon]] Louis Delgrès et [[Joseph Ignace]], fit le choix de la rébellion, une autre partie, commandée par le [[chef de brigade]] [[Magloire Pélage]], se soumit aux envoyés du gouvernement.
{{citation bloc |Si Pélage est libre, c'est pour nous avoir vendus ; voilà pourquoi il n'a point essuyé les traitements odieux qu'on a fait subir à nos frères d'armes, à la Pointe-à-Pitre. On les a désarmés, déshabillés, battus et mis aux fers à bords des frégates. Devaient-ils s'attendre à tant d'outrages... Il faut que Pélage soit bien lâche pour s'être prêté à telles horreurs.|Réponse de Delgrès aux envoyés de Pélage<ref>{{ouvrage |auteur=Jacques Adélaïde-Merlande |titre=Delgrès, ou La Guadeloupe en 1802|lieu=|éditeur=Karthala|année=1986}}.</ref>.}}
[[s:Proclamation du 10 mai 1802 (Guadeloupe)|lire sur wikisource]].</ref> :


[[Fichier:Delgres Monnereau Vivre libres ou mourir.png|vignette|redresse=1.5|Proclamation du 10 mai 1802.]]
{{Citation bloc|Le lendemain 10, dans la matinée, quelques instants avant que l'escadre française n'eût été signalée, Delgrès fit publier une proclamation qu'avait rédigée le jeune Monnereau, créole de la Martinique, adjudant de place. ([[Auguste Lacour]])<ref>Suit le texte de la proclamation de Delgrès. [[Auguste Lacour]] fut conseiller à la Cour impériale. {{ouvrage|année=1855-1858|prénom1=Auguste|nom1=Lacour|titre=[https://books.google.fr/books?id=e817AAAAMAAJ&dq=Louis%20Delgr%C3%A8s&lr&pg=PA253#v=onepage&q&f=false Histoire de la Guadeloupe : 1798 à 1803], Volume 3 : {{sp-|XVIII|e|-|XIX|e}} : 1798-1803|lieu=Basse-Terre (Guadeloupe)|éditeur=Impr. du Gouvernement}} {{BNF|307097836}}.</ref>}}
Le {{Date-|10|mai|1802}}, Louis Delgrès devient le chef de la résistance à [[Basse-Terre]], faisant afficher sur les murs la proclamation ''À l'Univers entier, le dernier cri de l'innocence et du désespoir''<ref>Ce texte est cité pour la première fois par Félix Longin dans ses ''Voyages à la Guadeloupe'', 1848. {{ouvrage|année=2003|prénom1=Yves|nom1=Bénot|prénom2=Marcel|nom2=Dorigny|titre=[https://books.google.fr/books?id=j0bRqz7xFoMC&lpg=PA575&dq=Louis%20Delgr%C3%A8s&lr&pg=PA575#v=onepage&q&f=false Rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises, 1802]. Aux origines d'Haïti. Ruptures et continuités de la politique coloniale française, 1800-1830. Actes du colloque international tenu à l'Université de Paris VIII les 20, 21 et 22 juin 2002, organisé par l'Association pour l'étude de la colonisation européenne et placé sous le patronage du programme La route de l'esclave de l'UNESCO : {{sp-|XVIII|e|-|XIX|e}} : 1802-2003|lieu=Paris|éditeur=Maisonneuve & Larose}} {{BNF|38981637x}}.<br/>« Feu M. Longin, né à [[Caen]] en [[1787]], bachelier ès lettres et professeur distingué, s'embarqua au [[Le Havre|Havre]], pour la [[Guadeloupe]], le {{Date-|5|octobre|1816}}, alors que la [[France]] tressaillait encore des agitations amenées par la chute de l’[[Premier Empire|Empire]]. Il y séjourna six ans. ». {{Lien web|url=http://www.potomitan.info/atelier/contes/conte_creole84.php|titre=Félix Longin, Voyage à la Guadeloupe, Le Mans, Monnoyer, 1848.|auteur=Potomitan |année={{Date-|20|mai|1848}} |éditeur=potomitan.info |site=potomitan.info|Consulté le= {{Date-|24|mai|2010}}.}}<br/>{{ouvrage|année=1848|prénom1=Félix|nom1= Longin|titre=[https://gallica.bnf.fr/:/12148/bpt6k58377826/f207.image ''Voyage à la Guadeloupe'', œuvre posthume] : {{sp-|XVIII|e|-|XIX|e}} : 1787-1848|lieu=Le Mans|éditeur= Monnoyer}} {{BNF|308306977}}.</ref>{{,}}<ref>Le texte complet de la Proclamation ''à l'Univers entier, le dernier cri de l'innocence et du désespoir'' rédigée par Monnereau et affichée sur ordre de Louis Delgrès est à [[s:Proclamation du 10 mai 1802 (Guadeloupe)|lire sur wikisource]].</ref> :


{{Citation bloc|Le lendemain 10, dans la matinée, quelques instants avant que l'escadre française n'eût été signalée, Delgrès fit publier une proclamation qu'avait rédigée le jeune Monnereau, créole de la Martinique, adjudant de place. |{{ouvrage |auteur=Auguste Lacour |lien auteur=Auguste Lacour |titre=Histoire de la Guadeloupe |année=1858}}<ref>Suit le texte de la proclamation de Delgrès. [[Auguste Lacour]] fut conseiller à la Cour impériale. {{ouvrage |prénom1=Auguste|nom1=Lacour |titre=Histoire de la Guadeloupe : 1798 à 1803 |volume=3 |titre volume={{sp-|XVIII|e|-|XIX|e}} : 1798-1803 |lieu=Basse-Terre |éditeur=Impr. du Gouvernement |année=1858 |passage=253 |bnf=307097836 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=e817AAAAMAAJ&lr&pg=PA253}}.</ref>.}}
Le {{Date-|20|mai|1802}}, Delgrès et ses troupes sont obligés de se replier au [[Fort Delgrès|fort de Basse-Terre]] qu’il doivent ensuite abandonner le {{Date-|22|mai|1802}} (en s'échappant secrètement par la poterne du [[Galion (rivière)|Galion]] à l'arrière du fort) pour se réfugier au pied de [[Soufrière (Guadeloupe)|la Soufrière]] à [[Matouba]], vers [[Saint-Claude (Guadeloupe)|Saint-Claude]]<ref>Données commémoratives présentes sur l'historique du fort à Basse-Terre.</ref>.


Des combats opposèrent ensuite non seulement les soldats [[France métropolitaine|métropolitains]] à ceux [[Antilles françaises|antillais]], mais aussi entre les coloniaux. Le {{Date-|20|mai|1802}}, Delgrès et ses troupes sont obligés de se replier au [[Fort Delgrès|fort de Basse-Terre]] qu’ils doivent ensuite abandonner le {{Date-|22 mai 1802-}} (en s'échappant secrètement par la poterne du [[Galion (rivière)|Galion]] à l'arrière du fort) pour se réfugier au pied de [[Soufrière (Guadeloupe)|la Soufrière]] à [[Matouba]], vers [[Saint-Claude (Guadeloupe)|Saint-Claude]]<ref>Données commémoratives présentes sur l'historique du fort à Basse-Terre.</ref>.
Le {{Date-|28|mai|1802}}, se voyant perdus, Louis Delgrès et ses 300 compagnons se suicident à l'explosif dans leur refuge de l'Habitation Danglemont à Matouba, en vertu de la devise révolutionnaire « Vivre libre ou mourir »<ref>{{Lien web|langue=|titre=Louis Delgrès, proclamation « A l’univers entier, le dernier cri de l’innocence et du désespoir », Basse-Terre, 10 mai 1802|url=http://lesabolitions.culture.fr/medias/mouvements/1802/documents/cite-louis-delgres.pdf|site=http://lesabolitions.culture.fr|date=|consulté le=19/06/2018|extrait=[...] si nous en croyons les coups d’autorité déjà frappés au Port-de-la -Liberté, le système d’une mort lente dans les cachots continue à être suivi. Eh bien ! Nous choisissons de mourir plus promptement.}}</ref>.

Le {{Date-|28|mai|1802}}, se voyant perdus, Louis Delgrès et ses 300 compagnons se suicident à l'explosif dans leur refuge de l'Habitation Danglemont à Matouba, en vertu de la devise révolutionnaire « Vivre libre ou mourir »<ref>{{Lien web|langue=|titre=Louis Delgrès, proclamation « A l’univers entier, le dernier cri de l’innocence et du désespoir », Basse-Terre, 10 mai 1802|url=http://lesabolitions.culture.fr/medias/mouvements/1802/documents/cite-louis-delgres.pdf|site=lesabolitions.culture.fr|date=|consulté le=19/06/2018|extrait=[...] si nous en croyons les coups d’autorité déjà frappés au Port-de-la -Liberté, le système d’une mort lente dans les cachots continue à être suivi. Eh bien ! Nous choisissons de mourir plus promptement.}}.</ref>.


== Hommages ==
== Hommages ==
En 2002, le sacrifice de Matouba a été commémoré par la création d’un [[Timbres de France 2002#Louis Delgrès 1766-1802|timbre à l'effigie de Louis Delgrès]], et par la mise en place d’une stèle au fort de [[Basse-Terre]] qui porte dorénavant le nom de « [[fort Delgrès]] ». On peut lire sa proclamation au Champ d’Arbaud à Basse-Terre.
[[Fichier:Inscription Louis Delgrès.jpg|vignette|Plaque commémorative au [[Panthéon de Paris]].]]
En 2002, le sacrifice de Matouba a été commémoré par la création d’un [[Timbres de France 2002#Louis Delgrès 1766-1802|timbre à l'effigie de Louis Delgrès]], et par la mise en place d’une stèle au fort de [[Basse-Terre]] qui porte dorénavant le nom de « [[fort Delgrès]] ». On peut lire sa proclamation au Champ d’Arbaud à Basse-Terre.


Plusieurs voies urbaines portent son nom : la [[rue Louis-Delgrès]] dans le {{20e|arrondissement}} de Paris, ainsi qu'à [[Vauréal]], Basse-Terre, [[Sainte-Rose (Guadeloupe)|Sainte-Rose]], [[Petit-Canal]] et [[Sainte-Anne (Guadeloupe)|Sainte-Anne]] ; la rue Delgrès aux [[Les Abymes|Abymes]], à [[Pointe-à-Pitre]] et au [[Petit-Bourg]] ; le boulevard Louis Delgrès à [[Baie-Mahault]] et à [[Goyave (Guadeloupe)|Goyave]] ; l'allée Louis Delgrès au [[Le Gosier|Gosier]]. Trois établissements scolaires ont été nommés en son honneur : le lycée professionnel Louis Delgrès au [[Le Moule|Moule]], le collège Louis Delgrès à [[Saint-Pierre (Martinique)|Saint-Pierre]], ainsi que l'école maternelle et primaire Louis Delgrès aux Abymes.
Des rues (par exemple [[Rue Louis-Delgrès|à Paris]], dans le 20{{e}} arrondissement) et des établissements d'enseignement ont été nommés en sa mémoire depuis 2002.


[[Fichier:Inscription Louis Delgrès.jpg|vignette|Plaque commémorative au [[Panthéon (Paris)|Panthéon de Paris]].]]
Une [[Liste des personnes citées au Panthéon de Paris|inscription]] en sa mémoire a été placée dans la crypte du [[Panthéon]] à Paris : {{citation bloc|Héros de la lutte contre le rétablissement de l'esclavage à la Guadeloupe, mort sans capituler avec trois cents combattants au Matouba en 1802. Pour que vive la liberté.}}
Une [[Liste des personnes citées au Panthéon de Paris|inscription]] en sa mémoire a été placée dans la crypte du [[Panthéon]] à Paris : {{citation bloc|Héros de la lutte contre le rétablissement de l'esclavage à la Guadeloupe, mort sans capituler avec trois cents combattants au Matouba en 1802. Pour que vive la liberté.}}


En 2008, la [[Conseil régional de la Guadeloupe|Région Guadeloupe]] a commandé 34 bustes en bronze de Louis Delgrès au sculpteur Didier Audrat sur les recommandations de l'historien guadeloupéen René Bélénus, dont 32 sont offerts gracieusement a chacune des communes de l'Archipel. La première inauguration a eu lieu le {{date-|28 mai 2008}} à Saint-Claude<ref>{{Lien web |langue= |titre= Louis Delgrès partout en Guadeloupe|url= http://www.bondamanjak.com/louis-delgres-partout-en-guadeloupe/|date= 23 juin 2008 |site= Bandamanjak|consulté le=28 mai 2018}}</ref>.
En 2008, la [[Conseil régional de la Guadeloupe|région Guadeloupe]] a commandé 34 bustes en bronze de Louis Delgrès au sculpteur Didier Audrat sur les recommandations de l'historien guadeloupéen René Bélénus, dont 32 sont offerts gracieusement a chacune des communes de l'Archipel. La première inauguration a eu lieu le {{date-|28 mai 2008}} à Saint-Claude<ref>{{Lien web |langue= |titre= Louis Delgrès partout en Guadeloupe|url= http://www.bondamanjak.com/louis-delgres-partout-en-guadeloupe/|date= 23 juin 2008 |site= Bandamanjak|consulté le=28 mai 2018}}.</ref>.


Le groupe de [[blues]] [[Delgrès]] a choisi son nom en hommage à Louis Delgrès<ref>{{Lien web|auteur=[[Rebecca Manzoni]]|titre=Le blues arrangé de Delgrès|site=[[France Inter]]|url=https://www.franceinter.fr/emissions/pop-co/pop-co-28-aout-2018}}</ref>.
Le groupe de [[blues]] [[Delgres]] a choisi son nom en hommage à Louis Delgrès<ref>{{Lien web|auteur=[[Rebecca Manzoni]]|titre=Le blues arrangé de Delgrès|site=[[France Inter]]|url=https://www.franceinter.fr/emissions/pop-co/pop-co-28-aout-2018}}.</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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| wikisource = Auteur:Louis_Delgrès
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}}
}}

=== Bibliographie ===
* {{article|auteur=Aimé Césaire|lien auteur=Aimé Césaire|titre=Mémorial de Louis Degrès|périodique=Le Progressiste|date=7 février 1959}} (poème).
* {{ouvrage |auteur=[[Germain Saint-Ruf]] |titre=L'épopée Delgrès, la Guadeloupe sous la révolution française (1789-1802) |lieu=Paris |éditeur=L'Harmattan |année=1988}}
* {{ouvrage |auteur1=Michel L. Martin |auteur2=Alain Yacou |titre=Mourir pour les Antilles |sous-titre=indépendance nègre ou esclavage 1802-1804 |lieu=Paris |éditeur=Éditions Caribéennes |année=1991 }}
* {{ouvrage |auteur=Jacques Adélaïde-Merlande |titre=Delgrès ou la Guadeloupe en 1802 |lieu= |éditeur=éditions Karthala |année=2002}}.
* {{article|auteur=F. T. Nick Nesbitt|titre=Aperçu de l’historiographie au sujet de Louis Delgrès|périodique=Bulletin de la Société d'Histoire de la Guadeloupe|numéro=110|année=1996|url texte=https://www.erudit.org/fr/revues/bshg/1996-n110-bshg03418/1043251ar.pdf}}.

=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Joseph Ignace]]
* [[Joseph Ignace]]
* [[Toussaint Louverture]]
* [[Toussaint Louverture]]
* [[Antoine Richepanse]]
* [[Solitude (vers 1772-1802)]]
* [[Solitude (esclave guadeloupéenne) |La mûlatresse Solitude]]
* [[Fort Delgrès]]
* [[Fort Delgrès]]
* [[Magloire Pélage]]
* [[Antoine Richepance]]
* [[Rétablissement de l'esclavage par Napoléon Bonaparte]]


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
{{Liens}}
* {{Bases}}
* {{Dictionnaires}}
* [http://www.ladograve.com/histoires/guadeloupe---louis-delgres Louis Delgrès], Guadeloupe.- Histoires de la Guadeloupe.
* Académie de la Guadeloupe, SNM, Lameca.
* [http://www.manioc.org/fichiers/V15013 ''Le concept de résistance dans l'historiographie de l'esclavage colonial français'' sur Manioc].
* [http://www.manioc.org/fichiers/V15038 ''Guadeloupe, 1802 : le combat de Delgrès contre le combat de Richepance'' sur Manioc].
* [http://www.manioc.org/fichiers/V15024 ''L'impact théorique et pratique du décret et sa prospérité (1794-1802-1848)'' sur Manioc].
* [http://www.manioc.org/fichiers/V15039 ''La rébellion de mai 1802 peut-elle être considérée comme un acte de résistance antiesclavagiste ?'' sur Manioc].
* [http://www.manioc.org/fichiers/V15040 ''Des rebelles de 1802 aux « kalmanquious » de la Monarchie de Juillet : ébauche de théorisation du rôle des Blancs des colonies antillaises dans le processus de résistance à l'esclavagisme'' sur Manioc].


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Louis Delgrès
Louis Delgrès
Buste de Louis Delgrès à Petit-Bourg.

Naissance
Saint-Pierre, Martinique
Décès (à 35 ans)
Matouba, Guadeloupe
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France (1783-1791)
Drapeau du Royaume de France Royaume de France (1791-1792)
Drapeau de la France République française (1792-1802)
Grade Chef de bataillon
Années de service 17831802
Conflits Guerres de la Révolution française
Faits d'armes Invasion de la Guadeloupe (1794)
Hommages Personne citée au Panthéon de Paris

Louis Delgrès, né le , à Saint-Pierre en Martinique, et mort le (à 35 ans), à Matouba (commune de Saint-Claude) en Guadeloupe, est une personnalité de l'histoire de la Guadeloupe. Commandant de la Basse-Terre, abolitionniste, il est connu pour la proclamation anti-esclavagistes signée de son nom, datée du , haut fait de la résistance de la Guadeloupe aux troupes napoléoniennes.

Biographie[modifier | modifier le code]

Juridiquement Louis Delgrès est né « libre de couleur ». Il est, selon l'hypothèse la plus probable, le fils naturel d'Élisabeth Morin (dite Guiby), métisse, et de Louis Delgrès, créole blanc de Saint-Pierre (Martinique), d'ascendance bayonnaise[1], qui fut receveur du Roi et directeur des Domaines du Roi à Tobago. Les Archives nationales possèdent les dossiers de Louis Delgrès père, et de Louis Delgrès fils, chef de bataillon. Ces documents établissent avec une grande certitude la filiation entre les deux hommes[1].

Louis Delgrès fils vit avec ses parents en Martinique puis à Tobago[2]. Un document de septembre 1799 indique qu'il est un excellent militaire et qu'il sait très bien lire, écrire et calculer. Ces indications révèlent la qualité de son éducation.

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Louis Delgrès commence sa carrière militaire le dans la milice, aux colonies. Il est bientôt nommé sergent, en garnison à la Martinique. Les conséquences des mouvements révolutionnaires dans les colonies américaines, notamment la révolution haïtienne, le pousseront à affirmer ses opinions anti-esclavagistes et abolitionnistes tout en favorisant sa progression dans l'armée régulière.

Durant la Révolution[modifier | modifier le code]

Le , le « patriote » Louis Delgrès s'exile à la Dominique après la prise du pouvoir par les royalistes en Martinique. Le , Louis Delgrès participe à l'élection des députés des îles du Vent à la Convention nationale.

En décembre 1792, Louis Delgrès rejoint les rangs des républicains et monte à bord de la frégate la Félicité, navire commandé par Lacrosse. Il est alors élu provisoirement lieutenant par ses concitoyens. Il sert sous les ordres de Rochambeau et est nommé capitaine à titre provisoire. En avril 1794, il est capturé par les Britanniques à la suite de leur débarquement pour la prise de la Guadeloupe, emmené en Grande-Bretagne mais il est rapidement libéré et rejoint la France.

À Brest, il reçoit son brevet de lieutenant, lors de la formation du bataillon des Antilles le . Le , Louis Delgrès arrive en Guadeloupe, en compagnie des commissaires de la Convention Gaspard Goyrand et Alexandre Lebas. Il quitte la Guadeloupe le pour reconquérir Sainte-Lucie sur les Britanniques. Il se distingue dans cette campagne et est grièvement blessé le . Le , il hisse le drapeau tricolore au morne Rabot.

Le , il est nommé capitaine par Goyrand. Le lendemain, il embarque pour Saint-Vincent, où il combat aux côtés des Garifunas (métis amérindiens caraïbes et noirs). Le , il est fait prisonnier et conduit dans les prisons britanniques. Le , il fait l'objet d'un échange de prisonniers : parti de Portchester (dans la baie de Portsmouth), il débarque au Havre.

Après les prisons anglaises[modifier | modifier le code]

En janvier 1798, Louis Delgrès est en garnison dans les casernes Martainville à Rouen. Puis, il est envoyé à l'île d'Aix[3] où il retrouve Magloire Pélage. En septembre 1799, il est en congé à Paris. Le , il est nommé chef de bataillon. Destiné à accompagner les agents de la Convention Nicolas-Georges Jeannet-Oudin, Étienne Maynaud de Bizefranc de Lavaux et René Gaston Baco de La Chapelle en Guadeloupe, il refuse cette nouvelle affectation car il lui est dû des arriérés de sa solde. Finalement, Victor Hugues lui fait une avance et il embarque le .

À son arrivée en Guadeloupe le , Louis Delgrès est aide de camp de Baco. En octobre 1801, il est aide de camp du capitaine général Jean-Baptiste Raymond de Lacrosse. Ce dernier le qualifie de sans-culotte, ce qui indique son profond engagement révolutionnaire en cette époque du Consulat. Mais, le , lorsque Lacrosse est emprisonné, il se rallie aux officiers rebelles. Il est nommé commandant de la place de Basse-Terre par le général Magloire Pélage tandis que Lacrosse est chassé hors de Guadeloupe et se réfugie sur l'île voisine de la Dominique.

Le , Louis Delgrès destitue les fonctionnaires blancs accusés de correspondre avec le général Lacrosse. Deux jours plus tard, il devient chef de l'arrondissement de Basse-Terre. Les 15 et , en collaboration avec le capitaine Massoteau, Louis Delgrès fait arrêter des officiers blancs.

Proclamation signée Delgrès du 10 mai 1802[modifier | modifier le code]

Débarquement des troupes napoléoniennes à Pointe-à-Pitre lors de l'expédition Richepance de 1802 chargée de rétablir l'esclavage sur l'île.

La situation à la Guadeloupe change à partir du , avec l'arrivée des troupes consulaires du général Richepance, envoyées par Bonaparte pour rétablir l'esclavage en application de la loi du [4],[5] pour la Martinique et de l'arrêté du 27 messidor an X () pour la Guadeloupe[6]. Les troupes coloniales furent la cible de dures vexations. Les chefs militaires locaux se divisèrent alors en deux camps : si une partie, menée par les chefs de bataillon Louis Delgrès et Joseph Ignace, fit le choix de la rébellion, une autre partie, commandée par le chef de brigade Magloire Pélage, se soumit aux envoyés du gouvernement.

« Si Pélage est libre, c'est pour nous avoir vendus ; voilà pourquoi il n'a point essuyé les traitements odieux qu'on a fait subir à nos frères d'armes, à la Pointe-à-Pitre. On les a désarmés, déshabillés, battus et mis aux fers à bords des frégates. Devaient-ils s'attendre à tant d'outrages... Il faut que Pélage soit bien lâche pour s'être prêté à telles horreurs. »

— Réponse de Delgrès aux envoyés de Pélage[7].

Proclamation du 10 mai 1802.

Le , Louis Delgrès devient le chef de la résistance à Basse-Terre, faisant afficher sur les murs la proclamation À l'Univers entier, le dernier cri de l'innocence et du désespoir[8],[9] :

« Le lendemain 10, dans la matinée, quelques instants avant que l'escadre française n'eût été signalée, Delgrès fit publier une proclamation qu'avait rédigée le jeune Monnereau, créole de la Martinique, adjudant de place. »

— Auguste Lacour, Histoire de la Guadeloupe, [10].

Des combats opposèrent ensuite non seulement les soldats métropolitains à ceux antillais, mais aussi entre les coloniaux. Le , Delgrès et ses troupes sont obligés de se replier au fort de Basse-Terre qu’ils doivent ensuite abandonner le (en s'échappant secrètement par la poterne du Galion à l'arrière du fort) pour se réfugier au pied de la Soufrière à Matouba, vers Saint-Claude[11].

Le , se voyant perdus, Louis Delgrès et ses 300 compagnons se suicident à l'explosif dans leur refuge de l'Habitation Danglemont à Matouba, en vertu de la devise révolutionnaire « Vivre libre ou mourir »[12].

Hommages[modifier | modifier le code]

En 2002, le sacrifice de Matouba a été commémoré par la création d’un timbre à l'effigie de Louis Delgrès, et par la mise en place d’une stèle au fort de Basse-Terre qui porte dorénavant le nom de « fort Delgrès ». On peut lire sa proclamation au Champ d’Arbaud à Basse-Terre.

Plusieurs voies urbaines portent son nom : la rue Louis-Delgrès dans le 20e arrondissement de Paris, ainsi qu'à Vauréal, Basse-Terre, Sainte-Rose, Petit-Canal et Sainte-Anne ; la rue Delgrès aux Abymes, à Pointe-à-Pitre et au Petit-Bourg ; le boulevard Louis Delgrès à Baie-Mahault et à Goyave ; l'allée Louis Delgrès au Gosier. Trois établissements scolaires ont été nommés en son honneur : le lycée professionnel Louis Delgrès au Moule, le collège Louis Delgrès à Saint-Pierre, ainsi que l'école maternelle et primaire Louis Delgrès aux Abymes.

Plaque commémorative au Panthéon de Paris.

Une inscription en sa mémoire a été placée dans la crypte du Panthéon à Paris :

« Héros de la lutte contre le rétablissement de l'esclavage à la Guadeloupe, mort sans capituler avec trois cents combattants au Matouba en 1802. Pour que vive la liberté. »

En 2008, la région Guadeloupe a commandé 34 bustes en bronze de Louis Delgrès au sculpteur Didier Audrat sur les recommandations de l'historien guadeloupéen René Bélénus, dont 32 sont offerts gracieusement a chacune des communes de l'Archipel. La première inauguration a eu lieu le à Saint-Claude[13].

Le groupe de blues Delgres a choisi son nom en hommage à Louis Delgrès[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Dr André Nègre, La rébellion de la Guadeloupe : 1801-1802, Paris, L'Harmattan, , 163 p. (ISBN 2-87679-006-8)
  2. Jean-Claude Nardin, La mise en valeur de l'île de Tabago, 1763-1783 : XVIIIe – XXe siècle : 1763-1969, Paris, La Haye, Mouton et Cie, Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, (BNF 35302243).
  3. « Ile d’Aix : troupes « noires », trous de mémoire… », sur une-autre-histoire.org, (consulté le ).
  4. « Louis Delgrès », sur guadeloupe.net (consulté le ).
  5. « HISTOIRE. Napoléon et l’esclavage : Mise au point historique », sur asafrance.fr (consulté le ).
  6. René Belenus et Frédéric Régent, « Halte à la manipulation de l'histoire, oui à la conservation et à l'explication de tous les vestiges du passé ! »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) [PDF], sur guadeloupe.franceantilles.fr, .
  7. Jacques Adélaïde-Merlande, Delgrès, ou La Guadeloupe en 1802, Karthala, .
  8. Ce texte est cité pour la première fois par Félix Longin dans ses Voyages à la Guadeloupe, 1848. Yves Bénot et Marcel Dorigny, Rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises, 1802. Aux origines d'Haïti. Ruptures et continuités de la politique coloniale française, 1800-1830. Actes du colloque international tenu à l'Université de Paris VIII les 20, 21 et 22 juin 2002, organisé par l'Association pour l'étude de la colonisation européenne et placé sous le patronage du programme La route de l'esclave de l'UNESCO : XVIIIe – XIXe siècle : 1802-2003, Paris, Maisonneuve & Larose, (BNF 38981637).
    « Feu M. Longin, né à Caen en 1787, bachelier ès lettres et professeur distingué, s'embarqua au Havre, pour la Guadeloupe, le , alors que la France tressaillait encore des agitations amenées par la chute de l’Empire. Il y séjourna six ans. ». Potomitan, « Félix Longin, Voyage à la Guadeloupe, Le Mans, Monnoyer, 1848. », sur potomitan.info, potomitan.info, (consulté le )
    Félix Longin, Voyage à la Guadeloupe, œuvre posthume : XVIIIe – XIXe siècle : 1787-1848, Le Mans, Monnoyer, (BNF 30830697).
  9. Le texte complet de la Proclamation à l'Univers entier, le dernier cri de l'innocence et du désespoir rédigée par Monnereau et affichée sur ordre de Louis Delgrès est à lire sur wikisource.
  10. Suit le texte de la proclamation de Delgrès. Auguste Lacour fut conseiller à la Cour impériale. Auguste Lacour, Histoire de la Guadeloupe : 1798 à 1803, vol. 3 : XVIIIe – XIXe siècle : 1798-1803, Basse-Terre, Impr. du Gouvernement, (BNF 30709783, lire en ligne), p. 253.
  11. Données commémoratives présentes sur l'historique du fort à Basse-Terre.
  12. « Louis Delgrès, proclamation « A l’univers entier, le dernier cri de l’innocence et du désespoir », Basse-Terre, 10 mai 1802 », sur lesabolitions.culture.fr (consulté le ) : « [...] si nous en croyons les coups d’autorité déjà frappés au Port-de-la -Liberté, le système d’une mort lente dans les cachots continue à être suivi. Eh bien ! Nous choisissons de mourir plus promptement. ».
  13. « Louis Delgrès partout en Guadeloupe », sur Bandamanjak, (consulté le ).
  14. Rebecca Manzoni, « Le blues arrangé de Delgrès », sur France Inter.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Aimé Césaire, « Mémorial de Louis Degrès », Le Progressiste,‎ (poème).
  • Germain Saint-Ruf, L'épopée Delgrès, la Guadeloupe sous la révolution française (1789-1802), Paris, L'Harmattan,
  • Michel L. Martin et Alain Yacou, Mourir pour les Antilles : indépendance nègre ou esclavage 1802-1804, Paris, Éditions Caribéennes,
  • Jacques Adélaïde-Merlande, Delgrès ou la Guadeloupe en 1802, éditions Karthala, .
  • F. T. Nick Nesbitt, « Aperçu de l’historiographie au sujet de Louis Delgrès », Bulletin de la Société d'Histoire de la Guadeloupe, no 110,‎ (lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]