« Philippe Druillet » : différence entre les versions

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{{Infobox Artiste
{{Infobox Artiste
| image = Philippe Druillet Athens 2007.jpg
| légende = Philippe Druillet au Babel International Comics Festival, Athènes, juin 2007.
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}}

[[Image:Intera muro.jpg|thumb|295px|Un mur d'[[Angoulême]].]]
[[Image:Intera muro.jpg|thumb|295px|Un mur d'[[Angoulême]].]]
'''Philippe Druillet''', né le {{date de naissance|28|juin|1944|en bande dessinée}} à [[Toulouse]]<ref>{{Lien web|url=http://www.druillet.com/biographie/bio_menu.php|titre=Druillet.com Le site officiel|consulté le=18 novembre 2016}}</ref>, est un dessinateur et scénariste de [[bande dessinée]] français.


'''Philippe Druillet''', né le {{date de naissance|28|juin|1944|en bande dessinée}} à [[Toulouse]]<ref>{{Lien web|url=http://www.druillet.com/biographie/bio_menu.php|titre=Druillet.com Le site officiel|consulté le=18 novembre 2016}}.</ref>, est un [[Dessinateur de bande dessinée|dessinateur]] et [[Scénariste de bande dessinée|scénariste]] de [[bande dessinée]] [[France|français]]. Il est également [[affichiste]], [[sculpteur]] et [[Décorateur (théâtre)|décorateur]].
== Biographie ==

== Biographie ==
=== Les débuts ===
=== Les débuts ===
Il naît le {{date-|28 juin 1944}}, jour de l'assassinat, par la [[résistance intérieure française|Résistance]], de [[Philippe Henriot]], secrétaire d'État à la Propagande du [[régime de Vichy]]. C'est pour rendre hommage à ce dernier que le futur dessinateur est baptisé Philippe<ref>{{lien web |titre=Philippe Druillet, fils de collabo |url=http://www.journaldemontreal.com/2014/02/04/philippe-druillet-fils-de-collabo |site=[[Le Journal de Montréal]] |consulté le=02-09-2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web |auteur1=Jean-Samuel Kriegk |titre=Les fantômes du passé hantent Philippe Druillet |url=https://www.huffingtonpost.fr/jeansamuel-kriegk/les-fantomes-du-passe-hantent-philippe-druillet_b_4685168.html?just_reloaded=1 |site=[[Le HuffPost|Le Huffington Post]] |date=30-01-2014 |consulté le=02-09-2020}}.</ref>. Ses deux parents étaient en effet des [[fasciste]]s convaincus. Son père, Victor Druillet, qui avait fait la [[guerre d'Espagne]] du côté des [[franquiste]]s, était à l'époque responsable de la [[milice française|Milice]] du [[Gers (département)|Gers]], à [[Auch]]<ref>{{Article |auteur1=Frédérique Roussel |titre=Passé dégommé |périodique=[[Libération (journal)|Libération]] |date=07-01-2011 |lire en ligne=http://www.liberation.fr/culture/2011/01/07/passe-degomme_705443 |consulté le=02-09-2020}}.</ref> : sa mère, Denise, était elle aussi engagée dans la Milice locale, dont elle était la responsable administrative. En {{date-|août 1944}}, peu après la naissance de Philippe, ses parents s'enfuient en [[Allemagne]], à [[Sigmaringen]], où [[Louis-Ferdinand Céline]] soigne l'enfant après 25 jours sous une cloche à oxygène ; puis à [[Figueras]] en [[Catalogne]], en [[Espagne]] pour échapper à des poursuites pour faits de collaboration. Ils sont condamnés à mort par contumace. Ce n'est que plus tard que Philippe Druillet découvre le passé de ses parents.
Il naît le {{date-|28 juin 1944}}, jour de l'assassinat, par la [[résistance intérieure française|Résistance]], de [[Philippe Henriot]], secrétaire d'État à la Propagande du [[régime de Vichy]]. C'est pour rendre hommage à ce dernier que le futur dessinateur est baptisé Philippe<ref>{{lien web |titre=Philippe Druillet, fils de collabo |url=http://www.journaldemontreal.com/2014/02/04/philippe-druillet-fils-de-collabo |site=[[Le Journal de Montréal]] |consulté le=02-09-2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web |auteur1=Jean-Samuel Kriegk |titre=Les fantômes du passé hantent Philippe Druillet |url=https://www.huffingtonpost.fr/jeansamuel-kriegk/les-fantomes-du-passe-hantent-philippe-druillet_b_4685168.html?just_reloaded=1 |site=[[Le HuffPost|Le Huffington Post]] |date=30-01-2014 |consulté le=02-09-2020}}.</ref>. Ses deux parents étaient en effet des [[fasciste]]s convaincus. Son père, Victor Druillet, qui avait fait la [[guerre d'Espagne]] du côté des [[franquiste]]s, était à l'époque responsable de la [[milice française|Milice]] du [[Gers (département)|Gers]], à [[Auch]]<ref>{{Article |auteur1=Frédérique Roussel |titre=Passé dégommé |périodique=[[Libération (journal)|Libération]] |date=07-01-2011 |lire en ligne=http://www.liberation.fr/culture/2011/01/07/passe-degomme_705443 |consulté le=02-09-2020}}.</ref> : sa mère, Denise, était elle aussi engagée dans la Milice locale, dont elle était la responsable administrative. En {{date-|août 1944}}, peu après la naissance de Philippe, ses parents s'enfuient en [[Allemagne]], à [[Sigmaringen]], où [[Louis-Ferdinand Céline]] soigne l'enfant, qui passe {{nobr|25 jours}} sous une cloche à oxygène ; puis à [[Figueras]] en [[Catalogne]], en [[Espagne]] pour échapper à des poursuites pour faits de collaboration. Ils sont condamnés à mort par contumace. Ce n'est que plus tard que Philippe Druillet découvre le passé de ses parents.


Il retourne en France à Paris en 1952, après la mort de son père<ref>[http://www.franceinfo.fr/entretiens/tout-et-son-contraire/philippe-druillet-je-n-ai-jamais-aime-ma-mere-1296335-2014-01-27</ref>. Durant cette période il n'arrive à se faire accepter auprès de ses camarades que comme l'artiste, le marginal, couvrant des cahiers entiers de dessins. Il fréquente aussi beaucoup les cinémas (''[[Le Tombeau hindou (film, 1959)|Le Tombeau hindou]]'' de [[Fritz Lang]], ''[[Hamlet (film, 1948)|Hamlet]]'' de [[Laurence Olivier]], ''[[King Kong]]'', ''[[Le Voleur de Bagdad (film, 1961)|Le Voleur de Bagdad]]''). Philippe Druillet considère cette période comme prédominante pour son évolution future<ref>Schtroumpf, [[Les Cahiers de la bande dessinée]] {{numéro|42}}, éd. Glénat.</ref>.
Il retourne en France à Paris en 1952, après la mort de son père<ref>[https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/tout-et-son-contraire/philippe-druillet-je-suis-ne-fils-de-collabo_1749857.html France Info, Tout et son contraire, Philippe Druillet, 27 janvier 2014]</ref>. Durant cette période il n'arrive à se faire accepter auprès de ses camarades que comme l'artiste, le marginal, couvrant des cahiers entiers de dessins. Il fréquente aussi beaucoup les cinémas (''[[Le Tombeau hindou (film, 1959)|Le Tombeau hindou]]'' de [[Fritz Lang]], ''[[Hamlet (film, 1948)|Hamlet]]'' de [[Laurence Olivier]], ''[[King Kong]]'', ''[[Le Voleur de Bagdad (film, 1961)|Le Voleur de Bagdad]]''). Philippe Druillet considère cette période comme prédominante pour son évolution future<ref>Schtroumpf, [[Les Cahiers de la bande dessinée]] {{numéro|42}}, éd. Glénat.</ref>.


Vers 13-14 ans, il se tourne vers la science-fiction et découvre [[H. P. Lovecraft]]. En 1963, sa grand-mère devient concierge au 17 de l'avenue d'Eylau dans le XVIe arrondissement de Paris et il peut loger au dernier étage dans une chambre de bonne. Le 2e étage, était occupé par le dessinateur [[Piem]].
Vers 13-14 ans, il se tourne vers la science-fiction et découvre [[H. P. Lovecraft]]. En 1963 sa grand-mère devient concierge au {{numéro|17}} de l'avenue d'Eylau dans le {{XVIe|arrondissement}} de Paris et il peut loger au dernier étage dans une chambre de bonne. Le {{2e|étage}} était occupé par le dessinateur [[Piem]].


Après son certificat d'études, il devient photographe et rencontre vers 16-17 ans [[Jean Boullet]]. Ce dernier lui apprend les bases du dessin et de la peinture et lui ouvre l'esprit sur l'esthétisme et la folie.
Après son certificat d'études, il devient photographe et rencontre vers 16-17 ans [[Jean Boullet]]. Ce dernier lui apprend les bases du dessin et de la peinture et lui ouvre l'esprit sur l'esthétisme et la folie.
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C'est aussi à cette époque qu'il rencontre sa femme Nicole.
C'est aussi à cette époque qu'il rencontre sa femme Nicole.


=== La période Pilote ===
=== La période ''Pilote'' ===
[[Fichier:Philippe Druillet en 1973.jpg|vignette|Philippe Druillet en 1973 à [[Montréal]].]]
En 1969, il montre quelques planches d'''Yragaël'' à [[Jean Giraud]], et [[René Goscinny]] lui donne son accord pour 8 planches dans le journal ''[[Pilote (périodique)|Pilote]]''. Il y poursuit la saga de [[Lone Sloane]] (voir ''[[Delirius]]'') dans un style de plus en plus flamboyant, innovant par une mise en page audacieuse et l'introduction d'[[infographie|images de synthèse]] dans les décors qu'il présente dans les émissions de télévision ''[[Volume (émission)|Volume]]'' en 1971, puis ''[[Italiques (émission)|Italiques]]'' en 1973<ref>Volume, première chaîne de l'ORTF, 28 octobre 1971; Italiques, deuxième chaîne de l'ORTF, 11 mai 1973</ref>.
En 1969, il montre quelques planches d'''Yragaël'' à [[Jean Giraud]], et [[René Goscinny]] lui donne son accord pour 8 planches dans le journal ''[[Pilote (périodique)|Pilote]]''. Il y poursuit la saga de [[Lone Sloane]] (voir ''[[Delirius]]'') dans un style de plus en plus flamboyant, innovant par une mise en page audacieuse et l'introduction d'[[infographie|images de synthèse]] dans les décors qu'il présente dans les émissions de télévision ''[[Volume (émission)|Volume]]'' en 1971, puis ''[[Italiques (émission)|Italiques]]'' en 1973<ref>Volume, première chaîne de l'ORTF, 28 octobre 1971; Italiques, deuxième chaîne de l'ORTF, 11 mai 1973.</ref>.


=== ''Métal hurlant'' et les Humanos ===
=== ''Métal hurlant'' et les Humanos ===
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De tous les univers de Druillet, ''La Nuit'' est probablement le plus sombre, le plus nihiliste. Il met en scène la lutte d'une humanité déglinguée, organisée en bandes anarchisantes, droguée au dernier degré et qui va devoir aller conquérir le « dépôt bleu », source fantastique de toute la drogue, qui permet à ces quasi-zombies de tenir dans ce monde de folie.
De tous les univers de Druillet, ''La Nuit'' est probablement le plus sombre, le plus nihiliste. Il met en scène la lutte d'une humanité déglinguée, organisée en bandes anarchisantes, droguée au dernier degré et qui va devoir aller conquérir le « dépôt bleu », source fantastique de toute la drogue, qui permet à ces quasi-zombies de tenir dans ce monde de folie.


Ces bandes ont un côté rock'n roll ; elles incarnent la liberté, l'[[anarchisme]], la force de vie. D'un autre côté, elles vont devoir affronter les agents de l'ordre et du néant pour atteindre le dépôt bleu. Il n'y aura pas de fin heureuse. Ce sera même plutôt le contraire.
Ces bandes ont un côté rock'n roll ; elles incarnent la liberté, l'[[anarchisme]], la force de vie. D'un autre côté, elles vont devoir affronter les agents de l'ordre et du néant pour atteindre le dépôt bleu. Il n'y aura pas de fin heureuse. Ce sera même plutôt le contraire.


Le héros, Heinz, suivra un parcours personnel identique, de chef de bande illuminé et impavide, il va suivre cette course vers l'abîme en perdant progressivement son étrange innocence. Il deviendra conscient avant les autres que cet élan ne mène nulle part, que leur lutte sera vaine et leur destruction inévitable. La vie si exubérante que Druillet met en scène ne peut échapper à la mort programmée. Cet album pointe l'absence totale d'échappatoire à l'issue finale, là où souvent Druillet avait souligné le pouvoir d'une certaine folie, d'une révolte, la primauté de la vie sur le métal, les machines et l'ordre ; ici il n'est question que de mort inéluctable.
Le héros, Heinz, suivra un parcours personnel identique, de chef de bande illuminé et impavide, il va suivre cette course vers l'abîme en perdant progressivement son étrange innocence. Il deviendra conscient avant les autres que cet élan ne mène nulle part, que leur lutte sera vaine et leur destruction inévitable. La vie si exubérante que Druillet met en scène ne peut échapper à la mort programmée. Cet album pointe l'absence totale d'échappatoire à l'issue finale, là où souvent Druillet avait souligné le pouvoir d'une certaine folie, d'une révolte, la primauté de la vie sur le métal, les machines et l'ordre ; ici il n'est question que de mort inéluctable.
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=== Après ''Salammbô'' ===
=== Après ''Salammbô'' ===
En 1986, il crée ''[[Bleu l'Enfant de la Terre]]'', [[série télévisée d'animation]] en treize épisodes, diffusée en 1990 sur [[Canal+]]. Afin de promouvoir des jouets, le producteur [[IDDH]] impose dans les scénarios, les personnages des Rocklords, une licence [[Bandaï]]. Ce que Philippe Druillet ne cautionne pas<ref>http://www.planete-jeunesse.com/fiche-831-bleu-l-enfant-de-la-terre.html</ref>.
En 1986, il crée ''[[Bleu l'Enfant de la Terre]]'', [[série télévisée d'animation]] en treize épisodes, diffusée en 1990 sur [[Canal+]]. Afin de promouvoir des jouets, le producteur [[IDDH]] impose dans les scénarios, les personnages des Rocklords, une licence [[Bandaï]]. Ce que Philippe Druillet ne cautionne pas<ref>{{lien web |titre=Planète Jeunesse - Bleu l'Enfant de la Terre<!-- Vérifiez ce titre --> |url=http://www.planete-jeunesse.com/fiche-831-bleu-l-enfant-de-la-terre.html |site=planete-jeunesse.com |consulté le=18-11-2021}}.</ref>.


En 1990, il a réalisé le clip de la chanson ''Excalibur'' de [[William Sheller]]<ref>http://www.shellerophile.net/html/art1990.04.00.soundcheck.html</ref>.
En 1990, il a réalisé le clip de la chanson ''Excalibur'' de [[William Sheller]]<ref>{{lien web |titre=Art1990.04.00.soundcheck |url=http://www.shellerophile.net/html/art1990.04.00.soundcheck.html |site=shellerophile.net |consulté le=18-11-2021}}.</ref>.


En 1996, il reçoit le Grand Prix national des Arts graphiques.
En 1996, il reçoit le Grand Prix national des Arts graphiques.


À l'occasion du conflit juridique qui oppose, dans les années 90, Albert Uderzo aux Éditions Dargaud, Philippe Druillet prend le parti de son éditeur et déclare qu'Uderzo est « un Citizen Kane sans le talent d'Orson Welles. (...) Il veut mettre une maison d'édition et tous ses auteurs sur la paille pour ajouter une ou deux Ferrari dans son garage<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Numa Sadoul|titre=Astérix & Cie - Entretiens avec Uderzo|passage=Le roi du business|lieu=Paris|éditeur=Hachette|date=mars 2001|pages totales=238|isbn=978-2-012-10110-4|lire en ligne=}}</ref> ».
À l'occasion du conflit juridique qui oppose, dans les années 90, [[Albert Uderzo]] aux Éditions Dargaud, Philippe Druillet prend le parti de son éditeur et déclare qu'Uderzo est « un Citizen Kane sans le talent d'Orson Welles. (...) Il veut mettre une maison d'édition et tous ses auteurs sur la paille pour ajouter une ou deux Ferrari dans son garage<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Numa Sadoul|titre=Astérix & Cie - Entretiens avec Uderzo|passage=Le roi du business|lieu=Paris|éditeur=Hachette|date=mars 2001|pages totales=238|isbn=978-2-012-10110-4|lire en ligne=}}.</ref> ».


Avec [[Amélie Aubert]] et [[Benjamin Legrand]], il crée ''[[Xcalibur (série télévisée d'animation)|Xcalibur]]'', une [[série télévisée d'animation]] en images de synthèse en 40 épisodes diffusée à partir de 2002 sur [[Canal+]].
Avec [[Amélie Aubert]] et [[Benjamin Legrand]], il crée ''[[Xcalibur (série télévisée d'animation)|Xcalibur]]'', une [[série télévisée d'animation]] en images de synthèse en 40 épisodes diffusée à partir de 2002 sur [[Canal+]].
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Outre ses activités d'auteur BD et d'illustrateur, il s'est aussi intéressé à l’[[opéra-rock]], à la [[Peinture (art)|peinture]], à la [[sculpture]], à l'[[architecture]] et à l’[[infographie]].
Outre ses activités d'auteur BD et d'illustrateur, il s'est aussi intéressé à l’[[opéra-rock]], à la [[Peinture (art)|peinture]], à la [[sculpture]], à l'[[architecture]] et à l’[[infographie]].


En 2013 sort le vinyl «  Cosmic Machine - A voyage across French cosmic & electronic avantgarde 1970-1980  », dont la pochette est entièrement illustrée par trois de ses dessins.
En 2013 sort le vinyle « Cosmic Machine - A voyage across French cosmic & electronic avantgarde 1970-1980 », dont la pochette est entièrement illustrée par trois de ses dessins.


== Œuvres publiées ==
== Œuvre ==
{{Article détaillé|Bibliographie de Philippe Druillet}}
{{Article détaillé|Bibliographie de Philippe Druillet}}


Parution, en {{date-|janvier 2014}}, de son autobiographie ''Delirium'' aux éditions [[Les Arènes]], avec [[David Alliot]].
Parution, en {{date-|janvier 2014}}, de son autobiographie ''Delirium'' aux éditions [[Les Arènes]], avec [[David Alliot]].


=== Décors scéniques ===
=== Affiches de films<ref>{{Article|langue=fr-FR|titre=Philippe Druillet, 50 ans de carrière en dix planches|périodique=Le Figaro|date=2017-01-11|lire en ligne=http://www.lefigaro.fr/bd/2017/01/11/03014-20170111ARTFIG00013-philippe-druillet-50-ans-de-carriere-en-dix-planches.php|consulté le=2018-06-03}}</ref> ===
La [[musique]] fait partie de l'univers de Philippe Druillet. Le [[rock]] comme l'[[opéra]] nourrissent son imaginaire et il qualifie ses albums de {{Citation|[[partition (musique)|partitions]]}}. Il découvre ''[[Carmina Burana (cantate)|Carmina Burana]]'' de [[Carl Orff]] et le [[Requiem (Verdi)|''Requiem'' de Verdi]] en achetant ses premiers [[Disque microsillon#33 tours|33 tours]] aux [[Marché aux puces|puces]]. En 2014, l'année de ses {{nobr|70 ans}}, il est invité à illustrer visuellement la cantate donnée aux [[Chorégies d'Orange]]. En 2016 c'est au tour de la ''messa da requiem''. Créations et extraits de ses albums sont animés et projetés sur le mur du [[Théâtre antique d'Orange|Théâtre antique]] de cent-trois mètres de long sur trente-sept mètres de haut en s'adaptant au [[Livret (musique)|livret]] et à l'architecture des lieux, jonglant notamment avec la statue d'[[Auguste]] juchée au sommet du mur<ref>{{Article|url=https://www.laprovence.com/article/edition-vaucluse/4026032/philippe-druillet-un-humanoide-associe-aux-choregies-dorange.html|titre=Philippe Druillet, un Humanoïde Associé aux Chorégies d'Orange|auteur=Michelle Saura|périodique=[[La Provence]]|date=10 juillet 2016}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|url=https://www.telerama.fr/scenes/philippe-druillet-illustre-les-choregies-d-orange-sur-les-notes-de-verdi,145085.php|titre=Philippe Druillet illustre les Chorégies d'Orange sur les notes de Verdi|auteur=Stéphane Jarno|périodique=[[Télérama]]|date=12 juillet 2016}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.france.tv/france-4/les-choregies-d-orange/4489534-carmina-burana-de-carl-orff.html|titre=Carmina Burana|site=france.tv/france-4}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.youtube.com/watch?v=fjUQ8siaEj4|titre=Verdi Requiem|site=youtube.com}}</ref>.

=== Affiches de films ===


* ''[[La Guerre du feu (film, 1981)|La Guerre du feu]]'', 1981
* ''[[La Guerre du feu (film, 1981)|La Guerre du feu]]'', 1981
* ''[[Le Nom de la rose (film)|Le Nom de la rose]]'', 1986
* ''[[Le Nom de la rose (film)|Le Nom de la rose]]'', 1986
* ''[[Yor, le chasseur du futur]]'', 1983<ref>{{Article|langue=fr-FR|titre=Philippe Druillet, 50 ans de carrière en dix planches|périodique=Le Figaro|date=2017-01-11|lire en ligne=http://www.lefigaro.fr/bd/2017/01/11/03014-20170111ARTFIG00013-philippe-druillet-50-ans-de-carriere-en-dix-planches.php|consulté le=2018-06-03}}.</ref>
*Yor le chasseur du futur, 1983


=== Magazines ===
=== Magazines ===
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=== Anthologies, illustrations et travaux divers ===
=== Anthologies, illustrations et travaux divers ===
{{colonnes|nombre=2|
* ''Elric le nécromancien'' (avec [[Michel Demuth]] – d'après [[Michael Moorcock]]), Pellucidar, 1968
* ''Elric le nécromancien'' (avec [[Michel Demuth]] – d'après [[Michael Moorcock]]), Pellucidar, 1968
* ''The return to Melnibone'' (d'après [[Michael Moorcock]]), Unicorn, 1973, Jayde Design, 1997
* ''The return to Melnibone'' (d'après [[Michael Moorcock]]), Unicorn, 1973, Jayde Design, 1997
* ''Retour à Bakaam'' (texte François Truchaud), Chêne, 1976
* ''Retour à Bakaam'' (texte François Truchaud), Chêne, 1976
* ''East-West'' (couverture) album de [[Richard Pinhas]], 1980
* ''Druillet 30 / 30'', Les Humanoïdes Associés, 1981
* ''Druillet 30 / 30'', Les Humanoïdes Associés, 1981
* ''P.A.V.É.'', Dargaud, 1988
* ''P.A.V.É.'', Dargaud, 1988
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* ''Métal héros''. Édition Zanpano 2014
* ''Métal héros''. Édition Zanpano 2014
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
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| titre = Flaubert, Druillet : une rencontre
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}}
| id =
*''Explorations'', Éditions Barbier & Mathon, 2018
* Participation à ''Wah Wah 2'' de [[Charles Berberian]], [[éditions Exemplaire]], 2022
}}
}}

=== Pochettes de disques<ref>[https://www.discogs.com Encyclopédie en ligne ''Discogs''], moteur de recherche.</ref> ===
{{colonnes|nombre=2|
* ''Grail produced by [[Rod Stewart]]'', Barclay, 1971
* [[Igor Wakhévitch]], ''Docteur Faust'', EMI, 1971
* ''[[Jimi Hendrix]] 2 / Electric Ladyland'', Barclay, 1975
* ''Blacksun'', Rockland Records, 1978
* [[Richard Pinhas]], ''East-West'', 1980
* Georges Grünblatt, ''K-Priss'', Polydor, 1980
* [[Philippe Sarde]], ''La Guerre du feu'', RCA, 1981
* [[Sortilège (groupe)|Sortilège]], ''Metamorphosis'', Banzai Records, 1984
* [[William Sheller]], ''Excalibur'', Mercury, 1990
* [[Agressor]], ''Neverending Destiny'', Black Mark Production, 1990
* Richard Pinhas, ''DWW'', Cuneiforme Records, 1992
* [[Proton Burst]], ''La Nuit'', Wotre Music, 1995
* Pierre Bachelet, ''La Ville ainsi soit-il'', RCA, 1995
* [[Art Zoyd]], ''Metropolis'', In-Possible Records, 2002
* Acanthus, ''Le Frisson des vampires'', Finder Keepers Records, 2010
* Og Musique, ''La Transformation'', Not On Music, 2010
* I Love UFO, ''Dirty Animals'', Bruit Blanc, 2010
* Yogsothery, ''Gate I : Chaosmogonic Rituals Of Fear'', Voidhanger Records, 2010
* ''Cosmic Machine - A Voyage Across French Cosmic & Electronic Avantgarde (1970-1980)'', Because Music, 2013
* Alain Pierre, ''Ô Sidarta'', Finder Keepers Records, 2020
}}

=== Séries télévisées ===
* 1990 : ''Bleu l'Enfant de la Terre'' (créateur)
* 2001-2002 : ''[[Xcalibur]]'' (co-créateur avec Amélie Aubert et [[Benjamin Legrand]])
* 2001-2002 : ''[[Les Rois maudits (mini-série, 2005)|Les Rois maudits]]'' (décors)

=== Jeux vidéo (conception visuelle) ===
* 1999 : ''[[Ring : L'Anneau des Nibelungen]]'', [[Arxel Tribe]] et [[Cryo Interactive]], d'après [[Richard Wagner]]
* 2002 : ''[[Ring II (jeu vidéo)|Ring II]]'', [[Arxel Tribe]] et [[Wanadoo]], d'après [[Richard Wagner]]
* 2003 : ''[[Salammbô (jeu vidéo)|Salammbô]]'', [[Cryo Interactive]] et [[The Adventure Company]], d'après [[Gustave Flaubert]]


== Expositions ==
== Expositions ==
* ''Philippe Druillet, La Nuit transfigurée'', du 6 au {{date-|21 avril 2018}}, (à l'occasion du PULP Festival à [[la Ferme du Buisson]], [[Noisiel]], le centre d'art de [[Marne-la-Vallée]]).
* ''Philippe Druillet, La Nuit transfigurée'', du 6 au {{date-|21 avril 2018}} (à l'occasion du PULP Festival à [[la Ferme du Buisson]], [[Noisiel]], le centre d'art de [[Marne-la-Vallée]]).
* ''Les 6 voyages de Philippe Druillet'', exposition inaugurée lors du [[Festival d'Angoulême 2023]], du 26 janvier au 12 mars [[2023 en bande dessinée|2023]], [[musée d'Angoulême]].


== Distinctions ==
== Distinctions ==
=== Prix ===
=== Prix ===
* 1973 : {{BEL-d}} [[Prix Saint-Michel]] spécial (science-fiction) pour ''[[Delirius]]'' (''[[Lone Sloane]]'', t. 3)
* 1973 : {{BEL-d}} [[Prix Saint-Michel]] spécial (science-fiction) pour ''[[Delirius]]'' (''[[Lone Sloane]]'', t. 3)
* 1976 : Prix spécial des [[grand prix de l'Imaginaire]] pour ''Urm le fou''
* 1976 : Prix spécial du [[grand prix de l'Imaginaire]] pour ''Urm le fou''
* 1988 : [[Grand Prix d'Angoulême]], pour l'ensemble de son œuvre<ref>{{lien web|site=Encyclopédie Larousse|titre=Festival d'Angoulême|url=https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/festival_d_Angoul%c3%aame/165645|consulté le=31/01/2019}}</ref>
* 1988 : [[Grand Prix d'Angoulême]], pour l'ensemble de son œuvre<ref>{{lien web|site=Encyclopédie Larousse|titre=Festival d'Angoulême|url=https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/festival_d_Angoul%c3%aame/165645|consulté le=31/01/2019}}.</ref>


=== Décorations ===
=== Décorations ===
* {{Déco|Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres}} Il est fait commandeur lors de la promotion du {{date|11 décembre 1997}}<ref>[https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/pdfIR.action?irId=FRAN_IR_026438 Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.]</ref>.
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Annexes ==
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=== Documentation ===
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* {{Article|périodique=[[Schtroumpfanzine]] |numéro=23 |année=1978 |mois=10 |auteur1=Philippe Druillet |titre=Entretien avec Philippe Druillet |responsabilité1=int. par [[Jean Léturgie]] |page=16-23}}.
* Philippe Druillet (int. [[Christian Nabais]]), « Philippe Druillet, l'Elephant Man de la BD », dans [[Jacky Goupil]] (dir.), ''Bande dessinée 1981-1982'', [[Hounoux]] : SEDLI, 1982, {{p.|38-44}}.
* Philippe Druillet (int. [[Christian Nabais]]), « Philippe Druillet, l'Elephant Man de la BD », dans [[Jacky Goupil]] (dir.), ''Bande dessinée 1981-1982'', [[Hounoux]] : SEDLI, 1982, {{p.|38-44}}.
* {{Chapitre |langue=fr |auteur=[[Patrick Gaumer]] |titre chapitre=Druillet, Philippe |titre ouvrage=[[Dictionnaire mondial de la BD]] |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Larousse|Larousse]] |année=2010 |isbn=9782035843319|passage=275-276}}.
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Philippe Druillet
Philippe Druillet au Babel International Comics Festival, Athènes, juin 2007.
Naissance
Nationalité
Activités
Lieu de travail
Distinctions
Site web
Un mur d'Angoulême.

Philippe Druillet, né le à Toulouse[1], est un dessinateur et scénariste de bande dessinée français. Il est également affichiste, sculpteur et décorateur.

Biographie[modifier | modifier le code]

Les débuts[modifier | modifier le code]

Il naît le , jour de l'assassinat, par la Résistance, de Philippe Henriot, secrétaire d'État à la Propagande du régime de Vichy. C'est pour rendre hommage à ce dernier que le futur dessinateur est baptisé Philippe[2],[3]. Ses deux parents étaient en effet des fascistes convaincus. Son père, Victor Druillet, qui avait fait la guerre d'Espagne du côté des franquistes, était à l'époque responsable de la Milice du Gers, à Auch[4] : sa mère, Denise, était elle aussi engagée dans la Milice locale, dont elle était la responsable administrative. En , peu après la naissance de Philippe, ses parents s'enfuient en Allemagne, à Sigmaringen, où Louis-Ferdinand Céline soigne l'enfant, qui passe 25 jours sous une cloche à oxygène ; puis à Figueras en Catalogne, en Espagne pour échapper à des poursuites pour faits de collaboration. Ils sont condamnés à mort par contumace. Ce n'est que plus tard que Philippe Druillet découvre le passé de ses parents.

Il retourne en France à Paris en 1952, après la mort de son père[5]. Durant cette période il n'arrive à se faire accepter auprès de ses camarades que comme l'artiste, le marginal, couvrant des cahiers entiers de dessins. Il fréquente aussi beaucoup les cinémas (Le Tombeau hindou de Fritz Lang, Hamlet de Laurence Olivier, King Kong, Le Voleur de Bagdad). Philippe Druillet considère cette période comme prédominante pour son évolution future[6].

Vers 13-14 ans, il se tourne vers la science-fiction et découvre H. P. Lovecraft. En 1963 sa grand-mère devient concierge au no 17 de l'avenue d'Eylau dans le XVIe arrondissement de Paris et il peut loger au dernier étage dans une chambre de bonne. Le 2e étage était occupé par le dessinateur Piem.

Après son certificat d'études, il devient photographe et rencontre vers 16-17 ans Jean Boullet. Ce dernier lui apprend les bases du dessin et de la peinture et lui ouvre l'esprit sur l'esthétisme et la folie.

En 1964-1965, il est sous les drapeaux au Service cinématographique des armées, ce qui lui laisse du temps libre. Influencé par la lecture du Matin des magiciens de Louis Pauwels et Jacques Bergier, il décide à son retour à la vie civile de se lancer dans le dessin.

Son premier livre, Le Mystère des abîmes, paru en 1966 chez Losfeld, met en scène son héros récurrent Lone Sloane dans une histoire de science-fiction. Pressé par l'éditeur de boucler son album, il réalise les trente dernières planches en deux mois. Par la suite il qualifiera « le Sloane de chez Losfeld [de] très mal dessiné »[7].

Grâce à ce premier album, pour lequel il ne touchera pratiquement aucun droit d'auteur, il entre chez OPTA où il réalise des couvertures et des illustrations.

C'est aussi à cette époque qu'il rencontre sa femme Nicole.

La période Pilote[modifier | modifier le code]

Philippe Druillet en 1973 à Montréal.

En 1969, il montre quelques planches d'Yragaël à Jean Giraud, et René Goscinny lui donne son accord pour 8 planches dans le journal Pilote. Il y poursuit la saga de Lone Sloane (voir Delirius) dans un style de plus en plus flamboyant, innovant par une mise en page audacieuse et l'introduction d'images de synthèse dans les décors qu'il présente dans les émissions de télévision Volume en 1971, puis Italiques en 1973[8].

Métal hurlant et les Humanos[modifier | modifier le code]

En 1974, à la suite de désaccords avec la rédaction de Pilote[9], il quitte le journal et fonde, avec Giraud et Jean-Pierre Dionnet, le mensuel Métal hurlant et la maison d'édition Les Humanoïdes Associés.

La Nuit[modifier | modifier le code]

Cet album, publié en 1976, marque un tournant dans l'œuvre de Druillet, car il se lie intimement à l'accompagnement de sa femme dans la maladie, jusqu'à sa mort.

Très abouti graphiquement, l'album est caractérisé par une colorisation et un découpage novateurs très efficaces, au service d'un récit désespéré. Pour le dessinateur durablement touché par la mort de sa compagne à qui il est dédié, le livre a été un moyen d'exorciser sa douleur.

De tous les univers de Druillet, La Nuit est probablement le plus sombre, le plus nihiliste. Il met en scène la lutte d'une humanité déglinguée, organisée en bandes anarchisantes, droguée au dernier degré et qui va devoir aller conquérir le « dépôt bleu », source fantastique de toute la drogue, qui permet à ces quasi-zombies de tenir dans ce monde de folie.

Ces bandes ont un côté rock'n roll ; elles incarnent la liberté, l'anarchisme, la force de vie. D'un autre côté, elles vont devoir affronter les agents de l'ordre et du néant pour atteindre le dépôt bleu. Il n'y aura pas de fin heureuse. Ce sera même plutôt le contraire.

Le héros, Heinz, suivra un parcours personnel identique, de chef de bande illuminé et impavide, il va suivre cette course vers l'abîme en perdant progressivement son étrange innocence. Il deviendra conscient avant les autres que cet élan ne mène nulle part, que leur lutte sera vaine et leur destruction inévitable. La vie si exubérante que Druillet met en scène ne peut échapper à la mort programmée. Cet album pointe l'absence totale d'échappatoire à l'issue finale, là où souvent Druillet avait souligné le pouvoir d'une certaine folie, d'une révolte, la primauté de la vie sur le métal, les machines et l'ordre ; ici il n'est question que de mort inéluctable.

Salammbô[modifier | modifier le code]

En 1980, Druillet produit Salammbô, une trilogie inspirée par le roman homonyme de Gustave Flaubert.

La trame mélange l'invention pure et la fidélité au récit de Flaubert. De fait, à part l'introduction expliquant la présence de Lone Sloane à l'intérieur du monde de Salammbô et la conclusion qui permet à Sloane de ne pas être totalement anéanti, toute l'histoire suit de près le roman originel, de longs passages en étant même reproduits à la virgule près.

Ici, Lone Sloane est fondu par Druillet dans le personnage de Mathô le barbare, qui tente de détruire Carthage et de conquérir la princesse Salammbô, tentative qui donne lieu à des scènes de bataille imposantes sur double page, idéales pour que s'exprime pleinement la créativité graphique de Druillet. Sur trois albums, l'auteur explore des registres différents et souvent novateurs, dans un style proche de la peinture. Plusieurs planches sont d'ailleurs reprises sur toile.

Après Salammbô[modifier | modifier le code]

En 1986, il crée Bleu l'Enfant de la Terre, série télévisée d'animation en treize épisodes, diffusée en 1990 sur Canal+. Afin de promouvoir des jouets, le producteur IDDH impose dans les scénarios, les personnages des Rocklords, une licence Bandaï. Ce que Philippe Druillet ne cautionne pas[10].

En 1990, il a réalisé le clip de la chanson Excalibur de William Sheller[11].

En 1996, il reçoit le Grand Prix national des Arts graphiques.

À l'occasion du conflit juridique qui oppose, dans les années 90, Albert Uderzo aux Éditions Dargaud, Philippe Druillet prend le parti de son éditeur et déclare qu'Uderzo est « un Citizen Kane sans le talent d'Orson Welles. (...) Il veut mettre une maison d'édition et tous ses auteurs sur la paille pour ajouter une ou deux Ferrari dans son garage[12] ».

Avec Amélie Aubert et Benjamin Legrand, il crée Xcalibur, une série télévisée d'animation en images de synthèse en 40 épisodes diffusée à partir de 2002 sur Canal+.

Il a en particulier réalisé les décors de la série télévisée Les Rois maudits (version 2005).

Outre ses activités d'auteur BD et d'illustrateur, il s'est aussi intéressé à l’opéra-rock, à la peinture, à la sculpture, à l'architecture et à l’infographie.

En 2013 sort le vinyle « Cosmic Machine - A voyage across French cosmic & electronic avantgarde 1970-1980 », dont la pochette est entièrement illustrée par trois de ses dessins.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Parution, en , de son autobiographie Delirium aux éditions Les Arènes, avec David Alliot.

Décors scéniques[modifier | modifier le code]

La musique fait partie de l'univers de Philippe Druillet. Le rock comme l'opéra nourrissent son imaginaire et il qualifie ses albums de « partitions ». Il découvre Carmina Burana de Carl Orff et le Requiem de Verdi en achetant ses premiers 33 tours aux puces. En 2014, l'année de ses 70 ans, il est invité à illustrer visuellement la cantate donnée aux Chorégies d'Orange. En 2016 c'est au tour de la messa da requiem. Créations et extraits de ses albums sont animés et projetés sur le mur du Théâtre antique de cent-trois mètres de long sur trente-sept mètres de haut en s'adaptant au livret et à l'architecture des lieux, jonglant notamment avec la statue d'Auguste juchée au sommet du mur[13],[14],[15],[16].

Affiches de films[modifier | modifier le code]

Magazines[modifier | modifier le code]

  • Approche de Centauri (dessin de Moebius), histoire courte parue dans Métal hurlant rééditée dans Cauchemar blanc, Les Humanoïdes Associés, 1977

Anthologies, illustrations et travaux divers[modifier | modifier le code]

  • Elric le nécromancien (avec Michel Demuth – d'après Michael Moorcock), Pellucidar, 1968
  • The return to Melnibone (d'après Michael Moorcock), Unicorn, 1973, Jayde Design, 1997
  • Retour à Bakaam (texte François Truchaud), Chêne, 1976
  • Druillet 30 / 30, Les Humanoïdes Associés, 1981
  • P.A.V.É., Dargaud, 1988
  • Excalibur le clip vidéo de la chanson de William Sheller, 1990
  • Manuel l'enfant-rêve (avec Jacques Attali), Stock, 1994
  • Paris de fous (avec Robert Doisneau), Dargaud, 1995
  • Il était une fois…, adaptation de Cendrillon, 1995
  • Visioni di fine millennio, Hazard, 1999
  • Les Univers de Druillet, Albin Michel, 2003
  • Les Rois maudits, Albin Michel, 2005
  • Métal esquisses, Éditions Zanpano, 2009
  • Métal mémoires. Édition Zanpano 2010
  • Métal héros. Édition Zanpano 2014
  • Flaubert, Druillet : une rencontre, Marie Barbier Éditions, , 96 p. (ISBN 978-2-9561-193-0-2)
  • Explorations, Éditions Barbier & Mathon, 2018
  • Participation à Wah Wah 2 de Charles Berberian, éditions Exemplaire, 2022

Pochettes de disques[18][modifier | modifier le code]

  • Grail produced by Rod Stewart, Barclay, 1971
  • Igor Wakhévitch, Docteur Faust, EMI, 1971
  • Jimi Hendrix 2 / Electric Ladyland, Barclay, 1975
  • Blacksun, Rockland Records, 1978
  • Richard Pinhas, East-West, 1980
  • Georges Grünblatt, K-Priss, Polydor, 1980
  • Philippe Sarde, La Guerre du feu, RCA, 1981
  • Sortilège, Metamorphosis, Banzai Records, 1984
  • William Sheller, Excalibur, Mercury, 1990
  • Agressor, Neverending Destiny, Black Mark Production, 1990
  • Richard Pinhas, DWW, Cuneiforme Records, 1992
  • Proton Burst, La Nuit, Wotre Music, 1995
  • Pierre Bachelet, La Ville ainsi soit-il, RCA, 1995
  • Art Zoyd, Metropolis, In-Possible Records, 2002
  • Acanthus, Le Frisson des vampires, Finder Keepers Records, 2010
  • Og Musique, La Transformation, Not On Music, 2010
  • I Love UFO, Dirty Animals, Bruit Blanc, 2010
  • Yogsothery, Gate I : Chaosmogonic Rituals Of Fear, Voidhanger Records, 2010
  • Cosmic Machine - A Voyage Across French Cosmic & Electronic Avantgarde (1970-1980), Because Music, 2013
  • Alain Pierre, Ô Sidarta, Finder Keepers Records, 2020

Séries télévisées[modifier | modifier le code]

Jeux vidéo (conception visuelle)[modifier | modifier le code]

Expositions[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Prix[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Druillet.com Le site officiel » (consulté le ).
  2. « Philippe Druillet, fils de collabo », sur Le Journal de Montréal (consulté le ).
  3. Jean-Samuel Kriegk, « Les fantômes du passé hantent Philippe Druillet », sur Le Huffington Post, (consulté le ).
  4. Frédérique Roussel, « Passé dégommé », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. France Info, Tout et son contraire, Philippe Druillet, 27 janvier 2014
  6. Schtroumpf, Les Cahiers de la bande dessinée no 42, éd. Glénat.
  7. Schtroumpf, Les cahiers de la bande dessinée, no 42, éd. Glénat, p. 19.
  8. Volume, première chaîne de l'ORTF, 28 octobre 1971; Italiques, deuxième chaîne de l'ORTF, 11 mai 1973.
  9. Olivier Delcroix, « La Révolution Pilote est en marche », sur Lefigaro.fr, (consulté le ).
  10. « Planète Jeunesse - Bleu l'Enfant de la Terre », sur planete-jeunesse.com (consulté le ).
  11. « Art1990.04.00.soundcheck », sur shellerophile.net (consulté le ).
  12. Numa Sadoul, Astérix & Cie - Entretiens avec Uderzo, Paris, Hachette, , 238 p. (ISBN 978-2-012-10110-4), Le roi du business.
  13. Michelle Saura, « Philippe Druillet, un Humanoïde Associé aux Chorégies d'Orange », La Provence,‎ (lire en ligne)
  14. Stéphane Jarno, « Philippe Druillet illustre les Chorégies d'Orange sur les notes de Verdi », Télérama,‎ (lire en ligne)
  15. « Carmina Burana », sur france.tv/france-4
  16. « Verdi Requiem », sur youtube.com
  17. « Philippe Druillet, 50 ans de carrière en dix planches », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. Encyclopédie en ligne Discogs, moteur de recherche.
  19. « Festival d'Angoulême », sur Encyclopédie Larousse (consulté le ).
  20. Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres..

Annexes[modifier | modifier le code]

Documentation[modifier | modifier le code]

Émission radiophonique[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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