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Le '''pancrace''' ({{lang-grc|παγκράτιον}} ''pankrátion'') est un sport de combat [[Grèce antique|grec]], permettant au temps des [[Jeux olympiques antiques]] quasiment toutes les techniques. Seuls étaient interdits d'introduire quoique ce soit dans le corps de l'adversaire (exemples : le doigt dans l’œil ou dans la bouche) et d'en extraire quoique ce soit (exemples : tirer l'oreille ou les parties génitales), ce qui en fait un sport très technique, mais pas le plus dur : le [[pugilat]] était en effet réputé plus violent<ref>{{Ouvrage|prénom1=Lopez,|nom1=Brice.|titre=Les jeux olympiques antiques : pugilat, orthepale, pancrace|éditeur=Budo Editions|date=2010|isbn=9782846172622|isbn2=2846172625|oclc=718432061|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/718432061|consulté le=2018-10-10}}</ref>. De grands champions olympiques de cette époque ont marqué l'histoire comme [[Polydamas de Skotoussa]] qui fut champion olympique en [[408 av. J.-C.]] , [[Théagène de Thasos|Théagène de Thassos]], ou encore [[Milon de Crotone]].


Le '''pancrace''' ({{lang-grc|παγκράτιον}} / {{Lang|grc-latn|pankrátion}}) est un sport de combat [[Grèce antique|grec]], permettant au temps des [[Jeux olympiques antiques]] de pratiquer quasiment toutes les techniques. Il était juste interdit d'introduire le doigt dans l’œil ou dans la bouche de l'adversaire, et de lui tirer l'oreille ou les parties génitales. C'était un sport très technique, mais pas le plus dur ; le [[pugilat]] était en effet réputé plus violent<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Lopez,|nom1=Brice|titre=Les jeux olympiques antiques|sous-titre=Pugilat, orthepale, pancrace|lieu=Noisy-sur-École|éditeur=Budo Éditions|année=2010|pages totales=165|isbn=978-2-84617-262-2|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/718432061|consulté le=2018-10-10}}</ref>. De grands champions olympiques de cette époque ont marqué l'histoire comme [[Polydamas de Skotoussa]] qui fut champion olympique en [[408 av. J.-C.]] , [[Théagène de Thasos]], ou encore [[Milon de Crotone]]. Le lutteur de pancrace est appelé pancratiaste.
[[Image:Foul pankration at Kylix by the Foundry Painter BM VaseE78.jpg|thumb|right|Scène de pancrace : un arbitre punit avec un ''ravdos'' ({{grec ancien|ῤάβδος}}) un athlète qui met les doigts dans l'œil de son adversaire, [[kylix (vase)|kylix]] du Peintre de la Fonderie, [[490 av. J.-C.|490]]-[[480 av. J.-C.]], [[British Museum]] (E 78).]]


[[Image:Foul pankration at Kylix by the Foundry Painter BM VaseE78.jpg|thumb|right|Scène de pancrace : un arbitre punit avec une baguette ({{grec ancien|ῤάβδος}}) un athlète qui met les doigts dans l'œil de son adversaire. [[Kylix (vase)|Kylix]] du Peintre de la Fonderie, [[490 av. J.-C.|490]]-[[480 av. J.-C.]], [[British Museum]] (E 78).]]
== Le pancrace aux Jeux olympiques antiques ==


== Pancrace aux Jeux olympiques antiques ==
Le ''pancrace'' fait partie des épreuves qualifiées de « gymniques » ({{grec ancien|γυμνικοὶ ἀγῶνες}} [gumnikoì agônes]) c'est-à-dire, au sens propre, « nues », parce que les athlètes y concourent complètement nus, telles que le [[pentathlon antique|pentathlon]] et les courses (hors la course en armes). Il fait partie plus précisément des épreuves dites « lourdes » ({{grec ancien|βαρέα ἆθλα}} [baréa ãthla], pour lesquelles est nécessaire une aire spéciale ({{grec ancien|σκάμμα}} [skámma]), dont la terre a été ameublie, telles que la [[lutte]] ({{grec ancien|πάλη}} [pálê]) et le [[pugilat]] ({{grec ancien|πύξ}} [púx] ou {{grec ancien|πυγμαχία}} [pugmakhía]).


Le ''pancrace'' fait partie des épreuves qualifiées de « gymniques » ({{grec ancien|γυμνικοὶ ἀγῶνες}} / {{Lang|grc-latn|gumnikoì agônes}}) c'est-à-dire, au sens propre, « nues », parce que les athlètes y concourent complètement nus, telles que le [[pentathlon antique|pentathlon]] et les courses (hors la course en armes). Il fait partie plus précisément des épreuves dites « lourdes » ({{grec ancien|βαρέα ἆθλα}} / {{Lang|grc-latn|baréa ãthla}}), pour lesquelles est nécessaire une aire spéciale ({{grec ancien|σκάμμα}} / {{Lang|grc-latn|skámma}}), dont la terre a été ameublie, telles que la [[lutte]] ({{grec ancien|πάλη}} / {{Lang|grc-latn|pálê}}) et le [[pugilat]] ({{grec ancien|πύξ}} / {{Lang|grc-latn|púx}} ou {{grec ancien|πυγμαχία}} / {{Lang|grc-latn|pugmakhía}}).
La dernière épreuve est le pancrace ({{grec ancien|παγκράτιον}} [''pankrátion'']), qui recherche également la mise hors de combat de l'adversaire, sans autre interdiction que de mettre les doigts dans les yeux de l'adversaire, de lui arracher une partie du corps ou de le mordre<ref>Le caractère autorisé ou non de la morsure est controversé : [[Henri-Irénée Marrou]] penche pour l'affirmative ({{p.|186}}), Miller (2001) pour la négative ({{p.|98}}).</ref>.

La dernière épreuve est le pancrace ({{grec ancien|παγκράτιον}} / {{Lang|grc-latn|pankrátion}}), qui recherche également la mise hors de combat de l'adversaire, sans autre interdiction que de mettre les doigts dans les yeux de l'adversaire, de lui arracher une partie du corps ou de le mordre<ref>Le caractère autorisé ou non de la morsure est controversé : [[Henri-Irénée Marrou]] penche pour l'affirmative ({{p.|186}}), Miller (2001) pour la négative ({{p.|98}}).</ref>.


== Pancrace contemporain ==
== Pancrace contemporain ==
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Ce style de combat est très complet puisqu'il permet des échanges aussi bien debout ([[boxe]]) qu'au sol ([[lutte]]). Un combat peut donc se dérouler entièrement debout ou se transformer en lutte au sol dès les premières secondes selon la technique des combattants. L'arbitrage de la discipline permet sur le plan tactique de ne privilégier aucun style en particulier, seul l'athlète dominant l'ensemble des techniques (frappes pieds-poings, prises douloureuses, projections, combat au sol, techniques de soumission, maîtrise de l'espace et de la zone de combat) pouvant l'emporter à compétences physiques égales entre deux pancratiastes.
Ce style de combat est très complet puisqu'il permet des échanges aussi bien debout ([[boxe]]) qu'au sol ([[lutte]]). Un combat peut donc se dérouler entièrement debout ou se transformer en lutte au sol dès les premières secondes selon la technique des combattants. L'arbitrage de la discipline permet sur le plan tactique de ne privilégier aucun style en particulier, seul l'athlète dominant l'ensemble des techniques (frappes pieds-poings, prises douloureuses, projections, combat au sol, techniques de soumission, maîtrise de l'espace et de la zone de combat) pouvant l'emporter à compétences physiques égales entre deux pancratiastes.


=== Le salut ===
=== Salut ===


Ce sport conserve certaines traditions dans la pratique. En effet, à la différence des arts barbares, dans la mentalité grecque, les « Grecs ne se prosternent pas mais saluent seulement » (en grec moderne, {{grec moderne|Οι Έλληνες δεν προσκηνούν, μόνον χαιρετούν}}). Au pancrace, cette caractéristique persiste.
Ce sport conserve certaines traditions dans la pratique. En effet, à la différence des arts barbares, dans la mentalité grecque, les « Grecs ne se prosternent pas mais saluent seulement » (en grec moderne, {{grec moderne|Οι Έλληνες δεν προσκηνούν, μόνον χαιρετούν}}). Au pancrace, cette caractéristique persiste.
Lors du salut, le pancratiaste reste debout et tend le bras droit vers le côté droit de la tempe à l'adresse du professeur, le ''proponitis'' (en [[grec moderne]] {{grec moderne|προπονητής}}, ''entraîneur'') en déclarant : ''Erroso ô proponita'', "Salut à toi, entraîneur" . Le salut, dit en [[grec ancien]], se fait envers une personne et vers les autres. L'enseignant salue ses élèves : ''Érosthe'' ({{grec ancien|Έρρωσθε}}).
Lors du salut, le pancratiaste reste debout et tend le bras droit vers le côté droit de la tempe à l'adresse du professeur, le ''proponitis'' (en [[grec moderne]] {{grec moderne|προπονητής}}, ''entraîneur'') en déclarant : ''Erroso ô proponita'', "Salut à toi, entraîneur". Le salut, dit en [[grec ancien]], se fait envers une personne et vers les autres. L'enseignant salue ses élèves : ''Érrôsthe'' ({{grec ancien|Έρρῶσθε}}).


Cette réciprocité dans les rapports sociaux entre entraîneur et élève marque une différence fondamentale avec les autres sports de combat et arts martiaux où le lien de subordination est la règle de la relation dans le club.
Cette réciprocité dans les rapports sociaux entre entraîneur et élève marque une différence fondamentale avec les autres sports de combat et arts martiaux où le lien de subordination est la règle de la relation dans le club.


=== Équipement requis ===
=== Équipement requis ===
Gants libres bleus ou blancs à doigts ouverts de type [[free fight]], [[protège-dents]], [[Coquille (sport)|coquille]], [[protège-tibia]]s et pieds ainsi que l’{{grec moderne|ἒνδυμα}}, ''endyma'', tenue officielle du WGPC (World Grappling and Pankration Committee) composé du Chitonion (veste) et du Periskelis (pantalon) ou une tenue de type "Gi" (comme le judogi au Judo) ou encore un short et un rashguard, toujours dans les dominantes de couleurs bleues ou blanches. Le corps d’arbitrage doit être vêtu d’un pantalon et d’un polo noirs et de chaussures de sport noires. Les arbitres doivent porter une manchette blanche à leur poignet gauche et une manchette bleue à leur poignet droit. L’arbitre central portera également des gants chirurgicaux. Les entraîneurs sont vêtus d'une tenue sportive aux couleurs de leur club, nation…
Gants libres bleus ou blancs à doigts ouverts de type [[free fight]], [[protège-dents]], [[Coquille (sport)|coquille]], [[protège-tibia]]s et pieds ainsi que l’{{grec moderne|ἒνδυμα}}, ''endyma'', tenue officielle du WGPC (World Grappling and Pankration Committee) composé du Chitonion (veste) et du Periskelis (pantalon) ou une tenue de type "Gi" (comme le judogi au Judo) ou encore un short et un rashguard, toujours dans les dominantes de couleurs bleues ou blanches. Le corps d’arbitrage doit être vêtu d’un pantalon et d’un polo noirs et de chaussures de sport noires. Les arbitres doivent porter une manchette blanche à leur poignet gauche et une manchette bleue à leur poignet droit. L’arbitre central portera également des gants chirurgicaux. Les entraîneurs sont vêtus d'une tenue sportive aux couleurs de leur club, nation{{etc}}


=== Aire de combat ===
=== Aire de combat ===
[[Image:palestre1.jpg|thumb|right|upright=1.3|Palestre]]
[[Image:palestre1.jpg|thumb|right|upright=1.3|Palestre.]]
Pour toutes les compétitions de la FILA, des tapis de compétition homologués de {{Dunité|12|12|m}} ou {{Dunité|10|10|m}} contenant un cercle de huit à dix mètres seront utilisés. Le centre des tapis doit contenir un cercle d’un mètre de diamètre qui servira de point de départ pour les deux adversaires. Une zone de protection de deux mètres minimum sera également garantie. En pratique, une salle équipée de tapis et d'une bâche de [[Lutte]] suffit à pratiquer le Pancrace dans de bonnes conditions.
Pour toutes les compétitions de la FILA, des tapis de compétition homologués de {{Dunité|12|12|m}} ou {{Dunité|10|10|m}} contenant un cercle de huit à dix mètres seront utilisés. Le centre des tapis doit contenir un cercle d’un mètre de diamètre qui servira de point de départ pour les deux adversaires. Une zone de protection de deux mètres minimum sera également garantie. En pratique, une salle équipée de tapis et d'une bâche de [[Lutte]] suffit à pratiquer le pancrace dans de bonnes conditions.


=== Techniques ===
=== Techniques ===
Concernant le combat en lui-même, toutes les techniques de pieds, poings, genoux et coudes contrôlées sont autorisées. La frappe au visage est autorisée selon certaines conditions et maîtrisée selon les catégories. Toutes les techniques de projections sont autorisées mais sans écraser volontairement l'adversaire dans le but de lui faire mal. Le combat arbitré par l’''hellanodikis'' ({{grec moderne|ἐλλανοδίκης}}, ''membre du jury'') central et trois ''hellanodikes'' périphériques, permet en outre de s'assurer, dans le respect des règles, de l'intégrité des combattants.
Concernant le combat en lui-même, toutes les techniques de pieds, poings, genoux et coudes contrôlées sont autorisées. La frappe au visage est autorisée selon certaines conditions et maîtrisée selon les catégories. Toutes les techniques de projections sont autorisées mais sans écraser volontairement l'adversaire dans le but de lui faire mal. Le combat arbitré par l’''[[hellanodice]]'' ({{grec ancien|ἐλλανοδίκης}}, ''membre du jury'') central et trois ''hellanodices'' périphériques, permet en outre de s'assurer, dans le respect des règles, de l'intégrité des combattants. Les frappes au sol ne sont pas autorisées. Toutes les techniques de soumission sont autorisées. Les clés par compression musculaires sont également autorisées. Les étranglements en revanche sont interdits.
Les frappes au sol ne sont pas autorisées. Toutes les techniques de soumission sont autorisées. Les clés par compression musculaires sont également autorisées. Les étranglements en revanche sont interdits.


La durée d'un combat de pancrace sportif (''pankration athlima'') est de 5 minutes pour les séniors, 4 minutes pour les juniors et vétérans, 3 minutes pour les cadets, 2 minutes pour les benjamins et de 1 minute pour les enfants.
La durée d'un combat de pancrace sportif (''pankration athlima'') est de cinq minutes pour les seniors, quatre minutes pour les juniors et vétérans, trois minutes pour les cadets, deux minutes pour les benjamins et d'une minute pour les enfants.


=== Les épreuves de pancrace ===
=== Épreuves de pancrace ===


Le terme ''pancrace'' englobe aussi bien les disciplines sportives que martiales.
Le terme ''pancrace'' englobe aussi bien les disciplines sportives que martiales.
Dans le sport pancrace sportif (''Pankration Athlima''), il existe l'épreuve de ''Pankration'', qui est le combat un contre un sans arme. C'est ce style qui est le plus largement pratiqué en compétition.
Dans le sport pancrace sportif (''Pankration Athlima''), il existe l'épreuve de ''Pankration'', qui est le combat un contre un sans arme. C'est ce style qui est le plus largement pratiqué en compétition.
Il existe également les ''Palaismata'' ({{grec moderne|παλαίσματα}}) qui sont des combats chorégraphiés opposant deux partenaires à mains nues dans un style auto-défense, laissant parfois place à des démonstrations martiales de haut niveau technique et visuel.
Il existe également les ''Palaismata'' ({{grec ancien|παλαίσματα}}) qui sont des combats chorégraphiés opposant deux partenaires à mains nues dans un style auto-défense, laissant parfois place à des démonstrations martiales de haut niveau technique et visuel.
Enfin, l'épreuve du ''Polydamas'' (en hommage au combat et à la victoire de [[Polydamas de Skotoussa]] contre les trois [[mélophores|immortels]] perses) oppose un combattant à mains nues contre trois attaquants armés respectivement d'une lance, d'une épée, et d'une dague. Ce combat est également chorégraphié et permet de démontrer la supériorité technique d'un pancratiaste face à trois attaquants armés.
Enfin, l'épreuve du ''Polydamas'' (en hommage au combat et à la victoire de [[Polydamas de Skotoussa]] contre les trois [[mélophores|immortels]] perses) oppose un combattant à mains nues contre trois attaquants armés respectivement d'une lance, d'une épée, et d'une dague. Ce combat est également chorégraphié et permet de démontrer la supériorité technique d'un pancratiaste face à trois attaquants armés.


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{{Références}}
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== Liens externes ==
== Voir aussi ==
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=== Articles connexes ===
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=== Liens externes ===
* [http://pangrationathlima.wordpress.com/ Fédération Pankration Française]
* [http://pangrationathlima.wordpress.com/ Fédération Pankration Française]
* [http://www.fila-wrestling.com/ FILA Pankration Athlima]
* [http://www.fila-wrestling.com/ FILA Pankration Athlima]
* [http://www.ffscda.com/ FFSCDA]
* [http://www.ffscda.com/ FFSCDA]

== Bibliographie ==


{{Palette|Jeux olympiques antiques}}
{{Palette|Jeux olympiques antiques}}

Dernière version du 24 avril 2024 à 09:40

Le pancrace (grec ancien : παγκράτιον / pankrátion) est un sport de combat grec, permettant au temps des Jeux olympiques antiques de pratiquer quasiment toutes les techniques. Il était juste interdit d'introduire le doigt dans l’œil ou dans la bouche de l'adversaire, et de lui tirer l'oreille ou les parties génitales. C'était un sport très technique, mais pas le plus dur ; le pugilat était en effet réputé plus violent[1]. De grands champions olympiques de cette époque ont marqué l'histoire comme Polydamas de Skotoussa qui fut champion olympique en 408 av. J.-C. , Théagène de Thasos, ou encore Milon de Crotone. Le lutteur de pancrace est appelé pancratiaste.

Scène de pancrace : un arbitre punit avec une baguette (ῤάβδος) un athlète qui met les doigts dans l'œil de son adversaire. Kylix du Peintre de la Fonderie, 490-480 av. J.-C., British Museum (E 78).

Pancrace aux Jeux olympiques antiques[modifier | modifier le code]

Le pancrace fait partie des épreuves qualifiées de « gymniques » (γυμνικοὶ ἀγῶνες / gumnikoì agônes) c'est-à-dire, au sens propre, « nues », parce que les athlètes y concourent complètement nus, telles que le pentathlon et les courses (hors la course en armes). Il fait partie plus précisément des épreuves dites « lourdes » (βαρέα ἆθλα / baréa ãthla), pour lesquelles est nécessaire une aire spéciale (σκάμμα / skámma), dont la terre a été ameublie, telles que la lutte (πάλη / pálê) et le pugilat (πύξ / púx ou πυγμαχία / pugmakhía).

La dernière épreuve est le pancrace (παγκράτιον / pankrátion), qui recherche également la mise hors de combat de l'adversaire, sans autre interdiction que de mettre les doigts dans les yeux de l'adversaire, de lui arracher une partie du corps ou de le mordre[2].

Pancrace contemporain[modifier | modifier le code]

Ce style de combat est très complet puisqu'il permet des échanges aussi bien debout (boxe) qu'au sol (lutte). Un combat peut donc se dérouler entièrement debout ou se transformer en lutte au sol dès les premières secondes selon la technique des combattants. L'arbitrage de la discipline permet sur le plan tactique de ne privilégier aucun style en particulier, seul l'athlète dominant l'ensemble des techniques (frappes pieds-poings, prises douloureuses, projections, combat au sol, techniques de soumission, maîtrise de l'espace et de la zone de combat) pouvant l'emporter à compétences physiques égales entre deux pancratiastes.

Salut[modifier | modifier le code]

Ce sport conserve certaines traditions dans la pratique. En effet, à la différence des arts barbares, dans la mentalité grecque, les « Grecs ne se prosternent pas mais saluent seulement » (en grec moderne, Οι Έλληνες δεν προσκηνούν, μόνον χαιρετούν). Au pancrace, cette caractéristique persiste. Lors du salut, le pancratiaste reste debout et tend le bras droit vers le côté droit de la tempe à l'adresse du professeur, le proponitis (en grec moderne προπονητής, entraîneur) en déclarant : Erroso ô proponita, "Salut à toi, entraîneur". Le salut, dit en grec ancien, se fait envers une personne et vers les autres. L'enseignant salue ses élèves : Érrôsthe (Έρρῶσθε).

Cette réciprocité dans les rapports sociaux entre entraîneur et élève marque une différence fondamentale avec les autres sports de combat et arts martiaux où le lien de subordination est la règle de la relation dans le club.

Équipement requis[modifier | modifier le code]

Gants libres bleus ou blancs à doigts ouverts de type free fight, protège-dents, coquille, protège-tibias et pieds ainsi que l’ἒνδυμα, endyma, tenue officielle du WGPC (World Grappling and Pankration Committee) composé du Chitonion (veste) et du Periskelis (pantalon) ou une tenue de type "Gi" (comme le judogi au Judo) ou encore un short et un rashguard, toujours dans les dominantes de couleurs bleues ou blanches. Le corps d’arbitrage doit être vêtu d’un pantalon et d’un polo noirs et de chaussures de sport noires. Les arbitres doivent porter une manchette blanche à leur poignet gauche et une manchette bleue à leur poignet droit. L’arbitre central portera également des gants chirurgicaux. Les entraîneurs sont vêtus d'une tenue sportive aux couleurs de leur club, nation, etc.

Aire de combat[modifier | modifier le code]

Palestre.

Pour toutes les compétitions de la FILA, des tapis de compétition homologués de 12 × 12 m ou 10 × 10 m contenant un cercle de huit à dix mètres seront utilisés. Le centre des tapis doit contenir un cercle d’un mètre de diamètre qui servira de point de départ pour les deux adversaires. Une zone de protection de deux mètres minimum sera également garantie. En pratique, une salle équipée de tapis et d'une bâche de Lutte suffit à pratiquer le pancrace dans de bonnes conditions.

Techniques[modifier | modifier le code]

Concernant le combat en lui-même, toutes les techniques de pieds, poings, genoux et coudes contrôlées sont autorisées. La frappe au visage est autorisée selon certaines conditions et maîtrisée selon les catégories. Toutes les techniques de projections sont autorisées mais sans écraser volontairement l'adversaire dans le but de lui faire mal. Le combat arbitré par l’hellanodice (ἐλλανοδίκης, membre du jury) central et trois hellanodices périphériques, permet en outre de s'assurer, dans le respect des règles, de l'intégrité des combattants. Les frappes au sol ne sont pas autorisées. Toutes les techniques de soumission sont autorisées. Les clés par compression musculaires sont également autorisées. Les étranglements en revanche sont interdits.

La durée d'un combat de pancrace sportif (pankration athlima) est de cinq minutes pour les seniors, quatre minutes pour les juniors et vétérans, trois minutes pour les cadets, deux minutes pour les benjamins et d'une minute pour les enfants.

Épreuves de pancrace[modifier | modifier le code]

Le terme pancrace englobe aussi bien les disciplines sportives que martiales. Dans le sport pancrace sportif (Pankration Athlima), il existe l'épreuve de Pankration, qui est le combat un contre un sans arme. C'est ce style qui est le plus largement pratiqué en compétition. Il existe également les Palaismata (παλαίσματα) qui sont des combats chorégraphiés opposant deux partenaires à mains nues dans un style auto-défense, laissant parfois place à des démonstrations martiales de haut niveau technique et visuel. Enfin, l'épreuve du Polydamas (en hommage au combat et à la victoire de Polydamas de Skotoussa contre les trois immortels perses) oppose un combattant à mains nues contre trois attaquants armés respectivement d'une lance, d'une épée, et d'une dague. Ce combat est également chorégraphié et permet de démontrer la supériorité technique d'un pancratiaste face à trois attaquants armés.

Enfin, il existe aussi une version plus martiale du pancrace, à l'origine extrêmement violent, qui adaptée au contexte actuel est une base complète pour l'autodéfense.

Structure officielle[modifier | modifier le code]

La FILA (Fédération internationale des luttes associées) a officiellement reconnu le WPAC (World Pangration Athlima Committee) et ses fédérations nationales associées (FPF — Fédération Pankration Française pour la France) pour la pratique du pancrace dans le monde. Elle a ensuite créé le WGPC (World Pankration & Grappling Committee). Les seuls titres mondiaux, nationaux, régionaux, départementaux, interclubs officiels et grades officiels sont donc ceux obtenus auprès des fédérations et clubs affiliés. À ce jour[Quand ?], le PCO (Pancrace Club Othenin), le PCN (Pancrace Club Nantais), le COS Sambo (Club Olympique de Sartrouville) représentent quelques-uns des clubs affiliés habilités à enseigner et promouvoir le pancrace en France. La spécificité de son règlement sportif issu de la FILA est qu'elle autorise les frappes au sol alors que le Ministère des Sports en France considère cette pratique comme dégradante et contrevenant à la loi en s'appuyant sur une recommandation de l'Union Européenne.

La FFSCDA, fédération délégataire d'État de 45 000 membres, propose un pancrace différent en qualité de discipline associée. Il s'agit d'une forme de pancrace plus proche d'un mélange de boxe thaï debout et d'agrafe au sol (grappinage), où les règles sportives sont différentes (frappes au sol interdites) ce qui lui permet d'être pratiquée en France sans problème. La FFSCDA revendique plusieurs milliers de licenciés en Pancrace et organise des championnats régionaux et un championnat national tous les ans.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Lopez, Brice, Les jeux olympiques antiques : Pugilat, orthepale, pancrace, Noisy-sur-École, Budo Éditions, , 165 p. (ISBN 978-2-84617-262-2, lire en ligne)
  2. Le caractère autorisé ou non de la morsure est controversé : Henri-Irénée Marrou penche pour l'affirmative (p. 186), Miller (2001) pour la négative (p. 98).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]