« Joseph Johnson » : différence entre les versions

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[[Fichier:JosephJohnson.jpeg|200px|thumb|Joseph Johnson (gravure de William Sharp) d’après une peinture de Moses Haughton.]]
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'''Joseph Johnson''' (né le {{date|15|novembre|1738}} et mort le {{date|20|décembre|1809}}) est un [[Maison d'édition|éditeur]] [[Grande-Bretagne|anglais]]. Ses publications traitent une vaste variété de genres, opinions et avis sur les importants sujets du jour. Johnson est connu en publiant les œuvres des penseurs radicaux comme [[Mary Wollstonecraft]], [[William Godwin]], et [[Joel Barlow]], et aussi les rebelles religieux comme Joseph Priestley, Anna Laetitia Barbauld, and Gilbert Wakefield.
| légende = Joseph Johnson (gravure de William Sharp) d’après une peinture de Moses Haughton.
}}
'''Joseph Johnson''', né le {{date|15|novembre|1738}} à [[Londres]] et mort le {{date|20|décembre|1809}} dans cette même ville, est un [[Maison d'édition|éditeur]] [[Grande-Bretagne|anglais]]. Ses publications traitent une vaste variété de genres, opinions et avis sur les importants sujets du jour. Johnson est connu pour avoir publié les œuvres des penseurs radicaux comme [[Mary Wollstonecraft]], [[William Godwin]] et [[Joel Barlow]], et aussi des rebelles religieux comme Joseph Priestley, Anna Laetitia Barbauld, and Gilbert Wakefield.


Au cours des années 1760, Johnson établit son entreprise de publication, qui se concentrait à l'origine sur les œuvres religieuses. Il devint un ami de [[Joseph Priestley]] et de l’artiste [[Henry Fuseli]] deux relations qui durèrent sa vie entière et permirent à Johnson de faire des affaires. Pendant les années 1770 à 1780, Johnson étendit ses affaires, publiant des œuvres importantes en médecine, littérature pour enfants ainsi que la poésie populaire de [[William Cowper]] et [[Erasmus Darwin]]. Toute sa vie et sa carrière, Johnson influença les pensées de l’époque avec ses publications, mais aussi le soutien aux écrivains et penseurs innovants.
Au cours des années 1760, Johnson établit son entreprise de publication, qui se concentrait à l'origine sur les œuvres religieuses. Il devint un ami de [[Joseph Priestley]] et de l’artiste [[Henry Fuseli]] {{incise|deux relations qui durèrent sa vie entière et lui permirent de faire des affaires|stop}}. Pendant les années 1770 à 1780, Johnson étendit ses affaires, publiant des œuvres importantes en médecine, littérature pour enfants ainsi que la poésie populaire de [[William Cowper]] et [[Erasmus Darwin]]. Toute sa vie et sa carrière, Johnson influença les pensées de l’époque, avec ses publications mais aussi en soutenant les écrivains et penseurs innovants.


Au cours des années 1790, Johnson s'est aligné sur les sympathisants de la [[Révolution française]], et il publia un nombre croissant de tracts politiques en même temps qu’il publiait le célèbre journal ''the [[Analytical Review]]'', qui offrit aux réformateurs britanniques une voix dans le domaine public. En 1799, il fut inculpé pour diffamation séditieuse car il publiait un tract contre le ministre unitarien [[Gilbert Wakefield]]. Après avoir passé 6 mois en prison, quoiqu'une prison confortable, Johnson publia moins d'œuvres politiques. Dans la dernière décennie de sa vie, Johnson ne cherchait pas les nouveaux écrivains.
Au cours des années 1790, Johnson s'aligna sur les sympathisants de la [[Révolution française]], et il publia un nombre croissant de pamphlets politiques en même temps qu’il publiait le célèbre journal ''[[Analytical Review]]'', qui offrit aux réformateurs britanniques une voix dans le domaine public. En 1799, il fut inculpé pour diffamation séditieuse car il avait publié un tract contre le ministre unitarien [[Gilbert Wakefield]]. Après avoir passé six mois en prison, quoiqu'une prison confortable, Johnson publia moins d'œuvres politiques. Dans la dernière décennie de sa vie, Johnson ne chercha pas beaucoup de nouveaux écrivains.


John Aikin, un ami de Johnson, dit que Johnson était « le père de l’industrie du livre<ref name="Hall">Hall (2004). "Joseph Johnson". ''Oxford Dictionary of National Biography''. 30 April 2007.</ref>{{,}}<ref> Aikin, 1167–68.</ref> ». Aussi il a été appelé « le plus important éditeur d'Angleterre de 1770 à 1810 » pour son appréciation et la promotion de jeunes écrivains, son insistance à publier des œuvres bon marché pour une classe moyenne en croissance, et le soutien aux écrivaines féminines à l’époque où elles étaient vues avec scepticisme.
John Aikin, un ami de Johnson, dit que Johnson était « le père de l’industrie du livre<ref name="Hall">Hall (2004). "Joseph Johnson". ''Oxford Dictionary of National Biography''. 30 April 2007.</ref>{{,}}<ref>Aikin, 1167–68.</ref> ». Aussi il a été appelé « le plus important éditeur d'Angleterre de 1770 à 1810 » pour son appréciation et la promotion de jeunes écrivains, son insistance à publier des œuvres bon marché pour une classe moyenne en croissance, et le soutien aux femmes écrivaines à l’époque où elles étaient vues avec scepticisme.


==Les débuts==
== Les débuts ==


Johnson était le deuxième fils de Rebecca Turner Johnson et John Johnson, un yeoman baptiste qui habitait à {{lien|trad=Everton, Liverpool|fr=Everton (Liverpool)|texte=Everton}}, [[Liverpool]]. Dès son enfance, il développa une attitude de contestation religieuse, alors que deux membres de la famille de sa mère étaient pasteurs baptistes et que son père était diacre. [[Liverpool]], à l'époque de la jeunesse de Johnson, devenait rapidement une ville animée et un des plus importants ports d'Angleterre. Ces caractéristiques de son foyer – les dissensions et la commerce – demeurèrent des éléments importants dans le caractère de Johnson tout au long de sa vie.
Johnson était le deuxième fils de Rebecca Turner Johnson et John Johnson, un yeoman baptiste qui habitait à {{Lien|langue=en|trad=Everton, Liverpool|fr=Everton (Liverpool)|texte=Everton}}, [[Liverpool]]. Dès son enfance, il développa une attitude de contestation religieuse, alors que deux membres de la famille de sa mère étaient pasteurs baptistes et que son père était diacre. [[Liverpool]], à l'époque de la jeunesse de Johnson, devenait rapidement une ville animée et un des plus importants ports d'Angleterre. Ces caractéristiques de son foyer – les dissensions et la commerce – demeurèrent des éléments importants dans le caractère de Johnson tout au long de sa vie.


Quand Johnson eut 15 ans, il fut mis en apprentissage chez George Keith, un libraire à Londres qui se spécialisait dans la publication de tracts religieux. Gerald Tyson, un biographe moderne de Johnson, explique qu'il était inhabituel pour un fils cadet de famille modeste de se déplacer à Londres pour devenir libraire. Certains spécialistes ont émis l'hypothèse que Johnson fut envoyé à Keith parce que ce dernier était associé avec les baptistes de Liverpool. Keith et Johnson ont publié ensemble plus tard dans leurs carrières, ce qui suggère qu'ils sont restés en bons termes après que Johnson avait commencé à monter sa propre affaire<ref name="Tyson 1975">Tyson, 1–7; Chard (1975), 52–55; Zall, 25; Braithwaite, 1–2.</ref>.
Quand Johnson eut 15 ans, il fut mis en apprentissage chez George Keith, un libraire à Londres qui se spécialisait dans la publication de tracts religieux. Gerald Tyson, un biographe moderne de Johnson, explique qu'il était inhabituel pour un fils cadet de famille modeste de se déplacer à Londres pour devenir libraire. Certains spécialistes ont émis l'hypothèse que Johnson fut envoyé à Keith parce que ce dernier était associé avec les baptistes de Liverpool. Keith et Johnson ont publié ensemble plus tard dans leurs carrières, ce qui suggère qu'ils sont restés en bons termes après que Johnson avait commencé à monter sa propre affaire<ref name="Tyson 1975">Tyson, 1–7; Chard (1975), 52–55; Zall, 25; Braithwaite, 1–2.</ref>.


==La décennie 1760 – Les premières publications ==
== La décennie 1760 – Les premières publications ==


Dès la fin de son apprentissage en 1761, Johnson lança sa propre entreprise, mais il connut des difficultés, déménageant transférant plusieurs fois son atelier dans la première année. Deux de ses premières publications furent une sorte d’agenda : ''The Complete Pocket-Book; Or, Gentleman and Tradesman's Daily Journal for the Year of Our Lord, 1763'' et ''The Ladies New and Polite Pocket Memorandum Book'' (en français ‘’Le livre complet de poche ; ou, Le journal quotidien des gentlemen et des marchands pour l’année de grâce, 1763’’ et ‘’Le nouveau livre courtois de poche des dames’’). De tels livres de poche étaient populaires et ils se vendirent mieux que ceux de ses rivaux, car Johnson les vendait plus tôt et moins chers<ref name=Hall/>{{,}}<ref>Tyson, 8–11; Chard (1975), 55; Braithwaite, 1, 4–5.</ref>. Johnson continua à vendre ces livres profitables jusqu'à la fin des années 1790, mais en tant qu'insoumis religieux, il s’intéressait essentiellement à publier des livres qui amélioreraient la société. Par conséquent, les textes religieux dominent son catalogue bien qu’il ait publié aussi des textes au sujet de Liverpool (sa ville natale) et aussi des textes de médecine. Cependant, comme éditeur, Johnson faisait attention à plus que la vente et la distribution de livres, comme l'explique l’érudit Leslie Chard :
Dès la fin de son apprentissage en 1761, Johnson lança sa propre entreprise, mais il connut des difficultés, déménageant transférant plusieurs fois son atelier dans la première année. Deux de ses premières publications furent une sorte d’agenda : ''The Complete Pocket-Book; Or, Gentleman and Tradesman's Daily Journal for the Year of Our Lord, 1763'' et ''The Ladies New and Polite Pocket Memorandum Book'' (en français ‘’Le livre complet de poche ; ou, Le journal quotidien des gentlemen et des marchands pour l’année de grâce, 1763’’ et ‘’Le nouveau livre courtois de poche des dames’’). De tels livres de poche étaient populaires et ils se vendirent mieux que ceux de ses rivaux, car Johnson les vendait plus tôt et moins chers<ref name=Hall/>{{,}}<ref>Tyson, 8–11; Chard (1975), 55; Braithwaite, 1, 4–5.</ref>. Johnson continua à vendre ces livres profitables jusqu'à la fin des années 1790, mais en tant qu'insoumis religieux, il s’intéressait essentiellement à publier des livres qui amélioreraient la société. Par conséquent, les textes religieux dominent son catalogue bien qu’il ait publié aussi des textes au sujet de Liverpool (sa ville natale) et aussi des textes de médecine. Cependant, comme éditeur, Johnson faisait attention à plus que la vente et la distribution de livres, comme l'explique l’érudit Leslie Chard :


{{Citation bloc|En plus de la vente des livres au public, le libraire supervisa la publication, les dispositions avec l’imprimeur, la publicité, il avait des relations avec des libraires dans d'autres villes, provinces et même des pays étranger, en bref à toute la distribution de ses livres. Aussi il vendait, bizarrement mais typiquement, des ''remèdes de bonne femme''. Mais, ce qui était le plus important pour Johnson, était le bien-être de ses auteurs : il allait jusqu'à leur donner le gîte et le couvert, au moins il était leur banquier, leur agent artistique et commercial, un correcteur et un psychiatre<ref>Qtd. in Chard (1977), 141.</ref>.}}
{{Citation bloc|En plus de la vente des livres au public, le libraire supervisa la publication, les dispositions avec l’imprimeur, la publicité, il avait des relations avec des libraires dans d'autres villes, provinces et même des pays étranger, en bref à toute la distribution de ses livres. Aussi il vendait, bizarrement mais typiquement, des ''remèdes de bonne femme''. Mais, ce qui était le plus important pour Johnson, était le bien-être de ses auteurs : il allait jusqu'à leur donner le gîte et le couvert, au moins il était leur banquier, leur agent artistique et commercial, un correcteur et un psychiatre<ref>Qtd. in Chard (1977), 141.</ref>.}}


Au fur et à mesure des succès de Johnson, sa réputation grandit, et les autres libraires l’inclurent dans leurs « [[:en:congers|congers ]]» - un syndicat professionnel permettant de partager le risque de publier un livre coûteux ou incendiaire.
Au fur et à mesure des succès de Johnson, sa réputation grandit, et les autres libraires l’inclurent dans leurs « [[congers]] » - un syndicat professionnel permettant de partager le risque de publier un livre coûteux ou incendiaire.


===Amitiés formatives===
=== Amitiés formatives ===


À la fin de la vingtaine, Johnson a développé deux amitiés qui allaient déterminer le reste de sa vie. La première était le peintre et écrivain [[Johann Heinrich Füssli|Henry Fuseli]], qui était décrit comme « pugnace et à l'esprit vif<ref>Chard (1975), 62.</ref> ». " Le biographe du {{s-|XIX|e}} de Fuseli, écrit que, quand Fuseli et Johnson se rencontrèrent en 1764, Johnson « avait déjà acquis le caractère qu'il conserverait tout au long de la vie – un homme intègre et qui encourageait les gens de lettres autant que ses moyens le lui permettaient. Il était un excellent juge de leur œuvre<ref>Qtd. in Chard (1975), 56; Tyson, 13–14.</ref> ». Fuseli devint et resta le plus proche ami de Johnson.[[Fichier:PriestleyFuseli.jpg|thumb|left|upright|alt=Portrait d’un homme assis sur une chaise et accoudé à une table couverte de livres et publications.|Johnson commanda ce portrait de son proche ami [[Joseph Priestley]] à son autre proche ami [[Henry Fuseli]] vers 1783 (gravure par Charles A. E. Turner (1836))<ref>McLachlan, 19–20.</ref>.]]
À la fin de la vingtaine, Johnson a développé deux amitiés qui allaient déterminer le reste de sa vie. La première était le peintre et écrivain [[Johann Heinrich Füssli|Henry Fuseli]], qui était décrit comme « pugnace et à l'esprit vif<ref>Chard (1975), 62.</ref> ». " Le biographe du {{s-|XIX}} de Fuseli, écrit que, quand Fuseli et Johnson se rencontrèrent en 1764, Johnson « avait déjà acquis le caractère qu'il conserverait tout au long de la vie – un homme intègre et qui encourageait les gens de lettres autant que ses moyens le lui permettaient. Il était un excellent juge de leur œuvre<ref>Qtd. in Chard (1975), 56; Tyson, 13–14.</ref> ». Fuseli devint et resta le plus proche ami de Johnson.[[Fichier:PriestleyFuseli.jpg|thumb|upright|alt=Portrait d’un homme assis sur une chaise et accoudé à une table couverte de livres et publications.|Johnson commanda ce portrait de son proche ami [[Joseph Priestley]] à son autre proche ami [[Henry Fuseli]] vers 1783 (gravure par Charles A. E. Turner (1836))<ref>McLachlan, 19–20.</ref>.]]


La deuxième amitié, et probablement la plus importante pour ses affaires, était sa relation avec [[Joseph Priestley]], un [[philosophie naturelle|philosophe naturel]] célèbre, théologien unitarien. Cette amitié conduisit Johnson à se débarrasser de la foi baptiste et à adopter l’unitarisme, ainsi qu’à poursuivre ses contestations politiques<ref name=Tomalin>Tomalin, 15–16.</ref>{{,}}<ref>Tyson, 7–8; Chard (1975), 57.</ref>. Le succès de Johnson comme éditeur peut être expliqué par ses relations avec Priestley, car Priestley a publié un grand nombre de livres en collaboration avec Johnson et l'a présenté à de nombreux écrivains dissidents. Grâce aux recommandations de Priestley, Johnson put publier les œuvres de beaucoup de dissidents, en particulier ceux qui faisaient partie de la [[Warrington Academy]] ; la poétesse, essayiste et auteur pour enfants [[Anna Laetitia Barbauld]] ; son frère, le médecin et écrivain, John Aikin ; le naturaliste [[Johann Reinhold Forster]] ; le ministre unitarien controversé [[Gilbert Wakefield]] ; le moraliste William Enfield ; et l’économiste politique [[Thomas Malthus]]. Tyson écrit que « les relations entre l’Academy et le libraire étaient mutuellement très utiles. Beaucoup de professeurs envoyaient leurs manuscrits à Johnson, et plus tard les anciens étudiants s'adressaient à lui pour publier les leurs<ref>Tyson, 37; see also Braithwaite, 8–9, 21.</ref>. » En publiant les œuvres de Priestley et des professeurs de Warrington, Johnson se fit connaître à un grand réseau de dissidents et intellectuels, y compris la [[Lunar Society]], ce qui augmenta ses affaires encore plus. Priestley, en retour, fit assez confiance à Johnson pour qu'il dirige la logistique de sa candidature à la [[Royal Society]]<ref name=Hall/>{{,}}<ref>Tyson, 16–22; Chard (1975), 57; Chard (1977), 150; Braithwaite, 8–9.</ref>.
La deuxième amitié, et probablement la plus importante pour ses affaires, était sa relation avec [[Joseph Priestley]], un [[philosophie naturelle|philosophe naturel]] célèbre, théologien unitarien. Cette amitié conduisit Johnson à se débarrasser de la foi baptiste et à adopter l’unitarisme, ainsi qu’à poursuivre ses contestations politiques<ref name=Tomalin>Tomalin, 15–16.</ref>{{,}}<ref>Tyson, 7–8; Chard (1975), 57.</ref>. Le succès de Johnson comme éditeur peut être expliqué par ses relations avec Priestley, car Priestley a publié un grand nombre de livres en collaboration avec Johnson et l'a présenté à de nombreux écrivains dissidents. Grâce aux recommandations de Priestley, Johnson put publier les œuvres de beaucoup de dissidents, en particulier ceux qui faisaient partie de la [[Warrington Academy]] ; la poétesse, essayiste et auteur pour enfants [[Anna Laetitia Barbauld]] ; son frère, le médecin et écrivain, John Aikin ; le naturaliste [[Johann Reinhold Forster]] ; le ministre unitarien controversé [[Gilbert Wakefield]] ; le moraliste William Enfield ; et l’économiste politique [[Thomas Malthus]]. Tyson écrit que « les relations entre l’Academy et le libraire étaient mutuellement très utiles. Beaucoup de professeurs envoyaient leurs manuscrits à Johnson, et plus tard les anciens étudiants s'adressaient à lui pour publier les leurs<ref>Tyson, 37; see also Braithwaite, 8–9, 21.</ref>. » En publiant les œuvres de Priestley et des professeurs de Warrington, Johnson se fit connaître à un grand réseau de dissidents et intellectuels, y compris la [[Lunar Society]], ce qui augmenta ses affaires encore plus. Priestley, en retour, fit assez confiance à Johnson pour qu'il dirige la logistique de sa candidature à la [[Royal Society]]<ref name=Hall/>{{,}}<ref>Tyson, 16–22; Chard (1975), 57; Chard (1977), 150; Braithwaite, 8–9.</ref>.


===Partenariats===
=== Partenariats ===


En juillet 1765, Johnson transféra son entreprise au 8 Paternoster Row, un lieu plus visible, et il s’associa avec B. Davenport, dont on connait peu de choses à part son l’association avec Johnson. L’historien Chard propose qu’ils s’étaient rapprochés à cause de leurs croyances mutuelles, car l’entreprise publia encore plus d'œuvres religieuses, y compris beaucoup qui étaient « calvinistes fondamentalistes<ref>Chard (1975), 57; Braithwaite, 7; Tyson, 16–24.</ref> ». Cependant, à l’été de 1767, Davenport et Johnson se sont séparés ; les érudits supposent que cette rupture se passa parce que les convictions religieuses de Johnson devenaient de plus en plus marginales<ref>Chard (1975), 57; Braithwaite, 12.</ref>.
En {{date-|juillet 1765}}, Johnson transféra son entreprise au 8 Paternoster Row, un lieu plus visible, et il s’associa avec B. Davenport, dont on connait peu de choses à part son l’association avec Johnson. L’historien Chard propose qu’ils s’étaient rapprochés à cause de leurs croyances mutuelles, car l’entreprise publia encore plus d'œuvres religieuses, y compris beaucoup qui étaient « calvinistes fondamentalistes<ref>Chard (1975), 57; Braithwaite, 7; Tyson, 16–24.</ref> ». Cependant, à l’été de 1767, Davenport et Johnson se sont séparés ; les érudits supposent que cette rupture se passa parce que les convictions religieuses de Johnson devenaient de plus en plus marginales<ref>Chard (1975), 57; Braithwaite, 12.</ref>.


Nouvellement indépendant, fort d'une réputation solide, Johnson n'avait plus de difficultés dans ses affaires. En moins d’une année, il publia neuf premières éditions par lui-même aussi bien que trente-deux œuvres en association avec d'autres libraires<ref>Tyson, 24–26.</ref>. Il fit partie du « cercle sélect des hommes de livre qui se rassemblait à la Chapter Coffee House<ref>Chard (1977), 148.</ref>. » Ce café était le centre de la vie sociale et commerciale pour les auteurs et éditeurs à Londres au {{s-|XVIII|e}}. Beaucoup d'aventures éditoriales majeures y avaient commencé et les auteurs importants s'y rassemblaient aussi<ref>Shelley, Henry C. {{en}} [http://www.buildinghistory.org ''Researching Historic Buildings in the British Isles'']. Retrieved March 2011.</ref>.
Nouvellement indépendant, fort d'une réputation solide, Johnson n'avait plus de difficultés dans ses affaires. En moins d’une année, il publia neuf premières éditions par lui-même aussi bien que trente-deux œuvres en association avec d'autres libraires<ref>Tyson, 24–26.</ref>. Il fit partie du « cercle sélect des hommes de livre qui se rassemblait à la Chapter Coffee House<ref>Chard (1977), 148.</ref>. » Ce café était le centre de la vie sociale et commerciale pour les auteurs et éditeurs à Londres au {{s-|XVIII}}. Beaucoup d'aventures éditoriales majeures y avaient commencé et les auteurs importants s'y rassemblaient aussi<ref>Shelley, Henry C. {{en}} [http://www.buildinghistory.org ''Researching Historic Buildings in the British Isles'']. Retrieved March 2011.</ref>.


En 1768, Johnson s’associa avec John Payne, Johnson étant probablement l’associé principal ; et l’année suivante, ils produisirent 50 titres. Sous ‘Johnson et Payne’, l’entreprise publiait une plus grande gamme d’œuvres que sous ‘Johnson et Davenport’. Quoique Johnson voyait à ses affaires, il ne publiait pas des œuvres uniquement pour s’enrichir. Les projets qui provoquaient une discussion libre plaisaient à Johnson ; par exemple, il aida Priestly à publier le [[Theological Repository]], un échec financier qui provoqua néanmoins un débat sur les questions de théologie. Bien que le journal perdit de l’argent dans les années 1770, Johnson était prêt à republier ce livre dans les années 1785, parce qu’il en approuvait les valeurs<ref>Tyson, 26–27, 70; Chard (1975), 58; Braithwaite, 12–13; 18–19.</ref>.
En 1768, Johnson s’associa avec John Payne, Johnson étant probablement l’associé principal ; et l’année suivante, ils produisirent 50 titres. Sous ‘Johnson et Payne’, l’entreprise publiait une plus grande gamme d’œuvres que sous ‘Johnson et Davenport’. Quoique Johnson voyait à ses affaires, il ne publiait pas des œuvres uniquement pour s’enrichir. Les projets qui provoquaient une discussion libre plaisaient à Johnson ; par exemple, il aida Priestly à publier le [[Theological Repository]], un échec financier qui provoqua néanmoins un débat sur les questions de théologie. Bien que le journal perdît de l’argent dans les années 1770, Johnson était prêt à republier ce livre dans les années 1785, parce qu’il en approuvait les valeurs<ref>Tyson, 26–27, 70; Chard (1975), 58; Braithwaite, 12–13; 18–19.</ref>.


La fin de la décennie 1760 était une époque de radicalisme grandissant en Grande-Bretagne, et bien que Johnson ne participa directement pas aux événements, il facilita la parole de ceux qui se sont exprimés ; par exemple, il a publié des œuvres au sujet de l'élection contestée de [[John Wilkes]] et de l’[[Révolution américaine|agitation dans les colonies américaines]]. Malgré son intérêt grandissant pour la politique, Johnson (avec Payne) publiait encore essentiellement des œuvres religieuses et parfois des récits de voyages<ref>Tyson, 28–31.</ref>. Comme écrit Tyson, « pendant la première décennie de sa carrière, l’importance de Johnson comme éditeur, provenait de son désir de fournir un forum pour la contestation religieuse et politique<ref>Tyson, 31.</ref>.
La fin de la décennie 1760 était une époque de radicalisme grandissant en Grande-Bretagne, et bien que Johnson ne participât directement pas aux événements, il facilita la parole de ceux qui se sont exprimés ; par exemple, il a publié des œuvres au sujet de l'élection contestée de [[John Wilkes]] et de l’[[Révolution américaine|agitation dans les colonies américaines]]. Malgré son intérêt grandissant pour la politique, Johnson (avec Payne) publiait encore essentiellement des œuvres religieuses et parfois des récits de voyages<ref>Tyson, 28–31.</ref>. Comme écrit Tyson, « pendant la première décennie de sa carrière, l’importance de Johnson comme éditeur, provenait de son désir de fournir un forum pour la contestation religieuse et politique<ref>Tyson, 31.</ref>.


===Feu===
=== Feu ===


Johnson était proche de connaitre un succès important lorsque son magasin fut dévasté par un incendie en 9 janvier 1770. Un journaliste de Londres écrivit que :
Johnson était proche de connaitre un succès important lorsque son magasin fut dévasté par un incendie en {{date-|9 janvier 1770}}. Un journaliste de Londres écrivit que :


{{Citation bloc|Hier matin, entre 6 et 7 heures, le feu s'est déclaré au bureau de Messieurs. Johnson et Payne, et a détruit cette maison, la maison de M. Cock, imprimeur, et la maison de M. Upton, commissaire-priseur […] dans cette dernière maison se trouvaient des stocks de Bibles et de [[Livre de la prière commune|livres de la prière commune]]. Les livres appartiennent à la maison d’édition d'Oxford. ... À cause de la neige et de la glace, les pompiers prirent un temps considérable avant de pouvoir déployer leur équipement. Les familles dormaient quand le feu fut découvert, et M. Johnson a eu à peine le temps d’avertir sa famille et celle son associé, et de s'échapper ; tout le stock et le mobilier a été détruit, seuls les livres de compte ont été sauvés<ref>Qtd. in Tyson, 31–32.</ref>.}}
{{Citation bloc|Hier matin, entre 6 et 7 heures, le feu s'est déclaré au bureau de Messieurs. Johnson et Payne, et a détruit cette maison, la maison de M. Cock, imprimeur, et la maison de M. Upton, commissaire-priseur […] dans cette dernière maison se trouvaient des stocks de Bibles et de [[Livre de la prière commune|livres de la prière commune]]. Les livres appartiennent à la maison d’édition d'Oxford. ... À cause de la neige et de la glace, les pompiers prirent un temps considérable avant de pouvoir déployer leur équipement. Les familles dormaient quand le feu fut découvert, et M. Johnson a eu à peine le temps d’avertir sa famille et celle son associé, et de s'échapper ; tout le stock et le mobilier a été détruit, seuls les livres de compte ont été sauvés<ref>Qtd. in Tyson, 31–32.</ref>.}}
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== La décennie 1770 – L’établissement ==
== La décennie 1770 – L’établissement ==


En août 1770, sept mois après le feu qui avait détruit le magasin et le stock de Johnson, il s'établit au 72 St. Paul's Churchyard — le plus grand magasin d'une rue de libraires — où il demeura pour le reste de sa vie. Comment Johnson parvint à cette réussite, ce n’est pas clair; plus tard, il dit énigmatiquement à un ami que « ''ses amis sont venus à lui et l'ont encore remis sur pied''<ref>Qtd. in Tyson, 34.</ref> ». Une biographie au début du {{s-|XIX|e}} indique que « ''M. Johnson avait maintenant une telle réputation, et était si respecté qu'après ce coup du sort, ses amis se mire d'accord pour contribuer à la reprise de ses affaires''<ref>Qtd. in Tyson, 34; see also Zall, 25; Braithwaite, 20–21.</ref> ». Chard suppose que Priestly lui est venu en aide, car ils étaient de très proches amis<ref name=C(1975)59>Chard (1975), 59.</ref>.
En {{date-|août 1770}}, sept mois après le feu qui avait détruit le magasin et le stock de Johnson, il s'établit au 72 St. Paul's Churchyard — le plus grand magasin d'une rue de libraires — où il demeura pour le reste de sa vie. Comment Johnson parvint à cette réussite, ce n’est pas clair; plus tard, il dit énigmatiquement à un ami que « ''ses amis sont venus à lui et l'ont encore remis sur pied''<ref>Qtd. in Tyson, 34.</ref> ». Une biographie au début du {{s-|XIX}} indique que « ''M. Johnson avait maintenant une telle réputation, et était si respecté qu'après ce coup du sort, ses amis se mire d'accord pour contribuer à la reprise de ses affaires''<ref>Qtd. in Tyson, 34; see also Zall, 25; Braithwaite, 20–21.</ref> ». Chard suppose que Priestly lui est venu en aide, car ils étaient de très proches amis<ref name=C(1975)59>Chard (1975), 59.</ref>.


===Les publications religieuses et le soutien de l'Unitarianisme===
=== Les publications religieuses et le soutien de l'Unitarianisme ===


[[Fichier:PriestleyFormsOfPrayer.jpg|thumb|right|alt=Le texte de la page est "Formes de Prière, et Autre Fonctions, à l'usage des Sociétés Unitariennes. Par Joseph Priestley, LL.D., F.R.S. «Tu vénéreras ton Dieu, et Lui uniquement tu serviras. » Matt.IV.10. « Les vrais fidèles vénéreront le Saint-Père en esprit et en vérité. Car le Père recherche ceux qui Le vénèrent. » Jean IV.23. Birmingham, Imprimé Par Pearson and Rollason, Pour J. Johnson, No. 72, St. Paul's Church-Yard, London. MDCCLXXXIII."| «Formes de Prière » (1783) par [[Joseph Priestley]], une liturgie [[Unitarisme (théologie)|unitarienne]] publiée par Joseph Johnson.]]
[[Fichier:PriestleyFormsOfPrayer.jpg|thumb|right|alt=Le texte de la page est "Formes de Prière, et Autre Fonctions, à l'usage des Sociétés Unitariennes. Par Joseph Priestley, LL.D., F.R.S. «Tu vénéreras ton Dieu, et Lui uniquement tu serviras. » Matt.IV.10. « Les vrais fidèles vénéreront le Saint-Père en esprit et en vérité. Car le Père recherche ceux qui Le vénèrent. » Jean IV.23. Birmingham, Imprimé Par Pearson and Rollason, Pour J. Johnson, No. 72, St. Paul's Church-Yard, London. MDCCLXXXIII."| «Formes de Prière » (1783) par [[Joseph Priestley]], une liturgie [[Unitarisme (théologie)|unitarienne]] publiée par Joseph Johnson.]]
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Aussitôt son entreprise relancée, Johnson commença à publier les œuvres théologiques et politiques de Priestley et d'autres [[Dissidents anglais|dissidents]]. À partir du début des années 1770, il publia plus spécifiquement des œuvres [[Unitarisme (théologie)|unitariennes]], ainsi que des textes qui recommandaient la tolérance religieuse ; il s'impliqua également personnellement à la cause unitarienne<ref name=C(1975)59/>. Il servit de canal de communication entre les dissidents de tout le pays et il fournit des publications religieuses àaux éditeurs provinciaux, permettant aux dissidents de propager facilement leurs croyances. Johnson participa aux efforts pour abroger les [[Test Act]] et Corporation Act, qui restreignaient les droits civiques des dissidents. Dans une période de six ans, Johnson a publié presque un tiers des œuvres unitariennes qui reliées à ce sujet. Il continua son soutien en 1787, 1789, et 1790, quand les dissidents ont introduit les projets de loi au Parlement pour abroger les actes antérieurs, et il a publie la plupart de la littérature demandant l’abrogation, écrite par Priestley et d'autres<ref name=Chard2002>Chard (2002), 95–101.</ref>{{,}}<ref>Tyson, 38–44, 67–73, 93–94, 146–48, 184–88; Chard (1975), 59, 66; Braithwaite, 52.</ref>.
Aussitôt son entreprise relancée, Johnson commença à publier les œuvres théologiques et politiques de Priestley et d'autres [[Dissidents anglais|dissidents]]. À partir du début des années 1770, il publia plus spécifiquement des œuvres [[Unitarisme (théologie)|unitariennes]], ainsi que des textes qui recommandaient la tolérance religieuse ; il s'impliqua également personnellement à la cause unitarienne<ref name=C(1975)59/>. Il servit de canal de communication entre les dissidents de tout le pays et il fournit des publications religieuses àaux éditeurs provinciaux, permettant aux dissidents de propager facilement leurs croyances. Johnson participa aux efforts pour abroger les [[Test Act]] et Corporation Act, qui restreignaient les droits civiques des dissidents. Dans une période de six ans, Johnson a publié presque un tiers des œuvres unitariennes qui reliées à ce sujet. Il continua son soutien en 1787, 1789, et 1790, quand les dissidents ont introduit les projets de loi au Parlement pour abroger les actes antérieurs, et il a publie la plupart de la littérature demandant l’abrogation, écrite par Priestley et d'autres<ref name=Chard2002>Chard (2002), 95–101.</ref>{{,}}<ref>Tyson, 38–44, 67–73, 93–94, 146–48, 184–88; Chard (1975), 59, 66; Braithwaite, 52.</ref>.


Aussi, Johnson joua un rôle important dans la fondation de la première chapelle unitarienne à Londres par [[Theophilus Lindsey]]. Avec beaucoup de difficultés, car les Unitariens étaient craints en cette période et leurs croyances étaient illégales jusqu’au « Doctrin of the Trinity Act» de 1813, à obtenir l’édifice de la chapelle d’Essex Street, avec l’assistance de John Lee, un avocat qui devint le ministre de la Justice plus tard<ref>Rowe (1959), chpt. 2</ref>. Pour capitaliser sur l’ouverture de la nouvelle chapelle, tout en aidant ses amis, il publia le sermon inaugural de Lindsey, qui fut épuisé en quatre jours. Johnson continua d'aller à l’église et à participer activement à cette congrégation toute sa vie. Lindsey et l’autre ministre de l’église, John Disney sont devenus deux des écrivains les plus actifs qui étaient publiés par Johnson.
Aussi, Johnson joua un rôle important dans la fondation de la première chapelle unitarienne à Londres par [[Theophilus Lindsey]]. Avec beaucoup de difficultés, car les unitariens étaient craints en cette période et leurs croyances étaient illégales jusqu’au « Doctrin of the Trinity Act » de 1813, à obtenir [[Essex Street Chapel]] avec l’assistance de John Lee, un avocat qui devint le ministre de la Justice plus tard<ref>Rowe (1959), chpt. 2</ref>. Pour capitaliser sur l’ouverture de la nouvelle chapelle, tout en aidant ses amis, il publia le sermon inaugural de Lindsey, qui fut épuisé en quatre jours. Johnson continua d'aller à l’église et à participer activement à cette congrégation toute sa vie. Lindsey et l’autre ministre de l’église, John Disney sont devenus deux des écrivains les plus actifs qui étaient publiés par Johnson.


Quoique Johnson soit connu pour avoir publié les œuvres unitariennes, en particulier celles de Priestley, il publiait aussi les œuvres des autres radicaux, des anglicans et de juifs<ref name=Chard2002/>. Le point commun qui unit ses publications religieuses est la tolérance religieuse<ref>Tyson, 69.</ref>. Par exemple, il publia la traduction en anglais, par le Révérend George Gregory en 1787, du livre essentiel traitant de la poésie hébraïque ''De Sacra Poesi Hebraeorum'', écrit par l'évêque [[Robert Lowth]] . Gregory publia plusieurs autres œuvres avec Johnson, comme ''Les Essais Historiques et Moraux'' (1785), et ''Les Sermons, suivis de considérations sur la composition et l’exercice du Sermon'' (1787). Gregory est un exemple parfait du type d’auteur avec lequel Johnson préféra travailler ; diligent et libéral, mais n’ayant aucune tendance à s'auto-glorifier<ref>Tyson, 61–62.</ref>. Pourtant, comme l'écrit Helen Braithwaite dans son étude sur Johnson, « son approche éclairée et pluraliste était regardée comme permissive par nature par ses adversaires, ouvrant la porte à toutes les formes de questions malsaines et au scepticisme, en désaccord avec les vertus stables de la religion et l’autorité établies<ref>Braithwaite, 29.</ref>. »
Quoique Johnson soit connu pour avoir publié les œuvres unitariennes, en particulier celles de Priestley, il publiait aussi les œuvres des autres radicaux, des anglicans et de juifs<ref name=Chard2002/>. Le point commun qui unit ses publications religieuses est la tolérance religieuse<ref>Tyson, 69.</ref>. Par exemple, il publia la traduction en anglais, par le Révérend George Gregory en 1787, du livre essentiel traitant de la poésie hébraïque ''De Sacra Poesi Hebraeorum'', écrit par l'évêque [[Robert Lowth]]. Gregory publia plusieurs autres œuvres avec Johnson, comme ''Les Essais Historiques et Moraux'' (1785), et ''Les Sermons, suivis de considérations sur la composition et l’exercice du Sermon'' (1787). Gregory est un exemple parfait du type d’auteur avec lequel Johnson préféra travailler ; diligent et libéral, mais n’ayant aucune tendance à s'auto-glorifier<ref>Tyson, 61–62.</ref>. Pourtant, comme l'écrit Helen Braithwaite dans son étude sur Johnson, « son approche éclairée et pluraliste était regardée comme permissive par nature par ses adversaires, ouvrant la porte à toutes les formes de questions malsaines et au scepticisme, en désaccord avec les vertus stables de la religion et l’autorité établies<ref>Braithwaite, 29.</ref>. »


=== La Révolution américaine ===
=== La révolution américaine ===


Partiellement à la suite de son association avec les insoumis britanniques, Johnson s’engagea en publiant des tracts et des sermons défendant les [[Révolution américaine|révolutionnaires américains]]. Il commença avec le texte de Priestley ''Discours aux insoumis protestants de toutes dénominations, sur la prochaine élection des membres du parlement'' (1774), lequel pressait les insoumis de voter pour les candidats qui promettaient la liberté aux colonies américaines<ref>Braithwaite, 43–45.</ref>. Il continua sa série de pamphlets anti-gouvernementaux et pro-américains en publiant les sermons pour les « ''jours de jeûne'' » de Joshua Toulmin, George Walker, Ebenezer Radcliff, et Newcome Cappe<ref>Braithwaite, 44–46.</ref>. Braithwaite les décrit comme « critiques bien articulées du gouvernement » qui « étaient non seulement inhabituels, mais aussi potentiellement subversifs et perturbateurs », et {{Mme}} Braithwaite conclut que la décision de Johnson de publier beaucoup de ce matériel nous indique que Johnson soutenait et embrassait cette position politique<ref name=B4748>Braithwaite, 47–48.</ref>. En outre, Johnson publia le livre ''Observations sur la nature de liberté civile'' (1776) par [[Richard Price]], lequel Braithwaite appelle « probablement la plus importante défense anglaise des colons ». Plus de {{num|60000}} exemplaires se sont vendus en une année<ref name=B4748/>.
Partiellement à la suite de son association avec les insoumis britanniques, Johnson s’engagea en publiant des tracts et des sermons défendant les [[Révolution américaine|révolutionnaires américains]]. Il commença avec le texte de Priestley ''Discours aux insoumis protestants de toutes dénominations, sur la prochaine élection des membres du parlement'' (1774), lequel pressait les insoumis de voter pour les candidats qui promettaient la liberté aux colonies américaines<ref>Braithwaite, 43–45.</ref>. Il continua sa série de pamphlets anti-gouvernementaux et pro-américains en publiant les sermons pour les « ''jours de jeûne'' » de Joshua Toulmin, George Walker, Ebenezer Radcliff, et Newcome Cappe<ref>Braithwaite, 44–46.</ref>. Braithwaite les décrit comme « critiques bien articulées du gouvernement » qui « étaient non seulement inhabituels, mais aussi potentiellement subversifs et perturbateurs », et {{Mme}} Braithwaite conclut que la décision de Johnson de publier beaucoup de ce matériel nous indique que Johnson soutenait et embrassait cette position politique<ref name=B4748>Braithwaite, 47–48.</ref>. En outre, Johnson publia le livre ''Observations sur la nature de liberté civile'' (1776) par [[Richard Price]], lequel Braithwaite appelle « probablement la plus importante défense anglaise des colons ». Plus de {{nb|60000}} exemplaires se sont vendus en une année<ref name=B4748/>.


En 1780 Johnson publia aussi les premières œuvres politiques complètes de [[Benjamin Franklin]] en [[Angleterre]], un risque politique car les colons américains étaient en rébellion à cette époque<ref>Tyson, 49–53; Braithwaite, 56–57.</ref>. Johnson ne reprenait pas normalement les textes coloniaux – car ses liens avec la révolution se faisaient généralenent avec les Dissenters – ainsi les textes que Johnson publia mettaient l'accent sur l’indépendance coloniale et les droits pour lesquels les Dissenters se battaient. « Le droit d'adresser des pétitions pour redresser les griefs, le maintien et la protection de l’égalité des droits, et le droit inaliénable de la liberté de conscience<ref>Braithwaite, 57.</ref>. »
En 1780 Johnson publia aussi les premières œuvres politiques complètes de [[Benjamin Franklin]] en [[Angleterre]], un risque politique car les colons américains étaient en rébellion à cette époque<ref>Tyson, 49–53; Braithwaite, 56–57.</ref>. Johnson ne reprenait pas normalement les textes coloniaux – car ses liens avec la révolution se faisaient généralenent avec les Dissenters – ainsi les textes que Johnson publia mettaient l'accent sur l’indépendance coloniale et les droits pour lesquels les Dissenters se battaient. « Le droit d'adresser des pétitions pour redresser les griefs, le maintien et la protection de l’égalité des droits, et le droit inaliénable de la liberté de conscience<ref>Braithwaite, 57.</ref>. »


===Les Textes Informatifs===
=== Les Textes Informatifs ===


Après 1770, Johnson commença à publier une gamme variée de livres, en particulier les textes scientifiques et médicaux. Un livre particulièrement important fut ''Une histoire naturelle des dents humaines'' (1771) qui a « élevé la dentisterie au niveau de la chirurgie<ref>Tyson, 46.</ref> ». Aussi Johnson soutenait les médecins quand ils questionnaient l’efficacité des remèdes et traitements, dont John Millar dans son ''Observation sur l'antimoine'' (1774), qui prétend que ''la poudre contre la fièvre'' de [[Robert James|{{Dr}} James]] était inefficace. Ce fut une publication risquée pour Johnson, car ce médicament breveté était populaire, et son collègue libraire John Newbery avait fait fortune en la vendant<ref>Tyson, 44–48; Chard (1975), 60.</ref>.[[Fichier:LawsRespectingWomen.jpg|thumb|right|alt= Page de titre partiellement : les Lois Respectant des Femmes, considèrant leurs Droits Naturels, ou leurs Connexions et Conduite; dans lequel leurs Intérêts et Devoirs sont des Filles, des Pupilles, des Héritières, des Célibataires, des Sœurs, des Femmes, des Veuves, des Mères, des Légataires, des Exécutrices testamentaires. Elles sont vérifiées et énumérées : Aussi, les Obligations des Parents et Enfants Et la Condition de Mineur…."| "Lois Respectant les Femmes" (1777), publie par Johnson, assisté de [[Mary Wollstonecraft]] avec la préparation pour son roman féministe ''Maria: ou, Les Torts des Femmes''(1798)<ref>Myers, Mitzi. "Unfinished Business: Wollstonecraft's ''Maria''." ''Wordsworth Circle'' 11.2 (1980), 114, n. 18.</ref>.]]
Après 1770, Johnson commença à publier une gamme variée de livres, en particulier les textes scientifiques et médicaux. Un livre particulièrement important fut ''Une histoire naturelle des dents humaines'' (1771) qui a « élevé la dentisterie au niveau de la chirurgie<ref>Tyson, 46.</ref> ». Aussi Johnson soutenait les médecins quand ils questionnaient l’efficacité des remèdes et traitements, dont [[John Millar]] dans son ''Observation sur l'antimoine'' (1774), qui prétend que ''la poudre contre la fièvre'' de [[Robert James|{{Dr}} James]] était inefficace. Ce fut une publication risquée pour Johnson, car ce médicament breveté était populaire, et son collègue libraire John Newbery avait fait fortune en la vendant<ref>Tyson, 44–48; Chard (1975), 60.</ref>.[[Fichier:LawsRespectingWomen.jpg|thumb|right|alt= Page de titre partiellement : les Lois Respectant des Femmes, considèrant leurs Droits Naturels, ou leurs Connexions et Conduite; dans lequel leurs Intérêts et Devoirs sont des Filles, des Pupilles, des Héritières, des Célibataires, des Sœurs, des Femmes, des Veuves, des Mères, des Légataires, des Exécutrices testamentaires. Elles sont vérifiées et énumérées : Aussi, les Obligations des Parents et Enfants Et la Condition de Mineur…."| "Lois Respectant les Femmes" (1777), publie par Johnson, assisté de [[Mary Wollstonecraft]] avec la préparation pour son roman féministe ''Maria: ou, Les Torts des Femmes''(1798)<ref>Myers, Mitzi. "Unfinished Business: Wollstonecraft's ''Maria''." ''Wordsworth Circle'' 11.2 (1980), 114, n. 18.</ref>.]]


En 1777, Johnson publia "Lois Respectant les Femmes, comme elles concernent leurs droits naturels", un œuvre remarquable. Tyson commente que « la valeur de ce livre est de munissant les femmes de la connaissance de leurs droits légaux, pour les situations où traditionnellement elles avaient été vulnérables à cause de leur ignorance<ref>Tyson, 50.</ref>. » Johnson publia ''Lois Respectant les Femmes'' anonymement, mais l’œuvre est parfois créditée à [[Elizabeth Chudleigh|Elizabeth Chudleigh Bristol]], connue pour son mariage bigame au {{2e}} duc de Kingston-upon-Hull. Cette publication préfigura les efforts de Johnson pour promouvoir les œuvres au sujet des questions féministes – comme ''[[Défense des droits de la femme]]'' (en 1792) – et son soutien aux écrivains féminins.
En 1777, Johnson publia "Lois Respectant les Femmes, comme elles concernent leurs droits naturels", un œuvre remarquable. Tyson commente que « la valeur de ce livre est de munissant les femmes de la connaissance de leurs droits légaux, pour les situations où traditionnellement elles avaient été vulnérables à cause de leur ignorance<ref>Tyson, 50.</ref>. » Johnson publia ''Lois Respectant les Femmes'' anonymement, mais l’œuvre est parfois créditée à [[Elizabeth Chudleigh|Elizabeth Chudleigh Bristol]], connue pour son mariage bigame au {{2e|duc}} de Kingston-upon-Hull. Cette publication préfigura les efforts de Johnson pour promouvoir les œuvres au sujet des questions féministes – comme ''[[Défense des droits de la femme]]'' (en 1792) – et son soutien aux écrivains féminins.


===Révolution en Littérature enfantine===
=== Révolution en Littérature enfantine ===


Aussi, Johnson a aussi contribué considérablement à la littérature enfantine. Sa publication de ''[[Lessons for Children|Leçons pour les enfants]]'' en 1778-79 ("''Lessons for Children''" en anglais) par [[Anna_Laetitia_Barbauld|Barbauld]], a engendré une révolution dans ce genre naissant. Le style simple, les dialogues maternels et le ton de conversationont inspiré une génération d'écrivains, comme [[Sarah Trimmer]]<ref>Braithwaite, 70.</ref>{{,}}<ref name=Mandell>Mandell, 108–13.</ref>. Johnson encouragea autres femmes à écrire dans ce genre, comme [[Charlotte Turner Smith|Charlotte Smith]], mais sa recommandation était toujours accompagnée de conseils sur la difficulté de bien écrire pour les enfants. Par exemple, il écrit à Smith, « peut-être tu ne peut pas utiliser ton temps ou ton talent extraordinaire plus utilement, pour le public et toi-même, qu’en composant des livres pour les enfants et les jeunes, mais je suis très conscient qu’il est extrêmement difficile d’acquérir la simplicité de style qui est leur grande recommandation<ref name=Mandell/>. » Plus tard, Johnson a aussi conseillé [[William Godwin]] et sa deuxième épouse Mary Jane Clairmont, quand ils ont publié leur collection juvénile en 1805.
Aussi, Johnson a aussi contribué considérablement à la littérature enfantine. Sa publication de ''[[Lessons for Children|Leçons pour les enfants]]'' en 1778-79 ("''Lessons for Children''" en anglais) par [[Anna Laetitia Barbauld|Barbauld]], a engendré une révolution dans ce genre naissant. Le style simple, les dialogues maternels et le ton de conversationont inspiré une génération d'écrivains, comme [[Sarah Trimmer]]<ref>Braithwaite, 70.</ref>{{,}}<ref name=Mandell>Mandell, 108–13.</ref>. Johnson encouragea autres femmes à écrire dans ce genre, comme [[Charlotte Turner Smith|Charlotte Smith]], mais sa recommandation était toujours accompagnée de conseils sur la difficulté de bien écrire pour les enfants. Par exemple, il écrit à Smith, « peut-être tu ne peux pas utiliser ton temps ou ton talent extraordinaire plus utilement, pour le public et toi-même, qu’en composant des livres pour les enfants et les jeunes, mais je suis très conscient qu’il est extrêmement difficile d’acquérir la simplicité de style qui est leur grande recommandation<ref name=Mandell/>. » Plus tard, Johnson a aussi conseillé [[William Godwin]] et sa deuxième épouse Mary Jane Clairmont, quand ils ont publié leur collection juvénile en 1805.


Johnson non seulement encourageait la littérature enfantine britannique, mais aussi parrainait en partie la traducation et la publication d'œuvres français comme ''L’Ami des Enfans<!-- l'oeuvre est orthographiée ainsi -->'' par [[Arnaud Berquin]] (1782-83)<ref name=T8184>Tyson, 81–84.</ref>.
Johnson non seulement encourageait la littérature enfantine britannique, mais aussi parrainait en partie la traducation et la publication d'œuvres français comme ''L’Ami des Enfans<!-- l'oeuvre est orthographiée ainsi -->'' par [[Arnaud Berquin]] (1782-83)<ref name=T8184>Tyson, 81–84.</ref>.


En plus des livres enfantins, Johnson publia des livres scolaires et manuels pour autodidactes, tels que ''L’introduction à l’orthographe et la lecture'' par John Hewlett (1786), ''L’introduction à la philosophie naturelle'' par [[William Nicholson (chimiste)|William Nicholson]], et ''Une introduction au mesurage et les mathématiques pratiques'' par John Bonnycastle, un ami de Johnson<ref name=Hall/>. John publia aussi des livres sur l’éducation des enfants comme le premier livre de Wollstonecraft, ''Pensées sur l’éducation des filles'' (1787)<ref name=T8184/>.
En plus des livres enfantins, Johnson publia des livres scolaires et manuels pour autodidactes, tels que ''L’introduction à l’orthographe et la lecture'' par John Hewlett (1786), ''L’introduction à la philosophie naturelle'' par [[William Nicholson (chimiste)|William Nicholson]], et ''Une introduction au mesurage et les mathématiques pratiques'' par [[John Bonnycastle]], un ami de Johnson<ref name=Hall/>. John publia aussi des livres sur l’éducation des enfants comme le premier livre de Wollstonecraft, ''Pensées sur l’éducation des filles'' (1787)<ref name=T8184/>.


À la fin de la décennie 1770, Johnson était devenu un éditeur prospère. Les écrivains - en particulier les dissenters – le recherchaient, et sa maison commençait à devenir le centre d'un milieu radical et intelligent. Parce qu'il était disposé à publier des opinions multiples, Johnson était respecté par les écrivains de toutes tendances politiques<ref>Tyson, 56; Chard (1975), 60.</ref>. Johnson publia beaucoup d'œuvres unitariennes, mais aussi des œuvres qui les critiquaient. Il était aussi [[Abolitionnisme|abolitionniste]] mais il publia des œuvres qui argumentaient en faveur du [[Traites négrières|commerce des esclaves]]. Il soutint la pratique de la vaccination, mais il publia également des œuvres qui critiquaient cette méthode<ref name="Chard 1977, 140">Chard (1977), 140.</ref>.
À la fin de la décennie 1770, Johnson était devenu un éditeur prospère. Les écrivains - en particulier les dissenters – le recherchaient, et sa maison commençait à devenir le centre d'un milieu radical et intelligent. Parce qu'il était disposé à publier des opinions multiples, Johnson était respecté par les écrivains de toutes tendances politiques<ref>Tyson, 56; Chard (1975), 60.</ref>. Johnson publia beaucoup d'œuvres unitariennes, mais aussi des œuvres qui les critiquaient. Il était aussi [[Abolitionnisme|abolitionniste]] mais il publia des œuvres qui argumentaient en faveur du [[Traites négrières|commerce des esclaves]]. Il soutint la pratique de la vaccination, mais il publia également des œuvres qui critiquaient cette méthode<ref name="Chard 1977, 140">Chard (1977), 140.</ref>.


== La décennie 1780 – Le succès ==
== La décennie 1780 – Le succès ==
[[Fichier:CowperPoems.png|200px|thumb|right|alt=La page indique "Poèmes, par William Cowper, du Inner Temple, Esq. en deux Volumes. Vol. I… Cinquième Édition. Londres: Publié par T. Bensley, Pour J. Johnson, St. Paul's Church-Yard. 1793."|Bien qu’il ait acheté le copyright, Johnson donna généreusement les profits de cette cinquième édition à [[William Cowper]]''.]] Au cours de la décennie 1780, Johnson obtint beaucoup de succès; il était à l'aise financièrement et son entreprise publiait plus de livres avec des nouveaux associés<ref name=Chard2002/>{{,}}<ref>Chard (1975), 65.</ref>. Bien que Johnson ait commencé sa carrière en éditeur prudent d’œuvres scientifiques et religieuses, à partir de 1780 commença à prendre des risques en encourageant ses amis à lui recommander de nouvelles œuvres. De cette manière il créa un réseau des relecteurs informels. Cependant, l’entreprise de Johnson ne fut jamais grande ; généralement il avait un seul adjoint, et il ne prit jamais un apprenti. Ce sera uniquement lors des dernières années de sa vie que deux membres de sa famille l'assisteront<ref>Tyson, 58; Chard (1975), 64.</ref>.
[[Fichier:CowperPoems.png|200px|thumb|right|alt=La page indique "Poèmes, par William Cowper, du Inner Temple, Esq. en deux Volumes. Vol. I… Cinquième Édition. Londres: Publié par T. Bensley, Pour J. Johnson, St. Paul's Church-Yard. 1793."|Bien qu’il ait acheté le copyright, Johnson donna généreusement les profits de cette cinquième édition à [[William Cowper]].]]
Au cours de la décennie 1780, Johnson obtint beaucoup de succès; il était à l'aise financièrement et son entreprise publiait plus de livres avec des nouveaux associés<ref name=Chard2002/>{{,}}<ref>Chard (1975), 65.</ref>. Bien que Johnson ait commencé sa carrière en éditeur prudent d’œuvres scientifiques et religieuses, à partir de 1780 commença à prendre des risques en encourageant ses amis à lui recommander de nouvelles œuvres. De cette manière il créa un réseau des relecteurs informels. Cependant, l’entreprise de Johnson ne fut jamais grande ; généralement il avait un seul adjoint, et il ne prit jamais un apprenti. Ce sera uniquement lors des dernières années de sa vie que deux membres de sa famille l'assisteront<ref>Tyson, 58; Chard (1975), 64.</ref>.


===Littérature===
=== Littérature ===


Quand la situation financière de Johnson se stabilisa, il commença à publier les auteurs littéraires, comme le célèbre poète [[William Cowper]]. Johnson édita les livres de Cowper dont ''Poems'' (1782) et ''The Task'' (1784) à ses propres frais, un acte généreux à cette époque où l’auteur assumait généralement le risque financier de leur publication. Johnson en fut bien récompensé par des ventes substantielles des deux volumes. Il publia beaucoup d'œuvres de Cowper, y compris la satire anonyme ''Anti-thelyphora'' (1780), qui se moqua de l'œuvre du Rév. Martin Madan, un cousin de Cowper, qui préconisait la polygamie comme une solution à la prostitution. Johnson composa et édita même une critique des poésies de Cowper, « tout à fait à l’avantage des poèmes » selon Cowper<ref>Qtd. in Chard (1977), 143, n. 20; Braithwaite, 62, 71–76</ref>.
Quand la situation financière de Johnson se stabilisa, il commença à publier les auteurs littéraires, comme le célèbre poète [[William Cowper]]. Johnson édita les livres de Cowper dont ''Poems'' (1782) et ''The Task'' (1784) à ses propres frais, un acte généreux à cette époque où l’auteur assumait généralement le risque financier de leur publication. Johnson en fut bien récompensé par des ventes substantielles des deux volumes. Il publia beaucoup d'œuvres de Cowper, y compris la satire anonyme ''Anti-thelyphora'' (1780), qui se moqua de l'œuvre du Rév. Martin Madan, un cousin de Cowper, qui préconisait la polygamie comme une solution à la prostitution. Johnson composa et édita même une critique des poésies de Cowper, « tout à fait à l’avantage des poèmes » selon Cowper<ref>Qtd. in Chard (1977), 143, n. 20; Braithwaite, 62, 71–76</ref>.


En 1791, Johnson publia les traductions d'[[Homère]] par William Cowper, (considérablement éditées et corrigées par Fuseli), et trois années après la mort de Cowper en 1800, il publia une biographie du poète William Hayley<ref name=Hall/>{{,}}<ref>Tyson, 62–66; Chard (1975), 79, n. 87; Zall, 25–26.</ref>.
En 1791, Johnson publia les traductions d'[[Homère]] par William Cowper, (considérablement éditées et corrigées par Fuseli), et trois années après la mort de Cowper en 1800, il publia une biographie du poète William Hayley<ref name=Hall/>{{,}}<ref>Tyson, 62–66; Chard (1975), 79, n. 87; Zall, 25–26.</ref>.


Johnson ne publia jamais beaucoup de "littérature créative", et Chard attribua ce fait à « une hostilité prolongée [[Calvinisme|calviniste]] envers la littérature imaginative<ref name=C(1975)61>Chard (1975), 61.</ref> ». De nombreuses œuvres littéraire que Johnson publia étaient religieuses ou [[Didactique|didactiques]]<ref name=C(1975)61/>. Les œuvres les plus populaires de ce genre étaient les anthologies ; la plus importante est probablement « The Speaker » (Le diseur) par William Enfield en 1774, qui connut beaucoup de rééditions et engendra beaucoup d'imitations, comme « The Female Speaker » (Le diseur féminin) par [[Mary Wollstonecraft|Wollstonecraft]]<ref name=C(1975)61/>.
Johnson ne publia jamais beaucoup de "littérature créative", et Chard attribua ce fait à « une hostilité prolongée [[Calvinisme|calviniste]] envers la littérature imaginative<ref name=C(1975)61>Chard (1975), 61.</ref> ». De nombreuses œuvres littéraires que Johnson publia étaient religieuses ou [[didactique]]s<ref name=C(1975)61/>. Les œuvres les plus populaires de ce genre étaient les anthologies ; la plus importante est probablement « The Speaker » (Le diseur) par William Enfield en 1774, qui connut beaucoup de rééditions et engendra beaucoup d'imitations, comme « The Female Speaker » (Le diseur féminin) par [[Mary Wollstonecraft|Wollstonecraft]]<ref name=C(1975)61/>.


===Les publications médicales et scientifiques===
=== Les publications médicales et scientifiques ===


Johnson continua de s’intéresser à la publication des textes de médecine pratique lors des décennies 1780 et 1790. Pendant la décennie 1780, Johnson publia quelques-uns des livres les plus importants de ce genre. Le médecin John Aiken dit de Johnson qu’il avait établi intentionnellement son entreprise sur « le chemin que les étudiants médicaux prenaient vers les hôpitaux », où ils ne manqueraient pas de voir ses livres, ce qui a permis à Johnson d'établir son industrie de la publication des livres médicaux<ref>Qtd. in Chard (1975), 55; see also Braithwaite, 5.</ref>.
Johnson continua de s’intéresser à la publication des textes de médecine pratique lors des décennies 1780 et 1790. Pendant la décennie 1780, Johnson publia quelques-uns des livres les plus importants de ce genre. Le médecin John Aiken dit de Johnson qu’il avait établi intentionnellement son entreprise sur « le chemin que les étudiants médicaux prenaient vers les hôpitaux », où ils ne manqueraient pas de voir ses livres, ce qui a permis à Johnson d'établir son industrie de la publication des livres médicaux<ref>Qtd. in Chard (1975), 55; see also Braithwaite, 5.</ref>.


Johnson publiait les œuvres d'insoumis scientifiques qu'il avait rencontrés grâce à Priestley et Barbauld, comme Thomas Beddoes et [[Thomas Young]]. Il publia le livre pour enfants traitant des oiseaux par l'industriel [[Samuel Galton]] et une traduction par la [[Lunar Society]] de « ''Fundamentorum botanicorum'' » (1783) de [[Carl von Linné]]<ref>Tyson, 17–18, 22, 75; Chard (1975), 65; Braithwaite, 62.</ref>. Il publia aussi les œuvres de [[James Edward Smith]], le botaniste qui apporta [[nom binominal|le système linnéen]] en Angleterre <ref>Chard (1975), 60.</ref>.
Johnson publiait les œuvres d'insoumis scientifiques qu'il avait rencontrés grâce à Priestley et Barbauld, comme [[Thomas Beddoes]] et [[Thomas Young]]. Il publia le livre pour enfants traitant des oiseaux par l'industriel [[Samuel Galton]] et une traduction par la [[Lunar Society]] de « ''Fundamentorum botanicorum'' » (1783) de [[Carl von Linné]]<ref>Tyson, 17–18, 22, 75; Chard (1975), 65; Braithwaite, 62.</ref>. Il publia aussi les œuvres de [[James Edward Smith]], le botaniste qui apporta [[nom binominal|le système linnéen]] en Angleterre<ref>Chard (1975), 60.</ref>.


En 1784, Johnson publia ''Une enquête sur la prévention de la variole'' par John Haygarth, un livre qui fit avancer la compréhension et le traitement de la [[variole]]. Par la suite, Johnson publia plusieurs œuvres d'Haygarth qui promouvaient [[inoculation|l’inoculation]] (et plus tard la [[vaccination]]) pour la population saine, et la quarantaine pour les malades <ref>Tyson, 77, 107–08, 180–81.</ref>. Aussi, il publia l’œuvre de James Earl, un chirurgien éminent qui écrivit un livre significatif sur la [[lithotomie]], lequel était illustré par [[William Blake]], et le livre ''Morbid Anatomy'' (1793) de Matthew Baillie, « le premier texte de la pathologie qui soit dévoué à cette science exclusivement par l’arrangement systématique » <ref name=Chard2002/>{{,}}<ref>Chard (1975), 60; Braithwaite, 61.</ref>.
En 1784, Johnson publia ''Une enquête sur la prévention de la variole'' par John Haygarth, un livre qui fit avancer la compréhension et le traitement de la [[variole]]. Par la suite, Johnson publia plusieurs œuvres d'Haygarth qui promouvaient [[inoculation|l’inoculation]] (et plus tard la [[vaccination]]) pour la population saine, et la quarantaine pour les malades<ref>Tyson, 77, 107–08, 180–81.</ref>. Aussi, il publia l’œuvre de James Earl, un chirurgien éminent qui écrivit un livre significatif sur la [[lithotomie]], lequel était illustré par [[William Blake]], et le livre ''Morbid Anatomy'' (1793) de Matthew Baillie, « le premier texte de la pathologie qui soit dévoué à cette science exclusivement par l’arrangement systématique »<ref name=Chard2002/>{{,}}<ref>Chard (1975), 60; Braithwaite, 61.</ref>.


Non seulement Johnson publiait la grande majorité des œuvres théologiques de Priestley, mais il publiait aussi ses œuvres scientifiques comme ‘''[[Experiments and Observations on Different Kinds of Air]]''’ (1774–77), dans lequel Priestley déclarait sa découverte de l’oxygène. Johnson publia aussi les œuvres de [[Carl Wilhelm Scheele]] et [[Antoine Lavoisier]], qui ont tous les deux revendiqué la découverte de l’oxygène pour eux-mêmes. Quand Lavoisier commença à publier ses œuvres en France, sur le sujet de la « [[Révolution chimique|chimie moderne]] » qu'il avait développée, laquelle inclut les idées modernes des éléments et composés. Johnson les fit traduire et publier immédiatement, malgré son association avec Priestley, qui argumentait contre le nouveau système de Lavoisier. Johnson fut le premier à publier une édition anglaise des œuvres de chimie de Lavoisier et il se tenait au courant du debat en cours. Ces livres rapportèrent bien pour Johnson et ils augmentèrent la réputation de Johnson chez les hommes de science<ref>Tyson, 50, 73–74.</ref>.
Non seulement Johnson publiait la grande majorité des œuvres théologiques de Priestley, mais il publiait aussi ses œuvres scientifiques comme ‘''[[Experiments and Observations on Different Kinds of Air]]''’ (1774–77), dans lequel Priestley déclarait sa découverte de l’oxygène. Johnson publia aussi les œuvres de [[Carl Wilhelm Scheele]] et [[Antoine Lavoisier]], qui ont tous les deux revendiqué la découverte de l’oxygène pour eux-mêmes. Quand Lavoisier commença à publier ses œuvres en France, sur le sujet de la « [[Révolution chimique|chimie moderne]] » qu'il avait développée, laquelle inclut les idées modernes des éléments et composés. Johnson les fit traduire et publier immédiatement, malgré son association avec Priestley, qui argumentait contre le nouveau système de Lavoisier. Johnson fut le premier à publier une édition anglaise des œuvres de chimie de Lavoisier et il se tenait au courant du debat en cours. Ces livres rapportèrent bien pour Johnson et ils augmentèrent la réputation de Johnson chez les hommes de science<ref>Tyson, 50, 73–74.</ref>.


===Le cercle de Johnson et les dîners===
=== Le cercle de Johnson et les dîners ===
Avec le temps, la maison de Johnson devint un centre pour les penseurs radicaux, qui étaient reconnaissants de l’ouverture d’esprit de Johnson, de sa générosité et de son humanitarisme. Bien qu’ils étaient séparés par la géographie et la distance, ces penseurs se rencontraient chez Johnson pour discuter et débattre, souvent autour du dîner. Ce réseau mettait les ateurs en contact, mais aussi il apportait à Johnson de nouveaux écrivains avec qui faire affaires. Par exemple, Priestley introduisit [[John Newton (1725-1807)|John Newton]] auprès de Johnson, Newton introduisit John Hewlett, et Hewlett amena [[Mary Wollstonecraft]] au dîner. Wollstonecraft introduisit [[Mary Hays]], qui amena [[William Godwin]] <ref>Chard (1977), 150.</ref>. Johnson devint le plus célèbre éditeur d'une génération d'écrivains grâce à ce réseau et à sa réputation en publiant des livres qui promouvaient la libre-pensée. En rassemblant les gens inventifs et profonds, Johnson était « ''en plein cœur de la vie intellectuelle en Angleterre depuis plus de vingt ans''<ref name=Tomalin/>{{,}}<ref>Chard (1975), 51; Zall, 26.</ref>». Surtout, le cercle de Johnson incluait plus que les libéraux et radicaux. Chard met l'accent sur le fait que « ''le cercle était uni par un intérêt commun en idées et par la créativité plutôt que le radicalisme politique'' <ref>Chard (1975), 68; Zall, 26.</ref>». [[Fichier:John Henry Fuseli - The Nightmare.JPG|left|thumb|alt=Tableau d'une femme, portant une robe de nuit blanche, en train de rêver. Elle est couchée sur un lit les bras alanguis. Un lutin grotesque est assis sur sa poitrine.| Avec le portrait de Priestley (voir plus haut), ''The Nightmare'' par [[Henry Fuseli]] (1781) était accroché au-dessus les invités de Johnson <ref>Chard (1975), 63.</ref>.]]
Avec le temps, la maison de Johnson devint un centre pour les penseurs radicaux, qui étaient reconnaissants de l’ouverture d’esprit de Johnson, de sa générosité et de son humanitarisme. Bien qu’ils fussent séparés par la géographie et la distance, ces penseurs se rencontraient chez Johnson pour discuter et débattre, souvent autour du dîner. Ce réseau mettait les auteurs en contact, mais aussi il apportait à Johnson de nouveaux écrivains avec qui faire affaires. Par exemple, Priestley introduisit [[John Newton (1725-1807)|John Newton]] auprès de Johnson, Newton introduisit John Hewlett, et Hewlett amena [[Mary Wollstonecraft]] au dîner. Wollstonecraft introduisit [[Mary Hays]], qui amena [[William Godwin]]<ref>Chard (1977), 150.</ref>. Johnson devint le plus célèbre éditeur d'une génération d'écrivains grâce à ce réseau et à sa réputation en publiant des livres qui promouvaient la [[libre-pensée]]. En rassemblant les gens inventifs et profonds, Johnson était « ''en plein cœur de la vie intellectuelle en Angleterre depuis plus de vingt ans''<ref name=Tomalin/>{{,}}<ref>Chard (1975), 51; Zall, 26.</ref>». Surtout, le cercle de Johnson incluait plus que les libéraux et radicaux. Chard met l'accent sur le fait que « ''le cercle était uni par un intérêt commun en idées et par la créativité plutôt que le radicalisme politique''<ref>Chard (1975), 68; Zall, 26.</ref>». [[Fichier:John Henry Fuseli - The Nightmare.JPG|thumb|alt=Tableau d'une femme, portant une robe de nuit blanche, en train de rêver. Elle est couchée sur un lit les bras alanguis. Un lutin grotesque est assis sur sa poitrine.| Avec le portrait de Priestley (voir plus haut), ''The Nightmare'' par [[Henry Fuseli]] (1781) était accroché au-dessus les invités de Johnson<ref>Chard (1975), 63.</ref>.]]


Comme Tyson le note, bien que « le cercle de Johnson » est écrit au singulier en général, il y avait deux tels « cercles ». Le premier se composait de ses associés à Londres : Fuseli, Gregory, Bonnycastle, et Geddes. Le deuxième groupe était composé de écrivains résidant plus loin, comme Priestley, Thomas Henry, Thomas Percival, Barbauld, Aikin, et Enfield. Plus tard, plus radicaux s'y joindront, dont Wollstonecraft, Wakefield, [[John Horne Tooke]], et Thomas Christie <ref>Tyson, 66.</ref>.
Comme Tyson le note, bien que « le cercle de Johnson » soit écrit au singulier en général, il y avait deux tels « cercles ». Le premier se composait de ses associés à Londres : Fuseli, Gregory, Bonnycastle, et Geddes. Le deuxième groupe était composé de écrivains résidant plus loin, comme Priestley, Thomas Henry, Thomas Percival, Barbauld, Aikin, et Enfield. Plus tard, plus radicaux s'y joindront, dont Wollstonecraft, Wakefield, [[John Horne Tooke]], et Thomas Christie<ref>Tyson, 66.</ref>.


Les repas de Johnson devinrent légendaires et, à la lecture de certains journaux intimes, il apparait qu’un grand nombre de gens étaient chaque fois présents <ref>Pour une liste des participants les plus célèbres, voyez Tyson, 121.</ref>. Bien que peu de personnes fussent régulièrement présentes, hormis ses amis de Londres (comme Fuseli, Bonnycastle et, plus tard, Godwin), le grand nombre de gens importants, comme [[Thomas Paine]], qui allaient à ces dîners, atteste la réputation de Johnson <ref>Lau, 104–09.</ref>. Le plaisir et la stimulation intellectuelle que les dîners procurèrent sont soulignés par de nombreuses références dans des journaux intimes et lettres. Barbaul écrivit à son frère en 1784 que « nos soirées, particulièrement chez Johnson, étaient tellement amicales et vives, que certains fois nous les prolongions jusqu'à – mais, je ne raconte pas de fables » <ref>Qtd. in Tyson, 118.</ref>. Pendant un repas en 1791, Godwin note que la conversation s'est concentrée sur « la monarchie, [[John_Horne_Tooke|Tooke]], [[Samuel Johnson]], [[Voltaire]], les idées nouvelles, et la religion » <ref>Qtd. in Tyson, 122.</ref>. Bien que la conversation fût stimlante, Johnson servait des repas simples à ses invites, comme du cabillaud bouilli, du veau, des légumes, et du riz au lait. Plusieurs des personnes qui se sont rencontrées à ces repas devinrent bons amis - comme Fuseli et Bonnycastle. Godwin et Wollstonecraft se sont même mariés<ref>Tyson, 118; Gaull, 266; Chard (1975), 62–63.</ref>.
Les repas de Johnson devinrent légendaires et, à la lecture de certains journaux intimes, il apparait qu’un grand nombre de gens étaient chaque fois présents<ref>Pour une liste des participants les plus célèbres, voyez Tyson, 121.</ref>. Bien que peu de personnes fussent régulièrement présentes, hormis ses amis de Londres (comme Fuseli, Bonnycastle et, plus tard, Godwin), le grand nombre de gens importants, comme [[Thomas Paine]], qui allaient à ces dîners, atteste la réputation de Johnson<ref>Lau, 104–09.</ref>. Le plaisir et la stimulation intellectuelle que les dîners procurèrent sont soulignés par de nombreuses références dans des journaux intimes et lettres. Barbaul écrivit à son frère en 1784 que « nos soirées, particulièrement chez Johnson, étaient tellement amicales et vives, que certains fois nous les prolongions jusqu'à – mais, je ne raconte pas de fables »<ref>Qtd. in Tyson, 118.</ref>. Pendant un repas en 1791, Godwin note que la conversation s'est concentrée sur « la monarchie, [[John Horne Tooke|Tooke]], [[Samuel Johnson]], [[Voltaire]], les idées nouvelles, et la religion »<ref>Qtd. in Tyson, 122.</ref>. Bien que la conversation fût stimlante, Johnson servait des repas simples à ses invites, comme du cabillaud bouilli, du veau, des légumes, et du riz au lait. Plusieurs des personnes qui se sont rencontrées à ces repas devinrent bons amis - comme Fuseli et Bonnycastle. Godwin et Wollstonecraft se sont même mariés<ref>Tyson, 118; Gaull, 266; Chard (1975), 62–63.</ref>.


===L’amitié avec Mary Wollstonecraft===
=== L’amitié avec Mary Wollstonecraft ===


L’amitié entre Johnson et Mary Wollstonecraft fut un fait marquant dans la vie de tous les deux, et elle illustre le rôle actif que Johnson prenait dans le développement de talents littéraires. En 1787, Wollstonecraft a des soucis financiers: elle venait juste d'abandonner un emploi de gouvernante en Irlande et avait déménagé à Londres. Elle s’est décidée à écrire à une époque où les femmes n’avaient pas beaucoup d'opportunités pour écrire professionnellement. Après que le professeur unitarien John Hewlett suggéra à Wollstonecraft d'envoyer ses écrits à Johnson, un durable rapport de soutien mutuel se développa entre Johnson et Wollstonecraft. Il se négocia avec ses créanciers, lui obtint un logement, paya à l’avance pour son premier livre, ''[[Thoughts on the Education of Daughters]]'' (1787) (« ''Pensées sur l'éducation des filles'' »), et son premier roman, ''[[Mary: A Fiction]]'' (1788). Johnson introduisit Wollstonecraft en ses soirées hebdomadaires, et il la présenta à tous, où elle fit la connaissance de gens célèbres comme Thomas Paine et son futur mari, William Godwin. On estime qu’elle écrivit 200 articles pour le périodique de Johnson, l’''[[Analytical Review]]''. Elle considerait Johnson comme un vrai ami ; après un dis accord elle lui envoya ce mot le matin suivant :
L’amitié entre Johnson et Mary Wollstonecraft fut un fait marquant dans la vie de tous les deux, et elle illustre le rôle actif que Johnson prenait dans le développement de talents littéraires. En 1787, Wollstonecraft a des soucis financiers: elle venait juste d'abandonner un emploi de gouvernante en Irlande et avait déménagé à Londres. Elle s’est décidée à écrire à une époque où les femmes n’avaient pas beaucoup d'opportunités pour écrire professionnellement. Après que le professeur unitarien John Hewlett suggéra à Wollstonecraft d'envoyer ses écrits à Johnson, un durable rapport de soutien mutuel se développa entre Johnson et Wollstonecraft. Il se négocia avec ses créanciers, lui obtint un logement, paya à l’avance pour son premier livre, ''[[Thoughts on the Education of Daughters]]'' (1787) (« ''Pensées sur l'éducation des filles'' »), et son premier roman, ''[[Mary: A Fiction]]'' (1788). Johnson introduisit Wollstonecraft en ses soirées hebdomadaires, et il la présenta à tous, où elle fit la connaissance de gens célèbres comme Thomas Paine et son futur mari, William Godwin. On estime qu’elle écrivit 200 articles pour le périodique de Johnson, l’''[[Analytical Review]]''. Elle considerait Johnson comme un vrai ami ; après un dis accord elle lui envoya ce mot le matin suivant :


<blockquote>J’ai le moral bas depuis la soirée hier, quand tu m'as parlé d’une manière sévère – tu es mon seul ami – la seule personne avec qui je suis intime. –Je n’ai pas eu de père, ni de frère – tu es les deux pour moi, depuis je t’ai connu – bien sur j’ai été irascible parfois. – J’ai repensé à ses moments de mauvaise humeur, et ils m'apparaissent comme des crimes. Cordialement, Mary<ref>Qtd in Holmes, 92.</ref>.</blockquote>
{{Citation bloc|J’ai le moral bas depuis la soirée hier, quand tu m'as parlé d’une manière sévère – tu es mon seul ami – la seule personne avec qui je suis intime. –Je n’ai pas eu de père, ni de frère – tu es les deux pour moi, depuis je t’ai connu – bien sur j’ai été irascible parfois. – J’ai repensé à ses moments de mauvaise humeur, et ils m'apparaissent comme des crimes. Cordialement, Mary<ref>Qtd in Holmes, 92.</ref>.}}


Johnson offrit à Wollstonecraft un travail de traductrice, et lui demanda d'apprendre le français et l'allemand. Plus important, il lui prodigua ses encouragements lors de l'écriture de ses ouvrages politiques majeurs, ''[[:en:A Vindication of the Rights of Men]]'' (1790) et ''[[:en:A Vindication of the Rights of Woman]]'' (1792)<ref name=Hall/>{{,}}<ref>Tyson, 67–68; Chard (1975), 51; Zall, —26–27; Braithwaite, 71.</ref>.
Johnson offrit à Wollstonecraft un travail de traductrice, et lui demanda d'apprendre le français et l'allemand. Plus important, il lui prodigua ses encouragements lors de l'écriture de ses ouvrages politiques majeurs, ''[[A Vindication of the Rights of Men]]'' (1790) et ''[[A Vindication of the Rights of Woman]]'' (1792)<ref name=Hall/>{{,}}<ref>Tyson, 67–68; Chard (1975), 51; Zall, —26–27; Braithwaite, 71.</ref>.


==Les années de radicalisme (1790)==
== Les années de radicalisme (1790) ==
[[Fichier:Gillray New Morality portion.png|thumb|right|400px|alt=Une corne d'abondance émettant des pamphlets radicaux, entourée de révolutionnaires coiffés de chapeaux tricolores.|Détail du dessin politique de [[James Gillray]]
[[Fichier:Gillray New Morality portion.png|thumb|right|400px|alt=Une corne d'abondance émettant des pamphlets radicaux, entourée de révolutionnaires coiffés de chapeaux tricolores.|Détail du dessin politique de [[James Gillray]]
[[:Image:GillrayNewMorality.jpg|''La nouvelle Moralité'']] publié dans le ''[[Anti-Jacobin Review]]'' (1798); la plupart des pamphlets radicaux dérivés de "la corne d'abondance de l'ignorance" ont été publiés par Johnson: [[Erasmus Darwin|Darwin]], [[Gilbert Wakefield|Wakefield]], [[John Horne Tooke|Horne Tooke]], [[Thomas Paine|Paine]], [[Samuel Taylor Coleridge|Coleridge]], [[Joseph Priestley|Priestley]], et d'autres.]]
[[:Image:GillrayNewMorality.jpg|''La nouvelle Moralité'']] publié dans le ''[[Anti-Jacobin Review]]'' (1798); la plupart des pamphlets radicaux dérivés de « la corne d'abondance de l'ignorance » ont été publiés par Johnson : [[Erasmus Darwin|Darwin]], [[Gilbert Wakefield|Wakefield]], [[John Horne Tooke|Horne Tooke]], [[Thomas Paine|Paine]], [[Samuel Taylor Coleridge|Coleridge]], [[Joseph Priestley|Priestley]], et d'autres.]]


Alors que le radicalisme prenait racine en Grande-Bretagne dans les années 1790, Johnson s'impliqua de plus en plus dans cette cause : il devint membre de la [[Society for Constitutional Information]], qui tentait de réformer le Parlement; il publia des travaux défendant les [[:en:English dissenters|Dissenters]] après les émeutes à motivation religieuse de 1791 ([[:en:Priestley Riots|émeutes de Birmingham]]), et il témoigna en faveur des personnes arrêtées lors des [[:en:1794 Treason Trials|procès pour trahison de 1794]]<ref name=Chard2002/>. Il publia des travaux défendant les droits des [[Abolitionnisme|esclaves]], des Juifs, des femmes, des prisonniers, des dissenters, des ramoneurs, des animaux maltraités, des étudiants universitaires empêchés de se marier, des victimes de l'enrôlement forcé dans la marine, et des personnes injustement accusées de braconnage<ref name=Tomalin/>.
Alors que le radicalisme prenait racine en Grande-Bretagne dans les années 1790, Johnson s'impliqua de plus en plus dans cette cause : il devint membre de la [[Society for Constitutional Information]], qui tentait de réformer le Parlement ; il publia des travaux défendant les {{anglais|[[Dissidents anglais|Dissenters]]}} après les émeutes à motivation religieuse de 1791 ([[émeutes de Birmingham]]) et il témoigna en faveur des personnes arrêtées lors des [[procès pour trahison de 1794]]<ref name=Chard2002/>. Il publia des travaux défendant les droits des [[Abolitionnisme|esclaves]], des Juifs, des femmes, des prisonniers, des {{anglais|Dissenters}}, des ramoneurs, des animaux maltraités, des étudiants universitaires empêchés de se marier, des victimes de l'enrôlement forcé dans la marine, et des personnes injustement accusées de braconnage<ref name=Tomalin/>.


La littérature politique devint le pilier de Johnson dans les années 1790, pendant lesquelles il en publia 118 ouvrages, soit 57 % de sa production politique. Comme le note Chard, "il se passa pas un an sans au moins une publication anti guerre et une autre anti esclavage de Johnson
La littérature politique devint le pilier de Johnson dans les années 1790, pendant lesquelles il en publia {{nobr|118 ouvrages}}, soit 57 % de sa production politique. Comme le note Chard, « il se passa pas un an sans au moins une publication anti-guerre et une autre anti-esclavage de Johnson »<ref name=Chard2002/>. En particulier, Johnson publia des travaux [[abolitionnisme|abolitionnistes]], tels que ''Thoughts Upon the African Slave Trade'' (1788) de [[John Newton (1725-1807)|John Newton]], pasteur et ancien capitaine de navire de [[traite négrière]], ''Epistle to William Wilberforce'' (1791), de Barbauld et ''Narrative, of a Five Years' Expedition, Against the Revolted Negroes of Surinam'' (1796) du capitaine [[John Gabriel Stedman]] (avec des illustrations de Blake). Plus important encore, il contribua à la publication de ''{{Lien|The Interesting Narrative of the Life of Olaudah Equiano}}'' (1789), l'autobiographie de l'ancien esclave [[Olaudah Equiano]]<ref>Braithwaite, 77–78.</ref>.
<ref name=Chard2002/>. En particulier, Johnson publia des travaux [[abolitionnisme|abolitionnistes]], tels que ceux de [[John Newton]], pasteur et ancien capitaine de navire de [[traite négrière]]: ''Thoughts Upon the African Slave Trade'' (1788), de Barbauld ''Epistle to William Wilberforce'' (1791), et du capitaine [[:en:John Gabriel Stedman|John Gabriel Stedman]] ''Narrative, of a Five Years' Expedition, Against the Revolted Negroes of Surinam'' (1796) (avec des illustrations de Blake). Plus important encore, il supporta l'organisation de la publication de ''[[:en:The Interesting Narrative of the Life of Olaudah Equiano]]'' (1789), l'autobiographie de l'ancien esclave [[Olaudah Equiano]]<ref>Braithwaite, 77–78.</ref>.


Plus tard dans la décennie, Johnson se concentra sur des travaux relatifs à la Révolution française, principalement sur ceux provenant de la France elle-même, mais il publia aussi des commentaires américains de [[Thomas Jefferson]] et [[James Monroe]]. Cependant, la détermination de Johnson à publier des travaux politiques et révolutionnaires, fit éclater ses Cercles : les Dissenters se sont éloignés des Anglicans pendant leurs efforts pour abroger le [[Test Act]] et les [[Corporation Act 1661|orporation Acts]] et les modérés se sont heurtés aux radicaux pendant la Révolution française. Johnson y a perdu des clients, des amis et des écrivaine, dont l'auteur de livres pour enfants [[Sarah Trimmer]]. Braithwaite suppose que Johnson perdit aussi des occasions d'affaire à cause de sa volonté de produire des œuvres promouvant les "difficiles nouvelles versions historicistes des Écritures", telles que celles d'[[:en:Alexander Geddes|Alexander Geddes]]<ref>Chard (1975), 65–66; Zall, 27–28; Tyson, 135–40, 148ff; Braithwaite, 78–86, 143.</ref>.
Plus tard dans la décennie, Johnson se concentra sur des travaux relatifs à la Révolution française, principalement sur ceux provenant de la France elle-même, mais il publia aussi des commentaires américains de [[Thomas Jefferson]] et [[James Monroe]]. Cependant, la détermination de Johnson à publier des travaux politiques et révolutionnaires fit éclater ses cercles : les {{anglais|Dissenters}} se sont éloignés des anglicans pendant leurs efforts pour abroger le [[Test Act]] et les [[Corporation Act 1661|Corporation Acts]] et les modérés se sont heurtés aux radicaux pendant la Révolution française. Johnson y a perdu des clients, des amis et des écrivaines, dont l'auteur de livres pour enfants [[Sarah Trimmer]]. Braithwaite suppose que Johnson perdit aussi des occasions d'affaire à cause de sa volonté de produire des œuvres promouvant les « difficiles nouvelles versions historicistes des Écritures », telles que celles d'{{Lien|langue=en|fr=Alexander Geddes}}<ref>Chard (1975), 65–66; Zall, 27–28; Tyson, 135–40, 148ff; Braithwaite, 78–86, 143.</ref>.


Les érudits remarquent cependant que Johnson n'a publié aucun ouvrage vraiment révolutionnaire, à part les travaux de [[Benjamin Franklin]] et les pamphlets de [[Joel Barlow]]. Il a, par exemple, refusé de publier les ''[[Rights of Man]]'' de Paine et ''[[:en:The French Revolution (Blake)|The French Revolution]]'' de [[William Blake]]. Il est presque impossible de déduire les opinions politiques personnelles de Johnson à partir des archives historiques. Marilyn Gaull soutient que "si Johnson était radical, ou même s'il avait une inclinaison politique… c'était accidentellement<ref name=G26768>Gaull, 267–68.</ref>". Gaull décrit le libéralisme de Johnson comme celui d'un " défenseur généreux, ouvert, juste d'esprit, impartial, des causes gagnées ou perdues<ref name=G26768/>". Sa contribution réelle, affirme-t-elle, fut "la dissémination du savoir contemporain, particulièrement en science, médecine, et pratiques pédagogiques<ref name=G26768/>", et la promotion vers un style populaire. Il encourageait ses écrivains à utiliser "une syntaxe simple et une diction familière", afin que "les lecteurs autodidactes" puissent comprendre ses publications<ref>Gaull, 271.</ref>. On a auparavant utilisé l'association de Johnson avec des écrivains tels que Godwin pour mettre l'accent sur son radicalisme, mais Braithwaite fait remarquer que Gogwin ne commença à faire partie du cercle de Johnson qu'à partir de la fin des années 1790; les amis les plus proches de Johnson —Priestley, Fuseli, et Bonnycastle— et bien plus modérés politiquement. Johnson n'était pas un imprimeur populiste ou démocratique : il tentait de satisfaire la classe moyenne autodidacte<ref>Braithwaite, 164–66.</ref>.
Les érudits remarquent cependant que Johnson n'a publié aucun ouvrage vraiment révolutionnaire, à part les travaux de [[Benjamin Franklin]] et les pamphlets de [[Joel Barlow]]. Il a, par exemple, refusé de publier les ''[[Rights of Man]]'' de Paine et ''{{Lien|langue=en|trad=The French Revolution (Blake)|fr=The French Revolution}}'' de [[William Blake]]. Il est presque impossible de déduire les opinions politiques personnelles de Johnson à partir des archives historiques. Marilyn Gaull soutient que « si Johnson était radical, ou même s'il avait une inclinaison politique… c'était accidentellement<ref name=G26768>Gaull, 267–68.</ref> ». Gaull décrit le libéralisme de Johnson comme celui d'un « défenseur généreux, ouvert, juste d'esprit, impartial, des causes gagnées ou perdues<ref name=G26768/> ». Sa contribution réelle, affirme-t-elle, fut « la dissémination du savoir contemporain, particulièrement en science, médecine, et pratiques pédagogiques<ref name=G26768/> », et la promotion vers un style populaire. Il encourageait ses écrivains à utiliser « une syntaxe simple et une diction familière », afin que « les lecteurs autodidactes » puissent comprendre ses publications<ref>Gaull, 271.</ref>. On a auparavant utilisé l'association de Johnson avec des écrivains tels que Godwin pour mettre l'accent sur son radicalisme, mais Braithwaite fait remarquer que Gogwin ne commença à faire partie du cercle de Johnson qu'à partir de la fin des années 1790 ; les amis les plus proches de Johnson {{incise|Priestley, Fuseli, et Bonnycastle}} et bien plus modérés politiquement. Johnson n'était pas un imprimeur populiste ou démocratique : il tentait de satisfaire la classe moyenne autodidacte<ref>Braithwaite, 164–66.</ref>.


===Controverse sur la Révolution===
=== Controverse sur la Révolution ===
En 1790, avec la publication de ses ''[[Reflections on the Revolution in France]]'', le philosophe et homme d'État [[Edmund Burke]] lança la première salve d'une féroce guerre de pamphlets qui devint connue sous le nom de ''[[Controverse révolutionnaire]]''. Parce qu'il avait soutenu la [[Révolution américaine]], ses amis aussi bien que ses ennemis s'attendaient à ce qu'il soutienne la [[Révolution française]]. Son livre, qui dénonce la Révolution française, fut un choc pour à peu près tout le monde. Malgré son prix élevé de cinq [[shilling]]s, il se vendit à plus de 10,000 copies en quelques semaines<ref>Braithwaite, 102.</ref>. Les réformateurs, spécialement les Dissenters, se sont sentis obligés de répondre. Le périodique de Johnson, l'''[[Analytical Review]]'' a publié un résumé et un commentaire du travail de Burke quelques semaines après sa publication. Deux mois plus tard, Wollstonecraft répondit à Burke avec sa ''[[Défense des droits des hommes|Vindication of the Rights of Men]]''. En publiant une des premières réponses à Burke, et une des moions chères (''Vindication'' coutait seulement un shilling), Johnson prit un risque. Thomas Cooper, qui avait également écrit une réponse à Burke, fut par la suite informé par l'[[Procureur général pour l'Angleterre et le pays de Galles|Attorney General]] quw "bien qu'il n'y ait pas de mesure de censure à prendre contre son pamphlet lorsqu'il était dans les mains de la classe supérieure, le Gouvernement n'autoriserait pas qu'il fût distribué à un prix qui lui permettrait de circuler parmi le peuple<ref>Qtd. in Chard (1977), 147 ; voir aussi Tyson, 126–27; Braithwaite, 132.</ref>". Beaucoup d'autres personnes se mêlérent à la bagarre et Johnson demeura au centre du maelström. Selon le compte de Braithwaite, pendant l'année suivante, Johnson publia environ le quart des réponses faites à Burke<ref>Tyson, 122, 135–40; Zall, 27–28; Braithwaite, 101–06.</ref>.
En 1790, avec la publication de ses ''[[Reflections on the Revolution in France]]'', le philosophe et homme d'État [[Edmund Burke]] lança la première salve d'une féroce guerre de pamphlets qui devint connue sous le nom de ''[[Controverse révolutionnaire]]''. Parce qu'il avait soutenu la [[révolution américaine]], ses amis aussi bien que ses ennemis s'attendaient à ce qu'il soutienne la [[Révolution française]]. Son livre, qui dénonce la Révolution française, fut un choc pour à peu près tout le monde. Malgré son prix élevé de cinq [[shilling]]s, il se vendit à plus de {{nombre|10000 exemplaires}} en quelques semaines<ref>Braithwaite, 102.</ref>. Les réformateurs, spécialement les {{anglais|Dissenters}}, se sont sentis obligés de répondre. Le périodique de Johnson, l'''[[Analytical Review]]'' a publié un résumé et un commentaire du travail de Burke quelques semaines après sa publication. Deux mois plus tard, Wollstonecraft répondit à Burke avec sa ''[[Défense des droits des hommes|Vindication of the Rights of Men]]''. En publiant une des premières réponses à Burke, et une des moions chères (''Vindication'' coutait seulement un shilling), Johnson prit un risque. Thomas Cooper, qui avait également écrit une réponse à Burke, fut par la suite informé par l'[[procureur général (Angleterre-et-Galles)|Attorney General]] que « bien qu'il n'y ait pas de mesure de censure à prendre contre son pamphlet lorsqu'il était dans les mains de la classe supérieure, le Gouvernement n'autoriserait pas qu'il fût distribué à un prix qui lui permettrait de circuler parmi le peuple<ref>Qtd. in Chard (1977), 147 ; voir aussi Tyson, 126–27; Braithwaite, 132.</ref> ». Beaucoup d'autres personnes se mêlèrent à la bagarre et Johnson demeura au centre du maelström. Selon le compte de Braithwaite, pendant l'année suivante, Johnson publia environ le quart des réponses faites à Burke<ref>Tyson, 122, 135–40; Zall, 27–28; Braithwaite, 101–06.</ref>.

[[Fichier:WollstonecraftVRM.jpg|left|thumb|alt=La page de titre se traduit par « {{Lang|en|A Vindication of the Rights of Men}} (une Défense des droits des hommes), dans une lettre au très honorable Edmund Burke ; occasionnée par ses réflexions sur la Révolution en France. Par Mary Wollstonecraft. Seconde Édition. Londres : Imprimé par J. Johnson, No. 72, St. Paul's Church-Yard. M.DCC.XC. »|La page de titre de la seconde édition de la ''[[Défense des droits des hommes|Vindication of the Rights of Men]]'' de [[Mary Wollstonecraft]] (1790), la première sur laquelle parait son nom.]]
La réponse la plus célèbre fut celle de [[Thomas Paine]] ''[[Rights of Man]]''. Dans un premier temps, Johnson consentit à publier les travaux controversés, mais il fit ensuite volte-face pour des raisons inconnues et ce fut {{Lien|langue=en|trad=Jeremiah Samuel Jordan|fr=Jeremiah Samuel Jordan|texte=J. S. Jordan}} qui les distribua (et qui subit un procès et fut emprisonné pour ces publications). Braithwaite suppose que Johnson n'était pas d'accord avec les opinions radicales [[républicanisme|républicaines]] de Paine et était plus intéressé à promouvoir les droits des {{anglais|Dissenters}} exposés dans les autres travaux qu'il publiait. Cependant, après que le risque initial fut assumé par Jordan, Johnson publia le travail de Paine dans une édition chère, qui courait peu de risque de se voir confrontée à la loi<ref>Tyson, 123–26; Chard (1975), 70; Braithwaite, 107–10.</ref>. Malgré tout, lorsque Paine lui-même fut arrêté, Johnson participa à la levée de fonds destinée à le renflouer, et le cacha des autorités<ref>Chard (1977), 139.</ref>. Une satire contemporaine suggère que Johnson sauva Paine de l'emprisonnement :


[[Fichier:WollstonecraftVRM.jpg|left|thumb|alt=La page de titre se traduit par « {{Lang|en|A Vindication of the Rights of Men}} (une Défense des droits des hommes), dans une lettre au très honorable Edmund Burke ; occasionnée par ses réflexions sur la Révolution en France. Par Mary Wollstonecraft. Seconde Édition. Londres : Imprimé par J. Johnson, No. 72, St. Paul's Church-Yard. M.DCC.XC. »|La page de titre de la seconde édition de la [[Défense des droits des hommes|Vindication of the Rights of Men]]'' de [[Mary Wollstonecraft]] (1790), la première sur laquelle parait son nom]]
La réponse la plus célèbre fut celle de [[Thomas Paine]] ''[[Rights of Man]]''. Dans un premier temps, Johnson consentit à publier les travaux controversés, mais il fit ensuite volte-face pour des raisons inconnues et ce fut [[:en:Jeremiah Samuel Jordan|J. S. Jordan]] qui les distribua (et qui subit un procès et fut emprisonné pour ces publications). Braithwaite suppose que Johnson n'était pas d'accord avec les opinions radicales [[républicanisme|républicaines]] de Paine et était plus intéressé à promouvoir les droits des Dissenters exposés dans les autres travaux qu'il publiait. Cependant, après que le risque initial fut assumé par Jordan, Johnson publia le travail de Paine dans une édition chère, qui courait peu de risque de se voir confrontée à la loi<ref>Tyson, 123–26; Chard (1975), 70; Braithwaite, 107–10.</ref>. Malgré tout, lorsque Paine lui-même fut arrêté, Johnson participa à la levée de fonds destinée à le renflouer, et le cacha des autorités<ref>Chard (1977), 139.</ref>. Une satire contemporaine suggère que Johnson sauva Paine de l'emprisonnement :
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The time may come when J—n's aid may fail;<br />
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Inquiet du retentissement populaire que pourrait avoir le ''Rights of Man'' de Payne, le roi émit une proclamation contre les écrits [[sédition|séditieux]] en mai 1792. Les éditeurs et les libraires étaient principalement visés par cette directive, dont les effets culminèrent lors des [[procès pour trahison de 1794]]<ref>Tyson, 131–32 ; Chard (1975), 69.</ref>. Johnson y témoigna, en se distançant de Paine et Barlow, malgré le fait que les jurés était sympathiques envers les accusés<ref>Braithwaite, 144–46.</ref>.
Inquiet du retentissement populaire que pourrait avoir le ''Rights of Man'' de Payne, le roi émit une proclamation contre les écrits [[sédition|séditieux]] en {{date-|mai 1792}}. Les éditeurs et les libraires étaient principalement visés par cette directive, dont les effets culminèrent lors des [[procès pour trahison de 1794]]<ref>Tyson, 131–32 ; Chard (1975), 69.</ref>. Johnson y témoigna, en prenant ses distances avec Paine et Barlow, malgré le fait que les jurés se montraient sympathiques envers les accusés<ref>Braithwaite, 144–46.</ref>.



===Poésie===
=== Poésie ===
Uniquement lors de la décennie 1790, Johnson a publié 103 volumes de poésie 37 % de sa production dans ce genre littéraire. Le succès de vente des œuvres poétiques de Cowper et [[Erasmus Darwin]] a enrichi l'entreprise de Johnson. L'innovant ''[[:en:The Botanic Garden|The Botanic Garden]]'' de Darwin connut un grand succès : Johnson lui paya {{Nombre|1000}} [[Guinée (monnaie)|guinées]] avant même sa publication et lui acheta les droits de publication pour 800[[Livre sterling|£]], une somme extrêmement importante<ref name=C(1977)14244>Chard (1977), 142–44.</ref>. Le poème contient trois « interludes » sous forme de dialogues entre un poète et son libraire. Ce dernier demande au poète ce que Tyson appelle « [[:en:leading question|des questions fondamentales]] » qui cherchent à élucider la théorie poétique du poète. Tyson commente « que bien que les questions simplistes du libraire pratico-pratique puissent parodier les manières de Johnson, il semble que Darwin n'avait pas Johnson à l'esprit ni aucun autre libraire en particulier»<ref>"that although the flat questions of the practical-minded bookseller may be meant to parody Johnson's manner, most likely Darwin did not have him or any other particular bookseller in mind"<br>Tyson, 110.</ref>. Après le succès de ''The Botanic Garden'', Johnson publia ''[[Zoonomia]]'', le livre de Darwin sur l'évolution du vivant (1794–96); ses traités ''A Plan on the Conduct of Female Education'' (1797); ''Phytologia; ou, the Philosophy of Agriculture and Gardening'' (1800); et son poème ''[[:en:The Temple of Nature|The Temple of Nature]]'' (1803)<ref>Tyson, 142.</ref>. Selon Braithwaite, ''The Temple of Nature'' était une versification de ''Zoonomia'' et «a horrifié les relecteurs par sa vision de l'univers conflictuelle, factieuse et ultra matérialiste»<ref>Braithwaite, 174.</ref>.
Uniquement lors de la décennie 1790, Johnson a publié {{nobr|103 volumes}} de poésie {{incise|37 % de sa production dans ce genre littéraire|stop}}. Le succès de vente des œuvres poétiques de Cowper et [[Erasmus Darwin]] a enrichi l'entreprise de Johnson. L'innovant ''{{Lien|langue=en|fr=The Botanic Garden}}'' de Darwin connut un grand succès : Johnson lui paya {{unité|1000|[[Guinée (monnaie)|guinées]]}} avant même sa publication et lui acheta les droits de publication pour {{unité|800|[[Livre sterling|£]]}}, une somme extrêmement importante<ref name=C(1977)14244>Chard (1977), 142–44.</ref>. Le poème contient trois « interludes » sous forme de dialogues entre un poète et son libraire. Ce dernier pose ce que Tyson appelle « {{Lien|langue=en|trad=leading question|fr=des questions fondamentales}} » qui cherchent à élucider la théorie poétique du poète. Tyson commente « que bien que les questions simplistes du libraire pratico-pratique puissent parodier les manières de Johnson, il semble que Darwin n'avait pas Johnson à l'esprit ni aucun autre libraire en particulier »<ref>{{citation étrangère|langue=en|that although the flat questions of the practical-minded bookseller may be meant to parody Johnson's manner, most likely Darwin did not have him or any other particular bookseller in mind.}} Tyson, p. 110.</ref>. Après le succès de ''The Botanic Garden'', Johnson publia ''[[Zoonomia]]'', le livre de Darwin sur l'évolution du vivant (1794–96) ; ses traités ''A Plan on the Conduct of Female Education'' (1797) ; ''Phytologia; the Philosophy of Agriculture and Gardening'' (1800) ; et son poème ''{{Lien|langue=en|fr=The Temple of Nature}}'' (1803)<ref>Tyson, 142.</ref>. Selon Braithwaite, ''The Temple of Nature'' était une versification de ''Zoonomia'' et « a horrifié les relecteurs par sa vision de l'univers conflictuelle, factieuse et ultra matérialiste »<ref>Braithwaite, 174.</ref>.
[[Fichier:BotanicGardenMeadia.jpg|thumb|right|alt=Une fleur à cinq pétales et aux larges feuilles|Gravure de [[William Blake]] pour ''[[:en:The Botanic Garden|The Botanic Garden]]'' (1791) d'[[Erasmus Darwin|Erasmus Darwin.]]
[[Fichier:BotanicGardenMeadia.jpg|thumb|right|alt=Une fleur à cinq pétales et aux larges feuilles|Gravure de [[William Blake]] pour ''{{Lien|langue=en|fr=The Botanic Garden}}'' (1791) d'[[Erasmus Darwin]].
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MEADIA's soft chains ''five'' suppliant beaux confess,<br /> And hand in hand the laughing belle address;<br /> Alike to all, she bows with wanton air,<br /> Rolls her dark eye, and waves her golden hair. (I.61–64)<ref>Darwin, Erasmus. [http://books.google.com/books?id=Tn8gAAAAMAAJ&pg=PA6&dq=botanic+garden+darwin&as_brr=1#PPA138,M1 ''The Botanic Garden'']. London: Jones and Company (1825), 138.</ref>]]
MEADIA's soft chains ''five'' suppliant beaux confess,<br /> And hand in hand the laughing belle address;<br /> Alike to all, she bows with wanton air,<br /> Rolls her dark eye, and waves her golden hair. (I.61–64)<ref>Darwin, Erasmus. [https://books.google.com/books?id=Tn8gAAAAMAAJ&pg=PA6&dq=botanic+garden+darwin&as_brr=1#PPA138,M1 ''The Botanic Garden'']. London: Jones and Company (1825), 138.</ref>]]
Johnson a continué de publier les œuvres poétiques d'Aikin et Barbauld ainsi que celles de [[:en:George Dyer (poet)|George Dyer]], [[:en:Joseph Fawcett|Joseph Fawcett]], [[:en:James Hurdis|James Hurdis]], [[Joel Barlow]], et [[Iolo Morganwg|Edward Williams]]. La plupart des poètes dont Johnson a fait la promotion et qu'il a publiés sont tombés de nos jours dans l'oubli. Cependant, en 1793, Johnson a publié ''An Evening Walk'' et ''Descriptive Sketches'' de [[William Wordsworth]] ; il demeura l'éditeur de Wordsworth jusqu'à ce qu'un désaccord les sépare en 1799. Johnson publia aussi ''Fears of Solitude'' de [[Samuel Taylor Coleridge]] (1798). Apparemment, ils étaient assez bons amis pour que Coleridge laisse ses livres au magasin de Johnson lorsqu'il voyagea en Europe<ref name=Chard2002/>{{,}}<ref>Tyson, 109–13, 141–42, 171–75; Chard (1975), 51; Braithwaite, 127–31.</ref>.
Johnson a continué de publier les œuvres poétiques d'Aikin et Barbauld ainsi que celles de {{Lien|langue=en|trad=George Dyer (poet)|fr=George Dyer}}, {{Lien|langue=en|fr=Joseph Fawcett}}, {{Lien|langue=en|fr=James Hurdis}}, [[Joel Barlow]], et [[Iolo Morganwg|Edward Williams]]. La plupart des poètes dont Johnson a fait la promotion et qu'il a publiés sont tombés de nos jours dans l'oubli. Cependant, en 1793, Johnson a publié ''An Evening Walk'' et ''Descriptive Sketches'' de [[William Wordsworth]] ; il demeura l'éditeur de Wordsworth jusqu'à ce qu'un désaccord les sépare en 1799. Johnson publia aussi ''Fears of Solitude'' de [[Samuel Taylor Coleridge]] (1798). Apparemment, ils étaient assez bons amis pour que Coleridge laisse ses livres au magasin de Johnson lorsqu'il voyagea en Europe<ref name=Chard2002/>{{,}}<ref>Tyson, 109–13, 141–42, 171–75; Chard (1975), 51; Braithwaite, 127–31.</ref>.


Johnson a eu une relation d'affaires avec l'illustrateur [[William Blake]] pendant presque vingt ans : Johnson commanda environ 100 gravures à Blake —plus que tout autre éditeur— dont celles de la seconde édition de ''[[Original Stories from Real Life]]'' de Wollstonecraft (1791) et ''Botanic Garden'' de Darwin. Il se peut également que Johnson se soit lié avec Blake en tant qu'écrivain, à en juger par les épreuves de travail de sa ''French Revolution'' (1791). Cependant, dans ''[[:en:An Island in the Moon|An Island in the Moon]]'', Blake représente Johnson commen un "libraire sans vues esthétiques, dont les questions répétitives révèlent l'ignorance"<ref name=Chard2002/>{{,}}<ref>Gaull, 265; Chard (1975), 51; Zall, 27.</ref>.
Johnson a eu une relation d'affaires avec l'illustrateur [[William Blake]] pendant presque vingt ans : Johnson commanda environ {{nobr|100 gravures}} à Blake {{incise|plus que tout autre éditeur}}, dont celles de la seconde édition de ''[[Original Stories from Real Life]]'' de Wollstonecraft (1791) et ''Botanic Garden'' de Darwin. Il se peut également que Johnson se soit lié avec Blake en tant qu'écrivain, à en juger par les épreuves de travail de sa ''French Revolution'' (1791). Cependant, dans ''{{Lien|langue=en|fr=An Island in the Moon}}'', Blake représente Johnson comme un « libraire sans vues esthétiques, dont les questions répétitives révèlent l'ignorance »<ref name=Chard2002/>{{,}}<ref>Gaull, 265; Chard (1975), 51; Zall, 27.</ref>.


===Traductions===
=== Traductions ===
Dans son effort pour présenter au public plus de travaux en langues étrangères, Johnson a aidé à la traduction de textes éducationnels, de fiction sérieuse et de philosophie (la traduction de romans polupaires l'intéressait moins). En particulier, il a encouragé la traduction des œuvres des [[Gironde (Révolution française)|Girondins]] français, dont ''Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain'' (1795) de [[Nicolas de Condorcet|Condorcet]] et ''Appel à l’impartiale postérité'' (1795) de [[Madame Roland]], qu'il a édité en anglais quelques semaines à peine après sa publication en France. Sa publication d'une traduction de ''Les Ruines, ou méditations sur les révolutions des empires'' (1791) de [[Constantin-François Chassebœuf]], déiste devint rapidement un best-seller. Johnson fit aussi traduire plusieurs ouvrages de littérature française pour les enfants, dont des œuvres de [[Madame de Genlis]].
Dans son effort pour présenter au public plus de travaux en langues étrangères, Johnson a aidé à la traduction de textes éducationnels, de fiction sérieuse et de philosophie (la traduction de romans polupaires l'intéressait moins). En particulier, il a encouragé la traduction des œuvres des [[Gironde (Révolution française)|Girondins]] français, dont ''Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain'' (1795) de [[Nicolas de Condorcet|Condorcet]] et ''Appel à l’impartiale postérité'' (1795) de [[Madame Roland]], qu'il a édité en anglais quelques semaines à peine après sa publication en France. Sa publication d'une traduction de ''Les Ruines, ou méditations sur les révolutions des empires'' (1791) de [[Constantin-François Chassebœuf]], déiste, devint rapidement un best-seller. Johnson fit aussi traduire plusieurs ouvrages de littérature française pour les enfants, dont des œuvres de [[Madame de Genlis]].


Mais la contribution la plus significative de Johnson dans ce domaine fut sa promotion de littérature de langue allemande. Fuseli l'encouragea à publier des traductions de nouveaux auteurs allemands importants, dont [[Goethe]] et [[Friedrich von Schiller|Schiller]]. Johnson fut l'un des rares éditeurs favorisant la traduction de philosophie morale allemande dans la décennie 1790, et sa publication la plus importante d'une publication fut probablement ''Ideen zur Philosophie der Geschichte der Menschheit'' (1776) et [[Johann Gottfried Herder]], qui présentait aux Anglais la plupart des méthodes de pensée historiques et anthropologiques déjà présentes sur le continent. Plutôt que d'essayer de reproduire fidèlement les textes, la plupart des traducteurs travaillant avec Johnson suivaient l'usage d'adapter librement les textes, par exemple en substituant des exemples "anglais" aux exemples "allemands"<ref name=Esterhammer>Esterhammer, 101–04.</ref>{{,}}<ref>Chard (1975), 66; Tyson, 136–41; Braithwaite, 94–95, 149–50.</ref>.
Mais la contribution la plus significative de Johnson dans ce domaine fut sa promotion de littérature de langue allemande. Fuseli l'encouragea à publier des traductions de nouveaux auteurs allemands importants, dont [[Goethe]] et [[Friedrich von Schiller|Schiller]]. Johnson fut l'un des rares éditeurs favorisant la traduction de philosophie morale allemande dans la décennie 1790, et sa publication la plus importante d'une publication fut probablement ''Ideen zur Philosophie der Geschichte der Menschheit'' (1776) et [[Johann Gottfried Herder]], qui présentait aux Anglais la plupart des méthodes de pensée historiques et anthropologiques déjà présentes sur le continent. Plutôt que d'essayer de reproduire fidèlement les textes, la plupart des traducteurs travaillant avec Johnson suivaient l'usage d'adapter librement les textes, par exemple en substituant des exemples « anglais » aux exemples « allemands »<ref name=Esterhammer>Esterhammer, 101–04.</ref>{{,}}<ref>Chard (1975), 66; Tyson, 136–41; Braithwaite, 94–95, 149–50.</ref>.


===''Analytical Review'' et autres périodiques===
=== ''Analytical Review'' et autres périodiques ===
{{Article général|:en:Analytical Review}}
{{Article général|:en:Analytical Review}}


Les premiers périodiques de Johnson, ''Gospel Magazine'' (1766–?), ''The Universal Museum and Complete Magazine'' (1765–1770), et ''The Monthly Record of Literature'' (1767), comme de nombreux journaux du {{s|XVIII}} n'ont pas paru longtemps, mais ses essais subséquents connurent plus de réussite<ref>Tyson, 24; Chard (1975), 57.</ref>. En 1783, il finança le premier périodique médical trimestriel à Londres, le ''London Medical Journal'', fondé par Samuel Foart Simmons, un médecin célèbre. Alors qu'il expliquait les buts du journal, Simmons écrivit qu'il fournirait "un compte-rendu des nouveaux livres médicaux et des découvertes utiles en physique, et en même temps qu'il serait un dépôt pour des publications originales"<ref>Qtd. in Tyson, 79.</ref>. Le journal perdura jusqu'en 1790 lorsqu'il fut remplacé par une autre initiative conjointe de Johnson et Simmons, ''Medical Facts and Observations'', qui fut publié jusqu'en 1797<ref>Tyson, 78–80.</ref>.
Les premiers périodiques de Johnson, ''Gospel Magazine'' (1766–?), ''The Universal Museum and Complete Magazine'' (1765–1770), et ''The Monthly Record of Literature'' (1767), comme de nombreux journaux du {{s-|XVIII}}, n'ont pas paru longtemps, mais ses essais subséquents connurent plus de réussite<ref>Tyson, 24; Chard (1975), 57.</ref>. En 1783, il finança le premier périodique médical trimestriel à Londres, le ''London Medical Journal'', fondé par Samuel Foart Simmons, un médecin célèbre. Alors qu'il expliquait les buts du journal, Simmons écrivit qu'il fournirait « un compte-rendu des nouveaux livres médicaux et des découvertes utiles en physique, et en même temps qu'il serait un dépôt pour des publications originales »<ref>Qtd. in Tyson, 79.</ref>. Le journal perdura jusqu'en 1790, où il fut remplacé par une autre initiative conjointe de Johnson et Simmons, ''Medical Facts and Observations'', qui fut publié jusqu'en 1797<ref>Tyson, 78–80.</ref>.
[[Fichier:AnalyticalReviewProspectus.jpg|thumb|left|alt=Traduction de l'entête du prospectus "Prospectus de l' "Analytical Review", ou "New Literary Journal", montré agrandi; Contenant des résumés scientifiques de travaux importants et intéressants…"|Prospectus pour le ''[[Analytical Review]]'' (1788), partie de la [[Republic of Letters]]]]
[[Fichier:AnalyticalReviewProspectus.jpg|thumb|alt=Traduction de l'entête du prospectus "Prospectus de l' "Analytical Review", ou "New Literary Journal", montré agrandi; Contenant des résumés scientifiques de travaux importants et intéressants…"|Prospectus pour le ''[[Analytical Review]]'' (1788), partie de la [[Republic of Letters]]]]
<!--In 1788, Johnson and [[Thomas Christie]], a Unitarian, liberal, and classicist, founded the ''[[Analytical Review]]''. It was a gadfly publication, which offered readers a summary and analysis of the flood of new publications issuing from the presses at the end of the 18th century and provided a forum for radical political and religious ideas. Although it aimed at impartiality, its articles were often critical of the [[William Pitt the Younger|Pitt]] administration and supportive of the French revolutionaries. Tyson calls it "the most outspoken journal of its day",<ref>Tyson, xiv.</ref> but Chard argues that it was "never particularly strident and certainly not radical".<ref name=C(1975)6667>Chard (1975), 66–67.</ref> It was also instrumental in promoting scientific, philosophical, and literary foreign-language publications, particularly those in German and French. Compared to Johnson's earlier periodicals, which were generally "marginal sectarian efforts", the ''Analytical Review'' was quite popular. At 1,500 copies per issue, it did not have the circulation of the ''[[Gentleman's Magazine]]'', which averaged around 4,550, but it was influential despite its more limited readership.<ref name=Chard2002/><ref name=Esterhammer/><ref name=C(1975)6667/> Its conservative counterpart and nemesis was the ''[[Anti-Jacobin Review]]'', established specifically to counteract the effects of the ''Analytical'' and other radical media outlets. The ''Analytical'' was suspended at the end of 1798 following the deaths of Christie and Wollstonecraft in 1796 and 1797 respectively, and the retirement of other contributing editors.<ref name=Hall/><ref>Smyser, 418; Tyson, 148–50, 166–70; Braithwaite, 94–95.</ref>
<!--In 1788, Johnson and [[Thomas Christie]], a Unitarian, liberal, and classicist, founded the ''[[Analytical Review]]''. It was a gadfly publication, which offered readers a summary and analysis of the flood of new publications issuing from the presses at the end of the 18th century and provided a forum for radical political and religious ideas. Although it aimed at impartiality, its articles were often critical of the [[William Pitt the Younger|Pitt]] administration and supportive of the French revolutionaries. Tyson calls it "the most outspoken journal of its day",<ref>Tyson, xiv.</ref> but Chard argues that it was "never particularly strident and certainly not radical".<ref name=C(1975)6667>Chard (1975), 66–67.</ref> It was also instrumental in promoting scientific, philosophical, and literary foreign-language publications, particularly those in German and French. Compared to Johnson's earlier periodicals, which were generally "marginal sectarian efforts", the ''Analytical Review'' was quite popular. At 1,500 copies per issue, it did not have the circulation of the ''[[Gentleman's Magazine]]'', which averaged around 4,550, but it was influential despite its more limited readership.<ref name=Chard2002/>{{,}}<ref name=Esterhammer/>{{,}}<ref name=C(1975)6667/> Its conservative counterpart and nemesis was the ''[[Anti-Jacobin Review]]'', established specifically to counteract the effects of the ''Analytical'' and other radical media outlets. The ''Analytical'' was suspended at the end of 1798 following the deaths of Christie and Wollstonecraft in 1796 and 1797 respectively, and the retirement of other contributing editors.<ref name=Hall/>{{,}}<ref>Smyser, 418; Tyson, 148–50, 166–70; Braithwaite, 94–95.</ref>


In 1796 Johnson joined in a venture to start ''The Monthly Magazine''. Founded by his neighbour [[Richard Phillips (chemist)|Richard Phillips]] and edited by his friend John Aikin, it was associated with Dissenting interests and was responsible for importing much German philosophical thought into England.<ref name=Chard2002/><ref name=C(1975)6667/> According to Marilyn Butler, it "combined many of the best features of the periodicals of the century. It was a miscellany, but more intellectual and much more bookish than the [''Gentleman's Magazine'']; hospitable to readers, it nevertheless high-mindedly projected an ideal of liberal, middle-class intellectuality that anticipates both the innovative writing and projected readership" of ''[[Blackwood's Magazine|Blackwood's]]'' and ''[[Fraser's Magazine|Fraser's]]''.<ref>Butler, 126.</ref>
In 1796 Johnson joined in a venture to start ''The Monthly Magazine''. Founded by his neighbour [[Richard Phillips (chemist)|Richard Phillips]] and edited by his friend John Aikin, it was associated with Dissenting interests and was responsible for importing much German philosophical thought into England.<ref name=Chard2002/>{{,}}<ref name=C(1975)6667/> According to Marilyn Butler, it "combined many of the best features of the periodicals of the century. It was a miscellany, but more intellectual and much more bookish than the [''Gentleman's Magazine'']; hospitable to readers, it nevertheless high-mindedly projected an ideal of liberal, middle-class intellectuality that anticipates both the innovative writing and projected readership" of ''[[Blackwood's Magazine|Blackwood's]]'' and ''[[Fraser's Magazine|Fraser's]]''.<ref>Butler, 126.</ref>


===Changing political winds===
===Changing political winds===
With the beginning of the violence of the [[Reign of Terror]] (1793–94), those in Britain who had initially supported the French Revolution began to rethink their position and the government became increasingly concerned about the possibility of a British revolution akin to that of the French. The ardour of radicalism that had prevailed in the early 1790s dissipated. Booksellers were arrested and tried for [[seditious libel]], and many of Johnson's authors either stopped writing or became more conservative. Only a few, like Paine, veered further left. After being forced to testify at the trial of Paine and [[Thomas Hardy (political reformer)|Thomas Hardy]], Johnson published fewer incendiary works, among them [[Joel Barlow|Joel Barlow's]] ''Advice to the Privileged Orders'' (1792). Braithwaite describes it as "without doubt the most extreme that Joseph Johnson ever published (taking him immoderately close to what he later, jokingly, described as a 'hanging' offence)".<ref>Braithwaite, 118.</ref> However, once it became clear that Barlow, like Paine, was becoming radicalized, Johnson refused to publish any more of his works. In 1794 Johnson even considered emigrating to America with Priestley to escape the increasing pressure he felt from conservatives and the government.<ref name=Chard2002/><ref>Chard (1975), 70; Zall, 28; Tyson, 148ff.</ref>
With the beginning of the violence of the [[Reign of Terror]] (1793–94), those in Britain who had initially supported the French Revolution began to rethink their position and the government became increasingly concerned about the possibility of a British revolution akin to that of the French. The ardour of radicalism that had prevailed in the early 1790s dissipated. Booksellers were arrested and tried for [[seditious libel]], and many of Johnson's authors either stopped writing or became more conservative. Only a few, like Paine, veered further left. After being forced to testify at the trial of Paine and [[Thomas Hardy (political reformer)|Thomas Hardy]], Johnson published fewer incendiary works, among them [[Joel Barlow|Joel Barlow's]] ''Advice to the Privileged Orders'' (1792). Braithwaite describes it as "without doubt the most extreme that Joseph Johnson ever published (taking him immoderately close to what he later, jokingly, described as a 'hanging' offence)"<ref>Braithwaite, 118.</ref> However, once it became clear that Barlow, like Paine, was becoming radicalized, Johnson refused to publish any more of his works. In 1794 Johnson even considered emigrating to America with Priestley to escape the increasing pressure he felt from conservatives and the government<ref name=Chard2002/>{{,}}<ref>Chard (1975), 70; Zall, 28; Tyson, 148ff.</ref>.


====1798: Trial and imprisonment====
====1798: Trial and imprisonment====
Following the publication of Paine's provocative ''Rights of Man'' in 1791, a sedition law was passed in Britain and, in 1798, Johnson and several others were put on trial for selling [[Gilbert Wakefield|Gilbert Wakefield's]] ''A Reply to Some Parts of the [[Richard Watson (bishop)|Bishop Llandaff]]'s Address to the People of Great Britain'', a [[Unitarianism|Unitarian]] work attacking the privileged position of the wealthy. The indictment against Johnson, written on a six-foot [[parchment]] roll, read in part:
Following the publication of Paine's provocative ''Rights of Man'' in 1791, a sedition law was passed in Britain and, in 1798, Johnson and several others were put on trial for selling [[Gilbert Wakefield|Gilbert Wakefield's]] ''A Reply to Some Parts of the [[Richard Watson (bishop)|Bishop Llandaff]]'s Address to the People of Great Britain'', a [[Unitarianism|Unitarian]] work attacking the privileged position of the wealthy. The indictment against Johnson, written on a six-foot [[parchment]] roll, read in part:
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The said Attorney General of our said Lord the King ... giveth the Court here further to understand and be informed that Joseph Johnson late of London bookseller being a malicious, seditious, and ill-disposed person and being greatly disaffected to our said sovereign Lord the King ... wickedly maliciously and seditiously did publish and cause to be published a certain scandalous malicious and seditious libel.<ref>Qtd. in Tyson, 134.</ref>
The said Attorney General of our said Lord the King ... giveth the Court here further to understand and be informed that Joseph Johnson late of London bookseller being a malicious, seditious, and ill-disposed person and being greatly disaffected to our said sovereign Lord the King ... wickedly maliciously and seditiously did publish and cause to be published a certain scandalous malicious and seditious libel<ref>Qtd. in Tyson, 134.</ref>.
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[[Fichier:Kings Bench Prison Microcosm edited.jpg|thumb|right|alt=Painting showing a yard inside a prison. The yard is surrounded on all sides by walls. Some people are walking around others are sitting at tables. In general, the people are dwarfed by the buildings and the color scheme is yellow and almond.| [[King's Bench Prison]], by [[Augustus Pugin]] and [[Thomas Rowlandson]] (1808–11), where Johnson served out his six-month sentence. He was able to catch up on his accounts while in prison and collected long-owed debts from authors.]]
[[Fichier:Kings Bench Prison Microcosm edited.jpg|thumb|right|alt=Painting showing a yard inside a prison. The yard is surrounded on all sides by walls. Some people are walking around others are sitting at tables. In general, the people are dwarfed by the buildings and the color scheme is yellow and almond.| [[King's Bench Prison]], by [[Augustus Pugin]] and [[Thomas Rowlandson]] (1808–11), where Johnson served out his six-month sentence. He was able to catch up on his accounts while in prison and collected long-owed debts from authors.]]
Braithwaite explains, "an English jury, in effect, was being asked to consider whether Joseph Johnson's intentions as a bookseller were really as dangerous and radical as those of Thomas Paine".<ref>Braithwaite, 155.</ref> An issue of the ''[[Analytical Review]]'' was even offered as evidence against Johnson. Despite having retained [[Thomas Erskine, 1st Baron Erskine|Thomas Erskine]] as his lawyer, who had successfully defended Hardy and Horne Tooke at the [[1794 Treason Trials]], and character references from [[George Fordyce]], Aikin, and Hewlett, Johnson was fined £50 and sentenced to six months imprisonment at [[King's Bench Prison]] in February 1799. Braithwaite speculates:
Braithwaite explains, "an English jury, in effect, was being asked to consider whether Joseph Johnson's intentions as a bookseller were really as dangerous and radical as those of Thomas Paine"<ref>Braithwaite, 155.</ref>. An issue of the ''[[Analytical Review]]'' was even offered as evidence against Johnson. Despite having retained [[Thomas Erskine, 1st Baron Erskine|Thomas Erskine]] as his lawyer, who had successfully defended Hardy and Horne Tooke at the [[1794 Treason Trials]], and character references from [[George Fordyce]], Aikin, and Hewlett, Johnson was fined £50 and sentenced to six months imprisonment at [[King's Bench Prison]] in February 1799. Braithwaite speculates:
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If the conduct of the Attorney-General and the ''Anti-Jacobin'' are to serve as any kind of barometer of government opinion, then other scores were clearly being settled and it was not merely for [Johnson's] involvement in the sale of Wakefield's pamphlet but his tenure ... as a stubbornly independent-minded publisher in St Paul's Churchyard, prominently serving the irreligious and unconstitutional interests of 'rational' dissent and dangerously sympathetic to the ideas of foreigners (most visibly through the pages of the ''Analytical'') that Joseph Johnson was ultimately being brought to book.<ref>Braithwaite, 162.</ref>
If the conduct of the Attorney-General and the ''Anti-Jacobin'' are to serve as any kind of barometer of government opinion, then other scores were clearly being settled and it was not merely for [Johnson's] involvement in the sale of Wakefield's pamphlet but his tenure ... as a stubbornly independent-minded publisher in St Paul's Churchyard, prominently serving the irreligious and unconstitutional interests of 'rational' dissent and dangerously sympathetic to the ideas of foreigners (most visibly through the pages of the ''Analytical'') that Joseph Johnson was ultimately being brought to book<ref>Braithwaite, 162.</ref>.
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Johnson's friends accused Erskine of using the trial as a political platform and not thinking of the best interests of his client. Johnson's imprisonment was not harsh; being relatively wealthy, Johnson rented a home for himself within the prison, where he continued to hold his weekly ''soirées''.<ref name=Hall/><ref>Chard (1975), 71–72; Zall, 28–29; Tyson; 154–66; see Smyser for a detailed account of the trial; Braithwaite, 155–64.</ref>
Johnson's friends accused Erskine of using the trial as a political platform and not thinking of the best interests of his client. Johnson's imprisonment was not harsh; being relatively wealthy, Johnson rented a home for himself within the prison, where he continued to hold his weekly ''soirées''<ref name=Hall/>{{,}}<ref>Chard (1975), 71–72; Zall, 28–29; Tyson; 154–66; see Smyser for a detailed account of the trial; Braithwaite, 155–64.</ref>.


Although Johnson still believed in the free exchange of ideas and was not embittered by his stay in prison, his publishing habits changed dramatically. After he was released, Johnson published very few political works and none were controversial. Other booksellers followed suit, and Johnson's friend, Unitarian minister [[Theophilus Lindsey]], wrote that "Johnson's fate deters them all".<ref name=Chard2002/> Johnson lost authors after the trial and experienced a noticeable decline in business. Furthermore, he gained fewer new authors, his stalwarts like Priestley began to complain that he was not attending to their business, and he was forced to cease publishing the ''Analytical Review''.<ref>Chard (1975), 73.</ref>
Although Johnson still believed in the free exchange of ideas and was not embittered by his stay in prison, his publishing habits changed dramatically. After he was released, Johnson published very few political works and none were controversial. Other booksellers followed suit, and Johnson's friend, Unitarian minister [[Theophilus Lindsey]], wrote that "Johnson's fate deters them all"<ref name=Chard2002/> Johnson lost authors after the trial and experienced a noticeable decline in business. Furthermore, he gained fewer new authors, his stalwarts like Priestley began to complain that he was not attending to their business, and he was forced to cease publishing the ''Analytical Review''<ref>Chard (1975), 73.</ref>.


==1800s: Declining years and death==
==1800s: Declining years and death==
As publishing began to change its form in the late 18th and early 19th centuries, large publishing houses pushed out small, independent booksellers. Johnson did not attempt to form or join one of these new firms. In the late 1790s and early 19th century, Johnson's business declined, particularly as his relatives, John Miles and Roland Hunter, began to take over the daily operations; Miles was uninterested in the business, and Hunter did not have Johnson's commercial sense or his ability to choose successful manuscripts. In January 1806, Johnson's premises were wracked by a second fire, destroying the building and all of his stock.<ref>Chard (1975), 74; Braithwaite, 179.</ref>
As publishing began to change its form in the late 18th and early 19th centuries, large publishing houses pushed out small, independent booksellers. Johnson did not attempt to form or join one of these new firms. In the late 1790s and early 19th century, Johnson's business declined, particularly as his relatives, John Miles and Roland Hunter, began to take over the daily operations; Miles was uninterested in the business, and Hunter did not have Johnson's commercial sense or his ability to choose successful manuscripts. In January 1806, Johnson's premises were wracked by a second fire, destroying the building and all of his stock<ref>Chard (1975), 74; Braithwaite, 179.</ref>.


Although not as active in routine business, Johnson still took an interest in political events. For example, he spearheaded the efforts of the booksellers of London and Westminster to appeal a new [[Copyright law of the United Kingdom|copyright law]] in 1808. Moreover, although Johnson did not publish controversial political works after his imprisonment, he still undertook important publishing ventures. For example, he administered the publication of a forty-five volume work entitled ''The British Essayists'', edited by [[Alexander Chalmers]]; the complete works of [[Samuel Johnson]]; and a ten-volume set of [[Shakespeare]]. Johnson published in more congers during the last decade of his life than at any other time. He also occasionally published important new authors, such as the political economist [[Thomas Malthus]], whose ''[[An Essay on the Principle of Population|Essay on the Principle of Population]]'' (1798) sparked a long debate between idealists and pragmatists. His emphasis on educational books continued or even increased as his interest in publishing contentious political works diminished. He also continued to support his friends, as with Godwin, who needed financial rescue after his play, ''Faulkener'', cost him £800.<ref name=Chard2002/><ref>Chard (1975), 75–76; Tyson, 146, 193ff; Braithwaite, 41, 173.</ref>
Although not as active in routine business, Johnson still took an interest in political events. For example, he spearheaded the efforts of the booksellers of London and Westminster to appeal a new [[Copyright law of the United Kingdom|copyright law]] in 1808. Moreover, although Johnson did not publish controversial political works after his imprisonment, he still undertook important publishing ventures. For example, he administered the publication of a forty-five volume work entitled ''The British Essayists'', edited by [[Alexander Chalmers]]; the complete works of [[Samuel Johnson]]; and a ten-volume set of [[Shakespeare]]. Johnson published in more congers during the last decade of his life than at any other time. He also occasionally published important new authors, such as the political economist [[Thomas Malthus]], whose ''[[An Essay on the Principle of Population|Essay on the Principle of Population]]'' (1798) sparked a long debate between idealists and pragmatists. His emphasis on educational books continued or even increased as his interest in publishing contentious political works diminished. He also continued to support his friends, as with Godwin, who needed financial rescue after his play, ''Faulkener'', cost him £800<ref name=Chard2002/>{{,}}<ref>Chard (1975), 75–76; Tyson, 146, 193ff; Braithwaite, 41, 173.</ref>.


Johnson's authors became increasingly frustrated with him towards the end of his life, Wakefield calling him "heedless, insipid, [and] inactive" and Lindsey describing him as "a worthy and most honest man, but incorrigably [''sic''] neglectful often to his own detriment".<ref>Qtd. in Chard (1975), 81.</ref> Priestley, by then in Pennsylvania, eventually broke off his forty-year relationship with the publisher, when his book orders were delayed several years and Johnson failed to communicate with him regarding the publication of his works. Most of the authors who became upset with Johnson were those writing religious or literary works, the riskiest publishing ventures.<ref>Chard (1975), 81; Tyson, 177–80, 188–93.</ref>
Johnson's authors became increasingly frustrated with him towards the end of his life, Wakefield calling him "heedless, insipid, [and] inactive" and Lindsey describing him as "a worthy and most honest man, but incorrigably [''sic''] neglectful often to his own detriment".<ref>Qtd. in Chard (1975), 81.</ref> Priestley, by then in Pennsylvania, eventually broke off his forty-year relationship with the publisher, when his book orders were delayed several years and Johnson failed to communicate with him regarding the publication of his works. Most of the authors who became upset with Johnson were those writing religious or literary works, the riskiest publishing ventures.<ref>Chard (1975), 81; Tyson, 177–80, 188–93.</ref>


===Death===
===Death===
Afflicted by a "chronic respiratory disease" for many years, Johnson died at his home and office on 20 December 1809, at the age of 71.<ref name=Hall/> The exact nature of his malady is unclear, but his great-nephew Miles wrote to [[Maria Edgeworth]] that Johnson was incapacitated with "spasms" and "asthma" near the end of his life.<ref>Tyson, 204.</ref> Never having married, he bequeathed his business concerns to his great-nephews, Hunter and Miles (Hunter took over the business, but could not retain Johnson's impressive author list and floundered due to his lack of business "acumen"<ref>Chard (1975), 52.</ref>). Johnson's remaining £60,000 fortune was shared among friends and family: for example, he willed a £200 annuity to [[Fanny Imlay]], daughter of [[Mary Wollstonecraft]], and £100 to one of [[Joseph Priestley|Joseph Priestley's]] sons.<ref name=Hall/><ref>Chard (1975), 77–78; Tyson, 212–16; see Mann for a detailed explanation of Johnson's will; Braithwaite, 179.</ref> Johnson was buried at Fulham, where he had rented a country home since 1804, under an epitaph by his life-long friend [[Henry Fuseli]]:
Afflicted by a "chronic respiratory disease" for many years, Johnson died at his home and office on 20 December 1809, at the age of 71.<ref name=Hall/> The exact nature of his malady is unclear, but his great-nephew Miles wrote to [[Maria Edgeworth]] that Johnson was incapacitated with "spasms" and "asthma" near the end of his life.<ref>Tyson, 204.</ref> Never having married, he bequeathed his business concerns to his great-nephews, Hunter and Miles (Hunter took over the business, but could not retain Johnson's impressive author list and floundered due to his lack of business "acumen"<ref>Chard (1975), 52.</ref>). Johnson's remaining £60,000 fortune was shared among friends and family: for example, he willed a £200 annuity to [[Fanny Imlay]], daughter of [[Mary Wollstonecraft]], and £100 to one of [[Joseph Priestley|Joseph Priestley's]] sons.<ref name=Hall/>{{,}}<ref>Chard (1975), 77–78; Tyson, 212–16; see Mann for a detailed explanation of Johnson's will; Braithwaite, 179.</ref> Johnson was buried at Fulham, where he had rented a country home since 1804, under an epitaph by his life-long friend [[Henry Fuseli]]:
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Beneficient without ostentation, ever ready to produce merit and to relieve distress;<br />Unassuming in prosperity, not appalled by misfortune;<br />Inexorable to his own, indulgent to the wants of others;<br />Resigned and cheerful under the torture and malady which he saw gradually destroy his life.
Beneficient without ostentation, ever ready to produce merit and to relieve distress;<br />Unassuming in prosperity, not appalled by misfortune;<br />Inexorable to his own, indulgent to the wants of others;<br />Resigned and cheerful under the torture and malady which he saw gradually destroy his life.
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Johnson's publications were rarely luxury goods: he priced his merchandise competitively, but always within the reach of the middle class, the audience he most wanted to serve.<ref>Chard (1975), 61; Chard (1977), 144–45.</ref> One way that he reduced costs was by printing texts in the provinces and then importing them to London; many of Priestley's works, for example, were printed locally in [[Birmingham]].<ref name=C(1977)14244/> Johnson did not take great care with the printing of many of his books; they are full of errors and poorly bound. But as they were often printed extremely quickly to respond to a particular event, this was expected by his contemporaries.<ref>Chard (1977), 144; Braithwaite, 41.</ref>
Johnson's publications were rarely luxury goods: he priced his merchandise competitively, but always within the reach of the middle class, the audience he most wanted to serve.<ref>Chard (1975), 61; Chard (1977), 144–45.</ref> One way that he reduced costs was by printing texts in the provinces and then importing them to London; many of Priestley's works, for example, were printed locally in [[Birmingham]].<ref name=C(1977)14244/> Johnson did not take great care with the printing of many of his books; they are full of errors and poorly bound. But as they were often printed extremely quickly to respond to a particular event, this was expected by his contemporaries.<ref>Chard (1977), 144; Braithwaite, 41.</ref>


Before Johnson's generation of booksellers, publishers were not highly respected; Johnson's sterling reputation helped publishing to become a more reputable business. His advocacy of cheap books, his desire to foster extensive provincial and foreign connections are all a part of why Johnson has been called "the most important publisher in England from 1770 until 1810".<ref>Chard (1975), 82; see also Chard (1977), 153.</ref>-->
Before Johnson's generation of booksellers, publishers were not highly respected; Johnson's sterling reputation helped publishing to become a more reputable business. His advocacy of cheap books, his desire to foster extensive provincial and foreign connections are all a part of why Johnson has been called "the most important publisher in England from 1770 until 1810"<ref>Chard (1975), 82; see also Chard (1977), 153.</ref>.-->




<small>(suite en cours de rédaction)</small>
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==Statistiques de publications==
== Statistiques de publications ==
Selon Chard, pendant les 48 années de sa carrière, Johnson mit sur le marché environ 2700 publications, une moyenne de 56 par an. À peu près la moitié étaient des brochures (sermons, tracts religieux, feuilles politiques) et beaucoup étaient des réimpressions; cependant il produisait de 20 à 30 nouveaux livres par an. Environ 25 % de ses publications provenaient d'auteurs anonymes; c'étaient habituellement des œuvres politiques ou religieuses. Il a publié plus de travaux religieux que de tout autre genre (1067 titres)<ref name="Chard 1977, 140"/>. Johnson imprimait approximativement 750 copies de chaque tirage, bien que beaucoup de ses œuvres politiques et religieuses ont été produites en tirages de 250, car leur sujet était souvent éphémère<ref name="C(1977)14244" />.
Selon Chard, pendant les 48 années de sa carrière, Johnson mit sur le marché environ 2700 publications, une moyenne de 56 par an. À peu près la moitié étaient des brochures (sermons, tracts religieux, feuilles politiques) et beaucoup étaient des réimpressions; cependant il produisait de 20 à 30 nouveaux livres par an. Environ 25 % de ses publications provenaient d'auteurs anonymes; c'étaient habituellement des œuvres politiques ou religieuses. Il a publié plus de travaux religieux que de tout autre genre (1067 titres)<ref name="Chard 1977, 140"/>. Johnson imprimait approximativement 750 copies de chaque tirage, bien que beaucoup de ses œuvres politiques et religieuses aient été produites en tirages de 250, car leur sujet était souvent éphémère<ref name="C(1977)14244" />.
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
* {{en}} Aikin, John. "Biographical account of the late Mr. Joseph Johnson". ''[[The Gentleman's Magazine]]'' 79 (1809): 1167–68.
* {{en}} Aikin, John. "Biographical account of the late Mr. Joseph Johnson". ''[[The Gentleman's Magazine]]'' 79 (1809): 1167–68.
* {{en}} Braithwaite, Helen. ''Romanticism, Publishing and Dissent: Joseph Johnson and the Cause of Liberty''. New York: Palgrave Macmillan, 2003. {{ISBN|0-333-98394-7}}.
* {{en}} Braithwaite, Helen. ''Romanticism, Publishing and Dissent: Joseph Johnson and the Cause of Liberty''. New York: Palgrave Macmillan, 2003. {{ISBN|0-333-98394-7}}.
* {{en}} Butler, Marilyn. "Culture's Medium: the Role of the Review". ''The Cambridge Companion to British Romanticism''. Ed. Stuart Curran. Cambridge: Cambridge University Press, 1993. ISBN 0-521-33355-5.
* {{en}} Butler, Marilyn. "Culture's Medium: the Role of the Review". ''The Cambridge Companion to British Romanticism''. Ed. Stuart Curran. Cambridge: Cambridge University Press, 1993. {{ISBN|0-521-33355-5}}.
* {{en}} Chard, Leslie. "Bookseller to publisher: Joseph Johnson and the English book trade, 1760–1810". ''The Library''. 5th series. 32 (1977): 138–154.
* {{en}} Chard, Leslie. "Bookseller to publisher: Joseph Johnson and the English book trade, 1760–1810". ''The Library''. 5th series. 32 (1977): 138–154.
* {{en}} Chard, Leslie. "Joseph Johnson: Father of the Book Trade". ''Bulletin of the New York Public Library'' 78 (1975): 51–82.
* {{en}} Chard, Leslie. "Joseph Johnson: Father of the Book Trade". ''Bulletin of the New York Public Library'' 78 (1975): 51–82.
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* {{en}} Tyson, Gerald P. ''Joseph Johnson: A Liberal Publisher''. Iowa City: University of Iowa Press, 1979. {{ISBN|0-87745-088-9}}.
* {{en}} Tyson, Gerald P. ''Joseph Johnson: A Liberal Publisher''. Iowa City: University of Iowa Press, 1979. {{ISBN|0-87745-088-9}}.
* {{en}} Zall, P. M. "The cool world of Samuel Taylor Coleridge: Joseph Johnson, or, The perils of publishing". ''Wordsworth Circle'' 3 (1972): 25–30.
* {{en}} Zall, P. M. "The cool world of Samuel Taylor Coleridge: Joseph Johnson, or, The perils of publishing". ''Wordsworth Circle'' 3 (1972): 25–30.

== Liens externes ==
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[[Catégorie:Éditeur britannique]]
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Dernière version du 21 avril 2024 à 09:06

Joseph Johnson
Joseph Johnson (gravure de William Sharp) d’après une peinture de Moses Haughton.
Biographie
Naissance
Décès
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LondresVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités

Joseph Johnson, né le à Londres et mort le dans cette même ville, est un éditeur anglais. Ses publications traitent une vaste variété de genres, opinions et avis sur les importants sujets du jour. Johnson est connu pour avoir publié les œuvres des penseurs radicaux comme Mary Wollstonecraft, William Godwin et Joel Barlow, et aussi des rebelles religieux comme Joseph Priestley, Anna Laetitia Barbauld, and Gilbert Wakefield.

Au cours des années 1760, Johnson établit son entreprise de publication, qui se concentrait à l'origine sur les œuvres religieuses. Il devint un ami de Joseph Priestley et de l’artiste Henry Fuseli — deux relations qui durèrent sa vie entière et lui permirent de faire des affaires. Pendant les années 1770 à 1780, Johnson étendit ses affaires, publiant des œuvres importantes en médecine, littérature pour enfants ainsi que la poésie populaire de William Cowper et Erasmus Darwin. Toute sa vie et sa carrière, Johnson influença les pensées de l’époque, avec ses publications mais aussi en soutenant les écrivains et penseurs innovants.

Au cours des années 1790, Johnson s'aligna sur les sympathisants de la Révolution française, et il publia un nombre croissant de pamphlets politiques en même temps qu’il publiait le célèbre journal Analytical Review, qui offrit aux réformateurs britanniques une voix dans le domaine public. En 1799, il fut inculpé pour diffamation séditieuse car il avait publié un tract contre le ministre unitarien Gilbert Wakefield. Après avoir passé six mois en prison, quoiqu'une prison confortable, Johnson publia moins d'œuvres politiques. Dans la dernière décennie de sa vie, Johnson ne chercha pas beaucoup de nouveaux écrivains.

John Aikin, un ami de Johnson, dit que Johnson était « le père de l’industrie du livre[1],[2] ». Aussi il a été appelé « le plus important éditeur d'Angleterre de 1770 à 1810 » pour son appréciation et la promotion de jeunes écrivains, son insistance à publier des œuvres bon marché pour une classe moyenne en croissance, et le soutien aux femmes écrivaines à l’époque où elles étaient vues avec scepticisme.

Les débuts[modifier | modifier le code]

Johnson était le deuxième fils de Rebecca Turner Johnson et John Johnson, un yeoman baptiste qui habitait à Everton (en), Liverpool. Dès son enfance, il développa une attitude de contestation religieuse, alors que deux membres de la famille de sa mère étaient pasteurs baptistes et que son père était diacre. Liverpool, à l'époque de la jeunesse de Johnson, devenait rapidement une ville animée et un des plus importants ports d'Angleterre. Ces caractéristiques de son foyer – les dissensions et la commerce – demeurèrent des éléments importants dans le caractère de Johnson tout au long de sa vie.

Quand Johnson eut 15 ans, il fut mis en apprentissage chez George Keith, un libraire à Londres qui se spécialisait dans la publication de tracts religieux. Gerald Tyson, un biographe moderne de Johnson, explique qu'il était inhabituel pour un fils cadet de famille modeste de se déplacer à Londres pour devenir libraire. Certains spécialistes ont émis l'hypothèse que Johnson fut envoyé à Keith parce que ce dernier était associé avec les baptistes de Liverpool. Keith et Johnson ont publié ensemble plus tard dans leurs carrières, ce qui suggère qu'ils sont restés en bons termes après que Johnson avait commencé à monter sa propre affaire[3].

La décennie 1760 – Les premières publications[modifier | modifier le code]

Dès la fin de son apprentissage en 1761, Johnson lança sa propre entreprise, mais il connut des difficultés, déménageant transférant plusieurs fois son atelier dans la première année. Deux de ses premières publications furent une sorte d’agenda : The Complete Pocket-Book; Or, Gentleman and Tradesman's Daily Journal for the Year of Our Lord, 1763 et The Ladies New and Polite Pocket Memorandum Book (en français ‘’Le livre complet de poche ; ou, Le journal quotidien des gentlemen et des marchands pour l’année de grâce, 1763’’ et ‘’Le nouveau livre courtois de poche des dames’’). De tels livres de poche étaient populaires et ils se vendirent mieux que ceux de ses rivaux, car Johnson les vendait plus tôt et moins chers[1],[4]. Johnson continua à vendre ces livres profitables jusqu'à la fin des années 1790, mais en tant qu'insoumis religieux, il s’intéressait essentiellement à publier des livres qui amélioreraient la société. Par conséquent, les textes religieux dominent son catalogue bien qu’il ait publié aussi des textes au sujet de Liverpool (sa ville natale) et aussi des textes de médecine. Cependant, comme éditeur, Johnson faisait attention à plus que la vente et la distribution de livres, comme l'explique l’érudit Leslie Chard :

« En plus de la vente des livres au public, le libraire supervisa la publication, les dispositions avec l’imprimeur, la publicité, il avait des relations avec des libraires dans d'autres villes, provinces et même des pays étranger, en bref à toute la distribution de ses livres. Aussi il vendait, bizarrement mais typiquement, des remèdes de bonne femme. Mais, ce qui était le plus important pour Johnson, était le bien-être de ses auteurs : il allait jusqu'à leur donner le gîte et le couvert, au moins il était leur banquier, leur agent artistique et commercial, un correcteur et un psychiatre[5]. »

Au fur et à mesure des succès de Johnson, sa réputation grandit, et les autres libraires l’inclurent dans leurs « congers » - un syndicat professionnel permettant de partager le risque de publier un livre coûteux ou incendiaire.

Amitiés formatives[modifier | modifier le code]

À la fin de la vingtaine, Johnson a développé deux amitiés qui allaient déterminer le reste de sa vie. La première était le peintre et écrivain Henry Fuseli, qui était décrit comme « pugnace et à l'esprit vif[6] ». " Le biographe du XIXe siècle de Fuseli, écrit que, quand Fuseli et Johnson se rencontrèrent en 1764, Johnson « avait déjà acquis le caractère qu'il conserverait tout au long de la vie – un homme intègre et qui encourageait les gens de lettres autant que ses moyens le lui permettaient. Il était un excellent juge de leur œuvre[7] ». Fuseli devint et resta le plus proche ami de Johnson.

Portrait d’un homme assis sur une chaise et accoudé à une table couverte de livres et publications.
Johnson commanda ce portrait de son proche ami Joseph Priestley à son autre proche ami Henry Fuseli vers 1783 (gravure par Charles A. E. Turner (1836))[8].

La deuxième amitié, et probablement la plus importante pour ses affaires, était sa relation avec Joseph Priestley, un philosophe naturel célèbre, théologien unitarien. Cette amitié conduisit Johnson à se débarrasser de la foi baptiste et à adopter l’unitarisme, ainsi qu’à poursuivre ses contestations politiques[9],[10]. Le succès de Johnson comme éditeur peut être expliqué par ses relations avec Priestley, car Priestley a publié un grand nombre de livres en collaboration avec Johnson et l'a présenté à de nombreux écrivains dissidents. Grâce aux recommandations de Priestley, Johnson put publier les œuvres de beaucoup de dissidents, en particulier ceux qui faisaient partie de la Warrington Academy ; la poétesse, essayiste et auteur pour enfants Anna Laetitia Barbauld ; son frère, le médecin et écrivain, John Aikin ; le naturaliste Johann Reinhold Forster ; le ministre unitarien controversé Gilbert Wakefield ; le moraliste William Enfield ; et l’économiste politique Thomas Malthus. Tyson écrit que « les relations entre l’Academy et le libraire étaient mutuellement très utiles. Beaucoup de professeurs envoyaient leurs manuscrits à Johnson, et plus tard les anciens étudiants s'adressaient à lui pour publier les leurs[11]. » En publiant les œuvres de Priestley et des professeurs de Warrington, Johnson se fit connaître à un grand réseau de dissidents et intellectuels, y compris la Lunar Society, ce qui augmenta ses affaires encore plus. Priestley, en retour, fit assez confiance à Johnson pour qu'il dirige la logistique de sa candidature à la Royal Society[1],[12].

Partenariats[modifier | modifier le code]

En , Johnson transféra son entreprise au 8 Paternoster Row, un lieu plus visible, et il s’associa avec B. Davenport, dont on connait peu de choses à part son l’association avec Johnson. L’historien Chard propose qu’ils s’étaient rapprochés à cause de leurs croyances mutuelles, car l’entreprise publia encore plus d'œuvres religieuses, y compris beaucoup qui étaient « calvinistes fondamentalistes[13] ». Cependant, à l’été de 1767, Davenport et Johnson se sont séparés ; les érudits supposent que cette rupture se passa parce que les convictions religieuses de Johnson devenaient de plus en plus marginales[14].

Nouvellement indépendant, fort d'une réputation solide, Johnson n'avait plus de difficultés dans ses affaires. En moins d’une année, il publia neuf premières éditions par lui-même aussi bien que trente-deux œuvres en association avec d'autres libraires[15]. Il fit partie du « cercle sélect des hommes de livre qui se rassemblait à la Chapter Coffee House[16]. » Ce café était le centre de la vie sociale et commerciale pour les auteurs et éditeurs à Londres au XVIIIe siècle. Beaucoup d'aventures éditoriales majeures y avaient commencé et les auteurs importants s'y rassemblaient aussi[17].

En 1768, Johnson s’associa avec John Payne, Johnson étant probablement l’associé principal ; et l’année suivante, ils produisirent 50 titres. Sous ‘Johnson et Payne’, l’entreprise publiait une plus grande gamme d’œuvres que sous ‘Johnson et Davenport’. Quoique Johnson voyait à ses affaires, il ne publiait pas des œuvres uniquement pour s’enrichir. Les projets qui provoquaient une discussion libre plaisaient à Johnson ; par exemple, il aida Priestly à publier le Theological Repository, un échec financier qui provoqua néanmoins un débat sur les questions de théologie. Bien que le journal perdît de l’argent dans les années 1770, Johnson était prêt à republier ce livre dans les années 1785, parce qu’il en approuvait les valeurs[18].

La fin de la décennie 1760 était une époque de radicalisme grandissant en Grande-Bretagne, et bien que Johnson ne participât directement pas aux événements, il facilita la parole de ceux qui se sont exprimés ; par exemple, il a publié des œuvres au sujet de l'élection contestée de John Wilkes et de l’agitation dans les colonies américaines. Malgré son intérêt grandissant pour la politique, Johnson (avec Payne) publiait encore essentiellement des œuvres religieuses et parfois des récits de voyages[19]. Comme écrit Tyson, « pendant la première décennie de sa carrière, l’importance de Johnson comme éditeur, provenait de son désir de fournir un forum pour la contestation religieuse et politique[20].

Feu[modifier | modifier le code]

Johnson était proche de connaitre un succès important lorsque son magasin fut dévasté par un incendie en . Un journaliste de Londres écrivit que :

« Hier matin, entre 6 et 7 heures, le feu s'est déclaré au bureau de Messieurs. Johnson et Payne, et a détruit cette maison, la maison de M. Cock, imprimeur, et la maison de M. Upton, commissaire-priseur […] dans cette dernière maison se trouvaient des stocks de Bibles et de livres de la prière commune. Les livres appartiennent à la maison d’édition d'Oxford. ... À cause de la neige et de la glace, les pompiers prirent un temps considérable avant de pouvoir déployer leur équipement. Les familles dormaient quand le feu fut découvert, et M. Johnson a eu à peine le temps d’avertir sa famille et celle son associé, et de s'échapper ; tout le stock et le mobilier a été détruit, seuls les livres de compte ont été sauvés[21]. »

Fuseli habitait alors avec Johnson et il perdit aussi tout ce qu'il possédait, y compris sa publication en première édition de Remarques sur la littérature et la conduite de J.J. Rousseau. Johnson et Payne ont par la suite mis fin à l'amiable à leur association. Johnson publia l’œuvre de Payne quelques années plus tard[22].

La décennie 1770 – L’établissement[modifier | modifier le code]

En , sept mois après le feu qui avait détruit le magasin et le stock de Johnson, il s'établit au 72 St. Paul's Churchyard — le plus grand magasin d'une rue de libraires — où il demeura pour le reste de sa vie. Comment Johnson parvint à cette réussite, ce n’est pas clair; plus tard, il dit énigmatiquement à un ami que « ses amis sont venus à lui et l'ont encore remis sur pied[23] ». Une biographie au début du XIXe siècle indique que « M. Johnson avait maintenant une telle réputation, et était si respecté qu'après ce coup du sort, ses amis se mire d'accord pour contribuer à la reprise de ses affaires[24] ». Chard suppose que Priestly lui est venu en aide, car ils étaient de très proches amis[25].

Les publications religieuses et le soutien de l'Unitarianisme[modifier | modifier le code]

Le texte de la page est "Formes de Prière, et Autre Fonctions, à l'usage des Sociétés Unitariennes. Par Joseph Priestley, LL.D., F.R.S. «Tu vénéreras ton Dieu, et Lui uniquement tu serviras. » Matt.IV.10. « Les vrais fidèles vénéreront le Saint-Père en esprit et en vérité. Car le Père recherche ceux qui Le vénèrent. » Jean IV.23. Birmingham, Imprimé Par Pearson and Rollason, Pour J. Johnson, No. 72, St. Paul's Church-Yard, London. MDCCLXXXIII."
«Formes de Prière » (1783) par Joseph Priestley, une liturgie unitarienne publiée par Joseph Johnson.

Aussitôt son entreprise relancée, Johnson commença à publier les œuvres théologiques et politiques de Priestley et d'autres dissidents. À partir du début des années 1770, il publia plus spécifiquement des œuvres unitariennes, ainsi que des textes qui recommandaient la tolérance religieuse ; il s'impliqua également personnellement à la cause unitarienne[25]. Il servit de canal de communication entre les dissidents de tout le pays et il fournit des publications religieuses àaux éditeurs provinciaux, permettant aux dissidents de propager facilement leurs croyances. Johnson participa aux efforts pour abroger les Test Act et Corporation Act, qui restreignaient les droits civiques des dissidents. Dans une période de six ans, Johnson a publié presque un tiers des œuvres unitariennes qui reliées à ce sujet. Il continua son soutien en 1787, 1789, et 1790, quand les dissidents ont introduit les projets de loi au Parlement pour abroger les actes antérieurs, et il a publie la plupart de la littérature demandant l’abrogation, écrite par Priestley et d'autres[26],[27].

Aussi, Johnson joua un rôle important dans la fondation de la première chapelle unitarienne à Londres par Theophilus Lindsey. Avec beaucoup de difficultés, car les unitariens étaient craints en cette période et leurs croyances étaient illégales jusqu’au « Doctrin of the Trinity Act » de 1813, à obtenir Essex Street Chapel avec l’assistance de John Lee, un avocat qui devint le ministre de la Justice plus tard[28]. Pour capitaliser sur l’ouverture de la nouvelle chapelle, tout en aidant ses amis, il publia le sermon inaugural de Lindsey, qui fut épuisé en quatre jours. Johnson continua d'aller à l’église et à participer activement à cette congrégation toute sa vie. Lindsey et l’autre ministre de l’église, John Disney sont devenus deux des écrivains les plus actifs qui étaient publiés par Johnson.

Quoique Johnson soit connu pour avoir publié les œuvres unitariennes, en particulier celles de Priestley, il publiait aussi les œuvres des autres radicaux, des anglicans et de juifs[26]. Le point commun qui unit ses publications religieuses est la tolérance religieuse[29]. Par exemple, il publia la traduction en anglais, par le Révérend George Gregory en 1787, du livre essentiel traitant de la poésie hébraïque De Sacra Poesi Hebraeorum, écrit par l'évêque Robert Lowth. Gregory publia plusieurs autres œuvres avec Johnson, comme Les Essais Historiques et Moraux (1785), et Les Sermons, suivis de considérations sur la composition et l’exercice du Sermon (1787). Gregory est un exemple parfait du type d’auteur avec lequel Johnson préféra travailler ; diligent et libéral, mais n’ayant aucune tendance à s'auto-glorifier[30]. Pourtant, comme l'écrit Helen Braithwaite dans son étude sur Johnson, « son approche éclairée et pluraliste était regardée comme permissive par nature par ses adversaires, ouvrant la porte à toutes les formes de questions malsaines et au scepticisme, en désaccord avec les vertus stables de la religion et l’autorité établies[31]. »

La révolution américaine[modifier | modifier le code]

Partiellement à la suite de son association avec les insoumis britanniques, Johnson s’engagea en publiant des tracts et des sermons défendant les révolutionnaires américains. Il commença avec le texte de Priestley Discours aux insoumis protestants de toutes dénominations, sur la prochaine élection des membres du parlement (1774), lequel pressait les insoumis de voter pour les candidats qui promettaient la liberté aux colonies américaines[32]. Il continua sa série de pamphlets anti-gouvernementaux et pro-américains en publiant les sermons pour les « jours de jeûne » de Joshua Toulmin, George Walker, Ebenezer Radcliff, et Newcome Cappe[33]. Braithwaite les décrit comme « critiques bien articulées du gouvernement » qui « étaient non seulement inhabituels, mais aussi potentiellement subversifs et perturbateurs », et Mme Braithwaite conclut que la décision de Johnson de publier beaucoup de ce matériel nous indique que Johnson soutenait et embrassait cette position politique[34]. En outre, Johnson publia le livre Observations sur la nature de liberté civile (1776) par Richard Price, lequel Braithwaite appelle « probablement la plus importante défense anglaise des colons ». Plus de 60 000 exemplaires se sont vendus en une année[34].

En 1780 Johnson publia aussi les premières œuvres politiques complètes de Benjamin Franklin en Angleterre, un risque politique car les colons américains étaient en rébellion à cette époque[35]. Johnson ne reprenait pas normalement les textes coloniaux – car ses liens avec la révolution se faisaient généralenent avec les Dissenters – ainsi les textes que Johnson publia mettaient l'accent sur l’indépendance coloniale et les droits pour lesquels les Dissenters se battaient. « Le droit d'adresser des pétitions pour redresser les griefs, le maintien et la protection de l’égalité des droits, et le droit inaliénable de la liberté de conscience[36]. »

Les Textes Informatifs[modifier | modifier le code]

Après 1770, Johnson commença à publier une gamme variée de livres, en particulier les textes scientifiques et médicaux. Un livre particulièrement important fut Une histoire naturelle des dents humaines (1771) qui a « élevé la dentisterie au niveau de la chirurgie[37] ». Aussi Johnson soutenait les médecins quand ils questionnaient l’efficacité des remèdes et traitements, dont John Millar dans son Observation sur l'antimoine (1774), qui prétend que la poudre contre la fièvre de Dr James était inefficace. Ce fut une publication risquée pour Johnson, car ce médicament breveté était populaire, et son collègue libraire John Newbery avait fait fortune en la vendant[38].

Page de titre partiellement : les Lois Respectant des Femmes, considèrant leurs Droits Naturels, ou leurs Connexions et Conduite; dans lequel leurs Intérêts et Devoirs sont des Filles, des Pupilles, des Héritières, des Célibataires, des Sœurs, des Femmes, des Veuves, des Mères, des Légataires, des Exécutrices testamentaires. Elles sont vérifiées et énumérées : Aussi, les Obligations des Parents et Enfants Et la Condition de Mineur…."
"Lois Respectant les Femmes" (1777), publie par Johnson, assisté de Mary Wollstonecraft avec la préparation pour son roman féministe Maria: ou, Les Torts des Femmes(1798)[39].

En 1777, Johnson publia "Lois Respectant les Femmes, comme elles concernent leurs droits naturels", un œuvre remarquable. Tyson commente que « la valeur de ce livre est de munissant les femmes de la connaissance de leurs droits légaux, pour les situations où traditionnellement elles avaient été vulnérables à cause de leur ignorance[40]. » Johnson publia Lois Respectant les Femmes anonymement, mais l’œuvre est parfois créditée à Elizabeth Chudleigh Bristol, connue pour son mariage bigame au 2e duc de Kingston-upon-Hull. Cette publication préfigura les efforts de Johnson pour promouvoir les œuvres au sujet des questions féministes – comme Défense des droits de la femme (en 1792) – et son soutien aux écrivains féminins.

Révolution en Littérature enfantine[modifier | modifier le code]

Aussi, Johnson a aussi contribué considérablement à la littérature enfantine. Sa publication de Leçons pour les enfants en 1778-79 ("Lessons for Children" en anglais) par Barbauld, a engendré une révolution dans ce genre naissant. Le style simple, les dialogues maternels et le ton de conversationont inspiré une génération d'écrivains, comme Sarah Trimmer[41],[42]. Johnson encouragea autres femmes à écrire dans ce genre, comme Charlotte Smith, mais sa recommandation était toujours accompagnée de conseils sur la difficulté de bien écrire pour les enfants. Par exemple, il écrit à Smith, « peut-être tu ne peux pas utiliser ton temps ou ton talent extraordinaire plus utilement, pour le public et toi-même, qu’en composant des livres pour les enfants et les jeunes, mais je suis très conscient qu’il est extrêmement difficile d’acquérir la simplicité de style qui est leur grande recommandation[42]. » Plus tard, Johnson a aussi conseillé William Godwin et sa deuxième épouse Mary Jane Clairmont, quand ils ont publié leur collection juvénile en 1805.

Johnson non seulement encourageait la littérature enfantine britannique, mais aussi parrainait en partie la traducation et la publication d'œuvres français comme L’Ami des Enfans par Arnaud Berquin (1782-83)[43].

En plus des livres enfantins, Johnson publia des livres scolaires et manuels pour autodidactes, tels que L’introduction à l’orthographe et la lecture par John Hewlett (1786), L’introduction à la philosophie naturelle par William Nicholson, et Une introduction au mesurage et les mathématiques pratiques par John Bonnycastle, un ami de Johnson[1]. John publia aussi des livres sur l’éducation des enfants comme le premier livre de Wollstonecraft, Pensées sur l’éducation des filles (1787)[43].

À la fin de la décennie 1770, Johnson était devenu un éditeur prospère. Les écrivains - en particulier les dissenters – le recherchaient, et sa maison commençait à devenir le centre d'un milieu radical et intelligent. Parce qu'il était disposé à publier des opinions multiples, Johnson était respecté par les écrivains de toutes tendances politiques[44]. Johnson publia beaucoup d'œuvres unitariennes, mais aussi des œuvres qui les critiquaient. Il était aussi abolitionniste mais il publia des œuvres qui argumentaient en faveur du commerce des esclaves. Il soutint la pratique de la vaccination, mais il publia également des œuvres qui critiquaient cette méthode[45].

La décennie 1780 – Le succès[modifier | modifier le code]

La page indique "Poèmes, par William Cowper, du Inner Temple, Esq. en deux Volumes. Vol. I… Cinquième Édition. Londres: Publié par T. Bensley, Pour J. Johnson, St. Paul's Church-Yard. 1793."
Bien qu’il ait acheté le copyright, Johnson donna généreusement les profits de cette cinquième édition à William Cowper.

Au cours de la décennie 1780, Johnson obtint beaucoup de succès; il était à l'aise financièrement et son entreprise publiait plus de livres avec des nouveaux associés[26],[46]. Bien que Johnson ait commencé sa carrière en éditeur prudent d’œuvres scientifiques et religieuses, à partir de 1780 commença à prendre des risques en encourageant ses amis à lui recommander de nouvelles œuvres. De cette manière il créa un réseau des relecteurs informels. Cependant, l’entreprise de Johnson ne fut jamais grande ; généralement il avait un seul adjoint, et il ne prit jamais un apprenti. Ce sera uniquement lors des dernières années de sa vie que deux membres de sa famille l'assisteront[47].

Littérature[modifier | modifier le code]

Quand la situation financière de Johnson se stabilisa, il commença à publier les auteurs littéraires, comme le célèbre poète William Cowper. Johnson édita les livres de Cowper dont Poems (1782) et The Task (1784) à ses propres frais, un acte généreux à cette époque où l’auteur assumait généralement le risque financier de leur publication. Johnson en fut bien récompensé par des ventes substantielles des deux volumes. Il publia beaucoup d'œuvres de Cowper, y compris la satire anonyme Anti-thelyphora (1780), qui se moqua de l'œuvre du Rév. Martin Madan, un cousin de Cowper, qui préconisait la polygamie comme une solution à la prostitution. Johnson composa et édita même une critique des poésies de Cowper, « tout à fait à l’avantage des poèmes » selon Cowper[48].

En 1791, Johnson publia les traductions d'Homère par William Cowper, (considérablement éditées et corrigées par Fuseli), et trois années après la mort de Cowper en 1800, il publia une biographie du poète William Hayley[1],[49].

Johnson ne publia jamais beaucoup de "littérature créative", et Chard attribua ce fait à « une hostilité prolongée calviniste envers la littérature imaginative[50] ». De nombreuses œuvres littéraires que Johnson publia étaient religieuses ou didactiques[50]. Les œuvres les plus populaires de ce genre étaient les anthologies ; la plus importante est probablement « The Speaker » (Le diseur) par William Enfield en 1774, qui connut beaucoup de rééditions et engendra beaucoup d'imitations, comme « The Female Speaker » (Le diseur féminin) par Wollstonecraft[50].

Les publications médicales et scientifiques[modifier | modifier le code]

Johnson continua de s’intéresser à la publication des textes de médecine pratique lors des décennies 1780 et 1790. Pendant la décennie 1780, Johnson publia quelques-uns des livres les plus importants de ce genre. Le médecin John Aiken dit de Johnson qu’il avait établi intentionnellement son entreprise sur « le chemin que les étudiants médicaux prenaient vers les hôpitaux », où ils ne manqueraient pas de voir ses livres, ce qui a permis à Johnson d'établir son industrie de la publication des livres médicaux[51].

Johnson publiait les œuvres d'insoumis scientifiques qu'il avait rencontrés grâce à Priestley et Barbauld, comme Thomas Beddoes et Thomas Young. Il publia le livre pour enfants traitant des oiseaux par l'industriel Samuel Galton et une traduction par la Lunar Society de « Fundamentorum botanicorum » (1783) de Carl von Linné[52]. Il publia aussi les œuvres de James Edward Smith, le botaniste qui apporta le système linnéen en Angleterre[53].

En 1784, Johnson publia Une enquête sur la prévention de la variole par John Haygarth, un livre qui fit avancer la compréhension et le traitement de la variole. Par la suite, Johnson publia plusieurs œuvres d'Haygarth qui promouvaient l’inoculation (et plus tard la vaccination) pour la population saine, et la quarantaine pour les malades[54]. Aussi, il publia l’œuvre de James Earl, un chirurgien éminent qui écrivit un livre significatif sur la lithotomie, lequel était illustré par William Blake, et le livre Morbid Anatomy (1793) de Matthew Baillie, « le premier texte de la pathologie qui soit dévoué à cette science exclusivement par l’arrangement systématique »[26],[55].

Non seulement Johnson publiait la grande majorité des œuvres théologiques de Priestley, mais il publiait aussi ses œuvres scientifiques comme ‘Experiments and Observations on Different Kinds of Air’ (1774–77), dans lequel Priestley déclarait sa découverte de l’oxygène. Johnson publia aussi les œuvres de Carl Wilhelm Scheele et Antoine Lavoisier, qui ont tous les deux revendiqué la découverte de l’oxygène pour eux-mêmes. Quand Lavoisier commença à publier ses œuvres en France, sur le sujet de la « chimie moderne » qu'il avait développée, laquelle inclut les idées modernes des éléments et composés. Johnson les fit traduire et publier immédiatement, malgré son association avec Priestley, qui argumentait contre le nouveau système de Lavoisier. Johnson fut le premier à publier une édition anglaise des œuvres de chimie de Lavoisier et il se tenait au courant du debat en cours. Ces livres rapportèrent bien pour Johnson et ils augmentèrent la réputation de Johnson chez les hommes de science[56].

Le cercle de Johnson et les dîners[modifier | modifier le code]

Avec le temps, la maison de Johnson devint un centre pour les penseurs radicaux, qui étaient reconnaissants de l’ouverture d’esprit de Johnson, de sa générosité et de son humanitarisme. Bien qu’ils fussent séparés par la géographie et la distance, ces penseurs se rencontraient chez Johnson pour discuter et débattre, souvent autour du dîner. Ce réseau mettait les auteurs en contact, mais aussi il apportait à Johnson de nouveaux écrivains avec qui faire affaires. Par exemple, Priestley introduisit John Newton auprès de Johnson, Newton introduisit John Hewlett, et Hewlett amena Mary Wollstonecraft au dîner. Wollstonecraft introduisit Mary Hays, qui amena William Godwin[57]. Johnson devint le plus célèbre éditeur d'une génération d'écrivains grâce à ce réseau et à sa réputation en publiant des livres qui promouvaient la libre-pensée. En rassemblant les gens inventifs et profonds, Johnson était « en plein cœur de la vie intellectuelle en Angleterre depuis plus de vingt ans[9],[58]». Surtout, le cercle de Johnson incluait plus que les libéraux et radicaux. Chard met l'accent sur le fait que « le cercle était uni par un intérêt commun en idées et par la créativité plutôt que le radicalisme politique[59]».

Tableau d'une femme, portant une robe de nuit blanche, en train de rêver. Elle est couchée sur un lit les bras alanguis. Un lutin grotesque est assis sur sa poitrine.
Avec le portrait de Priestley (voir plus haut), The Nightmare par Henry Fuseli (1781) était accroché au-dessus les invités de Johnson[60].

Comme Tyson le note, bien que « le cercle de Johnson » soit écrit au singulier en général, il y avait deux tels « cercles ». Le premier se composait de ses associés à Londres : Fuseli, Gregory, Bonnycastle, et Geddes. Le deuxième groupe était composé de écrivains résidant plus loin, comme Priestley, Thomas Henry, Thomas Percival, Barbauld, Aikin, et Enfield. Plus tard, plus radicaux s'y joindront, dont Wollstonecraft, Wakefield, John Horne Tooke, et Thomas Christie[61].

Les repas de Johnson devinrent légendaires et, à la lecture de certains journaux intimes, il apparait qu’un grand nombre de gens étaient chaque fois présents[62]. Bien que peu de personnes fussent régulièrement présentes, hormis ses amis de Londres (comme Fuseli, Bonnycastle et, plus tard, Godwin), le grand nombre de gens importants, comme Thomas Paine, qui allaient à ces dîners, atteste la réputation de Johnson[63]. Le plaisir et la stimulation intellectuelle que les dîners procurèrent sont soulignés par de nombreuses références dans des journaux intimes et lettres. Barbaul écrivit à son frère en 1784 que « nos soirées, particulièrement chez Johnson, étaient tellement amicales et vives, que certains fois nous les prolongions jusqu'à – mais, je ne raconte pas de fables »[64]. Pendant un repas en 1791, Godwin note que la conversation s'est concentrée sur « la monarchie, Tooke, Samuel Johnson, Voltaire, les idées nouvelles, et la religion »[65]. Bien que la conversation fût stimlante, Johnson servait des repas simples à ses invites, comme du cabillaud bouilli, du veau, des légumes, et du riz au lait. Plusieurs des personnes qui se sont rencontrées à ces repas devinrent bons amis - comme Fuseli et Bonnycastle. Godwin et Wollstonecraft se sont même mariés[66].

L’amitié avec Mary Wollstonecraft[modifier | modifier le code]

L’amitié entre Johnson et Mary Wollstonecraft fut un fait marquant dans la vie de tous les deux, et elle illustre le rôle actif que Johnson prenait dans le développement de talents littéraires. En 1787, Wollstonecraft a des soucis financiers: elle venait juste d'abandonner un emploi de gouvernante en Irlande et avait déménagé à Londres. Elle s’est décidée à écrire à une époque où les femmes n’avaient pas beaucoup d'opportunités pour écrire professionnellement. Après que le professeur unitarien John Hewlett suggéra à Wollstonecraft d'envoyer ses écrits à Johnson, un durable rapport de soutien mutuel se développa entre Johnson et Wollstonecraft. Il se négocia avec ses créanciers, lui obtint un logement, paya à l’avance pour son premier livre, Thoughts on the Education of Daughters (1787) (« Pensées sur l'éducation des filles »), et son premier roman, Mary: A Fiction (1788). Johnson introduisit Wollstonecraft en ses soirées hebdomadaires, et il la présenta à tous, où elle fit la connaissance de gens célèbres comme Thomas Paine et son futur mari, William Godwin. On estime qu’elle écrivit 200 articles pour le périodique de Johnson, l’Analytical Review. Elle considerait Johnson comme un vrai ami ; après un dis accord elle lui envoya ce mot le matin suivant :

« J’ai le moral bas depuis la soirée hier, quand tu m'as parlé d’une manière sévère – tu es mon seul ami – la seule personne avec qui je suis intime. –Je n’ai pas eu de père, ni de frère – tu es les deux pour moi, depuis je t’ai connu – bien sur j’ai été irascible parfois. – J’ai repensé à ses moments de mauvaise humeur, et ils m'apparaissent comme des crimes. Cordialement, Mary[67]. »

Johnson offrit à Wollstonecraft un travail de traductrice, et lui demanda d'apprendre le français et l'allemand. Plus important, il lui prodigua ses encouragements lors de l'écriture de ses ouvrages politiques majeurs, A Vindication of the Rights of Men (1790) et A Vindication of the Rights of Woman (1792)[1],[68].

Les années de radicalisme (1790)[modifier | modifier le code]

Une corne d'abondance émettant des pamphlets radicaux, entourée de révolutionnaires coiffés de chapeaux tricolores.
Détail du dessin politique de James Gillray La nouvelle Moralité publié dans le Anti-Jacobin Review (1798); la plupart des pamphlets radicaux dérivés de « la corne d'abondance de l'ignorance » ont été publiés par Johnson : Darwin, Wakefield, Horne Tooke, Paine, Coleridge, Priestley, et d'autres.

Alors que le radicalisme prenait racine en Grande-Bretagne dans les années 1790, Johnson s'impliqua de plus en plus dans cette cause : il devint membre de la Society for Constitutional Information, qui tentait de réformer le Parlement ; il publia des travaux défendant les Dissenters après les émeutes à motivation religieuse de 1791 (émeutes de Birmingham) et il témoigna en faveur des personnes arrêtées lors des procès pour trahison de 1794[26]. Il publia des travaux défendant les droits des esclaves, des Juifs, des femmes, des prisonniers, des Dissenters, des ramoneurs, des animaux maltraités, des étudiants universitaires empêchés de se marier, des victimes de l'enrôlement forcé dans la marine, et des personnes injustement accusées de braconnage[9].

La littérature politique devint le pilier de Johnson dans les années 1790, pendant lesquelles il en publia 118 ouvrages, soit 57 % de sa production politique. Comme le note Chard, « il se passa pas un an sans au moins une publication anti-guerre et une autre anti-esclavage de Johnson »[26]. En particulier, Johnson publia des travaux abolitionnistes, tels que Thoughts Upon the African Slave Trade (1788) de John Newton, pasteur et ancien capitaine de navire de traite négrière, Epistle to William Wilberforce (1791), de Barbauld et Narrative, of a Five Years' Expedition, Against the Revolted Negroes of Surinam (1796) du capitaine John Gabriel Stedman (avec des illustrations de Blake). Plus important encore, il contribua à la publication de The Interesting Narrative of the Life of Olaudah Equiano (1789), l'autobiographie de l'ancien esclave Olaudah Equiano[69].

Plus tard dans la décennie, Johnson se concentra sur des travaux relatifs à la Révolution française, principalement sur ceux provenant de la France elle-même, mais il publia aussi des commentaires américains de Thomas Jefferson et James Monroe. Cependant, la détermination de Johnson à publier des travaux politiques et révolutionnaires fit éclater ses cercles : les Dissenters se sont éloignés des anglicans pendant leurs efforts pour abroger le Test Act et les Corporation Acts et les modérés se sont heurtés aux radicaux pendant la Révolution française. Johnson y a perdu des clients, des amis et des écrivaines, dont l'auteur de livres pour enfants Sarah Trimmer. Braithwaite suppose que Johnson perdit aussi des occasions d'affaire à cause de sa volonté de produire des œuvres promouvant les « difficiles nouvelles versions historicistes des Écritures », telles que celles d'Alexander Geddes (en)[70].

Les érudits remarquent cependant que Johnson n'a publié aucun ouvrage vraiment révolutionnaire, à part les travaux de Benjamin Franklin et les pamphlets de Joel Barlow. Il a, par exemple, refusé de publier les Rights of Man de Paine et The French Revolution (en) de William Blake. Il est presque impossible de déduire les opinions politiques personnelles de Johnson à partir des archives historiques. Marilyn Gaull soutient que « si Johnson était radical, ou même s'il avait une inclinaison politique… c'était accidentellement[71] ». Gaull décrit le libéralisme de Johnson comme celui d'un « défenseur généreux, ouvert, juste d'esprit, impartial, des causes gagnées ou perdues[71] ». Sa contribution réelle, affirme-t-elle, fut « la dissémination du savoir contemporain, particulièrement en science, médecine, et pratiques pédagogiques[71] », et la promotion vers un style populaire. Il encourageait ses écrivains à utiliser « une syntaxe simple et une diction familière », afin que « les lecteurs autodidactes » puissent comprendre ses publications[72]. On a auparavant utilisé l'association de Johnson avec des écrivains tels que Godwin pour mettre l'accent sur son radicalisme, mais Braithwaite fait remarquer que Gogwin ne commença à faire partie du cercle de Johnson qu'à partir de la fin des années 1790 ; les amis les plus proches de Johnson — Priestley, Fuseli, et Bonnycastle — et bien plus modérés politiquement. Johnson n'était pas un imprimeur populiste ou démocratique : il tentait de satisfaire la classe moyenne autodidacte[73].

Controverse sur la Révolution[modifier | modifier le code]

En 1790, avec la publication de ses Reflections on the Revolution in France, le philosophe et homme d'État Edmund Burke lança la première salve d'une féroce guerre de pamphlets qui devint connue sous le nom de Controverse révolutionnaire. Parce qu'il avait soutenu la révolution américaine, ses amis aussi bien que ses ennemis s'attendaient à ce qu'il soutienne la Révolution française. Son livre, qui dénonce la Révolution française, fut un choc pour à peu près tout le monde. Malgré son prix élevé de cinq shillings, il se vendit à plus de 10 000 exemplaires en quelques semaines[74]. Les réformateurs, spécialement les Dissenters, se sont sentis obligés de répondre. Le périodique de Johnson, l'Analytical Review a publié un résumé et un commentaire du travail de Burke quelques semaines après sa publication. Deux mois plus tard, Wollstonecraft répondit à Burke avec sa Vindication of the Rights of Men. En publiant une des premières réponses à Burke, et une des moions chères (Vindication coutait seulement un shilling), Johnson prit un risque. Thomas Cooper, qui avait également écrit une réponse à Burke, fut par la suite informé par l'Attorney General que « bien qu'il n'y ait pas de mesure de censure à prendre contre son pamphlet lorsqu'il était dans les mains de la classe supérieure, le Gouvernement n'autoriserait pas qu'il fût distribué à un prix qui lui permettrait de circuler parmi le peuple[75] ». Beaucoup d'autres personnes se mêlèrent à la bagarre et Johnson demeura au centre du maelström. Selon le compte de Braithwaite, pendant l'année suivante, Johnson publia environ le quart des réponses faites à Burke[76].

La page de titre se traduit par « A Vindication of the Rights of Men (une Défense des droits des hommes), dans une lettre au très honorable Edmund Burke ; occasionnée par ses réflexions sur la Révolution en France. Par Mary Wollstonecraft. Seconde Édition. Londres : Imprimé par J. Johnson, No. 72, St. Paul's Church-Yard. M.DCC.XC. »
La page de titre de la seconde édition de la Vindication of the Rights of Men de Mary Wollstonecraft (1790), la première sur laquelle parait son nom.

La réponse la plus célèbre fut celle de Thomas Paine Rights of Man. Dans un premier temps, Johnson consentit à publier les travaux controversés, mais il fit ensuite volte-face pour des raisons inconnues et ce fut J. S. Jordan (en) qui les distribua (et qui subit un procès et fut emprisonné pour ces publications). Braithwaite suppose que Johnson n'était pas d'accord avec les opinions radicales républicaines de Paine et était plus intéressé à promouvoir les droits des Dissenters exposés dans les autres travaux qu'il publiait. Cependant, après que le risque initial fut assumé par Jordan, Johnson publia le travail de Paine dans une édition chère, qui courait peu de risque de se voir confrontée à la loi[77]. Malgré tout, lorsque Paine lui-même fut arrêté, Johnson participa à la levée de fonds destinée à le renflouer, et le cacha des autorités[78]. Une satire contemporaine suggère que Johnson sauva Paine de l'emprisonnement :

« The time may come when J—n's aid may fail;
Nor clubs combin'd preserve thee from a jail[79]. »

Inquiet du retentissement populaire que pourrait avoir le Rights of Man de Payne, le roi émit une proclamation contre les écrits séditieux en . Les éditeurs et les libraires étaient principalement visés par cette directive, dont les effets culminèrent lors des procès pour trahison de 1794[80]. Johnson y témoigna, en prenant ses distances avec Paine et Barlow, malgré le fait que les jurés se montraient sympathiques envers les accusés[81].

Poésie[modifier | modifier le code]

Uniquement lors de la décennie 1790, Johnson a publié 103 volumes de poésie — 37 % de sa production dans ce genre littéraire. Le succès de vente des œuvres poétiques de Cowper et Erasmus Darwin a enrichi l'entreprise de Johnson. L'innovant The Botanic Garden (en) de Darwin connut un grand succès : Johnson lui paya 1 000 guinées avant même sa publication et lui acheta les droits de publication pour 800 £, une somme extrêmement importante[82]. Le poème contient trois « interludes » sous forme de dialogues entre un poète et son libraire. Ce dernier pose ce que Tyson appelle « des questions fondamentales (en) » qui cherchent à élucider la théorie poétique du poète. Tyson commente « que bien que les questions simplistes du libraire pratico-pratique puissent parodier les manières de Johnson, il semble que Darwin n'avait pas Johnson à l'esprit ni aucun autre libraire en particulier »[83]. Après le succès de The Botanic Garden, Johnson publia Zoonomia, le livre de Darwin sur l'évolution du vivant (1794–96) ; ses traités A Plan on the Conduct of Female Education (1797) ; Phytologia; the Philosophy of Agriculture and Gardening (1800) ; et son poème The Temple of Nature (en) (1803)[84]. Selon Braithwaite, The Temple of Nature était une versification de Zoonomia et « a horrifié les relecteurs par sa vision de l'univers conflictuelle, factieuse et ultra matérialiste »[85].

Une fleur à cinq pétales et aux larges feuilles
Gravure de William Blake pour The Botanic Garden (en) (1791) d'Erasmus Darwin.
MEADIA's soft chains five suppliant beaux confess,
And hand in hand the laughing belle address;
Alike to all, she bows with wanton air,
Rolls her dark eye, and waves her golden hair. (I.61–64)[86]

Johnson a continué de publier les œuvres poétiques d'Aikin et Barbauld ainsi que celles de George Dyer (en), Joseph Fawcett (en), James Hurdis (en), Joel Barlow, et Edward Williams. La plupart des poètes dont Johnson a fait la promotion et qu'il a publiés sont tombés de nos jours dans l'oubli. Cependant, en 1793, Johnson a publié An Evening Walk et Descriptive Sketches de William Wordsworth ; il demeura l'éditeur de Wordsworth jusqu'à ce qu'un désaccord les sépare en 1799. Johnson publia aussi Fears of Solitude de Samuel Taylor Coleridge (1798). Apparemment, ils étaient assez bons amis pour que Coleridge laisse ses livres au magasin de Johnson lorsqu'il voyagea en Europe[26],[87].

Johnson a eu une relation d'affaires avec l'illustrateur William Blake pendant presque vingt ans : Johnson commanda environ 100 gravures à Blake — plus que tout autre éditeur —, dont celles de la seconde édition de Original Stories from Real Life de Wollstonecraft (1791) et Botanic Garden de Darwin. Il se peut également que Johnson se soit lié avec Blake en tant qu'écrivain, à en juger par les épreuves de travail de sa French Revolution (1791). Cependant, dans An Island in the Moon (en), Blake représente Johnson comme un « libraire sans vues esthétiques, dont les questions répétitives révèlent l'ignorance »[26],[88].

Traductions[modifier | modifier le code]

Dans son effort pour présenter au public plus de travaux en langues étrangères, Johnson a aidé à la traduction de textes éducationnels, de fiction sérieuse et de philosophie (la traduction de romans polupaires l'intéressait moins). En particulier, il a encouragé la traduction des œuvres des Girondins français, dont Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain (1795) de Condorcet et Appel à l’impartiale postérité (1795) de Madame Roland, qu'il a édité en anglais quelques semaines à peine après sa publication en France. Sa publication d'une traduction de Les Ruines, ou méditations sur les révolutions des empires (1791) de Constantin-François Chassebœuf, déiste, devint rapidement un best-seller. Johnson fit aussi traduire plusieurs ouvrages de littérature française pour les enfants, dont des œuvres de Madame de Genlis.

Mais la contribution la plus significative de Johnson dans ce domaine fut sa promotion de littérature de langue allemande. Fuseli l'encouragea à publier des traductions de nouveaux auteurs allemands importants, dont Goethe et Schiller. Johnson fut l'un des rares éditeurs favorisant la traduction de philosophie morale allemande dans la décennie 1790, et sa publication la plus importante d'une publication fut probablement Ideen zur Philosophie der Geschichte der Menschheit (1776) et Johann Gottfried Herder, qui présentait aux Anglais la plupart des méthodes de pensée historiques et anthropologiques déjà présentes sur le continent. Plutôt que d'essayer de reproduire fidèlement les textes, la plupart des traducteurs travaillant avec Johnson suivaient l'usage d'adapter librement les textes, par exemple en substituant des exemples « anglais » aux exemples « allemands »[89],[90].

Analytical Review et autres périodiques[modifier | modifier le code]

Les premiers périodiques de Johnson, Gospel Magazine (1766–?), The Universal Museum and Complete Magazine (1765–1770), et The Monthly Record of Literature (1767), comme de nombreux journaux du XVIIIe siècle, n'ont pas paru longtemps, mais ses essais subséquents connurent plus de réussite[91]. En 1783, il finança le premier périodique médical trimestriel à Londres, le London Medical Journal, fondé par Samuel Foart Simmons, un médecin célèbre. Alors qu'il expliquait les buts du journal, Simmons écrivit qu'il fournirait « un compte-rendu des nouveaux livres médicaux et des découvertes utiles en physique, et en même temps qu'il serait un dépôt pour des publications originales »[92]. Le journal perdura jusqu'en 1790, où il fut remplacé par une autre initiative conjointe de Johnson et Simmons, Medical Facts and Observations, qui fut publié jusqu'en 1797[93].

Traduction de l'entête du prospectus "Prospectus de l' "Analytical Review", ou "New Literary Journal", montré agrandi; Contenant des résumés scientifiques de travaux importants et intéressants…"
Prospectus pour le Analytical Review (1788), partie de la Republic of Letters

(suite en cours de rédaction)

Statistiques de publications[modifier | modifier le code]

Selon Chard, pendant les 48 années de sa carrière, Johnson mit sur le marché environ 2700 publications, une moyenne de 56 par an. À peu près la moitié étaient des brochures (sermons, tracts religieux, feuilles politiques) et beaucoup étaient des réimpressions; cependant il produisait de 20 à 30 nouveaux livres par an. Environ 25 % de ses publications provenaient d'auteurs anonymes; c'étaient habituellement des œuvres politiques ou religieuses. Il a publié plus de travaux religieux que de tout autre genre (1067 titres)[45]. Johnson imprimait approximativement 750 copies de chaque tirage, bien que beaucoup de ses œuvres politiques et religieuses aient été produites en tirages de 250, car leur sujet était souvent éphémère[82].

Publications des années 1790[26]
Sujet Nombre
Religion 388
Littérature 173
Médecine 156
Politique 118
Poésie 103
Science 61
Langage 42
Fiction 32
Éducation 30
Philosophie 28
Histoire 27
Économie 27
Biographies 26
Humanitaire 23
Voyages 23
Pratiques 23
Anthologies 14
Essais 14
Pour enfants 13
Féminine 12
Drame 9
Publications par année[26]
Année Nombre
1790 177
1791 194
1792 164
1793 127
1794 119
1795 153
1796 114
1797 109
1798 95
1799 80

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Hall (2004). "Joseph Johnson". Oxford Dictionary of National Biography. 30 April 2007.
  2. Aikin, 1167–68.
  3. Tyson, 1–7; Chard (1975), 52–55; Zall, 25; Braithwaite, 1–2.
  4. Tyson, 8–11; Chard (1975), 55; Braithwaite, 1, 4–5.
  5. Qtd. in Chard (1977), 141.
  6. Chard (1975), 62.
  7. Qtd. in Chard (1975), 56; Tyson, 13–14.
  8. McLachlan, 19–20.
  9. a b et c Tomalin, 15–16.
  10. Tyson, 7–8; Chard (1975), 57.
  11. Tyson, 37; see also Braithwaite, 8–9, 21.
  12. Tyson, 16–22; Chard (1975), 57; Chard (1977), 150; Braithwaite, 8–9.
  13. Chard (1975), 57; Braithwaite, 7; Tyson, 16–24.
  14. Chard (1975), 57; Braithwaite, 12.
  15. Tyson, 24–26.
  16. Chard (1977), 148.
  17. Shelley, Henry C. (en) Researching Historic Buildings in the British Isles. Retrieved March 2011.
  18. Tyson, 26–27, 70; Chard (1975), 58; Braithwaite, 12–13; 18–19.
  19. Tyson, 28–31.
  20. Tyson, 31.
  21. Qtd. in Tyson, 31–32.
  22. Chard (1975), 58–59; Braithwaite, 20–21.
  23. Qtd. in Tyson, 34.
  24. Qtd. in Tyson, 34; see also Zall, 25; Braithwaite, 20–21.
  25. a et b Chard (1975), 59.
  26. a b c d e f g h i et j Chard (2002), 95–101.
  27. Tyson, 38–44, 67–73, 93–94, 146–48, 184–88; Chard (1975), 59, 66; Braithwaite, 52.
  28. Rowe (1959), chpt. 2
  29. Tyson, 69.
  30. Tyson, 61–62.
  31. Braithwaite, 29.
  32. Braithwaite, 43–45.
  33. Braithwaite, 44–46.
  34. a et b Braithwaite, 47–48.
  35. Tyson, 49–53; Braithwaite, 56–57.
  36. Braithwaite, 57.
  37. Tyson, 46.
  38. Tyson, 44–48; Chard (1975), 60.
  39. Myers, Mitzi. "Unfinished Business: Wollstonecraft's Maria." Wordsworth Circle 11.2 (1980), 114, n. 18.
  40. Tyson, 50.
  41. Braithwaite, 70.
  42. a et b Mandell, 108–13.
  43. a et b Tyson, 81–84.
  44. Tyson, 56; Chard (1975), 60.
  45. a et b Chard (1977), 140.
  46. Chard (1975), 65.
  47. Tyson, 58; Chard (1975), 64.
  48. Qtd. in Chard (1977), 143, n. 20; Braithwaite, 62, 71–76
  49. Tyson, 62–66; Chard (1975), 79, n. 87; Zall, 25–26.
  50. a b et c Chard (1975), 61.
  51. Qtd. in Chard (1975), 55; see also Braithwaite, 5.
  52. Tyson, 17–18, 22, 75; Chard (1975), 65; Braithwaite, 62.
  53. Chard (1975), 60.
  54. Tyson, 77, 107–08, 180–81.
  55. Chard (1975), 60; Braithwaite, 61.
  56. Tyson, 50, 73–74.
  57. Chard (1977), 150.
  58. Chard (1975), 51; Zall, 26.
  59. Chard (1975), 68; Zall, 26.
  60. Chard (1975), 63.
  61. Tyson, 66.
  62. Pour une liste des participants les plus célèbres, voyez Tyson, 121.
  63. Lau, 104–09.
  64. Qtd. in Tyson, 118.
  65. Qtd. in Tyson, 122.
  66. Tyson, 118; Gaull, 266; Chard (1975), 62–63.
  67. Qtd in Holmes, 92.
  68. Tyson, 67–68; Chard (1975), 51; Zall, —26–27; Braithwaite, 71.
  69. Braithwaite, 77–78.
  70. Chard (1975), 65–66; Zall, 27–28; Tyson, 135–40, 148ff; Braithwaite, 78–86, 143.
  71. a b et c Gaull, 267–68.
  72. Gaull, 271.
  73. Braithwaite, 164–66.
  74. Braithwaite, 102.
  75. Qtd. in Chard (1977), 147 ; voir aussi Tyson, 126–27; Braithwaite, 132.
  76. Tyson, 122, 135–40; Zall, 27–28; Braithwaite, 101–06.
  77. Tyson, 123–26; Chard (1975), 70; Braithwaite, 107–10.
  78. Chard (1977), 139.
  79. Qtd. in Tyson, 128.
  80. Tyson, 131–32 ; Chard (1975), 69.
  81. Braithwaite, 144–46.
  82. a et b Chard (1977), 142–44.
  83. « that although the flat questions of the practical-minded bookseller may be meant to parody Johnson's manner, most likely Darwin did not have him or any other particular bookseller in mind. » Tyson, p. 110.
  84. Tyson, 142.
  85. Braithwaite, 174.
  86. Darwin, Erasmus. The Botanic Garden. London: Jones and Company (1825), 138.
  87. Tyson, 109–13, 141–42, 171–75; Chard (1975), 51; Braithwaite, 127–31.
  88. Gaull, 265; Chard (1975), 51; Zall, 27.
  89. Esterhammer, 101–04.
  90. Chard (1975), 66; Tyson, 136–41; Braithwaite, 94–95, 149–50.
  91. Tyson, 24; Chard (1975), 57.
  92. Qtd. in Tyson, 79.
  93. Tyson, 78–80.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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  • (en) Smyser, Jane Worthington. "The trial and imprisonment of Joseph Johnson, bookseller". Bulletin of the New York Public Library 77 (1974): 418–435.
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Liens externes[modifier | modifier le code]