« Massacre de Boston » : différence entre les versions

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Le '''massacre de Boston''' (en {{Lang-en|''Boston Massacre''}}), connu comme l{{'}}'''incident sur la rue King''' (en {{Lang-en|''Incident on King Street''}}) par les [[Royaume-Uni|Britanniques]], est un épisode de l'opposition entre les [[Empire britannique|colonies britanniques]] en Amérique du Nord et la [[Royaume de Grande-Bretagne|Grande-Bretagne]] pendant la seconde moitié du {{XVIIIe siècle}}. Cet incident s'est produit le {{Date|5 mars 1770}} dans lequel des soldats de l'[[British Army|armée britannique]] ont tué cinq civils et blessé six autres. L'incident est largement repris pour leur [[propagande]] par les principaux [[Patriot (révolution américaine)|Patriots]] comme [[Paul Revere]] et [[Samuel Adams]], afin d'alimenter l'animosité envers les autorités britanniques.
Le '''massacre de Boston''' (en {{Lang-en|''Boston Massacre''}}), connu comme l{{'}}'''incident sur la rue King''' (en {{Lang-en|''Incident on King Street''}}) par les [[Empire britannique|Britanniques]], est un épisode de l'opposition entre les [[Treize colonies]] d'[[Amérique du Nord]] et la [[Royaume de Grande-Bretagne|Grande-Bretagne]] pendant la seconde moitié du {{s|XVIII}}. Le {{Date|5 mars 1770}}, des soldats de l'[[British Army|armée britannique]] tuent cinq civils et en blessent six autres. L'incident est aussitôt repris, aux fins de [[propagande]], par les principaux [[Patriot (révolution américaine)|''Patriots'']], tels [[Paul Revere]] et [[Samuel Adams]], afin d'alimenter la haine envers les autorités britanniques et accélérer le processus d'union indépendantiste.


Les troupes britanniques sont stationnées à [[Boston]], capitale de la [[province de la baie du Massachusetts]], depuis 1768 afin de protéger et de soutenir les fonctionnaires coloniaux tentant de faire respecter l'impopulaire législation parlementaire. Au milieu des relations tendues entre la population et les soldats, une foule se forme autour d'une sentinelle britannique qui est verbalement invectivée et harcelée. Elle est finalement soutenue par huit soldats supplémentaires qui sont également soumis à des menaces verbales et de projection d'objets. Ils tirent dans la foule, sans ordres, tuant sur le coup trois personnes et en blessant plusieurs autres. Deux autres personnes meurent plus tard de leurs blessures cet incident.
Les troupes britanniques sont stationnées à [[Boston]], capitale de la [[province de la baie du Massachusetts]], depuis [[1768]] afin de protéger et de soutenir les fonctionnaires coloniaux tentant de faire respecter l'impopulaire législation votée au parlement de Londres, dont une série de taxes. Au milieu des relations tendues entre la population et les soldats, une foule probablement en majorité alcoolisée se forme autour d'une sentinelle britannique, laquelle est bientôt injuriée et malmenée. Le soldat est finalement rejoint par huit hommes armés supplémentaires qui sont également soumis à des menaces verbales et à des jets de projectiles (boules de neige).


Soudainement, les [[tuniques rouges]] croient entendre un coup de feu. (Il n'en était probablement rien, étant donné le sentiment de puissance hégémonique qu'inspiraient les Britanniques à l'époque.) Les soldats tirent alors dans la foule, sans en avoir reçu l'ordre, tuant sur le coup cinq personnes et en blessant plusieurs autres. Deux autres personnes meurent plus tard de leurs blessures, ce qui porte le total à sept morts.
La foule s'est finalement dispersée après que le gouverneur colonial par intérim [[Thomas Hutchinson]] promette une enquête, annulée le lendemain, ce qui incite le retrait des troupes pour le fort de [[Castle Island (Massachusetts)|Castle Island]]. Huit soldats, un officier et quatre civils sont arrêtés et accusés d'assassinat. Défendus par l'avocat et futur président américain, [[John Adams (homme politique)|John Adams]], six des soldats sont acquittés, tandis que les deux autres sont reconnus coupables d'homicide involontaire et condamnés à des courtes peines. Les hommes reconnus coupables d'homicide involontaire sont condamnés à être marqués sur leur main. La tension suivant cet épisode aboutit en [[1775]] à la [[révolution américaine]] et à la [[guerre d'indépendance des États-Unis]].

La foule se disperse après que le gouverneur colonial par intérim, [[Thomas Hutchinson]], a promis une enquête. Celle-ci est annulée le lendemain. Face aux menaces grondantes, le retrait des troupes pour le fort de [[Castle Island (Massachusetts)|Castle Island]] est décidé. L'enquête reprend. Huit soldats, un officier et quatre civils sont arrêtés et accusés d'assassinats. Défendus par l'avocat et futur président américain, [[John Adams (homme politique)|John Adams]], six des soldats sont acquittés, tandis que les deux autres sont reconnus coupables d'homicide involontaire et condamnés à de courtes peines. Les hommes reconnus coupables d'homicide involontaire sont condamnés à être marqués sur la main.

C'est le début d'une tension croissante entre Britanniques et colons, et cet épisode aboutit en [[1775]] à la [[Révolution américaine]] et à la [[guerre d'indépendance des États-Unis]].


== Contexte ==
== Contexte ==
{{Article détaillé|Révolution américaine}}
{{Article détaillé|Révolution américaine}}
[[Fichier:2009 BostonMassacre site 3658174192.jpg|thumb|upright|L'[[Old State House]] de Boston, siège du gouvernement colonial britannique de 1713 à 1776. Le massacre de Boston s'est déroulé face au bâtiment et est désormais marqué d'un disque pavé.]]
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[[Fichier:USA-Massacre Site0.jpg|vignette|upright|Le disque pavé marquant le lieu du massacre de Boston.]]


Alors que les [[treize colonies]] britanniques d'Amérique sont en pleine effervescence et que le conflit avec la Grande-Bretagne menace, les troupes britanniques sont stationnées dans des villes comme [[Boston]], capitale de la [[province de la baie du Massachusetts]] et ville portuaire d'importance mais aussi une zone notable de résistance et de contestation anti-britannique. En effet, en [[1767]], les ''[[Townshend Acts]]'' instituent une taxe sur plusieurs marchandises importées dans les colonies américaines. Ces lois soulèvent la réprobation et la résistance des colons américains qui considèrent ces lois comme une violation des droits constitutionnels des sujets britanniques dans les colonies. La [[Chambre des représentants du Massachusetts]] fait campagne contre les ''Townshend Acts'' en envoyant une pétition au roi [[George III (roi du Royaume-Uni)|George III]] lui demandant de mettre fin à celles-ci, puis en faisant circuler une {{Lien|trad=Massachusetts Circular Letter|lang=en|fr=Lettre circulaire du Massachusetts|texte=lettre circulaire}} aux autres représentations des colonies leur demandant de se joindre à leur mouvement.
Alors que les [[treize colonies]] britanniques d'Amérique sont en pleine effervescence et que le conflit avec la Grande-Bretagne menace, les troupes britanniques sont stationnées dans des villes comme [[Boston]], capitale de la [[province de la baie du Massachusetts]] et ville portuaire d'importance mais aussi une zone notable de résistance et de contestation anti-britannique. En effet, en [[1767]], les ''[[Townshend Acts]]'' instituent une taxe sur plusieurs marchandises importées dans les colonies américaines. Ces lois soulèvent la grande réprobation et la résistance des colons américains qui considèrent ces lois comme une violation des droits constitutionnels des sujets britanniques dans les colonies. La [[Chambre des représentants du Massachusetts]] fait campagne contre les ''Townshend Acts'' en envoyant une pétition au roi [[George III (roi du Royaume-Uni)|George III]] lui demandant de mettre fin à celles-ci, puis en faisant circuler une {{Lien|trad=Massachusetts Circular Letter|lang=en|fr=Lettre circulaire du Massachusetts|texte=lettre circulaire}} aux autres représentations des colonies leur demandant de se joindre à leur mouvement.


En Grande-Bretagne, [[Wills Hill|Lord Hillsborough]], récemment nommé au poste nouvellement créé de [[Secrétaire d'État aux Colonies (Royaume-Uni)|Secrétaire d'État aux Colonies]], s'alarme des actions de la Chambre des représentants du Massachusetts. En avril 1768, il envoie une lettre aux gouverneurs coloniaux en Amérique, leur demandant de dissoudre les assemblées coloniales si elles répondent à la lettre circulaire du Massachusetts. Il ordonne également au gouverneur du Massachusetts [[Francis Bernard]] de reprendre la main sur la Chambre des représentants et d'annuler la lettre. Cette dernière refuse d'obtempérer.
En Grande-Bretagne, [[Wills Hill|Lord Hillsborough]], récemment nommé au poste nouvellement créé de [[Secrétaire d'État aux Colonies (Royaume-Uni)|secrétaire d'État aux Colonies]], s'alarme des actions de la Chambre des représentants du Massachusetts. En {{date|avril 1768}}, il envoie une lettre aux gouverneurs coloniaux en Amérique, leur demandant de dissoudre les assemblées coloniales si elles répondent à la lettre circulaire du Massachusetts. Il ordonne également au gouverneur du Massachusetts [[Francis Bernard (administrateur colonial)|Francis Bernard]] de reprendre la main sur la Chambre des représentants et d'annuler la lettre. Ce dernier refuse d'obtempérer.


Au cours de l'été [[1768]], les agents des douanes confisquent un [[sloop]] appartenant à [[John Hancock]], accusé de violer les règlements commerciaux. La foule prend d'assaut les douanes, obligeant les agents à se réfugier sur un navire de guerre britannique mouillant dans le port. De nouvelles troupes sont envoyées en renfort de Grande-Bretagne pour maintenir le calme à Boston. Si [[Londres]] dut finalement faire marche arrière devant le [[boycott]] des marchandises et abroger les lois, la tension restait vive, en particulier à Boston. Les radicaux, regroupés dans l’organisation clandestine des « [[Fils de la Liberté]] », continuent la lutte contre le pouvoir colonial et multiplient les incidents contre les soldats britanniques.
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Le {{Date|22|février|1770}}, à Boston, Ebenezer Richardson est menacé par la foule : il tire à la carabine et tue un adolescent, [[Christopher Seider]]<ref>Bernard Cottret, ''La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787'', Paris, Perrin, 2003, {{ISBN|2-262-01821-9}}, p. 103.</ref>. Des rixes opposent des manifestants aux troupes britanniques.
Au cours de l'été [[1768]], les agents des douanes confisquent un [[sloop]] appartenant à [[John Hancock]], accusé de violer les règlements commerciaux. La foule prend d'assaut les douanes, obligeant les agents à se réfugier sur un navire de guerre britannique mouillant dans le port. De nouvelles troupes sont envoyées en renforts de Grande-Bretagne pour maintenir le calme à Boston. Si Londres dut finalement faire marche arrière devant le boycott des marchandises et abroger les lois, la tension restait vive, en particulier à Boston. Les radicaux, regroupés dans l’organisation clandestine des « [[Fils de la Liberté]] », continuent la lutte contre le pouvoir colonial et multiplient les incidents contre les soldats britanniques.

Le 22 février 1770, à Boston, Ebenezer Richardson est menacé par la foule : il tire à la carabine et tue un adolescent, [[Christopher Seider]]<ref>Bernard Cottret, ''La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787'', Paris, Perrin, 2003, {{ISBN|2-262-01821-9}}, p.103</ref>. Des rixes opposent des manifestants aux troupes britanniques.


== Le massacre ==
== Le massacre ==
[[Fichier:Boston massacre grave 20040930 105414 1.627x1068.jpg|thumb|upright|Plaque funéraire commémorative au [[Granary Burying Ground]].]]
[[Fichier:Boston massacre grave 20040930 105414 1.627x1068.jpg|vignette|upright|Plaque funéraire commémorative au ''[[Granary Burying Ground]]''.]]


Le {{Date|5|mars|1770}}, sur King Street, les soldats britanniques, sous le commandement du capitaine {{Lien|trad=Thomas Preston (British Army officer)|lang=en|fr=Thomas Preston (militaire)|texte=Thomas Preston}}, tirent sur la foule<ref>Bernard Cottret, ''La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787'', Paris, Perrin, 2003, {{ISBN|2-262-01821-9}}, p.104</ref>. Cinq personnes trouvent la mort dans le « massacre<ref>Élise Marienstras, Naomi Wulf, ''Révoltes et révolutions en Amérique'', Atlande, 2005, ISBN 2-35030-015-3, page 60</ref>{{,}}<ref>Zobel, ''The Boston Massacre'', W.W. Norton and Co., 1970, 199-200.</ref> ». Parmi les victimes figurent [[Crispus Attucks]]<ref name="Fohlen46">Claude Fohlen, ''Les Pères de la Révolution américaine'', Paris, Albin Michel, 1989, {{ISBN|2226036644}}, p.46</ref>, un matelot (James Caldwell), deux apprentis du nom de Samuel Maverick et Christopher Monk. Le tocsin sonne le soir même et les soldats sont harcelés par les Bostoniens. [[Paul Revere]] réalise des gravures de [[propagande]] du massacre de Boston (« Massacre sanglant de King Street »)<ref>Bernard Cottret, ''La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787'', Paris, Perrin, 2003, {{ISBN|2-262-01821-9}}, p.106</ref>. Plusieurs détails ne correspondent pas à la réalité : il n'y avait pas de neige en réalité et le mulâtre a la peau blanche sur le document.
Le {{Date|5|mars|1770}}, sur King Street, les soldats britanniques, sous le commandement du capitaine {{Lien|trad=Thomas Preston (British Army officer)|lang=en|fr=Thomas Preston (militaire)|texte=Thomas Preston}}, tirent sur la foule<ref>Bernard Cottret, ''La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787'', Paris, Perrin, 2003, {{ISBN|2-262-01821-9}}, p. 104.</ref>. Cinq personnes trouvent la mort dans le « massacre, plus deux autres, suite à leurs blessures<ref>Élise Marienstras, Naomi Wulf, ''Révoltes et révolutions en Amérique'', Atlande, 2005, {{ISBN|2-35030-015-3}}, page 60.</ref>{{,}}<ref>Zobel, ''The Boston Massacre'', W.W. Norton and Co., 1970, pp. 199-200.</ref> ». Les noms des victimes sont connues : on trouve [[Crispus Attucks]]<ref name="Fohlen46">Claude Fohlen, ''Les Pères de la Révolution américaine'', Paris, Albin Michel, 1989, {{ISBN|2226036644}}, p. 46.</ref>, le matelot James Caldwell, deux apprentis du nom de Samuel Maverick et Christopher Monk, ainsi que Samuel Gray, John Clark et Patrick Carr. Le tocsin sonne le soir même et les soldats sont harcelés par les Bostoniens. [[Paul Revere]] réalise des gravures de [[propagande]] du massacre de Boston (« Massacre sanglant de King Street »)<ref>Bernard Cottret, ''La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787'', Paris, Perrin, 2003, {{ISBN|2-262-01821-9}}, p. 106.</ref>, ce qui permet de diffuser l'information dans toutes les colonies. Plusieurs détails ne correspondent pas à la réalité : en réalité, il n'y avait pas de neige et Crispus Attucks a, sur le document, la peau blanche.


== Conséquences ==
== Conséquences ==
=== Enquête ===
=== Enquête ===
Le surlendemain du massacre, les autorités royales décidèrent de transférer les troupes du centre ville vers le fort de Castle Island, située dans le port de Boston, afin de calmer la tension.
Le surlendemain du massacre, les autorités de la Couronne britannique décidèrent de transférer les troupes du centre-ville vers le fort de Castle Island, située dans le port de Boston, afin de calmer la tension.


=== Propagande ===
=== Propagande ===
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== Postérité ==
== Postérité ==
Le {{date|17|mars|1776}}, soit 6 ans et 12 jours après le massacre, a lieu l{{'}}''[[Jour de l'Évacuation (Boston)|Evacuation Day]]''. Les troupes britanniques de [[William Howe]] battent alors en retraite, et se retirent en [[Nouvelle-Écosse]], événement toujours célébré de nos jours. Cet événement tragique, connu sous l'expression britannique de ''Bloody Massacre'', est resté dans la mémoire américaine comme l'un des éléments déclencheurs de la révolution : il est célébré jusqu'en [[1783]] comme fête « nationale » par les Patriotes<ref name="Fohlen46"/>. Cet événement a été immortalisé par une [[gravure]] de [[Paul Revere]]. Un monument se dresse sur le site du massacre ; il fait partie du [[Freedom Trail]].
Le {{date|17|mars|1776}}, soit 6 ans et 12 jours après le massacre, a lieu l{{'}}''[[Jour de l'Évacuation (Boston)|Evacuation Day]]''. Les troupes britanniques de [[William Howe]] battent alors en retraite, et se retirent en [[Nouvelle-Écosse]], événement toujours célébré de nos jours.
Le massacre de Boston, tragique, est connu sous l'expression britannique de ''Bloody Massacre'', et est resté dans la mémoire américaine comme l'un des éléments déclencheurs de la révolution : il est célébré jusqu'en [[1783]] comme fête « nationale » par les Patriotes<ref name="Fohlen46"/>. Cet événement a été immortalisé par une [[gravure]] largement imprimée et diffusée par [[Paul Revere]]. Un monument se dresse sur le site du massacre ; il fait partie du ''[[Freedom Trail]]''.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* Reid, John Phillip. "A Lawyer Acquitted: John Adams and the Boston Massacre." ''American Journal of Legal History'', 1974 18(3): 189-207. {{ISSN|0002-9319}} Fulltext: in Jstor
* John Phillip Reid, « A Lawyer Acquitted: John Adams and the Boston Massacre. » ''American Journal of Legal History'', 1974 18(3): 189-207. {{ISSN|0002-9319}}.
* Ritter, Kurt W. "Confrontation as Moral Drama: the Boston Massacre in Rhetorical Perspective." ''Southern Speech Communication Journal'' 1977 42(1): 114-136. {{ISSN|0361-8269}}
* Kurt W. Ritter, « Confrontation as Moral Drama: the Boston Massacre in Rhetorical Perspective. » ''Southern Speech Communication Journal'' 1977 42(1): 114-136. {{ISSN|0361-8269}}.
* Zobel, Hiller B., ''The Boston Massacre'' (New York: W.W. Norton & Company, 1970),
* Hiller B. Zobel, ''The Boston Massacre'', New York, W.W. Norton & Company, 1970.


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
* {{en}} [http://www.bostonmassacre.net Boston Massacre Historical Society]
* {{Dictionnaires}}
* {{en}} [http://www.earlyamerica.com/review/winter96/massacre.html Archiving Early America]
* {{Bases}}
* {{en}} [http://www.bostonmassacre.net ''Boston Massacre Historical Society''].
* {{en}} [http://www.earlyamerica.com/review/winter96/massacre.html ''Archiving Early America''].


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Dernière version du 19 avril 2024 à 04:12

Massacre de Boston
Description de cette image, également commentée ci-après
The Bloody Massacre Perpetrated in King Street Boston on March 5th, 1770 (« Le massacre sanglant perpétré sur King Street à Boston le 5 mars 1770 »), par Paul Revere d'après le graveur Henry Pelham et une colorisation de Benjamin Edes (en) (1770).

Date
Lieu Boston
Résultat Entre 5 et 7 morts selon les sources.

Le massacre de Boston (en anglais : Boston Massacre), connu comme l'incident sur la rue King (en anglais : Incident on King Street) par les Britanniques, est un épisode de l'opposition entre les Treize colonies d'Amérique du Nord et la Grande-Bretagne pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le , des soldats de l'armée britannique tuent cinq civils et en blessent six autres. L'incident est aussitôt repris, aux fins de propagande, par les principaux Patriots, tels Paul Revere et Samuel Adams, afin d'alimenter la haine envers les autorités britanniques et accélérer le processus d'union indépendantiste.

Les troupes britanniques sont stationnées à Boston, capitale de la province de la baie du Massachusetts, depuis 1768 afin de protéger et de soutenir les fonctionnaires coloniaux tentant de faire respecter l'impopulaire législation votée au parlement de Londres, dont une série de taxes. Au milieu des relations tendues entre la population et les soldats, une foule probablement en majorité alcoolisée se forme autour d'une sentinelle britannique, laquelle est bientôt injuriée et malmenée. Le soldat est finalement rejoint par huit hommes armés supplémentaires qui sont également soumis à des menaces verbales et à des jets de projectiles (boules de neige).

Soudainement, les tuniques rouges croient entendre un coup de feu. (Il n'en était probablement rien, étant donné le sentiment de puissance hégémonique qu'inspiraient les Britanniques à l'époque.) Les soldats tirent alors dans la foule, sans en avoir reçu l'ordre, tuant sur le coup cinq personnes et en blessant plusieurs autres. Deux autres personnes meurent plus tard de leurs blessures, ce qui porte le total à sept morts.

La foule se disperse après que le gouverneur colonial par intérim, Thomas Hutchinson, a promis une enquête. Celle-ci est annulée le lendemain. Face aux menaces grondantes, le retrait des troupes pour le fort de Castle Island est décidé. L'enquête reprend. Huit soldats, un officier et quatre civils sont arrêtés et accusés d'assassinats. Défendus par l'avocat et futur président américain, John Adams, six des soldats sont acquittés, tandis que les deux autres sont reconnus coupables d'homicide involontaire et condamnés à de courtes peines. Les hommes reconnus coupables d'homicide involontaire sont condamnés à être marqués sur la main.

C'est le début d'une tension croissante entre Britanniques et colons, et cet épisode aboutit en 1775 à la Révolution américaine et à la guerre d'indépendance des États-Unis.

Contexte[modifier | modifier le code]

L'Old State House de Boston, siège du gouvernement colonial britannique de 1713 à 1776. Le massacre de Boston s'est déroulé face au bâtiment et est désormais marqué d'un disque pavé.
Le disque pavé marquant le lieu du massacre de Boston.

Alors que les treize colonies britanniques d'Amérique sont en pleine effervescence et que le conflit avec la Grande-Bretagne menace, les troupes britanniques sont stationnées dans des villes comme Boston, capitale de la province de la baie du Massachusetts et ville portuaire d'importance mais aussi une zone notable de résistance et de contestation anti-britannique. En effet, en 1767, les Townshend Acts instituent une taxe sur plusieurs marchandises importées dans les colonies américaines. Ces lois soulèvent la grande réprobation et la résistance des colons américains qui considèrent ces lois comme une violation des droits constitutionnels des sujets britanniques dans les colonies. La Chambre des représentants du Massachusetts fait campagne contre les Townshend Acts en envoyant une pétition au roi George III lui demandant de mettre fin à celles-ci, puis en faisant circuler une lettre circulaire (en) aux autres représentations des colonies leur demandant de se joindre à leur mouvement.

En Grande-Bretagne, Lord Hillsborough, récemment nommé au poste nouvellement créé de secrétaire d'État aux Colonies, s'alarme des actions de la Chambre des représentants du Massachusetts. En , il envoie une lettre aux gouverneurs coloniaux en Amérique, leur demandant de dissoudre les assemblées coloniales si elles répondent à la lettre circulaire du Massachusetts. Il ordonne également au gouverneur du Massachusetts Francis Bernard de reprendre la main sur la Chambre des représentants et d'annuler la lettre. Ce dernier refuse d'obtempérer.

Au cours de l'été 1768, les agents des douanes confisquent un sloop appartenant à John Hancock, accusé de violer les règlements commerciaux. La foule prend d'assaut les douanes, obligeant les agents à se réfugier sur un navire de guerre britannique mouillant dans le port. De nouvelles troupes sont envoyées en renfort de Grande-Bretagne pour maintenir le calme à Boston. Si Londres dut finalement faire marche arrière devant le boycott des marchandises et abroger les lois, la tension restait vive, en particulier à Boston. Les radicaux, regroupés dans l’organisation clandestine des « Fils de la Liberté », continuent la lutte contre le pouvoir colonial et multiplient les incidents contre les soldats britanniques.

Le , à Boston, Ebenezer Richardson est menacé par la foule : il tire à la carabine et tue un adolescent, Christopher Seider[1]. Des rixes opposent des manifestants aux troupes britanniques.

Le massacre[modifier | modifier le code]

Plaque funéraire commémorative au Granary Burying Ground.

Le , sur King Street, les soldats britanniques, sous le commandement du capitaine Thomas Preston (en), tirent sur la foule[2]. Cinq personnes trouvent la mort dans le « massacre, plus deux autres, suite à leurs blessures[3],[4] ». Les noms des victimes sont connues : on trouve Crispus Attucks[5], le matelot James Caldwell, deux apprentis du nom de Samuel Maverick et Christopher Monk, ainsi que Samuel Gray, John Clark et Patrick Carr. Le tocsin sonne le soir même et les soldats sont harcelés par les Bostoniens. Paul Revere réalise des gravures de propagande du massacre de Boston (« Massacre sanglant de King Street »)[6], ce qui permet de diffuser l'information dans toutes les colonies. Plusieurs détails ne correspondent pas à la réalité : en réalité, il n'y avait pas de neige et Crispus Attucks a, sur le document, la peau blanche.

Conséquences[modifier | modifier le code]

Enquête[modifier | modifier le code]

Le surlendemain du massacre, les autorités de la Couronne britannique décidèrent de transférer les troupes du centre-ville vers le fort de Castle Island, située dans le port de Boston, afin de calmer la tension.

Propagande[modifier | modifier le code]

Les journaux de la ville mettent en valeur cet événement et en font le symbole de la tyrannie britannique. Après les violences, la Grande-Bretagne décide de dissoudre les assemblées du Massachusetts.

Procès[modifier | modifier le code]

Les responsables du massacre, le capitaine Thomas Preston et ses soldats, furent jugés et finalement acquittés. C'est John Adams qui assura leur défense au procès.

Postérité[modifier | modifier le code]

Le , soit 6 ans et 12 jours après le massacre, a lieu l'Evacuation Day. Les troupes britanniques de William Howe battent alors en retraite, et se retirent en Nouvelle-Écosse, événement toujours célébré de nos jours.

Le massacre de Boston, tragique, est connu sous l'expression britannique de Bloody Massacre, et est resté dans la mémoire américaine comme l'un des éléments déclencheurs de la révolution : il est célébré jusqu'en 1783 comme fête « nationale » par les Patriotes[5]. Cet événement a été immortalisé par une gravure largement imprimée et diffusée par Paul Revere. Un monument se dresse sur le site du massacre ; il fait partie du Freedom Trail.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787, Paris, Perrin, 2003, (ISBN 2-262-01821-9), p. 103.
  2. Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787, Paris, Perrin, 2003, (ISBN 2-262-01821-9), p. 104.
  3. Élise Marienstras, Naomi Wulf, Révoltes et révolutions en Amérique, Atlande, 2005, (ISBN 2-35030-015-3), page 60.
  4. Zobel, The Boston Massacre, W.W. Norton and Co., 1970, pp. 199-200.
  5. a et b Claude Fohlen, Les Pères de la Révolution américaine, Paris, Albin Michel, 1989, (ISBN 2226036644), p. 46.
  6. Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787, Paris, Perrin, 2003, (ISBN 2-262-01821-9), p. 106.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • John Phillip Reid, « A Lawyer Acquitted: John Adams and the Boston Massacre. » American Journal of Legal History, 1974 18(3): 189-207. (ISSN 0002-9319).
  • Kurt W. Ritter, « Confrontation as Moral Drama: the Boston Massacre in Rhetorical Perspective. » Southern Speech Communication Journal 1977 42(1): 114-136. (ISSN 0361-8269).
  • Hiller B. Zobel, The Boston Massacre, New York, W.W. Norton & Company, 1970.

Liens externes[modifier | modifier le code]