« Google Livres » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Ajouté un lien au site du projet américain (abandonné) de la "Universal Digital Library".
 
(38 versions intermédiaires par 17 utilisateurs non affichées)
Ligne 4 : Ligne 4 :
| nom = Google Livres
| nom = Google Livres
| url = [https://books.google.fr books.google.fr]
| url = [https://books.google.fr books.google.fr]
| logo = Google livres.png
| logo = Google Books logo 2015.svg
| taille logo = 200
| taille logo = 200
| légende = Logo de Google livres
| légende = Logo de Google livres
Ligne 22 : Ligne 22 :
| état actuel = En activité
| état actuel = En activité
| slogan =
| slogan =

}}
}}


'''Google Livres''', ou '''Google Books''' en anglais (anciennement '''Google Print'''), est un service en ligne fourni par [[Google]]. Lancé en {{date-|décembre 2004}}, il dispose de moyens financiers et techniques considérables, et a vu son champ d'activité s'élargir progressivement. En 2017, c'est à la fois un outil de recherche intra-texte, de consultation de livres en ligne ou sur appareil mobile, de constitution de collections personnelles, et de téléchargement d'ouvrages libres de droits. C'est aussi une librairie en ligne ''via'' la boutique [[Google Play]], un outil permettant de trouver où emprunter un exemplaire de livre en bibliothèque, et un fournisseur d'informations complémentaires ([[métadonnées]]) sur les œuvres. Le nom du programme Google Books désigne communément plusieurs éléments distincts : le service de recherche « Google Book Search », le « Google Book Partner Program » qui permet aux éditeurs d'inclure ou non leurs ouvrages dans la base de données de Google, et le « Google Books Library Project » qui regroupe les partenariats avec les bibliothèques. En {{date-|novembre 2008}}, la bibliothèque virtuelle Books comptait plus de sept millions de livres<ref>Robert Darnton, « Google and the Future of Books », ''The New York Review of Books'', vol. 56, {{n°|2}}, février 2009.</ref>, contre 15 millions en 2010, dont une partie seulement est consultable directement depuis le site (3 millions aux États-Unis)<ref>« Les bibliothèques sont l'avenir du livre », in ''Le Monde magazine'', janvier 2011.</ref>.
'''Google Livres''', ou '''Google Books''' en anglais (anciennement '''Google Print'''), est un service en ligne de numérisation et de mise en ligne de [[Livre (document)|livres]] fourni par [[Google]]. Lancé en {{date-|décembre 2004}}, il dispose de moyens financiers et techniques considérables, et a vu son champ d'activité s'élargir progressivement. En 2017, c'est à la fois un outil de recherche intra-texte, de consultation de livres en ligne ou sur appareil mobile, de constitution de collections personnelles, et de téléchargement d'ouvrages libres de droits. C'est aussi une [[librairie]] en ligne ''via'' la boutique [[Google Play]], un outil permettant de trouver où emprunter un exemplaire de livre en bibliothèque, et un fournisseur d'informations complémentaires ([[métadonnées]]) sur les œuvres.


Le nom du programme Google Books désigne communément plusieurs éléments distincts : le service de recherche « Google Book Search », le « Google Book Partner Program » qui permet aux éditeurs d'inclure ou non leurs ouvrages dans la base de données de Google, et le « Google Books Library Project » qui regroupe les partenariats avec les bibliothèques. En {{date-|novembre 2008}}, la bibliothèque virtuelle Books comptait plus de sept millions de livres<ref>Robert Darnton, « Google and the Future of Books », ''The New York Review of Books'', vol. 56, {{n°|2}}, février 2009.</ref>, contre {{nobr|15 millions}} en 2010, dont une partie seulement est consultable directement depuis le site ({{nobr|3 millions}} aux États-Unis)<ref>« Les bibliothèques sont l'avenir du livre », in ''Le Monde magazine'', janvier 2011.</ref>. En 2019, Google Books compte plus de {{nobr|25 millions}} de volumes<ref name=":0">{{Article|prénom1=Laura|nom1=Mallonee|titre=Is That a Hand? Glitches Reveal Google Books' Human Scanners|périodique=Wired|date=07 février 2019|issn=1059-1028|lire en ligne=https://www.wired.com/story/google-books-glitches-gallery/|consulté le=19 février 2019}}</ref>.
Il s'agit en 2009 du plus grand corpus textuel au monde<ref>{{fr}} [http://press.openedition.org/159 « La bibliothèque universelle, de Voltaire à Google »] - Robert Darnton, openedition Press.</ref>, dont l'histoire mouvementée a donné lieu à d'importantes batailles judiciaires qui ont marqué le monde de l'édition et façonné le paysage du [[livre numérique]], en France et aux États-Unis notamment.


Il s'agit en 2009 du plus grand corpus textuel au monde<ref>{{fr}} [http://press.openedition.org/159 « La bibliothèque universelle, de Voltaire à Google »] - Robert Darnton, openedition Press.</ref>, dont l'histoire mouvementée a donné lieu à d'importantes batailles judiciaires qui ont marqué le monde de l'édition et façonné le paysage du [[livre numérique]], en France et aux États-Unis notamment.
En 2019, Google Books contient plus de 25 millions de volumes<ref name=":0">{{Article|prénom1=Laura|nom1=Mallonee|titre=Is That a Hand? Glitches Reveal Google Books' Human Scanners|périodique=Wired|date=07 février 2019|issn=1059-1028|lire en ligne=https://www.wired.com/story/google-books-glitches-gallery/|consulté le=19 février 2019}}</ref>.


== Chronologie ==
== Chronologie ==
Ligne 35 : Ligne 34 :
=== Origines ===
=== Origines ===


Comme l'indique son historique officiel (''In the beginning, there was Google Books'')<ref name="google">« [https://books.google.com/googlebooks/history.html History of Google Books] » - Google Books.</ref>, le projet fait partie intégrante de l'« ADN » de [[Google]] car il est presque à l'origine de la création de l'entreprise. En 1996, les deux cofondateurs de l'entreprise ([[Sergey Brin]] et [[Larry Page]]) travaillent sur un projet de recherche soutenu par le ''Stanford Digital Library Technologies Project'' (projet sur les technologies de bibliothèque numérique), avec comme objectif de pouvoir à terme construire une bibliothèque numérique. Leur projet se base sur le concept d'un « ''[[crawler]]'' », un robot à même d'indexer le contenu des livres et d'analyser les connexions entre eux, en déterminant la pertinence d'un ouvrage et son niveau d'utilité à partir des citations d'autres ouvrages renvoyant à lui.
Comme l'indique son historique officiel ({{Citation étrangère|In the beginning, there was Google Books|langue=en}})<ref name="google">« [https://books.google.com/googlebooks/history.html History of Google Books] » - Google Books.</ref>, le projet fait partie intégrante de l'« ADN » de [[Google]] car il est presque à l'origine de la création de l'entreprise. En 1996, les deux cofondateurs de l'entreprise ([[Sergey Brin]] et [[Larry Page]]) travaillent sur un projet de recherche soutenu par le ''Stanford Digital Library Technologies Project'' (projet sur les technologies de bibliothèque numérique), avec comme objectif de pouvoir à terme construire une bibliothèque numérique. Leur projet se base sur le concept d'un « ''[[crawler]]'' », un robot à même d'indexer le contenu des livres et d'analyser les connexions entre eux, en déterminant la pertinence d'un ouvrage et son niveau d'utilité à partir des citations d'autres ouvrages renvoyant à lui.


Celui qu'ils mettent au point (baptisé BackRub<ref>« [http://www.journaldunet.com/diaporama/0603google-story/4.shtml De BackRub à Google] » - Journal du Net.</ref>) servira de base à l'algorithme [[PageRank]] qui fait fonctionner le [[Google (moteur de recherche)|moteur de recherche]].
Celui qu'ils mettent au point (baptisé BackRub) sert de base à l'algorithme [[PageRank]] qui fait fonctionner le [[Google (moteur de recherche)|moteur de recherche]]<ref>« [http://www.journaldunet.com/diaporama/0603google-story/4.shtml De BackRub à Google] » - Journal du Net.</ref>.


=== 2002/3 : Naissance du projet ===
=== 2002/3 : Naissance du projet ===


Dès 2002 (soit 4 ans à peine après la création de l'entreprise), le projet « livres » naît à l'initiative d'un petit groupe de personnes, parmi lesquelles [[Larry Page]] et [[Marissa Mayer]] (une des premières ''product manager'' de Google). Ils s'inspirent largement des projets préexistants de numérisation dans le monde, auxquels ils rendent visite : entre autres le projet de mémoire de la [[Bibliothèque du Congrès]], le [[projet Gutenberg]], le {{Lien|fr=Million Book Project|lang=en}} et la Bibliothèque Universelle. Page passe également par l'[[université du Michigan]], où sont nés [[JSTOR]] et {{Lien|fr=Making of America|lang=en}} (MoA). Son premier objectif, au vu des progrès réalisés alors, est de réduire drastiquement le temps nécessaire à la numérisation : lorsqu'il aborde la question avec la présidente de la bibliothèque Mary Sue Coleman, celle-ci estime qu'il faudra un millier d'années pour numériser ses 7 millions de volumes. Page se fixe comme objectif de le faire en 6 ans.
En 2002 (soit {{nobr|4 ans}} à peine après la création de l'entreprise), le projet « Livres » naît à l'initiative d'un petit groupe de personnes, dont [[Larry Page]] et [[Marissa Mayer]] (une des premières ''product manager'' de Google). Ils s'inspirent largement des projets de numérisation préexistants dans le monde, auxquels ils rendent visite : entre autres le projet de mémoire de la [[Bibliothèque du Congrès]], le [[projet Gutenberg]], le {{Lien|fr=Million Book Project|lang=en}} et la [http://ulib.isri.cmu.edu/index.html Bibliothèque Universelle]. Larry Page passe également par l'[[université du Michigan]], où sont nés [[JSTOR]] et {{Lien|fr=Making of America|lang=en}} (MoA). Son premier objectif, au vu des progrès réalisés alors, est de réduire drastiquement le temps nécessaire à la numérisation : lorsqu'il aborde la question avec la présidente de la bibliothèque Mary Sue Coleman, celle-ci estime qu'il faudra un millier d'années pour numériser ses {{nobr|7 millions}} de volumes. Page se fixe comme objectif de le faire en {{nobr|6 ans}}{{Référence souhaitée|date=31 août 2022}}.


En 2003, les équipes de Google mettent au point un ensemble de techniques pour scanner les livres sans détériorer leur qualité, à un rythme beaucoup plus soutenu qu'auparavant. En parallèles, des ingénieurs de Google planchent sur un moyen de prendre en compte les diverses tailles, polices de caractères et imperfection que présentent les livres imprimés, et ce dans 430 langues différentes<ref name="google" />.
En 2003, les équipes de Google mettent au point un ensemble de techniques pour scanner les livres sans détériorer leur qualité, à un rythme beaucoup plus soutenu qu'auparavant. Parallèlement, des ingénieurs de Google planchent sur un moyen de prendre en compte les diverses tailles, polices de caractères et imperfections que présentent les livres imprimés, et ce, dans {{nobr|430 langues}} différentes<ref name="google" />.


=== 2004 : « Project Ocean » et Google Print ===
=== 2004 : « Project Ocean » et Google Print ===
Les premières rumeurs sur une percée du moteur de recherche dans le domaine des livres sont notamment rapportées par le ''[[New York Times]]'' en {{date-|février 2004}}<ref>{{en}} John Markoff, [https://www.nytimes.com/2004/02/01/business/the-coming-search-wars.html ''The Coming Search Wars''], ''[[The New York Times]]'', {{date-|1 février 2004}}.</ref>, qui évoque les efforts de Google pour « trouver de nouvelles sources d'information à indexer, au-delà des documents déjà stockés sous un format numérique ». En {{date-|décembre 2003}}, des expérimentations auraient ainsi déjà été menées avec des éditeurs pour indexer des parties d'ouvrages, des critiques et d'autres informations bibliographiques pour les rendre accessibles ''via'' un [[Navigateur web|navigateur]].
Les premières rumeurs sur une percée du moteur de recherche dans le domaine des livres sont notamment rapportées par le ''[[New York Times]]'' en {{date-|février 2004}}. Le journal évoque les efforts de Google pour « trouver de nouvelles sources d'information à indexer, au-delà des documents déjà stockés sous un format numérique »<ref>{{en}} John Markoff, [https://www.nytimes.com/2004/02/01/business/the-coming-search-wars.html ''The Coming Search Wars''], ''[[The New York Times]]'', {{date-|1 février 2004}}.</ref>. En {{date-|décembre 2003}}, des expérimentations auraient ainsi déjà été menées avec des éditeurs pour indexer des parties d'ouvrages, des critiques et d'autres informations bibliographiques afin de les rendre accessibles ''via'' un [[Navigateur web|navigateur]].


Le projet secret est évoqué sous le nom de code « Project Ocean »<ref>{{en}} [http://www.pcinpact.com/news/Projet_Ocean_Google_se_lance_dans_la_numerisation_.htm ''Projet Ocean – Google va numériser des documents''], ''PcINpact.com''.</ref>, dont la dénomination laissera longtemps croire à une extension des fonctionnalités offertes par [[Google Earth]]<ref>{{en}} [https://venturebeat.com/2009/02/02/what-is-googles-other-ocean-project/ ''What is Google's other "Ocean" project?''], ''Venture Beat''.</ref> (celle-ci aura finalement bien lieu, mais sous le nom de code « Google Ocean »). C'est Wayne Rosing, vice-présidente en ingénierie chez Google, qui aurait mené des tractations à travers le monde, se concentrant dans un premier temps sur douze pays. Mais c'est surtout la [[Université Stanford|bibliothèque de l'université Stanford]], détentrice d'un fonds de plusieurs millions d'ouvrages libres de droits, qui est évoquée comme première institution partenaire du projet.
Le projet secret est évoqué sous le nom de code « Project Ocean »<ref>{{en}} [http://www.pcinpact.com/news/Projet_Ocean_Google_se_lance_dans_la_numerisation_.htm ''Projet Ocean – Google va numériser des documents''], ''PcINpact.com''.</ref>, dont la dénomination laissera longtemps croire à une extension des fonctionnalités offertes par [[Google Earth]]<ref>{{en}} [https://venturebeat.com/2009/02/02/what-is-googles-other-ocean-project/ ''What is Google's other "Ocean" project?''], ''Venture Beat''.</ref> (celle-ci aura finalement bien lieu, mais sous le nom de code « Google Ocean »). C'est Wayne Rosing, vice-présidente en ingénierie chez Google, qui aurait mené des tractations à travers le monde, se concentrant dans un premier temps sur douze pays. Mais c'est surtout la [[Université Stanford|bibliothèque de l'université Stanford]], détentrice d'un fonds de plusieurs millions d'ouvrages libres de droits, qui est évoquée comme première institution partenaire du projet.


Le {{Date|6|octobre|2004}}, Google annonce le lancement d'une initiative baptisée « Google Print » à la [[Foire du livre de Francfort]]. Au moment du lancement, les éditeurs américains et britanniques qui rejoignent le programme sont : [[Blackwell Publishing|Blackwell]], [[Cambridge University Press]], [[University of Chicago Press]], [[Houghton Mifflin]], [[Hyperion (maison d'édition)|Hyperion]], [[McGraw-Hill]], [[Oxford University Press]], [[Pearson (maison d'édition)|Pearson]], [[Penguin Books]], Perseus, [[Princeton University Press]], [[Springer Science+Business Media|Springer]], [[Taylor & Francis]], Thomson Delmar, [[Warner Books]]. L'initiative s'inscrit dans le contexte plus général du but que s'est fixé Google d'{{citation|organiser l'information dans le monde et de la rendre universellement accessible et utile.}}
Le 6 octobre 2004, Google annonce le lancement d'une initiative baptisée « Google Print » à la [[Foire du livre de Francfort]]. Au moment du lancement, les éditeurs américains et britanniques qui rejoignent le programme sont : [[Blackwell Publishing|Blackwell]], [[Cambridge University Press]], [[University of Chicago Press]], [[Houghton Mifflin]], [[Hyperion (maison d'édition)|Hyperion]], [[McGraw-Hill Education|McGraw-Hill]], [[Oxford University Press]], [[Pearson (maison d'édition)|Pearson]], [[Penguin Books]], Perseus, [[Princeton University Press]], [[Springer Science+Business Media|Springer]], [[Taylor & Francis]], Thomson Delmar, [[Warner Books]]. L'initiative s'inscrit dans le contexte plus général du but que s'est fixé Google d'{{citation|organiser l'information dans le monde et de la rendre universellement accessible et utile.}}


Le {{Date|14|décembre|2004}}, Google annonce alors plusieurs partenariats pour scanner le contenu de collections issues des universités du [[Université du Michigan|Michigan]], d'[[Université Harvard|Harvard]], de [[Université Stanford|Stanford]], [[Université d'Oxford|Oxford]], et de la [[New York Public Library]]. Ce partenariat inédit est baptisé « Google Print Library », et se fixe pour objectif la numérisation de quinze millions de livres en dix ans, pour un total de {{nobr|4,5 milliards}} de pages et un coût estimé entre 150 et {{nobr|200 millions}} de dollars. Au moment de l'annonce, les éditeurs que Google a contacté lui permettent déjà d’indexer {{nombre|60000|livres}} (contre {{formatnum:120000}} à la même date pour [[Amazon.com]]) ; aucun détail n'est communiqué sur le détail des opérations de numérisation. L'annonce ne concerne initialement que des ouvrages libres de droit d'auteur (publiés avant [[1923]]) et choisis par les bibliothèques elles-mêmes.
Le 14 décembre 2004, Google annonce alors plusieurs partenariats pour scanner le contenu de collections issues des universités du [[Université du Michigan|Michigan]], d'[[Université Harvard|Harvard]], de [[Université Stanford|Stanford]], [[Université d'Oxford|Oxford]], et de la [[New York Public Library]]. Ce partenariat inédit est baptisé « Google Print Library », et se fixe pour objectif de numériser quinze millions de livres en dix ans, pour un total de {{nobr|4,5 milliards}} de pages et un coût estimé entre 150 et {{nobr|200 millions}} de dollars. Au moment de l'annonce, les éditeurs contactés par Google lui permettent déjà d’indexer {{nombre|60000|livres}} (contre {{formatnum:120000}} à la même date pour [[Amazon.com]]) ; aucune information n'est communiqués sur le détail des opérations de numérisation. L'annonce ne concerne initialement que des ouvrages libres de droit d'auteur (publiés avant 1923) et choisis par les bibliothèques elles-mêmes.


Fin 2004 est également lancé [[Google Scholar]], qui permet d'effectuer des recherches sur des articles scientifiques, des thèses universitaires, des citations ou des livres scientifiques. Si Google Books rassemble une quantité bien plus imposante de revues, ses scans n'incluent pas les [[métadonnées]] suffisantes pour trouver les articles traitant de sujets spécifiques. Les créateurs de Scholar ont donc développé leur propre programme de numérisation des articles (en accord avec les éditeurs)<ref>Barbara Quint, [http://newsbreaks.infotoday.com/nbReader.asp?ArticleId=37309 ''Changes at Google Scholar: A Conversation With Anurag Acharya''], ''Info Today'', {{date-|27 août 2007}}.</ref>.
Fin 2004 est également lancé [[Google Scholar]], qui permet d'effectuer des recherches sur des articles scientifiques, des thèses universitaires, des citations ou des livres scientifiques. Si Google Books rassemble une quantité bien plus imposante de revues, ses scans n'incluent pas les [[métadonnées]] suffisantes pour trouver les articles traitant de sujets spécifiques. Les créateurs de Scholar ont donc développé leur propre programme de numérisation des articles (en accord avec les éditeurs)<ref>Barbara Quint, [http://newsbreaks.infotoday.com/nbReader.asp?ArticleId=37309 ''Changes at Google Scholar: A Conversation With Anurag Acharya''], ''Info Today'', {{date-|27 août 2007}}.</ref>.
Ligne 61 : Ligne 60 :
En septembre de la même année, Google étend son programme aux éditeurs français<ref>[http://www.zorgloob.com/2005/09/02/google-etend-son-programme-google-print-aux-editeurs-francais/ Google étend son programme Google Print aux éditeurs français], ''Zoorgloob''.</ref>. Dans un [[communiqué de presse]], l'entreprise affirme qu'elle « respecte les droits d’auteur et collabore avec les éditeurs pour garantir la protection de leurs ouvrages ». Les éditeurs choisissent d'eux-mêmes les parties consultables par les utilisateurs (qui peuvent varier entre 20 et 100 %) et gèrent leur contenu, suivent leurs revenus publicitaires et prennent connaissance de leurs performances ''via'' leur compte Google Print, sans frais additionnels. Pour les livres entrant dans l’index ''via'' le programme Bibliothèques et pour lesquels des droits d’auteurs sont encore applicables, seuls trois courts extraits contenant quelques citations sont disponibles. Google annonce enfin : {{citation|Nous numérisons actuellement les ouvrages ''libres de droits'' des bibliothèques partenaires et, à partir du {{1er}} novembre, ''l’ensemble des collections'' de ces bibliothèques.}}{{référence nécessaire|date=juillet 2020}}
En septembre de la même année, Google étend son programme aux éditeurs français<ref>[http://www.zorgloob.com/2005/09/02/google-etend-son-programme-google-print-aux-editeurs-francais/ Google étend son programme Google Print aux éditeurs français], ''Zoorgloob''.</ref>. Dans un [[communiqué de presse]], l'entreprise affirme qu'elle « respecte les droits d’auteur et collabore avec les éditeurs pour garantir la protection de leurs ouvrages ». Les éditeurs choisissent d'eux-mêmes les parties consultables par les utilisateurs (qui peuvent varier entre 20 et 100 %) et gèrent leur contenu, suivent leurs revenus publicitaires et prennent connaissance de leurs performances ''via'' leur compte Google Print, sans frais additionnels. Pour les livres entrant dans l’index ''via'' le programme Bibliothèques et pour lesquels des droits d’auteurs sont encore applicables, seuls trois courts extraits contenant quelques citations sont disponibles. Google annonce enfin : {{citation|Nous numérisons actuellement les ouvrages ''libres de droits'' des bibliothèques partenaires et, à partir du {{1er}} novembre, ''l’ensemble des collections'' de ces bibliothèques.}}{{référence nécessaire|date=juillet 2020}}


En octobre, le service se décline en plusieurs versions locales pour l'Europe : sont concernées la [[France]], l'[[Allemagne]], l'[[Autriche]], la [[Belgique]], l'[[Espagne]], les [[Pays-Bas]] et l'[[Italie]]<ref>{{en}} [http://www.zorgloob.com/2005/10/18/the-european-google-print/ ''The European Google Print''], ''Zorgloob''.</ref>.
En octobre, le service se décline en plusieurs versions locales pour l'Europe : sont concernés la France, l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, l'Espagne, les Pays-Bas et l'Italie<ref>{{en}} [http://www.zorgloob.com/2005/10/18/the-european-google-print/ ''The European Google Print''], ''Zorgloob''.</ref>.


2005 est aussi marquée par le début d'une poursuite en justice de Google Books par un groupement d'éditeurs et auteurs américains (voir : « Actions en justice »).
L'année 2005 est aussi marquée par le début d'une poursuite en justice de Google Books par un groupement d'éditeurs et auteurs américains (voir : « Actions en justice »).


=== 2006 : Partenariats ===
=== 2006 : Partenariats ===
Ligne 69 : Ligne 68 :
* en août avec la [[Université de Californie|University of California System]] (pour {{nobr|34 millions}} de volumes parmi les cent bibliothèques qu'elle gère)<ref>{{en}} [http://www.universityofcalifornia.edu/news/2006/aug09.html UC libraries partner with Google to digitize books], [[université de Californie]].</ref> ;
* en août avec la [[Université de Californie|University of California System]] (pour {{nobr|34 millions}} de volumes parmi les cent bibliothèques qu'elle gère)<ref>{{en}} [http://www.universityofcalifornia.edu/news/2006/aug09.html UC libraries partner with Google to digitize books], [[université de Californie]].</ref> ;
* en septembre avec l'[[Université complutense de Madrid]] (première bibliothèque en langue espagnole à rejoindre le programme) ;
* en septembre avec l'[[Université complutense de Madrid]] (première bibliothèque en langue espagnole à rejoindre le programme) ;
* en octobre avec l'[[Université du Wisconsin-Madison]] ainsi que la Wisconsin Historical Society Library (ensemble {{nobr|7,2 million}} d'ouvrages)<ref>{{en}} [http://www.news.wisc.edu/releases/13010.html UW-Madison ''Joins Google's Worldwide Book Digitization Project''], University of Wisconsin-Madison News.</ref> ;
* en octobre avec l'[[Université du Wisconsin-Madison]] ainsi que la Wisconsin Historical Society Library (ensemble {{nobr|7,2 million}}s d'ouvrages)<ref>{{en}} [http://www.news.wisc.edu/releases/13010.html UW-Madison ''Joins Google's Worldwide Book Digitization Project''], University of Wisconsin-Madison News.</ref> ;
* en décembre avec l'[[Université de Virginie]] (5+ millions de volumes, et plus de {{nobr|17 millions}} de manuscrits, livres rares et archives et l'[[Université de Princeton]] ({{unité|300000 ouvrages}})<ref>[http://library.princeton.edu/google/ ''Google Books Library Project''], Princeton University Library.</ref> ;
* en décembre avec l'[[Université de Virginie]] (plus de {{nobr|5 millions}} de volumes, et plus de {{nobr|17 millions}} de manuscrits, livres rares et archives) et l'[[Université de Princeton]] ({{unité|300000 ouvrages}})<ref>[http://library.princeton.edu/google/ ''Google Books Library Project''], Princeton University Library.</ref> ;
* en outre, des négociations sont engagées avec la [[Bibliothèque nationale de France|BNF]] dans le but d'établir un partenariat de numérisation (le revirement de la bibliothèque s'explique principalement par les coûts importants engendrés par l'opération).
* en outre, des négociations sont engagées avec la [[Bibliothèque nationale de France|BNF]] dans le but d'établir un partenariat de numérisation (le revirement de la bibliothèque s'explique principalement par les coûts importants engendrés par l'opération).
Le {{date-|15 mars 2006}}, [[Le Devoir]] rapporte que Google a contacté des éditeurs québécois, dont le Groupe [[Groupe Sogides|Ville-Marie]], pour un éventuel partenariat<ref name=":1">{{Lien web |titre=Google Recherche de livres : historique et contexte |url=https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http://www.uneq.qc.ca/documents/file/historique-google-recherche-de-livres.pdf/index.html#federation=archive.wikiwix.com |site=archive.wikiwix.com |consulté le=2022-03-17}}</ref>.
Le {{date-|15 mars 2006}}, ''[[Le Devoir]]'' rapporte que Google a contacté des éditeurs québécois, dont le Groupe [[Groupe Sogides|Ville-Marie]], pour un éventuel partenariat<ref name=":1">{{Lien web |titre=Google Recherche de livres : historique et contexte |url=https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http://www.uneq.qc.ca/documents/file/historique-google-recherche-de-livres.pdf/index.html#federation=archive.wikiwix.com |site=archive.wikiwix.com |consulté le=2022-03-17}}</ref>.


=== 2007 : Extension et évolution du service ===
=== 2007 : Extension et évolution du service ===
Ligne 81 : Ligne 80 :
* En mai, avec la bibliothèque de l'[[Université de Lausanne]] ({{formatnum:100000}} ouvrages libres de droit du {{s mini-|XVII}} et {{s-|XIX|e}}), première bibliothèque de langue française à rejoindre le projet
* En mai, avec la bibliothèque de l'[[Université de Lausanne]] ({{formatnum:100000}} ouvrages libres de droit du {{s mini-|XVII}} et {{s-|XIX|e}}), première bibliothèque de langue française à rejoindre le projet
* En mai également, avec la bibliothèque [[Boekentoren]] (pour des ouvrages du {{s-|XIX|e}}, en français et en néerlandais)<ref>« Google Project » - [http://lib.ugent.be/en/project-google.shtml Universiteitsbibliotheek Gent]</ref>
* En mai également, avec la bibliothèque [[Boekentoren]] (pour des ouvrages du {{s-|XIX|e}}, en français et en néerlandais)<ref>« Google Project » - [http://lib.ugent.be/en/project-google.shtml Universiteitsbibliotheek Gent]</ref>
* En juin, avec les bibliothèques partenaires du {{Lien|fr=Committee on Institutional Cooperation|lang=en}} (10 millions d'ouvrages en 6 ans)<ref>« Google Book Search Project - Introduction » - [http://www.cic.net/Home/Projects/Library/BookSearch/Introduction.aspx CIC]</ref> ainsi qu'avec la Bibliothèque de [[Gand]]<ref>« La bibliothèque universitaire de Gand intègre Google Book » - [http://www.les-infostrateges.com/actu/0706169/la-bibliotheque-universitaire-de-gand-integre-google-book Les infostratèges]</ref> ({{formatnum:300000}} ouvrages)
* En juin, avec les bibliothèques partenaires du {{Lien|fr=Committee on Institutional Cooperation|lang=en}} ({{nobr|10 millions}} d'ouvrages en {{nobr|6 ans}})<ref>« Google Book Search Project - Introduction » - [http://www.cic.net/Home/Projects/Library/BookSearch/Introduction.aspx CIC]</ref> ainsi qu'avec la Bibliothèque de [[Gand]]<ref>« La bibliothèque universitaire de Gand intègre Google Book » - [http://www.les-infostrateges.com/actu/0706169/la-bibliotheque-universitaire-de-gand-integre-google-book Les infostratèges]</ref> ({{formatnum:300000}} ouvrages)
* En juillet avec l'[[Université de Keio]] (première bibliothèque partenaire au [[Japon]], pour un fonds d'au moins {{nombre|120000|œuvres}} tombées dans le domaine public)<ref>« Keio University Joins Google's Library Project » - [http://booksearch.blogspot.fr/2007/07/keio-university-joins-googles-library.html Google Book Search]</ref>
* En juillet avec l'[[Université de Keio]] (première bibliothèque partenaire au [[Japon]], pour un fonds d'au moins {{nombre|120000|œuvres}} tombées dans le domaine public)<ref>« Keio University Joins Google's Library Project » - [http://booksearch.blogspot.fr/2007/07/keio-university-joins-googles-library.html Google Book Search]</ref>
* En août, avec la bibliothèque de l'[[Université Cornell]] (pour {{nombre|500000|œuvres}}, du domaine public et soumises au copyright)<ref>« Cornell University Library becomes newest partner in Google Book Search Library Project » - [http://library.cornell.edu/communications/Google/ Cornell University Library]</ref>
* En août, avec la bibliothèque de l'[[Université Cornell]] (pour {{nombre|500000|œuvres}}, du domaine public et soumises au copyright)<ref>« Cornell University Library becomes newest partner in Google Book Search Library Project » - [http://library.cornell.edu/communications/Google/ Cornell University Library]</ref>
* En décembre, avec l'[[université Columbia]]<ref>« Columbia University joins the Google Book Search Library Project » - [http://booksearch.blogspot.fr/2007/12/columbia-university-joins-google-book.html Google Books Search »]</ref> (œuvres du domaine public uniquement), pour un contrat de 6 ans.
* En décembre, avec l'[[université Columbia]]<ref>« Columbia University joins the Google Book Search Library Project » - [http://booksearch.blogspot.fr/2007/12/columbia-university-joins-google-book.html Google Books Search »]</ref> (œuvres du domaine public uniquement), pour un contrat de {{nobr|6 ans}}.


Le fonctionnement est le même dans presque tous les cas de figure : la numérisation est opérée par Google sans frais pour la bibliothèque concernée, puis une copie est remise à cette dernière. Enfin l'ouvrage est mis à la disposition du public, par accès payant ou gratuit selon le droit d'auteur applicable, et intégré au système de recherche interne à la bibliothèque.
Le fonctionnement est le même dans presque tous les cas de figure : la numérisation est opérée par Google sans frais pour la bibliothèque concernée, puis une copie est remise à cette dernière. Enfin l'ouvrage est mis à la disposition du public, par accès payant ou gratuit selon le droit d'auteur applicable, et intégré au système de recherche interne à la bibliothèque.
Ligne 91 : Ligne 90 :
* À partir de {{date-|septembre 2007}}, il est possible pour les utilisateurs de partager des fragments de livres (''snippets''), qui apparaissent soit sous la forme d'une image scannée soit sous [[Fichier texte|forme textuelle]]<ref>« Share and Enjoy » - [http://booksearch.blogspot.fr/2007/08/share-and-enjoy.html Google Book Search]</ref>.
* À partir de {{date-|septembre 2007}}, il est possible pour les utilisateurs de partager des fragments de livres (''snippets''), qui apparaissent soit sous la forme d'une image scannée soit sous [[Fichier texte|forme textuelle]]<ref>« Share and Enjoy » - [http://booksearch.blogspot.fr/2007/08/share-and-enjoy.html Google Book Search]</ref>.
* Le même mois, une fonctionnalité baptisée ''My library'' (« ma bibliothèque ») est lancée<ref>« My library » - [https://books.google.com/googlebooks/mylibrary/ Google Books]</ref>, qui permet aux utilisateurs de créer leurs bibliothèques personnalisées en faisant une sélection de livres qu'ils peuvent étiqueter, critiquer, noter, et au sein desquels ils peuvent effectuer des recherches.
* Le même mois, une fonctionnalité baptisée ''My library'' (« ma bibliothèque ») est lancée<ref>« My library » - [https://books.google.com/googlebooks/mylibrary/ Google Books]</ref>, qui permet aux utilisateurs de créer leurs bibliothèques personnalisées en faisant une sélection de livres qu'ils peuvent étiqueter, critiquer, noter, et au sein desquels ils peuvent effectuer des recherches.
* Une fonctionnalité intitulée « Places in this Book » permet de trouver des livres à partir des noms de lieux mentionnés dans le corps du texte (plus tard, une fonction inverse est implantée dans Google Earth : l'utilisateur saisit un lieu, et trouve des liens qui s'y réfèrent)<ref>« [http://booksearch.blogspot.fr/2007/01/books-mapped.html Books: Mapped] » - Google Books Search</ref>.
* Une fonctionnalité intitulée « Places in this Book » permet de trouver des livres à partir des noms de lieux mentionnés dans le corps du texte (plus tard, une fonction inverse est implantée dans Google Earth : l'utilisateur saisit un lieu, et trouve des liens qui s'y réfèrent)<ref>« [http://booksearch.blogspot.fr/2007/01/books-mapped.html Books: Mapped] » - Google Books Search</ref>.
* « Popular Passages » permet de retrouver la mention d'un morceau de phrase ou d'une phrase entière à travers une collection de livres<ref>[https://books.google.com/books?id=-6qA0bGjja8C&qtid=767e78db Exemple en ligne] sur Google Books</ref>.
* « Popular Passages » permet de retrouver la mention d'un morceau de phrase ou d'une phrase entière à travers une collection de livres<ref>[https://books.google.com/books?id=-6qA0bGjja8C&qtid=767e78db Exemple en ligne] sur Google Books</ref>.
Enfin, en janvier l'équipe derrière Books ouvre un blogue consacré aux relations publiques avec les bibliothécaires<ref>[http://librariancentral.blogspot.de/2007/01/posted-by-pamela-saenger-librarian.html Welcome to the Librarian Central blog!] - Librarian Central.</ref>, pour diffuser le contenu de sa newsletter (alors suivie par plus de {{nombre|30000|personnes}}), des vidéos, des articles, et répondre aux questions autour du service.
Enfin, en janvier l'équipe derrière Books ouvre un blogue consacré aux relations publiques avec les bibliothécaires<ref>[http://librariancentral.blogspot.de/2007/01/posted-by-pamela-saenger-librarian.html Welcome to the Librarian Central blog!] - Librarian Central.</ref>, pour diffuser le contenu de sa newsletter (alors suivie par plus de {{nombre|30000|personnes}}), des vidéos, des articles, et répondre aux questions autour du service.
Ligne 100 : Ligne 99 :
=== 2008 : Premier partenariat en France ===
=== 2008 : Premier partenariat en France ===
* Février : l'université du Michigan fête son millionième livre numérisé<ref name="affordance">« [http://www.slideshare.net/suzchap/one-million-digital-books One Million Digital Books] » - Présentation résumant les grandes étapes du projet Google Books, qui fait l'objet d'un [http://affordance.typepad.com/mon_weblog/google_printbooks/ cours] par [[Olivier Ertzscheid]].</ref>.
* Février : l'université du Michigan fête son millionième livre numérisé<ref name="affordance">« [http://www.slideshare.net/suzchap/one-million-digital-books One Million Digital Books] » - Présentation résumant les grandes étapes du projet Google Books, qui fait l'objet d'un [http://affordance.typepad.com/mon_weblog/google_printbooks/ cours] par [[Olivier Ertzscheid]].</ref>.
* Mai : [[Microsoft]] réduit la voilure de son projet de [[numérisation]], qui donne alors accès à {{nombre|750000|livres}} et 80 millions d'articles de journaux, et prévoit d'y mettre un terme<ref>{{en}} Miguel Helft, [https://www.nytimes.com/2008/05/24/technology/24soft.html ''Microsoft Will Shut Down Book Search Program''], ''[[The New York Times]]'', {{date-|24 mai 2008}}.</ref>. Le {{date-|10 mai}}, Google signe une entente avec le [[Online Computer Library Center]] (OCLC), qui fournit les métadonnées bibliographiques issues de [[WorldCat]] pour qu'elles soient utilisées dans le moteur de recherche<ref>« [http://www.oclc.org/fr/fr/news/releases/200811.htm OCLC et Google échangeront des données et des liens vers les livres numérisés dans WorldCat] », OCLC.</ref>. Google lance par ailleurs une [[interface de programmation]] fournissant des liens vers les œuvres Google Books à partir des numéros [[ISBN]], [[LCCN]] et [[OCLC]]. Elle permet une découverte dans les deux sens : les utilisateurs de WorldCat.org peuvent se lier à des livres que Google a détecté ''via'' le lien « Obtenez ce livre », et si un utilisateur lambda trouve un livre dans Google Books il peut aussi trouver un lien vers des bibliothèques locales ''via'' WorldCat.org.
* Mai : [[Microsoft]] réduit la voilure de son projet de [[numérisation]], qui donne alors accès à {{nombre|750000|livres}} et {{nobr|80 millions}} d'articles de journaux, et prévoit d'y mettre un terme<ref>{{en}} Miguel Helft, [https://www.nytimes.com/2008/05/24/technology/24soft.html ''Microsoft Will Shut Down Book Search Program''], ''[[The New York Times]]'', {{date-|24 mai 2008}}.</ref>. Le {{date-|10 mai}}, Google signe une entente avec le [[Online Computer Library Center]] (OCLC), qui fournit les métadonnées bibliographiques issues de [[WorldCat]] pour qu'elles soient utilisées dans le moteur de recherche<ref>« [http://www.oclc.org/fr/fr/news/releases/200811.htm OCLC et Google échangeront des données et des liens vers les livres numérisés dans WorldCat] », OCLC.</ref>. Google lance par ailleurs une [[interface de programmation]] fournissant des liens vers les œuvres Google Books à partir des numéros [[ISBN]], [[LCCN]] et [[OCLC]]. Elle permet une découverte dans les deux sens : les utilisateurs de WorldCat.org peuvent se lier à des livres que Google a détecté ''via'' le lien « Obtenez ce livre », et si un utilisateur lambda trouve un livre dans Google Books il peut aussi trouver un lien vers des bibliothèques locales ''via'' WorldCat.org.
* Octobre : signature de l'accord entre les éditeurs et Google après deux ans de négociations<ref>Noam Cohen, [https://www.nytimes.com/2009/02/02/technology/internet/02link.html ''Some Fear Google’s Power in Digital Books''], {{date-|1 février 2009}}.</ref>, qui donne lieu à une compensation financière.
* Octobre : signature de l'accord entre les éditeurs et Google après deux ans de négociations<ref>Noam Cohen, [https://www.nytimes.com/2009/02/02/technology/internet/02link.html ''Some Fear Google’s Power in Digital Books''], {{date-|1 février 2009}}.</ref>, qui donne lieu à une compensation financière.
* Novembre : Google passe la barre des 7 millions de livres numérisés<ref>{{en}} Juan Carlos Perez, [http://www.pcworld.com/businesscenter/article/153085/in_google_book_settlement_business_trumps_ideals.html ''In Google Book Settlement, Business Trumps Ideals ''], ''[[PC World]]''.</ref> par l'entreprise et ses éditeurs partenaires, dont 1 million en « full preview mode » et 1 million d'œuvres du domaine public entièrement lisible et téléchargeables. cinq millions sur les sept sont des œuvres qui ne sont pas disponibles dans le commerce (''out of print'').
* Novembre : Google passe la barre des {{nobr|7 millions}} de livres numérisés<ref>{{en}} Juan Carlos Perez, [http://www.pcworld.com/businesscenter/article/153085/in_google_book_settlement_business_trumps_ideals.html ''In Google Book Settlement, Business Trumps Ideals ''], ''[[PC World]]''.</ref> par l'entreprise et ses éditeurs partenaires, dont {{nobr|1 million}} en « full preview mode » et {{nobr|1 million}} d'œuvres du domaine public entièrement lisibles et téléchargeables. Cinq millions sur les sept sont des œuvres qui ne sont pas disponibles dans le commerce (''out of print'').
* Décembre : Google annonce son intention d'inclure des [[magazines]] dans Google Books, notamment le ''[[New York Magazine]], [[Ebony (magazine)|Ebony]], [[Popular Mechanics]]''<ref>{{en}} [http://www.msnbc.msn.com/id/28156997/#.T6uqBIV1D8o ''Google updates search with old magazines''], ''[[MSNBC]]''.</ref>.
* Décembre : Google annonce son intention d'inclure des [[magazines]] dans Google Books, notamment le ''[[New York Magazine]], [[Ebony (magazine)|Ebony]], [[Popular Mechanics]]''<ref>{{en}} [http://www.msnbc.msn.com/id/28156997/#.T6uqBIV1D8o ''Google updates search with old magazines''], ''[[MSNBC]]''.</ref>.


==== Accord avec la bibliothèque municipale de Lyon ====
==== Accord avec la bibliothèque municipale de Lyon ====
{{article détaillé|Numelyo}}
{{article détaillé|Numelyo}}
[[Gérard Collomb]], maire de lyon ([[Parti socialiste (France)|PS]]), donne son feu vert le {{date-|11 juillet 2008}} pour que [[Google]] engage la numérisation d'ouvrages patrimoniaux de la [[Bibliothèque municipale de Lyon]], qui est la deuxième de France ({{nobr|1,3 million}} de titres)<ref>Alain Beuve-Méry, [https://www.lemonde.fr/culture/article/2008/07/12/accord-entre-google-et-la-bibliotheque-de-lyon_1072853_3246.html ''Accord entre Google et la bibliothèque de Lyon''], ''[[Le Monde]]'', {{date-|12 juillet 2008}}.</ref>. C'est le premier accord avec une bibliothèque française, et le vingt-neuvième dans le monde. D'une durée de dix ans, il porte sur les livres tombés dans le domaine public, soit entre {{unité|450 et 500000 ouvrages}} imprimés entre le {{XVIe}} et la fin du {{s-|XIX}} (ce qui inclut des impressions rares lyonnaises de [[Maurice Scève]] ou de [[Nostradamus]], de grands traités scientifiques, des récits de voyages, etc.) À cette occasion, Google implante son premier site local de scanner en France, dans la banlieue lyonnaise, pour un investissement qui pourrait s'élever à soixante millions d'euros {{incise|et permettrait d'atteindre le rythme de {{nombre|2000|livres}} scannés par semaine<ref name="telerama" />|stop}}. L'entreprise {{citation|s'engage à prendre à sa charge, sans contrepartie financière, la numérisation et la mise en ligne d'une collection de {{formatnum:450000}} ouvrages imprimés au minimum et de {{formatnum:500000}} ouvrages imprimés au maximum, dans un délai de dix ans au maximum […] Les ouvrages sont sélectionnés par la Bibliothèque […] uniquement parmi ses ouvrages imprimés et libres de droits}}<ref name="telerama">Olivier Pascal-Moussellard, [http://www.telerama.fr/livre/lyon-se-livre-a-google,50031.php « Lyon se livre à Google »], ''[[Télérama]]''.</ref>. L'échange consiste donc en un prêt de livre, en contrepartie d'une copie des fichiers produits, avec à la clé pour Google une exclusivité commerciale sur les fichiers pour {{nobr|25 ans}}.
[[Gérard Collomb]], maire de Lyon ([[Parti socialiste (France)|PS]]), donne son feu vert le {{date-|11 juillet 2008}} pour que Google engage la numérisation d'ouvrages patrimoniaux de la [[Bibliothèque municipale de Lyon]], qui est la deuxième de France ({{nobr|1,3 million}} de titres)<ref>Alain Beuve-Méry, [https://www.lemonde.fr/culture/article/2008/07/12/accord-entre-google-et-la-bibliotheque-de-lyon_1072853_3246.html ''Accord entre Google et la bibliothèque de Lyon''], ''[[Le Monde]]'', {{date-|12 juillet 2008}}.</ref>. C'est le premier accord avec une bibliothèque française, et le vingt-neuvième dans le monde. D'une durée de dix ans, il porte sur les livres tombés dans le domaine public, soit entre {{unité|450 et 500000 ouvrages}} imprimés entre le {{XVIe s}} et la fin du {{XIXe siècle}} (ce qui inclut des impressions rares lyonnaises de [[Maurice Scève]] ou de [[Nostradamus]], de grands traités scientifiques, des récits de voyages, etc.) À cette occasion, Google implante son premier site local de scanner en France, dans la banlieue lyonnaise, pour un investissement qui pourrait s'élever à soixante millions d'euros {{incise|et permettrait d'atteindre le rythme de {{nombre|2000|livres}} scannés par semaine<ref name="telerama" />|stop}}. L'entreprise {{citation|s'engage à prendre à sa charge, sans contrepartie financière, la numérisation et la mise en ligne d'une collection de {{formatnum:450000}} ouvrages imprimés au minimum et de {{formatnum:500000}} ouvrages imprimés au maximum, dans un délai de dix ans au maximum […] Les ouvrages sont sélectionnés par la Bibliothèque […] uniquement parmi ses ouvrages imprimés et libres de droits}}<ref name="telerama">Olivier Pascal-Moussellard, [http://www.telerama.fr/livre/lyon-se-livre-a-google,50031.php « Lyon se livre à Google »], ''[[Télérama]]''.</ref>. L'échange consiste donc en un prêt de livre, en contrepartie d'une copie des fichiers produits, avec à la clé pour Google une exclusivité commerciale sur les fichiers pour {{nobr|25 ans}}.


=== 2009 : Print On Demand ===
=== 2009 : Print On Demand ===
L'année 2009 se caractérise par une phase d'entrée de l'ebook sur le marché grand public aux États-Unis<ref>{{fr}} {http://www.itespresso.fr/le-book-en-phase-de-time-to-market-30822.html L'e-book en phase de Time-to-market ?] - ITespresso</ref>, et par les premières tentatives d'intégration de Google Books dans des offres commerciales.
L'année 2009 se caractérise par une phase d'entrée de l'e-book sur le marché grand public aux États-Unis, et par les premières tentatives d'intégration de Google Books dans des offres commerciales.
* Mai : à l'occasion de la {{Lien|fr=BookExpo America|lang=en}} (BEA) qui se tient à New York, Google annonce son intention de lancer un programme permettant aux éditeurs de vendre les versions digitales de leurs livres les plus récents, en passant directement par Google<ref>« Preparing to Sell E-Books, Google Takes on Amazon » - [https://www.nytimes.com/2009/06/01/technology/internet/01google.html New York Times]</ref>.
* Février : Google Book Search sort en version mobile (et non applicative) pour les smartphones<ref>{{fr}} [http://www.itespresso.fr/google-book-search-debarque-sur-les-mobiles-24328.html Google Book Search débarque sur les mobiles] - ITespresso</ref>.
* Août : Google ajoute une option permettant aux auteurs et éditeurs de rendre leurs œuvres sous [[Creative Commons]] disponibles dans Google Books<ref>« Google Books adds Creative Commons license options » - [https://creativecommons.org/weblog/entry/16823 Creativecommons.org]</ref>. Les œuvres concernées disposent sur le panneau de gauche d'un logo explicitant les conditions de leur ré-utilisation et partage.
* Le {{Date|20|mars|2009}} Sony annonce l'intégration des {{nombre|500000|livres}} du domaine public disponibles sur Google Books dans sa liseuse Sony Reader<ref>{{fr}} [http://www.itespresso.fr/e-book-sony-pioche-du-contenu-chez-google-24638.html e-book : Sony pioche du contenu chez Google] - ITespresso</ref>.
* Le même mois, [[la Tribune (France)|''La Tribune'']] titre « Livre en ligne : Google a gagné » pour annoncer que la BNF pourrait finalement confier à Google Books la numérisation de ses fonds. Denis Bruckmann (directeur des collections de la BNF) y justifie ce changement de stratégie par le coût de la numérisation : entre {{unité|0.12|€}} et {{unité|0.74|€}} par page, soit un budget nécessaire de 50 à {{nobr|80 millions}} d'euros pour les fonds de la [[Troisième République (France)|{{IIIe}} République]], à mettre en regard avec les {{nobr|5 millions}} d'euros alloués à Gallica ''via'' le [[Centre national du livre]] (CNL). L'offre de Google permet à ses yeux « d’aller plus vite et plus loin »<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Livre en ligne : Google a gagné |url=https://cecilebarbiere.wordpress.com/2013/02/24/livre-en-ligne-google-a-gagne/ |site=Sélection d'articles Cécile Barbière |date=2013-02-24 |consulté le=2022-03-17}}</ref>. Jean-Noël Jeanneney n'est pas de cet avis, jugeant que le financement n'est pas essentiel et qu'il faut privilégier la qualité plutôt que l'exhaustivité<ref>« La colère de Jeanneney contre l’accord Google-BnF » - [http://passouline.blog.lemonde.fr/2009/08/25/la-colere-de-jeanneney-contre-laccord-google-bnf/ La République des livres]</ref>.
* Mai : à l'occasion de la {{Lien|fr=BookExpo America|lang=en}} (BEA) qui se tient à New-York, Google annonce son intention de lancer un programme permettant aux éditeurs de vendre les versions digitales de leurs livres les plus récents, en passant directement par Google<ref>« Preparing to Sell E-Books, Google Takes on Amazon » - [https://www.nytimes.com/2009/06/01/technology/internet/01google.html New York Times]</ref>.
* Le {{date-|17 septembre}}, Google annonce un partenariat avec OnDemandBooks pour imprimer à la demande des livres libres de droit (soit {{nobr|2 millions}} de titres), avec l'[[Espresso Book Machine]]<ref>« [http://booksearch.blogspot.fr/2009/09/books-digitized-by-google-available-via.html Books Digitized by Google Available ''via'' the Espresso Book Machine] - Google Books Search</ref>. Cette dernière, qui coûte {{unité|68000|€}} pièce, permet de fabriquer des livres à une vitesse inédite, à hauteur de 300 pages en moins de {{nobr|5 minutes}}<ref>« [https://www.youtube.com/watch?v=zyNSap5XSv0 Google Books: Classic Books Available ''via'' the Espresso Book Machine] » - Youtube</ref>. Pour un ouvrage, les coûts d'impression s'élèvent à {{unité|8|€}} en moyenne, dont {{unité|1|€}} pour OnDemandBooks et {{unité|1|€}} pour Google.
* Août : Google ajoute une option permettant aux auteurs et éditeurs de rendre leurs œuvres sous [[Creative Commons]] disponibles dans Google Books<ref>« Google Books adds Creative Commons license options » - [https://creativecommons.org/weblog/entry/16823 Creativecommons.org]</ref>. Les œuvres concernées disposent sur le panneau de gauche d'un logo explicitant les conditions de leur ré-utilisation et partage.
* Le 23 septembre 2009, un accord entre [[Time Inc.]] et Google est annoncé, qui permet à ce dernier d'ajouter plus de 1 800 éditions historiques du magazine [[Life (magazine)|LIFE]] à Google Books (pour la période 1936-1972)<ref>{{en}} [http://paidcontent.org/2009/09/24/419-more-than-1800-full-issues-of-life-now-on-google-books/ More Than 1,800 Full Issues Of Life Now On Google Books] - PaidContent</ref>{{,}}<ref>{{fr}} [https://books.google.de/books?id=R1cEAAAAMBAJ&source=gbs_navlinks_s&redir_esc=y#all_issues_anchor Catalogue complet] sur Google Books</ref>. En échange, Life voit son logo apposé à chaque page fournie, ainsi qu'un lien vers sa newsletter. Le contenu des archives de LIFE est également accessible à partir de [[Google Images]].
* Le même mois, [[la Tribune (France)|la Tribune]] titre « Livre en ligne : Google a gagné » pour annoncer que la BNF pourrait finalement confier à Google Books la numérisation de ses fonds. Denis Bruckmann (directeur des collections de la BNF) y justifie ce changement de stratégie par le coût de la numérisation : entre {{unité|0.12|€}} et {{unité|0.74|€}} par page, soit un budget nécessaire de 50 à 80 millions d'euros pour les fonds de la [[Troisième République (France)|{{IIIe}} République]], à mettre en regard avec les 5 millions d'euros alloués à Gallica ''via'' le [[Centre national du livre]] (CNL). L'offre de Google permet à ses yeux « d’aller plus vite et plus loin »<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |nom= |titre=Livre en ligne : Google a gagné |url=https://cecilebarbiere.wordpress.com/2013/02/24/livre-en-ligne-google-a-gagne/ |site=Sélection d'articles Cécile Barbière |date=2013-02-24 |consulté le=2022-03-17}}</ref>. Jean-Noël Jeanneney n'est pas de cet avis, jugeant que le financement n'est pas essentiel et qu'il faut privilégier la qualité plutôt que l'exhaustivité<ref>« La colère de Jeanneney contre l’accord Google-BnF » - [http://passouline.blog.lemonde.fr/2009/08/25/la-colere-de-jeanneney-contre-laccord-google-bnf/ La République des livres]</ref>.
* Au cours de la [[Foire du livre de Francfort]], Google annonce son intention de lancer une librairie numérique l'année suivante, baptisée Google Éditions, qui fonctionnera avec son système de paiement maison [[Google Checkout]]. L'achat d'un livre numérique sur Google se ferait directement auprès de Books, sur le site de l'éditeur participant au programme, ou chez un cybermarchand partenaire. Tous les ouvrages seraient indexés dans le moteur Google Books, et le service serait financé par le prélèvement d'une commission comprise entre 37 % et 55 % du prix total selon le type d’ouvrage. Dans une interview accordée à ''La Tribune'', David Drummond (directeur du développement et des affaires juridiques) déclare : « L'objectif est que vous puissiez acheter la version numérique d'un livre où que vous soyez, sur un site partenaire, dans une librairie, etc. ». Il annonce que Google devrait avoir passé un accord avec les éditeurs américains d'ici la fin de l'année, et espère qu'il sera transposable partout à l'étranger<ref>{{fr}} [http://www.01net.com/editorial/507280/google-va-vendre-des-livres-numeriques-a-partir-de-2010/ Google va vendre des livres numériques à partir de 2010] - 01Net</ref>.
* Le {{date-|17 septembre}}, Google annonce un partenariat avec OnDemandBooks pour imprimer à la demande des livres libres de droit (soit 2 millions de titres), avec l'[[Espresso Book Machine]]<ref>« [http://booksearch.blogspot.fr/2009/09/books-digitized-by-google-available-via.html Books Digitized by Google Available ''via'' the Espresso Book Machine] - Google Books Search</ref>. Cette dernière, qui coûte {{unité|68000|€}} pièce, permet de fabriquer des livres à une vitesse inédite, à hauteur de 300 pages en moins de 5 minutes<ref>« [https://www.youtube.com/watch?v=zyNSap5XSv0 Google Books: Classic Books Available ''via'' the Espresso Book Machine] » - Youtube</ref>. Pour un ouvrage, les coûts d'impression s'élèvent à {{unité|8|€}} en moyenne, dont {{unité|1|€}} pour OnDemandBooks et {{unité|1|€}} pour Google.
* Le {{Date|3|septembre|2009}}, Google annonce un accord avec CoolerBooks.com pour distribuer près d'un million d'ouvrages du domaine public, ''via'' le site lui-même ''via'' une [[Interface de programmation|API]] ou ''via'' le lecteur Cool-er<ref>{{fr}} [http://www.itespresso.fr/coolerbookscom-annonce-la-conclusion-dun-partenariat-avec-google-31097.html Coolerbooks.com annonce la conclusion d'un partenariat avec Google] - ITespresso</ref>.
* Le {{Date|23|septembre|2009}}, un accord entre [[Time Inc.]] et Google est annoncé, qui permet à ce dernier d'ajouter plus de 1 800 éditions historiques du magazine [[Life (magazine)|LIFE]] à Google Books (pour la période 1936-1972)<ref>{{en}} [http://paidcontent.org/2009/09/24/419-more-than-1800-full-issues-of-life-now-on-google-books/ More Than 1,800 Full Issues Of Life Now On Google Books] - PaidContent</ref>{{,}}<ref>{{fr}} [https://books.google.de/books?id=R1cEAAAAMBAJ&source=gbs_navlinks_s&redir_esc=y#all_issues_anchor Catalogue complet] sur Google Books</ref>. En échange, Life voit son logo apposé à chaque page fournie, ainsi qu'un lien vers sa newsletter. Le contenu des archives de LIFE est également accessible à partir de [[Google Images]].
* Au cours de la [[Foire du livre de Francfort]], Google annonce son intention de lancer une librairie numérique l'année suivante, baptisée Google Éditions<ref>{{fr}} [http://www.itespresso.fr/e-book-google-books-deviendra-aussi-une-librairie-numerique-31898.html E-book : Google Books deviendra aussi une librairie numérique] - ITespresso</ref>, qui fonctionnera avec son système de paiement maison [[Google Checkout]]. L'achat d'un livre numérique sur Google se ferait directement auprès de Books, sur le site de l'éditeur participant au programme, ou chez un cybermarchand partenaire. Tous les ouvrages seraient indexés dans le moteur Google Books, et le service serait financé par le prélèvement d'une commission comprise entre 37 % et 55 % du prix total selon le type d’ouvrage. Dans une interview accordée à ''La Tribune'', David Drummond (directeur du développement et des affaires juridiques) déclare : « L'objectif est que vous puissiez acheter la version numérique d'un livre où que vous soyez, sur un site partenaire, dans une librairie, etc. ». Il annonce que Google devrait avoir passé un accord avec les éditeurs américains d'ici la fin de l'année, et espère qu'il sera transposable partout à l'étranger<ref>{{fr}} [http://www.01net.com/editorial/507280/google-va-vendre-des-livres-numeriques-a-partir-de-2010/ Google va vendre des livres numériques à partir de 2010] - 01Net</ref>.


=== 2010 : Google Editions ===
=== 2010 : Google Editions ===
Ligne 126 : Ligne 122 :


En février, le rapport d'information de M. Yann Gaillard<ref name="gaillard">« [http://www.senat.fr/notice-rapport/2009/r09-338-notice.html La politique du livre face au défi du numérique] », Rapport d'information de M. Yann GAILLARD, fait au nom de la commission des finances, n° 338 (2009-2010) - 25 février 2010. Senat.fr</ref> précise qu'{{citation|avec les moyens actuels de la BnF, il faudrait environ 750 millions d'euros et 375 ans pour numériser l'ensemble des ouvrages. Selon M. Bruno Racine, la totalité des fonds de la BnF pourrait être numérisée en 10 ans par Google.}}
En février, le rapport d'information de M. Yann Gaillard<ref name="gaillard">« [http://www.senat.fr/notice-rapport/2009/r09-338-notice.html La politique du livre face au défi du numérique] », Rapport d'information de M. Yann GAILLARD, fait au nom de la commission des finances, n° 338 (2009-2010) - 25 février 2010. Senat.fr</ref> précise qu'{{citation|avec les moyens actuels de la BnF, il faudrait environ 750 millions d'euros et 375 ans pour numériser l'ensemble des ouvrages. Selon M. Bruno Racine, la totalité des fonds de la BnF pourrait être numérisée en 10 ans par Google.}}
* Le mercredi {{date-|10 mars 2010}}, l'État italien a signé, à [[Rome]], un accord avec Google afin qu'il numérise et mette en ligne un million de volumes, publiés avant 1860, appartenant aux bibliothèques de Rome et de [[Florence]]. C'est la première fois que la firme californienne parvient à un tel résultat, qui lui donne également accès à toutes les bibliothèques nationales de la Péninsule<ref>« Accord entre Google et le gouvernement italien pour la numérisation de bibliothèques nationales » - [https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/03/10/accord-entre-google-et-le-gouvernement-italien-pour-la-numerisation-des-bibliotheques-nationales_1317338_651865.html Le Monde.fr]</ref>.
* Le mercredi {{date-|10 mars 2010}}, l'État italien a signé, à [[Rome]], un accord avec Google afin qu'il numérise et mette en ligne un million de volumes, publiés avant 1860, appartenant aux bibliothèques de Rome et de [[Florence]]. C'est la première fois que la firme californienne parvient à un tel résultat, qui lui donne également accès à toutes les bibliothèques nationales de la Péninsule<ref>« Accord entre Google et le gouvernement italien pour la numérisation de bibliothèques nationales » - [https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/03/10/accord-entre-google-et-le-gouvernement-italien-pour-la-numerisation-des-bibliotheques-nationales_1317338_651865.html Le Monde.fr]</ref>.
* Mai : Google annonce le lancement prochain d'un kiosque numérique nommé « Google Editions », à même de concurrencer [[Amazon.com|Amazon]], [[Barnes & Noble]] ou encore [[Apple]]. Contrairement à ses concurrents, Google Editions sera complètement en ligne et n'aura besoin d'aucun appareil spécifique pour la consultation et l'achat d'œuvre (comme c'est le cas avec le [[Amazon Kindle|Kindle]], le [[Nook]] et l'[[iPad]]).
* Mai : Google annonce le lancement prochain d'un kiosque numérique nommé « Google Editions », à même de concurrencer [[Amazon.com|Amazon]], [[Barnes & Noble]] ou encore [[Apple]]. Contrairement à ses concurrents, Google Editions sera complètement en ligne et n'aura besoin d'aucun appareil spécifique pour la consultation et l'achat d'œuvre (comme c'est le cas avec le [[Amazon Kindle|Kindle]], le [[Nook]] et l'[[iPad]]).
* Juin : Google passe la barre des 12 millions de livres scannés. Le mardi {{date-|15 juin}}, Google et la [[Bibliothèque nationale d'Autriche]] signent un accord visant à la numérisation de {{formatnum:400000}} ouvrages libres de droit. Ils totalisent environ 120 millions de pages. En France, au même moment, le [[Grand emprunt de la France en 2010|grand emprunt]] consacre 4,5 milliards d'euros au numérique dont 750 millions d'euros à la numérisation des contenus (culturels, éducatifs et scientifiques).
* Juin : Google passe la barre des {{nobr|12 millions}} de livres scannés. Le mardi {{date-|15 juin}}, Google et la [[Bibliothèque nationale d'Autriche]] signent un accord visant à la numérisation de {{nb|400000 ouvrages}} libres de droit. Ils totalisent environ {{nobr|120 millions}} de pages. En France, au même moment, le [[Grand emprunt de la France en 2010|grand emprunt]] consacre {{nombre|4,5|milliards}} d'euros au numérique dont {{nobr|750 millions}} d'euros à la numérisation des contenus (culturels, éducatifs et scientifiques).
* Juillet : Google et la [[Bibliothèque royale (Pays-Bas)|Bibliothèque royale des Pays-Bas]] annoncent qu'ils ont conclu un accord pour la numérisation de {{formatnum:160000}} titres d'ouvrages hollandais des {{s2-|XVIII|e|XIX|e}}<ref>« Koninklijke Bibliotheek and Google sign book digitisation agreement » - [http://www.kb.nl/nieuws/2010/google-en.html Koninklijke Bibliotheek]</ref>. Les fonds italiens, autrichiens et hollandais pourront être inclus dans [[Europeana]]. Google Books ouvre aussi ses portes en Israël<ref>
* Juillet : Google et la [[Bibliothèque royale (Pays-Bas)|Bibliothèque royale des Pays-Bas]] annoncent qu'ils ont conclu un accord pour la numérisation de {{nb|160000 titres}} d'ouvrages hollandais des {{s2-|XVIII|e|XIX|e}}<ref>« Koninklijke Bibliotheek and Google sign book digitisation agreement » - [http://www.kb.nl/nieuws/2010/google-en.html Koninklijke Bibliotheek]</ref>. Les fonds italiens, autrichiens et hollandais pourront être inclus dans [[Europeana]]. Google Books ouvre aussi ses portes en Israël<ref>
[http://www.livreshebdo.fr/actualites/DetailsActuRub.aspx?id=4771 Google Books en Israël] - Livres Hebdo.</ref>, sur la base d'un accord avec l'éditeur Keter qui autorise Google à scanner ses fonds mais sans les rendre entièrement disponibles au téléchargement.
[http://www.livreshebdo.fr/actualites/DetailsActuRub.aspx?id=4771 Google Books en Israël] - Livres Hebdo.</ref>, sur la base d'un accord avec l'éditeur Keter qui autorise Google à scanner ses fonds mais sans les rendre entièrement disponibles au téléchargement.
* Août : un ingénieur de Google estime que {{nombre|129864880|livres}} connus ont été publiés dans le monde (soit 4 milliards de pages numériques et 2 trillions de mots), et qu'ils pourraient être numérisés d'ici à la fin de la décennie<ref>« Google: 129 Million Different Books Have Been Published » - [http://www.pcworld.com/article/202803/google_129_million_different_books_have_been_published.html PC World]</ref>.
* Août : un ingénieur de Google estime que {{nombre|129864880|livres}} connus ont été publiés dans le monde (soit {{nobr|4 milliards}} de pages numériques et {{nobr|2 trillions}} de mots), et qu'ils pourraient être numérisés d'ici à la fin de la décennie<ref>« Google: 129 Million Different Books Have Been Published » - [http://www.pcworld.com/article/202803/google_129_million_different_books_have_been_published.html PC World]</ref>.
* Décembre : {{Lien|fr=Google eBooks|lang=en}} (nouveau nom de Google Editions) est lancé aux États-Unis. Le service se veut « ouvert » car accessible depuis n'importe quel appareil ([[smartphone]]s, [[e-reader]]s, [[Ordinateur personnel|ordinateur]]), et dispose d'un « Web Reader » proche de services comme [[Gmail]] ou [[Picasa]], aux capacités étendues (choix de la police et de sa taille, mode nuit / jour, espacement des caractères, sauvegarde automatique de la progression) et utilisable avec un compte Google sans limite de stockage. Des applications pour [[Android]] et [[iOS (Apple)|iOS]] sont prévues. Les livres seront accessibles depuis le {{Lien|fr=Google eBookstore|lang=en}}, et le service cohabitera avec le service Google Livres (un utilisateur pourra donc acheter directement un livre qu'il aura découvert là-bas). Initialement, des partenariats avec des détaillants étaient prévus (notamment [[Powell's Books|Powell's Book]], [[Alibris]] et les membres de la {{Lien|fr=American Booksellers Association|lang=en}}), mais en {{date-|avril 2012}} l'entreprise annonce son intention d'y mettre un terme<ref>« A Change to Our Retailer Partner Program: eBooks Resellers to Wind Down Next Year » - [http://booksearch.blogspot.fr/2012/04/change-to-our-retailer-partner-program.html Google Book Search]</ref>.
* Décembre : {{Lien|fr=Google eBooks|lang=en}} (nouveau nom de Google Editions) est lancé aux États-Unis. Le service se veut « ouvert » car accessible depuis n'importe quel appareil ([[smartphone]]s, [[liseuse]]s, [[Ordinateur personnel|ordinateur]]), et dispose d'un « Web Reader » proche de services comme [[Gmail]] ou [[Picasa]], aux capacités étendues (choix de la police et de sa taille, mode nuit / jour, espacement des caractères, sauvegarde automatique de la progression) et utilisable avec un compte Google sans limite de stockage. Des applications pour [[Android]] et [[iOS (Apple)|iOS]] sont prévues. Les livres seront accessibles depuis le {{Lien|fr=Google eBookstore|lang=en}}, et le service cohabitera avec le service Google Livres (un utilisateur pourra donc acheter directement un livre qu'il aura découvert là-bas). Initialement, des partenariats avec des détaillants étaient prévus (notamment [[Powell's Books|Powell's Book]], [[Alibris]] et les membres de la {{Lien|fr=American Booksellers Association|lang=en}}), mais en {{date-|avril 2012}} l'entreprise annonce son intention d'y mettre un terme<ref>« A Change to Our Retailer Partner Program: eBooks Resellers to Wind Down Next Year » - [http://booksearch.blogspot.fr/2012/04/change-to-our-retailer-partner-program.html Google Book Search]</ref>.


=== 2011 ===
=== 2011 ===


Dans le cadre de la refonte graphiques de ses services, Google dote son projet Livres d'une nouvelle interface<ref>« [http://googlesystem.blogspot.fr/2011/07/new-interface-for-google-books.html New Interface for Google Books] » - Google System</ref>. Celle-ci dégage plus d'espace blanc au détriment de l'affichage des livres : avec une résolution de 800x600 pixels, près des deux tiers de l'écran sont occupés par des éléments de navigation (et le bouton « plein écran » ne masque ni la barre de navigation, ni la boîte de recherche, mais cache le titre du livre).
Dans le cadre de la refonte graphiques de ses services, Google dote son projet Livres d'une nouvelle interface<ref>« [http://googlesystem.blogspot.fr/2011/07/new-interface-for-google-books.html New Interface for Google Books] » - Google System</ref>. Celle-ci dégage plus d'espace blanc au détriment de l'affichage des livres : avec une définition de 800×600 pixels, près des deux tiers de l'écran sont occupés par des éléments de navigation (et le bouton « plein écran » ne masque ni la barre de navigation, ni la boîte de recherche, mais cache le titre du livre).
* {{date-|20 juillet}} : Google signe un partenariat avec [[Pottermore]] pour rendre compatible le site consacré à l’œuvre de [[J.K. Rowling]] avec Books<ref>[http://www.livreshebdo.fr/actualites/DetailsActuRub.aspx?id=7021 Pottermore.com signe avec Google] - Livre Hebdo.</ref>.
* {{date-|20 juillet}} : Google signe un partenariat avec [[Pottermore]] pour rendre compatible le site consacré à l’œuvre de [[J.K. Rowling]] avec Books<ref>[http://www.livreshebdo.fr/actualites/DetailsActuRub.aspx?id=7021 Pottermore.com signe avec Google] - Livre Hebdo.</ref>.
* {{date-|20 décembre}} : Books est intégré à [[Google Chrome]] ''via'' une application dédiée permettant de lire les livres sans connexion à Internet - uniquement dans le navigateur développé par l'entreprise<ref>{{en}} [http://booksearch.blogspot.de/2011/12/read-google-ebooks-offline.html Read Google eBooks Offline!] - Google Books Search</ref>.
* {{date-|20 décembre}} : Books est intégré à [[Google Chrome]] ''via'' une application dédiée permettant de lire les livres sans connexion à Internet - uniquement dans le navigateur développé par l'entreprise<ref>{{en}} [http://booksearch.blogspot.de/2011/12/read-google-ebooks-offline.html Read Google eBooks Offline!] - Google Books Search</ref>.
Ligne 142 : Ligne 138 :
=== 2012 : Google Play ===
=== 2012 : Google Play ===


* Mars : le lancement de [[Google Play]] centralise sur une seule plate-forme l'achat d'e-books pour mobile auprès de Google<ref>« Introducing Google Play: All the entertainment you love, anywhere you go » - [http://booksearch.blogspot.fr/2012/03/introducing-google-play-all.html Google Book Search]</ref>. Le service propose « la plus large sélection de livres numériques » (4 millions de titres), disponible pour consultation hors-ligne ainsi qu'avec des fonctionnalités comme le partage d'extraits sur les réseaux sociaux ([[Google +]] en particulier), à condition d'être enregistré avec un compte Google<ref>« [http://www.actualitte.com/actualite/lecture-numerique/acteurs-numeriques/exit-l-android-google-fait-ce-qu-il-lui-play-32546.htm Exit l'Android, Google fait ce qu'il lui Play] » - Actualité</ref>. Aux États-Unis, une semaine complète de promotions («7 Days to Play ») accompagne le lancement avec des prix très bas sur une sélection de produits (notamment les films préférés de l'équipe Google, ainsi que des ebooks à {{unité|25|centimes}}).
* Mars : le lancement de [[Google Play]] centralise sur une seule plate-forme l'achat d'e-books pour mobile auprès de Google<ref>« Introducing Google Play: All the entertainment you love, anywhere you go » - [http://booksearch.blogspot.fr/2012/03/introducing-google-play-all.html Google Book Search]</ref>. Le service propose « la plus large sélection de livres numériques » ({{nobr|4 millions}} de titres), disponible pour consultation hors-ligne ainsi qu'avec des fonctionnalités comme le partage d'extraits sur les réseaux sociaux ([[Google +|Google+]] en particulier), à condition d'être enregistré avec un compte Google<ref>« [http://www.actualitte.com/actualite/lecture-numerique/acteurs-numeriques/exit-l-android-google-fait-ce-qu-il-lui-play-32546.htm Exit l'Android, Google fait ce qu'il lui Play] » - Actualité</ref>. Aux États-Unis, une semaine complète de promotions (« 7 Days to Play ») accompagne le lancement avec des prix très bas sur une sélection de produits (notamment les films préférés de l'équipe Google, ainsi que des e-books à {{unité|25|centimes}}).
* Google Livres dépasse les 20 millions d'ouvrages numérisés<ref>« Google Book Scan Project Slows Down » - [http://lawprofessors.typepad.com/law_librarian_blog/2012/03/google-book-scan-project-slows-down.html Law librarian blog]</ref>. Depuis 2004, plus de 15 millions de livres provenant de plus de {{formatnum:35000}} éditeurs, 40 bibliothèques, 100 pays et 400 langues, ont été numérisés<ref>« Discover more than 3 million Google eBooks from your choice of booksellers and devices » - [http://googleblog.blogspot.fr/2010/12/discover-more-than-3-million-google.html Google Official Blog]</ref>.
* Google Livres dépasse les {{nobr|20 millions}} d'ouvrages numérisés<ref>« Google Book Scan Project Slows Down » - [http://lawprofessors.typepad.com/law_librarian_blog/2012/03/google-book-scan-project-slows-down.html Law librarian blog]</ref>. Depuis 2004, plus de {{nobr|15 millions}} de livres provenant de plus de {{nb|35000 éditeurs}}, {{nobr|40 bibliothèques}}, {{nobr|100 pays}} et {{nobr|400 langues}}, ont été numérisés<ref>« Discover more than {{nobr|3 million}} Google eBooks from your choice of booksellers and devices » - [http://googleblog.blogspot.fr/2010/12/discover-more-than-3-million-google.html Google Official Blog]</ref>.
* Le {{date-|27 juin}}, Google sort sa propre tablette<ref>[https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/06/28/google-affiche-lui-aussi-ses-ambitions-dans-les-tablettes-electroniques_1725990_3234.html Google affiche, lui aussi, ses ambitions dans les tablettes électroniques] - ''Le Monde.fr''.</ref>. Baptisée [[Nexus 7]], elle se donne pour objectif de « rassembler le meilleur de l'expérience Google » et met en particulier l'accent sur la consultation de contenus : les catalogues de livres et magazines sont mis en avant sur l'écran d'accueil de l'appareil, et une remise temporaire offre un crédit de {{unité|25|dollars}} à dépenser sur le Play Store<ref>[https://www.engadget.com/2012/06/27/google-nexus-7-25-dollar-credit/ Google to hand over $25 Play credit with each Nexus 7 tablet purchase] - Engadget.</ref>. Avec ses 8 à 10 heures d'autonomie, la nexus 7 tient beaucoup de la liseuse et entre en compétition avec des produits hybrides comme le [[Kindle Fire]] d'[[Amazon.com|Amazon]].
* Le {{date-|27 juin}}, Google sort sa propre tablette<ref>[https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/06/28/google-affiche-lui-aussi-ses-ambitions-dans-les-tablettes-electroniques_1725990_3234.html Google affiche, lui aussi, ses ambitions dans les tablettes électroniques] - ''Le Monde.fr''.</ref>. Baptisée [[Nexus 7]], elle se donne pour objectif de « rassembler le meilleur de l'expérience Google » et met en particulier l'accent sur la consultation de contenus : les catalogues de livres et magazines sont mis en avant sur l'écran d'accueil de l'appareil, et une remise temporaire offre un crédit de {{unité|25|dollars}} à dépenser sur le Play Store<ref>[https://www.engadget.com/2012/06/27/google-nexus-7-25-dollar-credit/ Google to hand over $25 Play credit with each Nexus 7 tablet purchase] - Engadget.</ref>. Avec ses 8 à {{nobr|10 heures}} d'autonomie, la Nexus 7 tient beaucoup de la liseuse et entre en compétition avec des produits hybrides comme le [[Kindle Fire]] d'[[Amazon.com|Amazon]].
* Le {{date-|25 septembre}}, l'application Google Books pour [[Android]] intègre de nouvelles fonctions : elle permet notamment de rechercher des informations sur des lieux évoqués dans des ouvrages ''via'' [[Google Maps|Maps]], de trouver rapidement la définition d'un mot, de traduire des phrases ou des portions de texte, ou encore de surligner du texte et de prendre des notes<ref>[http://officialandroid.blogspot.co.uk/2012/09/turning-page-with-new-google-play-books.html Turning the page with a new Google Play Books app for Android] - Android Official Blog]</ref>.
* Le {{date-|25 septembre}}, l'application Google Books pour [[Android]] intègre de nouvelles fonctions : elle permet notamment de rechercher des informations sur des lieux évoqués dans des ouvrages ''via'' [[Google Maps|Maps]], de trouver rapidement la définition d'un mot, de traduire des phrases ou des portions de texte, ou encore de surligner du texte et de prendre des notes<ref>[http://officialandroid.blogspot.co.uk/2012/09/turning-page-with-new-google-play-books.html Turning the page with a new Google Play Books app for Android] - Android Official Blog]</ref>.
* Le {{date-|18 décembre}}, l'application Books pour Android intègre la fonctionnalité « Read Aloud » qui permet d'écouter le texte consulté<ref>{{fr}} [http://www.actualitte.com/acteurs-numeriques/l-application-google-play-books-fera-la-lecture-a-voix-haute-39026.htm L'application Google Play Books fera la lecture à voix haute] - Actualité.</ref>. Le ''pinch-to-zoom'' (pincer pour zoomer) et le ''double-tap'' sont également ajoutés. Et par ailleurs, les fonctions d'éditeur de texte sont désormais applicables aux annotations, et des recommandations personnelles sont visibles en fin de livres et de bibliothèques.
* Le {{date-|18 décembre}}, l'application Books pour Android intègre la fonctionnalité « Read Aloud » qui permet d'écouter le texte consulté<ref>{{fr}} [http://www.actualitte.com/acteurs-numeriques/l-application-google-play-books-fera-la-lecture-a-voix-haute-39026.htm L'application Google Play Books fera la lecture à voix haute] - Actualité.</ref>. Le ''pinch-to-zoom'' (pincer pour zoomer) et le ''double-tap'' sont également ajoutés. Et par ailleurs, les fonctions d'éditeur de texte sont désormais applicables aux annotations, et des recommandations personnelles sont visibles en fin de livres et de bibliothèques.
Ligne 163 : Ligne 159 :
==== Plainte de l'Author's Guild ====
==== Plainte de l'Author's Guild ====


La première action est une plainte pour violation « massive » du [[copyright]] (''massive copyright infringement'') et manquement à une rétribution juste des auteurs et des éditeurs<ref>« Authors Guild v. Google Settlement Resources Page » - [http://www.authorsguild.org/advocacy/articles/settlement-resources.html The Authors Guild]</ref>{{,}}<ref>« Authors, Publishers, and Google Reach Landmark Settlement » - [http://www.google.com/intl/en/press/pressrel/20081027_booksearchagreement.html Google]</ref>{{,}}<ref>« A new chapter » - [http://www.economist.com/node/12523914?story_id=12523914 The Economist]</ref>{{,}}<ref>« Publishers sue Google over book search project » - [http://news.cnet.com/Publishers-sue-Google-over-book-search-project/2100-1030_3-5902115.html Cnet.com]</ref>{{,}}<ref>« Publishers Sue Google Over Plans to Digitize Copyrighted Books » - [http://www.publishers.org/press/46/ Publishers.org]</ref>. Il s'agit d'une ''[[Recours collectif|class action]]'' (recours collectif) mené auprès de la cour fédérale à Manhattan par trois auteurs ({{Lien|fr=Daniel Hoffman|lang=en}}, {{Lien|fr=Betty Miles|lang=en}} et {{Lien|fr=Herbert Mitgang|lang=en}}) et une société d'auteurs ({{Lien|fr=Authors Guild|lang=en}}, qui rassemble plus de 8 000 auteurs américains). Dès le départ, les plaignants affichent la volonté de transformer leur poursuite en recours collectif. La firme se défend en invoquant le ''[[fair-use]]'', et argue que ses résultats de recherche ne présentent jamais qu'une portion du document, jamais son intégralité (par l'intermédiaire de ''snippets'', que l'on peut traduire par « fragment »). Dans un premier temps, elle avait tenté de trouver un compromis en annonçant une suspension des numérisations ({{date-|août 2005}}), et en proposant à tout auteur le souhaitant de la contacter pour faire retirer ses œuvres du programme avant la reprise en novembre<ref>« Des auteurs attaquent la bibliothèque Google » - [http://www.pcinpact.com/news/Des_auteurs_attaquent_la_bibliotheque_Google.htm PcINpact]</ref>. Adam M. Smith déclare ainsi : {{citation|« Nous pensons que la plupart des éditeurs et auteurs choisiront de participer au programme afin de présenter leur œuvre aux innombrables lecteurs de par le monde, mais nous savons que tout le monde n'est pas d'accord et nous voulons faire de notre mieux pour respecter les opinions.}}
La première action est une plainte pour violation « massive » du [[copyright]] (''massive copyright infringement'') et manquement à une rétribution juste des auteurs et des éditeurs<ref>« Authors Guild v. Google Settlement Resources Page » - [http://www.authorsguild.org/advocacy/articles/settlement-resources.html The Authors Guild]</ref>{{,}}<ref>« Authors, Publishers, and Google Reach Landmark Settlement » - [http://www.google.com/intl/en/press/pressrel/20081027_booksearchagreement.html Google]</ref>{{,}}<ref>« A new chapter » - [http://www.economist.com/node/12523914?story_id=12523914 The Economist]</ref>{{,}}<ref>« Publishers sue Google over book search project » - [http://news.cnet.com/Publishers-sue-Google-over-book-search-project/2100-1030_3-5902115.html Cnet.com]</ref>{{,}}<ref>« Publishers Sue Google Over Plans to Digitize Copyrighted Books » - [http://www.publishers.org/press/46/ Publishers.org]</ref>. Il s'agit d'une ''[[Recours collectif|class action]]'' (recours collectif) mené auprès de la cour fédérale à Manhattan par trois auteurs ({{Lien|fr=Daniel Hoffman|lang=en}}, {{Lien|fr=Betty Miles|lang=en}} et {{Lien|fr=Herbert Mitgang|lang=en}}) et une société d'auteurs ({{Lien|fr=Authors Guild|lang=en}}, qui rassemble plus de {{nb|8 000 auteurs}} américains). Dès le départ, les plaignants affichent la volonté de transformer leur poursuite en recours collectif. La firme se défend en invoquant le ''[[fair-use|fair use]]'', et argue que ses résultats de recherche ne présentent jamais qu'une portion du document, jamais son intégralité (par l'intermédiaire de ''snippets'', que l'on peut traduire par « fragment »). Dans un premier temps, elle avait tenté de trouver un compromis en annonçant une suspension des numérisations ({{date-|août 2005}}), et en proposant à tout auteur le souhaitant de la contacter pour faire retirer ses œuvres du programme avant la reprise en novembre<ref>« Des auteurs attaquent la bibliothèque Google » - [http://www.pcinpact.com/news/Des_auteurs_attaquent_la_bibliotheque_Google.htm PcINpact]</ref>. Adam M. Smith déclare ainsi : {{citation|Nous pensons que la plupart des éditeurs et auteurs choisiront de participer au programme afin de présenter leur œuvre aux innombrables lecteurs de par le monde, mais nous savons que tout le monde n'est pas d'accord et nous voulons faire de notre mieux pour respecter les opinions.}}


==== Plainte de l'Association of American Publishers ====
==== Plainte de l'Association of American Publishers ====


Malgré la première poursuite, Google reprend ses numérisations en {{date-|novembre 2005}}, notamment d'œuvres protégées par le droit d’auteur.
Malgré la première poursuite, Google reprend ses numérisations en {{date-|novembre 2005}}, notamment d'œuvres protégées par le droit d’auteur.
La seconde action est un procès au civil à la suite d'une plainte déposée par l’AAP ({{Lien|fr=Association of American Publishers|lang=en}}) à l’initiative de cinq éditeurs ([[McGraw-Hill]], [[Pearson (maison d'édition)|Pearson Education]], [[Penguin Group|Penguin Group USA]], [[Simon & Schuster]] et [[John Wiley & Sons]]) devant la même juridiction (l'APP rejoint donc la ''class action''). Elle fait suite à plusieurs mois de négociations infructueuses avec Google. Patricia Schroeder, PDG de l'APP, considère en effet les arguments de Google comme irrecevables : elle déclare à l'agence [[Reuters]] que l'''opt-out'' proposé par Google revient à ses yeux à « faire marcher sur la tête la législation du droit d'auteur »<ref>« Une pause dans la numérisation Google Print » - [http://www.pcinpact.com/news/Une_pause_dans_la_numerisation_Google_Print.htm PcINpact]</ref>. L'entreprise campe néanmoins sur ses positions et s'en tient à l'argument du ''fair use'', expliquant défendre le même but que le copyright (augmenter la popularité et les ventes de livres, contribuer aux bénéfices des détenteurs des œuvres)<ref>« Bibliothèque Google : après les auteurs, les éditeurs » - [http://www.pcinpact.com/news/Bibliotheque_Google_apres_les_auteurs_les_editeurs.htm PcINpact]</ref>. Un communiqué de l'APP souligne que Google a refusé sa proposition d'avoir recours au numéro ISBN « pour identifier les travaux sous copyright et obtenir la permission des auteurs et des éditeurs de scanner leurs travaux », préférant passer par les bibliothèques universitaires avec lesquelles elle a signé des accords. Elle déclare aussi sa préférence pour l’{{Lien|fr=Open Content Alliance|lang=en}} (OCA), projet similaire soutenu notamment par [[Yahoo!|Yahoo]], [[Hewlett-Packard|HP]] et [[Adobe Systems|Adobe]].
La seconde action est un procès au civil à la suite d'une plainte déposée par l’AAP ({{Lien|fr=Association of American Publishers|lang=en}}) à l’initiative de cinq éditeurs ([[McGraw-Hill Education|McGraw-Hill]], [[Pearson (maison d'édition)|Pearson Education]], [[Penguin Group|Penguin Group USA]], [[Simon & Schuster]] et [[John Wiley & Sons]]) devant la même juridiction (l'AAP rejoint donc la ''class action''). Elle fait suite à plusieurs mois de négociations infructueuses avec Google. Patricia Schroeder, PDG de l'AAP, considère en effet les arguments de Google comme irrecevables : elle déclare à l'agence [[Reuters]] que l'''opt-out'' proposé par Google revient à ses yeux à « faire marcher sur la tête la législation du droit d'auteur »<ref>« Une pause dans la numérisation Google Print » - [http://www.pcinpact.com/news/Une_pause_dans_la_numerisation_Google_Print.htm PcINpact]</ref>. L'entreprise campe néanmoins sur ses positions et s'en tient à l'argument du ''fair use'', expliquant défendre le même but que le copyright (augmenter la popularité et les ventes de livres, contribuer aux bénéfices des détenteurs des œuvres)<ref>« Bibliothèque Google : après les auteurs, les éditeurs » - [http://www.pcinpact.com/news/Bibliotheque_Google_apres_les_auteurs_les_editeurs.htm PcINpact]</ref>. Un communiqué de l'AAP souligne que Google a refusé sa proposition d'avoir recours au numéro ISBN « pour identifier les travaux sous copyright et obtenir la permission des auteurs et des éditeurs de scanner leurs travaux », préférant passer par les bibliothèques universitaires avec lesquelles elle a signé des accords. Elle déclare aussi sa préférence pour l’{{Lien|fr=Open Content Alliance|lang=en}} (OCA), projet similaire soutenu notamment par [[Yahoo!|Yahoo]], [[Hewlett-Packard|HP]] et [[Adobe Systems|Adobe]].


==== Google Book Settlement ====
==== Google Book Settlement ====
Ligne 174 : Ligne 170 :
===== Étapes du projet =====
===== Étapes du projet =====


À l'automne 2006, les premières négociations vers un règlement « amendé » (qui ne concerne que les [[États-Unis]]) se mettent en place. Le {{date-|28 octobre 2008}}, ledit règlement est finalisé et présenté à la justice. Il est validé sur le principe le {{date-|17 novembre 2008}} par le juge Sprizzo alors chargé du dossier<ref>« Google Books : une fin en forme de nouveau commencement » - [http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2011/03/google-books-fin-ou-recommencement.html Affordance.info]</ref>. En {{date-|novembre 2009}}, après de multiples concessions des parties en présence, le jugement débouche sur un accord baptisé « Google Book Settlement »<ref>« Règlement de Google Recherche de Livres » - [http://www.googlebooksettlement.com/ Google Book Settlement]</ref>. Plusieurs points importants s'en dégagent<ref>« Google Book Settlement : un accord trouvé » - [http://www.ebouquin.fr/2009/11/16/google-book-settlement-accord-trouve/ eBouquin]</ref>{{,}}<ref>« Une nouvelle version de l’Accord Google Books » - [http://www.adbs.fr/une-nouvelle-version-de-l-accord-google-books-mots-cles-74264.htm L'association des professionnels de l'information et de la documentation]</ref> :
À l'automne 2006, les premières négociations vers un règlement « amendé » (qui ne concerne que les États-Unis) se mettent en place. Le {{date-|28 octobre 2008}}, ledit règlement est finalisé et présenté à la justice. Il est validé sur le principe le {{date-|17 novembre 2008}} par le juge Sprizzo alors chargé du dossier<ref>« Google Books : une fin en forme de nouveau commencement » - [http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2011/03/google-books-fin-ou-recommencement.html Affordance.info]</ref>. En {{date-|novembre 2009}}, après de multiples concessions des parties en présence, le jugement débouche sur un accord baptisé « Google Book Settlement »<ref>« Règlement de Google Recherche de Livres » - [http://www.googlebooksettlement.com/ Google Book Settlement]</ref>. Plusieurs points importants s'en dégagent<ref>« Google Book Settlement : un accord trouvé » - [http://www.ebouquin.fr/2009/11/16/google-book-settlement-accord-trouve/ eBouquin]</ref>{{,}}<ref>« Une nouvelle version de l’Accord Google Books » - [http://www.adbs.fr/une-nouvelle-version-de-l-accord-google-books-mots-cles-74264.htm L'association des professionnels de l'information et de la documentation]</ref> :
* L'accord ne concerne que les livres enregistrés aux États-Unis ou publiés au [[Canada]], au [[Royaume-Uni]] ou en [[Australie]]) avant le {{date-|5 janvier 2009}} (ce qui peut concerner des ayants droit d'autres pays).
* L'accord ne concerne que les livres enregistrés aux États-Unis ou publiés au Canada, au Royaume-Uni ou en Australie avant le {{date-|5 janvier 2009}} (ce qui peut concerner des ayants droit d'autres pays).
* Le juge nommera une personne indépendante qui aura la charge de superviser la gestion des droits découlant de l'exploitation commerciale des [[œuvres orphelines]]. Si une œuvre n'est pas revendiquée pendant 5 ans, 25 % des sommes collectées sera consacrée à la recherche des ayants droit ; après 10 ans, les fonds seront versés à des [[associations caritatives]] de lutte contre l'[[illettrisme]] des 4 pays concernés par l'accord.
* Le juge nommera une personne indépendante qui aura la charge de superviser la gestion des droits découlant de l'exploitation commerciale des [[œuvres orphelines]]. Si une œuvre n'est pas revendiquée pendant {{nobr|5 ans}}, 25 % des sommes collectées sera consacrée à la recherche des ayants droit ; après {{nobr|10 ans}}, les fonds seront versés à des [[associations caritatives]] de lutte contre l'[[illettrisme]] des {{nobr|4 pays}} concernés par l'accord.
* Les œuvres épuisées présentes dans le catalogue Google Books pourront être commercialisés par des librairies concurrentes (Amazon par exemple). Le pourcentage de 37 % sera réparti entre le vendeur (qui devrait en conserver la majorité) et Google. La fixation des prix serait plus « flexible » (pas de prix fixe).
* Les œuvres épuisées présentes dans le catalogue Google Books pourront être commercialisés par des librairies concurrentes (Amazon par exemple). Le pourcentage de 37 % sera réparti entre le vendeur (qui devrait en conserver la majorité) et Google. La fixation des prix serait plus « flexible » (pas de prix fixe).
* Un registre des droits du livre indépendant (mais administré par Google) est créé pour rechercher les ayants droit, élaborer une base de données recensant les droits d’auteurs de chaque livre indexé (pour un coût estimé à 34,5 millions d'euros) et rémunérer auteurs et éditeurs pour l'usage et la vente de leurs travaux. Une partie de chaque œuvre est mise en libre consultation (sauf pour les œuvres libres de droits, consultables gratuitement), et les internautes peuvent désormais payer les droits pour devenir pleinement propriétaires de l'œuvre, ou payer à la page.
* Un registre des droits du livre indépendant (mais administré par Google) est créé pour rechercher les ayants droit, élaborer une base de données recensant les droits d’auteurs de chaque livre indexé (pour un coût estimé à {{nombre|34,5|millions}} d'euros) et rémunérer auteurs et éditeurs pour l'usage et la vente de leurs travaux. Une partie de chaque œuvre est mise en libre consultation (sauf pour les œuvres libres de droits, consultables gratuitement), et les internautes peuvent désormais payer les droits pour devenir pleinement propriétaires de l'œuvre, ou payer à la page.
* Les éditeurs et auteurs couverts par l'accord disposent désormais d'un programme d' ''[[opt-out]]'', c'est-à-dire la possibilité de sortir du programme à la demande. Ils ont jusqu'au {{date-|31 mars 2011}} pour réclamer entre 60 et {{unité|300|dollars}} par livre numérisé, et jusqu'au {{date-|9 mars 2012}} pour exiger la suppression de leur ouvrage de la base de données de Google. Ceux qui maintiennent leurs œuvres dans Google Books percevront 63 % des sommes perçues par Google (qui touche les 37 % restants) et pourront définir librement les conditions d'accès à leurs ouvrages.
* Les éditeurs et auteurs couverts par l'accord disposent désormais d'un programme d'''[[opt-out]]'', c'est-à-dire la possibilité de sortir du programme à la demande. Ils ont jusqu'au {{date-|31 mars 2011}} pour réclamer entre 60 et {{nobr|300 dollars}} par livre numérisé, et jusqu'au {{date-|9 mars 2012}} pour exiger la suppression de leur ouvrage de la base de données de Google. Ceux qui maintiennent leurs œuvres dans Google Books percevront 63 % des sommes perçues par Google (qui touche les 37 % restants) et pourront définir librement les conditions d'accès à leurs ouvrages.
* Les ''snippets'' d'œuvres soumises aux copyright ne seront plus affichés sans accord des éditeurs : ne subsisteront que les informations bibliographiques.
* Les ''snippets'' d'œuvres soumises aux copyright ne seront plus affichés sans accord des éditeurs : ne subsisteront que les informations bibliographiques.
* Les négociations hors des 4 pays seront menées indépendamment, mais dès lors que l'accord sera validé par la justice américaine, tous les éditeurs ou auteurs d'autres pays pourront décider de faire directement partie du programme.
* Les négociations hors des {{nobr|4 pays}} seront menées indépendamment, mais dès lors que l'accord sera validé par la justice américaine, tous les éditeurs ou auteurs d'autres pays pourront décider de faire directement partie du programme.
* Les modèles de rémunération sont limités à l’[[impression à la demande]], le téléchargement de fichier et aux abonnements.
* Les modèles de rémunération sont limités à l’[[impression à la demande]], le téléchargement de fichier et aux abonnements.
* Google verse 125 millions de dollars pour dédommager les ayants droit.
* Google verse {{nobr|125 millions}} de dollars pour dédommager les ayants droit.


L'accord stipule qu'après le {{date-|5 mai 2009}}, tous les titulaires de droits qui ne se seraient pas manifestés sont réputés faire partie du Règlement et être en accord avec celui-ci<ref name=":1" />. Google dispose d’un budget de 8 millions de [[Dollars US|dollars]] pour faire connaître un Avis concernant le Règlement (en 36 langues et dans plus de cent pays).
L'accord stipule qu'après le {{date-|5 mai 2009}}, tous les titulaires de droits qui ne se seraient pas manifestés sont réputés faire partie du Règlement et être en accord avec celui-ci<ref name=":1" />. Google dispose d’un budget de {{nobr|8 millions}} de [[Dollars US|dollars]] pour faire connaître un Avis concernant le Règlement (en {{nobr|36 langues}} et dans plus de cent pays).


===== Exploitation de la « zone grise » =====
===== Exploitation de la « zone grise » =====
Ligne 192 : Ligne 188 :
* Pour la poésie, les encyclopédies, les dictionnaires : une ''fixed preview'' serait possible, qui concernerait 10 % de l'ouvrage.
* Pour la poésie, les encyclopédies, les dictionnaires : une ''fixed preview'' serait possible, qui concernerait 10 % de l'ouvrage.
* Des services payants (''fee based services'') seraient désormais possibles (« ''users will be able to purchase online access to the full text of in-copyright, not commercially available books throught an account established with Google'' »), à un prix fixé soit par les ayants droit soit par l'algorithme de Google (avec 12 tranches de prix, comprises entre 1,99 et {{unité|29.99|dollars}}). Le prix serait susceptible de varier en fonction des chiffres de vente (''sales data'' que seul Google détient), et sur des critères définis par l'entreprise (« ''based on aggregate data collected with respect to similar books'' »).
* Des services payants (''fee based services'') seraient désormais possibles (« ''users will be able to purchase online access to the full text of in-copyright, not commercially available books throught an account established with Google'' »), à un prix fixé soit par les ayants droit soit par l'algorithme de Google (avec 12 tranches de prix, comprises entre 1,99 et {{unité|29.99|dollars}}). Le prix serait susceptible de varier en fonction des chiffres de vente (''sales data'' que seul Google détient), et sur des critères définis par l'entreprise (« ''based on aggregate data collected with respect to similar books'' »).
* Le partage des revenus se ferait ainsi : 37 % à Google, 63 % aux ayants droit (éditeurs et auteurs). Une partie serait reversée au Book Rights Registry (10 à 20 % des revenus des ayants droit, 37 % des revenus de Google).
* Le partage des revenus se ferait ainsi : 37 % à Google, 63 % aux ayants droit (éditeurs et auteurs). Une partie serait reversée au Book Rights Registry (10 à 20 % des revenus des ayants droit, 37 % des revenus de Google).
* Dans le cas d'un livre acheté en ligne, Google précise ce que seraient les modalités nouvelles de consultation : « ''the user will have perpetual access to view the entire book from any computer'' », c'est-à-dire que l'achat ne donnerait pas lieu à la possession d'un fichier correspond à l'œuvre acquise, mais à une simple « consultation illimitée » (à la manière d'une bibliothèque) ''via'' un compte Google et depuis une multitude de terminaux ([[Tablette électronique|tablette]], [[smartphone]], [[liseuse]]). Il est précisé qu'une copie entière de l'œuvre achetée ne serait pas téléchargeable autrement que par [[copier-coller]] manuel : par défaut, les outils mis à disposition par Google ne permettraient d'importer que 4 pages de l'œuvre. Sur le même principe, l'utilisateur ne pourrait imprimer en une seule fois que 20 pages d'une œuvre, sauf à copier-coller successivement toutes les pages d'une œuvre pour les rassembler de lui-même en un seul document. De plus un [[tatouage numérique]] (technique de marquage et traçage des œuvres) serait apposé sur l'œuvre pour identifier l'utilisateur qui imprime le document (et vérifier qu'il est autorisé à le faire).
* Dans le cas d'un livre acheté en ligne, Google précise ce que seraient les modalités nouvelles de consultation : « ''the user will have perpetual access to view the entire book from any computer'' », c'est-à-dire que l'achat ne donnerait pas lieu à la possession d'un fichier correspondant à l'œuvre acquise, mais à une simple « consultation illimitée » (à la manière d'une bibliothèque) ''via'' un compte Google et depuis une multitude de terminaux ([[Tablette électronique|tablette]], [[smartphone]], [[liseuse]]). Il est précisé qu'une copie entière de l'œuvre achetée ne serait pas téléchargeable autrement que par [[copier-coller]] manuel : par défaut, les outils mis à disposition par Google ne permettraient d'importer que 4 pages de l'œuvre. Sur le même principe, l'utilisateur ne pourrait imprimer en une seule fois que 20 pages d'une œuvre, sauf à copier-coller successivement toutes les pages d'une œuvre pour les rassembler de lui-même en un seul document. De plus un [[tatouage numérique]] (technique de marquage et traçage des œuvres) serait apposé sur l'œuvre pour identifier l'utilisateur qui imprime le document (et vérifier qu'il est autorisé à le faire).
* Des [[Annotation (documentation)|annotations]] seraient possibles sur les œuvres, mais uniquement ''via'' le service de Google, et ne seraient partageables qu'avec 25 personnes au maximum, et à condition qu'elles aient elles aussi acheté le livre sur le même service, et qu'elles aient été explicitement désignées par l'utilisateur.
* Des [[Annotation (documentation)|annotations]] seraient possibles sur les œuvres, mais uniquement ''via'' le service de Google, et ne seraient partageables qu'avec {{nobr|25 personnes}} au maximum, et à condition qu'elles aient elles aussi acheté le livre sur le même service, et qu'elles aient été explicitement désignées par l'utilisateur.
* Certains passages du livre, si le détenteur des droits choisissait de ne pas les afficher, ne seraient pas disponible même dans le cadre d'un achat (« ''A user who purchases a book will not see an insert if the insert's rightsholder chooses to exclude display of the insert. In this situation, a purchaser [...] will not have access to the complete book as published'' ») : il pourrait donc y avoir une différence de résultat entre le livre papier et celui au format numérique disponible sur Google Books.
* Certains passages du livre, si le détenteur des droits choisissait de ne pas les afficher, ne seraient pas disponibles même dans le cadre d'un achat (« ''A user who purchases a book will not see an insert if the insert's rightsholder chooses to exclude display of the insert. In this situation, a purchaser [...] will not have access to the complete book as published'' ») : il pourrait donc y avoir une différence de résultat entre le livre papier et celui au format numérique disponible sur Google Books.
* Pour les bibliothèques, la possibilité de consulter ces ouvrages se ferait ''via'' un « PAS » ''(Public Access Service)'' gratuit pour les bibliothèques publiques permettant à leurs usager de consulter le texte intégral depuis les postes informatiques sur place. L'impression de pages serait autorisée mais nécessiterait le paiement d'une « somme raisonnable » (''reasonnable per-page fee''). Pour la définition d'une « bibliothèque publique » et de ce qui relève de l'enseignement supérieur, Google se base sur les critères établis par la {{Lien|fr=Carnegie Classification of Institutions of Higher Education|lang=en}}. Si ces derniers ne sont pas remplis, un PAS serait valable pour {{nombre|10000|étudiants}} ; dans le cas contraire, pour {{nombre|4000|étudiants}}. Si les besoins de l'établissement étaient supérieurs, il faudrait négocier au cas par cas (« ''Google […] can agree to expand the PAS service by making additional terminals available for free or an annual fee, but the settlement provides no further details on the terms for this expansion'' »<ref name="ALA"/>).
* Pour les bibliothèques, la possibilité de consulter ces ouvrages se ferait ''via'' un « PAS » ''(Public Access Service)'' gratuit pour les bibliothèques publiques permettant à leurs usagers de consulter le texte intégral depuis les postes informatiques sur place. L'impression de pages serait autorisée mais nécessiterait le paiement d'une « somme raisonnable » (''reasonnable per-page fee''). Pour la définition d'une « bibliothèque publique » et de ce qui relève de l'enseignement supérieur, Google se base sur les critères établis par la {{Lien|fr=Carnegie Classification of Institutions of Higher Education|lang=en}}. Si ces derniers ne sont pas remplis, un PAS serait valable pour {{nombre|10000|étudiants}} ; dans le cas contraire, pour {{nombre|4000|étudiants}}. Si les besoins de l'établissement étaient supérieurs, il faudrait négocier au cas par cas (« ''Google […] can agree to expand the PAS service by making additional terminals available for free or an annual fee, but the settlement provides no further details on the terms for this expansion'' »<ref name="ALA"/>).
* À ce premier mode d'accès aux œuvres non disponibles dans le commerce s'ajouterait l'ISD (''Institutionnal Subscription Database''), un abonnement institutionnel qui permettrait d'offrir aux usagers l'accès à ces textes. Calqué sur le modèle des bouquets numériques que contractent les bibliothèques (notamment universitaires) avec les éditeurs scientifiques, cette souscription aurait une durée limitée et devra être renouvelé. Son coût serait fixé conjointement par Google et par le BRR. Or dans la version 2008 du texte, c'est Google qui crée et finance ''seul'' le BRR ; de plus aucun détail n'a été donné concernant la nomination de ses membres. Pour ce qui est de Google, sa détermination du prix se baserait sur les prix d'œuvres similaires auprès de la concurrence (« ''the pricing of similar products and services available from third parties'' »), sur le nombre d'œuvres rendues accessibles par l'ISD, la qualité des numérisations (!) et sur les fonctionnalités auxquelles donnerait accès la souscription. Enfin, un dernier critère serait le « ''full-time equivalent (FTE) users'' » (équivalent en utilisateurs à plein temps), qui correspondrait à un « ''full-time equivalent students'' » (équivalent en étudiants à plein temps) pour les établissements d'enseignement supérieur.
* À ce premier mode d'accès aux œuvres non disponibles dans le commerce s'ajouterait l'ISD (''Institutionnal Subscription Database''), un abonnement institutionnel qui permettrait d'offrir aux usagers l'accès à ces textes. Calqué sur le modèle des bouquets numériques que contractent les bibliothèques (notamment universitaires) avec les éditeurs scientifiques, cette souscription aurait une durée limitée et devra être renouvelée. Son coût serait fixé conjointement par Google et par le BRR. Or dans la version 2008 du texte, c'est Google qui crée et finance ''seul'' le BRR ; de plus aucun détail n'a été donné concernant la nomination de ses membres. Pour ce qui est de Google, sa détermination du prix se baserait sur les prix d'œuvres similaires auprès de la concurrence (« ''the pricing of similar products and services available from third parties'' »), sur le nombre d'œuvres rendues accessibles par l'ISD, la qualité des numérisations (!) et sur les fonctionnalités auxquelles donnerait accès la souscription. Enfin, un dernier critère serait le « ''full-time equivalent (FTE) users'' » (équivalent en utilisateurs à plein temps), qui correspondrait à un « ''full-time equivalent students'' » (équivalent en étudiants à plein temps) pour les établissements d'enseignement supérieur.


Théoriquement (mais pas dans les faits, puisque l'accord a été refusé sous cette forme), [[Google]] deviendrait donc [[libraire]] ''de facto'' des livres relevant de cette « zone grise », dont l'exploitation se ferait de manière dématérialisée, centralisée en ce qui concerne les déclarations des ayants droit (''via'' le registre des livres, ou ''Book Right Registry'' (BRR)), et algorithmique (en ce qui concerne les prix des livres).
Théoriquement (mais pas dans les faits, puisque l'accord a été refusé sous cette forme), Google deviendrait donc [[libraire]] ''de facto'' des livres relevant de cette « zone grise », dont l'exploitation se ferait de manière dématérialisée, centralisée en ce qui concerne les déclarations des ayants droit (''via'' le registre des livres, ou ''Book Right Registry'' (BRR)), et algorithmique (en ce qui concerne les prix des livres).


Enfin l'accord révèle que Google a procédé, sans autorisation, à la numérisation de livres de partout dans le monde et écrits en de très nombreuses langues<ref name=":1" />. Sur les sept millions de livres numérisés sans autorisation, un tiers proviendraient des États-Unis, un autre tiers de pays industrialisés et un dernier tiers d'autres pays. En {{date-|mai 2009}}, devant le trop grand nombre de requêtes réclamant du temps pour étudier le Règlement, l'échéance pour présenter une objection ou s'en retirer sont reportées au mois de septembre.
Enfin l'accord révèle que Google a procédé, sans autorisation, à la numérisation de livres de partout dans le monde et écrits en de très nombreuses langues<ref name=":1" />. Sur les sept millions de livres numérisés sans autorisation, un tiers proviendraient des États-Unis, un autre tiers de pays industrialisés et un dernier tiers d'autres pays. En {{date-|mai 2009}}, devant le trop grand nombre de requêtes réclamant du temps pour étudier le Règlement, l'échéance pour présenter une objection ou s'en retirer sont reportées au mois de septembre.
Ligne 205 : Ligne 201 :
===== Critiques émises =====
===== Critiques émises =====


L'accord a par ailleurs fait d'objet d'un vaste débat à travers le monde, et a été l'objet de critiques fortes. Pour l'{{Lien|Open Book Alliance|lang = en}} (qui regroupe Microsoft, Yahoo! et Amazon), l'accord ne répond pas « aux défauts fondamentaux » relevés dans sa {{1re}} version. Les éditeurs allemands soulignent qu'il {{citation|allait renforcer la domination de la langue anglaise dans le monde.}} L'UNEQ ([[Union des écrivaines et des écrivains québécois]]), qui a pris connaissance du projet en {{date-|février 2009}} ''via'' un Avis de 16 pages en français envoie une note informative à ses membres en {{date-|mars 2009}}. Le {{date-|22 avril 2009}}, l’Association nationale des éditeurs de livres au Canada émet un communiqué recommandant à ses membres de se retirer du Règlement<ref name=":1" />.
L'accord a par ailleurs fait l'objet d'un vaste débat à travers le monde, et a été l'objet de critiques fortes. Pour l'{{Lien|Open Book Alliance|lang = en}} (qui regroupe Microsoft, Yahoo! et Amazon), l'accord ne répond pas « aux défauts fondamentaux » relevés dans sa {{1re}} version. Les éditeurs allemands soulignent qu'il {{citation|allait renforcer la domination de la langue anglaise dans le monde.}} L'UNEQ ([[Union des écrivaines et des écrivains québécois]]), qui a pris connaissance du projet en {{date-|février 2009}} ''via'' un Avis de 16 pages en français envoie une note informative à ses membres en {{date-|mars 2009}}. Le {{date-|22 avril 2009}}, l’Association nationale des éditeurs de livres au Canada émet un communiqué recommandant à ses membres de se retirer du Règlement<ref name=":1" />.


[[Lawrence Lessig]] le qualifie de « chemin vers la folie » (''path to insanity'') qui serait « culturellement asphyxiant » en ce qu'il mène à une certaine « écologie » de l'accès aux objets culturels, proche du traitement réservés à ce qui relève du documentaire<ref>« The Google Book Search Settlement: Static Good, Dynamic Bad? » - [https://www.youtube.com/watch?v=Svytkew5qPI Youtube]</ref>. Ainsi ce n'est pas une « bibliothèque numérique » qui se construit, mais un « ''digital bookstore'' » (« magasin électronique de livres »), voire quelque chose de plus pervers qu'un simple magasin, qui s'octroierait des libertés comparables à celles que s'octroient les bibliothèques documentaires<ref>« Lessig Calls Google Book Settlement A "Path To Insanity" » - [https://techcrunch.com/2010/01/26/lessig-calls-google-book-settlement-a-path-to-insanity/ Techcrunch]</ref>. Cela relève à ses yeux d'une culture obsessionnelle de la permission et du contrôle, propre aux [[oligopole]]s, et qui se pose en opposition frontale avec les modes de diffusions traditionnels de la culture. Dans ce nouvel ordre documentaire, le contrôle peut être exercé à toutes les échelles, depuis le livre lui-même jusqu'à la plus petite citation, jusqu'au mot ou la lettre, en passant par l'unité technique de la page.
[[Lawrence Lessig]] le qualifie de « chemin vers la folie » (''path to insanity'') qui serait « culturellement asphyxiant » en ce qu'il mène à une certaine « écologie » de l'accès aux objets culturels, proche du traitement réservés à ce qui relève du documentaire<ref>« The Google Book Search Settlement: Static Good, Dynamic Bad? » - [https://www.youtube.com/watch?v=Svytkew5qPI Youtube]</ref>. Ainsi ce n'est pas une « bibliothèque numérique » qui se construit, mais un « ''digital bookstore'' » (« magasin électronique de livres »), voire quelque chose de plus pervers qu'un simple magasin, qui s'octroierait des libertés comparables à celles que s'octroient les bibliothèques documentaires<ref>« Lessig Calls Google Book Settlement A "Path To Insanity" » - [https://techcrunch.com/2010/01/26/lessig-calls-google-book-settlement-a-path-to-insanity/ Techcrunch]</ref>. Cela relève à ses yeux d'une culture obsessionnelle de la permission et du contrôle, propre aux [[oligopole]]s, et qui se pose en opposition frontale avec les modes de diffusions traditionnels de la culture. Dans ce nouvel ordre documentaire, le contrôle peut être exercé à toutes les échelles, depuis le livre lui-même jusqu'à la plus petite citation, jusqu'au mot ou la lettre, en passant par l'unité technique de la page.


Il propose, une fois l'œuvre produit, de reconnaître une revendication légitime d'une appropriation par la culture. Ainsi quand l'usage d'une musique dans un film ou d'une illustration dans un livre a été autorisée une fois, et passé une certaine durée (il suggère 14 ans), le détenteur des droits ne devrait plus être en mesure de « contrôler le tout » que forme son œuvre. Sa critique porte également sur l'existence d'un registre opéré par des compagnies privées, qu'il propose de soumettre au même contrôle par la loi que les noms de domaine (gérés par les [[Bureau d'enregistrement|bureaux d'enregistrement]], ou ''registrars'').
Il propose, une fois l'œuvre produite, de reconnaître une revendication légitime d'une appropriation par la culture. Ainsi quand l'usage d'une musique dans un film ou d'une illustration dans un livre a été autorisée une fois, et passé une certaine durée (il suggère {{nobr|14 ans}}), le détenteur des droits ne devrait plus être en mesure de « contrôler le tout » que forme son œuvre. Sa critique porte également sur l'existence d'un registre opéré par des compagnies privées, qu'il propose de soumettre au même contrôle par la loi que les noms de domaine (gérés par les [[Bureau d'enregistrement|bureaux d'enregistrement]], ou ''registrars'').


===== Rejet =====
===== Rejet =====
En {{date-|juillet 2009}}, le ministère américain de la Justice (''[[Département de la Justice des États-Unis|Department of Justice]]'') ouvre une enquête sur le projet d'accord - dans sa version d'{{date-|octobre 2008}}.
En {{date-|juillet 2009}}, le ministère américain de la Justice (''[[Département de la Justice des États-Unis|Department of Justice]]'') ouvre une enquête sur le projet d'accord - dans sa version d'{{date-|octobre 2008}}. Le {{Date|10|septembre|2009}}, au cours de son audition par la commission judiciaire de la [[Chambre des représentants des États-Unis|Chambre des représentants]], Google précise qu’il’« hébergera sur internet les livres numériques (épuisés en librairie), et les détaillants comme Amazon, Barnes & Noble ou le libraire de votre quartier pourront en vendre l’accès sur tout appareil connecté à internet »<ref>{{fr}} [http://www.itespresso.fr/google-books-devrait-partager-ses-livres-numerises-avec-ses-concurrents-31301.html Google Books devrait partager ses livres numérisés avec ses concurrents] - ITespresso.</ref>. David Drummond, responsable juridique, explique que le groupe ne cherche pas à obtenir de monopole sur la numérisation d’ouvrages ou sur leur consultation par les internautes et déclare : « Nous avons toujours eu pour conception de bâtir un service ouvert ».


Le {{Date|18|septembre|2009}} le ''Department of Justice'', à travers un ''statement of interest''<ref>« [http://www.justice.gov/atr/cases/f250100/250180.pdf Statement of Interest of the United States of America Regarding Proposed Class Settlement] » - Justice.gov.</ref>, demande au juge fédéral new-yorkais {{Lien|fr=Denny Chin|lang=en}} de ne pas valider l'accord, pour trois raisons : vice de procédure, violation de {{page h'|loi antitrust}}, atteinte aux droits d'auteurs. Dans son document, le ministère indique que celui-ci soulève des questions en matière de [[droits d'auteurs]] et d'[[abus de position dominante]] en particulier pour la zone grise<ref>{{fr}} [https://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/09/19/le-ministere-de-la-justice-americain-contre-l-accord-entre-google-et-les-editeurs_1242698_651865.html#ens_id=1229431 Le ministère de la justice américain contre l'accord entre Google et les éditeurs], article du quotidien [[Le Monde]], daté du 19 septembre 2009.</ref>{{,}}<ref>{{fr}} [https://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/09/04/livre-numerique-le-ton-monte-entre-google-amazon-et-les-auteurs-americains_1236044_651865.html#ens_id=1229431 Livre numérique : le ton monte entre Google, Amazon et les auteurs américains], article du quotidien [[Le Monde]], daté du 4 septembre 2009.</ref> (« ''de facto exclusivity in distribution of orphan books, books which are in copyrights but the rights holder cannot be located'' »).
Le 18 septembre 2009 le ''Department of Justice'', à travers un ''statement of interest''<ref>« [http://www.justice.gov/atr/cases/f250100/250180.pdf Statement of Interest of the United States of America Regarding Proposed Class Settlement] » - Justice.gov.</ref>, demande au juge fédéral new-yorkais {{Lien|fr=Denny Chin|lang=en}} de ne pas valider l'accord, pour trois raisons : vice de procédure, violation de {{page h'|loi antitrust}}, atteinte aux droits d'auteurs. Dans son document, le ministère indique que celui-ci soulève des questions en matière de [[droits d'auteurs]] et d'[[abus de position dominante]] en particulier pour la zone grise<ref>{{fr}} [https://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/09/19/le-ministere-de-la-justice-americain-contre-l-accord-entre-google-et-les-editeurs_1242698_651865.html#ens_id=1229431 Le ministère de la justice américain contre l'accord entre Google et les éditeurs], article du quotidien [[Le Monde]], daté du 19 septembre 2009.</ref>{{,}}<ref>{{fr}} [https://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/09/04/livre-numerique-le-ton-monte-entre-google-amazon-et-les-auteurs-americains_1236044_651865.html#ens_id=1229431 Livre numérique : le ton monte entre Google, Amazon et les auteurs américains], article du quotidien [[Le Monde]], daté du 4 septembre 2009.</ref> (« ''de facto exclusivity in distribution of orphan books, books which are in copyrights but the rights holder cannot be located'' »).


À l'issue de l'audience tenue jeudi {{date-|18 février 2010}} à New York, le juge fédéral Denny Chin reporte sa décision afin de garder « l'esprit clair » pour le rédiger. Le juge reprend l'idée exprimée par une plaignante, Sarah Canzeroni, de la Guilde (américaine) des livres pour enfants, selon laquelle l'objectif de Google, plutôt que de créer « une grande bibliothèque » numérique, est en réalité d'ouvrir « un grand magasin » dont il aurait le [[monopole]]. Le gouvernement américain et les autres plaignants ne contestent pas le principe de la numérisation des ouvrages, mais la plupart invoquent le risque monopolistique flagrant de l'accord signé par Google et l'entorse au droit de [[copyright]] qu'il comporterait. Par exemple, un juriste de [[Microsoft]] explique que Google aurait un accès quasi assuré à tout ouvrage publié depuis 1923, et bénéficierait, entre autres, d'une connaissance exclusive des goûts des [[internaute]]s en matière de lecture - un avantage substantiel aux yeux des [[annonceur|annonceurs publicitaires]]<ref>''Numérisation des livres : report de la décision de justice dans l'affaire Google'', article du quotidien ''[[Le Monde]]'' daté du 19 février 2010 (n'est plus mis en ligne sur le site LeMonde.fr).</ref>. Le {{date-|22 mars 2011}}, le juge Chin rejette l’accord, passé entre Google et les éditeurs, qui prévoyait le règlement de leur contentieux sur le projet Google Livres<ref>[http://www.inaglobal.fr/edition/article/laccord-google-livres-rejete Marc JAHJAH, L'accord Google Livres rejeté, INA Global 6/4/2011].</ref>{{,}}<ref>« La cour de justice américaine rejette le Google Book Settlement » - [http://www.ebouquin.fr/2011/03/24/la-cour-de-justice-americaine-rejette-le-google-book-settlement/ eBooquin].</ref>, le jugeant « ni équitable, ni adéquat, ni raisonnable » car il donnerait à Google « un avantage significatif (et déloyal) sur ses concurrents » et parce qu'il présente une portée excessive ainsi qu'un défaut de représentation de certaines parties (des associations indiquent ne s'estiment pas bien représentés au sein de la ''class action''). Plus précisément, les motifs de la décision du juge sont les suivants<ref>« [http://scinfolex.wordpress.com/2011/03/23/reglement-google-book-fin-de-partie/ Règlement Google Book : fin de partie ?] » - S.I.Lex.</ref> :
À l'issue de l'audience tenue jeudi {{date-|18 février 2010}} à New York, le juge fédéral Denny Chin reporte sa décision afin de garder « l'esprit clair » pour le rédiger. Le juge reprend l'idée exprimée par une plaignante, Sarah Canzeroni, de la Guilde (américaine) des livres pour enfants, selon laquelle l'objectif de Google, plutôt que de créer « une grande bibliothèque » numérique, est en réalité d'ouvrir « un grand magasin » dont il aurait le [[monopole]]. Le gouvernement américain et les autres plaignants ne contestent pas le principe de la numérisation des ouvrages, mais la plupart invoquent le risque monopolistique flagrant de l'accord signé par Google et l'entorse au droit de [[copyright]] qu'il comporterait. Par exemple, un juriste de [[Microsoft]] explique que Google aurait un accès quasi assuré à tout ouvrage publié depuis 1923, et bénéficierait, entre autres, d'une connaissance exclusive des goûts des [[internaute]]s en matière de lecture - un avantage substantiel aux yeux des [[annonceur|annonceurs publicitaires]]<ref>''Numérisation des livres : report de la décision de justice dans l'affaire Google'', article du quotidien ''[[Le Monde]]'' daté du 19 février 2010 (n'est plus mis en ligne sur le site LeMonde.fr).</ref>. Le {{date-|22 mars 2011}}, le juge Chin rejette l’accord passé entre Google et les éditeurs, qui prévoyait le règlement de leur contentieux sur le projet Google Livres<ref>[http://www.inaglobal.fr/edition/article/laccord-google-livres-rejete Marc JAHJAH, L'accord Google Livres rejeté, INA Global 6/4/2011].</ref>{{,}}<ref>« La cour de justice américaine rejette le Google Book Settlement » - [http://www.ebouquin.fr/2011/03/24/la-cour-de-justice-americaine-rejette-le-google-book-settlement/ eBooquin].</ref>, le jugeant « ni équitable, ni adéquat, ni raisonnable » car il donnerait à Google « un avantage significatif (et déloyal) sur ses concurrents » et parce qu'il présente une portée excessive ainsi qu'un défaut de représentation de certaines parties (des associations indiquent ne pas s'estimer bien représentées au sein de la ''class action''). Plus précisément, les motifs de la décision du juge sont les suivants<ref>« [http://scinfolex.wordpress.com/2011/03/23/reglement-google-book-fin-de-partie/ Règlement Google Book : fin de partie ?] » - S.I.Lex.</ref> :
* La portée excessive du règlement. Ce dernier comporte en effet deux parties distinctes : les actes de numérisation et l'usage qui en a été fait (les ''snippets'') d'une part, le transfert de droits à Google pour l'exploitation des œuvres de la « zone grise » si leurs titulaires ne se manifestent pas (''opt out'') d'autre part. Cette seconde partie, qui inclut le BRR, va trop loin dans l'appropriation par la firme des ''unclaimed works'' et des œuvres orphelines (respectivement : les œuvres non réclamées par leurs titulaires, et celles dont les titulaires ne peuvent être identifiés ou localisés). Cette question ne peut en effet être réglée par un simple règlement entre parties privées, elle doit faire l'objet d'un travail du législateur fédéral (il est à noter qu'en 2006 et 2008, le [[Congrès des États-Unis|Congrès]] avait examiné plusieurs projets relatifs aux œuvres orphelines, mais sans aboutir à une loi). Enfin, le règlement va trop loin en s'écartant de l'affaire : « ''There was no allegation that Google was making full books available online, and the case was not about full access to copyrighted works. The case was about the use of an indexing and searching tool, not the sale of complete copyrighted works'' » (le cas ne portait pas sur l'accès à des documents soumis au copyright, mais sur l'usage d'un outil de recherche et d'indexation).
* La portée excessive du règlement. Ce dernier comporte en effet deux parties distinctes : les actes de numérisation et l'usage qui en a été fait (les ''snippets'') d'une part, le transfert de droits à Google pour l'exploitation des œuvres de la « zone grise » si leurs titulaires ne se manifestent pas (''opt out'') d'autre part. Cette seconde partie, qui inclut le BRR, va trop loin dans l'appropriation par la firme des ''unclaimed works'' et des œuvres orphelines (respectivement : les œuvres non réclamées par leurs titulaires, et celles dont les titulaires ne peuvent être identifiés ou localisés). Cette question ne peut en effet être réglée par un simple règlement entre parties privées, elle doit faire l'objet d'un travail du législateur fédéral (il est à noter qu'en 2006 et 2008, le [[Congrès des États-Unis|Congrès]] avait examiné plusieurs projets relatifs aux œuvres orphelines, mais sans aboutir à une loi). Enfin, le règlement va trop loin en s'écartant de l'affaire : « ''There was no allegation that Google was making full books available online, and the case was not about full access to copyrighted works. The case was about the use of an indexing and searching tool, not the sale of complete copyrighted works'' » (le cas ne portait pas sur l'accès à des documents soumis au copyright, mais sur l'usage d'un outil de recherche et d'indexation).
* Le manque de représentation des intérêts de certains titulaires. Le syndicat des auteurs et l’Association des éditeurs américains ne peuvent s'octroyer le droit de représenter l’intérêt de l’ensemble des titulaires de droits potentiellement lésés par Google : d'après le juge c'est vrai en particulier pour les auteurs universitaires (qui cherchent à maximiser l’accès à la connaissance là où l'accord des parties cherche d'abord à établir le moyen d'une rémunération) et les titulaires de droits étrangers. Par voie de conséquence, le BRR n'est pas considéré comme susceptible de représenter adéquatement les intérêts des titulaires d’ouvrages non réclamés et d’œuvres orphelines.
* Le manque de représentation des intérêts de certains titulaires. Le syndicat des auteurs et l’Association des éditeurs américains ne peuvent s'octroyer le droit de représenter l’intérêt de l’ensemble des titulaires de droits potentiellement lésés par Google : d'après le juge c'est vrai en particulier pour les auteurs universitaires (qui cherchent à maximiser l’accès à la connaissance là où l'accord des parties cherche d'abord à établir le moyen d'une rémunération) et les titulaires de droits étrangers. Par voie de conséquence, le BRR n'est pas considéré comme susceptible de représenter adéquatement les intérêts des titulaires d’ouvrages non réclamés et d’œuvres orphelines.
* Le mécanisme de l’''opt out'', contraire au copyright. L'opt-out inverse les règles classiques du droit d’auteur en se passant de l’autorisation préalable des titulaires (principe du « Qui ne dit mot consent ») : pour le juge c'est une atteinte trop forte au principe des droits exclusifs reconnus aux titulaires par la loi américaine, voire une forme d'expropriation. Il suggère un retour à lopt in'' : « ''many of the concerns raised in the objections would be ameliorated if the [Settlement] were converted from an opt-out settlement to an opt-in settlement'' ».
* Le mécanisme de l’''opt out'', contraire au copyright. L'''opt-out'' inverse les règles classiques du droit d’auteur en se passant de l’autorisation préalable des titulaires (principe du « Qui ne dit mot consent ») : pour le juge c'est une atteinte trop forte au principe des droits exclusifs reconnus aux titulaires par la loi américaine, voire une forme d'expropriation. Il suggère un retour à l'<nowiki/>''opt in : « many of the concerns raised in the objections would be ameliorated if the [settlement] were converted from an opt-out settlement to an opt-in settlement ».''
* Le risque de dérives monopolistiques. Le Règlement conférerait ''de facto'' à Google un monopole contraire aux {{page h'|Loi antitrust|lois antitrust}} sur les œuvres non réclamées, non par un transfert de droit mais par le bénéfice unique d'une possibilité d'action en lieu et place des titulaires de droits, ce qui permet de prendre avance décisive sur la concurrence (qui elle devra supporter le coût de la recherche des autorisations avant toute numérisation). Un autre avantage excessif conféré par l'accord est la place qu'il octroierait à Google sur le marché de l’indexation des contenus : ses concurrents devraient obtenir son autorisation pour indexer tout ouvrage scanné par ses soins.
* Le risque de dérives monopolistiques. Le Règlement conférerait ''de facto'' à Google un monopole contraire aux {{page h'|Loi antitrust|lois antitrust}} sur les œuvres non réclamées, non par un transfert de droit mais par le bénéfice unique d'une possibilité d'action en lieu et place des titulaires de droits, ce qui permet de prendre une avance décisive sur la concurrence (qui elle devra supporter le coût de la recherche des autorisations avant toute numérisation). Un autre avantage excessif conféré par l'accord est la place qu'il octroierait à Google sur le marché de l’indexation des contenus : ses concurrents devraient obtenir son autorisation pour indexer tout ouvrage scanné par ses soins.

* Atteinte au respect de la vie privée à travers la collecte de données personnelles (en lien avec la consultation des ouvrages : identité du lecteur, temps passé sur un ouvrage, pages lues etc.).
* Atteinte au respect de la vie privée à travers la collecte de données personnelles (en lien avec la consultation des ouvrages : identité du lecteur, temps passé sur un ouvrage, pages lues etc.).
* Violation potentielle des règles internationales. Le règlement avait vocation à s’appliquer à tous les détenteurs de copyright aux États-Unis, ce qui en vertu de la [[Convention de Berne pour la protection des œuvres littéraires et artistiques|Convention de Berne]], recouvre non seulement les auteurs et éditeurs américains, mais aussi tous les ressortissants des pays adhérents à ladite Convention à travers le monde. La seconde version de l'accord avait pris en compte ces objections et restreignait sa portée à certains pays (États-Unis, Angleterre, Canada, Australie), mais le juge considère que ce n'est pas suffisant pour garantir que des ouvrages étrangers ne seront pas compris dans le périmètre de l’accord, notamment les ouvrages enregistrés aux États-Unis avant 1989 (entrée en vigueur de la Convention de Berne dans le pays). Certains États, notamment la France, avaient souligné qu’il n’appartient pas à une cour américaine de régler seule la question des œuvres orphelines à une échelle internationale.
* Violation potentielle des règles internationales. Le règlement avait vocation à s’appliquer à tous les détenteurs de copyright aux États-Unis, ce qui en vertu de la [[Convention de Berne pour la protection des œuvres littéraires et artistiques|Convention de Berne]], recouvre non seulement les auteurs et éditeurs américains, mais aussi tous les ressortissants des pays adhérents à ladite Convention à travers le monde. La seconde version de l'accord avait pris en compte ces objections et restreignait sa portée à certains pays (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie), mais le juge considère que ce n'est pas suffisant pour garantir que des ouvrages étrangers ne seront pas compris dans le périmètre de l’accord, notamment les ouvrages enregistrés aux États-Unis avant 1989 (entrée en vigueur de la Convention de Berne dans le pays). Certains États, notamment la France, avaient souligné qu’il n’appartenaitt pas à une cour américaine de régler seule la question des œuvres orphelines à une échelle internationale.


À ce stade du procès, il n'y a pas d'indemnisation des parties plaignantes. L'affaire doit continuer avec une audience de mise en état le {{date-|25 avril 2011}}<ref>Selon la décision du Circuit Judge Chin en date du 22 mars 2011 (Voir l'[http://www.authorsguild.org/advocacy/articles/scott-turow-on-google.attachment/google-books-opinion-6724/Google%20Books%20Opinion%2005_CIV_8136.pdf original de la décision] en anglais).</ref>. Les parties peuvent d'ici là faire appel, proposer une nouvelle version du Règlement ou abandonner ce projet : le procès reprendra alors son cours normal, et le juge devra se prononcer sur la question de l’application du fair use au projet Google Books. Google, le Syndicat des auteurs et l’Association des éditeurs américains ont fait savoir qu'ils ne souhaitaient pas abandonner, et laissaient entendre qu'ils pourraient proposer une troisième version de leur accord. Un schéma produit en 2010 par la Library Copyright Alliance envisageait les différentes issues possibles du procès<ref>« [http://www.librarycopyrightalliance.org/bm~doc/gbs-march-madness-diagram-final.pdf GBS March Madness: Paths Forward for the Google Books Settlement] » - Library Copyright Alliance.</ref>.
À ce stade du procès, il n'y a pas d'indemnisation des parties plaignantes. L'affaire doit continuer avec une audience de mise en état le {{date-|25 avril 2011}}<ref>Selon la décision du Circuit Judge Chin en date du 22 mars 2011 (Voir l'[http://www.authorsguild.org/advocacy/articles/scott-turow-on-google.attachment/google-books-opinion-6724/Google%20Books%20Opinion%2005_CIV_8136.pdf original de la décision] en anglais).</ref>. Les parties peuvent d'ici là faire appel, proposer une nouvelle version du Règlement ou abandonner ce projet : le procès reprendra alors son cours normal, et le juge devra se prononcer sur la question de l’application du ''fair use'' au projet Google Books. Google, le Syndicat des auteurs et l’Association des éditeurs américains ont fait savoir qu'ils ne souhaitaient pas abandonner, et laissaient entendre qu'ils pourraient proposer une troisième version de leur accord. Un schéma produit en 2010 par la Library Copyright Alliance envisageait les différentes issues possibles du procès<ref>« [http://www.librarycopyrightalliance.org/bm~doc/gbs-march-madness-diagram-final.pdf GBS March Madness: Paths Forward for the Google Books Settlement] » - Library Copyright Alliance.</ref>.


===== Revirements autour de la ''class action'' =====
===== Revirements autour de la ''class action'' =====


* Le {{date-|31 mai 2012}}, le juge Denny Chin valide le choix par les auteurs de la procédure du recours collectif<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Revers pour Google dans l’affaire Books : la class action validée |url=https://fildelamediatheque.wordpress.com/2012/06/12/revers-pour-google-dans-laffaire-books-la-class-action-validee/ |site=Le fil de la médiathèque |date=2012-06-12 |consulté le=2022-03-17}}</ref>{{,}}<ref>[http://fr.scribd.com/doc/95475268/Judge-Chin-on-Google-May-31-Copy Judge Chin on Google May 31 Copy] - Scribd.</ref>. Google fait aussitôt appel de cette décision, engageant à cette fin un avocat spécialisé ([[Seth Waxman]])<ref>[http://www.actualitte.com/actualite/lecture-numerique/legislation/google-books-s-obstine-mais-le-juge-chin-ne-tournera-pas-la-page-34837.htm Google Books s'obstine, mais le juge Chin ne tournera pas la page] - Actualité</ref>. Un porte-parole de l'entreprise déclare : « La décision d'aujourd'hui ne fixe pas les éléments sous-jacents de cette affaire, pas plus qu'elle ne règle le litige en cours ». À cette même date de nouveaux acteurs ont rejoint la ''class action'', dont notamment l'[[American Society of Media Photographers]].
* Le {{date-|31 mai 2012}}, le juge Denny Chin valide le choix par les auteurs de la procédure du recours collectif<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Revers pour Google dans l’affaire Books : la class action validée |url=https://fildelamediatheque.wordpress.com/2012/06/12/revers-pour-google-dans-laffaire-books-la-class-action-validee/ |site=Le fil de la médiathèque |date=2012-06-12 |consulté le=2022-03-17}}</ref>{{,}}<ref>[http://fr.scribd.com/doc/95475268/Judge-Chin-on-Google-May-31-Copy Judge Chin on Google May 31 Copy] - Scribd.</ref>. Google fait aussitôt appel de cette décision, engageant à cette fin un avocat spécialisé ([[Seth Waxman]])<ref>[http://www.actualitte.com/actualite/lecture-numerique/legislation/google-books-s-obstine-mais-le-juge-chin-ne-tournera-pas-la-page-34837.htm Google Books s'obstine, mais le juge Chin ne tournera pas la page] - Actualité</ref>. Un porte-parole de l'entreprise déclare : « La décision d'aujourd'hui ne fixe pas les éléments sous-jacents de cette affaire, pas plus qu'elle ne règle le litige en cours ». À cette même date de nouveaux acteurs ont rejoint la ''class action'', dont notamment l'[[American Society of Media Photographers]].
* Le {{date-|15 août 2012}}, la cour d'Appel de New York autorise Google à contester la décision du juge Chin<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=New York autorise Google Books à faire appel de la class action |url=https://actualitte.com/article/62979/numerisation/new-york-autorise-google-books-a-faire-appel-de-la-class-action |site=ActuaLitté.com |consulté le=2022-03-17}}</ref>{{,}}<ref>[www.scribd.com/doc/102850652/Google-Books-Class-Cert-Appeal-Granted Google Books Class Cert Appeal Granted] - Scribd</ref>. Les deux juges Richard Wesley et Peter Hall (qui sont pour anecdote également membres de la [[Cour d'appel des États-Unis pour le deuxième circuit|Cour d'appel des Etats-Unis pour le deuxième circuit]], dont Denny Chin fait partie de la promotion 2010) ont donc reconnu la validité de la défense de Google, dont les avocats se sont basés sur une jurisprudence mettant en cause [[Wallmart]], qui avait évité une ''class action'' en déclarant ne pas pouvoir apporter de réponse unique à un problème collectif. Cela ne signifie pas pour autant que la ''class action'' est caduque, mais simplement qu'elle pourrait être rejetée. Un représentant de Google déclare à la suite de cette décision : « les plaignants cherchaient à faire fermer une part significative de Google Books et à obtenir potentiellement des milliards de dollars... Face à un tel enjeu, Google ne pouvait pas être forcé à se défendre sans le bénéfice de son moyen principal de défense »<ref>“Plaintiffs seek to shut down a significant part of Google Books and to recover potentially billions of dollars… With so much at stake, Google should not be forced to litigate without the full benefit of its principal defense.” - [http://www.justicenewsflash.com/2012/08/17/google-wins-right-to-appeal-in-book-class-status-case_2012081780236.html Google wins right to appeal in book class status case] - Justice News Flash</ref>.
* Le {{date-|15 août 2012}}, la cour d'Appel de New York autorise Google à contester la décision du juge Chin<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=New York autorise Google Books à faire appel de la class action |url=https://actualitte.com/article/62979/numerisation/new-york-autorise-google-books-a-faire-appel-de-la-class-action |site=ActuaLitté.com |consulté le=2022-03-17}}</ref>{{,}}<ref>[http://www.scribd.com/doc/102850652/Google-Books-Class-Cert-Appeal-Granted Google Books Class Cert Appeal Granted] - Scribd</ref>. Les deux juges Richard Wesley et Peter Hall (qui sont pour anecdote également membres de la [[Cour d'appel des États-Unis pour le deuxième circuit]], dont Denny Chin fait partie de la promotion 2010) ont donc reconnu la validité de la défense de Google, dont les avocats se sont basés sur une jurisprudence mettant en cause [[Wallmart]], qui avait évité une ''class action'' en déclarant ne pas pouvoir apporter de réponse unique à un problème collectif. Cela ne signifie pas pour autant que la ''class action'' est caduque, mais simplement qu'elle pourrait être rejetée. Un représentant de Google déclare à la suite de cette décision : « les plaignants cherchaient à faire fermer une part significative de Google Books et à obtenir potentiellement des milliards de dollars... Face à un tel enjeu, Google ne pouvait pas être forcé à se défendre sans le bénéfice de son moyen principal de défense »<ref>“Plaintiffs seek to shut down a significant part of Google Books and to recover potentially billions of dollars… With so much at stake, Google should not be forced to litigate without the full benefit of its principal defense.” - [http://www.justicenewsflash.com/2012/08/17/google-wins-right-to-appeal-in-book-class-status-case_2012081780236.html Google wins right to appeal in book class status case] - Justice News Flash</ref>.
* Le même jour, le juge Denny Chin accepte que la {{Lien|fr=Library Copyright Alliance|lang=en}} (LCA), l'[[Electronic Frontier Foundation]] (EFF) ainsi qu'un groupe de spécialistes des sciences humaines numériques rejoignent l'Authors Guild. Ces trois acteurs apportent avec eux des notes et mémoires sur le procès, mais aussi plus globalement sur la question du recours au [[Fair Use]]. La LCA et l'EFF étaient déjà intervenus dans un procès intenté par l'Authors Guild à [[HathiTrust]] pour violation du droit d'auteur, et y avaient défendu une conception extensive du Fair Use, qui pourrait être favorable à Google dans le cadre de son procès.
* Le même jour, le juge Denny Chin accepte que la {{Lien|fr=Library Copyright Alliance|lang=en}} (LCA), l'[[Electronic Frontier Foundation]] (EFF) ainsi qu'un groupe de spécialistes des sciences humaines numériques rejoignent l'Authors Guild. Ces trois acteurs apportent avec eux des notes et mémoires sur le procès, mais aussi plus globalement sur la question du recours au [[Fair Use|''fair use'']]. La LCA et l'EFF étaient déjà intervenus dans un procès intenté par l'Authors Guild à [[HathiTrust]] pour violation du droit d'auteur, et y avaient défendu une conception extensive du ''fair use'', qui pourrait être favorable à Google dans le cadre de son procès.
* Le {{date-|2 octobre 2012}} à 15h, une réunion téléphonique rassemble deux juges du Second Circuit pour discuter de la demande de Google (le juge Chin ayant décidé de ne pas y assister) d'individualiser le procès<ref>[http://www.actualitte.com/justice/la-requete-d-un-proces-individualise-en-faveur-de-google-sera-examinee-36505.htm La requête d'un procès individualisé en faveur de Google sera examinée] - Actualité</ref>. Si la requête est acceptée, elle rendrait le procès beaucoup plus onéreux pour les plaignants.
* Le {{date-|2 octobre 2012}} à 15h, une réunion téléphonique rassemble deux juges du Second Circuit pour discuter de la demande de Google (le juge Chin ayant décidé de ne pas y assister) d'individualiser le procès<ref>[http://www.actualitte.com/justice/la-requete-d-un-proces-individualise-en-faveur-de-google-sera-examinee-36505.htm La requête d'un procès individualisé en faveur de Google sera examinée] - Actualité</ref>. Si la requête est acceptée, elle rendrait le procès beaucoup plus onéreux pour les plaignants.


Ligne 239 : Ligne 234 :
Les grands traits de l'accord sont les suivants<ref>Clément Solym, [http://www.actualitte.com/international/apres-7-ans-de-proces-l-accord-entre-editeurs-americains-et-google-37227.htm Après 7 ans de procès, l'accord entre éditeurs américains et Google], ''actualitte.com'', {{date-|4 octobre 2012}}.</ref> :
Les grands traits de l'accord sont les suivants<ref>Clément Solym, [http://www.actualitte.com/international/apres-7-ans-de-proces-l-accord-entre-editeurs-americains-et-google-37227.htm Après 7 ans de procès, l'accord entre éditeurs américains et Google], ''actualitte.com'', {{date-|4 octobre 2012}}.</ref> :
* les éditeurs sont libres de demander le retrait de leurs titres numérisés par Google (livres, journaux, magazines) ;
* les éditeurs sont libres de demander le retrait de leurs titres numérisés par Google (livres, journaux, magazines) ;
* ils peuvent aussi collaborer avec Google : il recevront alors une copie numérique pour leurs propres usage et diffusion, en échange d'une lisibilité du titre sur Books à hauteur de 20 % du contenu, et d'un lien d'achat vers le Google Play.
* ils peuvent aussi collaborer avec Google : ils recevront alors une copie numérique pour leur propre usage et diffusion, en échange d'une lisibilité du titre sur Books à hauteur de 20 % du contenu, et d'un lien d'achat vers le Google Play.


Tom Allen (président et PDG de l'AAP) a déclaré à la suite de cette annonce que {{citation|cela montre que les services numériques peuvent proposer des moyens innovants de découverte des contenus tout en respectant les ayants droit}} ; David Drummond (vice-président de Google) s'est quant à lui déclaré heureux d'en finir avec le litige pour se concentrer sur l'ajout de contenu à la boutique Google Play. Il est à noter que certaines clauses de l'accord sont restées confidentielles : les aspects financiers en particulier (notamment une éventuelle indemnisation des éditeurs par Google) n'ont pas été dévoilés. La question des œuvres orphelines numérisées par Google mais sans ayant droit identifié reste par ailleurs entière.
Tom Allen (président et PDG de l'AAP) a déclaré à la suite de cette annonce que {{citation|cela montre que les services numériques peuvent proposer des moyens innovants de découverte des contenus tout en respectant les ayants droit}} ; David Drummond (vice-président de Google) s'est quant à lui déclaré heureux d'en finir avec le litige pour se concentrer sur l'ajout de contenu à la boutique Google Play. Il est à noter que certaines clauses de l'accord sont restées confidentielles : les aspects financiers en particulier (notamment une éventuelle indemnisation des éditeurs par Google) n'ont pas été dévoilés. La question des œuvres orphelines numérisées par Google mais sans ayant droit identifié reste par ailleurs entière.
Ligne 245 : Ligne 240 :
==== Guilde des auteurs ''vs'' Google ====
==== Guilde des auteurs ''vs'' Google ====


La Guilde des auteurs a également engagé il y a huit ans contre [[Google]] un procès portant sur le programme de numérisation de livres de celui-ci. Selon la décision rendue par le juge Denny Chin le {{date-|14 novembre 2013}}, et qui déboute la Guilde, la base de données numérisées ainsi constituée respecte le ''fair use'' et permet aux {{citation|lecteurs, aux universitaires, aux chercheurs et à tout un chacun de découvrir des livres. Google Livres est devenu un outil important pour les bibliothèques<ref name="GuildeGoogle">« La Guilde des auteurs déboutée contre Google », ''[[Livres-Hebdo]]'' du 22 novembre 2013.</ref>.}} Selon le juge, le détournement des ventes qui serait facilité par Google n'est pas attesté : {{citation|Google Books fournit aux ouvrages un moyen d'être remarqués, autant que leur présentation en magasin<ref name="GuildeGoogle"/>.}}
La Guilde des auteurs a également engagé il y a huit ans contre Google un procès portant sur le programme de numérisation de livres de celui-ci. Selon la décision rendue par le juge Denny Chin le {{date-|14 novembre 2013}}, et qui déboute la Guilde, la base de données numérisées ainsi constituée respecte le ''fair use'' et permet aux {{citation|lecteurs, aux universitaires, aux chercheurs et à tout un chacun de découvrir des livres. Google Livres est devenu un outil important pour les bibliothèques<ref name="GuildeGoogle">« La Guilde des auteurs déboutée contre Google », ''[[Livres-Hebdo]]'' du 22 novembre 2013.</ref>.}} Selon le juge, le détournement des ventes qui serait facilité par Google n'est pas attesté : {{citation|Google Books fournit aux ouvrages un moyen d'être remarqués, autant que leur présentation en magasin<ref name="GuildeGoogle"/>.}}


Le président de la Guilde, Paul Aiken, fait part de son désaccord avec cette décision {{citation|déclarant que cette mise en cause fondamentale du droit de copyright méritait l'examen d'une juridiction supérieure<ref name="GuildeGoogle"/>.}}
Le président de la Guilde, Paul Aiken, fait part de son désaccord avec cette décision {{citation|déclarant que cette mise en cause fondamentale du droit de copyright méritait l'examen d'une juridiction supérieure<ref name="GuildeGoogle"/>.}}
Ligne 255 : Ligne 250 :
==== Procès La Martinière ====
==== Procès La Martinière ====


Il s'agit du premier procès en France opposant un éditeur à Google, et à ce titre il est considéré comme une évolution majeure des relations entre le moteur de recherche et les acteurs du secteur du livre en Europe.
Le procès de la Martinière est le premier procès en France opposant un éditeur à Google, et à ce titre il est considéré comme une évolution majeure des relations entre le moteur de recherche et les acteurs du secteur du livre en Europe.


En {{date-|juin 2006}}, le groupe [[La Martinière Groupe|La Martinière]] / [[Éditions du Seuil|Le Seuil]], soutenu par le [[Syndicat national de l'édition]] (SNE) et la [[Société des gens de lettres]] (SGDL) annonce son intention d'attaquer en justice [[Google]]. Il reproche au moteur de recherche d'avoir numérisé certains de ses ouvrages pour Google Book Search sans accord préalable<ref>« Les éditions de La Martinière attaquent Google en justice » - [http://actu2.abondance.com/2006-23/google-la-martiniere.php Abondance]</ref>. Une première estimation porte à quelques centaines le nombre de titres des différentes marques du groupe présents dans la base Google Livres, mais ce chiffre est plus tard réévalué à environ 9 000<ref>« Procès Google : La Martinière/Le Seuil demande 15 millions d'euros de dommages-intérêts » - [http://www.livreshebdo.fr/actualites/DetailsActuRub.aspx?id=3494 Livres Hebdo]</ref>. La Martinière s’estime victime de contrefaçon, et elle déclare qu'« en reproduisant intégralement et en rendant accessibles des extraits d’ouvrages » sans l’autorisation des ayants droit, « la société Google a commis des actes de contrefaçon de droits d’auteur au préjudice des éditions du Seuil, [[Delachaux & Niestlé]] et Harry N. Abrams », ainsi qu’au préjudice du SNE et de la SGDL.
En {{date-|juin 2006}}, le groupe [[La Martinière Groupe|La Martinière]] / [[Éditions du Seuil|Le Seuil]], soutenu par le [[Syndicat national de l'édition]] (SNE) et la [[Société des gens de lettres]] (SGDL) annonce son intention d'attaquer en justice Google. Il reproche au moteur de recherche d'avoir numérisé certains de ses ouvrages pour Google Book Search sans accord préalable<ref>« Les éditions de La Martinière attaquent Google en justice » - [http://actu2.abondance.com/2006-23/google-la-martiniere.php Abondance]</ref>. Une première estimation porte à quelques centaines le nombre de titres des différentes marques du groupe présents dans la base Google Livres, mais ce chiffre est plus tard réévalué à environ 9 000<ref>« Procès Google : La Martinière/Le Seuil demande {{nobr|15 millions}} d'euros de dommages-intérêts » - [http://www.livreshebdo.fr/actualites/DetailsActuRub.aspx?id=3494 Livres Hebdo]</ref>. La Martinière s’estime victime de contrefaçon, et elle déclare qu'« en reproduisant intégralement et en rendant accessibles des extraits d’ouvrages » sans l’autorisation des ayants droit, « la société Google a commis des actes de contrefaçon de droits d’auteur au préjudice des éditions du Seuil, [[Delachaux & Niestlé]] et Harry N. Abrams », ainsi qu’au préjudice du SNE et de la SGDL.


Le {{date-|24 septembre 2009}}, l'audience du procès reprend devant la {{3e}} chambre civile du TGI, avec la réévaluation du nombre d'infractions et une hausse du montant des dommages et intérêts réclamés : pour le préjudice « considérable et irrévocable » subi, La Martinière réclame 15 millions d’euros ainsi qu'une astreinte de {{unité|100000|euros}} par jour. Son argumentation est construite autour de la loi applicable à ce type de différend, et sur la nature de la contrefaçon :
Le {{date-|24 septembre 2009}}, l'audience du procès reprend devant la {{3e}} chambre civile du TGI, avec la réévaluation du nombre d'infractions et une hausse du montant des dommages et intérêts réclamés : pour le préjudice « considérable et irrévocable » subi, La Martinière réclame {{nobr|15 millions}} d’euros ainsi qu'une astreinte de {{unité|100000|euros}} par jour. Son argumentation est construite autour de la loi applicable à ce type de différend, et sur la nature de la contrefaçon :
* Pour Me Marie-Anne Gallot Le Lorier (avocate du SNE) c'est la loi française qui s'applique car la diffusion et la représentation des extraits de livres numérisés était constatée (entre autres) en France, quand bien même leur reproduction pouvait avoir eu lieu aux États-Unis (ce qui est possible mais incertain, puisque d'après ses dires « Google ne fournit que des déclarations de ses propres services, mais ne communique pas les contrats signés avec les bibliothèques »). Elle déclare
* Pour Me Marie-Anne Gallot Le Lorier (avocate du SNE) c'est la loi française qui s'applique car la diffusion et la représentation des extraits de livres numérisés était constatée (entre autres) en France, quand bien même leur reproduction pouvait avoir eu lieu aux États-Unis (ce qui est possible mais incertain, puisque d'après ses dires « Google ne fournit que des déclarations de ses propres services, mais ne communique pas les contrats signés avec les bibliothèques »).
* Par ailleurs la SGDL souligne que la numérisation effectuée par Google porte atteinte au [[droit moral]] des auteurs, en raison de la mauvaise qualité des reproductions, des coupes aléatoires dénaturant les œuvres et de la non-autorisation de republication d’œuvres dont les auteurs ne souhaitent plus la divulgation<ref>« La Martinière fait condamner Google pour contrefaçon » - [http://blogs.rue89.com/cabinet-de-lecture/2009/12/18/google-perd-contre-la-martiniere-130589 Rue 89]</ref>.
* Par ailleurs la SGDL souligne que la numérisation effectuée par Google porte atteinte au [[droit moral]] des auteurs, en raison de la mauvaise qualité des reproductions, des coupes aléatoires dénaturant les œuvres et de la non-autorisation de republication d’œuvres dont les auteurs ne souhaitent plus la divulgation<ref>« La Martinière fait condamner Google pour contrefaçon » - [http://blogs.rue89.com/cabinet-de-lecture/2009/12/18/google-perd-contre-la-martiniere-130589 Rue 89]</ref>.


La défense de Google s'appuie au contraire sur la loi américaine, concernée dans la mesure où la numérisation se déroule aux États-Unis (ce qui rendrait incompétent le tribunal d'instance). Sur la question des extraits affichés dans les résultats de recherche, Google estime qu'ils relèvent de l’usage normal du [[droit de citation]] prévu en droit français. Le groupe déclare par ailleurs que le nombre avancé d'œuvres numérisées est « grossièrement surévalué »<ref>« [http://scinfolex.wordpress.com/2009/12/20/jugement-googlela-martiniere-alea-jacta-est/ Jugement Google/La Martinière : Alea jacta est ?] » : Une analyse plus détaillée du procès sur le blog de Lionel Maurel, Conservateur des bibliothèques en poste à la BNF et conservateur d'État.</ref>. Enfin, l'avocat de Google déclare : « ce que fait Google est absolument légal. Nous n'avons jamais nié que les Éditions du Seuil détiennent les droits sur les œuvres papier, mais elles n'ont jamais prouvé qu'elles avaient les droits sur les versions numériques de ces œuvres<ref>{{fr}} [https://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1099558 Le Seuil demande 15 millions d'euros à Google], article du quotidien ''[[Le Monde]]'', daté du jeudi 24 septembre 2009.</ref>. »
La défense de Google s'appuie au contraire sur la loi américaine, concernée dans la mesure où la numérisation se déroule aux États-Unis (ce qui rendrait incompétent le tribunal d'instance). Sur la question des extraits affichés dans les résultats de recherche, Google estime qu'ils relèvent de l’usage normal du [[droit de citation]] prévu en droit français. Le groupe déclare par ailleurs que le nombre avancé d'œuvres numérisées est « grossièrement surévalué »<ref>« [http://scinfolex.wordpress.com/2009/12/20/jugement-googlela-martiniere-alea-jacta-est/ Jugement Google/La Martinière : Alea jacta est ?] » : Une analyse plus détaillée du procès sur le blog de Lionel Maurel, Conservateur des bibliothèques en poste à la BNF et conservateur d'État.</ref>. Enfin, l'avocat de Google déclare : « ce que fait Google est absolument légal. Nous n'avons jamais nié que les Éditions du Seuil détiennent les droits sur les œuvres papier, mais elles n'ont jamais prouvé qu'elles avaient les droits sur les versions numériques de ces œuvres<ref>{{fr}} [https://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1099558 Le Seuil demande {{nobr|15 millions}} d'euros à Google], article du quotidien ''[[Le Monde]]'', daté du jeudi 24 septembre 2009.</ref>. »


Le jugement a été rendu vendredi {{date-|18 décembre}}<ref>[http://www.legalis.net/jurisprudence-decision.php3?id_article=2812 Tribunal de grande instance de Paris {{3e}} chambre, {{2e}} section, jugement du 18 décembre 2009], [[Éditions du Seuil]] et autres c/ Google Inc.</ref> : le [[tribunal de grande instance de Paris]] a interdit au groupe américain de poursuivre la numérisation et la diffusion d'ouvrages sans autorisation des auteurs et éditeurs, exécutable au terme d'un mois avec {{unité|10000|euros}} par jour de retard au bout de ce délai, ainsi qu'une condamnation à verser {{unité|300000|euros}} (au titre des dommages et intérêts) à La Martinière et un euro au SNE et à la SGDL<ref>[http://www.juriscom.net/documents/tgiparis20091218.pdf Compte-rendu du jugement] sur Juriscom.net</ref>. Les auteurs et éditeurs ne veulent pas pour autant couper les ponts avec le géant américain : {{Citation|Il faut que Google arrête de numériser derrière notre dos et comprenne que nous sommes prêts à discuter}}, explique M. Eyrolles, le président du [[Syndicat national de l'édition]] (SNE). {{Citation|On peut très bien numériser correctement}}, ajoute M. Absire, le président de la [[Société des gens de lettres de France]] (SGDL), qui cite le projet [[Gallica]], piloté par la [[Bibliothèque nationale de France]] : {{Citation|Gallica s'assure que l'auteur accepte que ses livres soient numérisés. À partir de quoi il s'engage à respecter un certain nombre de normes qualitatives.}}<ref>[https://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/12/19/livre-numerique-la-justice-francaise-donne-raison-aux-editeurs-face-a-google_1283114_651865.html#ens_id=1281824 Livre numérique : la justice française donne raison aux éditeurs face à Google], article du ''[[Le Monde]]'', daté du 19 décembre 2009.</ref> De son côté, Google annonce sa volonté de faire appel de la décision, et déclare que le jugement « ne fait pas avancer les droits d'auteurs, en revanche il constitue deux pas en arrière pour les droits d'accès des internautes au patrimoine littéraire français et mondial, on met la France en queue du peloton de l'internet »<ref>[http://www.abondance.com/actualites/20091221-10180-google-condamne-dans-son-proces-contre-la-martiniere.html Google condamné dans son procès contre La Martinière] - Abondance.com</ref>.
Le jugement a été rendu vendredi {{date-|18 décembre}}<ref>[http://www.legalis.net/jurisprudence-decision.php3?id_article=2812 Tribunal de grande instance de Paris {{3e}} chambre, {{2e}} section, jugement du 18 décembre 2009], [[Éditions du Seuil]] et autres c/ Google Inc.</ref> : le [[tribunal de grande instance de Paris]] a interdit au groupe américain de poursuivre la numérisation et la diffusion d'ouvrages sans autorisation des auteurs et éditeurs, exécutable au terme d'un mois avec {{unité|10000|euros}} par jour de retard au bout de ce délai, ainsi qu'une condamnation à verser {{unité|300000|euros}} (au titre des dommages et intérêts) à La Martinière et un euro au SNE et à la SGDL<ref>[http://www.juriscom.net/documents/tgiparis20091218.pdf Compte-rendu du jugement] sur Juriscom.net</ref>. Les auteurs et éditeurs ne veulent pas pour autant couper les ponts avec le géant américain : {{Citation|Il faut que Google arrête de numériser derrière notre dos et comprenne que nous sommes prêts à discuter}}, explique M. Eyrolles, le président du [[Syndicat national de l'édition]] (SNE). {{Citation|On peut très bien numériser correctement}}, ajoute M. Absire, le président de la [[Société des gens de lettres de France]] (SGDL), qui cite le projet [[Gallica]], piloté par la [[Bibliothèque nationale de France]] : {{Citation|Gallica s'assure que l'auteur accepte que ses livres soient numérisés. À partir de quoi il s'engage à respecter un certain nombre de normes qualitatives.}}<ref>[https://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/12/19/livre-numerique-la-justice-francaise-donne-raison-aux-editeurs-face-a-google_1283114_651865.html#ens_id=1281824 Livre numérique : la justice française donne raison aux éditeurs face à Google], article du ''[[Le Monde]]'', daté du 19 décembre 2009.</ref> De son côté, Google annonce sa volonté de faire appel de la décision, et déclare que le jugement « ne fait pas avancer les droits d'auteurs, en revanche il constitue deux pas en arrière pour les droits d'accès des internautes au patrimoine littéraire français et mondial, on met la France en queue du peloton de l'internet »<ref>[http://www.abondance.com/actualites/20091221-10180-google-condamne-dans-son-proces-contre-la-martiniere.html Google condamné dans son procès contre La Martinière] - Abondance.com</ref>.
Ligne 269 : Ligne 264 :
==== Gallimard, Flammarion, Albin Jeunesse ====
==== Gallimard, Flammarion, Albin Jeunesse ====


Le {{Date|31|mars|2010}}, on apprend l'intention des éditions [[Gallimard]] d'attaquer en justice Google Books pour avoir scanné des ouvrages de son catalogue sans autorisation<ref>{{Lien web
Le 31 mars 2010, on apprend l'intention des éditions [[Gallimard]] d'attaquer en justice Google Books pour avoir scanné des ouvrages de son catalogue sans autorisation<ref>{{Lien web
|url=http://www.latribune.fr/technos-medias/medias/20100331trib000494051/gallimard-va-poursuivre-google-en-justice.html
|url=http://www.latribune.fr/technos-medias/medias/20100331trib000494051/gallimard-va-poursuivre-google-en-justice.html
|titre=Gallimard va poursuivre Google en justice
|titre=Gallimard va poursuivre Google en justice
Ligne 276 : Ligne 271 :
|consulté le=31 mars 2010
|consulté le=31 mars 2010
}}</ref>. Antoine Gallimard déclare ainsi lors du [[Salon du livre de Paris|salon du Livre]] : « En début d'année, quelques contacts avec Google nous avaient laissés espérer une évolution favorable sur ce dossier, mais rien n'a changé finalement »<ref>[http://www.zdnet.fr/actualites/gallimard-attaque-a-son-tour-google-livres-39750525.htm Gallimard attaque à son tour Google Livres] - Znet.</ref>.
}}</ref>. Antoine Gallimard déclare ainsi lors du [[Salon du livre de Paris|salon du Livre]] : « En début d'année, quelques contacts avec Google nous avaient laissés espérer une évolution favorable sur ce dossier, mais rien n'a changé finalement »<ref>[http://www.zdnet.fr/actualites/gallimard-attaque-a-son-tour-google-livres-39750525.htm Gallimard attaque à son tour Google Livres] - Znet.</ref>.
Le {{Date|6|mai|2011}}, [[Groupe Flammarion|Flammarion]], [[Gallimard]] et [[Éditions Albin Jeunesse]] adressent une assignation pour contrefaçon à Google et à sa filiale Google France<ref>[https://lemonde.fr/technologies/article/2011/05/11/gallimard-flammarion-et-albin-michel-assignent-google-en-justice-pour-contrefacon_1520491_651865.html Gallimard, Flammarion et Albin Michel assignent Google en justice pour contrefaçon] - Le Monde.fr</ref>, pour la numérisation sauvage de titres issus de leurs catalogues : ils réclament 9,8 millions d'euros de [[dommages et intérêts]] au moteur de recherche pour la numérisation sans autorisation de {{nombre|9797|livres}}, soit {{unité|1000|euros}} par livre, ce montant étant susceptible de changer au fil des numérisations. Google s'est dit « surpris de recevoir cette nouvelle assignation [...] alors même que nous travaillons déjà avec les éditeurs français depuis un certain temps pour trouver des moyens d'augmenter les audiences et les sources de revenus pour les éditeurs, les auteurs et les libraires ». Les œuvres concernées ({{formatnum:4302}} pour Gallimard, {{formatnum:2950}} pour Flammarion et {{formatnum:2545}} pour Albin Michel) sont issues d'une liste fournie par le juge Denny Chin lors du procès collectif américain (voir plus haut).
Le 6 mai 2001, [[Groupe Flammarion|Flammarion]], [[Gallimard]] et [[Éditions Albin Jeunesse]] adressent une assignation pour contrefaçon à Google et à sa filiale Google France<ref>[https://lemonde.fr/technologies/article/2011/05/11/gallimard-flammarion-et-albin-michel-assignent-google-en-justice-pour-contrefacon_1520491_651865.html Gallimard, Flammarion et Albin Michel assignent Google en justice pour contrefaçon] - Le Monde.fr</ref>, pour la numérisation sauvage de titres issus de leurs catalogues : ils réclament {{nombre|9,8|millions}} d'euros de [[dommages et intérêts]] au moteur de recherche pour la numérisation sans autorisation de {{nombre|9797|livres}}, soit {{unité|1000|euros}} par livre, ce montant étant susceptible de changer au fil des numérisations. Google s'est dit « surpris de recevoir cette nouvelle assignation [...] alors même que nous travaillons déjà avec les éditeurs français depuis un certain temps pour trouver des moyens d'augmenter les audiences et les sources de revenus pour les éditeurs, les auteurs et les libraires ». Les œuvres concernées ({{formatnum:4302}} pour Gallimard, {{formatnum:2950}} pour Flammarion et {{formatnum:2545}} pour Albin Michel) sont issues d'une liste fournie par le juge Denny Chin lors du procès collectif américain (voir plus haut).


==== Accord avec Hachette Livres ====
==== Accord avec Hachette Livres ====


Le {{date-|28 juillet 2011}}, un accord définitif entre les deux groupes est signé, qui porte sur la numérisation d'œuvres épuisées en langue française<ref>« Numérisation : Google et Hachette s'entendent » - [https://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/07/29/numerisation-google-et-hachette-s-entendent_1554042_651865.html Le Monde.fr]</ref>. Hachette Livre, premier éditeur français et classé deuxième au rang mondial, met ainsi à disposition de Google près de 70 % de son fond et de ceux des maisons d'édition intégrées dans le groupe, soit entre 40 et {{formatnum:50000}} ouvrages : littérature générale ([[Éditions Grasset & Fasquelle|Grasset]], [[Fayard (maison d'édition)|Fayard]], [[Calmann Lévy]]), ouvrages universitaires ([[Armand Colin]], [[Dunod]]), ouvrages documentaires ([[Éditions Larousse|Larousse]]). En novembre Arnaud Nourry, [[PDG]] de [[Hachette Livre]] ([[Groupe Lagardère]]), avait expliqué que les dispositions principales de l'accord avaient vocation à « être étendues à tous les éditeurs français qui le souhaitent ». L'accord en question pose plusieurs principes :
Le {{date-|28 juillet 2011}}, un accord définitif entre les deux groupes est signé, qui porte sur la numérisation d'œuvres épuisées en langue française<ref>« Numérisation : Google et Hachette s'entendent » - [https://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/07/29/numerisation-google-et-hachette-s-entendent_1554042_651865.html Le Monde.fr]</ref>. Hachette Livre, premier éditeur français et classé deuxième au rang mondial, met ainsi à disposition de Google près de 70 % de son fond et de ceux des maisons d'édition intégrées dans le groupe, soit entre 40 et {{nb|50000 ouvrages}} : littérature générale ([[Éditions Grasset & Fasquelle|Grasset]], [[Fayard (maison d'édition)|Fayard]], [[Calmann Lévy]]), ouvrages universitaires ([[Armand Colin]], [[Dunod]]), ouvrages documentaires ([[Éditions Larousse|Larousse]]). En novembre Arnaud Nourry, [[PDG]] de [[Hachette Livre]] ([[Groupe Lagardère]]), avait expliqué que les dispositions principales de l'accord avaient vocation à « être étendues à tous les éditeurs français qui le souhaitent ». L'accord en question pose plusieurs principes :
* Le contrôle de la numérisation des œuvres par l'éditeur
* Le contrôle de la numérisation des œuvres par l'éditeur
* La possibilité de commercialiser les livres numérisés sur des plateformes concurrentes
* La possibilité de commercialiser les livres numérisés sur des plateformes concurrentes
* La création de nouvelles opportunités commerciales (impression à la demande, depuis l'atelier de [[Maurepas (Yvelines)|Maurepas]] - en partenariat avec {{Lien|fr=Lightning Source|lang=en}})
* La création de nouvelles opportunités commerciales (impression à la demande, depuis l'atelier de [[Maurepas (Yvelines)|Maurepas]] - en partenariat avec {{Lien|fr=Lightning Source|lang=en}})
* Le partage des œuvres numérisées avec des institutions publiques (comme la BNF).
* Le partage des œuvres numérisées avec des institutions publiques (comme la BNF).
La question de l’indexation n'est pas posée : la numérisation se cantonne à l’indexation et la promotion. En revanche, Google disposera d’une copie uniquement destinée « à ses propres usages non commerciaux »<ref>« Accord historique entre Google Books et Hachette Livre » - [http://www.actualitte.com/actualite/monde-edition/societe/span-class-or-accord-historique-entre-google-books-et-hachette-livre-span-22728.htm Actualité]</ref>. Seule la question des [[Gestion des droits numériques|DRM]] (verrous numériques) n'a pas été évoquée : or [[Numilog]] (ancienne filiale de [[Hachette Livre]]) y a recours systématiquement, alors que le Google Books n'y est pas très familier. Dans le même temps, la filiale américaine du groupe Hachette signe un accord avec Google pour être partenaire du lancement de Google Editions, notamment pour commercialiser la saga ''[[Twilight]]''.
La question de l’indexation n'est pas posée : la numérisation se cantonne à l’indexation et la promotion. En revanche, Google disposera d’une copie uniquement destinée « à ses propres usages non commerciaux »<ref>« Accord historique entre Google Books et Hachette Livre » - [http://www.actualitte.com/actualite/monde-edition/societe/span-class-or-accord-historique-entre-google-books-et-hachette-livre-span-22728.htm Actualité]</ref>. Seule la question des [[Gestion des droits numériques|DRM]] (verrous numériques) n'a pas été évoquée : or [[Numilog]] (ancienne filiale de [[Hachette Livre]]) y a recours systématiquement, alors que Google Books n'y est pas très familier. Dans le même temps, la filiale américaine du groupe Hachette signe un accord avec Google pour être partenaire du lancement de Google Editions, notamment pour commercialiser la saga ''[[Twilight]]''.


Antoine Gallimard (PDG des éditions du même nom et président du SNE) voit dans cet accord un signe positif et la preuve d'un « recul sans précédent » de la part de Google<ref>[http://www.lepoint.fr/culture/accord-google-hachette-gallimard-se-felicite-du-recul-du-geant-americain-18-11-2010-1264119_3.php Accord Google/Hachette: Gallimard se félicite du recul du géant américain] - Le Point.fr</ref>.
Antoine Gallimard (PDG des éditions du même nom et président du SNE) voit dans cet accord un signe positif et la preuve d'un « recul sans précédent » de la part de Google<ref>[http://www.lepoint.fr/culture/accord-google-hachette-gallimard-se-felicite-du-recul-du-geant-americain-18-11-2010-1264119_3.php Accord Google/Hachette: Gallimard se félicite du recul du géant américain] - Le Point.fr</ref>.
Ligne 293 : Ligne 288 :
=== « Quand Google défie l'Europe » ===
=== « Quand Google défie l'Europe » ===


Le projet, de par son ampleur, provoque des réactions - en particulier du côté de la [[Bibliothèque nationale de France]], présidée à l'époque (2004) par [[Jean-Noël Jeanneney]]<ref>« La BNF appelle à une réaction face au projet Ocean » - [http://www.pcinpact.com/news/La_BNF_appelle_a_un_reaction_face_au_projet_Ocean.htm PcINpact.com]</ref>. À l'époque la BNF a déjà lancé [[Gallica]], qui propose alors {{formatnum:80000}} ouvrages en ligne, {{formatnum:70000}} images, et s'apprête à offrir la reproduction de grands journaux français depuis le {{s-|XIX|e}}. Mais son président souligne qu'elle ne vit que de « subventions de l'État, forcément limitées, et de nos ressources propres, difficilement et vaillamment mobilisées ». Le rapport de force en termes de budget est alors très inégal (de l'ordre d'un à mille). Il tire donc la sonnette d'alarme dans un article du [[Le Monde|''Monde'']] intitulé « Quand Google défie l'Europe »<ref>Disponible dans sa version intégrale (avec accord de l'auteur) sur le site [http://poezibao.typepad.com/poezibao/2005/01/quand_google_df.html Poezibao]</ref>.
Le projet, de par son ampleur, provoque des réactions - en particulier du côté de la [[Bibliothèque nationale de France]], présidée à l'époque (2004) par [[Jean-Noël Jeanneney]]<ref>« La BNF appelle à une réaction face au projet Ocean » - [http://www.pcinpact.com/news/La_BNF_appelle_a_un_reaction_face_au_projet_Ocean.htm PcINpact.com]</ref>. À l'époque la BNF a déjà lancé [[Gallica]], qui propose alors {{nb|80000 ouvrages}} en ligne, {{nb|70000 images}}, et s'apprête à offrir la reproduction de grands journaux français depuis le {{s-|XIX|e}}. Mais son président souligne qu'elle ne vit que de « subventions de l'État, forcément limitées, et de nos ressources propres, difficilement et vaillamment mobilisées ». Le rapport de force en termes de budget est alors très inégal (de l'ordre d'un à mille). Il tire donc la sonnette d'alarme dans un article du [[Le Monde|''Monde'']] intitulé « Quand Google défie l'Europe »<ref>Disponible dans sa version intégrale (avec accord de l'auteur) sur le site [http://poezibao.typepad.com/poezibao/2005/01/quand_google_df.html Poezibao]</ref>.
{{Citation bloc|Voici que s'affirme le risque d'une domination écrasante de l'Amérique dans la définition de l'idée que les prochaines générations se feront du monde. Quelle que soit en effet la largeur du spectre annoncé par Google, l'exhaustivité est hors d'atteinte, à vue humaine. Toute entreprise de ce genre implique donc des choix drastiques, parmi l'immensité du possible. Les bibliothèques qui vont se lancer dans cette entreprise sont certes généreusement ouvertes à la civilisation et aux œuvres des autres pays. Il n'empêche : les critères du choix seront puissamment marqués (même si nous contribuons nous-mêmes, naturellement sans bouder, à ces richesses) par le regard qui est celui des Anglo-Saxons, avec ses couleurs spécifiques par rapport à la diversité des civilisations.
{{Citation bloc|Voici que s'affirme le risque d'une domination écrasante de l'Amérique dans la définition de l'idée que les prochaines générations se feront du monde. Quelle que soit en effet la largeur du spectre annoncé par Google, l'exhaustivité est hors d'atteinte, à vue humaine. Toute entreprise de ce genre implique donc des choix drastiques, parmi l'immensité du possible. Les bibliothèques qui vont se lancer dans cette entreprise sont certes généreusement ouvertes à la civilisation et aux œuvres des autres pays. Il n'empêche : les critères du choix seront puissamment marqués (même si nous contribuons nous-mêmes, naturellement sans bouder, à ces richesses) par le regard qui est celui des Anglo-Saxons, avec ses couleurs spécifiques par rapport à la diversité des civilisations.


Ligne 302 : Ligne 297 :
[...] Une autre politique s'impose. Et elle ne peut se déployer qu'à l'échelle de l'Europe. Une Europe décidée à n'être pas seulement un marché, mais un centre de culture rayonnante et d'influence politique sans pareille autour de la planète. L'heure est donc à un appel solennel. Il revient aux responsables de l'Union, dans ses trois instances majeures, de réagir sans délai - car, très vite, la place étant prise, les habitudes installées, il sera trop tard pour bouger. [...] C'est en avançant sur fonds publics que l'on garantira aux citoyens et aux chercheurs [...] une protection contre les effets pervers d'une recherche de profit dissimulée derrière l'apparence d'un désintéressement.}}
[...] Une autre politique s'impose. Et elle ne peut se déployer qu'à l'échelle de l'Europe. Une Europe décidée à n'être pas seulement un marché, mais un centre de culture rayonnante et d'influence politique sans pareille autour de la planète. L'heure est donc à un appel solennel. Il revient aux responsables de l'Union, dans ses trois instances majeures, de réagir sans délai - car, très vite, la place étant prise, les habitudes installées, il sera trop tard pour bouger. [...] C'est en avançant sur fonds publics que l'on garantira aux citoyens et aux chercheurs [...] une protection contre les effets pervers d'une recherche de profit dissimulée derrière l'apparence d'un désintéressement.}}


Contre l'indifférence des pouvoirs publics (sur ce dossier comme sur d'autres - notamment le rachat de [[Sygma]] par [[Corbis]], filiale de Microsoft), il appelle à une prise de position de la part des décideurs politiques des pays concernés ainsi que des instances européennes. Sa prise de position sera amplifiée par la publication d'un ouvrage de 120 pages intitulé ''Quand Google défie l'Europe / Plaidoyer pour un sursaut'' ([[Éditions Mille et une nuits]]). Une dépêche AFP souligne que cet appel connaît un certain retentissement, même à l’échelon international. De fait, quelques jours plus tard les chefs d’État de six pays membres de l'[[Union européenne]] (France, Pologne, Allemagne, Italie, Espagne et Hongrie) ont demandé dans une lettre à la [[Commission européenne]] et au [[Conseil de l’Europe]] la mise en place rapide d’un débat sur une future « bibliothèque numérique européenne », soulignant que « Le patrimoine des bibliothèques européennes est d'une richesse et d'une diversité sans égales. [...] S'il n'est pas numérisé et rendu accessible en ligne, ce patrimoine pourrait, demain, ne pas occuper toute sa place dans la future géographie des savoirs »<ref>« Bibliothèques numériques : en attendant Google ou la BNF » - [http://www.pcinpact.com/news/Bibliotheques_numeriques_en_attendant_Google_ou_la.htm PcINpact]</ref>.
Contre l'indifférence des pouvoirs publics (sur ce dossier comme sur d'autres - notamment le rachat de [[Sygma]] par [[Corbis]], filiale de Microsoft), il appelle à une prise de position de la part des décideurs politiques des pays concernés ainsi que des instances européennes. Sa prise de position sera amplifiée par la publication d'un ouvrage de 120 pages intitulé ''Quand Google défie l'Europe / Plaidoyer pour un sursaut'' ([[Éditions Mille et une nuits]]). Une dépêche AFP souligne que cet appel connaît un certain retentissement, même à l’échelon international. De fait, quelques jours plus tard les chefs d’État de six pays membres de l'[[Union européenne]] (France, Pologne, Allemagne, Italie, Espagne et Hongrie) ont demandé dans une lettre à la [[Commission européenne]] et au [[Conseil de l’Europe]] la mise en place rapide d’un débat sur une future « bibliothèque numérique européenne », soulignant que « Le patrimoine des bibliothèques européennes est d'une richesse et d'une diversité sans égales. [...] S'il n'est pas numérisé et rendu accessible en ligne, ce patrimoine pourrait, demain, ne pas occuper toute sa place dans la future géographie des savoirs »<ref>« Bibliothèques numériques : en attendant Google ou la BNF » - [http://www.pcinpact.com/news/Bibliotheques_numeriques_en_attendant_Google_ou_la.htm PcINpact]</ref>.


[[Nikesh Arora]] (alors vice-président Google Europe) déclare au nom de l'entreprise, dans une interview accordée au [[Le Figaro|''Figaro'']] : « J’avoue que nous avons été un peu surpris, voire choqués, de la réaction française à notre projet, car en aucun cas notre initiative a des velléités politiques qui viseraient à asseoir un quelconque impérialisme culturel américain. Google Print vise l’exhaustivité. C’est un programme populaire, qui s’adresse à tous sans distinction et qui respecte les valeurs de neutralité de Google »<ref>« Google Print : Google calme le jeu ! » - [http://www.zorgloob.com/2005/05/30/google-print-google-calme-le-jeu/ Zorgloob]</ref>. Dans [[Libération (journal)|Libération]], l'entreprise explique avoir « entamé des discussions avec les bibliothèques de différents pays d’Europe pour leur proposer de numériser leur contenu », et explique : « nous n’avons jamais prétendu être les seuls acteurs d’un tel projet. C’est pourquoi nous souhaitons nouer des partenariats, notamment avec la BNF »<ref>« La réponse de Google Print à l’Europe » - [http://www.zorgloob.com/2005/05/02/la-reponse-de-google-print-a-l%E2%80%99europe/ Zorgloob]</ref>.
[[Nikesh Arora]] (alors vice-président Google Europe) déclare au nom de l'entreprise, dans une interview accordée au [[Le Figaro|''Figaro'']] : « J’avoue que nous avons été un peu surpris, voire choqués, de la réaction française à notre projet, car en aucun cas notre initiative a des velléités politiques qui viseraient à asseoir un quelconque impérialisme culturel américain. Google Print vise l’exhaustivité. C’est un programme populaire, qui s’adresse à tous sans distinction et qui respecte les valeurs de neutralité de Google »<ref>« Google Print : Google calme le jeu ! » - [http://www.zorgloob.com/2005/05/30/google-print-google-calme-le-jeu/ Zorgloob]</ref>. Dans [[Libération (journal)|Libération]], l'entreprise explique avoir « entamé des discussions avec les bibliothèques de différents pays d’Europe pour leur proposer de numériser leur contenu », et explique : « nous n’avons jamais prétendu être les seuls acteurs d’un tel projet. C’est pourquoi nous souhaitons nouer des partenariats, notamment avec la BNF »<ref>« La réponse de Google Print à l’Europe » - [http://www.zorgloob.com/2005/05/02/la-reponse-de-google-print-a-l%E2%80%99europe/ Zorgloob]</ref>.


En {{date-|août 2005}}, à [[Reims]], [[Jacques Chirac]] (alors [[Présidence de la République française|président de la République]]), accompagné de son chef du gouvernement [[Dominique de Villepin]], et des ministres [[Nicolas Sarkozy]], [[Thierry Breton]] et [[Gilles de Robien]], rappelle sa volonté de définir « les grandes orientations de la nouvelle politique industrielle et d'innovation de la France », parmi lesquelles figure l'[[Agence de l'innovation industrielle]]<ref>« La Bibliothèque numérique européenne est relancée » - [http://www.pcinpact.com/news/La_Bibliotheque_numerique_europeenne_est_relance.htm PcINpact.com]</ref>. Cette dernière, dotée d'un budget d'un milliard d'euros, est entre autres chargée de soutenir des projets privés franco-allemands, et en particulier « le développement d'un moteur de recherche multimédia sur internet », dont l'objet est « l'aide à la création et la production audio, vidéo, texte et image, l'archivage et la préservation du patrimoine multimédia, la création de bibliothèques numériques, des services de recherches multimédias, des services de transcription et de traduction et la protection et la surveillance de contenus ». La date de réalisation de ces projets, réalisés par [[France Telecom]], [[Thomson-CSF|Thomson]] et [[Deutsche Telekom]], n'est alors pas évoquée. Cette annonce, bien que prévue de longue date, fait suite à la pause temporaire dans le projet de numérisation de Google. Le ministère de la Culture et de la Communication précise à l'époque que cette dernière « ne modifie en rien le projet de création d’une Bibliothèque numérique européenne, voulu par le président de la République. Plus que jamais, il est nécessaire que la France et l’Europe travaillent ensemble pour préserver la diversité culturelle et bâtir par des projets concrets une Europe de la culture. »
En {{date-|août 2005}}, à [[Reims]], [[Jacques Chirac]] (alors [[Présidence de la République française|président de la République]]), accompagné de son chef du gouvernement [[Dominique de Villepin]], et des ministres [[Nicolas Sarkozy]], [[Thierry Breton]] et [[Gilles de Robien]], rappelle sa volonté de définir « les grandes orientations de la nouvelle politique industrielle et d'innovation de la France », parmi lesquelles figure l'[[Agence de l'innovation industrielle]]<ref>« La Bibliothèque numérique européenne est relancée » - [http://www.pcinpact.com/news/La_Bibliotheque_numerique_europeenne_est_relance.htm PcINpact.com]</ref>. Cette dernière, dotée d'un budget d'un milliard d'euros, est entre autres chargée de soutenir des projets privés franco-allemands, et en particulier « le développement d'un moteur de recherche multimédia sur internet », dont l'objet est « l'aide à la création et la production audio, vidéo, texte et image, l'archivage et la préservation du patrimoine multimédia, la création de bibliothèques numériques, des services de recherches multimédias, des services de transcription et de traduction et la protection et la surveillance de contenus ». La date de réalisation de ces projets, réalisés par [[France Telecom]], [[Thomson-CSF|Thomson]] et [[Deutsche Telekom]], n'est alors pas évoquée. Cette annonce, bien que prévue de longue date, fait suite à la pause temporaire dans le projet de numérisation de Google. Le ministère de la Culture et de la Communication précise à l'époque que cette dernière « ne modifie en rien le projet de création d’une Bibliothèque numérique européenne, voulu par le président de la République. Plus que jamais, il est nécessaire que la France et l’Europe travaillent ensemble pour préserver la diversité culturelle et bâtir par des projets concrets une Europe de la culture. »


Cependant quelques voix discordantes se font entendre du côté des petits éditeurs, qui souhaitent davantage un partenariat constructif avec Google. On peut citer entre autres les [[éditions de l'Éclat]], qui détaillent leur point de vue : {{Citation bloc|Le projet Google-Livres est le premier projet de grande envergure (...) qui permet une ''entrée en force'' du Livre dans l’internet. (...) On permet l’accès à une partie des contenus, on permet une recherche thématique à l’intérieur du livre, on renvoie à d’autres livres, à l’éditeur, vers des librairies, etc., mais jamais on ne se substitue au livre, dont la forme reste omni-présente à travers l’image même des pages consultées. Contrairement aux sites, on ne peut ni télécharger, ni imprimer. Paradoxalement, Google-Livres indique ainsi les limites d’une information infinie (qui est un leurre) surfant de blogs en sites, et propose un retour (qui est une avancée) vers un médium ancien, encore aujourd’hui sans équivalent<ref>« Faut-il une grande cuillère pour signer avec Google ? » - [http://www.lyber-eclat.net/google.html L'Éclat]</ref>}}Alexandre Laumonier, directeur des [[éditions Kargo]], souligne pour sa part que la solution de Google est efficace à l'échelle de sa structure car « les petits éditeurs ne disposent pas des fonds permettant de lancer des campagnes publicitaires », et que «Google Recherche de Livres permet à un public plus large de découvrir nos publications »<ref>« Les éditions Kargo redéfinissent leur présence en ligne grâce à Google
Cependant quelques voix discordantes se font entendre du côté des petits éditeurs, qui souhaitent davantage un partenariat constructif avec Google. On peut citer entre autres les [[éditions de l'Éclat]], qui détaillent leur point de vue : {{Citation bloc|Le projet Google-Livres est le premier projet de grande envergure (...) qui permet une ''entrée en force'' du Livre dans l’internet. (...) On permet l’accès à une partie des contenus, on permet une recherche thématique à l’intérieur du livre, on renvoie à d’autres livres, à l’éditeur, vers des librairies, etc., mais jamais on ne se substitue au livre, dont la forme reste omni-présente à travers l’image même des pages consultées. Contrairement aux sites, on ne peut ni télécharger, ni imprimer. Paradoxalement, Google-Livres indique ainsi les limites d’une information infinie (qui est un leurre) surfant de blogs en sites, et propose un retour (qui est une avancée) vers un médium ancien, encore aujourd’hui sans équivalent<ref>« Faut-il une grande cuillère pour signer avec Google ? » - [http://www.lyber-eclat.net/google.html L'Éclat]</ref>}}Alexandre Laumonier, directeur des [[éditions Kargo]], souligne pour sa part que la solution de Google est efficace à l'échelle de sa structure car « les petits éditeurs ne disposent pas des fonds permettant de lancer des campagnes publicitaires », et que « Google Recherche de Livres permet à un public plus large de découvrir nos publications »<ref>« Les éditions Kargo redéfinissent leur présence en ligne grâce à Google
Recherche de Livres » - [http://static.googleusercontent.com/external_content/untrusted_dlcp/books.google.com/en//intl/fr/googlebooks/kargo_fr.pdf Google Books]</ref>.
Recherche de Livres » - [http://static.googleusercontent.com/external_content/untrusted_dlcp/books.google.com/en//intl/fr/googlebooks/kargo_fr.pdf Google Books]</ref>.


=== Robert Darnton ===
=== Robert Darnton ===


En {{date-|février 2009}}, dans un article intitulé « Google & the Future of Books » et publié dans The New York Review of Books<ref>« [http://www.nybooks.com/articles/archives/2009/feb/12/google-the-future-of-books/?page=2 Google & the Future of Books] » - nybooks.com</ref>, [[Robert Darnton]] (spécialiste des Lumières européennes et de l’histoire du livre sous l’Ancien Régime) formule une critique très vive de l'évolution que connaît le projet Google Books :
En {{date-|février 2009}}, dans un article intitulé « Google & the Future of Books » et publié dans ''The New York Review of Books''<ref>« [http://www.nybooks.com/articles/archives/2009/feb/12/google-the-future-of-books/?page=2 Google & the Future of Books] » - nybooks.com</ref>, [[Robert Darnton]] (spécialiste des Lumières européennes et de l’histoire du livre sous l’Ancien Régime) formule une critique très vive de l'évolution que connaît le projet Google Books :
{{Citation bloc|Après avoir lu l'accord passé entre Google, les auteurs et les éditeurs, et s'être imprégné de sa philosophie - ce qui n'est pas une tâche facile puisque le document s'étire sur 134 pages et 15 appendices -, on en reste bouche bée : voici posées les fondations de ce qui pourrait devenir la plus grande bibliothèque du monde. Une bibliothèque numérique, certes, mais qui battrait à plate couture les établissements les plus prestigieux d'Europe et des États-Unis. De surcroît, Google se hisserait au rang de plus grande librairie commerciale de la planète - son empire numérique reléguerait [[Amazon.com|Amazon]] au rang de boutique de quartier. [...] Google Book Search est sur le point d'inaugurer la plus grande bibliothèque et le plus grand magasin de livres de l'histoire. Quelle que soit la manière d'interpréter cet accord, ses dispositions s'imbriquent de manière si inextricable qu'elles s'imposent en bloc. Aujourd'hui, ni Google, ni les auteurs, ni les éditeurs, ni la cour du district de New-York ne sont en mesure d'y apporter des changements notables. C'est un tournant majeur dans le développement de ce que nous appelons la [[société de l'information]]. Si nous ne rééquilibrons pas la balance, les intérêts privés pourraient bientôt l'emporter pour de bon sur l'intérêt public. Le rêve des [[Lumières (philosophie)|Lumières]] serait alors plus inaccessible que jamais.}}
{{Citation bloc|Après avoir lu l'accord passé entre Google, les auteurs et les éditeurs, et s'être imprégné de sa philosophie - ce qui n'est pas une tâche facile puisque le document s'étire sur 134 pages et 15 appendices -, on en reste bouche bée : voici posées les fondations de ce qui pourrait devenir la plus grande bibliothèque du monde. Une bibliothèque numérique, certes, mais qui battrait à plate couture les établissements les plus prestigieux d'Europe et des États-Unis. De surcroît, Google se hisserait au rang de plus grande librairie commerciale de la planète - son empire numérique reléguerait [[Amazon.com|Amazon]] au rang de boutique de quartier. [...] Google Book Search est sur le point d'inaugurer la plus grande bibliothèque et le plus grand magasin de livres de l'histoire. Quelle que soit la manière d'interpréter cet accord, ses dispositions s'imbriquent de manière si inextricable qu'elles s'imposent en bloc. Aujourd'hui, ni Google, ni les auteurs, ni les éditeurs, ni la cour du district de New York ne sont en mesure d'y apporter des changements notables. C'est un tournant majeur dans le développement de ce que nous appelons la [[société de l'information]]. Si nous ne rééquilibrons pas la balance, les intérêts privés pourraient bientôt l'emporter pour de bon sur l'intérêt public. Le rêve des [[Lumières (philosophie)|Lumières]] serait alors plus inaccessible que jamais.}}
Il dénonce ainsi un triple risque à l'œuvre dans ce vers quoi Google tend à travers son projet : la mainmise d'un seul acteur ([[monopole]]) sur la prescription documentaire, la distribution et l'accès aux œuvres du domaine public (et de la « zone grise »), la privation des ressources bibliothécaire à grande échelle. De fait, une étude de {{Lien|D-Lib Magazine|lang = en}})<ref>[http://dlib.org/dlib/september05/lavoie/09lavoie.html Anatomy of Aggregate Collections : The Example of Google Print for Libraries] - dlib.org</ref> de {{date-|septembre 2005}} souligne qu'il y a très peu de recoupements dans la disponibilité physique des œuvres, entre les bibliothèques : ainsi 61 % des titres concernés à l'époque ne sont disponibles que dans une seule des cinq bibliothèques partenaires au début (les « Google 5 » : [[Bibliothèque de l'université Harvard|Harvard]], Michigan, Stanford, Oxford, NYPL), 20 % par deux, 10 % par trois. De plus la primauté de la langue anglaise est patente : si 430 langues sont représentées dans Google Books, près de la moitié des titres sont écrits en langue anglaise. Enfin, la proportion d'ouvrages libres de droits (20 % seulement<ref>[http://fkaplan.wordpress.com/2011/10/19/le-tresor-de-guerre-de-google-books/ Le “trésor de guerre” de Google Books] - Frederic Kaplan</ref>) souligne que déjà le projet de numérisation des catalogues de grandes bibliothèques portait en germe un dessein d'une ampleur beaucoup plus grande.
Il dénonce ainsi un triple risque à l'œuvre dans ce vers quoi Google tend à travers son projet : la mainmise d'un seul acteur ([[monopole]]) sur la prescription documentaire, la distribution et l'accès aux œuvres du domaine public (et de la « zone grise »), la privation des ressources bibliothécaires à grande échelle. De fait, une étude de {{Lien|D-Lib Magazine|lang = en}})<ref>[http://dlib.org/dlib/september05/lavoie/09lavoie.html Anatomy of Aggregate Collections : The Example of Google Print for Libraries] - dlib.org</ref> de {{date-|septembre 2005}} souligne qu'il y a très peu de recoupements dans la disponibilité physique des œuvres, entre les bibliothèques : ainsi 61 % des titres concernés à l'époque ne sont disponibles que dans une seule des cinq bibliothèques partenaires au début (les « Google 5 » : Harvard, Michigan, Stanford, Oxford, NYPL), 20 % par deux, 10 % par trois. De plus la primauté de la langue anglaise est patente : si {{nobr|430 langues}} sont représentées dans Google Books, près de la moitié des titres sont écrits en langue anglaise. Enfin, la proportion d'ouvrages libres de droits (20 % seulement<ref>[http://fkaplan.wordpress.com/2011/10/19/le-tresor-de-guerre-de-google-books/ Le “trésor de guerre” de Google Books] - Frederic Kaplan</ref>) souligne que déjà le projet de numérisation des catalogues de grandes bibliothèques portait en germe un dessein d'une ampleur beaucoup plus grande.


L'analyse de Robert Darnton est notamment reprise par [[Jean-Claude Guédon]], qui explique (également dans ''The New York Review of Books''<ref>[http://www.nybooks.com/articles/archives/2008/aug/14/who-will-digitize-the-worlds-books/ Who will digitize the world's books? » - The New York Review of Books]</ref>) que le projet de Google induit une réduction du « potentiel computationnel » des ouvrages numérisés : par volonté de prendre de l'avance sur la concurrence et par peur de perdre la main sur les contenus qu'elle numérise, l'entreprise réduirait selon lui fortement le champ des utilisations possibles du texte (notamment en fournissant des images scannées plutôt que du texte en clair, ou en imposant des conditions très limitatives de partage des contenus).{{Citation bloc|By monopolizing much of the computational potential of such books, Google is positioning itself as the operating system of the digital document world. Digital texts already dominate some areas of knowledge. To give a single company such a grip on the collective memory of the world, its analysis, and even its meaning is frightening to say the least. [''En monopolisant une telle part du potentiel computationnel de tels livres, Google se positionne comme système d'exploitation dans le monde du document numérique. Les textes numériques dominent déjà certaines parties du savoir. Donner à une seule entreprise un tel pouvoir sur la mémoire collective du monde, et sur son analyse, est effrayant pour ne pas dire plus'' (traduction libre)]}}Il souligne à cette occasion l'importance d'initiatives comme celles de l'Open Content Alliance (OCA), qui ambitionnent de libérer les bibliothèques et les ouvrages de l'emprise de groupes d'intérêts privés.
L'analyse de Robert Darnton est notamment reprise par [[Jean-Claude Guédon]], qui explique (également dans ''The New York Review of Books''<ref>[http://www.nybooks.com/articles/archives/2008/aug/14/who-will-digitize-the-worlds-books/ Who will digitize the world's books? » - The New York Review of Books]</ref>) que le projet de Google induit une réduction du « potentiel computationnel » des ouvrages numérisés : par volonté de prendre de l'avance sur la concurrence et par peur de perdre la main sur les contenus qu'elle numérise, l'entreprise réduirait selon lui fortement le champ des utilisations possibles du texte (notamment en fournissant des images scannées plutôt que du texte en clair, ou en imposant des conditions très limitatives de partage des contenus).{{Citation bloc|By monopolizing much of the computational potential of such books, Google is positioning itself as the operating system of the digital document world. Digital texts already dominate some areas of knowledge. To give a single company such a grip on the collective memory of the world, its analysis, and even its meaning is frightening to say the least. [''En monopolisant une telle part du potentiel computationnel de tels livres, Google se positionne comme système d'exploitation dans le monde du document numérique. Les textes numériques dominent déjà certaines parties du savoir. Donner à une seule entreprise un tel pouvoir sur la mémoire collective du monde, et sur son analyse, est effrayant pour ne pas dire plus'' (traduction libre)]}}Il souligne à cette occasion l'importance d'initiatives comme celles de l'Open Content Alliance (OCA), qui ambitionnent de libérer les bibliothèques et les ouvrages de l'emprise de groupes d'intérêts privés.
Ligne 322 : Ligne 317 :


Plusieurs services font concurrence à Google Livres, à des échelles variables :
Plusieurs services font concurrence à Google Livres, à des échelles variables :
* [[Amazon.com|Amazon]] est le principal concurrent de Google dans le domaine du livre électronique, avec un catalogue digital de plus d'un million d'ouvrages (dont {{formatnum:80000}} en français<ref>{{fr}} [https://www.amazon.fr/kindle-liseuse-ebook-ereader/dp/B007HCCOD0/ref=sr_tr_sr_1?ie=UTF8&qid=1358519579&sr=8-1 Présentation du Kindle] sur le site d'Amazon</ref>). Le lancement de Books aurait d'ailleurs été planifié comme une réponse à l'émergence de cette entreprise dans le secteur<ref>{{fr}} [http://www.pcinpact.com/news/72934-la-creation-google-books-avait-pour-but-capter-audience-damazon.htm La création de Google Books avait pour but de capter l'audience d'Amazon] - PC INpact</ref> (un document interne d'époque en témoigne notamment, qui déclare : « Nous voulons que les personnes cherchant sur le web et intéressées par les contenus des livres viennent sur Google et non Amazon<ref>{{en}} [http://fr.scribd.com/doc/102168297/Google-Books-Statement-of-Facts-Aug-2012 Google Books Statement of Facts Aug 2012] ({{p.|15}}, §76) - Scribd</ref>. »)
* [[Amazon.com|Amazon]] est le principal concurrent de Google dans le domaine du livre électronique, avec un catalogue numérique de plus d'un million d'ouvrages (dont {{formatnum:80000}} en français<ref>{{fr}} [https://www.amazon.fr/kindle-liseuse-ebook-ereader/dp/B007HCCOD0/ref=sr_tr_sr_1?ie=UTF8&qid=1358519579&sr=8-1 Présentation du Kindle] sur le site d'Amazon</ref>). Le lancement de Books aurait d'ailleurs été planifié comme une réponse à l'émergence de cette entreprise dans le secteur<ref>{{fr}} [http://www.pcinpact.com/news/72934-la-creation-google-books-avait-pour-but-capter-audience-damazon.htm La création de Google Books avait pour but de capter l'audience d'Amazon] - PC INpact</ref> (un document interne d'époque en témoigne notamment, qui déclare : « Nous voulons que les personnes cherchant sur le web et intéressées par les contenus des livres viennent sur Google et non Amazon<ref>{{en}} [http://fr.scribd.com/doc/102168297/Google-Books-Statement-of-Facts-Aug-2012 Google Books Statement of Facts Aug 2012] ({{p.|15}}, §76) - Scribd</ref>. »)
* [[Internet Archive]] est une association à but non lucratif qui numérise plus de {{nombre|1000|livres}} par jour, et offre des miroirs de livres venus de Google Books et d'autres sources. En {{date-|mai 2011}}, elle héberge plus de 2,8 millions de livre du domaine public (contre 1 million pour Google Books). Sa petite sœur [[Open Library]] a jusqu'ici fiché {{nombre|80000|livres}} scannés et achetés par les visiteurs de 150 bibliothèques.
* [[Internet Archive]] est une association à but non lucratif qui numérise plus de {{nombre|1000|livres}} par jour, et offre des miroirs de livres venus de Google Books et d'autres sources. En {{date-|mai 2011}}, elle héberge plus de {{nombre|2,8|millions}} de livres du domaine public (contre {{nobr|1 million}} pour Google Books). Sa petite sœur [[Open Library]] a jusqu'ici{{Quand|date=31 août 2022}} fiché {{nombre|80000|livres}} scannés et achetés par les visiteurs de 150 bibliothèques.
* Fin 2006, Microsoft a financé la numérisation de {{nombre|300000|livres}} pour créer {{Lien|fr=Live Search Books|lang=en}}. Le projet a duré jusqu'en {{date-|mai 2008}}, puis les livres furent rendus librement accessibles ''via'' l'Internet Archive.
* Fin 2006, Microsoft a financé la numérisation de {{nombre|300000|livres}} pour créer {{Lien|fr=Live Search Books|lang=en}}. Le projet a duré jusqu'en {{date-|mai 2008}}, puis les livres furent rendus librement accessibles ''via'' l'Internet Archive.
* [[HathiTrust]] gère la HathiTrust Digital Library depuis le {{date-|13 octobre 2008}}, qui préserve et donne accès à des documents scannés par Google, certains livres d'Internet Archive, et certaines œuvres scannées localement par des institutions partenaires. En {{date-|mai 2010}}, elle réunit 6 millions de volumes, dont plus d'un million dans le domaine public. En {{date-|mars 2013}}, le chiffre total est de 10,6 millions de volumes numérisés, en {{date-|mars 2015}} 13,2 millions.
* [[HathiTrust]] gère la HathiTrust Digital Library depuis le {{date-|13 octobre 2008}}, qui préserve et donne accès à des documents scannés par Google, certains livres d'Internet Archive, et certaines œuvres scannées localement par des institutions partenaires. En {{date-|mai 2010}}, elle réunit {{nobr|6 millions}} de volumes, dont plus d'un million dans le domaine public. En {{date-|mars 2013}}, le chiffre total est de {{nombre|10,6|millions}} de volumes numérisés, en {{date-|mars 2015}} {{nombre|13,2|millions}}.
* [[Europeana]] renvoie à plus de 54 millions de documents numériques en 2017<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Europeana Collections|url=https://www.europeana.eu/portal/fr|site=www.europeana.eu|consulté le=31 janvier 2017}}</ref>, et inclut vidéos, photos, peintures, fichiers son, cartes, manuscrits, livres imprimés et journaux des {{formatnum:2000}} dernières années de l'histoire Européenne, à partir de plus de {{formatnum:1000}} archives de l'[[Union européenne]].
* [[Europeana]] renvoie à plus de {{nobr|54 millions}} de documents numériques en 2017<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Europeana Collections|url=https://www.europeana.eu/portal/fr|site=www.europeana.eu|consulté le=31 janvier 2017}}</ref>, et inclut vidéos, photos, peintures, fichiers son, cartes, manuscrits, livres imprimés et journaux des {{formatnum:2000}} dernières années de l'histoire européenne, à partir de plus de {{formatnum:1000}} archives de l'[[Union européenne]].
* [[Gallica]], projet de la Bibliothèque nationale de France, renvoie à plus de {{nombre|2100000|livres}}, journaux, manuscrits, cartes, etc. Créée en 1997, la bibliothèque numérique continue de s'étendre au rythme d'environ {{formatnum:15000}} nouveaux documents par mois. Depuis fin 2008, la plupart sont accessibles en format image et texte, souvent en français.
* [[Gallica]], projet de la Bibliothèque nationale de France, renvoie en 2021 à plus de {{nobr|8 millions}} de documents, journaux, manuscrits, cartes, etc<ref>{{Lien web |titre=8 millions de documents numérisés dans Gallica ! |url=https://www.bnf.fr/fr/actualites/8-millions-de-documents-numerises-dans-gallica |site=bnf.fr |consulté le=2021-10-11}}.</ref>. Créée en 1997, la bibliothèque numérique continue de s'étendre au rythme d'environ {{formatnum:15000}} nouveaux documents par mois. Depuis fin 2008, la plupart sont accessibles en format image et texte, souvent en français.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
Ligne 336 : Ligne 331 :
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===


Sur l'[[édition indépendante]], le livre numérique et Google, on pourra lire : de Jérôme Vidal, ''Lire et penser ensemble - Sur l'avenir de l'édition indépendante et la publicité de la pensée critique'' (Paris, [[Éditions Amsterdam]], 2006, texte publié sous licence [[Creative Commons]] et dont sont extraits les points cités ci-dessus); de Lucien Polastron, ''La Grande Numérisation : Y a-t-il une pensée après le papier ?'' (Paris, Denoël, 2006); de Michel Valensi (éditions de L'Éclat), [http://www.lyber-eclat.net/google.html "Faut-il une grande cuillère pour signer avec Google ?"]; d'Alexandre Laumonier (éditions Kargo), [http://multitudes.samizdat.net/Les-petits-editeurs-votent-Google "Les petits éditeurs votent Google" (''Libération'' du 6 juin 2006)] et [http://multitudes.samizdat.net/La-non-affaire-Google-Livres "La non-affaire Google Livres"].
* Jérôme Vidal, ''Lire et penser ensemble - Sur l'avenir de l'édition indépendante et la publicité de la pensée critique'' (Paris, [[Éditions Amsterdam]], 2006, texte publié sous licence [[Creative Commons]] et dont sont extraits les points cités ci-dessus);
* Lucien Polastron, ''La Grande Numérisation : Y a-t-il une pensée après le papier ?'' (Paris, Denoël, 2006);
* Michel Valensi (éditions de L'Éclat), [http://www.lyber-eclat.net/google.html "Faut-il une grande cuillère pour signer avec Google ?"]; d'Alexandre Laumonier (éditions Kargo), [http://multitudes.samizdat.net/Les-petits-editeurs-votent-Google "Les petits éditeurs votent Google" (''Libération'' du 6 juin 2006)] et [http://multitudes.samizdat.net/La-non-affaire-Google-Livres "La non-affaire Google Livres"].
* L'émission de [[France Culture]] ''Du grain à moudre'' ({{date-|28 décembre 2006}}) a mis en présence pour un débat sur le projet Google Jean-Noël Jeanneney, Michel Valensi, Jérôme Vidal, Alban Cerisier.

* {{Article|langue=en|prénom1=Robert|nom1=Darnton|titre=Google & the Future of Books|périodique=The New York Review of Books|date=2009-02-12|issn=0028-7504|lire en ligne=https://www.nybooks.com/articles/2009/02/12/google-the-future-of-books/|consulté le=2022-08-31}}
L'émission de France-Culture ''Du grain à moudre'' ({{date-|28 décembre 2006}}) a mis en présence pour un débat sur le projet Google Jean-Noël Jeanneney, Michel Valensi, Jérôme Vidal, Alban Cerisier.

[[Robert Darnton]], historien, professeur à l’université Carl H. Pforzheimer et directeur de la [[Bibliothèque de l'université Harvard|bibliothèque de Harvard]], a publié sur le sujet un article éclairant dans ''The New York Review of Books'' le {{date-|12 février 2009}}. L'article est [http://cleo.revues.org/159 accessible en ligne], traduit en français.

* [[Jean-Noël Jeanneney]], ''Quand Google défie l'Europe'', Paris, éd. Mille et Une Nuits, 2005, {{ISBN|2-84205-912-3}}
* [[Jean-Noël Jeanneney]], ''Quand Google défie l'Europe'', Paris, éd. Mille et Une Nuits, 2005, {{ISBN|2-84205-912-3}}
* [[Jean-Noël Jeanneney]], ''Quand Google défie l'Europe. Plaidoyer pour un sursaut, troisième édition revue, augmentée et mise à jour avec une postface inédite.'', Paris, éd. Mille et Une Nuits, 2010, 219 p.
* [[Jean-Noël Jeanneney]], ''Quand Google défie l'Europe. Plaidoyer pour un sursaut, troisième édition revue, augmentée et mise à jour avec une postface inédite.'', Paris, éd. Mille et Une Nuits, 2010, 219 p.
Ligne 363 : Ligne 357 :


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* [https://books.google.fr/ Site officiel]
* {{Site officiel|https://books.google.fr/}}


{{Palette|Google|Bibliothèque numérique}}
{{Palette|Google|Bibliothèque numérique}}

Dernière version du 10 avril 2024 à 17:03

Google Livres
Logo de Google Livres
Logo de Google livres

Adresse books.google.fr
Description Service de consultation de livres numérisés
Commercial Oui
Publicité Non
Type de site Bibliothèque numérique
Langue Multilingue
Inscription Facultatif
Propriétaire Google
Créé par Google
Lancement
État actuel En activité

Google Livres, ou Google Books en anglais (anciennement Google Print), est un service en ligne de numérisation et de mise en ligne de livres fourni par Google. Lancé en , il dispose de moyens financiers et techniques considérables, et a vu son champ d'activité s'élargir progressivement. En 2017, c'est à la fois un outil de recherche intra-texte, de consultation de livres en ligne ou sur appareil mobile, de constitution de collections personnelles, et de téléchargement d'ouvrages libres de droits. C'est aussi une librairie en ligne via la boutique Google Play, un outil permettant de trouver où emprunter un exemplaire de livre en bibliothèque, et un fournisseur d'informations complémentaires (métadonnées) sur les œuvres.

Le nom du programme Google Books désigne communément plusieurs éléments distincts : le service de recherche « Google Book Search », le « Google Book Partner Program » qui permet aux éditeurs d'inclure ou non leurs ouvrages dans la base de données de Google, et le « Google Books Library Project » qui regroupe les partenariats avec les bibliothèques. En , la bibliothèque virtuelle Books comptait plus de sept millions de livres[1], contre 15 millions en 2010, dont une partie seulement est consultable directement depuis le site (3 millions aux États-Unis)[2]. En 2019, Google Books compte plus de 25 millions de volumes[3].

Il s'agit en 2009 du plus grand corpus textuel au monde[4], dont l'histoire mouvementée a donné lieu à d'importantes batailles judiciaires qui ont marqué le monde de l'édition et façonné le paysage du livre numérique, en France et aux États-Unis notamment.

Chronologie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Comme l'indique son historique officiel (« In the beginning, there was Google Books »)[5], le projet fait partie intégrante de l'« ADN » de Google car il est presque à l'origine de la création de l'entreprise. En 1996, les deux cofondateurs de l'entreprise (Sergey Brin et Larry Page) travaillent sur un projet de recherche soutenu par le Stanford Digital Library Technologies Project (projet sur les technologies de bibliothèque numérique), avec comme objectif de pouvoir à terme construire une bibliothèque numérique. Leur projet se base sur le concept d'un « crawler », un robot à même d'indexer le contenu des livres et d'analyser les connexions entre eux, en déterminant la pertinence d'un ouvrage et son niveau d'utilité à partir des citations d'autres ouvrages renvoyant à lui.

Celui qu'ils mettent au point (baptisé BackRub) sert de base à l'algorithme PageRank qui fait fonctionner le moteur de recherche[6].

2002/3 : Naissance du projet[modifier | modifier le code]

En 2002 (soit 4 ans à peine après la création de l'entreprise), le projet « Livres » naît à l'initiative d'un petit groupe de personnes, dont Larry Page et Marissa Mayer (une des premières product manager de Google). Ils s'inspirent largement des projets de numérisation préexistants dans le monde, auxquels ils rendent visite : entre autres le projet de mémoire de la Bibliothèque du Congrès, le projet Gutenberg, le Million Book Project (en) et la Bibliothèque Universelle. Larry Page passe également par l'université du Michigan, où sont nés JSTOR et Making of America (en) (MoA). Son premier objectif, au vu des progrès réalisés alors, est de réduire drastiquement le temps nécessaire à la numérisation : lorsqu'il aborde la question avec la présidente de la bibliothèque Mary Sue Coleman, celle-ci estime qu'il faudra un millier d'années pour numériser ses 7 millions de volumes. Page se fixe comme objectif de le faire en 6 ans[réf. souhaitée].

En 2003, les équipes de Google mettent au point un ensemble de techniques pour scanner les livres sans détériorer leur qualité, à un rythme beaucoup plus soutenu qu'auparavant. Parallèlement, des ingénieurs de Google planchent sur un moyen de prendre en compte les diverses tailles, polices de caractères et imperfections que présentent les livres imprimés, et ce, dans 430 langues différentes[5].

2004 : « Project Ocean » et Google Print[modifier | modifier le code]

Les premières rumeurs sur une percée du moteur de recherche dans le domaine des livres sont notamment rapportées par le New York Times en . Le journal évoque les efforts de Google pour « trouver de nouvelles sources d'information à indexer, au-delà des documents déjà stockés sous un format numérique »[7]. En , des expérimentations auraient ainsi déjà été menées avec des éditeurs pour indexer des parties d'ouvrages, des critiques et d'autres informations bibliographiques afin de les rendre accessibles via un navigateur.

Le projet secret est évoqué sous le nom de code « Project Ocean »[8], dont la dénomination laissera longtemps croire à une extension des fonctionnalités offertes par Google Earth[9] (celle-ci aura finalement bien lieu, mais sous le nom de code « Google Ocean »). C'est Wayne Rosing, vice-présidente en ingénierie chez Google, qui aurait mené des tractations à travers le monde, se concentrant dans un premier temps sur douze pays. Mais c'est surtout la bibliothèque de l'université Stanford, détentrice d'un fonds de plusieurs millions d'ouvrages libres de droits, qui est évoquée comme première institution partenaire du projet.

Le 6 octobre 2004, Google annonce le lancement d'une initiative baptisée « Google Print » à la Foire du livre de Francfort. Au moment du lancement, les éditeurs américains et britanniques qui rejoignent le programme sont : Blackwell, Cambridge University Press, University of Chicago Press, Houghton Mifflin, Hyperion, McGraw-Hill, Oxford University Press, Pearson, Penguin Books, Perseus, Princeton University Press, Springer, Taylor & Francis, Thomson Delmar, Warner Books. L'initiative s'inscrit dans le contexte plus général du but que s'est fixé Google d'« organiser l'information dans le monde et de la rendre universellement accessible et utile. »

Le 14 décembre 2004, Google annonce alors plusieurs partenariats pour scanner le contenu de collections issues des universités du Michigan, d'Harvard, de Stanford, Oxford, et de la New York Public Library. Ce partenariat inédit est baptisé « Google Print Library », et se fixe pour objectif de numériser quinze millions de livres en dix ans, pour un total de 4,5 milliards de pages et un coût estimé entre 150 et 200 millions de dollars. Au moment de l'annonce, les éditeurs contactés par Google lui permettent déjà d’indexer 60 000 livres (contre 120 000 à la même date pour Amazon.com) ; aucune information n'est communiqués sur le détail des opérations de numérisation. L'annonce ne concerne initialement que des ouvrages libres de droit d'auteur (publiés avant 1923) et choisis par les bibliothèques elles-mêmes.

Fin 2004 est également lancé Google Scholar, qui permet d'effectuer des recherches sur des articles scientifiques, des thèses universitaires, des citations ou des livres scientifiques. Si Google Books rassemble une quantité bien plus imposante de revues, ses scans n'incluent pas les métadonnées suffisantes pour trouver les articles traitant de sujets spécifiques. Les créateurs de Scholar ont donc développé leur propre programme de numérisation des articles (en accord avec les éditeurs)[10].

2005 : Google Book Search[modifier | modifier le code]

En , Google change le nom de son service et opte pour « Google Book Search ». Les partenariats avec les bibliothèques se font sous le nom de Google Books Library Project (en).

En septembre de la même année, Google étend son programme aux éditeurs français[11]. Dans un communiqué de presse, l'entreprise affirme qu'elle « respecte les droits d’auteur et collabore avec les éditeurs pour garantir la protection de leurs ouvrages ». Les éditeurs choisissent d'eux-mêmes les parties consultables par les utilisateurs (qui peuvent varier entre 20 et 100 %) et gèrent leur contenu, suivent leurs revenus publicitaires et prennent connaissance de leurs performances via leur compte Google Print, sans frais additionnels. Pour les livres entrant dans l’index via le programme Bibliothèques et pour lesquels des droits d’auteurs sont encore applicables, seuls trois courts extraits contenant quelques citations sont disponibles. Google annonce enfin : « Nous numérisons actuellement les ouvrages libres de droits des bibliothèques partenaires et, à partir du 1er novembre, l’ensemble des collections de ces bibliothèques. »[réf. nécessaire]

En octobre, le service se décline en plusieurs versions locales pour l'Europe : sont concernés la France, l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, l'Espagne, les Pays-Bas et l'Italie[12].

L'année 2005 est aussi marquée par le début d'une poursuite en justice de Google Books par un groupement d'éditeurs et auteurs américains (voir : « Actions en justice »).

2006 : Partenariats[modifier | modifier le code]

Plusieurs partenariats avec des universités sont annoncés :

  • en août avec la University of California System (pour 34 millions de volumes parmi les cent bibliothèques qu'elle gère)[13] ;
  • en septembre avec l'Université complutense de Madrid (première bibliothèque en langue espagnole à rejoindre le programme) ;
  • en octobre avec l'Université du Wisconsin-Madison ainsi que la Wisconsin Historical Society Library (ensemble 7,2 millions d'ouvrages)[14] ;
  • en décembre avec l'Université de Virginie (plus de 5 millions de volumes, et plus de 17 millions de manuscrits, livres rares et archives) et l'Université de Princeton (300 000 ouvrages)[15] ;
  • en outre, des négociations sont engagées avec la BNF dans le but d'établir un partenariat de numérisation (le revirement de la bibliothèque s'explique principalement par les coûts importants engendrés par l'opération).

Le , Le Devoir rapporte que Google a contacté des éditeurs québécois, dont le Groupe Ville-Marie, pour un éventuel partenariat[16].

2007 : Extension et évolution du service[modifier | modifier le code]

Une nouvelle vague de partenariats universitaires est annoncée :

Le fonctionnement est le même dans presque tous les cas de figure : la numérisation est opérée par Google sans frais pour la bibliothèque concernée, puis une copie est remise à cette dernière. Enfin l'ouvrage est mis à la disposition du public, par accès payant ou gratuit selon le droit d'auteur applicable, et intégré au système de recherche interne à la bibliothèque.

En parallèle, de nouvelles fonctionnalités sont ajoutées au service, dont l'interface est revue (notamment la page d'accueil, qui offre des conseils de lecture) :

  • À partir de , il est possible pour les utilisateurs de partager des fragments de livres (snippets), qui apparaissent soit sous la forme d'une image scannée soit sous forme textuelle[25].
  • Le même mois, une fonctionnalité baptisée My library (« ma bibliothèque ») est lancée[26], qui permet aux utilisateurs de créer leurs bibliothèques personnalisées en faisant une sélection de livres qu'ils peuvent étiqueter, critiquer, noter, et au sein desquels ils peuvent effectuer des recherches.
  • Une fonctionnalité intitulée « Places in this Book » permet de trouver des livres à partir des noms de lieux mentionnés dans le corps du texte (plus tard, une fonction inverse est implantée dans Google Earth : l'utilisateur saisit un lieu, et trouve des liens qui s'y réfèrent)[27].
  • « Popular Passages » permet de retrouver la mention d'un morceau de phrase ou d'une phrase entière à travers une collection de livres[28].

Enfin, en janvier l'équipe derrière Books ouvre un blogue consacré aux relations publiques avec les bibliothécaires[29], pour diffuser le contenu de sa newsletter (alors suivie par plus de 30 000 personnes), des vidéos, des articles, et répondre aux questions autour du service.

En , au cours d'un événement organisé par l'American Association for the Advancement of Science, Larry Page explique dans une interview[30] que le développement du projet Google Books s'inscrit dans la perspective plus large de la construction d'une intelligence artificielle par Google, et souligne les difficultés rencontrées par le groupe dans son entreprise de numérisation à grande échelle :

« I'll give you another quick example; Google Books. We actually wanted to digitise Stanford's library and there's actually a digital library project there and we tried to convince people and they just didn't think it was really possible or made sense, and actually we spent probably five years trying to convince people that it was possible and a good idea. Once we convinced maybe two or three crazy people, it's basically happening. We just made a one million… we're going to digitise another million books in Princeton and it's sort of routine now which is a great thing, but it shows you how hard it is to get people going on things that they think maybe aren't that possible. »

2008 : Premier partenariat en France[modifier | modifier le code]

  • Février : l'université du Michigan fête son millionième livre numérisé[31].
  • Mai : Microsoft réduit la voilure de son projet de numérisation, qui donne alors accès à 750 000 livres et 80 millions d'articles de journaux, et prévoit d'y mettre un terme[32]. Le , Google signe une entente avec le Online Computer Library Center (OCLC), qui fournit les métadonnées bibliographiques issues de WorldCat pour qu'elles soient utilisées dans le moteur de recherche[33]. Google lance par ailleurs une interface de programmation fournissant des liens vers les œuvres Google Books à partir des numéros ISBN, LCCN et OCLC. Elle permet une découverte dans les deux sens : les utilisateurs de WorldCat.org peuvent se lier à des livres que Google a détecté via le lien « Obtenez ce livre », et si un utilisateur lambda trouve un livre dans Google Books il peut aussi trouver un lien vers des bibliothèques locales via WorldCat.org.
  • Octobre : signature de l'accord entre les éditeurs et Google après deux ans de négociations[34], qui donne lieu à une compensation financière.
  • Novembre : Google passe la barre des 7 millions de livres numérisés[35] par l'entreprise et ses éditeurs partenaires, dont 1 million en « full preview mode » et 1 million d'œuvres du domaine public entièrement lisibles et téléchargeables. Cinq millions sur les sept sont des œuvres qui ne sont pas disponibles dans le commerce (out of print).
  • Décembre : Google annonce son intention d'inclure des magazines dans Google Books, notamment le New York Magazine, Ebony, Popular Mechanics[36].

Accord avec la bibliothèque municipale de Lyon[modifier | modifier le code]

Gérard Collomb, maire de Lyon (PS), donne son feu vert le pour que Google engage la numérisation d'ouvrages patrimoniaux de la Bibliothèque municipale de Lyon, qui est la deuxième de France (1,3 million de titres)[37]. C'est le premier accord avec une bibliothèque française, et le vingt-neuvième dans le monde. D'une durée de dix ans, il porte sur les livres tombés dans le domaine public, soit entre 450 et 500 000 ouvrages imprimés entre le XVIe et la fin du XIXe siècle (ce qui inclut des impressions rares lyonnaises de Maurice Scève ou de Nostradamus, de grands traités scientifiques, des récits de voyages, etc.) À cette occasion, Google implante son premier site local de scanner en France, dans la banlieue lyonnaise, pour un investissement qui pourrait s'élever à soixante millions d'euros — et permettrait d'atteindre le rythme de 2 000 livres scannés par semaine[38]. L'entreprise « s'engage à prendre à sa charge, sans contrepartie financière, la numérisation et la mise en ligne d'une collection de 450 000 ouvrages imprimés au minimum et de 500 000 ouvrages imprimés au maximum, dans un délai de dix ans au maximum […] Les ouvrages sont sélectionnés par la Bibliothèque […] uniquement parmi ses ouvrages imprimés et libres de droits »[38]. L'échange consiste donc en un prêt de livre, en contrepartie d'une copie des fichiers produits, avec à la clé pour Google une exclusivité commerciale sur les fichiers pour 25 ans.

2009 : Print On Demand[modifier | modifier le code]

L'année 2009 se caractérise par une phase d'entrée de l'e-book sur le marché grand public aux États-Unis, et par les premières tentatives d'intégration de Google Books dans des offres commerciales.

  • Mai : à l'occasion de la BookExpo America (en) (BEA) qui se tient à New York, Google annonce son intention de lancer un programme permettant aux éditeurs de vendre les versions digitales de leurs livres les plus récents, en passant directement par Google[39].
  • Août : Google ajoute une option permettant aux auteurs et éditeurs de rendre leurs œuvres sous Creative Commons disponibles dans Google Books[40]. Les œuvres concernées disposent sur le panneau de gauche d'un logo explicitant les conditions de leur ré-utilisation et partage.
  • Le même mois, La Tribune titre « Livre en ligne : Google a gagné » pour annoncer que la BNF pourrait finalement confier à Google Books la numérisation de ses fonds. Denis Bruckmann (directeur des collections de la BNF) y justifie ce changement de stratégie par le coût de la numérisation : entre 0,12  et 0,74  par page, soit un budget nécessaire de 50 à 80 millions d'euros pour les fonds de la IIIe République, à mettre en regard avec les 5 millions d'euros alloués à Gallica via le Centre national du livre (CNL). L'offre de Google permet à ses yeux « d’aller plus vite et plus loin »[41]. Jean-Noël Jeanneney n'est pas de cet avis, jugeant que le financement n'est pas essentiel et qu'il faut privilégier la qualité plutôt que l'exhaustivité[42].
  • Le , Google annonce un partenariat avec OnDemandBooks pour imprimer à la demande des livres libres de droit (soit 2 millions de titres), avec l'Espresso Book Machine[43]. Cette dernière, qui coûte 68 000  pièce, permet de fabriquer des livres à une vitesse inédite, à hauteur de 300 pages en moins de 5 minutes[44]. Pour un ouvrage, les coûts d'impression s'élèvent à 8  en moyenne, dont 1  pour OnDemandBooks et 1  pour Google.
  • Le 23 septembre 2009, un accord entre Time Inc. et Google est annoncé, qui permet à ce dernier d'ajouter plus de 1 800 éditions historiques du magazine LIFE à Google Books (pour la période 1936-1972)[45],[46]. En échange, Life voit son logo apposé à chaque page fournie, ainsi qu'un lien vers sa newsletter. Le contenu des archives de LIFE est également accessible à partir de Google Images.
  • Au cours de la Foire du livre de Francfort, Google annonce son intention de lancer une librairie numérique l'année suivante, baptisée Google Éditions, qui fonctionnera avec son système de paiement maison Google Checkout. L'achat d'un livre numérique sur Google se ferait directement auprès de Books, sur le site de l'éditeur participant au programme, ou chez un cybermarchand partenaire. Tous les ouvrages seraient indexés dans le moteur Google Books, et le service serait financé par le prélèvement d'une commission comprise entre 37 % et 55 % du prix total selon le type d’ouvrage. Dans une interview accordée à La Tribune, David Drummond (directeur du développement et des affaires juridiques) déclare : « L'objectif est que vous puissiez acheter la version numérique d'un livre où que vous soyez, sur un site partenaire, dans une librairie, etc. ». Il annonce que Google devrait avoir passé un accord avec les éditeurs américains d'ici la fin de l'année, et espère qu'il sera transposable partout à l'étranger[47].

2010 : Google Editions[modifier | modifier le code]

En France, le rapport Tessier sur la numérisation du patrimoine écrit[48] est publié en janvier, et préconise trois pistes d'action : changer l'échelle de la numérisation des ouvrages et le mode de fonctionnement de Gallica, établir un partenariat avec Google Books qui « passerait notamment par un échange de fichiers numérisés, sans exclusivité sur les fichiers échangés », et relancer les projets européens de numérisation (ainsi que l'initiative Europeana). Frédéric Mitterrand (alors ministre de la Culture) s'exprimant le dans Le Monde sur le rapport, juge que Google a été trop « conquérant » en voulant obtenir la numérisation d'une partie des fonds de la Bibliothèque nationale de France : « Beaucoup lui ont ouvert la porte en signant des accords que je trouve inacceptables. Ils reposent sur une confidentialité excessive, des exclusivités impossibles, des clauses désinvoltes, voire léonines au regard du droit d'auteur »[49]. Il estime que « Gallica a fait des progrès et [qu']il faut l’améliorer. Car il est appelé à devenir l’équivalent de Google Books. Quoi qu’il arrive, le temps du retard est fini. »

En février, le rapport d'information de M. Yann Gaillard[50] précise qu'« avec les moyens actuels de la BnF, il faudrait environ 750 millions d'euros et 375 ans pour numériser l'ensemble des ouvrages. Selon M. Bruno Racine, la totalité des fonds de la BnF pourrait être numérisée en 10 ans par Google. »

  • Le mercredi , l'État italien a signé, à Rome, un accord avec Google afin qu'il numérise et mette en ligne un million de volumes, publiés avant 1860, appartenant aux bibliothèques de Rome et de Florence. C'est la première fois que la firme californienne parvient à un tel résultat, qui lui donne également accès à toutes les bibliothèques nationales de la Péninsule[51].
  • Mai : Google annonce le lancement prochain d'un kiosque numérique nommé « Google Editions », à même de concurrencer Amazon, Barnes & Noble ou encore Apple. Contrairement à ses concurrents, Google Editions sera complètement en ligne et n'aura besoin d'aucun appareil spécifique pour la consultation et l'achat d'œuvre (comme c'est le cas avec le Kindle, le Nook et l'iPad).
  • Juin : Google passe la barre des 12 millions de livres scannés. Le mardi , Google et la Bibliothèque nationale d'Autriche signent un accord visant à la numérisation de 400 000 ouvrages libres de droit. Ils totalisent environ 120 millions de pages. En France, au même moment, le grand emprunt consacre 4,5 milliards d'euros au numérique dont 750 millions d'euros à la numérisation des contenus (culturels, éducatifs et scientifiques).
  • Juillet : Google et la Bibliothèque royale des Pays-Bas annoncent qu'ils ont conclu un accord pour la numérisation de 160 000 titres d'ouvrages hollandais des XVIIIe et XIXe siècles[52]. Les fonds italiens, autrichiens et hollandais pourront être inclus dans Europeana. Google Books ouvre aussi ses portes en Israël[53], sur la base d'un accord avec l'éditeur Keter qui autorise Google à scanner ses fonds mais sans les rendre entièrement disponibles au téléchargement.
  • Août : un ingénieur de Google estime que 129 864 880 livres connus ont été publiés dans le monde (soit 4 milliards de pages numériques et 2 trillions de mots), et qu'ils pourraient être numérisés d'ici à la fin de la décennie[54].
  • Décembre : Google eBooks (en) (nouveau nom de Google Editions) est lancé aux États-Unis. Le service se veut « ouvert » car accessible depuis n'importe quel appareil (smartphones, liseuses, ordinateur), et dispose d'un « Web Reader » proche de services comme Gmail ou Picasa, aux capacités étendues (choix de la police et de sa taille, mode nuit / jour, espacement des caractères, sauvegarde automatique de la progression) et utilisable avec un compte Google sans limite de stockage. Des applications pour Android et iOS sont prévues. Les livres seront accessibles depuis le Google eBookstore (en), et le service cohabitera avec le service Google Livres (un utilisateur pourra donc acheter directement un livre qu'il aura découvert là-bas). Initialement, des partenariats avec des détaillants étaient prévus (notamment Powell's Book, Alibris et les membres de la American Booksellers Association (en)), mais en l'entreprise annonce son intention d'y mettre un terme[55].

2011[modifier | modifier le code]

Dans le cadre de la refonte graphiques de ses services, Google dote son projet Livres d'une nouvelle interface[56]. Celle-ci dégage plus d'espace blanc au détriment de l'affichage des livres : avec une définition de 800×600 pixels, près des deux tiers de l'écran sont occupés par des éléments de navigation (et le bouton « plein écran » ne masque ni la barre de navigation, ni la boîte de recherche, mais cache le titre du livre).

  •  : Google signe un partenariat avec Pottermore pour rendre compatible le site consacré à l’œuvre de J.K. Rowling avec Books[57].
  •  : Books est intégré à Google Chrome via une application dédiée permettant de lire les livres sans connexion à Internet - uniquement dans le navigateur développé par l'entreprise[58].

2012 : Google Play[modifier | modifier le code]

  • Mars : le lancement de Google Play centralise sur une seule plate-forme l'achat d'e-books pour mobile auprès de Google[59]. Le service propose « la plus large sélection de livres numériques » (4 millions de titres), disponible pour consultation hors-ligne ainsi qu'avec des fonctionnalités comme le partage d'extraits sur les réseaux sociaux (Google+ en particulier), à condition d'être enregistré avec un compte Google[60]. Aux États-Unis, une semaine complète de promotions (« 7 Days to Play ») accompagne le lancement avec des prix très bas sur une sélection de produits (notamment les films préférés de l'équipe Google, ainsi que des e-books à 25 centimes).
  • Google Livres dépasse les 20 millions d'ouvrages numérisés[61]. Depuis 2004, plus de 15 millions de livres provenant de plus de 35 000 éditeurs, 40 bibliothèques, 100 pays et 400 langues, ont été numérisés[62].
  • Le , Google sort sa propre tablette[63]. Baptisée Nexus 7, elle se donne pour objectif de « rassembler le meilleur de l'expérience Google » et met en particulier l'accent sur la consultation de contenus : les catalogues de livres et magazines sont mis en avant sur l'écran d'accueil de l'appareil, et une remise temporaire offre un crédit de 25 dollars à dépenser sur le Play Store[64]. Avec ses 8 à 10 heures d'autonomie, la Nexus 7 tient beaucoup de la liseuse et entre en compétition avec des produits hybrides comme le Kindle Fire d'Amazon.
  • Le , l'application Google Books pour Android intègre de nouvelles fonctions : elle permet notamment de rechercher des informations sur des lieux évoqués dans des ouvrages via Maps, de trouver rapidement la définition d'un mot, de traduire des phrases ou des portions de texte, ou encore de surligner du texte et de prendre des notes[65].
  • Le , l'application Books pour Android intègre la fonctionnalité « Read Aloud » qui permet d'écouter le texte consulté[66]. Le pinch-to-zoom (pincer pour zoomer) et le double-tap sont également ajoutés. Et par ailleurs, les fonctions d'éditeur de texte sont désormais applicables aux annotations, et des recommandations personnelles sont visibles en fin de livres et de bibliothèques.

2013[modifier | modifier le code]

Le , Google signe un accord avec le Committee on Institutional Cooperation (CIC), un consortium d'universités américaines, qui ajoutera à terme près de 50 000 titres supplémentaires au catalogue de Google Books[67],[68]. Le fond sera également disponible via HathiTrust.

2019[modifier | modifier le code]

En , l'exposition Scan Ops d’Andrew Norman Wilson (en) révèle le travail manuel des opérateurs de saisie qui feuillettent les pages des machines pour numériser les livres pour Google. Ils travaillent si rapidement que leurs mains et leurs doigts sont parfois scannés. Ces images témoignent du décalage entre l'expérience de Google Livres et sa production[3].

Actions en justice[modifier | modifier le code]

Class action aux États-Unis[modifier | modifier le code]

En septembre et , deux actions en justice sont intentées contre Google. À cette date, les restrictions liées au fair-use américain font que seules trois pages de chaque ouvrage sont disponibles à la lecture. Sur la gauche des pages reproduites, sont affichées l'intégralité des références de l'ouvrage, et le copyright afférent (droit de reproduction notamment), une table des matières et l'index s'il existe[69]. Une grande partie des documents officiels relatifs à cette affaire sont disponibles sur The Public Index (en anglais).

Plainte de l'Author's Guild[modifier | modifier le code]

La première action est une plainte pour violation « massive » du copyright (massive copyright infringement) et manquement à une rétribution juste des auteurs et des éditeurs[70],[71],[72],[73],[74]. Il s'agit d'une class action (recours collectif) mené auprès de la cour fédérale à Manhattan par trois auteurs (Daniel Hoffman (en), Betty Miles (en) et Herbert Mitgang (en)) et une société d'auteurs (Authors Guild (en), qui rassemble plus de 8 000 auteurs américains). Dès le départ, les plaignants affichent la volonté de transformer leur poursuite en recours collectif. La firme se défend en invoquant le fair use, et argue que ses résultats de recherche ne présentent jamais qu'une portion du document, jamais son intégralité (par l'intermédiaire de snippets, que l'on peut traduire par « fragment »). Dans un premier temps, elle avait tenté de trouver un compromis en annonçant une suspension des numérisations (), et en proposant à tout auteur le souhaitant de la contacter pour faire retirer ses œuvres du programme avant la reprise en novembre[75]. Adam M. Smith déclare ainsi : « Nous pensons que la plupart des éditeurs et auteurs choisiront de participer au programme afin de présenter leur œuvre aux innombrables lecteurs de par le monde, mais nous savons que tout le monde n'est pas d'accord et nous voulons faire de notre mieux pour respecter les opinions. »

Plainte de l'Association of American Publishers[modifier | modifier le code]

Malgré la première poursuite, Google reprend ses numérisations en , notamment d'œuvres protégées par le droit d’auteur. La seconde action est un procès au civil à la suite d'une plainte déposée par l’AAP (Association of American Publishers (en)) à l’initiative de cinq éditeurs (McGraw-Hill, Pearson Education, Penguin Group USA, Simon & Schuster et John Wiley & Sons) devant la même juridiction (l'AAP rejoint donc la class action). Elle fait suite à plusieurs mois de négociations infructueuses avec Google. Patricia Schroeder, PDG de l'AAP, considère en effet les arguments de Google comme irrecevables : elle déclare à l'agence Reuters que l'opt-out proposé par Google revient à ses yeux à « faire marcher sur la tête la législation du droit d'auteur »[76]. L'entreprise campe néanmoins sur ses positions et s'en tient à l'argument du fair use, expliquant défendre le même but que le copyright (augmenter la popularité et les ventes de livres, contribuer aux bénéfices des détenteurs des œuvres)[77]. Un communiqué de l'AAP souligne que Google a refusé sa proposition d'avoir recours au numéro ISBN « pour identifier les travaux sous copyright et obtenir la permission des auteurs et des éditeurs de scanner leurs travaux », préférant passer par les bibliothèques universitaires avec lesquelles elle a signé des accords. Elle déclare aussi sa préférence pour l’Open Content Alliance (en) (OCA), projet similaire soutenu notamment par Yahoo, HP et Adobe.

Google Book Settlement[modifier | modifier le code]

Étapes du projet[modifier | modifier le code]

À l'automne 2006, les premières négociations vers un règlement « amendé » (qui ne concerne que les États-Unis) se mettent en place. Le , ledit règlement est finalisé et présenté à la justice. Il est validé sur le principe le par le juge Sprizzo alors chargé du dossier[78]. En , après de multiples concessions des parties en présence, le jugement débouche sur un accord baptisé « Google Book Settlement »[79]. Plusieurs points importants s'en dégagent[80],[81] :

  • L'accord ne concerne que les livres enregistrés aux États-Unis ou publiés au Canada, au Royaume-Uni ou en Australie avant le (ce qui peut concerner des ayants droit d'autres pays).
  • Le juge nommera une personne indépendante qui aura la charge de superviser la gestion des droits découlant de l'exploitation commerciale des œuvres orphelines. Si une œuvre n'est pas revendiquée pendant 5 ans, 25 % des sommes collectées sera consacrée à la recherche des ayants droit ; après 10 ans, les fonds seront versés à des associations caritatives de lutte contre l'illettrisme des 4 pays concernés par l'accord.
  • Les œuvres épuisées présentes dans le catalogue Google Books pourront être commercialisés par des librairies concurrentes (Amazon par exemple). Le pourcentage de 37 % sera réparti entre le vendeur (qui devrait en conserver la majorité) et Google. La fixation des prix serait plus « flexible » (pas de prix fixe).
  • Un registre des droits du livre indépendant (mais administré par Google) est créé pour rechercher les ayants droit, élaborer une base de données recensant les droits d’auteurs de chaque livre indexé (pour un coût estimé à 34,5 millions d'euros) et rémunérer auteurs et éditeurs pour l'usage et la vente de leurs travaux. Une partie de chaque œuvre est mise en libre consultation (sauf pour les œuvres libres de droits, consultables gratuitement), et les internautes peuvent désormais payer les droits pour devenir pleinement propriétaires de l'œuvre, ou payer à la page.
  • Les éditeurs et auteurs couverts par l'accord disposent désormais d'un programme d'opt-out, c'est-à-dire la possibilité de sortir du programme à la demande. Ils ont jusqu'au pour réclamer entre 60 et 300 dollars par livre numérisé, et jusqu'au pour exiger la suppression de leur ouvrage de la base de données de Google. Ceux qui maintiennent leurs œuvres dans Google Books percevront 63 % des sommes perçues par Google (qui touche les 37 % restants) et pourront définir librement les conditions d'accès à leurs ouvrages.
  • Les snippets d'œuvres soumises aux copyright ne seront plus affichés sans accord des éditeurs : ne subsisteront que les informations bibliographiques.
  • Les négociations hors des 4 pays seront menées indépendamment, mais dès lors que l'accord sera validé par la justice américaine, tous les éditeurs ou auteurs d'autres pays pourront décider de faire directement partie du programme.
  • Les modèles de rémunération sont limités à l’impression à la demande, le téléchargement de fichier et aux abonnements.
  • Google verse 125 millions de dollars pour dédommager les ayants droit.

L'accord stipule qu'après le , tous les titulaires de droits qui ne se seraient pas manifestés sont réputés faire partie du Règlement et être en accord avec celui-ci[16]. Google dispose d’un budget de 8 millions de dollars pour faire connaître un Avis concernant le Règlement (en 36 langues et dans plus de cent pays).

Exploitation de la « zone grise »[modifier | modifier le code]

L'accord change la donne pour les ouvrages relevant de la « zone grise » entre le régime du copyright et l'ouvrage libre de droit : celle des ouvrages toujours couverts par le copyright mais non disponibles dans le commerce. Dans sa version de 2008, il propose en effet les changements suivants les concernant[31],[82] :

  • 20 % du texte serait accessible via Google Books, avec jamais plus de 5 pages consécutives, et jamais les dernières pages.
  • Pour la poésie, les encyclopédies, les dictionnaires : une fixed preview serait possible, qui concernerait 10 % de l'ouvrage.
  • Des services payants (fee based services) seraient désormais possibles (« users will be able to purchase online access to the full text of in-copyright, not commercially available books throught an account established with Google »), à un prix fixé soit par les ayants droit soit par l'algorithme de Google (avec 12 tranches de prix, comprises entre 1,99 et 29,99 dollars). Le prix serait susceptible de varier en fonction des chiffres de vente (sales data que seul Google détient), et sur des critères définis par l'entreprise (« based on aggregate data collected with respect to similar books »).
  • Le partage des revenus se ferait ainsi : 37 % à Google, 63 % aux ayants droit (éditeurs et auteurs). Une partie serait reversée au Book Rights Registry (10 à 20 % des revenus des ayants droit, 37 % des revenus de Google).
  • Dans le cas d'un livre acheté en ligne, Google précise ce que seraient les modalités nouvelles de consultation : « the user will have perpetual access to view the entire book from any computer », c'est-à-dire que l'achat ne donnerait pas lieu à la possession d'un fichier correspondant à l'œuvre acquise, mais à une simple « consultation illimitée » (à la manière d'une bibliothèque) via un compte Google et depuis une multitude de terminaux (tablette, smartphone, liseuse). Il est précisé qu'une copie entière de l'œuvre achetée ne serait pas téléchargeable autrement que par copier-coller manuel : par défaut, les outils mis à disposition par Google ne permettraient d'importer que 4 pages de l'œuvre. Sur le même principe, l'utilisateur ne pourrait imprimer en une seule fois que 20 pages d'une œuvre, sauf à copier-coller successivement toutes les pages d'une œuvre pour les rassembler de lui-même en un seul document. De plus un tatouage numérique (technique de marquage et traçage des œuvres) serait apposé sur l'œuvre pour identifier l'utilisateur qui imprime le document (et vérifier qu'il est autorisé à le faire).
  • Des annotations seraient possibles sur les œuvres, mais uniquement via le service de Google, et ne seraient partageables qu'avec 25 personnes au maximum, et à condition qu'elles aient elles aussi acheté le livre sur le même service, et qu'elles aient été explicitement désignées par l'utilisateur.
  • Certains passages du livre, si le détenteur des droits choisissait de ne pas les afficher, ne seraient pas disponibles même dans le cadre d'un achat (« A user who purchases a book will not see an insert if the insert's rightsholder chooses to exclude display of the insert. In this situation, a purchaser [...] will not have access to the complete book as published ») : il pourrait donc y avoir une différence de résultat entre le livre papier et celui au format numérique disponible sur Google Books.
  • Pour les bibliothèques, la possibilité de consulter ces ouvrages se ferait via un « PAS » (Public Access Service) gratuit pour les bibliothèques publiques permettant à leurs usagers de consulter le texte intégral depuis les postes informatiques sur place. L'impression de pages serait autorisée mais nécessiterait le paiement d'une « somme raisonnable » (reasonnable per-page fee). Pour la définition d'une « bibliothèque publique » et de ce qui relève de l'enseignement supérieur, Google se base sur les critères établis par la Carnegie Classification of Institutions of Higher Education (en). Si ces derniers ne sont pas remplis, un PAS serait valable pour 10 000 étudiants ; dans le cas contraire, pour 4 000 étudiants. Si les besoins de l'établissement étaient supérieurs, il faudrait négocier au cas par cas (« Google […] can agree to expand the PAS service by making additional terminals available for free or an annual fee, but the settlement provides no further details on the terms for this expansion »[82]).
  • À ce premier mode d'accès aux œuvres non disponibles dans le commerce s'ajouterait l'ISD (Institutionnal Subscription Database), un abonnement institutionnel qui permettrait d'offrir aux usagers l'accès à ces textes. Calqué sur le modèle des bouquets numériques que contractent les bibliothèques (notamment universitaires) avec les éditeurs scientifiques, cette souscription aurait une durée limitée et devra être renouvelée. Son coût serait fixé conjointement par Google et par le BRR. Or dans la version 2008 du texte, c'est Google qui crée et finance seul le BRR ; de plus aucun détail n'a été donné concernant la nomination de ses membres. Pour ce qui est de Google, sa détermination du prix se baserait sur les prix d'œuvres similaires auprès de la concurrence (« the pricing of similar products and services available from third parties »), sur le nombre d'œuvres rendues accessibles par l'ISD, la qualité des numérisations (!) et sur les fonctionnalités auxquelles donnerait accès la souscription. Enfin, un dernier critère serait le « full-time equivalent (FTE) users » (équivalent en utilisateurs à plein temps), qui correspondrait à un « full-time equivalent students » (équivalent en étudiants à plein temps) pour les établissements d'enseignement supérieur.

Théoriquement (mais pas dans les faits, puisque l'accord a été refusé sous cette forme), Google deviendrait donc libraire de facto des livres relevant de cette « zone grise », dont l'exploitation se ferait de manière dématérialisée, centralisée en ce qui concerne les déclarations des ayants droit (via le registre des livres, ou Book Right Registry (BRR)), et algorithmique (en ce qui concerne les prix des livres).

Enfin l'accord révèle que Google a procédé, sans autorisation, à la numérisation de livres de partout dans le monde et écrits en de très nombreuses langues[16]. Sur les sept millions de livres numérisés sans autorisation, un tiers proviendraient des États-Unis, un autre tiers de pays industrialisés et un dernier tiers d'autres pays. En , devant le trop grand nombre de requêtes réclamant du temps pour étudier le Règlement, l'échéance pour présenter une objection ou s'en retirer sont reportées au mois de septembre.

Critiques émises[modifier | modifier le code]

L'accord a par ailleurs fait l'objet d'un vaste débat à travers le monde, et a été l'objet de critiques fortes. Pour l'Open Book Alliance (en) (qui regroupe Microsoft, Yahoo! et Amazon), l'accord ne répond pas « aux défauts fondamentaux » relevés dans sa 1re version. Les éditeurs allemands soulignent qu'il « allait renforcer la domination de la langue anglaise dans le monde. » L'UNEQ (Union des écrivaines et des écrivains québécois), qui a pris connaissance du projet en via un Avis de 16 pages en français envoie une note informative à ses membres en . Le , l’Association nationale des éditeurs de livres au Canada émet un communiqué recommandant à ses membres de se retirer du Règlement[16].

Lawrence Lessig le qualifie de « chemin vers la folie » (path to insanity) qui serait « culturellement asphyxiant » en ce qu'il mène à une certaine « écologie » de l'accès aux objets culturels, proche du traitement réservés à ce qui relève du documentaire[83]. Ainsi ce n'est pas une « bibliothèque numérique » qui se construit, mais un « digital bookstore » (« magasin électronique de livres »), voire quelque chose de plus pervers qu'un simple magasin, qui s'octroierait des libertés comparables à celles que s'octroient les bibliothèques documentaires[84]. Cela relève à ses yeux d'une culture obsessionnelle de la permission et du contrôle, propre aux oligopoles, et qui se pose en opposition frontale avec les modes de diffusions traditionnels de la culture. Dans ce nouvel ordre documentaire, le contrôle peut être exercé à toutes les échelles, depuis le livre lui-même jusqu'à la plus petite citation, jusqu'au mot ou la lettre, en passant par l'unité technique de la page.

Il propose, une fois l'œuvre produite, de reconnaître une revendication légitime d'une appropriation par la culture. Ainsi quand l'usage d'une musique dans un film ou d'une illustration dans un livre a été autorisée une fois, et passé une certaine durée (il suggère 14 ans), le détenteur des droits ne devrait plus être en mesure de « contrôler le tout » que forme son œuvre. Sa critique porte également sur l'existence d'un registre opéré par des compagnies privées, qu'il propose de soumettre au même contrôle par la loi que les noms de domaine (gérés par les bureaux d'enregistrement, ou registrars).

Rejet[modifier | modifier le code]

En , le ministère américain de la Justice (Department of Justice) ouvre une enquête sur le projet d'accord - dans sa version d'.

Le 18 septembre 2009 le Department of Justice, à travers un statement of interest[85], demande au juge fédéral new-yorkais Denny Chin (en) de ne pas valider l'accord, pour trois raisons : vice de procédure, violation de loi antitrust, atteinte aux droits d'auteurs. Dans son document, le ministère indique que celui-ci soulève des questions en matière de droits d'auteurs et d'abus de position dominante en particulier pour la zone grise[86],[87] (« de facto exclusivity in distribution of orphan books, books which are in copyrights but the rights holder cannot be located »).

À l'issue de l'audience tenue jeudi à New York, le juge fédéral Denny Chin reporte sa décision afin de garder « l'esprit clair » pour le rédiger. Le juge reprend l'idée exprimée par une plaignante, Sarah Canzeroni, de la Guilde (américaine) des livres pour enfants, selon laquelle l'objectif de Google, plutôt que de créer « une grande bibliothèque » numérique, est en réalité d'ouvrir « un grand magasin » dont il aurait le monopole. Le gouvernement américain et les autres plaignants ne contestent pas le principe de la numérisation des ouvrages, mais la plupart invoquent le risque monopolistique flagrant de l'accord signé par Google et l'entorse au droit de copyright qu'il comporterait. Par exemple, un juriste de Microsoft explique que Google aurait un accès quasi assuré à tout ouvrage publié depuis 1923, et bénéficierait, entre autres, d'une connaissance exclusive des goûts des internautes en matière de lecture - un avantage substantiel aux yeux des annonceurs publicitaires[88]. Le , le juge Chin rejette l’accord passé entre Google et les éditeurs, qui prévoyait le règlement de leur contentieux sur le projet Google Livres[89],[90], le jugeant « ni équitable, ni adéquat, ni raisonnable » car il donnerait à Google « un avantage significatif (et déloyal) sur ses concurrents » et parce qu'il présente une portée excessive ainsi qu'un défaut de représentation de certaines parties (des associations indiquent ne pas s'estimer bien représentées au sein de la class action). Plus précisément, les motifs de la décision du juge sont les suivants[91] :

  • La portée excessive du règlement. Ce dernier comporte en effet deux parties distinctes : les actes de numérisation et l'usage qui en a été fait (les snippets) d'une part, le transfert de droits à Google pour l'exploitation des œuvres de la « zone grise » si leurs titulaires ne se manifestent pas (opt out) d'autre part. Cette seconde partie, qui inclut le BRR, va trop loin dans l'appropriation par la firme des unclaimed works et des œuvres orphelines (respectivement : les œuvres non réclamées par leurs titulaires, et celles dont les titulaires ne peuvent être identifiés ou localisés). Cette question ne peut en effet être réglée par un simple règlement entre parties privées, elle doit faire l'objet d'un travail du législateur fédéral (il est à noter qu'en 2006 et 2008, le Congrès avait examiné plusieurs projets relatifs aux œuvres orphelines, mais sans aboutir à une loi). Enfin, le règlement va trop loin en s'écartant de l'affaire : « There was no allegation that Google was making full books available online, and the case was not about full access to copyrighted works. The case was about the use of an indexing and searching tool, not the sale of complete copyrighted works » (le cas ne portait pas sur l'accès à des documents soumis au copyright, mais sur l'usage d'un outil de recherche et d'indexation).
  • Le manque de représentation des intérêts de certains titulaires. Le syndicat des auteurs et l’Association des éditeurs américains ne peuvent s'octroyer le droit de représenter l’intérêt de l’ensemble des titulaires de droits potentiellement lésés par Google : d'après le juge c'est vrai en particulier pour les auteurs universitaires (qui cherchent à maximiser l’accès à la connaissance là où l'accord des parties cherche d'abord à établir le moyen d'une rémunération) et les titulaires de droits étrangers. Par voie de conséquence, le BRR n'est pas considéré comme susceptible de représenter adéquatement les intérêts des titulaires d’ouvrages non réclamés et d’œuvres orphelines.
  • Le mécanisme de l’opt out, contraire au copyright. L'opt-out inverse les règles classiques du droit d’auteur en se passant de l’autorisation préalable des titulaires (principe du « Qui ne dit mot consent ») : pour le juge c'est une atteinte trop forte au principe des droits exclusifs reconnus aux titulaires par la loi américaine, voire une forme d'expropriation. Il suggère un retour à l'opt in : « many of the concerns raised in the objections would be ameliorated if the [settlement] were converted from an opt-out settlement to an opt-in settlement ».
  • Le risque de dérives monopolistiques. Le Règlement conférerait de facto à Google un monopole contraire aux lois antitrust sur les œuvres non réclamées, non par un transfert de droit mais par le bénéfice unique d'une possibilité d'action en lieu et place des titulaires de droits, ce qui permet de prendre une avance décisive sur la concurrence (qui elle devra supporter le coût de la recherche des autorisations avant toute numérisation). Un autre avantage excessif conféré par l'accord est la place qu'il octroierait à Google sur le marché de l’indexation des contenus : ses concurrents devraient obtenir son autorisation pour indexer tout ouvrage scanné par ses soins.
  • Atteinte au respect de la vie privée à travers la collecte de données personnelles (en lien avec la consultation des ouvrages : identité du lecteur, temps passé sur un ouvrage, pages lues etc.).
  • Violation potentielle des règles internationales. Le règlement avait vocation à s’appliquer à tous les détenteurs de copyright aux États-Unis, ce qui en vertu de la Convention de Berne, recouvre non seulement les auteurs et éditeurs américains, mais aussi tous les ressortissants des pays adhérents à ladite Convention à travers le monde. La seconde version de l'accord avait pris en compte ces objections et restreignait sa portée à certains pays (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie), mais le juge considère que ce n'est pas suffisant pour garantir que des ouvrages étrangers ne seront pas compris dans le périmètre de l’accord, notamment les ouvrages enregistrés aux États-Unis avant 1989 (entrée en vigueur de la Convention de Berne dans le pays). Certains États, notamment la France, avaient souligné qu’il n’appartenaitt pas à une cour américaine de régler seule la question des œuvres orphelines à une échelle internationale.

À ce stade du procès, il n'y a pas d'indemnisation des parties plaignantes. L'affaire doit continuer avec une audience de mise en état le [92]. Les parties peuvent d'ici là faire appel, proposer une nouvelle version du Règlement ou abandonner ce projet : le procès reprendra alors son cours normal, et le juge devra se prononcer sur la question de l’application du fair use au projet Google Books. Google, le Syndicat des auteurs et l’Association des éditeurs américains ont fait savoir qu'ils ne souhaitaient pas abandonner, et laissaient entendre qu'ils pourraient proposer une troisième version de leur accord. Un schéma produit en 2010 par la Library Copyright Alliance envisageait les différentes issues possibles du procès[93].

Revirements autour de la class action[modifier | modifier le code]
  • Le , le juge Denny Chin valide le choix par les auteurs de la procédure du recours collectif[94],[95]. Google fait aussitôt appel de cette décision, engageant à cette fin un avocat spécialisé (Seth Waxman)[96]. Un porte-parole de l'entreprise déclare : « La décision d'aujourd'hui ne fixe pas les éléments sous-jacents de cette affaire, pas plus qu'elle ne règle le litige en cours ». À cette même date de nouveaux acteurs ont rejoint la class action, dont notamment l'American Society of Media Photographers.
  • Le , la cour d'Appel de New York autorise Google à contester la décision du juge Chin[97],[98]. Les deux juges Richard Wesley et Peter Hall (qui sont pour anecdote également membres de la Cour d'appel des États-Unis pour le deuxième circuit, dont Denny Chin fait partie de la promotion 2010) ont donc reconnu la validité de la défense de Google, dont les avocats se sont basés sur une jurisprudence mettant en cause Wallmart, qui avait évité une class action en déclarant ne pas pouvoir apporter de réponse unique à un problème collectif. Cela ne signifie pas pour autant que la class action est caduque, mais simplement qu'elle pourrait être rejetée. Un représentant de Google déclare à la suite de cette décision : « les plaignants cherchaient à faire fermer une part significative de Google Books et à obtenir potentiellement des milliards de dollars... Face à un tel enjeu, Google ne pouvait pas être forcé à se défendre sans le bénéfice de son moyen principal de défense »[99].
  • Le même jour, le juge Denny Chin accepte que la Library Copyright Alliance (en) (LCA), l'Electronic Frontier Foundation (EFF) ainsi qu'un groupe de spécialistes des sciences humaines numériques rejoignent l'Authors Guild. Ces trois acteurs apportent avec eux des notes et mémoires sur le procès, mais aussi plus globalement sur la question du recours au fair use. La LCA et l'EFF étaient déjà intervenus dans un procès intenté par l'Authors Guild à HathiTrust pour violation du droit d'auteur, et y avaient défendu une conception extensive du fair use, qui pourrait être favorable à Google dans le cadre de son procès.
  • Le à 15h, une réunion téléphonique rassemble deux juges du Second Circuit pour discuter de la demande de Google (le juge Chin ayant décidé de ne pas y assister) d'individualiser le procès[100]. Si la requête est acceptée, elle rendrait le procès beaucoup plus onéreux pour les plaignants.

Accord à l'amiable[modifier | modifier le code]

Le , Google et l'Association des éditeurs américains (AAP) annoncent avoir trouvé « un accord à l'amiable qui va permettre l'accès à des livres et des journaux soumis aux droits d'auteur et numérisés par Google pour son projet de bibliothèque [en ligne[101]]. » Cet accord n'ayant pas besoin de l'aval de la justice pour être opérant, il permet de solder la procédure qui opposait le groupe américain aux éditeurs McGraw-Hill, Pearson Education, Penguin, John Wiley & Sons et Simon & Schuster via un accord commercial.

Les grands traits de l'accord sont les suivants[102] :

  • les éditeurs sont libres de demander le retrait de leurs titres numérisés par Google (livres, journaux, magazines) ;
  • ils peuvent aussi collaborer avec Google : ils recevront alors une copie numérique pour leur propre usage et diffusion, en échange d'une lisibilité du titre sur Books à hauteur de 20 % du contenu, et d'un lien d'achat vers le Google Play.

Tom Allen (président et PDG de l'AAP) a déclaré à la suite de cette annonce que « cela montre que les services numériques peuvent proposer des moyens innovants de découverte des contenus tout en respectant les ayants droit » ; David Drummond (vice-président de Google) s'est quant à lui déclaré heureux d'en finir avec le litige pour se concentrer sur l'ajout de contenu à la boutique Google Play. Il est à noter que certaines clauses de l'accord sont restées confidentielles : les aspects financiers en particulier (notamment une éventuelle indemnisation des éditeurs par Google) n'ont pas été dévoilés. La question des œuvres orphelines numérisées par Google mais sans ayant droit identifié reste par ailleurs entière.

Guilde des auteurs vs Google[modifier | modifier le code]

La Guilde des auteurs a également engagé il y a huit ans contre Google un procès portant sur le programme de numérisation de livres de celui-ci. Selon la décision rendue par le juge Denny Chin le , et qui déboute la Guilde, la base de données numérisées ainsi constituée respecte le fair use et permet aux « lecteurs, aux universitaires, aux chercheurs et à tout un chacun de découvrir des livres. Google Livres est devenu un outil important pour les bibliothèques[103]. » Selon le juge, le détournement des ventes qui serait facilité par Google n'est pas attesté : « Google Books fournit aux ouvrages un moyen d'être remarqués, autant que leur présentation en magasin[103]. »

Le président de la Guilde, Paul Aiken, fait part de son désaccord avec cette décision « déclarant que cette mise en cause fondamentale du droit de copyright méritait l'examen d'une juridiction supérieure[103]. »

En , un panel de trois juges déboute définitivement la Guilde, en affirmant la légalité de Google Books en vertu du principe de fair use (usage raisonnable)[104]. Cette décision est avalisée en par la Cour suprême des États-Unis[105].

En France[modifier | modifier le code]

Procès La Martinière[modifier | modifier le code]

Le procès de la Martinière est le premier procès en France opposant un éditeur à Google, et à ce titre il est considéré comme une évolution majeure des relations entre le moteur de recherche et les acteurs du secteur du livre en Europe.

En , le groupe La Martinière / Le Seuil, soutenu par le Syndicat national de l'édition (SNE) et la Société des gens de lettres (SGDL) annonce son intention d'attaquer en justice Google. Il reproche au moteur de recherche d'avoir numérisé certains de ses ouvrages pour Google Book Search sans accord préalable[106]. Une première estimation porte à quelques centaines le nombre de titres des différentes marques du groupe présents dans la base Google Livres, mais ce chiffre est plus tard réévalué à environ 9 000[107]. La Martinière s’estime victime de contrefaçon, et elle déclare qu'« en reproduisant intégralement et en rendant accessibles des extraits d’ouvrages » sans l’autorisation des ayants droit, « la société Google a commis des actes de contrefaçon de droits d’auteur au préjudice des éditions du Seuil, Delachaux & Niestlé et Harry N. Abrams », ainsi qu’au préjudice du SNE et de la SGDL.

Le , l'audience du procès reprend devant la 3e chambre civile du TGI, avec la réévaluation du nombre d'infractions et une hausse du montant des dommages et intérêts réclamés : pour le préjudice « considérable et irrévocable » subi, La Martinière réclame 15 millions d’euros ainsi qu'une astreinte de 100 000 euros par jour. Son argumentation est construite autour de la loi applicable à ce type de différend, et sur la nature de la contrefaçon :

  • Pour Me Marie-Anne Gallot Le Lorier (avocate du SNE) c'est la loi française qui s'applique car la diffusion et la représentation des extraits de livres numérisés était constatée (entre autres) en France, quand bien même leur reproduction pouvait avoir eu lieu aux États-Unis (ce qui est possible mais incertain, puisque d'après ses dires « Google ne fournit que des déclarations de ses propres services, mais ne communique pas les contrats signés avec les bibliothèques »).
  • Par ailleurs la SGDL souligne que la numérisation effectuée par Google porte atteinte au droit moral des auteurs, en raison de la mauvaise qualité des reproductions, des coupes aléatoires dénaturant les œuvres et de la non-autorisation de republication d’œuvres dont les auteurs ne souhaitent plus la divulgation[108].

La défense de Google s'appuie au contraire sur la loi américaine, concernée dans la mesure où la numérisation se déroule aux États-Unis (ce qui rendrait incompétent le tribunal d'instance). Sur la question des extraits affichés dans les résultats de recherche, Google estime qu'ils relèvent de l’usage normal du droit de citation prévu en droit français. Le groupe déclare par ailleurs que le nombre avancé d'œuvres numérisées est « grossièrement surévalué »[109]. Enfin, l'avocat de Google déclare : « ce que fait Google est absolument légal. Nous n'avons jamais nié que les Éditions du Seuil détiennent les droits sur les œuvres papier, mais elles n'ont jamais prouvé qu'elles avaient les droits sur les versions numériques de ces œuvres[110]. »

Le jugement a été rendu vendredi [111] : le tribunal de grande instance de Paris a interdit au groupe américain de poursuivre la numérisation et la diffusion d'ouvrages sans autorisation des auteurs et éditeurs, exécutable au terme d'un mois avec 10 000 euros par jour de retard au bout de ce délai, ainsi qu'une condamnation à verser 300 000 euros (au titre des dommages et intérêts) à La Martinière et un euro au SNE et à la SGDL[112]. Les auteurs et éditeurs ne veulent pas pour autant couper les ponts avec le géant américain : « Il faut que Google arrête de numériser derrière notre dos et comprenne que nous sommes prêts à discuter », explique M. Eyrolles, le président du Syndicat national de l'édition (SNE). « On peut très bien numériser correctement », ajoute M. Absire, le président de la Société des gens de lettres de France (SGDL), qui cite le projet Gallica, piloté par la Bibliothèque nationale de France : « Gallica s'assure que l'auteur accepte que ses livres soient numérisés. À partir de quoi il s'engage à respecter un certain nombre de normes qualitatives. »[113] De son côté, Google annonce sa volonté de faire appel de la décision, et déclare que le jugement « ne fait pas avancer les droits d'auteurs, en revanche il constitue deux pas en arrière pour les droits d'accès des internautes au patrimoine littéraire français et mondial, on met la France en queue du peloton de l'internet »[114].

Gallimard, Flammarion, Albin Jeunesse[modifier | modifier le code]

Le 31 mars 2010, on apprend l'intention des éditions Gallimard d'attaquer en justice Google Books pour avoir scanné des ouvrages de son catalogue sans autorisation[115]. Antoine Gallimard déclare ainsi lors du salon du Livre : « En début d'année, quelques contacts avec Google nous avaient laissés espérer une évolution favorable sur ce dossier, mais rien n'a changé finalement »[116]. Le 6 mai 2001, Flammarion, Gallimard et Éditions Albin Jeunesse adressent une assignation pour contrefaçon à Google et à sa filiale Google France[117], pour la numérisation sauvage de titres issus de leurs catalogues : ils réclament 9,8 millions d'euros de dommages et intérêts au moteur de recherche pour la numérisation sans autorisation de 9 797 livres, soit 1 000 euros par livre, ce montant étant susceptible de changer au fil des numérisations. Google s'est dit « surpris de recevoir cette nouvelle assignation [...] alors même que nous travaillons déjà avec les éditeurs français depuis un certain temps pour trouver des moyens d'augmenter les audiences et les sources de revenus pour les éditeurs, les auteurs et les libraires ». Les œuvres concernées (4 302 pour Gallimard, 2 950 pour Flammarion et 2 545 pour Albin Michel) sont issues d'une liste fournie par le juge Denny Chin lors du procès collectif américain (voir plus haut).

Accord avec Hachette Livres[modifier | modifier le code]

Le , un accord définitif entre les deux groupes est signé, qui porte sur la numérisation d'œuvres épuisées en langue française[118]. Hachette Livre, premier éditeur français et classé deuxième au rang mondial, met ainsi à disposition de Google près de 70 % de son fond et de ceux des maisons d'édition intégrées dans le groupe, soit entre 40 et 50 000 ouvrages : littérature générale (Grasset, Fayard, Calmann Lévy), ouvrages universitaires (Armand Colin, Dunod), ouvrages documentaires (Larousse). En novembre Arnaud Nourry, PDG de Hachette Livre (Groupe Lagardère), avait expliqué que les dispositions principales de l'accord avaient vocation à « être étendues à tous les éditeurs français qui le souhaitent ». L'accord en question pose plusieurs principes :

  • Le contrôle de la numérisation des œuvres par l'éditeur
  • La possibilité de commercialiser les livres numérisés sur des plateformes concurrentes
  • La création de nouvelles opportunités commerciales (impression à la demande, depuis l'atelier de Maurepas - en partenariat avec Lightning Source (en))
  • Le partage des œuvres numérisées avec des institutions publiques (comme la BNF).

La question de l’indexation n'est pas posée : la numérisation se cantonne à l’indexation et la promotion. En revanche, Google disposera d’une copie uniquement destinée « à ses propres usages non commerciaux »[119]. Seule la question des DRM (verrous numériques) n'a pas été évoquée : or Numilog (ancienne filiale de Hachette Livre) y a recours systématiquement, alors que Google Books n'y est pas très familier. Dans le même temps, la filiale américaine du groupe Hachette signe un accord avec Google pour être partenaire du lancement de Google Editions, notamment pour commercialiser la saga Twilight.

Antoine Gallimard (PDG des éditions du même nom et président du SNE) voit dans cet accord un signe positif et la preuve d'un « recul sans précédent » de la part de Google[120].

Réception et critiques[modifier | modifier le code]

« Quand Google défie l'Europe »[modifier | modifier le code]

Le projet, de par son ampleur, provoque des réactions - en particulier du côté de la Bibliothèque nationale de France, présidée à l'époque (2004) par Jean-Noël Jeanneney[121]. À l'époque la BNF a déjà lancé Gallica, qui propose alors 80 000 ouvrages en ligne, 70 000 images, et s'apprête à offrir la reproduction de grands journaux français depuis le XIXe siècle. Mais son président souligne qu'elle ne vit que de « subventions de l'État, forcément limitées, et de nos ressources propres, difficilement et vaillamment mobilisées ». Le rapport de force en termes de budget est alors très inégal (de l'ordre d'un à mille). Il tire donc la sonnette d'alarme dans un article du Monde intitulé « Quand Google défie l'Europe »[122].

« Voici que s'affirme le risque d'une domination écrasante de l'Amérique dans la définition de l'idée que les prochaines générations se feront du monde. Quelle que soit en effet la largeur du spectre annoncé par Google, l'exhaustivité est hors d'atteinte, à vue humaine. Toute entreprise de ce genre implique donc des choix drastiques, parmi l'immensité du possible. Les bibliothèques qui vont se lancer dans cette entreprise sont certes généreusement ouvertes à la civilisation et aux œuvres des autres pays. Il n'empêche : les critères du choix seront puissamment marqués (même si nous contribuons nous-mêmes, naturellement sans bouder, à ces richesses) par le regard qui est celui des Anglo-Saxons, avec ses couleurs spécifiques par rapport à la diversité des civilisations.

[...] N'oublions pas, d'autre part, un autre aspect de la question, qui concerne le travail en marche  : dans l'océan d'Internet, où tout circule, dans l'ordre du vrai comme du faux, les processus de validation des produits de la recherche par les autorités scientifiques et par les revues prennent désormais une importance essentielle. La production scientifique anglo-saxonne, déjà dominante dans une quantité de domaines, s'en trouvera forcément survalorisée, avec un avantage écrasant à l'anglais par rapport aux autres langues de culture, notamment européennes.

[...] Ajoutons que, sous l'apparence de la gratuité, l'internaute rétribuera en fait Google, en tant que consommateur, puisque l'entreprise vit à 99 % de publicité et que la démarche qu'elle annonce ne vise qu'à obtenir un retour sur investissement grâce à celle-ci. Les publicités en marge des pages et les liens privilégiés guideront vers des achats qui accentueront le déséquilibre.

[...] Une autre politique s'impose. Et elle ne peut se déployer qu'à l'échelle de l'Europe. Une Europe décidée à n'être pas seulement un marché, mais un centre de culture rayonnante et d'influence politique sans pareille autour de la planète. L'heure est donc à un appel solennel. Il revient aux responsables de l'Union, dans ses trois instances majeures, de réagir sans délai - car, très vite, la place étant prise, les habitudes installées, il sera trop tard pour bouger. [...] C'est en avançant sur fonds publics que l'on garantira aux citoyens et aux chercheurs [...] une protection contre les effets pervers d'une recherche de profit dissimulée derrière l'apparence d'un désintéressement. »

Contre l'indifférence des pouvoirs publics (sur ce dossier comme sur d'autres - notamment le rachat de Sygma par Corbis, filiale de Microsoft), il appelle à une prise de position de la part des décideurs politiques des pays concernés ainsi que des instances européennes. Sa prise de position sera amplifiée par la publication d'un ouvrage de 120 pages intitulé Quand Google défie l'Europe / Plaidoyer pour un sursaut (Éditions Mille et une nuits). Une dépêche AFP souligne que cet appel connaît un certain retentissement, même à l’échelon international. De fait, quelques jours plus tard les chefs d’État de six pays membres de l'Union européenne (France, Pologne, Allemagne, Italie, Espagne et Hongrie) ont demandé dans une lettre à la Commission européenne et au Conseil de l’Europe la mise en place rapide d’un débat sur une future « bibliothèque numérique européenne », soulignant que « Le patrimoine des bibliothèques européennes est d'une richesse et d'une diversité sans égales. [...] S'il n'est pas numérisé et rendu accessible en ligne, ce patrimoine pourrait, demain, ne pas occuper toute sa place dans la future géographie des savoirs »[123].

Nikesh Arora (alors vice-président Google Europe) déclare au nom de l'entreprise, dans une interview accordée au Figaro : « J’avoue que nous avons été un peu surpris, voire choqués, de la réaction française à notre projet, car en aucun cas notre initiative a des velléités politiques qui viseraient à asseoir un quelconque impérialisme culturel américain. Google Print vise l’exhaustivité. C’est un programme populaire, qui s’adresse à tous sans distinction et qui respecte les valeurs de neutralité de Google »[124]. Dans Libération, l'entreprise explique avoir « entamé des discussions avec les bibliothèques de différents pays d’Europe pour leur proposer de numériser leur contenu », et explique : « nous n’avons jamais prétendu être les seuls acteurs d’un tel projet. C’est pourquoi nous souhaitons nouer des partenariats, notamment avec la BNF »[125].

En , à Reims, Jacques Chirac (alors président de la République), accompagné de son chef du gouvernement Dominique de Villepin, et des ministres Nicolas Sarkozy, Thierry Breton et Gilles de Robien, rappelle sa volonté de définir « les grandes orientations de la nouvelle politique industrielle et d'innovation de la France », parmi lesquelles figure l'Agence de l'innovation industrielle[126]. Cette dernière, dotée d'un budget d'un milliard d'euros, est entre autres chargée de soutenir des projets privés franco-allemands, et en particulier « le développement d'un moteur de recherche multimédia sur internet », dont l'objet est « l'aide à la création et la production audio, vidéo, texte et image, l'archivage et la préservation du patrimoine multimédia, la création de bibliothèques numériques, des services de recherches multimédias, des services de transcription et de traduction et la protection et la surveillance de contenus ». La date de réalisation de ces projets, réalisés par France Telecom, Thomson et Deutsche Telekom, n'est alors pas évoquée. Cette annonce, bien que prévue de longue date, fait suite à la pause temporaire dans le projet de numérisation de Google. Le ministère de la Culture et de la Communication précise à l'époque que cette dernière « ne modifie en rien le projet de création d’une Bibliothèque numérique européenne, voulu par le président de la République. Plus que jamais, il est nécessaire que la France et l’Europe travaillent ensemble pour préserver la diversité culturelle et bâtir par des projets concrets une Europe de la culture. »

Cependant quelques voix discordantes se font entendre du côté des petits éditeurs, qui souhaitent davantage un partenariat constructif avec Google. On peut citer entre autres les éditions de l'Éclat, qui détaillent leur point de vue :

« Le projet Google-Livres est le premier projet de grande envergure (...) qui permet une entrée en force du Livre dans l’internet. (...) On permet l’accès à une partie des contenus, on permet une recherche thématique à l’intérieur du livre, on renvoie à d’autres livres, à l’éditeur, vers des librairies, etc., mais jamais on ne se substitue au livre, dont la forme reste omni-présente à travers l’image même des pages consultées. Contrairement aux sites, on ne peut ni télécharger, ni imprimer. Paradoxalement, Google-Livres indique ainsi les limites d’une information infinie (qui est un leurre) surfant de blogs en sites, et propose un retour (qui est une avancée) vers un médium ancien, encore aujourd’hui sans équivalent[127] »

Alexandre Laumonier, directeur des éditions Kargo, souligne pour sa part que la solution de Google est efficace à l'échelle de sa structure car « les petits éditeurs ne disposent pas des fonds permettant de lancer des campagnes publicitaires », et que « Google Recherche de Livres permet à un public plus large de découvrir nos publications »[128].

Robert Darnton[modifier | modifier le code]

En , dans un article intitulé « Google & the Future of Books » et publié dans The New York Review of Books[129], Robert Darnton (spécialiste des Lumières européennes et de l’histoire du livre sous l’Ancien Régime) formule une critique très vive de l'évolution que connaît le projet Google Books :

« Après avoir lu l'accord passé entre Google, les auteurs et les éditeurs, et s'être imprégné de sa philosophie - ce qui n'est pas une tâche facile puisque le document s'étire sur 134 pages et 15 appendices -, on en reste bouche bée : voici posées les fondations de ce qui pourrait devenir la plus grande bibliothèque du monde. Une bibliothèque numérique, certes, mais qui battrait à plate couture les établissements les plus prestigieux d'Europe et des États-Unis. De surcroît, Google se hisserait au rang de plus grande librairie commerciale de la planète - son empire numérique reléguerait Amazon au rang de boutique de quartier. [...] Google Book Search est sur le point d'inaugurer la plus grande bibliothèque et le plus grand magasin de livres de l'histoire. Quelle que soit la manière d'interpréter cet accord, ses dispositions s'imbriquent de manière si inextricable qu'elles s'imposent en bloc. Aujourd'hui, ni Google, ni les auteurs, ni les éditeurs, ni la cour du district de New York ne sont en mesure d'y apporter des changements notables. C'est un tournant majeur dans le développement de ce que nous appelons la société de l'information. Si nous ne rééquilibrons pas la balance, les intérêts privés pourraient bientôt l'emporter pour de bon sur l'intérêt public. Le rêve des Lumières serait alors plus inaccessible que jamais. »

Il dénonce ainsi un triple risque à l'œuvre dans ce vers quoi Google tend à travers son projet : la mainmise d'un seul acteur (monopole) sur la prescription documentaire, la distribution et l'accès aux œuvres du domaine public (et de la « zone grise »), la privation des ressources bibliothécaires à grande échelle. De fait, une étude de D-Lib Magazine (en))[130] de souligne qu'il y a très peu de recoupements dans la disponibilité physique des œuvres, entre les bibliothèques : ainsi 61 % des titres concernés à l'époque ne sont disponibles que dans une seule des cinq bibliothèques partenaires au début (les « Google 5 » : Harvard, Michigan, Stanford, Oxford, NYPL), 20 % par deux, 10 % par trois. De plus la primauté de la langue anglaise est patente : si 430 langues sont représentées dans Google Books, près de la moitié des titres sont écrits en langue anglaise. Enfin, la proportion d'ouvrages libres de droits (20 % seulement[131]) souligne que déjà le projet de numérisation des catalogues de grandes bibliothèques portait en germe un dessein d'une ampleur beaucoup plus grande.

L'analyse de Robert Darnton est notamment reprise par Jean-Claude Guédon, qui explique (également dans The New York Review of Books[132]) que le projet de Google induit une réduction du « potentiel computationnel » des ouvrages numérisés : par volonté de prendre de l'avance sur la concurrence et par peur de perdre la main sur les contenus qu'elle numérise, l'entreprise réduirait selon lui fortement le champ des utilisations possibles du texte (notamment en fournissant des images scannées plutôt que du texte en clair, ou en imposant des conditions très limitatives de partage des contenus).

« By monopolizing much of the computational potential of such books, Google is positioning itself as the operating system of the digital document world. Digital texts already dominate some areas of knowledge. To give a single company such a grip on the collective memory of the world, its analysis, and even its meaning is frightening to say the least. [En monopolisant une telle part du potentiel computationnel de tels livres, Google se positionne comme système d'exploitation dans le monde du document numérique. Les textes numériques dominent déjà certaines parties du savoir. Donner à une seule entreprise un tel pouvoir sur la mémoire collective du monde, et sur son analyse, est effrayant pour ne pas dire plus (traduction libre)] »

Il souligne à cette occasion l'importance d'initiatives comme celles de l'Open Content Alliance (OCA), qui ambitionnent de libérer les bibliothèques et les ouvrages de l'emprise de groupes d'intérêts privés.

Services concurrents[modifier | modifier le code]

Plusieurs services font concurrence à Google Livres, à des échelles variables :

  • Amazon est le principal concurrent de Google dans le domaine du livre électronique, avec un catalogue numérique de plus d'un million d'ouvrages (dont 80 000 en français[133]). Le lancement de Books aurait d'ailleurs été planifié comme une réponse à l'émergence de cette entreprise dans le secteur[134] (un document interne d'époque en témoigne notamment, qui déclare : « Nous voulons que les personnes cherchant sur le web et intéressées par les contenus des livres viennent sur Google et non Amazon[135]. »)
  • Internet Archive est une association à but non lucratif qui numérise plus de 1 000 livres par jour, et offre des miroirs de livres venus de Google Books et d'autres sources. En , elle héberge plus de 2,8 millions de livres du domaine public (contre 1 million pour Google Books). Sa petite sœur Open Library a jusqu'ici[Quand ?] fiché 80 000 livres scannés et achetés par les visiteurs de 150 bibliothèques.
  • Fin 2006, Microsoft a financé la numérisation de 300 000 livres pour créer Live Search Books (en). Le projet a duré jusqu'en , puis les livres furent rendus librement accessibles via l'Internet Archive.
  • HathiTrust gère la HathiTrust Digital Library depuis le , qui préserve et donne accès à des documents scannés par Google, certains livres d'Internet Archive, et certaines œuvres scannées localement par des institutions partenaires. En , elle réunit 6 millions de volumes, dont plus d'un million dans le domaine public. En , le chiffre total est de 10,6 millions de volumes numérisés, en 13,2 millions.
  • Europeana renvoie à plus de 54 millions de documents numériques en 2017[136], et inclut vidéos, photos, peintures, fichiers son, cartes, manuscrits, livres imprimés et journaux des 2 000 dernières années de l'histoire européenne, à partir de plus de 1 000 archives de l'Union européenne.
  • Gallica, projet de la Bibliothèque nationale de France, renvoie en 2021 à plus de 8 millions de documents, journaux, manuscrits, cartes, etc[137]. Créée en 1997, la bibliothèque numérique continue de s'étendre au rythme d'environ 15 000 nouveaux documents par mois. Depuis fin 2008, la plupart sont accessibles en format image et texte, souvent en français.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Robert Darnton, « Google and the Future of Books », The New York Review of Books, vol. 56, no 2, février 2009.
  2. « Les bibliothèques sont l'avenir du livre », in Le Monde magazine, janvier 2011.
  3. a et b Laura Mallonee, « Is That a Hand? Glitches Reveal Google Books' Human Scanners », Wired,‎ (ISSN 1059-1028, lire en ligne, consulté le )
  4. (fr) « La bibliothèque universelle, de Voltaire à Google » - Robert Darnton, openedition Press.
  5. a et b « History of Google Books » - Google Books.
  6. « De BackRub à Google » - Journal du Net.
  7. (en) John Markoff, The Coming Search Wars, The New York Times, .
  8. (en) Projet Ocean – Google va numériser des documents, PcINpact.com.
  9. (en) What is Google's other "Ocean" project?, Venture Beat.
  10. Barbara Quint, Changes at Google Scholar: A Conversation With Anurag Acharya, Info Today, .
  11. Google étend son programme Google Print aux éditeurs français, Zoorgloob.
  12. (en) The European Google Print, Zorgloob.
  13. (en) UC libraries partner with Google to digitize books, université de Californie.
  14. (en) UW-Madison Joins Google's Worldwide Book Digitization Project, University of Wisconsin-Madison News.
  15. Google Books Library Project, Princeton University Library.
  16. a b c et d « Google Recherche de livres : historique et contexte », sur archive.wikiwix.com (consulté le )
  17. « Google Books signe avec la Bibliothèque nationale de Catalogne » - Atelier.net
  18. « Bavarian library joins Google book search project » - Cnet news
  19. « Google Project » - Universiteitsbibliotheek Gent
  20. « Google Book Search Project - Introduction » - CIC
  21. « La bibliothèque universitaire de Gand intègre Google Book » - Les infostratèges
  22. « Keio University Joins Google's Library Project » - Google Book Search
  23. « Cornell University Library becomes newest partner in Google Book Search Library Project » - Cornell University Library
  24. « Columbia University joins the Google Book Search Library Project » - Google Books Search »
  25. « Share and Enjoy » - Google Book Search
  26. « My library » - Google Books
  27. « Books: Mapped » - Google Books Search
  28. Exemple en ligne sur Google Books
  29. Welcome to the Librarian Central blog! - Librarian Central.
  30. Changing the world - Larry Page - Radio National
  31. a et b « One Million Digital Books » - Présentation résumant les grandes étapes du projet Google Books, qui fait l'objet d'un cours par Olivier Ertzscheid.
  32. (en) Miguel Helft, Microsoft Will Shut Down Book Search Program, The New York Times, .
  33. « OCLC et Google échangeront des données et des liens vers les livres numérisés dans WorldCat », OCLC.
  34. Noam Cohen, Some Fear Google’s Power in Digital Books, .
  35. (en) Juan Carlos Perez, In Google Book Settlement, Business Trumps Ideals , PC World.
  36. (en) Google updates search with old magazines, MSNBC.
  37. Alain Beuve-Méry, Accord entre Google et la bibliothèque de Lyon, Le Monde, .
  38. a et b Olivier Pascal-Moussellard, « Lyon se livre à Google », Télérama.
  39. « Preparing to Sell E-Books, Google Takes on Amazon » - New York Times
  40. « Google Books adds Creative Commons license options » - Creativecommons.org
  41. « Livre en ligne : Google a gagné », sur Sélection d'articles Cécile Barbière, (consulté le )
  42. « La colère de Jeanneney contre l’accord Google-BnF » - La République des livres
  43. « Books Digitized by Google Available via the Espresso Book Machine - Google Books Search
  44. « Google Books: Classic Books Available via the Espresso Book Machine » - Youtube
  45. (en) More Than 1,800 Full Issues Of Life Now On Google Books - PaidContent
  46. (fr) Catalogue complet sur Google Books
  47. (fr) Google va vendre des livres numériques à partir de 2010 - 01Net
  48. « Rapport sur la numérisation du patrimoine écrit », sur culture.gouv.fr via l'Internet Archive, , p. 18.
  49. « [ExPress] Frédéric Mitterrand : "Gallica est appelé à devenir l’équivalent de Google Books. Le temps du retard est fini." » - The Internets
  50. « La politique du livre face au défi du numérique », Rapport d'information de M. Yann GAILLARD, fait au nom de la commission des finances, n° 338 (2009-2010) - 25 février 2010. Senat.fr
  51. « Accord entre Google et le gouvernement italien pour la numérisation de bibliothèques nationales » - Le Monde.fr
  52. « Koninklijke Bibliotheek and Google sign book digitisation agreement » - Koninklijke Bibliotheek
  53. Google Books en Israël - Livres Hebdo.
  54. « Google: 129 Million Different Books Have Been Published » - PC World
  55. « A Change to Our Retailer Partner Program: eBooks Resellers to Wind Down Next Year » - Google Book Search
  56. « New Interface for Google Books » - Google System
  57. Pottermore.com signe avec Google - Livre Hebdo.
  58. (en) Read Google eBooks Offline! - Google Books Search
  59. « Introducing Google Play: All the entertainment you love, anywhere you go » - Google Book Search
  60. « Exit l'Android, Google fait ce qu'il lui Play » - Actualité
  61. « Google Book Scan Project Slows Down » - Law librarian blog
  62. « Discover more than 3 million Google eBooks from your choice of booksellers and devices » - Google Official Blog
  63. Google affiche, lui aussi, ses ambitions dans les tablettes électroniques - Le Monde.fr.
  64. Google to hand over $25 Play credit with each Nexus 7 tablet purchase - Engadget.
  65. Turning the page with a new Google Play Books app for Android - Android Official Blog]
  66. (fr) L'application Google Play Books fera la lecture à voix haute - Actualité.
  67. (fr) Google numérise les collections universitaires de l'État du Michigan - Actualité.
  68. (en) Google Books will soon include titles from MSU Libraries' collection - MSU Librairies.
  69. « Voilà la bibliothèque Google Print » - PcINpact.
  70. « Authors Guild v. Google Settlement Resources Page » - The Authors Guild
  71. « Authors, Publishers, and Google Reach Landmark Settlement » - Google
  72. « A new chapter » - The Economist
  73. « Publishers sue Google over book search project » - Cnet.com
  74. « Publishers Sue Google Over Plans to Digitize Copyrighted Books » - Publishers.org
  75. « Des auteurs attaquent la bibliothèque Google » - PcINpact
  76. « Une pause dans la numérisation Google Print » - PcINpact
  77. « Bibliothèque Google : après les auteurs, les éditeurs » - PcINpact
  78. « Google Books : une fin en forme de nouveau commencement » - Affordance.info
  79. « Règlement de Google Recherche de Livres » - Google Book Settlement
  80. « Google Book Settlement : un accord trouvé » - eBouquin
  81. « Une nouvelle version de l’Accord Google Books » - L'association des professionnels de l'information et de la documentation
  82. a et b (en) [PDF] A guide for the perplexed: libraries and the google library project settlement, American Library Association
  83. « The Google Book Search Settlement: Static Good, Dynamic Bad? » - Youtube
  84. « Lessig Calls Google Book Settlement A "Path To Insanity" » - Techcrunch
  85. « Statement of Interest of the United States of America Regarding Proposed Class Settlement » - Justice.gov.
  86. (fr) Le ministère de la justice américain contre l'accord entre Google et les éditeurs, article du quotidien Le Monde, daté du 19 septembre 2009.
  87. (fr) Livre numérique : le ton monte entre Google, Amazon et les auteurs américains, article du quotidien Le Monde, daté du 4 septembre 2009.
  88. Numérisation des livres : report de la décision de justice dans l'affaire Google, article du quotidien Le Monde daté du 19 février 2010 (n'est plus mis en ligne sur le site LeMonde.fr).
  89. Marc JAHJAH, L'accord Google Livres rejeté, INA Global 6/4/2011.
  90. « La cour de justice américaine rejette le Google Book Settlement » - eBooquin.
  91. « Règlement Google Book : fin de partie ? » - S.I.Lex.
  92. Selon la décision du Circuit Judge Chin en date du 22 mars 2011 (Voir l'original de la décision en anglais).
  93. « GBS March Madness: Paths Forward for the Google Books Settlement » - Library Copyright Alliance.
  94. « Revers pour Google dans l’affaire Books : la class action validée », sur Le fil de la médiathèque, (consulté le )
  95. Judge Chin on Google May 31 Copy - Scribd.
  96. Google Books s'obstine, mais le juge Chin ne tournera pas la page - Actualité
  97. « New York autorise Google Books à faire appel de la class action », sur ActuaLitté.com (consulté le )
  98. Google Books Class Cert Appeal Granted - Scribd
  99. “Plaintiffs seek to shut down a significant part of Google Books and to recover potentially billions of dollars… With so much at stake, Google should not be forced to litigate without the full benefit of its principal defense.” - Google wins right to appeal in book class status case - Justice News Flash
  100. La requête d'un procès individualisé en faveur de Google sera examinée - Actualité
  101. AFP, Google signe un accord avec des éditeurs américains, Le Monde.
  102. Clément Solym, Après 7 ans de procès, l'accord entre éditeurs américains et Google, actualitte.com, .
  103. a b et c « La Guilde des auteurs déboutée contre Google », Livres-Hebdo du 22 novembre 2013.
  104. (en) The Atlantic, After 10 Years, Google Books Is Legal, 20 octobre 2015.
  105. (en) Fortune, Be Glad the Supreme Court Ended the Google Books Case, 18 avril 2016.
  106. « Les éditions de La Martinière attaquent Google en justice » - Abondance
  107. « Procès Google : La Martinière/Le Seuil demande 15 millions d'euros de dommages-intérêts » - Livres Hebdo
  108. « La Martinière fait condamner Google pour contrefaçon » - Rue 89
  109. « Jugement Google/La Martinière : Alea jacta est ? » : Une analyse plus détaillée du procès sur le blog de Lionel Maurel, Conservateur des bibliothèques en poste à la BNF et conservateur d'État.
  110. (fr) Le Seuil demande 15 millions d'euros à Google, article du quotidien Le Monde, daté du jeudi 24 septembre 2009.
  111. Tribunal de grande instance de Paris 3e chambre, 2e section, jugement du 18 décembre 2009, Éditions du Seuil et autres c/ Google Inc.
  112. Compte-rendu du jugement sur Juriscom.net
  113. Livre numérique : la justice française donne raison aux éditeurs face à Google, article du Le Monde, daté du 19 décembre 2009.
  114. Google condamné dans son procès contre La Martinière - Abondance.com
  115. La Tribune.fr, « Gallimard va poursuivre Google en justice », (consulté le )
  116. Gallimard attaque à son tour Google Livres - Znet.
  117. Gallimard, Flammarion et Albin Michel assignent Google en justice pour contrefaçon - Le Monde.fr
  118. « Numérisation : Google et Hachette s'entendent » - Le Monde.fr
  119. « Accord historique entre Google Books et Hachette Livre » - Actualité
  120. Accord Google/Hachette: Gallimard se félicite du recul du géant américain - Le Point.fr
  121. « La BNF appelle à une réaction face au projet Ocean » - PcINpact.com
  122. Disponible dans sa version intégrale (avec accord de l'auteur) sur le site Poezibao
  123. « Bibliothèques numériques : en attendant Google ou la BNF » - PcINpact
  124. « Google Print : Google calme le jeu ! » - Zorgloob
  125. « La réponse de Google Print à l’Europe » - Zorgloob
  126. « La Bibliothèque numérique européenne est relancée » - PcINpact.com
  127. « Faut-il une grande cuillère pour signer avec Google ? » - L'Éclat
  128. « Les éditions Kargo redéfinissent leur présence en ligne grâce à Google Recherche de Livres » - Google Books
  129. « Google & the Future of Books » - nybooks.com
  130. Anatomy of Aggregate Collections : The Example of Google Print for Libraries - dlib.org
  131. Le “trésor de guerre” de Google Books - Frederic Kaplan
  132. Who will digitize the world's books? » - The New York Review of Books
  133. (fr) Présentation du Kindle sur le site d'Amazon
  134. (fr) La création de Google Books avait pour but de capter l'audience d'Amazon - PC INpact
  135. (en) Google Books Statement of Facts Aug 2012 (p. 15, §76) - Scribd
  136. « Europeana Collections », sur www.europeana.eu (consulté le )
  137. « 8 millions de documents numérisés dans Gallica ! », sur bnf.fr (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]