« The Guardian » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Guardian}}
{{Voir homonymes|Guardian}}
{{Infobox Presse écrite
{{Infobox Presse écrite
| nom = The Guardian
| nom = The Guardian
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'''''The Guardian''''' {{MSAPI|/ðə ˈɡɑːdɪən/}}<ref>[[Prononciation de l'anglais|Prononciation]] en [[anglais britannique]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la [[alphabet phonétique international|norme API]].</ref> ({{Litt.}} « Le Gardien » en anglais) est un journal d’information [[Royaume-Uni|britannique]] fondé en 1821 à Manchester par John Edward Taylor.
'''''{{lang|en|The Guardian}}''''' {{MSAPI|/ðə ˈɡɑːdɪən/}}<ref>[[Prononciation de l'anglais|Prononciation]] en [[anglais britannique]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la [[alphabet phonétique international|norme API]].</ref> ({{Litt.}} « Le Gardien » en anglais) est un journal d’information [[Royaume-Uni|britannique]] fondé en 1821 par John Edward Taylor.


Il couvre l'actualité internationale ainsi que la vie politique, économique, sociale, sportive et culturelle.
Il couvre l'actualité internationale ainsi que la vie politique, économique, sociale, et culturelle. Sa ligne éditoriale relève du [[social-libéralisme]] ([[centre gauche]])<ref name=":1">{{Lien web|langue = fr|titre = Le "Guardian", une machine à scoops, pas à cash|url = https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/08/23/le-guardian-une-machine-a-scoops-pas-a-cash_3465331_3234.html|site = lemonde.fr|date = 23 août 2013}}.</ref>.


Depuis 1936, il n'a plus d'actionnaires classiques, ce qui en fait une exception dans le paysage médiatique britannique. ''The Guardian'' est détenu par le Scott Trust, une fondation dont la mission est de défendre l'indépendance des journalistes <ref>{{Lien web |auteur=Eric Albert |titre=Comment le Scott Trust garantit l’indépendance du « Guardian » |url=https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/28/comment-le-scott-trust-garantit-l-independance-du-guardian_6013429_3234.html |site=The Guardian |date=28 septembre 2019}}</ref>.
Sa ligne éditoriale est entre centre-gauche<ref name=":1">{{Lien web |auteur=Courrier International |titre=The Guardian |url=https://www.courrierinternational.com/notule-source/the-guardian}}</ref> et gauche <ref>{{Lien web |auteur=Catherine Moroy |titre=L’opinion publique et les journaux de qualité en Grande-Bretagne |url=https://books.openedition.org/pufr/3660?lang=fr |site=Books Open Edition}}</ref>.


Il est considéré comme un [[journal de référence]] au Royaume-Uni<ref>{{Lien web |auteur=Ouest-France |titre=Quand le journal britannique The Guardian s’inspire de Rennes |url=https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/quand-le-journal-britannique-the-guardian-s-inspire-de-rennes-b471e294-997b-11ec-a65a-8b59a463d3c4 |site=Ouest-France |date=02/03/2022}}</ref>. D’après une enquête menée en 2020, le ''Guardian'' est le journal dans lequel les Britanniques affirment avoir le plus confiance<ref>{{Lien web |titre=PAMCo: publisher reaction |url=https://www.inpublishing.co.uk/articles/pamco-publisher-reaction-15542 |site=In Publishing |date=17/06/2020}}</ref>.
Depuis 1936, il n'a plus d'actionnaires classiques, ce qui en fait une exception dans le paysage médiatique britannique.


Son site internet est gratuit, car il estime que l'information de qualité doit être accessible aux plus démunis<ref>{{Lien web |titre=Guardian to test paywall on news app in reader payments push |url=https://www.ft.com/content/81d361fe-fa81-4223-8321-a872168c91e3}}</ref>. Ce choix a toutefois entrainé de fortes difficultés financières<ref name=":1" />. Il s'appuie actuellement sur un réseau d'un million de donateurs volontaires, situés dans plus d'une centaine de pays<ref>{{Lien web |auteur=William Turvill |titre=The Guardian hits 1m paying digital readers, including 500,000 outside the UK |url=https://pressgazette.co.uk/news/the-guardian-hits-1m-paying-digital-readers-including-500000-outside-the-uk/ |site=The Guardian |date=2021}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=The Guardian reaches one million digital subscriptions milestone |url=https://www.theguardian.com/gnm-press-office/2021/dec/14/the-guardian-reaches-one-million-digital-subscriptions-milestone |site=The Guardian |date=Wed 15 Dec 2021}}</ref>.
Il est détenu par le Scott Trust, une fondation dont l'unique mission est de défendre l'indépendance des journalistes <ref>{{Lien web |auteur=Eric Albert |titre=Comment le Scott Trust garantit l’indépendance du « Guardian » |url=https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/28/comment-le-scott-trust-garantit-l-independance-du-guardian_6013429_3234.html |site=The Guardian |date=28 septembre 2019}}</ref>.


Son site accueille près de 150 millions de [[visiteur unique|visiteurs uniques]] mensuellement, du [[Royaume-Uni]], mais aussi des [[États-Unis]], [[Inde|d'Inde]], [[Australie|d'Australie]], du [[Canada]], de [[France]], [[Allemagne|d'Allemagne]] et [[Israël|d'Israël]] <ref>{{en}} The Guardian is now the world's third most read newspaper website, ''The Guardian'', juin 2012 ([https://www.theguardian.com/gnm-press-office/8 lire en ligne]).</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur=Éric Albert|titre=À la recherche d’un modèle économique, le « Guardian » se mue en tabloïd|périodique=Le Monde|lien périodique=Le Monde|date=2018-01-14|url=https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2018/01/14/a-la-recherche-d-un-modele-economique-le-guardian-se-mue-en-tabloid_5241517_3236.html|consulté le=2019-04-03|site=lemonde.fr}}.</ref>. Le lectorat du ''Guardian'' est ainsi l'un des plus cosmopolites du monde.
The Guardian est considéré comme un journal de référence au Royaume-Uni<ref name=":1" />. Il a révélé plusieurs scandales majeurs comme [[Scandale du piratage téléphonique par News International|l'Affaire Murdoch]] ou [[Révélations d'Edward Snowden|l'Affaire Edward Snowden]]<ref>{{Lien web |auteur=l'Express avec AFP |titre=Affaire Snowden: le Guardian et le Washington Post recoivent le prix Pulitzer |url=https://www.lexpress.fr/economie/medias/le-prix-pulitzer-recompense-deux-quotidiens-pour-leur-traitement-de-l-affaire-snowden_1508715.html |site=L'Express.fr |date=2014}}</ref>.


Le siège du journal est à Londres.
D’après une enquête menée en 2020, il est le journal dans lequel les britanniques affirment avoir le plus confiance <ref>{{Lien web |titre=PAMCo: publisher reaction |url=https://www.inpublishing.co.uk/articles/pamco-publisher-reaction-15542 |site=In Publishing |date=17/06/2020}}</ref>.

Son site accueille près de 150 millions de visiteurs uniques chaque mois, du [[Royaume-Uni]], mais aussi des [[États-Unis]], [[Inde|d'Inde]], [[Australie|d'Australie]], du [[Canada]], de [[France]], [[Allemagne|d'Allemagne]] et [[Israël|d'Israël]] <ref>{{en}} The Guardian is now the world's third most read newspaper website, ''The Guardian'', juin 2012 ([https://www.theguardian.com/gnm-press-office/8 lire en ligne]).</ref><ref>{{Article|langue=fr|auteur=Éric Albert|url=https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2018/01/14/a-la-recherche-d-un-modele-economique-le-guardian-se-mue-en-tabloid_5241517_3236.html|titre=À la recherche d’un modèle économique, le « Guardian » se mue en tabloïd|périodique=Le Monde|lien périodique=Le Monde|site=lemonde.fr|date=2018-01-14|consulté le=2019-04-03}}.</ref>. Le lectorat du ''Guardian'' est ainsi l'un des plus cosmopolites du monde.

Le siège du journal est basé à Londres.

Sa rédactrice en chef est [[Katharine Viner]].


== Histoire ==
== Histoire ==


=== Fondateurs ===
=== Fondateurs ===
Le journal, initialement appelé ''Manchester Guardian and Evening News Limited'', est fondé en [[1821]] par John Edward Taylor (1791-1844). Cet homme d'affaires est très différent de la plupart des riches de son époque.
Le journal, initialement appelé ''Manchester Guardian and Evening News Limited'', est fondé en [[1821]] à la suite du [[massacre de Peterloo]], qui vit les forces de l'ordre réprimer très violemment une manifestation ouvrière pacifique. John Edward Taylor (1791-1844), un homme d'affaires choqué par le massacre et par sa couverture dans la presse conservatrice, entreprit de proposer une contre-source fiable<ref>{{Lien web|langue=fr|nom1=Leclair|prénom1=Marion|titre=Les fantômes de Peterloo|url=https://www.monde-diplomatique.fr/2019/10/LECLAIR/60464|site=Le Monde diplomatique|date=2019-10-01}}.</ref>. Le premier numéro parut par pur hasard le {{date-|5 mai 1821}}, jour même du décès de {{Napoléon Ier}}.

Il est choqué par le [[massacre de Peterloo]], dans lequel les forces de l'ordre répriment très violemment une manifestation pacifiques d'ouvriers qui demandaient le droit de vote. Témoin [[Massacre de Peterloo|du bain de sang]] et écœuré par la couverture du massacre dans la presse conservatrice, il entreprend de proposer une contre-source fiable<ref>{{Lien web|langue=fr|nom1=Leclair|prénom1=Marion|titre=Les fantômes de Peterloo|url=https://www.monde-diplomatique.fr/2019/10/LECLAIR/60464|site=Le Monde diplomatique|date=2019-10-01}}.</ref>.

Le premier numéro parut par pur hasard le {{date-|5 mai 1821}}, jour même du décès de {{Napoléon Ier}}.

Le journal acquiert la reconnaissance nationale et internationale sous la direction de Charles Prestwich Scott (1846-1932), qui rachète le journal en 1907 après la mort de John Edward Taylor fils (1830-1905).

C. P. Scott promet que les vœux du fondateur seront respectés, ceci en défendant l'indépendance du ''Guardian''.

Ces principes sont résumés en une phrase, dans un article souvent cité, publié à l'occasion du centenaire du journal : {{citation|''Comment is free, but facts are sacred... The voice of opponents no less than that of friends has a right to be heard.'' (Les opinions sont libres, mais les faits sont sacrés... La voix des opposants, non moins que celle des amis, a le droit d'être entendue.)}}


Le journal acquiert la reconnaissance nationale et internationale sous la direction de Charles Prestwich Scott (1846-1932), qui rachète le journal en 1907 après la mort de John Edward Taylor fils (1830-1905). C. P. Scott promet que les vœux du fondateur seront respectés, ceci en défendant l'indépendance du ''Guardian''. Ces principes sont résumés en une phrase, dans un article souvent cité, publié à l'occasion du centenaire du journal : {{citation|''Comment is free, but facts are sacred... The voice of opponents no less than that of friends has a right to be heard.'' (Les opinions sont libres, mais les faits sont sacrés... La voix des opposants, non moins que celle des amis, a le droit d'être entendue.)}}
Scott, tout en restant propriétaire du ''Guardian'', passe plus tard la main à ses fils, John et Edward.


Ceux-ci, afin d'assurer la pérennité de l'[[Indépendance des rédactions|indépendance journalistique]] du journal, s'accordent sur le fait que si l'un d'eux meurt, l'autre devra racheter la part du premier. C. P. Scott meurt en 1932, suivi quatre mois plus tard d'Edward, laissant John Russel Scott seul propriétaire du journal.
Scott, tout en restant propriétaire du ''Guardian'', passe plus tard la main à ses fils, John et Edward. Ceux-ci, afin d'assurer la pérennité de l'[[Indépendance des rédactions|indépendance journalistique]] du journal, s'accordent sur le fait que si l'un d'eux meurt, l'autre devra racheter la part du premier.
C. P. Scott meurt en 1932, suivi quatre mois plus tard d'Edward, laissant John Russel Scott seul propriétaire du journal. En 1936, celui-ci crée un trust d'actionnaires auquel il confie la propriété du ''Manchester Guardian'', ainsi que du très lucratif ''Manchester Evening News'', pour protéger l'indépendance de la rédaction des deux quotidiens. L'un des ''trustees'' des deux quotidiens, [[William Haley]], est administrateur de la [[Press Association]] et de [[Reuters]] : il propose d'utiliser le même mécanisme<ref>{{en}} Michael Nelson, [https://books.google.fr/books?id=rr0labVTgxIC&pg=PA186&dq=%22reuters+trustees%22&hl=fr&sa=X&ei=T3KIVKSvEMytU4PQgJAK&ved=0CCAQ6AEwAA#v=onepage&q=%22reuters%20trustees%22&f=false ''Castro and Stockmaster''], page 188.</ref> pour l'[[agence de presse]] britannique.


En 1936, celui-ci crée un trust d'actionnaires auquel il confie la propriété du ''Manchester Guardian'', ainsi que du très lucratif ''Manchester Evening News'', pour protéger l'indépendance de la rédaction des deux quotidiens. L'un des ''trustees'' des deux quotidiens, [[William Haley]], est administrateur de la [[Press Association]] et de [[Reuters]] : il propose d'utiliser le même mécanisme<ref>{{en}} Michael Nelson, [https://books.google.fr/books?id=rr0labVTgxIC&pg=PA186&dq=%22reuters+trustees%22&hl=fr&sa=X&ei=T3KIVKSvEMytU4PQgJAK&ved=0CCAQ6AEwAA#v=onepage&q=%22reuters%20trustees%22&f=false ''Castro and Stockmaster''], page 188.</ref> pour l'[[agence de presse]] britannique.
=== Mutations du quotidien depuis les années 1990 ===
=== Mutations du quotidien depuis les années 1990 ===
[[File:The Guardian Building in London.JPG|thumb|Le siège actuel du ''Guardian'' (2012).]]
[[File:The Guardian Building in London.JPG|thumb|Le siège actuel du ''Guardian'' (2012).]]
En 1993, ''The Guardian'' rachète le journal dominical ''[[The Observer]]''. En 1994, il subit davantage la concurrence du ''Times'' et du ''[[The Daily Telegraph|Daily Telegraph]]'', et doit baisser son prix de vente.
En 1993, ''The Guardian'' rachète le journal dominical ''[[The Observer]]''. En 1994, il subit davantage la concurrence du [[The Times|Times]] et du ''[[The Daily Telegraph|Daily Telegraph]]'', et doit baisser son prix de vente.


Depuis 1990, il existe une édition européenne du ''Guardian'', composée de 24 pages et vendue dans 16 pays d’Europe, ainsi qu’en Israël : elle contient des articles de la rédaction londonienne et des traductions issues d’articles de journaux européens, dont ''[[Le Monde]]''. Le tirage de ''The Guardian'' se monte à {{nombre|400000|exemplaires}}.
Depuis 1990, il existe une édition européenne du ''Guardian'', composée de 24 pages et vendue dans 16 pays d’Europe, ainsi qu’en Israël : elle contient des articles de la rédaction londonienne et des traductions issues d’articles de journaux européens, dont ''[[Le Monde]]''. Le tirage de ''The Guardian'' se monte à {{nombre|400000|exemplaires}}.
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Concernant l'actualité internationale, le site d'investigation ''Declassified UK'' relève que ''The Guardian'' est généralement alignée sur la politique extérieure des États-Unis et du Royaume-Uni, dont les actions sont présentées comme plutôt bénéfiques pour le droit international et les droits de l'homme, tout en analysant la politique de certains États rivaux comme la [[Russie]] et la [[Chine]] sous un angle plus critique, voire dénigrant. Ainsi, le quotidien britannique se montrerait indulgent envers des régimes autoritaires ou dictatoriaux proches du Royaume-Uni et silencieux sur le rôle des services de renseignement occidentaux dans la déstabilisation de certains États, tout en étant prolixe sur les actions d'ingérences attribuées à Moscou ou aux manquements aux droits de l'homme dans des pays tels que la [[Syrie]] ou la [[Corée du Nord]]. Néanmoins, parmi les principaux titres de la presse britannique, ''The Guardian'' reste le plus critique envers son pays, notamment à travers sa couverture du rôle des paradis fiscaux britanniques dans l'évasion fiscale au niveau international, ou encore à travers sa lecture critique de l'histoire de l'[[Empire colonial britannique]]<ref>{{Lien web |langue=en |prénom=Mark |nom=Curtis |titre=Like billionaire-controlled media, The Guardian misinforms its readers on the UK’s role in world |url=https://www.dailymaverick.co.za/article/2021-04-26-like-billionaire-controlled-media-the-guardian-misinforms-its-readers-on-the-uks-role-in-world/ |site=[[Daily Maverick]] |date=2021-04-26 }}</ref>.
Concernant l'actualité internationale, le site d'investigation ''Declassified UK'' relève que ''The Guardian'' est généralement alignée sur la politique extérieure des États-Unis et du Royaume-Uni, dont les actions sont présentées comme plutôt bénéfiques pour le droit international et les droits de l'homme, tout en analysant la politique de certains États rivaux comme la [[Russie]] et la [[Chine]] sous un angle plus critique, voire dénigrant. Ainsi, le quotidien britannique se montrerait indulgent envers des régimes autoritaires ou dictatoriaux proches du Royaume-Uni et silencieux sur le rôle des services de renseignement occidentaux dans la déstabilisation de certains États, tout en étant prolixe sur les actions d'ingérences attribuées à Moscou ou aux manquements aux droits de l'homme dans des pays tels que la [[Syrie]] ou la [[Corée du Nord]]. Néanmoins, parmi les principaux titres de la presse britannique, ''The Guardian'' reste le plus critique envers son pays, notamment à travers sa couverture du rôle des paradis fiscaux britanniques dans l'évasion fiscale au niveau international, ou encore à travers sa lecture critique de l'histoire de l'[[Empire colonial britannique]]<ref>{{Lien web |langue=en |prénom=Mark |nom=Curtis |titre=Like billionaire-controlled media, The Guardian misinforms its readers on the UK’s role in world |url=https://www.dailymaverick.co.za/article/2021-04-26-like-billionaire-controlled-media-the-guardian-misinforms-its-readers-on-the-uks-role-in-world/ |site=[[Daily Maverick]] |date=2021-04-26 }}</ref>.

En octobre 2022 la [[secrétaire d'État à l'Intérieur]] [[Suella Braverman]] décrit les membres du Parti travailliste et des Libéraux-démocrates ainsi que les militants écologistes d'être « des [[woke]]rati qui lisent le ''Guardian'' et mangent du [[tofu]] ». Cette description qui se veut insultante, prononcée lors d'une allocution à la Chambre des communes, lui vaut les moqueries de ses opposants, et est reprise avec ironie sur des t-shirts, des pins et des mugs<ref>{{en}} [https://www.theguardian.com/politics/video/2022/oct/18/suella-braverman-blames-guardian-reading-tofu-eating-wokerati-for-disruptive-protests-video "Suella Braverman blames ‘Guardian-reading, tofu-eating wokerati’ for disruptive protests – video"], ''The Guardian'', 18 octobre 2022</ref>{{,}}<ref>{{en}} [https://www.huffingtonpost.co.uk/entry/suella-braverman-yvette-cooper-guardian-reading-tofu-eating-wokerati_uk_634efadce4b0e376dc116711 "Yvette Cooper Has The Perfect Response To Suella Braverman's 'Tofu-Eating Wokerati' Rant"], ''[[The Huffington Post]]'', 18 octobre 2022</ref>{{,}}<ref>{{en}} [https://www.irishexaminer.com/world/arid-40987406.html "'Tofu-eating wokerati': Most provocative comments by Suella Braverman"], ''The Irish Examiner'', 19 octobre 2022</ref>{{,}}<ref>{{en}} [https://www.thepoke.com/2022/10/19/reactions-to-suella-bravermans-guardian-reading-tofu-eating-wokerati-rant/ "Our 19 favourite reactions to Suella Braverman’s ‘Guardian-reading, tofu-eating, wokerati’ rant"], ''The Poke'', 19 octobre 2022</ref>{{,}}<ref>{{en}} [https://www.bbc.com/news/uk-politics-65926916 "The peculiar world of political merchandise"], [[BBC News]], 28 juillet 2023</ref>.


== Représentations populaires ==
== Représentations populaires ==
Avant la fondation de ''[[The Independent]]'', le ''Guardian'' a longtemps été le seul quotidien à présenter une ligne éditoriale pro-[[Parti travailliste (Royaume-Uni)|travailliste]] ([[Labour Party (UK)|''Labour'']]). Il est donc réputé être le journal de référence de l'[[intelligentsia]], des enseignants et des syndicalistes, surtout dans [[Londres]], au point que lorsque les conservateurs veulent qualifier quelqu'un d’« intello de gauche », ils disent que c'est un « lecteur du ''Guardian'' ».
Avant la fondation de ''[[The Independent]]'', le ''Guardian'' a longtemps été le seul quotidien à présenter une ligne éditoriale pro-[[Parti travailliste (Royaume-Uni)|travailliste]] ([[Labour Party (UK)|''Labour'']]). Il est donc réputé être le journal de référence de l'[[intelligentsia]], des enseignants et des syndicalistes, surtout dans [[Londres]], au point que lorsque les conservateurs veulent qualifier quelqu'un d’« intello de gauche », ils disent que c'est un « lecteur du ''Guardian'' »{{référence nécessaire}}.


Néanmoins, il couvre un sport populaire comme le [[rugby à XIII]], sport du Nord industriel anglais, plutôt délaissé par les catégories aisées en Grande-Bretagne qui lui préfèrent le [[rugby à XV]].
Néanmoins, il couvre un sport populaire comme le [[rugby à XIII]], sport du Nord industriel anglais, plutôt délaissé par les catégories aisées en Grande-Bretagne qui lui préfèrent le [[rugby à XV]].
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== Pressions et censures ==
== Pressions et censures ==
{{Article connexe|Révélations d'Edward Snowden}}
{{Article connexe|Révélations d'Edward Snowden}}
En {{date|2013}}, lors des révélations d'[[Edward Snowden]], le ''Guardian'' reçoit une ''[[DA-Notice]]'' à laquelle il refuse d'accéder<ref>{{Lien web|langue=fr |auteur1=Robin Andraca |titre=Le gouvernement britannique a-t-il demandé à la BBC de ne pas parler des gilets jaunes ? |url=https://www.liberation.fr/checknews/2019/01/28/le-gouvernement-britannique-a-t-il-demande-a-la-bbc-de-ne-pas-parler-des-gilets-jaunes_1705940 |site=[[Libération_(journal)|Libération (Checknews)]] |date=28 janvier 2019 |consulté le=2 février 2019 |citation=Plus récemment, en 2013, le ''Guardian'' avait reçu une DA-Notice au moment de la publication des révélations d’Edward Snowden. Ce qui n’avait pas empêché le quotidien anglais de publier quantité d’articles, dont certains portant spécifiquement sur l’ampleur des renseignements collectés par les services secrets britanniques. }}.</ref>.
En {{date|2013}}, après des semaines de révélations sur [[Edward Snowden]], le ''Guardian'' reçoit la visite des services de renseignement britannique<ref>{{Lien web |auteur=Nicolas Madelaine |titre=NSA : le «Guardian» visité par les services secrets britanniques |url=https://www.lesechos.fr/2013/08/nsa-le-guardian-visite-par-les-services-secrets-britanniques-342872 |site=The Guardian |date=20 août 2013}}</ref>. Le gouvernement lui envoie une ''[[DA-Notice]]'' à laquelle il refuse d'accéder<ref>{{Lien web|langue=fr |auteur1=Robin Andraca |titre=Le gouvernement britannique a-t-il demandé à la BBC de ne pas parler des gilets jaunes ? |url=https://www.liberation.fr/checknews/2019/01/28/le-gouvernement-britannique-a-t-il-demande-a-la-bbc-de-ne-pas-parler-des-gilets-jaunes_1705940 |site=[[Libération_(journal)|Libération (Checknews)]] |date=28 janvier 2019 |consulté le=2 février 2019 |citation=Plus récemment, en 2013, le ''Guardian'' avait reçu une DA-Notice au moment de la publication des révélations d’Edward Snowden. Ce qui n’avait pas empêché le quotidien anglais de publier quantité d’articles, dont certains portant spécifiquement sur l’ampleur des renseignements collectés par les services secrets britanniques. }}.</ref>.


== Prix et récompenses ==
== Prix et récompenses ==
{{Article connexe|Révélations d'Edward Snowden}}
Le {{date|14|avril|2014}}, ''The Guardian'' et ''[[The Washington Post]]'' reçoivent le [[prix Pulitzer]] pour leur édition américaine consacrée aux révélations d'[[Edward Snowden]] sur la [[NSA]] <ref>{{article|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/04/14/le-guardian-et-le-washington-post-recoivent-un-prix-pulitzer-pour-les-revelations-de-snowden_4401184_3222.html|titre=Les révélations d'Edward Snowden récompensées par un prix Pulitzer|périodique=Le Monde|date=15 avril 2014|consulté le=15 avril 2014}}.</ref>.
Le {{date|14|avril|2014}}, ''The Guardian'' et ''[[The Washington Post]]'' reçoivent le [[prix Pulitzer]] pour leur édition américaine consacrée aux révélations d'[[Edward Snowden]] sur la [[NSA]] <ref>{{article|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/04/14/le-guardian-et-le-washington-post-recoivent-un-prix-pulitzer-pour-les-revelations-de-snowden_4401184_3222.html|titre=Les révélations d'Edward Snowden récompensées par un prix Pulitzer|périodique=Le Monde|date=15 avril 2014|consulté le=15 avril 2014}}.</ref>.


En 2015, le journaliste Martin Chulov remporte le prix Orwell pour sa couverture du Moyen-Orient <ref>{{Lien web |titre=Guardian journalist wins Orwell prize for Middle East coverage |url=https://www.theguardian.com/gnm-press-office/2015/may/22/guardian-journalist-wins-orwell-prize-for-middle-east-coverage |site=The Guardian |date=Fri 22 May 2015}}</ref>
En 2017, The Guardian et sa publication sœur [[The Observer]] se voient décerner 9 prix par l'association britannique des éditeurs de journaux<ref>{{Lien web |auteur=Patrick Greenfield |titre=Guardian and Observer journalists win nine awards at Press Awards |url=https://www.theguardian.com/media/2018/mar/14/guardian-and-observer-journalists-win-nine-awards-at-press-awards |site=The Guardian |date=Mars 2018}}</ref>.

En 2019, la journaliste Carole Cadwalladr se voit décerner le prix de Reporters Sans Frontières pour ses travaux sur l'influence de facebook et du big data sur les campagnes électorales <ref>{{Lien web |titre=Carole Cadwalladr wins Reporters Without Borders L’Esprit de RSF prize for Cambridge Analytica reporting |url=https://www.theguardian.com/gnm-press-office/2018/nov/09/carole-cadwalladr-wins-reporters-without-borders-lesprit-de-rsf-prize-for-cambridge-analytica-reporting |site=The Guardian |date=Fri 9 Nov 2018 09.45 GMT}}</ref>

En décembre 2021, la rédaction américaine du Guardian gagne le Prix National de la Presse pour son enquête sur les soignants victimes du Covid 19<ref>{{Lien web |titre=The Year-Long Investigative Project Chronicles the Lives of More than 3,600 Health Care Workers Who Died of COVID-19 |url=https://www.kff.org/coronavirus-covid-19/press-release/khn-and-guardian-us-win-national-press-club-award-for-lost-on-the-frontline/ |site=KHN and Guardian US Win National Press Club Award for “Lost on the Frontline” |date=Dec 08, 2021}}</ref>.


En novembre 2022, il remporte le prix du meilleur journal décerné par la Fédération des Associations de Supporters de Football <ref>{{Lien web |auteur=Guardian wins at Football Supporters’ Federation Awards |titre=Guardian wins at Football Supporters’ Federation Awards |url=https://www.theguardian.com/gnm-press-office/2022/nov/15/guardian-wins-at-football-supporters-federation-awards |site=15 Nov 2022}}</ref>. Le même mois, il se voit décerné le prix technologie des British Journalism Awards pour [https://www.theguardian.com/news/2022/jul/10/uber-files-leak-reveals-global-lobbying-campaign son enquête] sur le lobbying et les actions illégales de Uber<ref>{{Lien web |titre=Guardian wins at the British Journalism Awards |url=https://www.theguardian.com/gnm-press-office/2022/dec/16/guardian-wins-at-the-british-journalism-awards |site=The Guardian |date=16 Decembre 2022}}</ref>.
Entre 2012 et 2022, soit dix année consécutives, l'association nationale des supporters de football britannique élit The Guardian comme meilleur journal pour sa couverture du sport<ref>{{Lien web |titre=Guardian wins at Football Supporters’ Federation Awards |url=https://www.theguardian.com/gnm-press-office/2022/nov/15/guardian-wins-at-football-supporters-federation-awards |site=The Guardian |date=Novembre 2022}}</ref>.


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Dernière version du 24 mars 2024 à 12:30

The Guardian
The Manchester Guardian
Image illustrative de l’article The Guardian

Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Langue Anglais
Périodicité Quotidienne
Format Grand format (1821-2005)
Berlinois (2005-2018)
Tabloïd (2018-)[1]
Genre Généraliste
Prix au numéro £ (3,70  en France)
2,90 £ (le weekend)
Diffusion 185 313 ex. (juin 2014)
Fondateur John Edward Taylor
Date de fondation 1821 (The Manchester Guardian)
Ville d’édition Londres

Propriétaire Groupe Guardian Media
Rédacteur en chef Katharine Viner[1]
ISSN 0261-3077
OCLC 60623878
Site web theguardian.com

The Guardian /ðə ˈɡɑːdɪən/[2] (litt. « Le Gardien » en anglais) est un journal d’information britannique fondé en 1821 par John Edward Taylor.

Il couvre l'actualité internationale ainsi que la vie politique, économique, sociale, et culturelle. Sa ligne éditoriale relève du social-libéralisme (centre gauche)[3].

Depuis 1936, il n'a plus d'actionnaires classiques, ce qui en fait une exception dans le paysage médiatique britannique. The Guardian est détenu par le Scott Trust, une fondation dont la mission est de défendre l'indépendance des journalistes [4].

Il est considéré comme un journal de référence au Royaume-Uni[5]. D’après une enquête menée en 2020, le Guardian est le journal dans lequel les Britanniques affirment avoir le plus confiance[6].

Son site internet est gratuit, car il estime que l'information de qualité doit être accessible aux plus démunis[7]. Ce choix a toutefois entrainé de fortes difficultés financières[3]. Il s'appuie actuellement sur un réseau d'un million de donateurs volontaires, situés dans plus d'une centaine de pays[8],[9].

Son site accueille près de 150 millions de visiteurs uniques mensuellement, du Royaume-Uni, mais aussi des États-Unis, d'Inde, d'Australie, du Canada, de France, d'Allemagne et d'Israël [10],[11]. Le lectorat du Guardian est ainsi l'un des plus cosmopolites du monde.

Le siège du journal est à Londres.

Histoire[modifier | modifier le code]

Fondateurs[modifier | modifier le code]

Le journal, initialement appelé Manchester Guardian and Evening News Limited, est fondé en 1821 à la suite du massacre de Peterloo, qui vit les forces de l'ordre réprimer très violemment une manifestation ouvrière pacifique. John Edward Taylor (1791-1844), un homme d'affaires choqué par le massacre et par sa couverture dans la presse conservatrice, entreprit de proposer une contre-source fiable[12]. Le premier numéro parut par pur hasard le , jour même du décès de Napoléon Ier.

Le journal acquiert la reconnaissance nationale et internationale sous la direction de Charles Prestwich Scott (1846-1932), qui rachète le journal en 1907 après la mort de John Edward Taylor fils (1830-1905). C. P. Scott promet que les vœux du fondateur seront respectés, ceci en défendant l'indépendance du Guardian. Ces principes sont résumés en une phrase, dans un article souvent cité, publié à l'occasion du centenaire du journal : « Comment is free, but facts are sacred... The voice of opponents no less than that of friends has a right to be heard. (Les opinions sont libres, mais les faits sont sacrés... La voix des opposants, non moins que celle des amis, a le droit d'être entendue.) »

Scott, tout en restant propriétaire du Guardian, passe plus tard la main à ses fils, John et Edward. Ceux-ci, afin d'assurer la pérennité de l'indépendance journalistique du journal, s'accordent sur le fait que si l'un d'eux meurt, l'autre devra racheter la part du premier.

C. P. Scott meurt en 1932, suivi quatre mois plus tard d'Edward, laissant John Russel Scott seul propriétaire du journal. En 1936, celui-ci crée un trust d'actionnaires auquel il confie la propriété du Manchester Guardian, ainsi que du très lucratif Manchester Evening News, pour protéger l'indépendance de la rédaction des deux quotidiens. L'un des trustees des deux quotidiens, William Haley, est administrateur de la Press Association et de Reuters : il propose d'utiliser le même mécanisme[13] pour l'agence de presse britannique.

Mutations du quotidien depuis les années 1990[modifier | modifier le code]

Le siège actuel du Guardian (2012).

En 1993, The Guardian rachète le journal dominical The Observer. En 1994, il subit davantage la concurrence du Times et du Daily Telegraph, et doit baisser son prix de vente.

Depuis 1990, il existe une édition européenne du Guardian, composée de 24 pages et vendue dans 16 pays d’Europe, ainsi qu’en Israël : elle contient des articles de la rédaction londonienne et des traductions issues d’articles de journaux européens, dont Le Monde. Le tirage de The Guardian se monte à 400 000 exemplaires.

Sous l'impulsion du journaliste Simon Rogers, le Guardian développe à partir du 2009 le journalisme de données avec une section entière sur son site internet et devient l'un des leaders mondiaux dans le domaine[14].

En 2013, un tiers des visiteurs du site TheGuardian.com sont au Royaume-Uni, un tiers aux États-Unis et un tiers dans le reste du monde[15].

Fin , une nouvelle version du site du Guardian est lancée, après plusieurs mois de version « beta » ouverte au public au cours desquels les commentaires des utilisateurs ont été pris en considération pour améliorer la mise en page[16],[17]. Fin , Katharine Viner succède à Alan Rusbridger[18]. Elle devient le 12e rédacteur en chef du quotidien et la première femme à atteindre ce poste[19]. En , The Guardian annonce la suppression de 250 postes sur trois ans[20].

Ancrage dans le paysage politique[modifier | modifier le code]

L'ancien siège du Guardian (2004).

The Guardian se caractérise par une volonté de liberté et d’indépendance, au risque de heurter son lectorat : en 1956, une année après être devenu quotidien, il critique le gouvernement Eden lors de la crise du canal de Suez, ce qui entraîne la résiliation de nombreux abonnements.

En 1979-1980, il profite largement de la crise que connaît The Times, qui cesse de paraître pendant onze mois. Si les positions de The Guardian en matière de politique extérieure se font plus modérées comme lors du conflit des Malouines[précision nécessaire], il est le seul organe de la presse de qualité à appeler à voter pour le Parti travailliste entre 1987 et 2010.

Le journal se réclame du centre gauche et de la tendance représentée par Tony Blair[21].

Fin , The Guardian publie un éditorial dans lequel il soutient formellement les Libéraux-Démocrates[22]. Lors des élections législatives britanniques de 2015, il soutient à nouveau les travaillistes[23]. Il se montre par la suite très hostile à Jeremy Corbyn, nouveau président du parti et issu de son aile gauche[24].

The Guardian se montre très critique à l'égard du journaliste australien Julian Assange, qu'il accuse d'avoir pris part à un complot russe visant à manipuler l'élection présidentielle américaine. Le journal s'excuse en 2019 pour les fausses informations diffusées dans ses pages à ce sujet[21].

Concernant l'actualité internationale, le site d'investigation Declassified UK relève que The Guardian est généralement alignée sur la politique extérieure des États-Unis et du Royaume-Uni, dont les actions sont présentées comme plutôt bénéfiques pour le droit international et les droits de l'homme, tout en analysant la politique de certains États rivaux comme la Russie et la Chine sous un angle plus critique, voire dénigrant. Ainsi, le quotidien britannique se montrerait indulgent envers des régimes autoritaires ou dictatoriaux proches du Royaume-Uni et silencieux sur le rôle des services de renseignement occidentaux dans la déstabilisation de certains États, tout en étant prolixe sur les actions d'ingérences attribuées à Moscou ou aux manquements aux droits de l'homme dans des pays tels que la Syrie ou la Corée du Nord. Néanmoins, parmi les principaux titres de la presse britannique, The Guardian reste le plus critique envers son pays, notamment à travers sa couverture du rôle des paradis fiscaux britanniques dans l'évasion fiscale au niveau international, ou encore à travers sa lecture critique de l'histoire de l'Empire colonial britannique[25].

En octobre 2022 la secrétaire d'État à l'Intérieur Suella Braverman décrit les membres du Parti travailliste et des Libéraux-démocrates ainsi que les militants écologistes d'être « des wokerati qui lisent le Guardian et mangent du tofu ». Cette description qui se veut insultante, prononcée lors d'une allocution à la Chambre des communes, lui vaut les moqueries de ses opposants, et est reprise avec ironie sur des t-shirts, des pins et des mugs[26],[27],[28],[29],[30].

Représentations populaires[modifier | modifier le code]

Avant la fondation de The Independent, le Guardian a longtemps été le seul quotidien à présenter une ligne éditoriale pro-travailliste (Labour). Il est donc réputé être le journal de référence de l'intelligentsia, des enseignants et des syndicalistes, surtout dans Londres, au point que lorsque les conservateurs veulent qualifier quelqu'un d’« intello de gauche », ils disent que c'est un « lecteur du Guardian »[réf. nécessaire].

Néanmoins, il couvre un sport populaire comme le rugby à XIII, sport du Nord industriel anglais, plutôt délaissé par les catégories aisées en Grande-Bretagne qui lui préfèrent le rugby à XV.

Avant l'informatisation, le Guardian était réputé pour ses coquilles en tous genres, ce qui lui avait valu le surnom de « Grauniad »[31]. Le journal possède même l'URL « Grauniad.co.uk » qui renvoie à son site.

Partenariat[modifier | modifier le code]

L'hebdomadaire The Guardian Weekly diffuse une version en anglais du mensuel français Le Monde diplomatique depuis 1999[32].

Pressions et censures[modifier | modifier le code]

En , après des semaines de révélations sur Edward Snowden, le Guardian reçoit la visite des services de renseignement britannique[33]. Le gouvernement lui envoie une DA-Notice à laquelle il refuse d'accéder[34].

Prix et récompenses[modifier | modifier le code]

Le , The Guardian et The Washington Post reçoivent le prix Pulitzer pour leur édition américaine consacrée aux révélations d'Edward Snowden sur la NSA [35].

En 2017, The Guardian et sa publication sœur The Observer se voient décerner 9 prix par l'association britannique des éditeurs de journaux[36].

Entre 2012 et 2022, soit dix année consécutives, l'association nationale des supporters de football britannique élit The Guardian comme meilleur journal pour sa couverture du sport[37].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Éric Albert, « À la recherche d’un modèle économique, le « Guardian » passe au format tabloïd », Le Temps,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. Prononciation en anglais britannique retranscrite selon la norme API.
  3. a et b « Le "Guardian", une machine à scoops, pas à cash », sur lemonde.fr, .
  4. Eric Albert, « Comment le Scott Trust garantit l’indépendance du « Guardian » », sur The Guardian,
  5. Ouest-France, « Quand le journal britannique The Guardian s’inspire de Rennes », sur Ouest-France,
  6. « PAMCo: publisher reaction », sur In Publishing,
  7. « Guardian to test paywall on news app in reader payments push »
  8. William Turvill, « The Guardian hits 1m paying digital readers, including 500,000 outside the UK », sur The Guardian,
  9. « The Guardian reaches one million digital subscriptions milestone », sur The Guardian, wed 15 dec 2021
  10. (en) The Guardian is now the world's third most read newspaper website, The Guardian, juin 2012 (lire en ligne).
  11. Éric Albert, « À la recherche d’un modèle économique, le « Guardian » se mue en tabloïd », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. Marion Leclair, « Les fantômes de Peterloo », sur Le Monde diplomatique, .
  13. (en) Michael Nelson, Castro and Stockmaster, page 188.
  14. Pablo René-Worms, « Les coulisses du journalisme de données », Le Point,‎ (lire en ligne).
  15. (en) Laura Hazard Owen, « One-third of the Guardian’s readers are American, with US traffic up 37% last year », Gigaom.com,‎ (lire en ligne).
  16. (en) John Brownlee, « The Guardian Rolls Out A Redesign, With Input From Thousands Of Readers », Fast Company,‎ (lire en ligne).
  17. (en) Wolfgang Blau, « Welcome to the new Guardian website », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  18. (en) Alan Rusbridger, « ‘Farewell, readers’: Alan Rusbridger on leaving the Guardian after two decades at the helm », sur TheGuardian.com, (consulté le ).
  19. (en) « Guardian Names Katharine Viner as Editor », sur The New York Times, (consulté le ).
  20. « The Guardian » supprime 250 emplois, Le Monde, 28 mars 2016.
  21. a et b « Affaire Assange : le mea culpa salutaire du "Guardian", qui avait fantasmé un complot russe », sur Marianne, .
  22. Kylie MacLellan, Le Guardian et le Times retirent leur soutien aux travaillistes, Le Point, 1er mai 2010.
  23. (en) « The Guardian view: Britain needs a new direction, Britain needs Labour - Editorial », The Guardian, 1er mai 2015 (lire en ligne).
  24. « Sabotage, danger, pirates, françafrique », sur Le Monde diplomatique,
  25. (en) Mark Curtis, « Like billionaire-controlled media, The Guardian misinforms its readers on the UK’s role in world », sur Daily Maverick,
  26. (en) "Suella Braverman blames ‘Guardian-reading, tofu-eating wokerati’ for disruptive protests – video", The Guardian, 18 octobre 2022
  27. (en) "Yvette Cooper Has The Perfect Response To Suella Braverman's 'Tofu-Eating Wokerati' Rant", The Huffington Post, 18 octobre 2022
  28. (en) "'Tofu-eating wokerati': Most provocative comments by Suella Braverman", The Irish Examiner, 19 octobre 2022
  29. (en) "Our 19 favourite reactions to Suella Braverman’s ‘Guardian-reading, tofu-eating, wokerati’ rant", The Poke, 19 octobre 2022
  30. (en) "The peculiar world of political merchandise", BBC News, 28 juillet 2023
  31. (en) Surely shome mishtake?.
  32. Alain Gresh, Free spirits, Le Monde diplomatique, 1er août 2007.
  33. Nicolas Madelaine, « NSA : le «Guardian» visité par les services secrets britanniques », sur The Guardian,
  34. Robin Andraca, « Le gouvernement britannique a-t-il demandé à la BBC de ne pas parler des gilets jaunes ? », sur Libération (Checknews), (consulté le ) : « Plus récemment, en 2013, le Guardian avait reçu une DA-Notice au moment de la publication des révélations d’Edward Snowden. Ce qui n’avait pas empêché le quotidien anglais de publier quantité d’articles, dont certains portant spécifiquement sur l’ampleur des renseignements collectés par les services secrets britanniques. ».
  35. « Les révélations d'Edward Snowden récompensées par un prix Pulitzer », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  36. Patrick Greenfield, « Guardian and Observer journalists win nine awards at Press Awards », sur The Guardian,
  37. « Guardian wins at Football Supporters’ Federation Awards », sur The Guardian,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Collaborateur du Guardian.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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