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Le '''Bărăgan''' est une plaine du sud-est de la [[Roumanie]], qui fait partie de la plaine alluviale du bas-[[Danube]].
Le '''Bărăgan''' est une plaine du sud-est de la [[Roumanie]], partie de la plaine alluviale du bas-[[Danube]] et de la [[steppe pontique]] et les [[champs sauvages]].
[[Fichier:Baragan.jpg|thumb|La plaine du Bărăgan (en grisé, les principaux dépôts éoliens de lœss).]]
[[Fichier:Baragan.jpg|thumb|La plaine du Bărăgan (en grisé, les principaux dépôts éoliens de lœss).]]
[[Fichier:Gulag Bărăgan.png|thumb|Le Bărăgan comme {{citation|Sibérie roumaine}} entre 1948 et 1989 selon Victor Frunză<ref>{{ouvrage|auteur=Victor Frunză|lang=ro|titre=Istoria comunismului în România|édition=EVF|lieu= Bucarest|année= 1999|ISBN=973 9120 05 9}}</ref>.]]
[[Fichier:RomanianHighway1.JPG|thumb|Dans le Bărăgan, le [[pastoralisme]] traditionnel ne cède pas facilement la place à la circulation automobile (ici à Feteşti en [[2006]]).]]
[[Fichier:RomanianHighway1.JPG|thumb|Dans le Bărăgan, le [[pastoralisme]] traditionnel ne cède pas facilement la place à la circulation automobile (ici à [[Fetești]] en [[2006]]).]]


== Géographie ==
== Géographie ==
La plaine du Bărăgan s'étend de part et d'autres de la [[Ialomița (rivière)|Ialomița]], affluent du Danube, sur les [[județ]]e de [[județ de Călărași|Călărași]], [[județ de Ialomița|Ialomița]] et de [[județ de Brăila|Brăila]]. Les sols de surface sont constitués par d'épaisses couches de [[lœss]] datant du [[pléistocène]], creusées par les affluents du Danube qui y ont approfondi et élargi leurs lits lors de la déglaciation post-[[Glaciation de Würm|würmienne]], entaillant jusqu'aux sédiments alternés fluviaux, lacustres, lagunaires et marins du [[pliocène]] situés en-dessous.
La plaine du Bărăgan s'étend de part et d'autre de la [[Ialomița (rivière)|Ialomița]], affluent du Danube, sur les [[județ]]e de [[județ de Călărași|Călărași]], [[județ de Ialomița|Ialomița]] et de [[județ de Brăila|Brăila]]. Les sols de surface sont constitués par d'épaisses couches de [[lœss]] datant du [[Pléistocène]], creusées par les affluents du Danube qui y ont approfondi et élargi leurs lits lors de la déglaciation post-[[Glaciation de Würm|würmienne]], entaillant jusqu'aux [[Paratéthys|sédiments alternés fluviaux, lacustres, lagunaires et marins]] déposés de l'[[oligocène]] au [[pliocène]], situés en dessous.


== Faune et flore ==
== Faune et flore ==
Il s'agit de l'extrémité occidentale de la [[steppe pontique]], habitat privilégié des [[Otididae|outardes]], oiseaux menacés de disparition. On y cultive aussi beaucoup de céréales, ce qui a conféré à cette région le surnom de « grenier de la Roumanie ».
Il s'agit de l'extrémité occidentale de la [[steppe pontique]], habitat privilégié des [[Otididae|outardes]], oiseaux menacés de disparition. On y cultive aussi beaucoup de céréales, ce qui a conféré à cette région le surnom de {{citation|grenier de la Roumanie}}.


== Climat ==
== Climat ==


Les étés sont très chauds et secs, on y relève les températures les plus élevées de la Roumanie ({{tmp|44.5|°C}} à [[Ion Sion]]). En hiver, il y fait très froid. On y craint le [[Crivăț]], vent froid continental soufflant de l'est et provoquant des tempêtes de neige et des périodes prolongées de gel.
Les étés sont très chauds et secs, on y relève les températures les plus élevées de la Roumanie ({{tmp|44.5|°C}} à [[Râmnicelu (Brăila)|Ion Sion]]). En hiver, il y fait très froid. On y craint le [[crivăț]], vent froid continental soufflant de l'est et provoquant des tempêtes de neige et des périodes prolongées de gel.


== Histoire ==
== Histoire ==
Grenier à blé des [[Daces]] dans l'[[Antiquité]], le Bărăgan a servi de base arrière aux [[Wisigoths]] au {{s-|III}}, devenant pour mille ans un couloir de passage vers les [[Balkans]] ou vers le moyen-[[Danube]] pour différents [[Invasions barbares|peuples migrateurs]] : [[Huns]], [[Avars]], [[Slaves]], [[Bulgares]], [[Khazars]], [[Onoghour|Onogoures]], [[Alains]], [[Magyars]], [[Petchénègues]], [[Coumans]] et [[Tatars]], dont la succession transforma cette riche plaine en [[steppe]]. Ce n'est qu'au {{s-|XIV}} qu'un peuplement sédentaire, [[Roumains et roumanophones|roumain]], apparut à nouveau le long des cours d'eau du Bărăgan, en provenance du [[piémont]] des [[Carpates]], pour s'adonner à l'agriculture et à l'élevage surtout [[ovis|ovin]], sous la protection de la [[principauté de Valachie]]. Mais le peuplement resta clairsemé jusqu'au {{s-|XIX}} en raison des fréquentes incursions [[Empire ottoman|turques]] et d'une [[hydrologie]] contrastée (alternance [[sécheresse]]s/[[inondation]]s). Pendant les dictatures des [[années 1940]] et [[Années 1950|1950]], le Bărăgan a hébergé de nombreux [[Déportation|camps de déportation]] des régimes d'abord [[Ion Antonescu|fasciste]], puis [[République socialiste de Roumanie|communiste]], qui y entreprirent de grands travaux (canaux pour la navigation, digues...) avec la main-d’œuvre détenue. Une partie des intellectuels roumains d'avant-guerre a ainsi péri dans le Bărăgan, mais aussi des [[Histoire des Juifs en Roumanie|juifs entre 1940 et 1944]], de nombreux paysans réfractaires à la [[collectivisation]] entre [[1948]] et [[1958]], des ouvriers grévistes...
Grenier à blé des [[Daces]] dans l'[[Antiquité]], le Bărăgan a servi de base arrière aux [[Wisigoths]] au {{s-|III}}, devenant pour mille ans un couloir de passage vers les [[Balkans]] ou vers le moyen-[[Danube]] pour différents [[Invasions barbares|peuples migrateurs]] : [[Huns]], [[Avars]], [[Slaves]], [[Bulgares]], [[Khazars]], [[Onoghour|Onogoures]], [[Alains]], [[Magyars]], [[Petchénègues]], [[Coumans]] et [[Tatars]], dont la succession transforma cette riche plaine en [[friche]].


=== Peuplement sédentaire ===
Actuellement, une autoroute reliant [[Bucarest]] à [[Constanța]] traverse le Bărăgan, et une voie ferrée rapide est en projet ; des entreprises agro-alimentaires européennes et chinoises y ont acheté de vastes territoires pour y pratiquer une agriculture intensive<ref>{{Lien web|langue = ro|titre = Italienii fac jocurile in afacerile cu terenuri agricole|url = http://www.capital.ro/italienii-fac-jocurile-in-afacerile-cu-terenuri-agricole-14651.html|site = capital.ro|date = 27 mai 2004|consulté le = }}</ref>.

Ce n'est qu'au {{s-|XIII}} qu'un peuplement sédentaire, [[Roumains et roumanophones|roumain]], apparut à nouveau le long des cours d'eau du Bărăgan, en provenance du [[Piémont (géographie)|piémont]] des [[Carpates]], pour s'adonner à l'agriculture et à l'élevage surtout [[ovis|ovin]], sous la protection des [[Coumans]], du [[Rex Bulgarorum et Blachorum|royaume bulgaro-valaque]] puis de la [[principauté de Valachie]]. Mais le peuplement resta clairsemé jusqu'au {{s-|XIX}} en raison des fréquentes incursions des [[akindji]]s [[Empire ottoman|ottomans]] et d'une [[hydrologie]] contrastée (alternance [[sécheresse]]s/[[inondation]]s).

=== Lieu de déportation et de relégation ===
Pendant la [[Roumanie dans la Première Guerre mondiale|première guerre mondiale]], l'[[Deutsches Heer|armée allemande]] [[Front roumain (1916-1918)|occupa la Roumanie]] et implanta dans le Bărăgan des camps de prisonniers français (tandis que les prisonniers roumains étaient détenus en [[Alsace]]<ref>Jean Nouzille : ''Le calvaire des prisonniers de guerre roumains en Alsace-Lorraine: 1917-1918'', Éd. militaires, 1991</ref>) : les conditions de détention y étaient très dures et il y eut des révoltes<ref>{{ro}} ''Observatorul militar'' {{n°|38}} (26 septembre - 2 octobre 2007) ''Cultul eroilor'', {{p.}}19 [http://www.presamil.ro/OM/2007/38/19.pdf lire en ligne]</ref>.

Les dictatures des [[années 1940]] et [[Années 1950|1950]] érigèrent aussi des {{Lien|fr= camps de travail forcé du Bărăgan|lang=ro|trad = Deportările în Bărăgan}}, où furent [[Déportation|déportés]] et détenus les opposants des régimes d'abord [[Ion Antonescu|fasciste]], puis [[Régime communiste de Roumanie|communiste]], afin d'entreprendre de grands travaux (canaux pour la navigation, digues...) avec la main-d’œuvre détenue. Une partie des intellectuels roumains d'avant-guerre a ainsi péri dans le Bărăgan, mais aussi, entre 1940 et 1944, des [[Résistance en Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale|maquisards capturés]] et des [[Shoah en Roumanie|Juifs]], puis de 1945 à 1989 des [[Résistance anticommuniste roumaine|résistants contre le totalitarisme]], des [[Lipovènes]], des paysans réfractaires à la [[collectivisation]] ou des ouvriers grévistes<ref>{{ouvrage |langue=ro |auteur1=Victor Frunză |titre=Istoria comunismului în România |traduction titre=L'histoire du communisme en Roumanie |éditeur=EVF |lieu=Bucarest |année=1999 |passage=326-329 |lire en ligne=https://www.scribd.com/doc/167289662/Istoria-Comunismului-in-Romania-Victor-Frunza |isbn=973-91200-5-9 |id=VictorFrunzaIstoriaComunismului}}</ref>.

=== Développement agro-alimentaire ===

Actuellement, une autoroute reliant [[Bucarest]] à [[Constanța]] traverse le Bărăgan, et une [[Chemins de fer roumains|voie ferrée rapide]] est en projet ; des entreprises agro-alimentaires européennes et chinoises y ont acheté de vastes territoires pour y pratiquer une agriculture intensive et sans restrictions concernant l'usage du [[glyphosate]] ou des [[Organisme génétiquement modifié|OGM]]<ref>{{Lien web|langue = ro|titre = Italienii fac jocurile in afacerile cu terenuri agricole|url = http://www.capital.ro/italienii-fac-jocurile-in-afacerile-cu-terenuri-agricole-14651.html|site = capital.ro|date = 27 mai 2004|consulté le = }}.</ref>.


== Littérature et cinéma ==
== Littérature et cinéma ==
L’écrivain [[Panaït Istrati]] publie en [[1928 en littérature|1928]] un roman intitulé ''[[Les Chardons du Baragan (roman)|Les Chardons du Baragan]]'' (''Ciulinii Bărăganului'') qui relate la pauvreté, les espoirs et l'[[exode rural]] (en suivant les [[chardon]]s séchés portés par le vent) des habitants au début du {{XXe siècle}}. Sous le même titre : ''[[Les Chardons du Baragan]]'', le roman est devenu un film franco-roumain conforme au [[Parti communiste roumain|point de vue communiste]], réalisé par [[Louis Daquin]] et [[Gheorghe Vitanidis]] en [[1958 au cinéma|1958]] et qui eut un certain succès en France<ref>Le film ''Les Chardons du Baragan'' a fait partie de la sélection officielle du [[Festival de Cannes 1958]], représentant la [[République socialiste de Roumanie|République populaire roumaine]]. À la suite du visionnage de ce film, dans un débat télévisé en 1972 (époque où le régime de [[Nicolae Ceaușescu]], qui avait soutenu le « [[Printemps de Prague]] », apparaissait dans les média français comme un [[communisme]] indépendant du [[bloc de l'Est]] et plutôt sympathique), [[François Mitterrand]], alors en plein processus de constitution du « [[Programme commun]] » avec les [[Parti communiste français|communistes français]], déclara que dans la Roumanie d'avant le communisme, « ''les boyards s'amusaient à tirer sur les paysans comme sur du gibier'' », ce qui déclencha les protestations, passées largement inaperçues, de l'historien {{Lien|fr=Emil Turdeanu|lang=ro|trad=Emil Turdeanu|texte=Emil Turdeanu}} (exilé en France, professeur à la Sorbonne) et du dissident [[Virgil Ierunca]] (autre exilé travaillant à l'[[Office de radiodiffusion-télévision française|ORTF]])</ref> alors même que le Bărăgan était le principal lieu de [[déportation]] de [[Prisonnier politique|prisonniers politiques]] de la [[République socialiste de Roumanie|dictature communiste roumaine]], avec une mortalité élevée en raison des conditions de détention et du climat<ref>Virgil Ierunca, ''Au contraire'', éd. Humanitas, Bucarest, 1994</ref>{{,}}<ref>Nicolae Florescu, ''Emil Turdeanu et le respect de la vérité'', in „Jurnalul literar” {{n°|11}}, 2000.</ref>.
L’écrivain [[Panaït Istrati]] publie en [[1928 en littérature|1928]] un roman intitulé ''[[Les Chardons du Baragan (roman)|Les Chardons du Baragan]]'' (''Ciulinii Bărăganului'') qui relate la pauvreté, les espoirs et l'[[exode rural]] (en suivant les [[chardon]]s séchés portés par le vent) des habitants au début du {{XXe siècle}}. Sous le même titre : ''[[Les Chardons du Baragan]]'', le roman est devenu un film franco-roumain conforme à la [[Parti communiste roumain|propagande communiste]], réalisé par [[Louis Daquin]] et [[Gheorghe Vitanidis]] en [[1958 au cinéma|1958]] et qui eut un certain succès en France, alors même que le Bărăgan était le principal lieu de [[déportation]] de [[Prisonnier politique|prisonniers politiques]] de la [[Régime communiste de Roumanie|dictature communiste roumaine]], avec une mortalité élevée en raison des conditions de détention et du climat<ref>Le film ''Les Chardons du Baragan'' a fait partie de la sélection officielle du [[Festival de Cannes 1958]], représentant la [[République populaire roumaine]]. À la suite du visionnage de ce film, dans un débat télévisé en 1972 (époque où le régime de [[Nicolae Ceaușescu]], qui avait soutenu le [[Printemps de Prague]], apparaissait dans les médias français comme un [[communisme]] indépendant du [[bloc de l'Est]] et plutôt sympathique), [[François Mitterrand]], alors en plein processus de constitution du [[Programme commun]] avec le [[Parti communiste français]], déclara que dans la Roumanie d'avant le communisme, {{citation|les boyards s'amusaient à tirer sur les paysans comme sur du gibier}}, ce qui déclencha les protestations, passées largement inaperçues, de l'historien {{Lien|fr=Emil Turdeanu|lang=ro|trad=Emil Turdeanu|texte=Emil Turdeanu}} (exilé en France, professeur à la Sorbonne) et du dissident [[Virgil Ierunca]] (autre exilé travaillant à l'[[Office de radiodiffusion-télévision française|ORTF]]) selon Virgil Ierunca, ''Au contraire'', éd. Humanitas, Bucarest, 1994 et Nicolae Florescu, ''Emil Turdeanu et le respect de la vérité'', in „Jurnalul literar” {{n°|11}}, 2000.</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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Le Bărăgan est une plaine du sud-est de la Roumanie, partie de la plaine alluviale du bas-Danube et de la steppe pontique et les champs sauvages.

La plaine du Bărăgan (en grisé, les principaux dépôts éoliens de lœss).
Le Bărăgan comme « Sibérie roumaine » entre 1948 et 1989 selon Victor Frunză[1].
Dans le Bărăgan, le pastoralisme traditionnel ne cède pas facilement la place à la circulation automobile (ici à Fetești en 2006).

Géographie[modifier | modifier le code]

La plaine du Bărăgan s'étend de part et d'autre de la Ialomița, affluent du Danube, sur les județe de Călărași, Ialomița et de Brăila. Les sols de surface sont constitués par d'épaisses couches de lœss datant du Pléistocène, creusées par les affluents du Danube qui y ont approfondi et élargi leurs lits lors de la déglaciation post-würmienne, entaillant jusqu'aux sédiments alternés fluviaux, lacustres, lagunaires et marins déposés de l'oligocène au pliocène, situés en dessous.

Faune et flore[modifier | modifier le code]

Il s'agit de l'extrémité occidentale de la steppe pontique, habitat privilégié des outardes, oiseaux menacés de disparition. On y cultive aussi beaucoup de céréales, ce qui a conféré à cette région le surnom de « grenier de la Roumanie ».

Climat[modifier | modifier le code]

Les étés sont très chauds et secs, on y relève les températures les plus élevées de la Roumanie (44,5 °C à Ion Sion). En hiver, il y fait très froid. On y craint le crivăț, vent froid continental soufflant de l'est et provoquant des tempêtes de neige et des périodes prolongées de gel.

Histoire[modifier | modifier le code]

Grenier à blé des Daces dans l'Antiquité, le Bărăgan a servi de base arrière aux Wisigoths au IIIe siècle, devenant pour mille ans un couloir de passage vers les Balkans ou vers le moyen-Danube pour différents peuples migrateurs : Huns, Avars, Slaves, Bulgares, Khazars, Onogoures, Alains, Magyars, Petchénègues, Coumans et Tatars, dont la succession transforma cette riche plaine en friche.

Peuplement sédentaire[modifier | modifier le code]

Ce n'est qu'au XIIIe siècle qu'un peuplement sédentaire, roumain, apparut à nouveau le long des cours d'eau du Bărăgan, en provenance du piémont des Carpates, pour s'adonner à l'agriculture et à l'élevage surtout ovin, sous la protection des Coumans, du royaume bulgaro-valaque puis de la principauté de Valachie. Mais le peuplement resta clairsemé jusqu'au XIXe siècle en raison des fréquentes incursions des akindjis ottomans et d'une hydrologie contrastée (alternance sécheresses/inondations).

Lieu de déportation et de relégation[modifier | modifier le code]

Pendant la première guerre mondiale, l'armée allemande occupa la Roumanie et implanta dans le Bărăgan des camps de prisonniers français (tandis que les prisonniers roumains étaient détenus en Alsace[2]) : les conditions de détention y étaient très dures et il y eut des révoltes[3].

Les dictatures des années 1940 et 1950 érigèrent aussi des camps de travail forcé du Bărăgan (ro), où furent déportés et détenus les opposants des régimes d'abord fasciste, puis communiste, afin d'entreprendre de grands travaux (canaux pour la navigation, digues...) avec la main-d’œuvre détenue. Une partie des intellectuels roumains d'avant-guerre a ainsi péri dans le Bărăgan, mais aussi, entre 1940 et 1944, des maquisards capturés et des Juifs, puis de 1945 à 1989 des résistants contre le totalitarisme, des Lipovènes, des paysans réfractaires à la collectivisation ou des ouvriers grévistes[4].

Développement agro-alimentaire[modifier | modifier le code]

Actuellement, une autoroute reliant Bucarest à Constanța traverse le Bărăgan, et une voie ferrée rapide est en projet ; des entreprises agro-alimentaires européennes et chinoises y ont acheté de vastes territoires pour y pratiquer une agriculture intensive et sans restrictions concernant l'usage du glyphosate ou des OGM[5].

Littérature et cinéma[modifier | modifier le code]

L’écrivain Panaït Istrati publie en 1928 un roman intitulé Les Chardons du Baragan (Ciulinii Bărăganului) qui relate la pauvreté, les espoirs et l'exode rural (en suivant les chardons séchés portés par le vent) des habitants au début du XXe siècle. Sous le même titre : Les Chardons du Baragan, le roman est devenu un film franco-roumain conforme à la propagande communiste, réalisé par Louis Daquin et Gheorghe Vitanidis en 1958 et qui eut un certain succès en France, alors même que le Bărăgan était le principal lieu de déportation de prisonniers politiques de la dictature communiste roumaine, avec une mortalité élevée en raison des conditions de détention et du climat[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (ro) Victor Frunză, Istoria comunismului în România, Bucarest, EVF, (ISBN 973 9120 05 9)
  2. Jean Nouzille : Le calvaire des prisonniers de guerre roumains en Alsace-Lorraine: 1917-1918, Éd. militaires, 1991
  3. (ro) Observatorul militar no 38 (26 septembre - 2 octobre 2007) Cultul eroilor, p. 19 lire en ligne
  4. (ro) Victor Frunză, Istoria comunismului în România [« L'histoire du communisme en Roumanie »], Bucarest, EVF, (ISBN 973-91200-5-9, lire en ligne), p. 326-329
  5. (ro) « Italienii fac jocurile in afacerile cu terenuri agricole », sur capital.ro, .
  6. Le film Les Chardons du Baragan a fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes 1958, représentant la République populaire roumaine. À la suite du visionnage de ce film, dans un débat télévisé en 1972 (époque où le régime de Nicolae Ceaușescu, qui avait soutenu le Printemps de Prague, apparaissait dans les médias français comme un communisme indépendant du bloc de l'Est et plutôt sympathique), François Mitterrand, alors en plein processus de constitution du Programme commun avec le Parti communiste français, déclara que dans la Roumanie d'avant le communisme, « les boyards s'amusaient à tirer sur les paysans comme sur du gibier », ce qui déclencha les protestations, passées largement inaperçues, de l'historien Emil Turdeanu (ro) (exilé en France, professeur à la Sorbonne) et du dissident Virgil Ierunca (autre exilé travaillant à l'ORTF) selon Virgil Ierunca, Au contraire, éd. Humanitas, Bucarest, 1994 et Nicolae Florescu, Emil Turdeanu et le respect de la vérité, in „Jurnalul literar” no 11, 2000.