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{{Infobox Personnalité politique
{{Infobox Biographie2
| charte = Chef de gouvernement
| charte = homme politique
| nom = Abdul Karim Qasim
| nom = Abdel Karim Kassem
| image = Qasim in uniform.png
| image = Abd al-Karim Qasim.png
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| légende = Abdel Karim Kassem en 1958
| fonction1 = [[Premiers ministres d'Irak|Premier ministre irakien]]
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| nom de naissance = Abdul Karim Qasim
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| lieu de naissance = [[Bagdad]] ([[Empire ottoman]])
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| nationalité = [[Irak]]ienne
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}}


'''Abdul Karim Qasim''' (en {{lang-ar|عبد الكريم قاسم}}) aussi appelé '''général Kasem''', en [[1914]] à [[Bagdad]], mort le [[9 février]] [[1963]], est [[Premiers ministres d'Irak|Premier ministre]] de l'[[Irak]] à la fin des [[années 1950]] et au début des [[années 1960]].
'''Abdel Karim Kassem''' (en {{lang-ar|عبد الكريم قاسم}}), le {{date|21 novembre 1914}} à [[Bagdad]] et mort le {{date|9 février 1963}} dans cette même ville, est un [[général]] et un [[homme d'État]] nationaliste [[irak]]ien. Il est [[Premiers ministres d'Irak|Premier ministre]] du {{date-|14 juillet 1958}} jusqu'à la [[Coup d'État de février 1963 en Irak|révolution de Ramadan]] le {{date-|8 février 1963}}, il est assassiné par une coalition de militaires [[Baasisme|baasistes]] et [[Nassérisme|nasséristes]].


== Jeunesse et carrière dans l'armée ==
== Biographie ==
=== Jeunesse et carrière dans l'armée ===
Le père d'Abdel-Karim, Kassem Mohammed Bakr Al-Fadhli Al-Zubaidi était un agriculteur du sud de [[Bagdad]]<ref>{{cite book |last=Yapp |first=Malcolm |date=17 October 2014 |title=The Near East Since the First World War: A History to 1995 |url=https://books.google.com/?id=bJHZBAAAQBAJ&pg=PA83&dq=Abd+al-Karim+Qasim+1914#v=onepage&q&f=false |location= |publisher=[[Routledge]] |page=84 |isbn=978-1-317-89054-6 |author-link= }}</ref> et un musulman sunnite irakien mort pendant la [[Première guerre mondiale]]<ref>{{cite web|url=http://www.country-data.com/cgi-bin/query/r-6577.html|title=Iraq - REPUBLICAN IRAQ|website=www.country-data.com}}</ref>, après la naissance de son fils. La mère de Kassem, Kayfia Hassan Yakoub Al-Sakini était une musulmane [[chiite]] de Bagdad
Le père d'Abdel Karim, Kassem Mohammed Bakr Al-Fadhli Al-Zubaidi était un agriculteur du sud de Bagdad<ref>{{ouvrage|nom=Yapp |prénom=Malcolm |date=17 octobre 2014 |titre=The Near East Since the First World War: A History to 1995 |url=https://books.google.com/?id=bJHZBAAAQBAJ&pg=PA83&dq=Abd+al-Karim+Qasim+1914#v=onepage&q&f=false |lieu= |éditeur=[[Routledge]] |page=84 |isbn=978-1-317-89054-6 |lien auteur= }}</ref> et un musulman sunnite irakien mort pendant la [[Première Guerre mondiale]]<ref>{{lien web|url=http://www.country-data.com/cgi-bin/query/r-6577.html|titre=Iraq - REPUBLICAN IRAQ|website=www.country-data.com}}</ref>, après la naissance de son fils. La mère de Kassem, Kayfia Hassan Yakoub Al-Sakini était une kurde [[Feylién|feylienne]] musulmane [[chiite]] de Bagdad.


Quand Kassem eut six ans, sa famille s'installa à Suwayra, une petite ville proche du Tigre, puis à Bagdad en 1926. Qasim était un excellent élève et entra dans une école secondaire grâce à une bourse du gouvernement. Après l'obtention de son diplôme en 1931, il fréquente l'école primaire Shamiyya. Ecole du 22 octobre au 3 septembre 1932, date de son admission au collège militaire. En 1934, il obtint son diplôme de sous-lieutenant. Kassem fréquente ensuite le collège al-Arkan (Irakian Staff) et obtient son diplôme avec mention (grade A) en décembre 1941. En 1951, il suit un cours d'officier supérieur à Devizes, dans le Wiltshire. Kassem a été surnommé "le charmeur de serpents" par ses camarades de classe à Devizes en raison de son don de les convaincre de prendre des mesures improbables lors d'exercices militaires<ref>{{cite news|title=The Dissembler|url=http://content.time.com/time/magazine/article/0,9171,810960,00.html|work=[[Time (magazine)|Time]]|date=April 13, 1959}}</ref>.
Quand Kassem est âgé de six ans, sa famille s'installe à Suwayra, une petite ville proche du Tigre, puis à Bagdad en 1926. Kassem est un bon élève et entre dans une école secondaire grâce à une bourse du gouvernement. Après l'obtention de son diplôme en 1931, il fréquente l'école Shamiyya jusqu'à son admission en {{date|septembre 1932}} au collège militaire. En 1934, il obtint son diplôme de sous-lieutenant. Kassem fréquente ensuite le collège al-Arkan de l'état-major et obtient son diplôme avec mention (grade A) en {{date|décembre 1941}}. En 1951, il suit un cours d'officier supérieur à [[Devizes]], dans le [[Wiltshire]], ses camarades de classe le surnomment « le charmeur de serpents » en raison de son don de les convaincre de prendre des mesures improbables lors d'exercices militaires<ref>{{article|titre=The Dissembler|url=http://content.time.com/time/magazine/article/0,9171,810960,00.html|périodique=[[Time (magazine)|Time]]|date=13 avril 1959}}</ref>.


Militairement, il a participé à la répression des troubles tribaux dans la région du Moyen Euphrate en 1935, pendant la [[Guerre anglo-irakienne]] en mai 1941 et la guerre au Kurdistan en 1945. Kassem a également servi pendant la guerre de Palestine de [[mai 1948]] à [[juin 1949]]. Vers la fin de la mission, il commandait un bataillon de la première brigade, situé dans la région de [[Kafr Qassem]], au sud de [[Qilqilya]]. En 1956-1957, il a servi avec sa brigade à [[Mafraq]] en [[Jordanie]] au lendemain de la crise de Suez. En 1957, Kassem avait assumé la direction de plusieurs groupes d’opposition constitués au sein de l’armée<ref>{{cite book|last=Tucker|first=Spencer C.|title=Persian Gulf War Encyclopedia: A Political, Social, and Military History|url=https://books.google.com/?id=-oaMBAAAQBAJ&pg=PA355&lpg=PA355&dq=Al+Arkan+College#v=onepage&q=Al%20Arkan%20College&f=false|publisher=[[ABC-CLIO]]|date=2014|page=355|isbn=978-1-61069-415-5}}.</ref>.
En tant que militaire, il participe à la répression des troubles tribaux dans la région du Moyen Euphrate en 1935, pendant la [[guerre anglo-irakienne]] en {{date|mai 1941}} et la guerre au Kurdistan en 1945. Kassem sert également durant la [[Guerre israélo-arabe de 1948-1949|première guerre israélo-arabe]] de mai 1948 à juin 1949. Vers la fin de la mission, il commande un bataillon de la première brigade, situé dans la région de [[Kafr Qasim]], au sud de [[Qalqilya]]. En 1956-1957, il est en poste avec sa brigade à [[Mafraq]] en [[Jordanie]] au lendemain de la crise de Suez. En 1957, Kassem assume la direction de plusieurs groupes d’opposition constitués au sein de l'armée<ref>{{ouvrage|nom=Tucker|prénom=Spencer C.|titre=Persian Gulf War Encyclopedia: A Political, Social, and Military History|url=https://books.google.com/?id=-oaMBAAAQBAJ&pg=PA355&lpg=PA355&dq=Al+Arkan+College#v=onepage&q=Al%20Arkan%20College&f=false|éditeur=[[ABC-CLIO]]|date=2014|page=355|isbn=978-1-61069-415-5}}.</ref>.


== Révolution du 14 Juillet ==
=== Coup d'État du 14 juillet 1958 ===


Le 14 juillet 1958, Kassem et ses partisans ont utilisé les mouvements de troupes planifiés par le gouvernement comme une occasion de s'emparer du contrôle militaire de [[Bagdad]] et de renverser la monarchie. Cela a entraîné l'assassinat de plusieurs membres de la famille royale et de leurs proches collaborateurs, dont [[Nouri Saïd]].
Le {{date-|14 juillet 1958}}, Kassem et ses partisans mobilisent des troupes de l'armée irakienne pour déclencher le coup d'État, prendre d'assaut le palais royal à Bagdad et renverser ainsi la monarchie hachémite.


Le coup d'Etat a été discuté et planifié par le [[Mouvement des officiers libres]] et des civils, mais a été exécuté principalement par Kassem et le colonel [[Abdel Salam Aref]]. Cela a été déclenché lorsque le roi Hussein de Jordanie, craignant qu'une révolte anti-occidentale au Liban se propage en Jordanie, a demandé l'aide de l'Irak. Au lieu de se diriger vers la Jordanie, toutefois, le colonel Aref a dirigé un bataillon à [[Bagdad]] et a immédiatement proclamé une nouvelle république et la fin de l'ancien régime. Placée dans son contexte historique, la révolution du 14 juillet était le point culminant d'une série de soulèvements et de tentatives de coup d'État qui ont commencé avec le coup d'État de 1936 Bakr Sidqi et comprenaient le mouvement militaire [[Rachid Ali al-Gillani]] de 1941, le soulèvement de Wathbah de 1948 et les manifestations de 1952 et 1956. La révolution du 14 juillet ne rencontra pratiquement aucune opposition.
Le coup d'État est planifié par le [[Mouvement des officiers libres]] et des civils, mais est exécuté principalement par Kassem et le colonel [[Abdel Salam Aref]]. Il est déclenché lorsque le roi [[Hussein (roi de Jordanie)|Hussein de Jordanie]], craignant qu'une révolte anti-occidentale au Liban se propage dans son pays, demande l'aide de l'Irak. Au lieu de se diriger vers la Jordanie, le colonel Aref positionne son bataillon à Bagdad et proclame immédiatement la fin de l'ancien régime et l'instauration d'une république. Placée dans son contexte historique, le putsch du {{date-|14 juillet}} est le point culminant d'une série de soulèvements et de tentatives de coup d'État qui ont commencé avec la tentative de 1936 de Bakr Sidqi, le [[Coup d'État de 1941 en Irak|coup d'État]] de [[Rachid Ali al-Gillani]] de 1941, le soulèvement de Wathbah de 1948 et les manifestations de 1952 et 1956. Les événements du 14 juillet 1958 s'inscrivent aussi dans le sillage du mouvement panarabiste prônée par le colonel [[Gamal Abdel Nasser|Nasser]] encourageant la destitution des monarchies accusées d'être inféodées a l'impérialisme occidental. C'est ainsi que le soulèvement militaire du {{date-|14 juillet}} ne rencontre pratiquement aucune opposition.


Le prince Abdul Ilah ne voulait aucune résistance contre les forces qui assiégeaient le palais royal de Rihab, dans l'espoir d'obtenir l'autorisation de quitter le pays. Le commandant du bataillon de la Garde royale en service, le colonel Taha Bamirni, a ordonné aux gardes du palais de cesser les tirs.
Le prince [[Abdelilah ben Ali el-Hachemi|Abdelilah]] ne veut aucune résistance contre les forces qui assiègent le palais royal de Rihab, dans l'espoir d'obtenir l'autorisation de quitter le pays. Le commandant du bataillon de la Garde royale en service, le colonel Taha Bamirni, ordonne aux gardes du palais de cesser les tirs.


Le 14 juillet 1958, la famille royale, y compris le roi [[Faysal II]]; le prince [[Abdullah]]; La princesse Hiyam, épouse d'Abdullah; La princesse Nafisah, la mère d'[[Abdullah]], la princesse Abadiyah, la tante du roi et plusieurs serviteurs ont été attaqués alors qu'ils quittaient le palais. Quand ils arrivèrent tous dans la cour, on leur dit de se tourner vers le mur du palais. Tous ont ensuite été abattus par le capitaine Abdus Sattar As Sab, membre du coup d’État dirigé par le brigadier Abdel-Karim Kassem<ref>T. Abdullah, A Short History of Iraq: 636 to the present, Pearson Education, Harlow, UK,(2003)</ref>.
La famille royale, dont le roi [[Fayçal II]], le prince Abdelilah, la princesse Hiyam (épouse d'Abdelilah), la princesse Nafisah (mère d'Abdelilah), la princesse Abadiyah (tante du roi), et plusieurs serviteurs sont capturés alors qu'ils quittent le palais. Quand ils arrivent tous dans la cour, on leur dit de se tourner vers le mur. Tous sont ensuite abattus par le capitaine Abdus Sattar As Sab<ref name=short/>.


Le roi [[Faysal II]] et la princesse Hiyam ont été blessés. Le roi est décédé plus tard avant d'arriver à l'hôpital. La princesse Hiyam n’a pas été reconnue à l’hôpital et a réussi à se faire soigner. Plus tard, elle est partie en [[Arabie Saoudite]] où vivait sa famille. Elle a finalement déménagé en [[Égypte]] et y a vécu jusqu'à sa mort.
Le roi Fayçal et la princesse Hiyam sont blessés. Le roi meurt plus tard avant d'arriver à l'hôpital. La princesse Hiyam n'est pas reconnue à l'hôpital et réussit à se faire soigner. Plus tard, elle part en [[Arabie saoudite]] où vit sa famille. Elle s'installe finalement en [[Égypte]] elle vit jusqu'à sa mort{{référence nécessaire}}.


À la suite du coup d'État, la nouvelle [[République]] irakienne est dirigée par un [[Conseil révolutionnaire]]<ref name=short>{{Ouvrage |langue=en |auteur1= T. Abdullah|titre=A Short History of Iraq: 636 to the present |sous-titre= |éditeur=Pearson Education |collection= |lieu=Harlow |année=2003 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>. À sa tête se trouve un conseil de souveraineté composé de trois membres, représentant chacun une des communautés du pays, [[Mohammed Mahdi Kubbah]] représentant les [[chiite]]s, [[Khalid al-Naqshabandi]] les [[Kurdes]] et [[Muhammad Najib el-Roubai]], la population [[sunnite]]<ref name=marr158>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Phebe Marr |titre=The Modern History of Iraq |sous-titre= |éditeur= Westview Press|collection= |lieu= |année= 2004|volume= |tome= |pages totales= |passage= p.158 |isbn= 9780813336152 |lire en ligne= https://archive.org/details/modernhistoryofi00marr }}. </ref>. Ce dernier prend la présidence du pays mais son pouvoir est limité.
À la suite du [[coup d'État]] réussi, la nouvelle [[République]] irakienne était dirigée par un [[Conseil révolutionnaire]]<ref>T. Abdullah, A Short History of Iraq: 636 to the present, Pearson Education, Harlow, UK,(2003)</ref>.


Kassem assume lui les fonctions de [[Premier ministre]] et de [[ministre de la Défense]], tandis que le colonel Aref est choisi comme [[vice-Premier ministre]] et [[Ministère de l'Intérieur (Irak)|ministre de l'Intérieur]]. Il dirige le gouvernement, composé d’un large éventail de mouvements politiques irakiens parmi lesquels deux représentants du Parti national-démocrate, un membre d'[[Al-Istiqlal]], un représentant du [[Baas]] et un [[marxiste]]. Le cabinet est alors la plus haute autorité en Irak, doté à la fois de pouvoirs exécutif et législatif.
À sa tête se trouvait un conseil de souveraineté composé de trois membres, composé de membres des trois principaux groupes ethniques/communautaires irakiens. [[Mohammed Mahdi Kubbah]] représentant la population [[chiite]]; [[Khalid al-Naqshabandi]] les [[Kurdes]]; et Najib al Rubay’i, la population [[sunnite]]<ref>Marr (2004), p. 158</ref>.


Le {{date-|26 juillet 1958-}} suivant, une constitution provisoire est adoptée. Selon le document, l'Irak est une [[république]] et fait partie de la nation arabe, tandis que l'Islam est [[religion d'État]]. Le Conseil des ministres est investi des pouvoirs législatifs, avec l'approbation du Conseil de souveraineté, tandis que la fonction exécutive est également conférée au Conseil des ministres<ref name=marr158/>. La constitution proclame l'égalité de tous les citoyens irakiens devant la loi et bénéficient de toutes les libertés démocratiques sans distinction de [[race]], de [[langue]] ou de [[religion]]. Le gouvernement libère les prisonniers politiques et accorde l'amnistie aux Kurdes qui ont participé aux soulèvements de 1943 à 1945. Les Kurdes exilés peuvent rentrer chez eux et sont accueillis par le nouveau régime.
Cette tripartite devait assumer le rôle de la présidence. Un cabinet a été créé, composé d’un large éventail de mouvements politiques irakiens: deux représentants du parti national-démocrate, un membre d’[[Al-Istiqlal]], un représentant du [[Baas]] et un [[marxiste]].


=== Premier ministre de la République ===
Après avoir pris le pouvoir, Kassem a assumé les fonctions de [[Premier ministre]] et de [[ministre de la Défense]], tandis que le colonel Aref a été choisi comme [[vice-Premier ministre]] et [[ministre de l'Intérieur]]. Ils sont devenus la plus haute autorité en [[Irak]], dotée à la fois de pouvoirs exécutif et législatif. [[Mohammad Najib ar-Ruba'i]] est devenu président du Conseil de la souveraineté (chef de l'État), mais son pouvoir était très limité.
{{Article détaillé|République d'Irak (1958-1968)}}


Le nouveau gouvernement bénéficie du soutien des exilés kurdes (dont il avait permis le retour) et du [[Parti communiste irakien|Parti communiste]]. Nombre de réformes sont adoptées dans les semaines qui suivent : réforme agraire, aides aux familles pauvres, plans urbains, etc<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|auteur1=|nom1=Rey|prénom1=Matthieu|titre=1958. Quand l'Irak découvrait l'espérance révolutionnaire|url=https://orientxxi.info/magazine/1958-quand-l-irak-decouvrait-l-esperance-revolutionnaire,2550|site=Orient XXI|périodique=|date=2018-07-13|consulté le=}}</ref>. C’est aussi un renouveau culturel avec la multiplication des œuvres. Le poète Mohamed Mahdi Al-Jawahiri se fait le chantre du nouveau régime<ref name=":0" />.
Le 26 juillet 1958, la Constitution provisoire est adoptée dans l'attente d'une loi permanente à promulguer après un référendum libre. Selon le document, l'[[Irak]] devait être une [[république]] et une partie de la nation arabe, tandis que la religion officielle de l'État était inscrite à l'[[Islam]]. Le Conseil des ministres était investi des pouvoirs législatifs, avec l'approbation du Conseil de la souveraineté, tandis que la fonction exécutive était également conférée au Conseil des ministres<ref>Marr (2004), p. 158</ref>. La constitution proclame l'égalité de tous les citoyens irakiens dans la loi et leur accorde la liberté sans distinction de [[race]], de [[nationalité]], de [[langue]] ou de [[religion]]. Le gouvernement a libéré des prisonniers politiques et accordé l'amnistie aux Kurdes qui ont participé aux soulèvements kurdes de 1943 à 1945. Les [[Kurdes]] exilés sont rentrés chez eux et ont été accueillis par le régime [[républicain]].


Il nomme ministre [[Naziha al-Dulaimi]], qui devient ainsi la première femme ministre de l'histoire de l'Irak et du monde arabe. Elle participe à l'élaboration de la loi de 1959 sur les droits civils, qui est très en avance sur son temps dans la libéralisation des dispositions sur le mariage et l'héritage au profit des femmes irakiennes<ref>{{Article |langue=en-US |prénom1=Zahra |nom1=Ali |titre=Analysis {{!}} Women's rights are under threat in Iraq |périodique=Washington Post |date=2017-11-20 |issn=0190-8286 |lire en ligne=https://www.washingtonpost.com/news/monkey-cage/wp/2017/11/20/womens-rights-are-under-threat-in-iraq/ }}</ref>. La nouvelle loi, considérée comme la plus progressiste du Moyen-Orient, comprend également l'interdiction du mariage des fillettes et entrave la polygamie<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Rachida El |nom=Azzouzi |titre=En Irak, le corps des femmes est un champ de bataille |url=https://www.mediapart.fr/journal/international/110621/en-irak-le-corps-des-femmes-est-un-champ-de-bataille |site=Mediapart |date=2021-06-11 |consulté le=}}</ref>.
== Premier ministre de la République ==
{{Article détaillé|République irakienne (1958-1968)}}
De juillet [[1958]] à février 1963, il occupe le poste de [[Premier ministre]] et de ministre de la Défense, tandis que le colonel [[Abdel Salam Aref]] est vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur. Ils deviennent la plus haute autorité de l'[[Irak]] en disposant à la fois du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. [[Muhammad Najib ar-Ruba'i]] devient président de la souveraineté du Conseil (chef de l'État), mais son pouvoir reste très limité.


La nouvelle Constitution, adoptée en juillet 1958, reconnait des droits nationaux au peuple kurde au sein de l'État irakien et cela au même titre que les Arabes, ce qu'avait toujours refusée la monarchie. Les autorités favorisent la création d'une commission de savants kurdes pour rédiger une histoire de leur peuple destinée à être enseignée dans tous les établissements scolaires, y compris les écoles arabes. Fait unique dans les annales de l'État irakien, la construction de lycées et d'une université kurdes est entérinée par Bagdad. Enfin, un système d’autonomie administrative commença à être installé dans le Kurdistan irakien<ref name=":1">{{Article |langue= |auteur1=Eric Rouleau |titre=Ouverture à Bagdad, inquiétudes à Ankara et Téhéran |périodique=Manière de Voir |date=février 2020 |issn= |lire en ligne= |pages= }}</ref>.
Il nomme ministre [[Naziha al-Dulaimi]], la première femme de l'histoire de l'Irak et du monde arabe.


Qasim met rapidement fin au [[pacte de Bagdad]] pour se rapprocher de l'[[Union soviétique]].
Enfin en matière de politique étrangère, Kassem met rapidement fin au [[pacte de Bagdad]] pour se rapprocher de l'[[Union soviétique]].


== Tentative d'assassinat et décès ==
=== Tentative d'assassinat et décès ===


Il est victime d'un attentat manqué à la mitraillette par deux jeunes révolutionnaires anonymes devenus célèbres : le dictateur déchu [[Saddam Hussein]] et le milliardaire anglo-irakien [[Nadhmi Auchi]]. La fuite à cheval, ou à la nage, en [[Syrie]] de Saddam Hussein à la suite de cet attentat est un des éléments de la mythologie du dictateur. Dans les [[années 1980]], un film d'État irakien, ''The long days'', a retracé cet épisode. La voiture criblée de balles a été exposée dans un palais de Saddam Hussein. Nadhmi Auchi est jugé en compagnie de Saddam Hussein pour son implication dans cette tentative d'assassinat. Il reconnaît avoir hébergé les armes de cet attentat, mais nie toute implication directe dans les tirs.
Il est victime d'un attentat manqué à la mitraillette par deux jeunes révolutionnaires anonymes devenus célèbres : [[Saddam Hussein]] et le milliardaire anglo-irakien [[Nadhmi Auchi]]. La fuite à cheval, ou à la nage, en [[Syrie]] de Saddam Hussein à la suite de cet attentat est un des éléments de la mythologie du dictateur. Dans les [[années 1980]], un film d'État irakien, ''The long days'', a retracé cet épisode. La voiture criblée de balles a été exposée dans un palais de Saddam Hussein. Nadhmi Auchi est jugé en compagnie de Saddam Hussein pour son implication dans cette tentative d'assassinat. Il reconnaît avoir hébergé les armes de cet attentat, mais nie toute implication directe dans les tirs.


En 1961, las des atermoiements du pouvoir irakien, le général kurde [[Mustafa Barzani (1903-1979)|Mustafa Barzani]] prend la tête d'une rébellion visant à contraindre Bagdad à réellement appliquer les dispositions de la Constitution accordant aux Kurdes des droits nationaux égaux à ceux des Arabes. Les combats qui s'ensuivent avec l'armée irakienne fragilisent le régime<ref name=":1" />.
Le général Qasim est exécuté le 9 février 1963, après un coup d'État fomenté par le parti Baas. Son organisateur est le général Ahmed Hassan al-Bakr, déjà impliqué en 1958 dans des tentatives de complot contre Kassem<ref>{{Lien web|langue=|titre=Article "Irak"|url=https://www.lesclesdumoyenorient.com/Irak.html|site=Les clés du Moyen Orient|date=Article publié le 01/02/2010|consulté le=11 janvier 2019}}</ref>. Le maréchal [[Abdel Salam Aref]], devient par la suite président<ref>[http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Kassem/127113 Abd al-Karim Kassem], Larousse.</ref> et et le général Bakr président du Conseil. Le [[parti Baas]] prend le pouvoir pour la première fois, interdit le [[Parti communiste irakien]], pourchasse ses membres et sympathisants et les emprisonne.


Le général Kassem est exécuté le {{date-|9 février 1963}}, après un coup d'État fomenté par le [[parti Baas]]. Son organisateur est le général [[Ahmed Hassan al-Bakr]], déjà impliqué en 1958 dans des tentatives de complot contre Kassem<ref>{{Lien web|langue=|titre=Article "Irak"|url=https://www.lesclesdumoyenorient.com/Irak.html|site=Les clés du Moyen Orient|date=Article publié le 01/02/2010|consulté le=11 janvier 2019}}</ref>. Le maréchal [[Abdel Salam Aref]] devient par la suite président<ref>[http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Kassem/127113 Abd al-Karim Kassem], Larousse.</ref> et le général Bakr président du Conseil des ministres. Le Baas prend le pouvoir pour la première fois, interdit le Parti communiste, pourchasse ses membres et sympathisants et les emprisonne.
== Liens externes ==
* {{Autorité}}


== Références ==
== Références ==
{{Références}}
{{Références}}

== Article connexe ==
* [[Kassemisme]]

== Liens externes ==
{{Liens}}


{{Palette|Premiers ministres d'Irak}}
{{Palette|Premiers ministres d'Irak}}
{{Portail|Politique|Irak|années 1950|Communisme}}
{{Portail|politique|Irak|années 1950|communisme}}


{{DEFAULTSORT:Kassem, Abdul Karim}}
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[[Catégorie:Militaire irakien]]
[[Catégorie:Militaire irakien du XXe siècle]]
[[Catégorie:Premier ministre d'Irak]]
[[Catégorie:Premier ministre d'Irak]]
[[Catégorie:Ministre de la Défense ou équivalent]]
[[Catégorie:Ministre irakien de la Défense]]
[[Catégorie:Communiste irakien]]
[[Catégorie:Communiste irakien]]
[[Catégorie:Naissance en novembre 1914]]
[[Catégorie:Naissance en novembre 1914]]
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[[Catégorie:Décès en février 1963]]
[[Catégorie:Décès à 48 ans]]
[[Catégorie:Décès à 48 ans]]
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[[Catégorie:Condamné à mort exécuté en Irak]]
[[Catégorie:Condamné à mort exécuté par arme à feu]]
[[Catégorie:Condamné à mort exécuté par arme à feu]]
[[Catégorie:Décès à Bagdad]]
[[Catégorie:Décès à Bagdad]]

Dernière version du 4 mars 2024 à 14:00

Abdel Karim Kassem
Abdel Karim Kassem en 1958
Fonction
Premier ministre d'Irak
-
Ahmad Mukhtar Baban (en)
Biographie
Naissance
Décès
(à 48 ans)
Bagdad (Irak)
Nom de naissance
Abdul Karim Qasim
Nationalité
Activités
Autres informations
Religion
Parti politique
Arme
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signature d'Abdel Karim Kassem
Signature

Abdel Karim Kassem (en arabe : عبد الكريم قاسم), né le à Bagdad et mort le dans cette même ville, est un général et un homme d'État nationaliste irakien. Il est Premier ministre du jusqu'à la révolution de Ramadan le , où il est assassiné par une coalition de militaires baasistes et nasséristes.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et carrière dans l'armée[modifier | modifier le code]

Le père d'Abdel Karim, Kassem Mohammed Bakr Al-Fadhli Al-Zubaidi était un agriculteur du sud de Bagdad[1] et un musulman sunnite irakien mort pendant la Première Guerre mondiale[2], après la naissance de son fils. La mère de Kassem, Kayfia Hassan Yakoub Al-Sakini était une kurde feylienne musulmane chiite de Bagdad.

Quand Kassem est âgé de six ans, sa famille s'installe à Suwayra, une petite ville proche du Tigre, puis à Bagdad en 1926. Kassem est un bon élève et entre dans une école secondaire grâce à une bourse du gouvernement. Après l'obtention de son diplôme en 1931, il fréquente l'école Shamiyya jusqu'à son admission en au collège militaire. En 1934, il obtint son diplôme de sous-lieutenant. Kassem fréquente ensuite le collège al-Arkan de l'état-major et obtient son diplôme avec mention (grade A) en . En 1951, il suit un cours d'officier supérieur à Devizes, dans le Wiltshire, où ses camarades de classe le surnomment « le charmeur de serpents » en raison de son don de les convaincre de prendre des mesures improbables lors d'exercices militaires[3].

En tant que militaire, il participe à la répression des troubles tribaux dans la région du Moyen Euphrate en 1935, pendant la guerre anglo-irakienne en et la guerre au Kurdistan en 1945. Kassem sert également durant la première guerre israélo-arabe de mai 1948 à juin 1949. Vers la fin de la mission, il commande un bataillon de la première brigade, situé dans la région de Kafr Qasim, au sud de Qalqilya. En 1956-1957, il est en poste avec sa brigade à Mafraq en Jordanie au lendemain de la crise de Suez. En 1957, Kassem assume la direction de plusieurs groupes d’opposition constitués au sein de l'armée[4].

Coup d'État du 14 juillet 1958[modifier | modifier le code]

Le , Kassem et ses partisans mobilisent des troupes de l'armée irakienne pour déclencher le coup d'État, prendre d'assaut le palais royal à Bagdad et renverser ainsi la monarchie hachémite.

Le coup d'État est planifié par le Mouvement des officiers libres et des civils, mais est exécuté principalement par Kassem et le colonel Abdel Salam Aref. Il est déclenché lorsque le roi Hussein de Jordanie, craignant qu'une révolte anti-occidentale au Liban se propage dans son pays, demande l'aide de l'Irak. Au lieu de se diriger vers la Jordanie, le colonel Aref positionne son bataillon à Bagdad et proclame immédiatement la fin de l'ancien régime et l'instauration d'une république. Placée dans son contexte historique, le putsch du est le point culminant d'une série de soulèvements et de tentatives de coup d'État qui ont commencé avec la tentative de 1936 de Bakr Sidqi, le coup d'État de Rachid Ali al-Gillani de 1941, le soulèvement de Wathbah de 1948 et les manifestations de 1952 et 1956. Les événements du 14 juillet 1958 s'inscrivent aussi dans le sillage du mouvement panarabiste prônée par le colonel Nasser encourageant la destitution des monarchies accusées d'être inféodées a l'impérialisme occidental. C'est ainsi que le soulèvement militaire du ne rencontre pratiquement aucune opposition.

Le prince Abdelilah ne veut aucune résistance contre les forces qui assiègent le palais royal de Rihab, dans l'espoir d'obtenir l'autorisation de quitter le pays. Le commandant du bataillon de la Garde royale en service, le colonel Taha Bamirni, ordonne aux gardes du palais de cesser les tirs.

La famille royale, dont le roi Fayçal II, le prince Abdelilah, la princesse Hiyam (épouse d'Abdelilah), la princesse Nafisah (mère d'Abdelilah), la princesse Abadiyah (tante du roi), et plusieurs serviteurs sont capturés alors qu'ils quittent le palais. Quand ils arrivent tous dans la cour, on leur dit de se tourner vers le mur. Tous sont ensuite abattus par le capitaine Abdus Sattar As Sab[5].

Le roi Fayçal et la princesse Hiyam sont blessés. Le roi meurt plus tard avant d'arriver à l'hôpital. La princesse Hiyam n'est pas reconnue à l'hôpital et réussit à se faire soigner. Plus tard, elle part en Arabie saoudite où vit sa famille. Elle s'installe finalement en Égypte où elle vit jusqu'à sa mort[réf. nécessaire].

À la suite du coup d'État, la nouvelle République irakienne est dirigée par un Conseil révolutionnaire[5]. À sa tête se trouve un conseil de souveraineté composé de trois membres, représentant chacun une des communautés du pays, Mohammed Mahdi Kubbah représentant les chiites, Khalid al-Naqshabandi les Kurdes et Muhammad Najib el-Roubai, la population sunnite[6]. Ce dernier prend la présidence du pays mais son pouvoir est limité.

Kassem assume lui les fonctions de Premier ministre et de ministre de la Défense, tandis que le colonel Aref est choisi comme vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur. Il dirige le gouvernement, composé d’un large éventail de mouvements politiques irakiens parmi lesquels deux représentants du Parti national-démocrate, un membre d'Al-Istiqlal, un représentant du Baas et un marxiste. Le cabinet est alors la plus haute autorité en Irak, doté à la fois de pouvoirs exécutif et législatif.

Le suivant, une constitution provisoire est adoptée. Selon le document, l'Irak est une république et fait partie de la nation arabe, tandis que l'Islam est religion d'État. Le Conseil des ministres est investi des pouvoirs législatifs, avec l'approbation du Conseil de souveraineté, tandis que la fonction exécutive est également conférée au Conseil des ministres[6]. La constitution proclame l'égalité de tous les citoyens irakiens devant la loi et bénéficient de toutes les libertés démocratiques sans distinction de race, de langue ou de religion. Le gouvernement libère les prisonniers politiques et accorde l'amnistie aux Kurdes qui ont participé aux soulèvements de 1943 à 1945. Les Kurdes exilés peuvent rentrer chez eux et sont accueillis par le nouveau régime.

Premier ministre de la République[modifier | modifier le code]

Le nouveau gouvernement bénéficie du soutien des exilés kurdes (dont il avait permis le retour) et du Parti communiste. Nombre de réformes sont adoptées dans les semaines qui suivent : réforme agraire, aides aux familles pauvres, plans urbains, etc[7]. C’est aussi un renouveau culturel avec la multiplication des œuvres. Le poète Mohamed Mahdi Al-Jawahiri se fait le chantre du nouveau régime[7].

Il nomme ministre Naziha al-Dulaimi, qui devient ainsi la première femme ministre de l'histoire de l'Irak et du monde arabe. Elle participe à l'élaboration de la loi de 1959 sur les droits civils, qui est très en avance sur son temps dans la libéralisation des dispositions sur le mariage et l'héritage au profit des femmes irakiennes[8]. La nouvelle loi, considérée comme la plus progressiste du Moyen-Orient, comprend également l'interdiction du mariage des fillettes et entrave la polygamie[9].

La nouvelle Constitution, adoptée en juillet 1958, reconnait des droits nationaux au peuple kurde au sein de l'État irakien et cela au même titre que les Arabes, ce qu'avait toujours refusée la monarchie. Les autorités favorisent la création d'une commission de savants kurdes pour rédiger une histoire de leur peuple destinée à être enseignée dans tous les établissements scolaires, y compris les écoles arabes. Fait unique dans les annales de l'État irakien, la construction de lycées et d'une université kurdes est entérinée par Bagdad. Enfin, un système d’autonomie administrative commença à être installé dans le Kurdistan irakien[10].

Enfin en matière de politique étrangère, Kassem met rapidement fin au pacte de Bagdad pour se rapprocher de l'Union soviétique.

Tentative d'assassinat et décès[modifier | modifier le code]

Il est victime d'un attentat manqué à la mitraillette par deux jeunes révolutionnaires anonymes devenus célèbres : Saddam Hussein et le milliardaire anglo-irakien Nadhmi Auchi. La fuite à cheval, ou à la nage, en Syrie de Saddam Hussein à la suite de cet attentat est un des éléments de la mythologie du dictateur. Dans les années 1980, un film d'État irakien, The long days, a retracé cet épisode. La voiture criblée de balles a été exposée dans un palais de Saddam Hussein. Nadhmi Auchi est jugé en compagnie de Saddam Hussein pour son implication dans cette tentative d'assassinat. Il reconnaît avoir hébergé les armes de cet attentat, mais nie toute implication directe dans les tirs.

En 1961, las des atermoiements du pouvoir irakien, le général kurde Mustafa Barzani prend la tête d'une rébellion visant à contraindre Bagdad à réellement appliquer les dispositions de la Constitution accordant aux Kurdes des droits nationaux égaux à ceux des Arabes. Les combats qui s'ensuivent avec l'armée irakienne fragilisent le régime[10].

Le général Kassem est exécuté le , après un coup d'État fomenté par le parti Baas. Son organisateur est le général Ahmed Hassan al-Bakr, déjà impliqué en 1958 dans des tentatives de complot contre Kassem[11]. Le maréchal Abdel Salam Aref devient par la suite président[12] et le général Bakr président du Conseil des ministres. Le Baas prend le pouvoir pour la première fois, interdit le Parti communiste, pourchasse ses membres et sympathisants et les emprisonne.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Malcolm Yapp, The Near East Since the First World War: A History to 1995, Routledge, (ISBN 978-1-317-89054-6, lire en ligne), p. 84
  2. « Iraq - REPUBLICAN IRAQ », sur www.country-data.com
  3. « The Dissembler », Time,‎ (lire en ligne)
  4. Spencer C. Tucker, Persian Gulf War Encyclopedia: A Political, Social, and Military History, ABC-CLIO, (ISBN 978-1-61069-415-5, lire en ligne), p. 355.
  5. a et b (en) T. Abdullah, A Short History of Iraq: 636 to the present, Harlow, Pearson Education, .
  6. a et b (en) Phebe Marr, The Modern History of Iraq, Westview Press, (ISBN 9780813336152, lire en ligne), p.158.
  7. a et b Matthieu Rey, « 1958. Quand l'Irak découvrait l'espérance révolutionnaire », sur Orient XXI,
  8. (en-US) Zahra Ali, « Analysis | Women's rights are under threat in Iraq », Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne)
  9. Rachida El Azzouzi, « En Irak, le corps des femmes est un champ de bataille », sur Mediapart,
  10. a et b Eric Rouleau, « Ouverture à Bagdad, inquiétudes à Ankara et Téhéran », Manière de Voir,‎
  11. « Article "Irak" », sur Les clés du Moyen Orient, article publié le 01/02/2010 (consulté le )
  12. Abd al-Karim Kassem, Larousse.

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]