« Guerre de Shanghai » : différence entre les versions

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Les noms de '''guerre de Shanghai'''<ref>''China's Trial by Fire: The Shanghai War of 1932'', University of Michigan Press, 2001</ref>, '''bataille de Shanghai''', '''incident du 28 janvier''' (一·二八事變; dans l'historiographique [[Chine|chinoise]]), ou '''premier incident de Shanghai''' (dans l'historiographie [[Japon|japonaise]], le ''Second incident de Shanghai'' étant la [[Bataille de Shanghai (1937)|bataille de 1937]]) sont utilisés pour désigner un conflit armé ayant opposé l'[[Empire du Japon]] à la [[République de Chine (1912-1949)|République de Chine]] peu après le début de l'[[Invasion japonaise de la Mandchourie|invasion de la Mandchourie]] (1931). Ce fut l'un des préludes à la [[Guerre sino-japonaise (1937-1945)|seconde guerre sino-japonaise]] (1937-1945).
Les noms de '''guerre de Shanghai'''<ref>''China's Trial by Fire: The Shanghai War of 1932'', University of Michigan Press, 2001</ref>, '''bataille de Shanghai''', '''incident du {{date-|28 janvier}}''' (一·二八事變; dans l'historiographique [[Chine|chinoise]]), ou '''premier incident de Shanghai''' (dans l'historiographie [[Japon|japonaise]], le ''Second incident de Shanghai'' étant la [[Bataille de Shanghai (1937)|bataille de 1937]]) sont utilisés pour désigner un conflit armé ayant opposé l'[[empire du Japon]] à la [[République de Chine (1912-1949)|république de Chine]] du {{date-|28 janvier}} au {{date-|5 mai 1932}}, concomitamment avec la fin de l'[[Invasion japonaise de la Mandchourie|invasion de la Mandchourie]] ({{Date|19|septembre|1931}} - {{Date|27|février|1932}}). Ce fut l'un des préludes à la [[Guerre sino-japonaise (1937-1945)|seconde guerre sino-japonaise]] (1937-1945).


== Contexte ==
== Contexte ==
{{article détaillé|Expansionnisme du Japon Shōwa|Conquête de la Mandchourie par le Japon}}
{{article détaillé|Expansionnisme du Japon Shōwa|Conquête de la Mandchourie par le Japon}}


À la fin [[1931]], l'[[Empire du Japon]] avait envahi la [[Mandchourie]], annexant son territoire et se préparant à y établir le [[Mandchoukouo]]. Le Japon souhaitait cependant poursuivre sa politique expansionniste en Chine, tout particulièrement à [[Shanghai]] où il possédait, comme un certain nombre de puissances occidentales, des [[Concessions étrangères en Chine|concessions territoriales]]. Afin de justifier l'expansion militaire du Japon, des incidents furent suscités ou exploités : le 18 janvier, cinq moines bouddhistes japonais furent passés à tabac près de la fabrique de Sanyou par des civils chinois. Des agents japonais mirent alors le feu à la fabrique, et tuèrent l'un des policiers envoyés par les autorités chinoises. Ces incidents provoquèrent à Shanghai une vague de ressentiment anti-japonais, des citoyens chinois manifestant contre leur présence et appelant au [[boycott des produits japonais]]. De leur côté, les Japonais profitèrent de la situation pour rassembler des troupes autour de Shanghai.
À la fin [[1931]], l'[[empire du Japon]] avait envahi la [[Mandchourie]], annexant son territoire et se préparant à y établir le [[Mandchoukouo]]. Le Japon souhaitait cependant poursuivre sa politique expansionniste en Chine, tout particulièrement à [[Shanghai]] où il possédait, comme un certain nombre de puissances occidentales, des [[Concessions étrangères en Chine|concessions territoriales]]. Afin de justifier l'expansion militaire du Japon, des incidents furent suscités ou exploités : le {{date-|18 janvier 1932}}, cinq moines bouddhistes japonais furent passés à tabac près de la fabrique de Sanyou par des civils chinois. Des agents japonais mirent alors le feu à la fabrique et tuèrent l'un des policiers envoyés par les autorités chinoises. Ces incidents provoquèrent à Shanghai une vague de ressentiment anti-japonais, des citoyens chinois manifestant contre leur présence et appelant au [[Boycotts chinois des produits japonais|boycott chinois des produits japonais]]. De leur côté, les Japonais profitèrent de la situation pour rassembler des troupes autour de Shanghai.


== Bataille ==
== Bataille ==
[[File:Japanese armored car unit at the front line near Shanghai North Railway Station.jpg|vignette|gauche|[[Automitrailleuse]] Vickers-Crossley M25 de l'[[infanterie de marine]] de la [[marine impériale japonaise]] prés de la {{lien|Shanghai North Railway Station}}.]]
[[Fichier:Japanese armored car unit at the front line near Shanghai North Railway Station.jpg|vignette|gauche|[[Automitrailleuse|Automitrailleuses]] Vickers-Crossley M25 de l'[[infanterie de marine]] de la [[marine impériale japonaise]] près de la {{lien|Shanghai North Railway Station}}.]]
[[Fichier:19th Root Army, being in engagement with the Japanese in Chapei front.jpg|vignette|La [[police militaire]] chinoise de Shanghai participant aux combats de rue.]]
[[Fichier:19th Root Army, being in engagement with the Japanese in Chapei front.jpg|vignette|La [[police militaire]] chinoise de Shanghai armée de fusils [[Hanyang 88]] participant aux combats de rue.]]
Les tensions allèrent en s'aggravant la semaine suivante. Le [[27 janvier]], les Japonais avaient réuni autour de la ville trente navires, quarante avions de combat, et environ sept mille soldats de l'[[Armée expéditionnaire japonaise de Shanghai]], créée pour l’occasion, afin de défendre leur concession. Le gouvernement japonais demanda également à la municipalité de Shanghai une condamnation officielle des violences anti-japonaises, ainsi que des compensations financières pour les biens détruits. Le 28 janvier, la municipalité accepta dans l'après-midi de satisfaire ces requêtes. Mais, dans la nuit, l'aviation japonaise commença à bombarder la ville, tandis que les troupes japonaises au sol s'attaquaient à différentes cibles, affrontant la {{19e}} armée de route de l'[[Armée nationale révolutionnaire]].
Les tensions allèrent en s'aggravant la semaine suivante. Le {{date|27 janvier}}, les Japonais avaient réuni autour de la ville trente navires, quarante avions de combat, et environ sept mille soldats de l'[[Armée expéditionnaire japonaise de Shanghai]], créée pour l’occasion, afin de défendre leur concession. Le gouvernement japonais demanda également à la municipalité de Shanghai une condamnation officielle des violences anti-japonaises, ainsi que des compensations financières pour les biens détruits. Le {{date-|28 janvier}}, la municipalité accepta dans l'après-midi de satisfaire ces requêtes. Mais, dans la nuit, l'aviation japonaise commença à bombarder la ville, tandis que les troupes japonaises au sol s'attaquaient à différentes cibles, affrontant la {{19e}} armée de route de l'[[Armée nationale révolutionnaire]].


Les [[États-Unis]], le [[Royaume-Uni]] et la [[France]], qui bénéficiaient tous de concessions à Shanghai, tentèrent vainement d'obtenir un cessez-le-feu de la part du Japon. Le [[30 janvier]], [[Tchang Kaï-chek]], chef de l'armée, ordonna le transfert temporaire du siège du gouvernement vers [[Luoyang]], [[Nankin]], capitale de l'époque, étant jugée trop proche de Shanghai.
Les [[États-Unis]], le [[Royaume-Uni]] et la [[France]], qui bénéficiaient tous de concessions à Shanghai, tentèrent vainement d'obtenir un cessez-le-feu de la part du Japon. Le {{date|30 janvier}}, [[Tchang Kaï-chek]], chef de l'armée, ordonna le transfert temporaire du siège du gouvernement vers [[Luoyang]], [[Nankin]], capitale de l'époque, étant jugée trop proche de Shanghai.


Le [[12 février]], les Japonais émirent un ultimatum, exigeant que les troupes chinoises reculent à vingt kilomètres des concessions : devant le refus chinois, les combats continuèrent et s'intensifièrent. N'étant toujours pas parvenus à contrôler la ville, les Japonais envoyèrent un nombre important de renforts, les effectifs de l'[[Armée impériale japonaise]] montant jusqu'à {{formatnum:80000}} hommes, soutenus par 80 navires de guerre et 300 avions. Tchang Kaï-chek, de son côté, envoya la {{15e}} armée chinoise, qui constituait les troupes d'élite de la République de Chine. Le [[20 février]], les Japonais accrurent leurs bombardements pour briser les lignes défensives chinoises. Le [[3 mars]], la {{19e}} armée de route et la {{5e}} armée chinoises, prises à revers, durent abandonner leurs positions.
Le {{date|12 février}}, les Japonais émirent un ultimatum, exigeant que les troupes chinoises reculent à vingt kilomètres des concessions : devant le refus chinois, les combats continuèrent et s'intensifièrent. N'étant toujours pas parvenus à contrôler la ville, les Japonais envoyèrent un nombre important de renforts, les effectifs de l'[[Armée impériale japonaise]] montant jusqu'à {{nombre|80000 hommes}}, soutenus par 80 navires de guerre et 300 avions. Tchang Kaï-chek, de son côté, envoya la {{15e}} armée chinoise, qui constituait les troupes d'élite de la république de Chine. Le {{date|20 février}}, les Japonais accrurent leurs bombardements pour briser les lignes défensives chinoises. Le {{date|3 mars}}, la {{19e}} armée de route et la {{5e}} armée chinoises, prises à revers, durent abandonner leurs positions.


== Cessez-le-feu ==
== Cessez-le-feu ==
Le {{date|4 mars}}, la [[Société des Nations]] émit une résolution demandant un cessez-le-feu. Le {{date|14 mars}}, des délégués de la SDN arrivèrent à Shanghai pour amener les Japonais à négocier, tandis que les combats continuaient sporadiquement. Le {{date|5 mai}}, après un retard dû à un attentat à la grenade du militant indépendantiste coréen [[Yoon Bong-gil]] au [[Parc Lu Xun|parc Hongkou]]<ref>Dupuy, ''Encyclopedia of Military Biography''</ref> blessant les officiers supérieurs et officiels japonais le {{date-|29 avril}}<ref>{{article|langue=fr|auteur1=|titre=Un grave attentat à Shanghai contre l’état-major nippon|périodique=L'Express du Midi|volume=|numéro=14296|jour=30 |mois=Avril|année=1932|pages=1|lire en ligne=http://images.expressdumidi.bibliotheque.toulouse.fr/1932/B315556101_EXPRESS_1932_04_30.pdf}}.</ref>, le général japonais [[Yoshinori Shirakawa]] mourant le {{date-|26 mai}} de suite de ses blessures, la république de Chine et l'empire du Japon signèrent l'accord de cessez-le-feu de Shanghai ([[langues chinoises|chinois]] : 淞滬停戰協定; [[Hanyu pinyin|pinyin]] : ''sōnghùtíngzhànxiédìng''), qui faisait de la ville une zone démilitarisée et interdisait aux Chinois de maintenir une force armée dans ses environs, en ne conservant qu'une force de police.

Le [[4 mars]], la [[Société des Nations]] émit une résolution demandant un cessez-le-feu. Le [[14 mars]], des délégués de la SDN arrivèrent à Shanghai pour amener les Japonais à négocier, tandis que les combats continuaient sporadiquement. Le [[5 mai]], après un retard dû à un attentat à la grenade du militant indépendantiste coréen [[Yoon Bong-gil]] au [[Parc Lu Xun|parc Hongkou]]<ref>Dupuy, ''Encyclopedia of Military Biography''</ref> blessant les officiers supérieurs et officiels japonais le 29 avril<ref>{{article|langue=fr|auteur1=|titre=Un grave attentat à Shanghai contre l’état-major nippon|périodique=L'Express du Midi|volume=|numéro=14296|jour=30 |mois=Avril|année=1932|pages=1|lire en ligne=http://images.expressdumidi.bibliotheque.toulouse.fr/1932/B315556101_EXPRESS_1932_04_30.pdf}}.</ref>, le général japonais [[Yoshinori Shirakawa]] mourrant le 26 mai de suite de ses blessures, la République de Chine et l'Empire du Japon signèrent l'accord de cessez-le-feu de Shanghai ([[langues chinoises|chinois]] : 淞滬停戰協定; [[Hanyu pinyin|pinyin]] : ''sōnghùtíngzhànxiédìng''), qui faisait de la ville une zone démilitarisée et interdisait aux Chinois de maintenir une force armée dans ses environs, en ne conservant qu'une force de police.


== Conséquences ==
== Conséquences ==

Les puissances occidentales, désireuses de préserver leurs intérêts à Shanghai, avaient contribué à imposer un accord de cessez-le-feu désavantageux pour les Chinois. Le traité fut ressenti comme une humiliation en Chine, quelques mois après la défaite en Mandchourie. La situation bénéficia cependant à [[Tchang Kaï-chek]] : ce dernier, qui venait de démissionner de son poste de chef de l'État après l'invasion de la Mandchourie, put revenir sur le devant de la scène politique, la menace japonaise le faisant apparaître comme un recours militaire indispensable.
Les puissances occidentales, désireuses de préserver leurs intérêts à Shanghai, avaient contribué à imposer un accord de cessez-le-feu désavantageux pour les Chinois. Le traité fut ressenti comme une humiliation en Chine, quelques mois après la défaite en Mandchourie. La situation bénéficia cependant à [[Tchang Kaï-chek]] : ce dernier, qui venait de démissionner de son poste de chef de l'État après l'invasion de la Mandchourie, put revenir sur le devant de la scène politique, la menace japonaise le faisant apparaître comme un recours militaire indispensable.


De plus, durant cette bataille, les médias japonais s’enflammèrent pour ce qu’ils présentèrent comme le sacrifice de trois jeunes soldats japonais équipés d'explosifs se seraient fait sauter dans les tranchées chinoises et qui furent qualifiés de {{citation|bombes humaines}}, la [[propagande]] s'empara du sujet et on publia des livres, un manga pour jeunes enfants, on peignit des tableaux, on commanda des statues de bronze, on organisa un concours de poèmes, on créa une chanson populaire à leur gloire. En réalité il s’agissait d’une erreur de préparation et non d’un acte héroïque<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Joël Drogland|titre=Kamikazes|url=https://clio-cr.clionautes.org/kamikazes.html|date=18 avril 2015 |site= https://clio-cr.clionautes.org/|consulté le=3 septembre 2017 }}.</ref>. Cela à était présentés comme la première fois que ce genre de phénomène soit apparu dans l'histoire de l'humanité<ref>{{Ouvrage|langue= |auteur1= |titre=Le Japon|sous-titre=Des Samouraïs à Fukushima |éditeur=Fayard |collection=Pluriel |lieu= |année= |volume= |tome= |pages totales=294 |passage=126 |isbn=978-2-8185-0136-8 |lire en ligne= }}</ref> qui préfigure celui des [[kamikaze]]s à partir de 1944.
De plus, durant cette bataille, les médias japonais s’enflammèrent pour ce qu’ils présentèrent comme le sacrifice de trois jeunes soldats japonais équipés d'explosifs qui se seraient fait sauter dans les tranchées chinoises et qui furent qualifiés de {{citation|bombes humaines}}. La [[propagande]] s'empara du sujet et on publia des livres, un manga pour jeunes enfants, on peignit des tableaux, on commanda des statues de bronze, on organisa un concours de poèmes, on créa une chanson populaire à leur gloire. En réalité, il s’agissait d’une erreur de préparation et non d’un acte héroïque<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Joël Drogland|titre=Kamikazes|url=https://clio-cr.clionautes.org/kamikazes.html|date=18 avril 2015 |site= clio-cr.clionautes.org|consulté le=3 septembre 2017}}.</ref>. Ce fut présenté comme la première occurrence de glorification d'une attaque suicide<ref>{{Ouvrage|langue=fr|titre=Le Japon|sous-titre=Des Samouraïs à Fukushima|lieu=Paris|éditeur=Fayard|collection=Pluriel|année=|pages totales=294|passage=126|isbn=978-2-8185-0136-8}}.</ref>, qui préfigurait en cela les [[kamikaze]]s qui entreraient en action à grande échelle à partir de 1944.


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
* {{Ouvrage|langue=en|titre=China's trial by fire : the Shanghai War of 1932|prénom1=Donald A.|nom1=Jordan|lieu=Ann Arbor|éditeur=University of Michigan Press|année=2001|pages totales=309|isbn=978-0-472-11165-7|url=https://www.google.fr/books/edition/China_s_Trial_by_Fire/a_1_5yzuotIC?hl=fr&gbpv=1}}

* Donald Jordan, ''China's Trial by Fire: The Shanghai War of 1932'', University of Michigan Press, 2001
* Hsu Long-hsuen, Chang Ming-kai, ''History of The Sino-Japanese War (1937-1945)'', Chung Wu Publishing, 1971
* Hsu Long-hsuen, Chang Ming-kai, ''History of The Sino-Japanese War (1937-1945)'', Chung Wu Publishing, 1971
* [[Albert Londres]], ''La Guerre à Shanghai : dernier reportage'', Arléa, 2008 (réed)
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=La guerre à Shanghai : dernier reportage|prénom1=Albert|nom1=Londres|lien auteur1=Albert Londres|lieu=Paris|éditeur=Arléa|année=2008|pages totales=103|isbn=978-2-869-59814-0}} (réed)
*Bruno Birolli, ''Ishiwara, l'homme qui déclencha la guerre'', Arte éditions/Armand Colin, 2012.
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Ishiwara, l'homme qui déclencha la guerre|prénom1=Bruno|nom1=Birolli|lieu=Paris Issy-les-Moulineaux|éditeur=Colin Arte|année=2012|pages totales=252|isbn=978-2-200-27513-6}}.
* Bruno Birolli, ''Le music-hall des espions'', Tohubohu éditions, 2017, ce roman historique se termine pendant La bataille de Shanghai


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Liens externes ==
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* {{Dictionnaires}}
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[[Catégorie:Février 1932]]
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Dernière version du 4 mars 2024 à 01:06

Guerre de Shanghai
Description de cette image, également commentée ci-après
Troupes chinoises de la 19e armée de route dans les rues de Shanghai
Informations générales
Date 28 janvier -
Lieu Shanghai et environs, Chine
Issue Succès militaire japonais : cessez-le-feu, démilitarisation de Shanghaï
Belligérants
Empire du Japon République de Chine
Commandants
Yoshinori Shirakawa
Kanichirō Tashiro
Jiang Guangnai
Zhang Zhizhong
Forces en présence
90 000 50 000 hommes
Pertes
5 000 13 000 soldats tués
entre 10 000 et 20 000 morts civils

Batailles

Invasion japonaise de la Mandchourie

Les noms de guerre de Shanghai[1], bataille de Shanghai, incident du (一·二八事變; dans l'historiographique chinoise), ou premier incident de Shanghai (dans l'historiographie japonaise, le Second incident de Shanghai étant la bataille de 1937) sont utilisés pour désigner un conflit armé ayant opposé l'empire du Japon à la république de Chine du au , concomitamment avec la fin de l'invasion de la Mandchourie ( - ). Ce fut l'un des préludes à la seconde guerre sino-japonaise (1937-1945).

Contexte[modifier | modifier le code]

À la fin 1931, l'empire du Japon avait envahi la Mandchourie, annexant son territoire et se préparant à y établir le Mandchoukouo. Le Japon souhaitait cependant poursuivre sa politique expansionniste en Chine, tout particulièrement à Shanghai où il possédait, comme un certain nombre de puissances occidentales, des concessions territoriales. Afin de justifier l'expansion militaire du Japon, des incidents furent suscités ou exploités : le , cinq moines bouddhistes japonais furent passés à tabac près de la fabrique de Sanyou par des civils chinois. Des agents japonais mirent alors le feu à la fabrique et tuèrent l'un des policiers envoyés par les autorités chinoises. Ces incidents provoquèrent à Shanghai une vague de ressentiment anti-japonais, des citoyens chinois manifestant contre leur présence et appelant au boycott chinois des produits japonais. De leur côté, les Japonais profitèrent de la situation pour rassembler des troupes autour de Shanghai.

Bataille[modifier | modifier le code]

Automitrailleuses Vickers-Crossley M25 de l'infanterie de marine de la marine impériale japonaise près de la Shanghai North Railway Station (en).
La police militaire chinoise de Shanghai armée de fusils Hanyang 88 participant aux combats de rue.

Les tensions allèrent en s'aggravant la semaine suivante. Le , les Japonais avaient réuni autour de la ville trente navires, quarante avions de combat, et environ sept mille soldats de l'Armée expéditionnaire japonaise de Shanghai, créée pour l’occasion, afin de défendre leur concession. Le gouvernement japonais demanda également à la municipalité de Shanghai une condamnation officielle des violences anti-japonaises, ainsi que des compensations financières pour les biens détruits. Le , la municipalité accepta dans l'après-midi de satisfaire ces requêtes. Mais, dans la nuit, l'aviation japonaise commença à bombarder la ville, tandis que les troupes japonaises au sol s'attaquaient à différentes cibles, affrontant la 19e armée de route de l'Armée nationale révolutionnaire.

Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, qui bénéficiaient tous de concessions à Shanghai, tentèrent vainement d'obtenir un cessez-le-feu de la part du Japon. Le , Tchang Kaï-chek, chef de l'armée, ordonna le transfert temporaire du siège du gouvernement vers Luoyang, Nankin, capitale de l'époque, étant jugée trop proche de Shanghai.

Le , les Japonais émirent un ultimatum, exigeant que les troupes chinoises reculent à vingt kilomètres des concessions : devant le refus chinois, les combats continuèrent et s'intensifièrent. N'étant toujours pas parvenus à contrôler la ville, les Japonais envoyèrent un nombre important de renforts, les effectifs de l'Armée impériale japonaise montant jusqu'à 80 000 hommes, soutenus par 80 navires de guerre et 300 avions. Tchang Kaï-chek, de son côté, envoya la 15e armée chinoise, qui constituait les troupes d'élite de la république de Chine. Le , les Japonais accrurent leurs bombardements pour briser les lignes défensives chinoises. Le , la 19e armée de route et la 5e armée chinoises, prises à revers, durent abandonner leurs positions.

Cessez-le-feu[modifier | modifier le code]

Le , la Société des Nations émit une résolution demandant un cessez-le-feu. Le , des délégués de la SDN arrivèrent à Shanghai pour amener les Japonais à négocier, tandis que les combats continuaient sporadiquement. Le , après un retard dû à un attentat à la grenade du militant indépendantiste coréen Yoon Bong-gil au parc Hongkou[2] blessant les officiers supérieurs et officiels japonais le [3], le général japonais Yoshinori Shirakawa mourant le de suite de ses blessures, la république de Chine et l'empire du Japon signèrent l'accord de cessez-le-feu de Shanghai (chinois : 淞滬停戰協定; pinyin : sōnghùtíngzhànxiédìng), qui faisait de la ville une zone démilitarisée et interdisait aux Chinois de maintenir une force armée dans ses environs, en ne conservant qu'une force de police.

Conséquences[modifier | modifier le code]

Les puissances occidentales, désireuses de préserver leurs intérêts à Shanghai, avaient contribué à imposer un accord de cessez-le-feu désavantageux pour les Chinois. Le traité fut ressenti comme une humiliation en Chine, quelques mois après la défaite en Mandchourie. La situation bénéficia cependant à Tchang Kaï-chek : ce dernier, qui venait de démissionner de son poste de chef de l'État après l'invasion de la Mandchourie, put revenir sur le devant de la scène politique, la menace japonaise le faisant apparaître comme un recours militaire indispensable.

De plus, durant cette bataille, les médias japonais s’enflammèrent pour ce qu’ils présentèrent comme le sacrifice de trois jeunes soldats japonais équipés d'explosifs qui se seraient fait sauter dans les tranchées chinoises et qui furent qualifiés de « bombes humaines ». La propagande s'empara du sujet et on publia des livres, un manga pour jeunes enfants, on peignit des tableaux, on commanda des statues de bronze, on organisa un concours de poèmes, on créa une chanson populaire à leur gloire. En réalité, il s’agissait d’une erreur de préparation et non d’un acte héroïque[4]. Ce fut présenté comme la première occurrence de glorification d'une attaque suicide[5], qui préfigurait en cela les kamikazes qui entreraient en action à grande échelle à partir de 1944.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Donald A. Jordan, China's trial by fire : the Shanghai War of 1932, Ann Arbor, University of Michigan Press, , 309 p. (ISBN 978-0-472-11165-7, lire en ligne)
  • Hsu Long-hsuen, Chang Ming-kai, History of The Sino-Japanese War (1937-1945), Chung Wu Publishing, 1971
  • Albert Londres, La guerre à Shanghai : dernier reportage, Paris, Arléa, , 103 p. (ISBN 978-2-869-59814-0) (réed)
  • Bruno Birolli, Ishiwara, l'homme qui déclencha la guerre, Paris Issy-les-Moulineaux, Colin Arte, , 252 p. (ISBN 978-2-200-27513-6).
  • Bruno Birolli, Le music-hall des espions, Tohubohu éditions, 2017, ce roman historique se termine pendant La bataille de Shanghai

Notes et références[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. China's Trial by Fire: The Shanghai War of 1932, University of Michigan Press, 2001
  2. Dupuy, Encyclopedia of Military Biography
  3. « Un grave attentat à Shanghai contre l’état-major nippon », L'Express du Midi, no 14296,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  4. Joël Drogland, « Kamikazes », sur clio-cr.clionautes.org, (consulté le ).
  5. Le Japon : Des Samouraïs à Fukushima, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », 294 p. (ISBN 978-2-8185-0136-8), p. 126.

Liens externes[modifier | modifier le code]