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La '''typographie''' est une technique d’[[Imprimerie|impression]] sur [[papier]] (et accessoirement sur d’autres supports), basée sur l’utilisation de [[Caractère (typographie)|caractère]]s en relief, assemblés pour former des mots, la surface supérieure, qui porte le tracé de la lettre ou du signe ''(glyphe)'' étant enduite d’[[encre]] recevant ensuite le papier : l’ensemble subit une forte pression sous une [[presse typographique|presse spéciale]] et l’encre est reportée sur le papier. Sur ce principe basique mis au point par [[Johannes Gutenberg]], les techniques se sont développées au cours des siècles jusqu’au recul du procédé au milieu du XX{{e}} siècle.
La '''typographie''' est une technique d’[[Imprimerie|impression]] sur différents supports, en premier lieu le [[papier]], basée sur l’utilisation de [[Caractère (typographie)|caractère]]s en relief, assemblés pour former des mots, la surface supérieure, qui porte le tracé de la lettre ou du signe ([[glyphe]]) étant enduite d’[[encre]] et recevant ensuite le papier : l’ensemble subit une forte pression sous une [[presse typographique|presse spéciale]] et l’encre est reportée sur le papier. Des techniques fondamentales ont d'abord été mises au point en Asie, par [[Bi Sheng]] (Chine de la [[dynastie Song]]) à partir du {{s|XI}}, puis en [[Corée]], avec des [[encre]]s à l'eau et imprimé manuellement (voir [[Imprimerie#Histoire|histoire de l'imprimerie]]). [[Johannes Gutenberg]] a amélioré ces techniques (il n'est pas démontré qu'il ait eu connaissance des techniques asiatiques) en utilisant une presse mécanique et d'encres grasses permettant un tracé plus fin et une précision plus régulière, ces techniques se sont améliorées au cours des siècles jusqu’au recul du procédé au milieu du {{s-|XX}}.


== Définitions ==
== Définitions ==
Si le nom se réfère aux ''types'', c’est-à-dire aux caractères représentant des lettres, on peut de la même façon, et en combinant les deux, imprimer des dessins par l’intermédiaire de [[gravure sur bois|gravures sur bois]] et plus tard des [[Cliché (imprimerie)|cliché]]s métalliques obtenus par [[photogravure]] : la technique d’impression reste de la typographie.
Si le nom se réfère aux « types », c’est-à-dire aux caractères représentant des lettres, on peut de la même façon, et en combinant les deux, imprimer des dessins par l’intermédiaire de [[gravure sur bois|gravures sur bois]] et plus tard des [[Cliché (imprimerie)|cliché]]s métalliques obtenus par [[photogravure]] : la technique d’impression reste de la typographie.


Aujourd’hui le terme de typographie ne désigne plus que l’art et la manière de concevoir, dessiner, et composer des textes au moyen des différentes polices de caractères et de leurs différentes fontes, ainsi que les codes qui régissent leur emploi : usage des majuscules, de la ponctuation, des espaces, des abréviations, etc. Les textes étant par essence destinés à la communication, il s’est très vite avéré nécessaire d’adopter des usages communs pour permettre une lecture sans heurts.
Aujourd’hui, le terme de typographie ne désigne plus que l’art et la manière de concevoir, dessiner, et composer des textes au moyen des différentes polices de caractères et de leurs différentes fontes, ainsi que les codes qui régissent leur emploi : usage des majuscules, de la ponctuation, des espaces, des abréviations, etc. Les textes étant par essence destinés à la communication, il s’est très vite avéré nécessaire d’adopter des usages communs pour permettre une lecture sans heurts.
{{Article détaillé|Typographie}}
{{Article détaillé|Typographie}}


== Histoire ==
== Histoire ==
{{Article détaillé|Imprimerie}}
L’histoire de la typographie est étroitement liée à l’histoire et à l’évolution de l’[[imprimerie]], avec laquelle elle se confond.


Si l'impression de caractère existait depuis le début de l'imprimerie en Chine au {{S|VII}} et est intimement liée à l'invention du [[papier]], elle est restée fixée à l'ensemble de l'image, généralement [[xylographie|xylographiée]], pendant plusieurs siècles.
[[Fichier:Buchdrucker-1568.png|thumb|Atelier de typographie au {{s-|XVI|e}}.]]


D'après les plus anciennes traces de caractères mobiles que nous avons aujourd'hui, ils seraient apparus au {{s-|XI|e}}. Cette technique permit de conserver fidèlement les traditions culturelles en accélérant les procédés de mise en page des textes par la réutilisation des caractères, plutôt que de graver toute une planche à chaque page. L’inventeur chinois, [[Bi Sheng]], employa dès [[1040]] des caractères mobiles en [[terre cuite]]<ref>{{lien brisé|url=http://tatoufaux.com/spip.php?article276 |titre=''Gutenberg a inventé l’imprimerie'' sur Tatoufaux }}.</ref>.
L’histoire de la typographie est étroitement liée à l’histoire et à l’évolution de l’[[imprimerie]], avec laquelle elle se confond. À partir de Gutenberg et de ses suiveurs, l’évolution se fait lentement, sur des améliorations techniques, mais sans changement fondamental quant au principe. C’est à partir du {{siècle|xix|dix-neuvième}} siècle que l’évolution est rapide, avec le développement des journaux et de la lecture en général, grâce à l’instruction publique qui se généralise. Les machines produisent plus vite, la composition manuelle cède la place à la composition mécanisée. À la fin du {{siècle|xix|vingtième}} siècle, la typographie en tant que technique d’impression a définitivement perdu sa suprématie au profit de l’offset, mais la typographie comme création de dessin de caractères connaît un nouvel essor grâce aux techniques numériques.

Les caractères métalliques auraient vu le jour en Corée vers [[1234]], inventés par [[Choe Yun-ui]]<ref>[http://www.citedeleconomie.fr/Premiere-utilisation-de-caracteres Première utilisation de caractères d’imprimerie mobiles en métal] sur le site de la Cité de l'économie (Banque de France).</ref>. Le plus ancien exemplaire encore existant de livre imprimé à partir de caractères mobiles en métal date de [[1377]]. Il s’agit du ''[[Jikji|Jikji Simkyong]]'', conservé à la [[Bibliothèque nationale de France]]<ref>[http://www.typographie.org/gutenberg/coree/coree_0.html Les premiers livres imprimés en Corée].</ref>.

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Image:Yuan dynasty banknote with its printing plate 1287.jpg|Impression de billet de banque utilisant l'écriture [[sinogramme|chinoise Han]] et l'écriture mongole [[Écriture phagpa|phagspa]] sous la [[dynastie Yuan]], [[1287]].
Image:Chinese movable type 1313-ce.png|Système de caractères mobiles, dans le ''[[Livre d'agriculture de Wang Zhen]]'' ([[1313]]).
Image:Worin cheon-gang-ji-gok movable type (replica), 1447 - Korean Culture Museum, Incheon Airport, Seoul, South Korea - DSC00793.JPG|Cheon gang ji gok, caractères mobiles [[hangeul]] coréens et [[hanja]] (caractères chinois han en [[coréen]]) en [[bronze]] (1447).
Buchdrucker-1568.png|Atelier de typographie au {{s-|XVI|e}}.
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À partir de Gutenberg et de ses suiveurs, l’évolution continue en Europe, des améliorations techniques sont apportées, mais sans changement fondamental quant au principe déjà utilisé en Asie. C’est à partir du {{s-|XIX|e}} que l’évolution s'accélère, avec le développement de la presse quotidienne et de la lecture en général. La composition manuelle cède place à la composition mécanisée, grâce à la [[Linotype]] et à la [[Monotype (machine)|Monotype]], les machines à imprimer produisent plus vite, avec l'introduction des [[Rotative|rotatives]]. Dans la seconde moitié du {{s-|XX|e}}, la typographie en tant que technique d’impression perd définitivement sa suprématie au profit de l’offset, mais la typographie comme création de dessin de caractères connaît un nouvel essor grâce aux techniques numériques.


Les typographes étaient des ouvriers sachant nécessairement lire et écrire (ce qui n’était pas toujours le cas dans d’autres métiers), et ils étaient souvent porteurs et propagateurs d’idées nouvelles, voire de mouvements sociaux. Les typographes furent les pionniers du mouvement ouvrier nord-américain. Le plus vieux syndicat québécois et canadien toujours existant est l’Union internationale des typos. Le premier député ouvrier canadien fut le typographe [[Alphonse-Télesphore Lépine]].
Les typographes étaient des ouvriers sachant nécessairement lire et écrire (ce qui n’était pas toujours le cas dans d’autres métiers), et ils étaient souvent porteurs et propagateurs d’idées nouvelles, voire de mouvements sociaux. Les typographes furent les pionniers du mouvement ouvrier nord-américain. Le plus vieux syndicat québécois et canadien toujours existant est l’Union internationale des typos. Le premier député ouvrier canadien fut le typographe [[Alphonse-Télesphore Lépine]].
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Aujourd’hui (2013) la typographie retrouve un regain d’intérêt sous son nom anglais de ''letterpress'', qui met en avant les défauts traditionnels maintenant appréciés pour leur effet « vintage » : le [[Foulage#Imprimerie|foulage]], creusement du papier sous l’effet de la pression sur les caractères en relief, désormais appelé débossage, peut être accentué par l’utilisation de papiers très bouffants et même être réalisé spécialement avec un cliché spécial. Le débossage implique qu’on n’imprime que le recto du papier, réservant de fait cette technique à des petits tirages et généralement de dimensions réduites. Le ''letterpress'' n’utilise plus les caractères en plomb traditionnels, qui nécessitaient le stockage d’un grand nombre de [[Casse (typographie)|casses]] et le savoir-faire du typographe. Les documents sont réalisés par informatique et transformés en [[Cliché (imprimerie)|clichés]] en relief en [[photopolymère]]. Les machines utilisées pour l’impression sont des presses typographiques anciennes, souvent des presses à platine, et l’impression souvent réalisée en [[trichromie]] (cyan, magenta, jaune), bien que toutes les couleurs indépendantes soient possibles.
En 2013, la typographie retrouve un regain d’intérêt sous son nom anglais de ''letterpress'', qui met en avant les défauts traditionnels maintenant appréciés pour leur effet ''vintage'' : le [[foulage (imprimerie)|foulage]], creusement du papier sous l’effet de la pression sur les caractères en relief, désormais appelé « débossage », peut être accentué par l’utilisation de [[Papier_bouffant|papiers très bouffants]] et même être réalisé avec un cliché spécial. Le débossage implique qu’on n’imprime que le recto du papier, réservant de fait cette technique à des petits tirages, et généralement de dimensions réduites. Le ''letterpress'' n’utilise plus les caractères en plomb traditionnels, qui nécessitaient le stockage d’un grand nombre de [[Casse (typographie)|casses]] et le savoir-faire du typographe.
Les documents sont réalisés par informatique et transformés en [[Cliché (imprimerie)|clichés]] en relief en [[photopolymère]]. Les machines utilisées pour l’impression sont des presses typographiques anciennes, souvent des presses à platine, et l’impression souvent réalisée en [[trichromie]] ([[cyan]], [[Magenta (couleur)|magenta]], jaune), bien que toutes les couleurs indépendantes soient possibles.


== Caractères ==
== Caractères ==


Les premiers caractères mobiles utilisés en Corée et en Chine étaient fabriqués en terre cuite, céramique, parfois en bois, enfin en bronze. L’impression était toujours réalisée à la main par frottage, sans utiliser de presse. Le matériau n’aurait en effet pas résisté à la forte pression exercée par la presse. En Europe, on utilisa le bois pour graver des pages entières de texte ([[xylographie]]s). C’est Gutenberg et ses associés qui mirent au point les caractères mobiles fondus avec un alliage de {{nobr|plomb (80 %)}}, {{nobr|d’[[antimoine]] (5 %)}} et {{nobr|d’[[étain]] (15 %}}) dans des matrices.
Les premiers caractères mobiles utilisés en Corée et en Chine datent du {{s|XI}}, et étaient fabriqués en terre cuite, céramique, parfois en bois. L’impression était toujours réalisée à la main par frottage, sans utiliser de presse ; le matériau n’aurait en effet pas résisté à la forte pression exercée par la presse. Plus tard, les caractères sont fondus en bronze (voir [[Dynastie Song#Imprimerie à caractères mobiles|Dynastie Song &gt; Imprimerie à caractères mobiles]] et [[Choe Yun-ui]]). Les caractères en bronze se développent au début du {{s-|XV}} en Corée, selon la technique des fabricants de monnaie.


Au moment où, en Europe, Gutenberg met au point son procédé, le roi de Corée promulgue officiellement en 1446 un nouvel alphabet, le [[hangeul]]<ref>Minje Byeng-sen Park, ''Histoire de l’imprimerie coréenne, des origines à 1910'', Paris, Maisonneuve et Larose, 2003, {{nb p.|177}} {{ISBN|978-2706817076}}.</ref>, composé de 28 lettres, ce qui représente un énorme progrès sur les milliers d’idéogrammes de l’écriture chinoise. L’impression reste manuelle, les [[Forme (imprimerie)|forme]]s sont utilisées. En Europe, on utilisa le bois pour graver des pages entières de texte ([[xylographie]]s). Gutenberg et ses associés mirent quant à eux au point des caractères mobiles fondus dans un alliage de {{nobr|plomb (80 %)}}, {{nobr|d’[[antimoine]] (5 %)}} et {{nobr|d’[[étain]] (15 %}}), qu'ils utilisèrent dans leurs formes.
Les caractères typographiques sont réunis en catégories à empattements (comme le {{lang|en|[[Times New Roman]]}}), sans empattements (comme l’Helvetica), fantaisie{{etc.}} puis en [[Caractère (typographie)|familles de caractères]] ([[garalde]], [[humane]], [[Égyptienne (typographie)|mécane]]{{etc.}}) puis en [[Police d'écriture|polices]] ([[Helvetica]], [[Caslon]], {{lang|en|[[Times New Roman]]}}, [[Arial]]), [[Corps typographique|corps]] et [[Graisse (typographie)|graisses]] ([[Graisse (typographie)|gras]], [[italique (typographie)|italique]]{{etc.}}). Depuis l’ère de l’[[informatique]] ce sont des [[Police numérique|polices numériques]].


Les caractères typographiques sont réunis en catégories {{incise|à empattements (comme le {{lang|en|[[Times New Roman]]}}), sans empattements (comme l’Helvetica), fantaisie{{etc.}}}}, puis en [[Caractère (typographie)|familles de caractères]] ([[garalde]], [[humane]], [[Égyptienne (typographie)|mécane]]{{etc.}}) puis en [[Police d'écriture|polices]] ([[Helvetica]], [[Caslon]], [[Times New Roman]], [[Arial]]), [[corps (typographie)|corps]] et [[Graisse (typographie)|graisses]] ([[Graisse (typographie)|gras]], [[italique (typographie)|italique]]{{etc.}}). Depuis l’ère de l’[[informatique]], ce sont des [[Police numérique|polices numériques]].
Parmi les [[Créateur de caractères|créateurs de caractères]] célèbres on compte : [[Claude Garamont]] ([[Garamond (police typographique)|Garamond]]), [[John Baskerville]], [[Giambattista Bodoni]], [[Firmin Didot]], [[Hermann Zapf]] ([[Palatino]], [[Optima (police d'écriture)|Optima]], [[Casseau (typographie)|ITC Zapf Dingbats]]), [[Roger Excoffon]] ([[Mistral (police d'écriture)|Mistral]]), [[Adrian Frutiger]] ([[Univers (police d'écriture)|Univers]]), [[Max Miedinger]] ([[Helvetica]]), [[Stanley Morison]] ([[Times New Roman|{{lang|en|Times}}]]).

Parmi les [[Créateur de caractères|créateurs de caractères]] célèbres, on compte : [[Claude Garamont]] ([[Garamond (police d'écriture)|Garamond]]) ; [[John Baskerville]] ; [[Giambattista Bodoni]] ; [[Firmin Didot]] ; [[Hermann Zapf]] ([[Palatino]], [[Optima (police d'écriture)|Optima]], [[Casseau (typographie)|ITC Zapf Dingbats]]) ; [[Roger Excoffon]] ([[Mistral (police d'écriture)|Mistral]]) ; [[Adrian Frutiger]] ([[Univers (police d'écriture)|Univers]]) ; [[Max Miedinger]] ([[Helvetica]]), [[Stanley Morison]] ([[Times New Roman]]) ; [[Herb Lubalin]] ([[ITC Avant Garde]]) ; [[Aldo Novarese]] ([[Eurostile]], Elite).


=== Taille du caractère typographique ===
=== Taille du caractère typographique ===


À l’origine, les différentes tailles de caractères étaient désignées, de manière approximative, par des appellations diverses. En France : ''Parisienne'' (équivalent à un corps 5 actuel), ''Nompareille'' (6), ''Mignone'' (7), ''Petit-texte'' (8), ''Gaillarde'' (9), ''Petit-romain'' (10), ''Philosophie'' (11), ''Cicéro'' (12), ''Saint-Augustin'' (14), ''Gros-texte'' (16), ''Gros-romain'' (18), ''Petit-parangon'' (20), ''Gros-parangon'' (22), ''Palestine'' (24), ''Petit-canon'' (28), ''Trismégiste'' (36), ''Gros-canon'' (44), ''Double-canon'' (56), ''Triple-canon'' (72), ''Grosse-nompareille'' (96).
À l’origine, les différentes tailles de caractères étaient désignées, de manière approximative, par des appellations diverses. En France : Parisienne (équivalent à un corps 5 actuel), Nompareille (6), Mignonne (7), Petit-texte (8), Gaillarde (9), Petit-romain (10), Philosophie (11), Cicéro (12), Saint-Augustin (14), Gros-texte (16), Gros-romain (18), Petit-parangon (20), Gros-parangon (22), Palestine (24), Petit-canon (28), Trismégiste (36), Gros-canon (44), Double-canon (56), Triple-canon (72), Grosse-nompareille (96).


{{Article détaillé|Point (unité)|Corps (typographie)}}
{{Article détaillé|Point (unité)|Corps (typographie)}}


Le besoin d’une standardisation se faisant sentir, il y eut plusieurs tentatives de « point typographique » : par Truchet, Fournier, et enfin Didot, qui finit par s’imposer.
Le besoin d’une standardisation se faisant sentir, il y eut plusieurs tentatives de « point typographique » : par Truchet, Fournier, et enfin [[Point_Didot|Didot]], qui finit par s’imposer. En France, l’unité est donc le [[Point (unité)|point]] ({{nombre|0.376|mm}}, soit deux points « géométriques ») qui se convertit en « cicéros » (ou « douze », abrégé en « dz », parce qu’il vaut douze points). Le cicéro a été utilisé pour toutes les mesures tant qu’a duré l’impression en typographie, notamment dans la presse quotidienne. Toute composition, longueur, largeur, est un multiple de points. Par exemple, {{unité|20|cicéros}} valent {{unité|240|points}}, soit approximativement {{unité|9|cm}}.

En France, l’unité est donc le [[Point (unité)|point]] ({{nombre|0.376|mm}}, soit deux points « géométriques ») qui se convertit en ''cicéros'' (ou ''douze'', abrégé en ''dz'', parce qu’il vaut douze points). Le cicéro a été utilisé pour toutes les mesures tant qu’a duré l’impression en typographie, notamment dans la presse quotidienne. Toute composition, longueur, largeur, est un multiple de points. Par exemple, vingt cicéros valent deux cent quarante points, soit approximativement neuf [[centimètre]]s.
Dans le domaine anglo-saxon, on emploie le point Pica (environ {{nombre|0.353|mm}}). On retrouve encore ces points actuellement pour donner la dimension d’un caractère d’ordinateur. On dira alors du {{lang|en|Times}} {{nobr|corps 24 (points)}}.
Dans le domaine anglo-saxon, on emploie le [[Point_(unité)#Point_DTP_ou_point_pica|point pica]] (environ {{nombre|0.353|mm}}).
On retrouve encore ces points actuellement pour donner la dimension d’un caractère d’ordinateur. On dira alors du Times {{nobr|corps 24 (points)}}.


== Composition ==
== Composition ==


=== Composition manuelle ===
=== Composition manuelle ===
[[File:Handsatz Zubehoer.jpg|thumb|Matériel du typographe : sur une [[Galée (imprimerie)|galée]], un bloc composé, la ficelle pour lier le bloc, le [[Composteur (imprimerie)|composteur]]]]
[[File:Handsatz Zubehoer.jpg|thumb|Matériel du typographe : sur une [[Galée (imprimerie)|galée]], un bloc composé, la ficelle pour lier le bloc et le [[Composteur (imprimerie)|composteur]].]]<!-- quel est le petit outil ? on dirait un poinçon... -->
{{Article détaillé|Composition (imprimerie)}}
{{Article détaillé|Composition (imprimerie)}}
Le typographe se sert d’un [[composteur (imprimerie)|composteur]] sur lequel il aligne les caractères, lus à l’envers, de gauche à droite, piochés dans une boîte en bois appelée [[Casse (typographie)|casse]]. Les caractères du haut de la casse sont appelés les [[capitale et majuscule|capitales (majuscules)]] et ceux du bas les [[bas-de-casse]] ou minuscules. Le composteur permet d’assurer la [[Justification (typographie)|justification]] de la [[ligne]], c’est-à-dire sa longueur. Entre chaque mot, on insère une [[espace typographique|espace]]<ref group="note">Ce mot est féminin lorsqu’il désigne l’objet en plomb, de même qu’interligne, languette de plomb ou de bois s’intercalant entre les lignes.</ref> et on complète en insérant dans certains cas des [[espace typographique|espaces fines]] entre les lettres afin d’en parfaire la justification. Une fois les lignes composées, on les place sur une [[Galée (imprimerie)|galée]], maintenue en biais. Ces lignes sont attachées avec plusieurs tours de ficelle afin de rendre solidaire l’ensemble et le déplacer plus facilement. Ce bloc de lignes appelé composition est calé dans un châssis en [[fonte (métallurgie)|fonte]] à l’aide de coins en bois dans un premier temps, et par la suite avec des noix de serrage. Ensuite, le typographe peut insérer près du texte des [[Filet (typographie)|filets]], des espaces vides, des [[Ornement (typographie)|ornements typographiques]] ou des [[cliché]]s provenant de la [[photogravure]]. Le châssis est ensuite fixé sur une [[presse typographique]].
Le typographe se sert d’un [[composteur (imprimerie)|composteur]] sur lequel il aligne les caractères, lus à l’envers, de gauche à droite, piochés dans une boîte en bois appelée [[Casse (typographie)|casse]]. Les caractères du haut de la casse sont appelés les [[capitale et majuscule|capitales]] et ceux du bas les [[bas-de-casse]], ou minuscules. Le composteur permet d’assurer la [[Justification (typographie)|justification]] de la [[ligne]], c’est-à-dire sa longueur. Entre chaque mot, on insère une [[espace (typographie)|espace]]<ref group="note">Ce mot est féminin lorsqu’il désigne l’objet en plomb, de même qu’interligne, languette de plomb ou de bois s’intercalant entre les lignes.</ref> et on complète en insérant dans certains cas des [[espace (typographie)|espaces fines]] entre les lettres afin d’en parfaire la justification.


Une fois les lignes composées, on les place sur une [[Galée (imprimerie)|galée]], maintenue en biais. Ces lignes sont attachées avec plusieurs tours de ficelle afin de rendre solidaire l’ensemble et le déplacer plus facilement. Ce bloc de lignes, appelé composition, est calé dans un châssis en [[fonte (métallurgie)|fonte]] à l’aide de coins en bois dans un premier temps, et par la suite avec des noix de serrage. Ensuite, le typographe peut insérer près du texte des [[Filet (typographie)|filets]], des espaces vides (appelés blancs), des [[Ornement (typographie)|ornements typographiques]] ou des [[cliché]]s provenant de la [[photogravure]]. Le châssis est ensuite fixé sur une [[presse typographique]].
Des ateliers de typographie permettent encore de réaliser certains travaux en petite quantité (cartes de visite, papier à lettres, faire-part) à moindre coût ainsi que la découpe, le rainage, la dorure et l’[[embossage]].

Des ateliers de typographie permettent encore de réaliser certains travaux en petite quantité (cartes de visite, papier à lettres, faire-part) à moindre coût, ainsi que la découpe, le rainage, la dorure et l’[[embossage]].


=== Composition automatisée ===
=== Composition automatisée ===
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<references />
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<references group="note"/>
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== Voir aussi ==


== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Somme typographique.|auteur=[[Marius Audin]]|volume=1|titre tome=Les Origines|lieu=Lyon|éditeur=Audin|année=1949|oclc=494414139|consulté le=2019-07-10|date=1949}}; Lyon, Audin, 1949, vol. 2 : L'atelier et le matériel
* [[Marius Audin]], ''Somme typographique'', vol. 1, 1948, Paris, Paul Dupont ; vol. 2, 1949, Lyon, Audin.


=== Liens externes ===
{{Portail|Édition|Technologies}}
{{Liens}}


{{palette|Techniques d'impression}}
{{Palette|Techniques d'impression}}
{{Portail|typographie|Édition|Technologies}}


[[Catégorie:Imprimerie]]
[[Catégorie:Typographie]]
[[Catégorie:Arts graphiques]]
[[Catégorie:Arts graphiques]]
[[Catégorie:Technique d'impression]]
[[Catégorie:Technique d'impression]]

Dernière version du 20 février 2024 à 18:55

La typographie est une technique d’impression sur différents supports, en premier lieu le papier, basée sur l’utilisation de caractères en relief, assemblés pour former des mots, la surface supérieure, qui porte le tracé de la lettre ou du signe (glyphe) étant enduite d’encre et recevant ensuite le papier : l’ensemble subit une forte pression sous une presse spéciale et l’encre est reportée sur le papier. Des techniques fondamentales ont d'abord été mises au point en Asie, par Bi Sheng (Chine de la dynastie Song) à partir du XIe siècle, puis en Corée, avec des encres à l'eau et imprimé manuellement (voir histoire de l'imprimerie). Johannes Gutenberg a amélioré ces techniques (il n'est pas démontré qu'il ait eu connaissance des techniques asiatiques) en utilisant une presse mécanique et d'encres grasses permettant un tracé plus fin et une précision plus régulière, ces techniques se sont améliorées au cours des siècles jusqu’au recul du procédé au milieu du XXe siècle.

Définitions[modifier | modifier le code]

Si le nom se réfère aux « types », c’est-à-dire aux caractères représentant des lettres, on peut de la même façon, et en combinant les deux, imprimer des dessins par l’intermédiaire de gravures sur bois et plus tard des clichés métalliques obtenus par photogravure : la technique d’impression reste de la typographie.

Aujourd’hui, le terme de typographie ne désigne plus que l’art et la manière de concevoir, dessiner, et composer des textes au moyen des différentes polices de caractères et de leurs différentes fontes, ainsi que les codes qui régissent leur emploi : usage des majuscules, de la ponctuation, des espaces, des abréviations, etc. Les textes étant par essence destinés à la communication, il s’est très vite avéré nécessaire d’adopter des usages communs pour permettre une lecture sans heurts.

Histoire[modifier | modifier le code]

L’histoire de la typographie est étroitement liée à l’histoire et à l’évolution de l’imprimerie, avec laquelle elle se confond.

Si l'impression de caractère existait depuis le début de l'imprimerie en Chine au VIIe siècle et est intimement liée à l'invention du papier, elle est restée fixée à l'ensemble de l'image, généralement xylographiée, pendant plusieurs siècles.

D'après les plus anciennes traces de caractères mobiles que nous avons aujourd'hui, ils seraient apparus au XIe siècle. Cette technique permit de conserver fidèlement les traditions culturelles en accélérant les procédés de mise en page des textes par la réutilisation des caractères, plutôt que de graver toute une planche à chaque page. L’inventeur chinois, Bi Sheng, employa dès 1040 des caractères mobiles en terre cuite[1].

Les caractères métalliques auraient vu le jour en Corée vers 1234, inventés par Choe Yun-ui[2]. Le plus ancien exemplaire encore existant de livre imprimé à partir de caractères mobiles en métal date de 1377. Il s’agit du Jikji Simkyong, conservé à la Bibliothèque nationale de France[3].

À partir de Gutenberg et de ses suiveurs, l’évolution continue en Europe, des améliorations techniques sont apportées, mais sans changement fondamental quant au principe déjà utilisé en Asie. C’est à partir du XIXe siècle que l’évolution s'accélère, avec le développement de la presse quotidienne et de la lecture en général. La composition manuelle cède place à la composition mécanisée, grâce à la Linotype et à la Monotype, les machines à imprimer produisent plus vite, avec l'introduction des rotatives. Dans la seconde moitié du XXe siècle, la typographie en tant que technique d’impression perd définitivement sa suprématie au profit de l’offset, mais la typographie comme création de dessin de caractères connaît un nouvel essor grâce aux techniques numériques.

Les typographes étaient des ouvriers sachant nécessairement lire et écrire (ce qui n’était pas toujours le cas dans d’autres métiers), et ils étaient souvent porteurs et propagateurs d’idées nouvelles, voire de mouvements sociaux. Les typographes furent les pionniers du mouvement ouvrier nord-américain. Le plus vieux syndicat québécois et canadien toujours existant est l’Union internationale des typos. Le premier député ouvrier canadien fut le typographe Alphonse-Télesphore Lépine.

En 2013, la typographie retrouve un regain d’intérêt sous son nom anglais de letterpress, qui met en avant les défauts traditionnels maintenant appréciés pour leur effet vintage : le foulage, creusement du papier sous l’effet de la pression sur les caractères en relief, désormais appelé « débossage », peut être accentué par l’utilisation de papiers très bouffants et même être réalisé avec un cliché spécial. Le débossage implique qu’on n’imprime que le recto du papier, réservant de fait cette technique à des petits tirages, et généralement de dimensions réduites. Le letterpress n’utilise plus les caractères en plomb traditionnels, qui nécessitaient le stockage d’un grand nombre de casses et le savoir-faire du typographe.

Les documents sont réalisés par informatique et transformés en clichés en relief en photopolymère. Les machines utilisées pour l’impression sont des presses typographiques anciennes, souvent des presses à platine, et l’impression souvent réalisée en trichromie (cyan, magenta, jaune), bien que toutes les couleurs indépendantes soient possibles.

Caractères[modifier | modifier le code]

Les premiers caractères mobiles utilisés en Corée et en Chine datent du XIe siècle, et étaient fabriqués en terre cuite, céramique, parfois en bois. L’impression était toujours réalisée à la main par frottage, sans utiliser de presse ; le matériau n’aurait en effet pas résisté à la forte pression exercée par la presse. Plus tard, les caractères sont fondus en bronze (voir Dynastie Song > Imprimerie à caractères mobiles et Choe Yun-ui). Les caractères en bronze se développent au début du XVe siècle en Corée, selon la technique des fabricants de monnaie.

Au moment où, en Europe, Gutenberg met au point son procédé, le roi de Corée promulgue officiellement en 1446 un nouvel alphabet, le hangeul[4], composé de 28 lettres, ce qui représente un énorme progrès sur les milliers d’idéogrammes de l’écriture chinoise. L’impression reste manuelle, les formes sont utilisées. En Europe, on utilisa le bois pour graver des pages entières de texte (xylographies). Gutenberg et ses associés mirent quant à eux au point des caractères mobiles fondus dans un alliage de plomb (80 %), d’antimoine (5 %) et d’étain (15 %), qu'ils utilisèrent dans leurs formes.

Les caractères typographiques sont réunis en catégories — à empattements (comme le Times New Roman), sans empattements (comme l’Helvetica), fantaisie, etc. —, puis en familles de caractères (garalde, humane, mécaneetc.) puis en polices (Helvetica, Caslon, Times New Roman, Arial), corps et graisses (gras, italiqueetc.). Depuis l’ère de l’informatique, ce sont des polices numériques.

Parmi les créateurs de caractères célèbres, on compte : Claude Garamont (Garamond) ; John Baskerville ; Giambattista Bodoni ; Firmin Didot ; Hermann Zapf (Palatino, Optima, ITC Zapf Dingbats) ; Roger Excoffon (Mistral) ; Adrian Frutiger (Univers) ; Max Miedinger (Helvetica), Stanley Morison (Times New Roman) ; Herb Lubalin (ITC Avant Garde) ; Aldo Novarese (Eurostile, Elite).

Taille du caractère typographique[modifier | modifier le code]

À l’origine, les différentes tailles de caractères étaient désignées, de manière approximative, par des appellations diverses. En France : Parisienne (équivalent à un corps 5 actuel), Nompareille (6), Mignonne (7), Petit-texte (8), Gaillarde (9), Petit-romain (10), Philosophie (11), Cicéro (12), Saint-Augustin (14), Gros-texte (16), Gros-romain (18), Petit-parangon (20), Gros-parangon (22), Palestine (24), Petit-canon (28), Trismégiste (36), Gros-canon (44), Double-canon (56), Triple-canon (72), Grosse-nompareille (96).

Le besoin d’une standardisation se faisant sentir, il y eut plusieurs tentatives de « point typographique » : par Truchet, Fournier, et enfin Didot, qui finit par s’imposer. En France, l’unité est donc le point (0,376 mm, soit deux points « géométriques ») qui se convertit en « cicéros » (ou « douze », abrégé en « dz », parce qu’il vaut douze points). Le cicéro a été utilisé pour toutes les mesures tant qu’a duré l’impression en typographie, notamment dans la presse quotidienne. Toute composition, longueur, largeur, est un multiple de points. Par exemple, 20 cicéros valent 240 points, soit approximativement 9 cm.

Dans le domaine anglo-saxon, on emploie le point pica (environ 0,353 mm).

On retrouve encore ces points actuellement pour donner la dimension d’un caractère d’ordinateur. On dira alors du Times corps 24 (points).

Composition[modifier | modifier le code]

Composition manuelle[modifier | modifier le code]

Matériel du typographe : sur une galée, un bloc composé, la ficelle pour lier le bloc et le composteur.

Le typographe se sert d’un composteur sur lequel il aligne les caractères, lus à l’envers, de gauche à droite, piochés dans une boîte en bois appelée casse. Les caractères du haut de la casse sont appelés les capitales et ceux du bas les bas-de-casse, ou minuscules. Le composteur permet d’assurer la justification de la ligne, c’est-à-dire sa longueur. Entre chaque mot, on insère une espace[note 1] et on complète en insérant dans certains cas des espaces fines entre les lettres afin d’en parfaire la justification.

Une fois les lignes composées, on les place sur une galée, maintenue en biais. Ces lignes sont attachées avec plusieurs tours de ficelle afin de rendre solidaire l’ensemble et le déplacer plus facilement. Ce bloc de lignes, appelé composition, est calé dans un châssis en fonte à l’aide de coins en bois dans un premier temps, et par la suite avec des noix de serrage. Ensuite, le typographe peut insérer près du texte des filets, des espaces vides (appelés blancs), des ornements typographiques ou des clichés provenant de la photogravure. Le châssis est ensuite fixé sur une presse typographique.

Des ateliers de typographie permettent encore de réaliser certains travaux en petite quantité (cartes de visite, papier à lettres, faire-part) à moindre coût, ainsi que la découpe, le rainage, la dorure et l’embossage.

Composition automatisée[modifier | modifier le code]

La typographie a été ensuite automatisée avec la Monotype et la Linotype, semi-automatisée avec la Ludlow Typograph qui permettaient de fondre directement les lettres ou des lignes composées d’un seul tenant.

Presse[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Gutenberg a inventé l’imprimerie sur Tatoufaux »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  2. Première utilisation de caractères d’imprimerie mobiles en métal sur le site de la Cité de l'économie (Banque de France).
  3. Les premiers livres imprimés en Corée.
  4. Minje Byeng-sen Park, Histoire de l’imprimerie coréenne, des origines à 1910, Paris, Maisonneuve et Larose, 2003, 177 p. (ISBN 978-2706817076).
  1. Ce mot est féminin lorsqu’il désigne l’objet en plomb, de même qu’interligne, languette de plomb ou de bois s’intercalant entre les lignes.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marius Audin, Somme typographique., vol. 1 : Les Origines, Lyon, Audin, (OCLC 494414139); Lyon, Audin, 1949, vol. 2 : L'atelier et le matériel

Liens externes[modifier | modifier le code]